Chirurgie cardiaque · Vol. 21 Abstracts 2017

C-54 – La ligature-section des deux veines mammaires internes influence-t-elle la cicatrisation sternale après le prélèvement des deux artères mammaires ?

Hakim Aznag Centre cardiologique du Sud, Agadir, Maroc   Objectif : Le but de ce travail est l’évaluation de la cicatrisation du sternum et l’incidence de l’infection chez les patients opérés d’un pontage coronaire utilisant les deux artères mammaires avec ou sans ligature-section des deux veines mammaires. Méthode : Entre mai 2008 et décembre 2012, 126 patients dont 67 % de diabétiques ont été opérés d’un pontage coronaire utilisant les deux artères mammaires squelettisées. Tous les patients ont eu des pontages exclusivement artériels mammaires avec une moyenne de 3,6 anastomoses par patient. Soixante-douze patients ont eu une ligature-section des deux veines mammaires internes (groupe 1) pour faciliter le prélèvement de la partie proximale de l’artère, et 54 patients ont eu les veines mammaires respectées (groupe 2). Tous les patients ont été contrôlés à six mois de l’intervention, cliniquement et radiographiquement. Résultat : Une seule infection cutanée superficielle a été notée dans le groupe 1. Dans le groupe 2, deux patients ont présenté une sternite superficielle ayant nécessité une reprise chirurgicale, et tous les patients ont eu une cicatrisation sternale complète 6 mois après l’intervention sans différence entre les deux groupes. Conclusion : La cicatrisation sternale est complète 6 mois après une sternotomie pour pontage coronaire utilisant les deux artères mammaires. La ligature-section des deux veines mammaires internes ne semble influencer ni l’incidence de l’infection, ni la cicatrisation sternale.     Does bilateral interruption of internal thoracic veins influence sternal healing after harvesting two internal thoracic arteries?   Objectives: This study aimed to investigate sternal healing and incidence of infection in patients undergoing coronary artery bypass grafting (CABG) surgery, using bilateral internal thoracic arteries (BITA), with and without bilateral complete interruption of internal thoracic veins. Methods: Between January 2009 and December 2016, 126 patients underwent CABG using skeletonized bilateral internal thoracic arteries. Eighty four patients (67%) were diabetics and all patients had exclusive internal thoracic arteries bypass; 72 patients (57%) had bilateral complete interruption of internal thoracic vein (group 1), to make harvesting of the proximal part of the artery easier; 54 patients (43%) had the internal thoracic veins respected (group 2). All patients were controlled clinically with sternal x ray assessment six months after surgery. Results: In the post operative period, one patient had skin infection in group 1, and 2 patients had superficial sternal infections in group 2. All patients had complete sternal healing six months after surgery with no difference between the 2 groups. Conclusion: Sternal healing is complete six months after a median sternotomy for CABG using BITA. Bilateral complete interruption of internal thoracic veins doesn’t seem to influence infection or sternal healing.   Séance : Posters cardiaque 2 - vendredi 9 juin - 12:15-13:45
mai 24, 2017
Chirurgie cardiaque · Vol. 21 Abstracts 2017

C-49 – Infections sternales après pontages aorto-coronariens bimammaires dans les populations à hauts risques

Justine Ravaux, Tami Guennaoui, Florence Schraverus, Christian Mélot, Peter Schraverus Service de chirurgie cardiovasculaire, grand hôpital de Charleroi ; service de chirurgie cardiovasculaire, centre hospitalier Jolimont ASBL ; service des urgences, hôpital universitaire Erasme, Bruxelles, Belgique   Objectif : Le prélèvement artériel bimammaire (BIMA) reste peu utilisé dans la chirurgie de revascularisation myocardique ; surtout chez les patients âgés, diabétiques ou obèses. Dans cette étude, nous avons analysé chez ces patients l’incidence d’infection sternale, d’instabilité sternale et de reprise chirurgicale pour saignement. Méthode : Une étude rétrospective unicentrique observationnelle a été réalisée dans notre centre, le grand hôpital de Charleroi (Gilly, Belgique). 319 patients soumis à des pontages aorto-coronariens ont été inclus de décembre 2011 jusqu’à décembre 2015. Trois mesures principales (incidence d’infection sternale [SWI], instabilité sternale [SI] et reprise chirurgicale pour saignement [RIB]) ont été analysées, chez les patients obèses vs non obèses, diabétiques vs non diabétiques et âgés vs plus jeunes. Résultat : Sur 319 patients, 14 SWI, 11 SI et 6 RIB ont été décomptées. Le taux de mortalité est de : SWI : 2/14 vs 17/305 p = 0,178 ; SI : 2/11 vs 17/308 p = 0,081 ; RIB: 2/6 vs 17/313 p = 0,004. Chez les obèses (n = 113) vs non-obèses (n = 206), il n’y a pas de différence significative pour SWI (p = 0,263), SI (p = 0,565) et RIB (p = 0,332). Dans le groupe diabétiques (n = 118) vs non diabétiques (n = 201), il n’y a pas de différence significative pour : SWI (p = 0,642), SI (p = 0,497) et RIB (p = 0,298). Dans le groupe des patient âgés (n = 62) vs patients plus jeunes (n = 257), il n’y a pas de différence pour SWI (p = 0,619), SI (p = 0,915) et RIB (p = 0,385). Conclusion : L’obésité, l’âge et le diabète traité par insuline ou non ne semblent pas être des facteurs de risques de développement d’une infection sternale, d’instabilité sternale ou encore de reprise chirurgicale pour saignement. Néanmoins, le taux de mortalité était plus élevé dans le groupe de patients bénéficiant d’une réintervention.     Bilateral internal mammary artery bypass grafting and sternal wounf infection in high-risk population   Objectives: Bilateral internal mammary arteries (BIMA) remain underused in coronary artery bypass grafting (CABG), especially in elderly, diabetics and obese patients. In this study, we aim to investigate in these high-risk patients the incidence of sternal wound infection, sternal instability, and re-intervention for bleeding. Methods: A single-centre retrospective observational study was made in our centre Grand Hôpital de Charleroi, Gilly, BELGIUM. 319 patients undergoing CABG’s from December 2011 to December 2015 were included. Three main outcome measures (incidence of sternal wound infection (SWI), sternal instability (SI), and re-intervention for bleeding (RIB) were investigated in obese vs non-obese patients, diabetic vs non diabetic patients, and elderly vs younger patients. Results: Among the 319 patients, 14 have SWI, 11 have SI, and 6 have RIB. Incidence of death rate was: SWI: 2/14 vs 17/305 p=0.178; SI: 2/11 vs 17/308 p=0.081; RIB: 2/6 vs 17/313 p=0.004. In obese (n=113) vs non-obese (n=206) patients, there was no difference for SWI (p=0.263), SI (p=0.565), and RIB (p=0.332). In diabetic (n=118) vs non diabetic (n=201) patients there was no difference for: SWI (p=0.642), SI (p=0.497), and RIB (p=0.298). In elderly (n=62) vs younger (n=257) patients, there was no difference for SWI (p=0.619), SI (p=0.915), and RIB (p=0.385). Conclusion: Obesity, age and diabetes treated by insulin (or not) do not seem to be risks factors for developing SWI, SI or RIB in patients receiving a CABG using BIMA. Nevertheless, mortality was higher in patients requiring RIB.   Séance : Posters cardiaque 2 - vendredi 9 juin - 12:15-13:45
mai 24, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Mars 2017

Épiplooplastie de recouvrement après résection de la paroi thoracique pour ostéoradionécrose sternale

Jocelyn Bellier1*, Christophe Jayle2, Édouard Sage1, Matthieu Glorion1, Philippe Puyo1, Benoît Couturaud1, Alain Chapelier1   1. Service de chirurgie thoracique et transplantation pulmonaire, hôpital Foch, Suresnes, France. 2. Service de chirurgie cardiaque et thoracique, CHU, Poitiers, France. * Correspondance : jocelyn.bellier@free.fr DOI : 10.24399/JCTCV21-1-BEL Citation : Bellier J, Jayle C, Sage E, Glorion M, Puyo P, Couturaud B, Chapelier A. Épiplooplastie de recouvrement après résection de la paroi thoracique pour ostéoradionécrose sternale. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(1). doi: 10.24399/JCTCV21-1-BEL Résumé Objectif : L’ostéoradionécrose (ORN) sternale est une complication pouvant survenir plusieurs décennies après une irradiation thoracique. En cas de lésions sévères avec ulcération cutanée, le traitement chirurgical associant une résection pariétale à un recouvrement par lambeau peut être proposé. Nous rapportons ici notre expérience du lambeau épiploïque dans ce contexte. Méthode : Ont été inclus rétrospectivement les patients présentant une ORN sternale ulcérée entre 2005 et 2015. Résultats : Treize patients, d’âge médian 69,2 [46,5-92,8] ans ont été inclus. Le délai médian entre la radiothérapie et la résection était de 30 ans. Après une résection cutanée et osseuse sternale élective, l’épiploon, prélevé par une laparotomie sus-ombilicale, pédiculisé sur l’artère gastroépiploïque droite et ascensionné par un trajet sous-cutané, a recouvert complètement le défect pariétal. La mortalité était nulle et la cicatrisation a été obtenue chez tous les patients. Une nécrose partielle du lambeau a été observée chez 2 patients, d’évolution favorable sous traitement local. Une éventration postopératoire a nécessité une cure chirurgicale secondaire. Conclusion : Après résection élective sternale pour ORN, le lambeau épiploïque offre une couverture efficace et simple permettant une cicatrisation complète. Les propriétés angiogéniques et immunitaires de l’épiploon en font le lambeau de choix pour le recouvrement des ORN sternales. Abstract Objective: Sternal OsteoRadioNecrosis (ORN) is an uncommon complication that may occur several decades after thoracic radiation therapy. For severe lesions with skin ulceration, radical treatment by resection of ORN and coverage with a flap can be proposed. We report herein our experience of sternal ORN treatment with an omental flap. Methods: Retrospective analysis from January 2005 and December 2015 of all patients with ulcerated ORN. Results: Thirteen patients with a median age of 69.2 years were treated for an extended sternal ORN. Median interval between radiotherapy and treatment was 30 years. After elective cutaneous and sternal resection, the omentum was removed by a supra-umbilical median incision, pediculated over the right gastroepiploic artery and subcutaneously translated to cover the parietal defect. The chest wall healing was achieved in all patients with no mortality. Partial necrosis of the flap was noticed in 2 patients with a good evolution with local treatment. One case of eventration required a surgical cure in the follow-up. Conclusions: After elective sternal resection for severe ORN, the omental flap offers an efficient and simple coverage allowing complete healing in all patients. Angiogenic and immune abilities of the omentum make it the flap of choice for the coverage of sternal ORN. 1. Introduction L’ostéoradionécrose de la paroi thoracique est une complication tardive de la radiothérapie. Elle se caractérise par une nécrose du tissu osseux consécutive à la perte de la microvascularisation et à l’apparition d’un tissu fibreux pauvre en cellules immunitaires le rendant propice aux infections. Cette pathologie se rencontre essentiellement au niveau de la mâchoire et du fémur dans le cadre de la radiothérapie des cancers ORL et pelviens et sa survenue dépend du type d’os atteint, de la dose et du fractionnement de la radiothérapie [1]. L’atteinte sternale est rare et survient le plus souvent très à distance d’une radiothérapie pour cancer du sein. En cas de survenue d’ulcération cutanée avec infection, la première approche thérapeutique associe des soins locaux avec détersion des tissus superficiels nécrotiques, l’antibiothérapie voire l’oxygénothérapie hyperbare [2]. Cependant, en cas d’échec et d’ORN sternales étendues avec atteinte cutanée, une prise en charge chirurgicale doit être envisagée. Celle-ci reste difficile en raison de l’étendue de la résection osseuse nécessaire et de la limitation des possibilités de recouvrement. Dans les infections de la paroi thoracique, particulièrement après sternotomie, l’épiploon est un lambeau de recouvrement largement utilisé avec de bons résultats. Son utilisation en cas d’ORN sternale est peu décrite et nous rapportons ici notre expérience de résection d’ORN du sternum avec recouvrement par un lambeau épiploïque. 2. Patients et méthodes Il s’agit d’une étude rétrospective sur la période de janvier 2005 à décembre 2015. Outre les données démographiques, nous avons collecté les données cliniques et celles liées à la pathologie carcinologique initiale. Le diagnostic d’ORN était le plus souvent évident [figures 1a et b] ou confirmé par une biopsie afin de ne pas méconnaître une pathologie tumorale. L’analyse bactériologique a été faite pour orienter l’antibiothérapie.   [caption id="attachment_3063" align="aligncenter" width="300"] Figures 1a et b. Images radiocliniques typiques d'ostéoradionécrose sternale.[/caption]   Les variables continues étaient exprimées par la médiane [minimum-maximum] et les variables qualitatives par leur fréquence exprimée en pourcentage. 2.1. Technique opératoire Le premier temps comportait le prélèvement épiploïque par une courte laparotomie médiane sus-ombilicale [figure 2].   [caption id="attachment_3064" align="aligncenter" width="219"] Figure 2. Épiploon prélevé par laparotomie sus-ombilicale.[/caption]   Après avoir vérifié sa viabilité, l’épiploon était pédiculé sur l’artère gastroépiploïque droite, cette manœuvre optimisant la longueur utile du lambeau [3]. La zone d’ORN sternale était réséquée « à la demande », jusqu’à obtenir des tissus cutanés et osseux viables, en respectant le plus souvent la table interne postérieure du sternum [figure 3] ; en cas d’atteinte fréquente des cartilages costaux, ceux-ci étaient réséqués.   [caption id="attachment_3065" align="aligncenter" width="266"] Figure 3. Résection osseuse élective de la zone d'ostéoradionécrose.[/caption]   L’épiploon extériorisé était alors transféré par un trajet sous-cutané jusqu’à la zone réséquée ; il recouvrait l’ensemble la zone de résection et était fixé par des points simples de polyglactine 2-0 sur les berges cutanées. La cicatrisation était ensuite dirigée par pansement gras [figure 4].   [caption id="attachment_3066" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Suivi de cicatrisation.[/caption] 3. Résultats Nous avons ainsi pris en charge 13 patients, 12 femmes et un homme, d’âge médian de 69,2 [46,5-92,8] ans. Les patients avaient pour antécédents un carcinome mammaire dans 12 cas et un carcinome thymique dans 1 cas. Le délai médian entre la radiothérapie et le traitement chirurgical de l’ORN était de 30 [10-42] ans. Une biopsie préopératoire a été nécessaire pour confirmer le diagnostic d’ORN dans 4 cas. Une tentative infructueuse de couverture préalable par myoplastie avait été réalisée dans un autre centre chirurgical chez 3 patients. L’ORN sternale était le siège d’une infection documentée dans 10 cas. Les prélèvements bactériologiques montraient une infection plurimicrobienne dans 5 (38,5 %) cas, le germe le plus représenté étant le Staphylococcus aureus (46,1 %) [tableau 1]. Durant l’intervention, 3 patients ont eu un geste complémentaire : une mastectomie dans 2 cas et une ablation de prothèse mammaire dans un cas. Une greffe de peau fine a été réalisée dans le même temps opératoire dans un cas de résection très étendue, afin d’accélérer la cicatrisation.   Tableau 1. Proportion des germes retrouvés lors des prélèvements bactériologiques préopératoires. Germes N Pourcentage Staphylococcus 6 46,2 % Streptococcus 4 30,8 % Klebsiella 2 15,4 % Pseudomonas aeruginosa 1 7,7 % Citrobacter koseri 1 7,7 % Enterococcus 1 7,7 % Proteus mirabilis 1 7,7 % Escherichia coli 1 7,7 % pas de germe 3 23,1 %   Une complication locale est survenue chez 4 patients : il s’agissait d’une nécrose superficielle limitée de l’épiploon (n = 2), d’une surinfection localisée de la zone de résection (n = 1) et d’un abcès de la laparotomie (n = 1). L’évolution a été favorable par un traitement local dans tous les cas. Une complication postopératoire est survenue chez 6 patients : infection urinaire (n = 4), une pneumonie postopératoire (n = 1) et un accident neurovasculaire (n = 1). La mortalité postopératoire était nulle et la cicatrisation a été obtenue chez tous les patients. La cure chirurgicale d’une éventration abdominale a été faite à distance chez un patient. 4. Discussion L’ORN est une complication des rayons ionisants pouvant survenir plusieurs décennies après la radiothérapie, et ce, malgré les techniques modernes de radiothérapie [4]. Celle-ci induit une hypoxie tissulaire secondaire à la thrombose de la microvascularisation laissant en place un tissu fibreux réactionnel pauvre en cellules immunitaires. L’ensemble de ces phénomènes aboutit à une nécrose tissulaire et à l’ORN. Au niveau du sternum, la forme clinique habituelle est constituée par des élevures osseuses sous une peau fine en territoire irradié. La prise est charge de ces lésions quand survient une ulcération cutanée est mal codifiée. La possibilité d’une récidive tardive de la pathologie tumorale initiale ou la survenue d’un sarcome radio-induit doit être écartée par une biopsie en cas de doute mais celle-ci n’est pas obligatoire devant un tableau radioclinique évocateur. Dans les formes débutantes, le traitement peut se limiter à des soins locaux associés à une antibiothérapie voire à une oxygénothérapie hyperbare permettant une évolution favorable. Cependant, en cas d’échec et dans les formes étendues avec une ulcération cutanée, un geste chirurgical de résection est nécessaire pour obtenir la cicatrisation de la paroi thoracique. Après une large excision cutanée, la résection osseuse élective « à la demande » de la zone pathologique laisse en place la fibrose post-radique rétrosternale et ne compromet pas la stabilité de la paroi thoracique. Le choix du lambeau de recouvrement de la zone d’ORN est d’une importance primordiale dans la prise en charge de ces lésions étendues. Dans les exérèses sternales pour tumeur, le recouvrement par myoplastie utilisant le grand pectoral ou le grand dorsal est le procédé de choix offrant de très bons résultats [5,6]. Pour le recouvrement après ORN, le choix du lambeau reste controversé et différentes possibilités ont été rapportées. Des myoplasties de grand dorsal ont été utilisées mais exposent à une mauvaise adhésion tissulaire en milieu septique. De plus, la radiothérapie axillaire ou l’utilisation préalable des muscles thoraciques en chirurgie oncoplastique sont des limites supplémentaires à leur utilisation. L’épiplooplastie de recouvrement a été utilisée dans des indications aussi diverses que la reconstruction cervicale, pelvienne ou la couverture de prothèses vasculaires [7]. En chirurgie thoracique, l’épiploon a été utilisé dans la gestion de fistules bronchopleurales, de comblement de cavité de pneumonectomie ou encore dans le traitement des médiastinites post-sternotomie [8]. Son utilisation en tant que lambeau pariétal thoracique a été mentionnée pour la première fois en 1963 par Kiricuta [9] et deux publications anciennes [10,11] rapportaient d’excellents résultats de ces couvertures sternales. Plus récemment, Van Wingerden et al. [12] retenaient l’épiploon comme lambeau de choix dans le traitement chirurgical des infections de la paroi thoracique post-sternotomie. Des utilisations aussi diverses témoignent de la fiabilité de l’épiploon en tant que tissu de couverture. Les propriétés angiogéniques et immunologiques de l’épiploon sont connues de longue date et des études in vitro ont permis de mieux comprendre les mécanismes biologiques et cellulaires à l’origine des facultés de cicatrisation. Il a été montré que l’épiploon sécrète des facteurs de croissance, particulièrement le Vascular Endothelium Growth Factor, permettant de promouvoir sa vascularisation et le développement de cellules progénitrices [13]. L’épiploon peut alors augmenter sa masse et sa densité vasculaire [14]. Une étude récente [15] a également pu isoler plusieurs populations cellulaires dont certaines jouent un rôle immunomodulateur important et d’autres possèdent des capacités identiques aux cellules souches. Ces spécificités font de l’épiploon un tissu de choix pour la régénération et la cicatrisation tissulaire. Dans notre expérience, un lambeau épiploïque de recouvrement dans le traitement des ORN sternale a été utilisé chez 13 patients avec un résultat d’emblée excellent chez 11 patients. Dans 2 cas est survenue une nécrose partielle et superficielle du lambeau traitée avec succès par soins locaux avec excision du tissu nécrosé. Aucune récidive infectieuse n’a été constatée à distance. Bien que survenant souvent chez des patients fragiles présentant des comorbidités, la résection chirurgicale a été faite sans mortalité. Dans le traitement des ORN sternales, le recouvrement par l’épiploon est une solution efficace et adaptée à cette pathologie, le lambeau épiploïque apportant un tissu richement vascularisé aux grandes propriétés cicatrisantes. Elle est pour nous la technique de choix de couverture sternale dans cette indication.   Références Glanzmann C, Grätz KW. Radionecrosis of the mandibula: a retrospective analysis of the incidence and risk factors. Radiother Oncol J 1995;36:94–100. https://doi.org/10.1016/0167-8140(95)01583-3 Bennett MH, Feldmeier J, Hampson NB, Smee R, Milross C. Hyperbaric oxygen therapy for late radiation tissue injury. Cochrane Database Syst Rev 2016;4:CD005005. https://doi.org/10.1002/14651858.cd005005.pub4 Seman M, Bouchet-Doumenq C, Kirhch M, Menegaux F, Trésallet C. Mediastinal omentoplasty. J Visc Surg 2013;150:109–14. https://doi.org/10.1016/j.jviscsurg.2013.03.009 PMid:23582216 Maesschalck TD, Dulguerov N, Caparrotti F, Scolozzi P, Picardi C, Mach N et al. Comparison of the incidence of osteoradionecrosis with conventional radiotherapy and intensity-modulated radiotherapy. Head Neck 2016;38:1695–702. https://doi.org/10.1002/hed.24505 PMid:27240700 Arnold PG, Pairolero PC. Use of pectoralis major muscle flaps to repair defects of anterior chest wall. Plast Reconstr Surg 1979;63:205–13. https://doi.org/10.1097/00006534-197902000-00008 Chapelier AR, Missana M-C, Couturaud B, Fadel E, Fabre D, Mussot S et al. Sternal resection and reconstruction for primary malignant tumors. Ann Thorac Surg 2004;77:1001-1006-1007. Shah S, Sinno S, Vandevender D, Schwartz J. Management of thoracic aortic graft infections with the omental flap. Ann Plast Surg 2013;70:680–3. https://doi.org/10.1097/SAP.0b013e3182414385 PMid:22868324 Levashev YN, Akopov AL, Mosin IV. The possibilities of greater omentum usage in thoracic surgery. Eur J Cardio-Thorac Surg 1999;15:465–8. https://doi.org/10.1016/S1010-7940(99)00041-X Kiricuta I. The use of the great omentum in the surgery of breast cancer. Presse médicale 1963 5;71:15–7. Jurkiewicz MJ, Arnold PG. The omentum: an account of its use in the reconstruction of the chest wall. Ann Surg 1977;185:548–54. https://doi.org/10.1097/00000658-197705000-00007 Petit JY, Lasser P, Fontaine F. Use of omental flap in the course of evolution of treated breast cancer. Apropos of 20 omental flaps done at the Gustave-Roussy Institute. Bull Cancer (Paris) 1977;64:659–65. Van Wingerden JJ, Lapid O, Boonstra PW, de Mol BAJM. Muscle flaps or omental flap in the management of deep sternal wound infection. Interact Cardiovasc Thorac Surg 2011;13:179–87. https://doi.org/10.1510/icvts.2011.270652 PMid:21543366 Singh AK, Patel J, Litbarg NO, Gudehithlu KP, Sethupathi P, Arruda JA et al. Stromal cells cultured from omentum express pluripotent markers, produce high amounts of VEGF, and engraft to injured sites. Cell Tissue Res 2008;332:81–88. https://doi.org/10.1007/s00441-007-0560-x PMid:18196277 Litbarg NO, Gudehithlu KP, Sethupathi P, Arruda JAL, Dunea G, Singh AK. Activated omentum becomes rich in factors that promote healing and tissue regeneration. Cell Tissue Res 2007;328:487–97. https://doi.org/10.1007/s00441-006-0356-4 PMid:17468892 Shah S, Lowery E, Braun RK, Martin A, Huang N, Medina M et al. Cellular basis of tissue regeneration by omentum. PloS One 2012;7:e38368. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0038368 PMid:22701632 PMCid:PMC3368844 Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 11/09/2016. Acceptation : 07/11/2016. Pré-publication : 16/12/2016  
mars 1, 2017