Chirurgie cardiaque congénitale et pédiatrique · Vol. 22 Mars 2018

Assistance ventriculaire pédiatrique et Berlin Heart Excor : 11 ans d’expérience

Angèle Boët*, Mohamedou Ly, Lucile Houyel, Emir Mokhfi, Michel Hamann, Serge Demontoux, Régine Roussin, Emmanuel Le Bret, Jurgen Horer Pôle des cardiopathies congénitales, centre chirurgical Marie-Lannelongue, Le Plessis-Robinson, France.   *Correspondance : angele.boet@hotmail.fr   DOI : 10.24399/JCTCV22-1-BOE Citation : Boët A, Ly M., Houyel L, Mokhfi E, Hamann M, Demontoux S, Roussin R, Le Bret E, Horer J. Assistance ventriculaire pédiatrique et Berlin Heart Excor : 11 ans d’expérience. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2018;22(1). doi: 10.24399/JCTCV22-1-BOE   Résumé Introduction : le Berlin Heart Excor® (BHE) est un système d’assistance ventriculaire (VAD) externe pneumatique utilisable du nouveau-né à l’adulte. Méthode : de 2006 à 2016, 16 enfants ont été implantés dans notre institution (âge, poids médians de 8,2 ans et 22,5 kg). Le but était d’étudier cette cohorte et l’efficacité du protocole d’anticoagulation d’Edmonton. Résultats : 75 % présentaient une cardiomyopathie et 69 % avait eu une ECMO préalablement. Dix patients ont été transplantés et une sevrée. Deux patients sont décédés après la greffe et la patiente sevrée est décédée subitement 4 mois plus tard. La survie hospitalière est de 75 % et à long terme de 62,5 %. Les complications hémorragiques postimplantation et thromboemboliques à distance touchent 14/16 patients. On retrouve une tendance (p > 0,05) à l’augmentation des épisodes thromboemboliques en présence d’un ventricule de taille inadaptée. Enfin, un montage de Fontan défaillant a été assisté en mono-VAD puis greffé avec succès. Le BHE a permis d’autonomiser tous les patients en prégreffe. Conclusion : le BHE permet d’attendre la transplantation dans de bonnes conditions. Le risque de complications persiste, principalement en cas d’ECMO préalable, de VAD de taille inadaptée et de poids inférieur à 10 kg. Le taux de complications hémorragiques et thrombo-embolique souligne la nécessité de réadapter le protocole d’anticoagulation actuellement utilisé.   Abstract Pediatric ventricular assistance device: 11 years of experience with the Berlin Heart Excor Introduction: The Berlin Heart Excor is a pneumatic ventricular assistance device used in newborns through to adulthood. The goal of the current study was to evaluate pediatric cohort characteristics and outcomes, and to assess Edmonton anticoagulation protocol efficiency. Methods: Implanted children were retrospectively included from 2006 to 2016. The results are expressed as median and percentage and comparisons were performed by Fisher’s exact test. Results: A total of 16 children were included (63% females, 22.5 kg, 8.2 years old), 10 of whom were transplanted and one weaned. Of these children, 75% had cardiomyopathies and 69% had ECMO support before Excor. The long-term hospital survival rates were 75% and 62.5%, respectively. Post-implantation hemorrhage complications and late thromboembolic events occurred in 14 out of 16 patients. We observed a trend (p > 0.05) toward an increased rate of thromboembolic events in cases of inadequate ventricle size. One patient with failing Fontan was successfully assisted with monoventricular then transplanted. Conclusion: Excor permitted children awaiting a graft to do so in better condition, with a survival rate between 60% and 90%. The probability of adverse effects remains important, mainly in cases with preimplanted ECMO, inadequate ventricular size or a body weight below 10 kg. The Edmonton protocol needs to be updated and adapted to different subsets of the population.   1. Introduction Entre janvier et décembre 2015, parmi les 471 transplantations cardiaques réalisées en France, on dénombrait seulement 17 enfants de moins de 18 ans contre 24 en 2014 (agence biomédecine), dont 60 % étaient greffés pour cardiomyopathie dilatée ou restrictive et 35 % pour cardiopathie congénitale. Le délai d’attente de 2,5 à 5 mois (en fonction du poids) et la pénurie de greffons (deux patients en attente pour un greffon) rendent la mise en place d’une assistance circulatoire souvent indispensable en cas d’insuffisance cardiaque terminale. Même si l’attente des enfants est en moyenne moins élevée que chez l’adulte, les équipes se retrouvent confrontées à des problèmes de pénurie dynamique : les greffons, peu nombreux, ne sont pas forcément disponibles au moment où des receveurs sont sur liste. Là encore, le recours à l’assistance est souvent inévitable. Enfin, si l’utilisation du levosimendan permet d’améliorer ponctuellement l’état des enfants et le recours aux autres catécholamines en cas de défaillance aiguë (étude LIDO), la durée d’hospitalisation et le taux de mortalité n’en sont pas modifiés, particulièrement chez les patients chroniques au stade terminal de défaillance [1]. En revanche, son utilisation a permis pour certains patients de différer voire d’éviter le retour à l’assistance circulatoire mécanique en attente de greffe et de ce fait limiter la survenue de complications liées à celle-ci (études REVIVE et SURVIVE). Différents types d’assistances circulatoires existent : on utilise les assistances par ECMO (Extra Corporeal Membrane Oxygenation) ou les assistances dites lourdes, souvent de façon complémentaire ou en relais. Les ECMO sont des systèmes temporaires de débit continu dans leur très grande majorité qui ont pour avantage la rapidité de leur mise en place, d’où leur intérêt dans le cadre de l’extrême urgence. L’ECMO était pendant longtemps le seul moyen d’assistance utilisable chez l’enfant, et la durée d’assistance était limitée à quelques jours voire quelques semaines. Actuellement, en cas de nécessité d’assistance prolongée, l’ECMO peut être convertie en assistance ventriculaire externe (Ventricular Assistance Device, VAD) comme le Berlin Heart Excor (Berlin Heart GmbH, Berlin, Allemagne) (BHE), qui est le seul système utilisable chez l’enfant. Il s’agit d’un système uni ou biventriculaire d’assistance pulsatile pneumatique avec des volumes de ventricules débutant à 10 ml (jusqu’à 80 ml) et des diamètres de canules débutant à 6 mm (jusqu’à 16 mm), permettant ainsi d’assister des enfants à terme dès la naissance. Le taux de survie des enfants sous ECMO en attente de transplantation n’est que de 50 % [2]. Ce taux atteint 70 % sous BHE [3]. Le débit pulsé, plus physiologique, diminue le syndrome d’augmentation de perméabilité capillaire. Il est également diminué du fait d’un contact sang/surfaces synthétiques moindre. L’autonomisation est plus facile, ce qui améliore l’état du patient en attente de greffe, sa réhabilitation et son devenir. De plus, une étude de 2006 de Blume examinant les résultats de 99 cas pédiatriques assistés avec du matériel adulte souligne les mauvais résultats obtenus et donc la nécessité d’un matériel adapté à l’enfant. Cependant le BHE pédiatrique n’a été autorisé par l’US Food and Drug Administration qu’en 2011 suite à l’étude de Fraser [4]. Par ailleurs, le taux de complication de ces systèmes d’assistance par VAD demeure important, malgré les innovations technologiques et les progrès de la réanimation [5-6]. Les risques d’hémorragies ou de complications thromboemboliques sont les plus fréquents, et ce malgré l’utilisation du protocole d’Edmonton [tableau 1], recommandé par Berlin Heart. Celui-ci consiste en l’application de traitements anti-agrégants et anticoagulant appliqués dès que les saignements initiaux sont contrôlés.   Tableau 1. Protocole d’anticoagulation et anti-agrégation d’Edmonton. Moins de 1 an 1 an ou plus Aucun traitement anticoagulant ou anti-agrégant pendant les 24 premières heures Héparine non fractionnée (HNF) 24h après chirurgie, une fois saignement contrôlé et plaquettes > 20 000 Début : 15UI/kg/h jusqu’à 28 UI/kg/h après 6h si pas de saignement (maximum 35) Cible : antiXa 0,35-0,7 UI/mL et substitution d’antithrombine pour AT III > 70 % 24h après chirurgie, une fois saignement contrôlé et plaquettes > 20 000 Début : 10UI/kg/h jusqu’à 20 UI/kg/h après 6h si pas de saignement (maximum 28) Cible : antiXa 0,35-0,7 UI/mL et substitution d’antithrombine pour AT III > 70 % Héparine de bas poids moléculaire/HBPM, uniquement enoxaparine Conversion HNF en HBPM 48h après la fin des saignements, si patient stable Début : 1,5 mg/kg (moins de 2 mois) ou 1 mg/kg (plus de 2 mois) toutes les 12h. Maximun 3 et 2 mg/kg toutes les 12h. Cible : antiXa 0,6-1 Cible ATIII > 75 % - Anti-vitamine K AVK, coumadine - Conversion HNF en AVK 48h après la fin des saignements, si patient stable Début : 0,2 mg/kg/j po (maximum 5mg) Cible : INR 2,7-3,5 Si INR< 2,7 : couvrir par HNF. Si instabilité ou inefficacité durable : convertir par HBPM   Dipyridamole, persantine 48h post-implantation, saignement arrêté, patient stable, plaquettes > 40000 Début : 4 mg/kg/j po en 4 prises (max 15 mg/kg/j) Cible : cartographie plaquettaire : suppression ADP > 80 % Idem Aspirine, ASA Débuté 96h après implantation, une fois tous les drains retirés (maximum J7). Début : 1 mg/kg/j po en 2 doses (maximum 3mg/kg/j) Cible : cartographie plaquettaire : AA suppression > 80 % Idem   L’objectif principal de notre travail est de reprendre la série pédiatrique composée de 16 des 18 patients implantés par BHE depuis 2006 dans notre centre, afin d’étudier les caractéristiques des patients, les indications d’implantation ainsi que leur devenir. Le second objectif est de déterminer l’efficacité de la mise en application systématique du protocole d’anticoagulation d’Edmonton et anti-agrégation proposé par la société Berlin Heart en relation avec les complications constatées dans notre cohorte.   2. Patients et méthodes Pour cette étude monocentrique observationnelle rétrospective sur dossiers, nous avons inclus tous les patients âgés de moins de 18 ans ayant bénéficié d’une implantation de BHE entre janvier 2006 et avril 2016. Les informations concernant le patient, sa pathologie, ses antécédents, sa clinique, sa biologie, les complications et son devenir jusqu’au 31 décembre 2016 inclus, sont relevées et anonymisées. Elles sont résumées dans la flow-chart sur la figure 1.   [caption id="attachment_3970" align="aligncenter" width="262"] Figure 1. Flow-chart résumant les patients inclus et leur devenir.[/caption]   Les tailles des ventricules pneumatiques des enfants ont été classées en 3 catégories : adaptée (30-50 mL/m²), trop large (> 50 mL/m²) ou trop petite (< 30 mL/m²), comme le recommande la société Berlin Heart et Miera [7]. Les statistiques ont été réalisées grâce au logiciel IBM SPSS Statistics version 20. Les comparaisons entre les groupes sont réalisées grâce au test exact de Fisher. La survie des patients est exprimée par des courbes de Kaplan-Meier. L’étude a été menée dans le respect de la législation des études cliniques et approuvée par le comité d’éthique local. Pendant la période d’inclusion, 2 % des patients ont eu besoin d’une assistance circulatoire dont 11,7 % ont bénéficié d’une implantation de BHE, soit 18 patients dont 16 âgés de moins de 18 ans. L’application du protocole d’anticoagulation et d’anti-agrégation d’Edmonton était la règle pour l’ensemble de la cohorte.   3. Résultats 3.1. Détail des patients Les caractéristiques des patients composant notre cohorte, leur devenir, la prise en charge dont ils ont bénéficié et les traitements reçus ainsi que les complications survenues sont détaillées dans les tableaux 2 à 4.   Tableau 2. Caractéristiques générales de la population. Population Nombre (%) ou médiane de la cohorte pédiatrique Interquartile n enfants 16 Âge (années) 8,25  [5,4-9,6] Sexe M F   6 (38 %) 10 (63 %) Poids (kg) 22,5  [19-26,5] Etiologie Cardiopathie congénitale Cardiomyopathie Défaillance primaire de greffon   3 (19 %) 12 (75 %) 1 (6 %) ECMO préimplantation Nombre Durée (J)   11 (69 %) 8-8     [5-10,5] Type de VAD (Ventricule Assistance Device) Mono-VAD Bi-VAD   3 (19 %) 13 (81 %) Durée implantation (J) 36,5  [20-67] Durée USI (J) 63,5  [39-81] Hospitalisation (J) 84  [36-102]     Tableau 2bis. Prise en charge globale de la population. Population Nombre (%) ou médiane de la cohorte pédiatrique Interquartile Nutrition Début nutrition parentérale Début nutrition entérale   1 5   [1-3] [2-8] Début Anticoagulation (J) Héparine non fractionnée Dipirydamole Anti-vitamine K Acide acetylsalicylique   1 2 9 5   [1-1] [2-3] [6-14] [3-12] Durée ventilation mécanique (heures) 216 [120-768] Transplantation cardiaque 10     Tableau 3. Tableau des caractéristiques et devenir des patients sous  BHE. Patient Âge admission (années) Poids admission (kg) Taille (cm) Cardiopathie congénitale (CC) /cardiomyopathie (CM) ECMO pré-BH Durée ECMO pré-BH (jours) Cure levosimendan Mono-VAD gauche (L-VAD) ou Bi-VAD Durée BH (j) Greffe cardiaque Décès hospitalier Durée USI (j) 1 8,5 27 135 CM 1 1 non Bi-VAD 17 1 1 33 2 6,8 21 122 CM 1 3 non Bi-VAD 139 1 0 261 3 6,5 15.3 102 CM 1 8 non Bi-VAD 31 0 (greffe avant BHE) 1 37 4 8,6 20 125 CM 1 36 non Bi-VAD 13 1 0 59 5 5,5 16 104 CC 1 8 non L-VAD 115 1 0 133 6 8 22 127 CM 1 11 oui Bi-VAD 60 1 0 78 7 12 34 158 CM 0 0 oui Bi-VAD 70 1 0 75 8 13,3 50 158 CC 0 0 non L-VAD 36 1 0 80 9 11,5 26 137 CM 0 0 non Bi-VAD 37 1 0 40 10 16 45 156 CM 1 12 non Bi-VAD 16 0 1 18 11 7,5 25 155 CC 1 10 oui Bi-VAD 0,2 0 1 60 12 0,8 8,6 73 CM 1 6 non Bi-VAD 31 0 0 59 13 5,1 20 122 CM 1 4 oui Bi-VAD 104 0 1 109 14 2,3 11 90 CM 0 0 non Bi-VAD 30 0 1 35 15 11,9 57 162 CM 1 8 oui L-VAD 48 1 0 67 16 9 23 132 CM 0 0 oui Bi-VAD 81 1 0 85     Tableau 3 bis. Récapitulatif des patients décédés. Patient Âge admission (années) Poids admission (kg) ECMO pré-BH Durée BH (j) Greffe cardiaque Cause décès 1 8,5 27 1 17 1 Défaillance primaire greffon 2 6,8 21 1 139 1 Décès à 11 mois post-greffe de complications de son encéphalopathie 3 6,5 15,3 1 31 0 Fonte purulente cœur, médiastinite 10 16 45 1 16 0 Mort cérébrale (préimplantation probable), AVC massif 11 7,5 25 1 0,2 0 Hémorragie massive 12 0,8 8.6 1 31 0 Décès à 4 mois post-sevrage, mort subite à domicile 13 5,1 20 1 104 0 Accident vasculaire cérébral massif à J109 sous BHE 14 2,3 11 0 30 0 Accident vasculaire cérébral massif à J35 sous BHE   Tableau 4. Tableau des traitements et prise en charge des patients sous BHE. Patient Date de début (J) Durée d’intubation (h) Oxygénateur Hémodialyse HNF Dipyri-damole Acétylsalicylate de DL-lysine Anti-vitamine K Nutrition parentérale Nutrition entérale 1 1 2 3 7 14 240 2 1 12 1 44 2160 3 1 - - 3 23 + 4 1 11 3 10 0 4 96 5 1 13 12 1 6 1056 6 1 2 5 14 1 7 1200 7 1 2 2 3 3 120 8 1 2 4 6 2 5 192 9 1 3 5 5 2 192 10 1 2 1 + + 11 - - - - - - - 12 1 2 5 23 1 8 384 13 1 2 35 27 4 2 768 + + 14 1 2 17 7 1 2 4 15 1 2 2 9 1 2 14 16 1 2 - 3 3 5 9     3.2. Mortalité Parmi ces 16 enfants appareillés, dont le devenir est résumé dans la figure 1 et les tableaux 2 et 2bis, le taux de survie hospitalier dans notre cohorte était de 75 %. Deux patients supplémentaires sont décédés après la transplantation cardiaque (un en réanimation et un à distance d’une complication de son encéphalopathie, figure 1). Les causes de décès sous BHE étaient le saignement, l’accident vasculaire cérébral hémorragique et l’infection. La seule patiente sevrée de l’assistance après récupération est décédée subitement 4 mois après le sevrage [figure 1, tableau 3bis]. Le suivi des survivants de notre cohorte est en moyenne de 41 mois [SD : 24-58] à la date du 31 décembre 2016 avec des extrêmes allant de 7 à 68 mois. Le taux de survie lors du suivi à moyen terme est de 62,5 %. Notre cohorte comprend deux périodes particulièrement à risque de décès. La première est précoce : la première semaine postimplantation, où le risque est essentiellement hémorragique. La seconde période est plus à distance et le risque majeur est thromboembolique, dont les AVC, souvent massifs et létaux. La figure 2 illustre l’évolution et le devenir au cours du temps des patients implantés. La figure 3 quant à elle compare le devenir des patients sous assistance par BHE à celui des patients transplantés cardiaques.   [caption id="attachment_3971" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Nombre de patients sous assistance ventriculaire (VAD), de patients ayant bénéficié d’une transplantation cardiaque orthotopique (OCT), de patients décédés sous assistance et de patients sevrés avec succès.[/caption]   [caption id="attachment_3972" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Estimation de la survie sous assistance (gauche) et après transplantation cardiaque postassistance par BHE (droite).[/caption]   En date du 31 décembre 2016, la totalité des patients sont suivis et en bon état général, sans anomalie cardiaque détectée au niveau clinique ou échographique.   3.3. Complications Si on compare les complications hémorragiques précoces (< 7 jours) entre patients atteints de cardiopathies congénitales (n = 2/3) ou de cardiomyopathies (n = 4/13), on ne retrouve pas de différence significative entre les 2 groupes. Les complications et interventions spécifiques à chaque patient sont résumées dans le tableau 5. À noter que 4 patients ont nécessité une dialyse et 3 un oxygénateur (la totalité de ces patients sont décédés). Dans notre série, on retrouve un montage de Fontan assisté en mono-VAD et transplanté avec succès. Les 2 causes principales de complications sous BH étaient l’infection (13/16 patients) et les troubles de la coagulation, thromboemboliques ou hémorragiques (14/16 patients).   Tableau 5. Principales complications rencontrées chez les patients sous Berlin Heart Excor. Patient Hémodynamique Infectieux Hémorragique Thrombotique 1 Décaillotage J5 2 Hémoculture, canule et cathéter : Staphylocoque coagulase négative  (SCN) et Stenotrophomonas maltophilia J10 Saignement majeur Décaillotage J8 3 TRALI et TACO (Transfusion-Related Acute Lung Injury et Transfusion Associated Circulatory Overload) SCN Médiastinite dépassée Transfusions massives 4 Streptococcus pneumoniae bronches J1 5 J24: colonisation E. coli BLSE rectum J0 : S. pneumoniae bronches J40 : Neisseria gonorrhoeae bronches J47 : S. Aureus cathéter central jugulaire droit 6 Œdème aigu pulmonaire (OAP) à J18 et J34 J3 : Pseudomonas aeruginosa et Candida albicans bronches. J18 : Pneumopathie (PNP) P. aeruginosa Hématurie Aspiration bronchiques sanglantes AVC ischémique 7 Tachycardie ectopique dès J3 Fibrillation ventriculaire (FV) itérative avec choc électrique externe (CEE) (AVC J5) Amiodarone de J0 à J61 Portage S. pneumoniae trachée traité Sepsis SCN J9 J34: P. aeruginosa KTC et S. aureus canules J5 : AVC (déficit G) évolution favorable J21 : changement VD J51 : changement des 2 ventricules 8 TV et FV jusqu’à J6 ECMO post-greffe PNP C. albicans pré-BHE (21j antifongiques) Thrombus canule entrée VG : thrombolyse => hémorragie drains 9 J7 : Écoulement pus cicatrice (Staphylocoque epidermidis) : ATB et reprise J9 J16 : collection sous-diaphragmatique G : reprise PNP : reintubé J22-27 2 reprises pour hémorragie 10 FV d'emblée E. coli urines pré-BH C. albicans J13 urines AVC 11 BAV complet Hémorragie massive Suspicion allergie HNF per-ECMO 12 J2 réouverture pour changement canules Sang selles J0 13 Tachycardie : propanolol Hémoculture : SCN J10 arrivée Fonte purulente médiastin AVC hémorragique 1 vomissement sanglant 1 épistaxis Hématomes aux points de perfusion 14 S. aureus bronches AVC hémorragique EP à J30 : DC 15 Amiodarone J0 à 20 E. faecalis liquide péricardique et drain 16 Tamponnade Reprise pour tamponnade J3     Patient Neurologique Berlin Heart 1 Caillot 2 Décaillotage 5 Refus parole et alimentation 6 Micro-emboles cérébrales sans séquelles Clonies gauches: AVC ischémique frontopariétal droit avec parésie bras gauche EEG normal Scanners de contrôle J35 et 55 : légère dilatation ventriculaire isolée 7 J5 (toujours FV) : trouble vigilance, Scanner J6 : AVC confirmé Déficit G, EEG normal Récupération complète 3 changements V pour dépôt (dépôts à partir J2) 8 Dépôts des J2 : thrombus canule aspiration VG 10 AVC 11 AVC 12 Repositionnement canules J2 13 AVC J58 : léger dépôt canule D (9) J90 : ombre noire pompe G : changement canule G J91 : erreur mesure pression: changement console 14 Hémorragie parenchymateuse D, effet masse Dépôt entrée VD J5 et J12 : VD++ et VG sur valve sortie 15 1er dépôt J5 16 Micro dépôt fibrine sortie VAD droit Changement console pour défaut batterie     3.4. Taille des ventricules implantés Comme le montre le tableau 6, 9 des 16 patients (56 %) ont été appareillés avec au moins un VAD de taille inadaptée (trop petit ou trop grand pour le gabarit de l’enfant). Parmi eux, 4/9 (44 %) ont présenté une complication thromboembolique contre 0/7 chez les patients ayant un VAD de taille adaptée. Même si cette différence n’est pas statistiquement significative, cette tendance dans notre cohorte de taille modeste est à prendre en compte.   Tableau 6. Taille des ventricules en fonction de la surface cutanée des patients. Patients Volume d’au moins 1 des pompes Décès AVC TE 1 Trop petit 0 0 0 2 Adapté  0 0 0 3 Adapté  1 1 0 4 Trop petit 1 1 0 5 Trop large  0 0 0 6 Trop petit   1 0 0 7 Adapté  1 1 0 8 Adapté  1 0 0 9 Adapté 1 1 0 10 Trop large  0 1 1 11 Trop petit  0 1 1 12 Adapté 0 0 0 13 Trop petit  0 0 0 14 Adapté  1 0 0 15 Trop petit   0 1 1 16 Trop large 1 0 1 < 30 mL/m2 : trop petit ; 30-50  mL/m2 : adapté ; > 50 mL/m2 : trop large Survenue (1) ou non (0) des évènements indésirables décès ; AVC : accidents vasculaires cérébraux (AVC) ; TE : thromboemboliques.   3.5. Cas particuliers   3.5.1. Montage de Fontan défaillant Le patient 8 est le seul patient de notre cohorte qui était porteur d’un ventricule unique avec un montage de type Fontan défaillant (ventricule unique [VU] à double entrée de morphologie droite). Dans les suites d’une réintervention pour plastie des valves auriculoventriculaires (VAV), principalement la droite pour fuite massive, 6 ans et demi ans après la dérivation cavopulmonaire totale (DCPT), la fonction du ventricule droit (VD) s’était dégradée massivement avec aggravation de la fuite cette fois-ci gauche. Il a été repris à J6 de la chirurgie pour plastie de la VAV et de l’anneau gauche. L’évolution a été compliquée d’une endocardite à Staphylocoque aureus, et l’enfant sera réopéré pour remplacement des deux VAV par bioprothèse. Devant la persistance d’une dysfonction ventriculaire sévère, il a été placé sous assistance monoventriculaire systémique (BHE) 5 semaines après la première plastie valvulaire. L’évolution a été marquée initialement par un thrombus au niveau de la canule d’aspiration traitée par thrombolyse et d’une pneumopathie à Candida albicans. L’enfant a pu être transplanté à J36 avec mise en place d’une ECMO en postopératoire immédiat pour défaillance de greffon et hémorragie massive avec une très bonne récupération par la suite. Il est à ce jour asymptomatique.   3.5.2. Suppléance d’autres organes Trois patients ont nécessité une hémodialyse durant la période d’assistance par BHE dont 2 ont également nécessité la mise en place d’un oxygénateur sur le circuit. Ces 3 patients sont décédés sous BHE.   4. Discussion 4.1. Indication de l’implantation et moment de l’implantation Le choix du meilleur moment pour implanter le BHE reste encore difficile. Dans notre série, la décision de mise en place d’un BHE a toujours été concomitante d’une indication de transplantation cardiaque. La majorité des patients (69 %) ont été implantés en relais de l’ECMO, cette dernière ayant dû être posée en urgence. En ce qui concerne les assistances de type ECMO, les différentes études recommandent une mise en place la plus rapide possible, quel que soit l’âge et la pathologie y compris lors d’arrêt cardiorespiratoire (ACR). Par ailleurs l’âge, le poids, le sexe, le pH, le site de canulation, la nécessité d’hémofiltration et l’extubation rapide ne sont pas des facteurs prédictifs de mortalité lors de mise en place d’ECMO. En revanche, une augmentation des lactates, une physiologie circulatoire non biventriculaire et une insuffisance rénale aiguë sont prédictives de mortalité. La mise en place d’une ECMO avant le BHE n’entraîne pas plus d’évènements neurologiques que la pose du BHE d’emblée [8]. Dans notre série, l’insuffisance rénale aiguë est également de très mauvais pronostic après pose de BHE, puisque tous les patients dialysés sont décédés. Concernant l’utilisation d’assistance périopératoire, toutes les études concordent pour affirmer qu’il n’y a pas de différence de morbimortalité post-greffe pour les enfants placés en prétransplantation sous assistance circulatoire de type ECMO ou VAD d’emblée [9], mais la mise en place d’une ECMO pré-VAD augmente la mortalité [10] du fait des conditions d’implantation parfois mauvaises (arrêt cardiaque), mais surtout de la présence d’anticoagulant rendant la pose du BHE à haut risque hémorragique. Dans notre cohorte, certains patients ont été mis initialement en ECMO du fait du délai plus long de la mise en place d’un BHE. Ceci n’a pas été démontré dans notre série mais le facteur limitant reste le faible nombre de patients. De plus les enfants en attente de greffe sont facilement placés sous VAD devant des délais d’attente longs et la meilleure physiologie obtenue. Depuis quelques années seulement, l’enfant de petit poids peut avoir accès à tous les types d’assistance circulatoire mécanique grâce au développement de ventricules extracorporels de taille adaptée. Cependant, en urgence, l’ECMO reste de réalisation plus facile et plus rapide. Une fois l’assistance débutée se pose la question de la durée de celle-ci. La plupart des études s’accordent à dire qu’il faut installer des systèmes VAD pour des assistances prolongées, de plus de 7 jours. Pour les ECMO, les durées d’assistance moyennes sont selon les études entre 3 et 7 jours. Les dispositifs d’assistance de type VAD sont implantés pour des durées plus longues, entre 20 et 44 jours selon les séries. Les VAD assurent une meilleure hémodynamique avec un flux pulsatile, une bonne décharge ventriculaire, moins d’hémolyse et cytolyse et moins de complications hémorragiques que les ECMO. Enfin, notre centre, avec des premières implantations datant d’il y a 10 ans, a majoritairement implanté en biventriculaire, en accord avec BH : on retrouve dans notre cohorte une majorité de défaillances cardiaques terminales sévères et bilatérales. Seuls les cœurs de physiologie univentriculaire et un patient de défaillance gauche isolée ont reçu un mono-VAD.   4.2. Survie Dans notre cohorte pédiatrique, la survie globale est de 62,5 %. Une autre série récente de 2015, celle de Sandica [21], rapporte un excellent taux de survie avec 90 % d’évolution favorable, par greffe ou récupération. La série anglaise de Cassidy en 2013 [12] retrouve un taux global de survie de 81 % sur une cohorte de 102 enfants. La série allemande de Miera publiée en 2014 [7] retrouve un taux de survie plus bas de 69 %, proche de celui de notre cohorte, avec une tendance à la diminution chez les patients de faible surface cutanée et plus jeune (p = 0,078). La série australienne de 2015 [10] porte sur une expérience de 15 ans d’implantation des VAD. Il s’agit d’une série de 64 assistances ventriculaires dont 11 (17 %) de BHE. Cette série a permis elle aussi de mettre en évidence une augmentation de la mortalité chez les patients ayant été mis sous ECMO avant l’implantation de l’assistance ventriculaire. La série décrit 27 % d’AVC, 14 % de changement d’assistance ventriculaire pour thrombose du ventricule pneumatique et 6 patients sur 64 explantés pour récupération de leur fonction ventriculaire. La survie à 5 ans dans cette cohorte est de 69 % et 61 % à 10 ans avec une survie excellente des patients ayant été greffés post-VAD à 91 %, l’essentiel de la mortalité étant survenue pendant la période d’assistance elle-même. Ainsi les résultats obtenus dans notre série sont comparables aux résultats des centres précédemment décrits.   4.3. Complications Les complications sont particulièrement fréquentes sous assistance. On retrouve le plus souvent des complications hémorragiques nécessitant la plupart du temps une hémostase chirurgicale [10]. Ceci est également responsable de transfusions massives fréquentes. L’autre risque majeur est le risque thromboembolique, surtout lors des premiers jours post-VAD chez l’enfant, du fait du lavage insuffisant des pompes à chaque systole. Cependant, ce risque reste réel malgré l’adaptation du matériel et est lié au maniement des anticoagulants. Ces 2 types de complications sont aussi responsables d’effets secondaires neurologiques de fréquence très variable selon les séries, surtout chez les adolescents, et menant parfois au décès. Concernant les complications neurologiques, Jordan [12] dénombre en 2015, sur une série américaine portant sur 204 cas de Berlin Heart dans 47 centres, la survenue de 73 problèmes neurologiques chez 59 patients, soit 29 % de la cohorte. La majorité survient avant J14 et la mortalité de ces patients est de 42 % contre 18 % pour le reste de la cohorte (il s’agit de la principale cause de mortalité relevée). Dans notre série, le taux de complications neurologiques est de 38 %, avec une mortalité de 18 %, malgré l’application systématique du protocole d’Edmonton.  Ce protocole détaille la séquence de mise en place des anticoagulants et anti-agrégants (héparine, puis dipyridamole, aspirine et AVK) en fonction de l’âge de l’enfant (plus ou moins 1 an) et de sa clinique. Malgré l’application systématique dans notre série du protocole d’Edmonton, le taux de complications thromboemboliques reste très important. Il en est de même dans d’autres grands centres nord-américains qui de ce fait ont modifié leurs protocoles de prise en charge des VAD, avec une prise en charge plus personnalisée comprenant une anti-agrégation et une anticoagulation plus agressive [13,14]. Cela renforce la nécessité d’un travail multicentrique de réévaluation des pratiques et d’adaptation de ce protocole, qui est actuellement en cours. Une autre classe de complications fréquemment décrite est celle des infections [11]. Sont décrites des pneumopathies dues à la ventilation mécanique prolongée et des médiastinites. Les autres complications sont l’insuffisance rénale sur bas débit ou/et secondaire à la lyse cellulaire et des décès par défaillance multiviscérale et décanulation accidentelle.   4.4. Facteur de risque de complication Les différentes séries rapportent plusieurs principaux facteurs de risque de complications. La série américaine de Zafar en 2015 [15] met en évidence 3 facteurs de mauvais pronostic concernant les patients sous assistance biventriculaire : l’insuffisance rénale, l’utilisation de pompes de 10 ml et la réalisation par un centre ayant eu moins de 5 cas au total. De Rita [16] souligne que les principaux facteurs de risque d’évolution défavorable sont un poids en dessous de 10 kg et la succession du nombre de modes d’assistance. Ainsi, la série de Conway en 2015 [17], portant sur des patients de moins de 10 kg bénéficiant d’une assistance par BHE, montre un taux de survie beaucoup plus bas de 57 %, avec comme facteurs de risque principaux de mortalité le fait que l’enfant soit porteur d’une cardiopathie congénitale et présente un taux de bilirubine augmenté. La série allemande de Miera publiée en 2014 retrouve également un taux de survie plus bas chez les patients implantés de moins de 10 kg [7]. Outre les facteurs de risque cliniques ou biologiques de mortalité, cette équipe s’est intéressée sur une cohorte de 80 enfants (âge moyen 2,2 ans, surface corporelle 0,5m²) à la relation entre la survie et la taille des pompes ventriculaires. En effet une taille de pompe inadaptée entraîne plus de complications, particulièrement en cas de ventricules surdimensionnés par augmentation du risque thromboembolique. Cela a également été bien montré par Cassidy et Sandica [11-21]. Nous avons également retrouvé une tendance importante à l’augmentation du nombre de complications principalement thromboemboliques en cas de présence d’au moins une pompe de taille inadaptée dans notre série (44 % vs 0 %, p = ns), même si, du fait du faible nombre de patients, la différence n’est pas statistiquement significative. Miera détermine une taille de ventricule adéquate entre 30 et 50 ml/m² [12,17]. Il est à noter que Berlin Heart a de ce fait produit depuis des ventricules de taille intermédiaire (15 ml) pour les jeunes enfants afin de limiter ces complications [18]. La série anglaise de Cassidy en 2013 [11] souligne également que les petits enfants de moins de 20 kg sont assistés plus longtemps. De plus, le pronostic des patients atteints de cardiopathie congénitale et assistés demeure moins bon que celui des cardiomyopathies, différence non retrouvée dans notre série de patients, comportant seulement 3 patients porteurs d’une cardiopathie congénitale dont 1 décédé pour 5 décès sur 13 cardiomyopathies (p = ns).   4.5. Suivi et devenir des patients sous Berlin Heart Nous avons dans notre série un cas de ventricule unique assisté par BHE : défaillance du montage de type Fontan par fuite des valves auriculoventriculaires. Ce cas fait partie des rares cas décrits [19] de « Failing Fontan » assistés puis greffés avec succès, en l’occurrence ici en mono-VAD de fonction systémique. Par ailleurs, concernant l’utilisation du levosimendan dans notre service, 6 des patients ont reçu une cure préalable sans modification de leur évolution. L’expérience générale de notre centre concernant son utilisation n’a pas modifié notre fréquence et notre type de population d’implantation. Cela est également dû au profil de notre centre, de référence mais aussi de dernier recours, les patients arrivant en défaillance terminale, stade pour lequel le levosimendan à le moins de bénéfices prouvés. Une autre stratégie pouvant être discutée est le recours aux systèmes d’assistance ventriculaires « temporaires » dits de moyenne durée. Des publications récentes rapportent leur supériorité à l’ECMO dans certains cas, notamment pour des utilisations de 15 jours en moyenne. Cependant ces systèmes sont pour le moment plus comparés aux ECMO, pour des enfants plutôt grands, ayant des défaillances aiguës et modérées à sévères [20]. En effet, ces systèmes gardent comme inconvénients d’être temporaires, de débit continu et de provoquer une hémolyse importante (comme pour l’Impella [Abiomed Inc, Danvers, Massasuchetts, Etats-Unis], non disponible pour l’enfant, mais pouvant parfois être utilisé en plus d’un autre système d’assistance au titre de décharge gauche chez l’adolescent ou adulte). Même s’ils sont prometteurs, ils ne sont pas encore pour le moment utilisés dans notre centre. Par ailleurs, il est à noter que tous les enfants de notre cohorte greffés sous BHE et rentrés à domicile ont actuellement une fonction cardiaque normale. Pour le moment, le suivi est relativement court (41 mois [SD 24-58]), ainsi il est encore nécessaire d’avoir plus de recul, notamment pour comparer ce taux de survie avec celui des patients transplantés à long terme qui est de 50 % à 15 ans. Enfin, un des derniers challenges est d’optimiser l’autonomisation de ces patients afin de pouvoir envisager à terme un transfert dans les services d’hospitalisation, voire un retour à domicile en attente du greffon.   5. Conclusion Le Berlin Heart Excor® est un système d’assistance efficace, qui, utilisé en attente de transplantation cardiaque, permet à un patient autonomisé d’attendre un greffon dans des conditions cliniques et psychologiques plus favorables. Le nombre de complications et d’évènements indésirables reste cependant important. Les principales complications restent les évènements hémorragiques ou thromboemboliques et les infections. Le protocole d’anticoagulation d’Edmonton reste encore appliqué mais ne paraît plus être adapté à la totalité des patients. Les risques, notamment hémorragiques, semblent différents entre les patients chroniques avec troubles de l’hémostase et les patients aigus sans antécédents, de même qu’entre les patients implantés d’emblée et ceux ayant eu une ECMO au préalable. Ainsi un groupe de travail Berlin Heart a été mis en place dans notre institution, et une cohorte prospective test est en cours afin de mieux cibler besoins et difficultés pour réadapter ce protocole.   Références Suominen P, Mattila N, Nyblom O, Rautiainen P, Turanlahti M, Rahkonen O. The Hemodynamic Effects and Safety of Repetitive Levosimendan Infusions on Children With Dilated Cardiomyopathy. World J Pediatr Congenit Heart Surg 2017 Jan;8(1):25-31. https://doi.org/10.1177/2150135116674466 Paden ML, Conrad SA, Rycus PT, Thiagarajan RR; ELSO Registry. Extracorporeal Life Support Organization Registry Report 2012. ASAIO J 2013 May-Jun;59(3):202-10. https://doi.org/10.1097/MAT.0b013e3182904a52 Almond CS, Morales DL, Blackstone EH et al. Berlin Heart EXCOR pediatric ventricular assist device for bridge to heart transplantation in US children. Circulation 2013 Apr 23;127(16):1702-11. https://doi.org/10.1161/CIRCULATIONAHA.112.000685 Fraser CD Jr, Jaquiss RD, Rosenthal DN et al. Prospective trial of a pediatric ventricular assist device. N Engl J Med. 2012 Aug 9;367(6):532-41. https://doi.org/10.1056/NEJMoa1014164 Adachi I, Khan MS, Guzman-Pruneda FA et al. Evolution and impact of ventricular assist device program on children awaiting heart transplantation. Ann Thorac Surg 2015;99:635-40. https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2014.10.010 Morales DLS, Zafar F, Almond CS, Canter C, Fynn-Thompson F, Conway J, Adachi I, Lorts A. Berlin Heart EXCOR use in patients with congenital heart disease. J Heart Lung Transplant 2017 Nov;36(11):1209-16. https://doi.org/10.1016/j.healun.2017.02.003 Miera O, Schmitt KR, Delmo-Walter E, Ovroutski S, Hetzer R, Berger F. Pump size of Berlin Heart EXCOR pediatric device influences clinical outcome in children. J Heart Lung Transplant 2014 Aug;33(8):816-21. doi:10.1016/j.healun.2014.03.007. https://doi.org/10.1016/j.healun.2014.03.007 Chi NH, Huang SC, Chen YS et al. Outcome for Pediatric Cardiac Transplantation With and Without Bridge Methods. ASAIO J 2007 Mar-Apr;53(2):241-45. https://doi.org/10.1016/j.transproceed.2010.02.052 Shi WY, Marasco SF, Saxena P et al. Outcomes of ventricular assist device implantation in children and young adults: the Melbourne experience. ANZ J Surg 2016 Dec;86(12):996-1001. https://doi.org/10.1111/ans.13368 Pauliks L, Undar A. New devices for pediatric mechanical circulatory support. Current Opinion in cardiology 2008;23:91-6. https://doi.org/10.1097/HCO.0b013e3282f4cd9c Cassidy J, Dominguez T, Haynes S et al. A longer waiting game: bridging children to heart transplant with the Berlin Heart EXCOR device--the United Kingdom experience. J Heart Lung Transplant 2013 Nov;32(11):1101-06. https://doi.org/10.1016/j.healun.2013.08.003 Jordan LC, Ichord RN, Reinhartz O et al. Neurological complications and outcomes in the Berlin Heart EXCOR® pediatric investigational device exemption trial. J Am Heart Assoc 2015 Jan 22;4(1):e001429. https://doi.org/10.1161/JAHA.114.001429 Steiner ME, Bomgaars LR, Massicotte MP; Berlin Heart EXCOR Pediatric VAD IDE study investigators. Antithrombotic Therapy in a Prospective Trial of a Pediatric Ventricular Assist Device. ASAIO J 2016 Nov/Dec;62(6):719-27. https://doi.org/10.1097/MAT.0000000000000434 Rosenthal DN, Lancaster CA, McElhinney DB, Chen S, Stein M, Lin A, Doan L, Murray JM, Gowan MA, Maeda K, Reinhartz O, Almond CS. Impact of a modified anti-thrombotic guideline on stroke in children supported with a pediatric ventricular assist device. J Heart Lung Transplant 2017 Nov;36(11):1250-57. https://doi.org/10.1016/j.healun.2017.05.020 Zafar F, Jefferies JL, Tjossem CJ et al. Biventricular Berlin Heart EXCOR pediatric use across the united states. Ann Thorac Surg 2015 Apr;99(4):1328-34. https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2014.09.078 De Rita F, Hasan A, Haynes S et al. Outcome of mechanical cardiac support in children using more than one modality as a bridge to heart transplantation. Eur J Cardiothorac Surg 2015 Dec;48(6):917-22; discussion 922. https://doi.org/10.1093/ejcts/ezu544 Conway J, St Louis J, Morales DL, Law S, Tjossem C, Humpl T. Delineating survival outcomes in children <10 kg bridged to transplant or recovery with the Berlin Heart EXCOR Ventricular Assist Device. JACC Heart Fail 2015 Jan;3(1):70-7. https://doi.org/10.1016/j.jchf.2014.07.011 De Rita F, Griselli M, Sandica E et al. Closing the gap in paediatric ventricular assist device therapy with the Berlin Heart EXCOR® 15-ml pump†. Interact Cardiovasc Thorac Surg 2017 May 1;24(5):768-71. https://doi.org/10.1093/icvts/ivw437 Niebler RA, Shah TK, Mitchell ME, et al. Ventricular Assist Device in Single-Ventricle Heart Disease and a Superior Cavopulmonary Anastomosis. Artif Organs 2016 Feb;40(2):180-4. https://doi.org/10.1111/aor.12531 Yarlagadda VV, Maeda K, Zhang Y, Chen S, Dykes JC, Gowen MA, Shuttleworth P, Murray JM, Shin AY, Reinhartz O, Rosenthal DN, McElhinney DB, Almond CS. Temporary Circulatory Support in U.S. Children Awaiting Heart Transplantation. J Am Coll Cardiol 2017 Oct 31;70(18):2250-60. https://doi.org/10.1016/j.jacc.2017.08.072 Sandica E, Blanz U, Mime LB, et al. Long-Term Mechanical Circulatory Support in Pediatric Patients.Artif Organs. 2016 Mar;40(3):225-32. https://doi.org/10.1111/aor.12552   Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 25/08/2017. Acceptation : 02/01/2018.  
mai 17, 2018
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Décembre 2017

La perfusion pulmonaire ex-vivo : un atout pour l’appariement donneur-receveur des patients hyperimmunisés en transplantation pulmonaire

J. de Wolf1*, M. Glorion1, P. Puyo1, P. Bonnette1, S. Abou Taam1, A. Roux2, M. Le Guen3, F. Parquin1, A. Chapelier1, E. Sage1 et le groupe de transplantation pulmonaire de l’hôpital Foch.     1. Service de chirurgie thoracique et transplantation pulmonaire, hôpital Foch, Suresnes, France. 2. Service de pneumologie, hôpital Foch, Suresnes, France. 3. Service d’anesthésie, hôpital Foch, Suresnes, France. * Correspondance : juliendewolf@gmail.com   DOI : 10.24399/JCTCV21-4-DEW Citation : De Wolf J, Glorion M, Puyo P, Bonnette P, Abou Taam S, Roux A, Le Guen M, Parquin F, Chapelier A, Sage E et le groupe de transplantation pulmonaire de l’hôpital Foch. La perfusion pulmonaire ex-vivo : un atout pour l’appariement donneur-receveur des patients hyperimmunisés en transplantation pulmonaire. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(4). doi: 10.24399/JCTCV21-4-DEW   Résumé Objectifs : en transplantation pulmonaire, la réalisation et l’attente du résultat d’un crossmatch prospectif, comme réalisé systématiquement en transplantation rénale, pourraient diminuer le risque de rejet hyperaigu chez les patients hyperimmunisés. Nous rapportons trois cas d’utilisation de la perfusion pulmonaire ex-vivo (PPEV) logistique afin d’optimiser la préservation d’organe en attendant le résultat du crossmatch. Méthodes : trois patients hyperimmunisés ont bénéficié à l’hôpital Foch d’une PPEV selon la technique décrite par l’équipe de transplantation pulmonaire de Toronto. Résultats : les patients étaient âgés de 29, 47 et 49 ans. Deux patients étaient en attente de transplantation pour mucoviscidose et un pour emphysème. La durée moyenne de PPEV et la durée totale de préservation étaient respectivement de 3 heures et 40 minutes et de 14 heures. Deux patients ont eu une transplantation bipulmonaire et un patient a bénéficié d’une transplantation bilobaire. Un patient a été extubé immédiatement au bloc opératoire, pour les autres la durée de ventilation post-transplantation était de 5 et 7 jours. La durée de séjour en réanimation a été de 15, 16 et 6 jours et la durée d’hospitalisation de 27, 26 et 25 jours. Au cours du suivi, aucun argument en faveur d’un rejet (cellulaire ou humoral) n’a été détecté pour les trois patients. Le C4d était systématiquement négatif. Les trois patients sont vivants 3 ans après la transplantation. Conclusion : l’utilisation à but « logistique » de la PPEV a permis d’attendre, sans sur-risque pour le greffon, le résultat du crossmatch prospectif et ainsi de donner accès à la transplantation avec de bons résultats à des patients hyperimmunisés qui avaient jusqu’alors un accès extrêmement restreint à la transplantation pulmonaire.   Abstract Objectives: Nowadays, prospective crossmatch is routinely performed for matching donor and recipient in kidney transplantation. Transplantation is decided only in case of a negative result. The practice leads us to think that a hyperimmunized lung transplantation candidate should also get a negative prospective crossmatch result before transplantation. We implemented a strategy for transplanting hyperimmunized patients using ”logistic” ex-vivo lung perfusion (EVLP) in order to safely extend preservation time while waiting for the prospective result of the crossmatch. Methods: We used EVLP as described by the Toronto Lung Transplantation team for 3 hyperimmunized patients at Foch Hospital. Results: Patients were 29, 47, and 49 years old, respectively. Two patients were awaiting lung transplantation for cystic fibrosis and one patient for emphysema. Mean EVLP length was 3 hours and 40 minutes with a total preservation time of 14 hours. Two patients had bilateral lung transplantation and one patient bilateral lobar transplantation. One patient was extubated in the operating room, while two others were extubated 5 and 7 days after transplantation, respectively. The mean ICU and hospital lengths of stay were 12 days and 25 days, respectively. During follow-up, no argument for antibody-mediated rejection or chronic allograft dysfunction was detected for the 3 patients. C4d was systematically negative. All patients are alive and well 3 years after transplantation. Conclusion: These 3 cases highlight “logistic” EVLP as suitable and safe for allowing lung transplantation in hyperimmunized patients.   1. Introduction La présence d’anticorps anti-HLA (human leukocyte antigen) chez le receveur avant une transplantation pulmonaire est associée à une majoration du risque de rejet aigu chronique et diminue la survie à moyen et long termes [1]. De surcroît, le manque de greffon pulmonaire rend encore plus difficile l’accès des patients hyperimmunisés à la transplantation [2,3]. La réalisation d’un crossmatch prospectif comme cela est systématiquement le cas en transplantation rénale pourrait améliorer l’appariement entre le receveur et son greffon et donner ainsi accès à la transplantation pulmonaire aux patients hyperimmunisés sans risque de rejet hyperaigu. Une telle stratégie conduirait cependant à une augmentation de l’ischémie du greffon pulmonaire majorant le risque de dégradation de ce dernier. L’expérience acquise lors du reconditionnement ex-vivo des greffons pulmonaires à critères élargis [4] nous a permis d’envisager l’utilisation d’une telle technique à but « logistique ». Nous rapportons ici trois cas d’utilisation de la perfusion pulmonaire ex-vivo (PPEV) à but logistique, afin d’optimiser la période de préservation des greffons, en attendant le résultat du crossmatch prospectif.   2. Matériel et méthodes Trois patients hyperimmunisés ont bénéficié d’une PPEV « logistique » à l’hôpital Foch [5]. La recherche d’anticorps anti-HLA était réalisée comme chez tous les patients par LABScreen Single Antigen. L’hyperimmunisation était définie comme une réaction contre plus de 75 % d’un panel d’antigènes HLA (calculated panel reactive antibody, cPRA > 75 %) dont l’intensité (Mean fluorescence intensity [MFI]) était supérieure à 1000 (scores 6 et 8). L’inclusion dans ce protocole était décidée pour les patients hyperimmunisés au moment de l’inscription sur la liste de transplantation pulmonaire. En France, les greffons pulmonaires étant alloués à une équipe de transplantation et non à un patient et afin de ne pas perdre les greffons en cas de crossmatch prospectif positif, nous convoquions systématiquement dans le même temps un second patient non immunisé. La transplantation pulmonaire était réalisée chez le patient hyperimmunisé si le crossmatch prospectif était négatif, dans le cas contraire c’est le patient non immunisé qui était transplanté.   2.1. Perfusion pulmonaire ex-vivo Nous avons utilisé la technique décrite par l’équipe de Toronto [6] et que nous avions déjà rapportée dans notre série de reconditionnement des greffons à critères élargis [4]. La durée de préservation était scindée en trois périodes distinctes : la première ischémie froide correspondant au délai entre le clampage aortique du donneur et la mise en route de la PPEV, la durée de PPEV et enfin la deuxième ischémie froide correspondant au délai entre la fin de la PPEV et le déclampage de l’artère pulmonaire sur le receveur. La durée totale de préservation correspondant à la somme de ces trois périodes en prenant en compte la deuxième ischémie froide la plus longue (deuxième côté).   2.2. Protocole de désensibilisation périopératoire spécifique aux patients hyperimmunisés Avant la transplantation pulmonaire, les patients hyperimmunisés recevaient une induction spécifique associant une plasmaphérèse et un bolus de méthylprednisolone 500 mg. Une immunothérapie classique consistant en une association de stéroïdes, d’anticalcineurine et d’inhibiteur de la purine était débutée après la transplantation, suivie d’une plasmaphérèse quotidienne 5 jours de suite. Au 7e jour, le protocole de désensibilisation périopératoire était clos par une association de Rituximab et d’immunoglobuline.   2.3. Surveillance Comme pour tous les patients transplantés pulmonaires de notre groupe, une surveillance par biopsie transbronchique avec recherche systématique du C4d était réalisée à J7, M1, 2, 3, 4, 5, 6, 9, 12 puis tous les 6 mois et à chaque suspicion clinique de rejet. À cette surveillance histologique était associée une évaluation clinique et radiologique par épreuves fonctionnelles respiratoires à 1,3, 6 et 12 mois puis tous les 6 mois.   3. Résultats À ce jour, 3 patients ont bénéficié d’une PPEV « logistique » [tableau 1]. Tableau 1. Caractéristiques des patients hyperimmunisés transplantés avec une PPEV « logistique ». Patient 1 Patient 2 Patient 3 Données préopératoires Âge 47 49 29 Pathologie pulmonaire Emphysème Mucoviscidose Mucoviscidose Groupe sanguin A+ AB+ A+ Crossmatch virtuel (cPRA %) 98 98 76 Données opératoires (min) 1re ischémie froide 215 280 185 Durée de la PPEV 460 405 280 2e ischémie froide (1er côté/2e côté) 60/246 108/277 61/168 Durée totale de conservation 921 962 633 Données per et postopératoires Geste chirurgical Transplantation bipulmonaire Transplantation bilobaire   Transplantation bipulmonaire   Assistance peropératoire Oui (VA-ECMO) Oui (VA-ECMO) Oui (VA-ECMO) Assistance postopératoire (j) 3 (VA-ECMO) 3 (VV-ECMO) Non DPG3 à 72 h Oui Oui Non Durée du séjour en réanimation (j) 15 16 6 Durée du séjour hospitalier (j) 27 26 25 VA-ECMO : assistance extracorporelle artérioveineuse ; VV-ECMO assistance extracorporelle veinoveineuse ; DPG3 à 72h : défaillance primaire de greffon à 72 h. 3.1. Cas 1 Une femme de 47 ans de groupe A hyperimmunisée avec un crossmatch virtuel à 98 % était inscrite sur liste de transplantation pour un emphysème. La durée d’attente sur liste de transplantation pour cette patiente a été de 19 semaines. La durée de la première ischémie froide a été de 215 min. La durée de PPEV a été de 460 min, permettant d’attendre le crossmatch prospectif qui s’est avéré négatif. La durée de la deuxième ischémie froide a été de 60 et 246 min respectivement pour le premier et le deuxième côtés. Soit une durée de préservation totale de 921 min. La transplantation bipulmonaire a été réalisée sous assistance extracorporelle (ECMO) veinoartérielle (VA) périphérique au niveau des vaisseaux fémoraux droit, devant l’apparition d’une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) au clampage de l’artère pulmonaire du premier côté. Cette dernière a été maintenue pour un support hémodynamique pendant 72 heures. La durée du séjour en réanimation a été de 15 jours, et la patiente est sortie de l’hôpital à J27. Le volume expiratoire maximale par seconde (VEMS) était respectivement de 93 %, 102 %, 105 %, 103 % et 100 % à 1, 6, 12, 24 et 36 mois.   3.2. Cas 2 Une femme de 43 ans, atteinte de mucoviscidose, de groupe AB hyperimmunisée avec un crossmatch virtuel à 98 % était inscrite sur liste de transplantation. La durée d’attente sur liste de transplantation pour cette patiente a été de 7 semaines. La durée de la première ischémie froide a été de 280 min. La durée de PPEV a été de 405 min, permettant d’attendre le crossmatch prospectif qui s’est avéré négatif. La durée de la deuxième ischémie froide du premier et du deuxième côtés a été respectivement de 108 et 277 min. Une transplantation pulmonaire bilobaire a été réalisée sous assistance de type VA-ECMO maintenue pendant 72 heures pour défaillance primaire du greffon. La durée du séjour en réanimation a été de 16 jours, et la patiente est sortie de l’hôpital à J26. Les VEMS était respectivement de 81 %, 96 %, 109 %, 109 % et 109 % à 1, 6, 12, 24 et 36 mois.   3.3. Cas 3 Une femme de 29 ans, atteinte de mucoviscidose, de groupe A hyperimmunisée avec un crossmatch virtuel à 76 % était inscrite sur liste de transplantation. La durée d’attente sur liste de transplantation pour cette patiente s’est limitée à 12 jours. La durée de la première ischémie froide a été de 185 min La durée de PPEV a été de 280 min, au terme de laquelle le crossmatch prospectif était négatif. La durée de la deuxième ischémie froide du premier et du deuxième côtés a été respectivement de 61 et 168 min Soit une durée de conservation totale de 633 min. La transplantation bipulmonaire a été réalisée sous assistance de type VA-ECMO, mise en place devant une HTAP survenue lors du clampage de l’artère pulmonaire du premier côté. Cette dernière a pu être sevrée en fin de transplantation. La durée du séjour en réanimation a été de 6 jours, et la patiente est sortie de l’hôpital à J25. Les VEMS était respectivement de 82 %, 109 %, 114 %, 114 % et 107 % à 1, 6, 12, 24 et 36 mois. Au cours du suivi, aucun argument histologique, immunohistochimique ou clinique en faveur d’un rejet cellulaire ou humorale n’a été mis en évidence chez les trois patients. Tous les patients sont en vie à 3 ans après la transplantation.   4. Discussion L’appariement greffon-receveur est un des objectifs les plus importants en transplantation, et ce d’autant plus que les patients sont hyperimmunisés. L’équipe de transplantation pulmonaire de Toronto a montré la possibilité de réaliser une transplantation pulmonaire chez des patients immunisés (cPRA > 30 %) et présentant des anticorps anti-HLA dirigés contre le greffon après désensibilisation périopératoire. Les résultats à long terme obtenus dans cette étude étant comparables à ceux de patients non immunisés [7], il pourrait sembler inutile de réaliser un crossmatch prospectif en transplantation pulmonaire. Cependant d’autres études ont montré que la présence d’anticorps anti-HLA dirigés contre le greffon représente un facteur de risque de dysfonction primaire du greffon par un mécanisme de rejet hyperaigu [8,9] et augmente la mortalité postopératoire [10,11]. C’est donc dans un contexte où la prise en charge des patients immunisés n’est pas encore standardisée et afin d’éviter tout rejet hyperaigu chez des patients hyperimmunisés que nous avons évalué la possibilité de réaliser un crossmatch prospectif avant transplantation pulmonaire. La réalisation d’un crossmatch prospectif nécessite une durée d’environ 4 heures, majorant d’autant l’ischémie d’un greffon en cas d’attente de son résultat. En transplantation rénale, la réalisation et l’attente du résultat d’un crossmatch prospectif sont la règle. En effet, le rein est un organe pouvant supporter des durées d’ischémie froide prolongée, sans altérer les résultats de la transplantation. Ainsi,  seul un résultat négatif de ce dernier permet d’envisager la transplantation rénale entre le binôme donneur-receveur [12]. Cependant le greffon pulmonaire est un organe beaucoup plus sensible à l’ischémie froide que le rein. En effet, il a été démontré qu’une ischémie froide de plus de 6 heures en transplantation pulmonaire majorait les risques de défaillance primaire du greffon [13]. Tenant compte de notre expérience acquise en reconditionnement ex-vivo des greffons pulmonaires à critères élargis, nous avons décidé d’utiliser la PPEV à but « logistique » afin d’optimiser la période de préservation préimplantatoire. Dans notre série de PPEV, la durée de préservation totale moyenne des greffons était de 11 heures [4]. Ce délai nous a permis d’envisager sereinement une réorganisation de la prise en  charge préopératoire du receveur hyperimmunisé permettant d’attendre le résultat du crossmatch prospectif et ainsi d’optimiser l’appariement donneur/receveur. L’intérêt d’attendre systématiquement le résultat du crossmatch prospectif comme décrit dans le rein devrait être évalué par une étude sur un effectif plus large. En conclusion, l’expérience acquise lors du reconditionnement ex-vivo des greffons à critères élargis nous a permis de rendre cette technique fiable et reproductible. Son utilisation à but « logistique » nous a permis de contrôler le risque immunologique initial chez des patients hyperimmunisés et ainsi de leur donner accès à la transplantation avec de bons résultats.   Références Lobashevsky AL. Methodological aspects of anti-human leukocyte antigen antibody analysis in organ solid transplantation. World J Transplant 2014;4:153-167. https://doi.org/10.5500/wjt.v4.i3.153 PMid:25346888 PMCid:PMC4208078 Organ procurement and transplantation network (OPTN) and scientific registry of transplant récipients (SRTR). OPTN/SRTR 2011 Annual Data Report. Rockville, MD, 2012. Cecka J M. Calculated PRA (CPRA): the new measure of sensitization for transplant candidates. Am J Transplant 2010;10:26-29. https://doi.org/10.1111/j.1600-6143.2009.02927.x PMid:19958328 Sage E, Mussot S, Trabbia G et al. Lung transplantation from initially rejected donors after ex vivo lung reconditioning : the French expérience. Eur J Cardiothorac Surg 2014;46:794-9. https://doi.org/10.1093/ejcts/ezu245 PMid:25061219 De Wolf J, Puyo P, Bonnette P et al. Logistic ex Vivo Lung Perfusion for Hyperimmunized patients. Ann Thorac Surg 2016;102:e205-e206. https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2016.01.081 PMid:27549543 Cypel M, Yeung JC, Hirayama S et al. Technique for prolonged normothermic ex vivo lung perfusion. J Heart Lung Transplant 2008;27:1319-1325. https://doi.org/10.1016/j.healun.2008.09.003 PMid:19059112 Tinckam KJ, Keshavjee S, Chaparro C et al. Survival in sensitized lung transplant recipients with perioperative desensitization. Am J Transplant 2015;15:417-426. https://doi.org/10.1111/ajt.13076 PMid:25612494 O'Leary JG, Demetris AJ, Friedman LS et al. The role of donor-specific HLA alloantibodies in liver transplantation. Am J Transplant 2014;779-787. https://doi.org/10.1111/ajt.12667 PMid:24580828 PMCid:PMC4412601 Lobo LJ, Aris RM, Schmitz J, Neuringer IP. Donor-specific antibodies are associated with antibody-mediated rejection, acute cellular rejection, bronchiolitis obliterans syndrome, and cystic fibrosis after lung transplantation. J Heart Lung Transplant 2013;32:70-77. https://doi.org/10.1016/j.healun.2012.10.007 PMid:23260706 Shah AS, Nwakanma L, Simpkins C, Williams J, Chang DC, Conte JV. Pretransplant panel reactive antibodies in human lung transplantation: an analysis of over 10,000 patients. Ann Thorac Surg 2008;85:1919-1924. https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2008.02.011 PMid:18498795 Brugiere O, Suberbielle C, Thabut G et al. Lung transplantation in patients with pretransplantation donor-specific antibodies detected by Luminex assay. Transplantation 2013;95:761-765. https://doi.org/10.1097/TP.0b013e31827afb0f PMid:23296148 Süsal C, Pelzl S, Simon T, Opelz G. Advances in pre- and posttransplant immunologic testing in kidney transplantation. Transplant Proc 2004;36:29-34. https://doi.org/10.1016/j.transproceed.2003.11.019 PMid:15013292 Thabut G, Mal H, Cerrina J et al. Graft ischemic time and outcome of lung transplantation : a multicenter analysis. Am J Respir Crit Care Med 2005;171:786-91. https://doi.org/10.1164/rccm.200409-1248OC PMid:15665320   Groupe de transplantation pulmonaire de l’hôpital Foch Chirurgiens : M. Glorion, S. Abou Taam, P. Bonnette, P. Puyo, E. Sage, A. Chapelier. Pneumologues : B. Douvry, S. De Miranda, D. Grenet, A. Hamid, C. Picard, A. Roux, M. Stern. Anesthésistes : V. Dumans-Nizard, J.-L. Dumoulin, S. Jacquemin, M. Le Guen, N. Liu, J-Y. Marandon, M. Michel-Cherqui, O. Pruszkowski, B. Rives, B. Szekely, B. Vandenbunder, N. Verroust, M. Fischler. Réanimateurs : F. Parquin, E. Cuquemelle, J. Devaquet, A-G Si Larbi, A. Soummer, G. Trebbia, C. Cerf. Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Cet article a reçu le prix de la communication orale au congrès SFCTCV de Nantes (2016) Date de soumission : 13/07/2017. Acceptation : 07/11/2017.   
décembre 8, 2017
Chirurgie cardiaque · Vol. 21 Abstracts 2017

C-65 – Épidémiologie et facteurs de risque des infections en postopératoire de transplantation cardiaque

Charles Vidal, Romain Pasqualotto, Arthur James, Guillaume Coutance, Shaida Varnous, Pascal Leprince, Julien Amour Institut de cardiologie, AP-HP, hôpital de La Pitié-Salpêtrière, Paris   Objectif : L’induction d’une immunosuppression expose le transplanté cardiaque à la survenue d’infections postopératoires augmentant la morbi-mortalité. L’objectif de ce travail est de faire une analyse épidémiologique des infections postopératoires des transplantés cardiaques et d’en déterminer les facteurs de risque. Méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective incluant tous les patients transplantés cardiaques (TC) hospitalisés entre le 1er janvier 2014 et le 31 décembre 2015. Toutes les infections survenant durant la période intrahospitalière ont été répertoriées. Les facteurs de risque étaient déterminés par un modèle de Cox en analyse uni puis multivariée. Résultat : Durant la période d’inclusion, 175 patients ont bénéficié d’une TCO. Pour 119 d’entre eux, 218 épisodes infectieux ont été diagnostiqués, touchant 68 % des patients. Les infections les plus fréquentes étaient les pneumonies (88) et les infections du triangle de Scarpa (60). Les facteurs de risque en analyse multivariée étaient la présence d’une ECMO veino-artérielle (VA) en périodes préopératoire (OR : 1,16 [IC95 : 1,00-1,35], p = 0,04) et postopératoire (OR : 1,28 [IC95 : 1,10-1,48], p < 0,01), la transfusion sanguine > 2 culots globulaires en postopératoire (OR : 1,21 [IC95 : 1,05-1,39], p < 0,01). Les échanges plasmatiques et les immunoglobulines intraveineuses (IgIV) n’étaient pas associés à une majoration du risque infectieux. Les durées de ventilation mécanique, de sevrage de l’ECMO VA et de séjour en réanimation étaient plus importantes chez les transplantés infectés. L’incidence des rejets à 1 an était identique. La mortalité à 1 an tendait à être supérieure sans atteindre le seuil de significativité sur cet effectif (7 % vs 15 %, OR 2,9 [0,8-10,3] p = 0,15). Conclusion : La survenue d’une infection bactérienne postopératoire est fréquente, principalement pulmonaire ou sur les sites de canulation de l’ECMO. Le recours à l’ECMO VA ainsi que la transfusion sanguine en augmentent le risque et prolongent les durées d’hospitalisation en réanimation. Le traitement préventif du rejet humoral chez le transplanté hyperimmunisé n’influence pas la survenue d’infection bactérienne. Sur ce collectif, la mortalité n’est pas significativement accrue.     Epidemiology and risk factors of post-operative infections after heart transplantation   Objectives: Immunosuppressive therapy used after heart transplantation predispose recipients to post-operative infection and is associated with potential worse outcomes. The objective of this study was to investigate the epidemiology and the risk factors of post-operative infection in recipients beneficing of heart transplantation. Methods: We investigated all patients underwent heart transplantation between January 2014 and December 2015. All the post-operative infections occurring during hospitalization were recorded. The “infected” and “non-infected” patients were compared by Wilcoxon or Fisher tests. A test of Log Rank and a Cox model was used for univariate and multivariate analysis. Results: At all, 175 recipients were retrospectively investigated and 219 post-operative infections occurred in 119 patients (68% of the recipients). Main infections were pneumoniae (88) and infections of inguinal cannulation site (60) after veno-arterial Extracorporeal Membrane Oxygenation (VA ECMO). In multivariate analysis, risk factors of post-operative infection were VA ECMO before transplantation (OR: 1.16 [IC95: 1.00-1.35], p=0.04) and after transplantation (OR: 1,28 [IC95: 1.10-1.48], p2 units packed cell (OR: 1.21 [IC95: 1.05-1.39], p
mai 24, 2017
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C-51 – La circulation extracorporelle artério-veineuse comme bridge à une assistance circulatoire chez des patients en Intermacs 1

Constantin Stefanidis, Martine Antoine, Edgard Engelman, Ana Roussouliere, Frédéric Vanden Eynden, Guido Van Nooten Clinique universitaire Erasme, Bruxelles, Belgique   Objectif : Nous rapportons l’expérience de notre centre sur la survie des malades Intermacs 1 ayant bénéficié d’une circulation extracorporelle artério-veineuse (ECMO A-V) avant l’implantation d’une assistance circulatoire gauche (Heartware® HVAD) avec ECMO A-V. Méthode : De juin 2011 à décembre 2016, 68 patients, dont 19 sous ECMO A-V (27,9 %) ont bénéficié d’un Heartware® HVAD. Les 19 patients étaient en catégories Intermacs 1. Nous avons eu 8 transferts avec ECMO A-V vers notre institution. Tous les patients bénéficiant d’une assistance circulatoire gauche sont inscrits à Eurotransplant (Britdge to Transplantation = BTT). Il n’y a pas de patient candidat à une assistance gauche à long terme (Distination Therapy = BT) sinon nous n’avons pas le remboursement du matériel implanté par les assurances. Résultat : L’âge moyen est de 46,6 ± 13,2 ans ; nous avons 12 hommes pour 7 femmes implantés. Il y a 57,9 % de patients ischémiques et 31,6 % de cardiomyopathies d’origine idiopathique. La durée moyenne de l’ECMO est de 6,6 ± 4,3 jours. La fonction ventriculaire gauche est de 16,8 ± 10,8 %. La survie sous LVAD avec une ECMO versus non-ECMO à 1 an est de 54,7 % et 89,2 % tandis que la survie à 3 ans, elle est de 47,9 % et 82,2 % respectivement. Le taux de décès est de 47,4 % pour les patients avec une ECMO (9 sur 19) versus 28,6 % pour les patients non-ECMO. Sept patients sous assistance circulatoire gauche ont été transplantés avec succès tandis que 2 patients ont été sevrés de l’assistance circulatoire gauche sans avoir bénéficié d’une transplantation cardiaque. Neuf patients sont décédés sur support d’assistance circulatoire gauche ; un patient est encore vivant. Il n’y a pas de différence de survie des patients transférés avec une ECMO A-V. Conclusion : Les patients Intermacs 1 qui ont bénéficié d’une ECMO ont un pronostic de survie moins bon que les patients sans ECMO (Intermacs 2 et 3) lorsqu’ils sont sous assistance ventriculaire gauche mais peuvent bénéficier d’une transplantation cardiaque dès qu’ils sortent de leurs épisodes aigus avec une survie satisfaisante. Il n’y a pas de différence des patients transférés avec une ECMO A-V.     Early and middle outcomes of patients in Intermacs 1 with extracorporeal membrane oxygene support prior left ventricular assist device   Objectives: We report the experience of our on the survival of our Intermacs 1 patients who benefited an arteriovenous extracorporeal membrane oxygene (ECMO AV) as a bridge before the implantation of a left ventricular assist device (Heartware® HVAD). We also compared the survival of patients who had been transferred with an A-V ECMO Methods: Sinds June 2011 to December 2016, 68 patients were implanted with a left ventricular assist device including 19 with an A-V ECMO (27.9%). The 19 patients were in cardiogenic shock in categories Intermacs 1. We had 8 transfers with A-V ECMO to our institution. All patients who benefit the implementation of left circulatory assistance are enrolled in Eurotransplant (Britdge to Transplantation = BTT). There are no patients in destination therapy (DT) otherwise we do not have the reimbursement of the equipment implanted by the insurance Results: The mean age is 46.6±13.2 years; We have 12 men and 7 women were implanted. There are 57.9% ischemic patients and 31.6% idiopathic cardiomyopathy. The mean duration of ECMO is 6.6±4.3 days. The left ventricular function was 16.8±10.8%. On LVAD survival of patients with ECMO versus non-ECMO at 1 year is 54.7% and 89.2% whereas survival at 3 years is 47.9% and 82.2% respectively. Death on left ventricular assist device was 47.4% for patients with ECMO (9 of 19) versus 28.6% for non ECMO patients. 7 patients under left circulatory assist device were successfully transplanted while 2 patients were weaned from left circulatory assist device without receiving a cardiac transplant. 9 patients died on left circulatory support; one patient is still alive. There is no survival difference between patients who had an A-V ECMO outside our institution. Conclusion: Patients Intermacs 1 who received an A-V ECMO have a worse survival prognosis than patients without ECMO (Intermacs 2 and 3) when they are under left ventricular assist device but can still benefit a cardiac transplantation if they emerge from their acute episodes with a satisfactory survival. There is no significant difference between patients who are transferred to us with an A-V ECMO on medium-term survival.   Séance : Posters cardiaque 2 - vendredi 9 juin - 12:15-13:45
mai 24, 2017
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C-58 – Premiers résultats de transplantation cardiaque à l’hôpital Viet Duc

Huu Uoc Nguyen, Tien Quan Pham, Quoc Kinh Nguyen et al. Service de chirurgie cardiovasculaire et thoracique, Hanoi Medical University, hôpital Viet Duc, Hanoi, Vietnam   Objectif : La transplantation est florissante au Vietnam depuis 2010. Jusqu’à présent, sur l’ensemble du pays, on compte près de 2 000 greffes de rein, 40 greffes de foie et 15 transplantations cardiaques. Avec une forte prédominance de la chirurgie, l’hôpital Viet Duc est le principal centre de transplantation avec des donneurs multi-organes en mort cérébrale (80 % des cas au Vietnam). En plus de 5 ans (2011-2016), le nombre de transplantations cardiaques réussies représentaient 13 cas (86,7 % au Vietnam). Le rapport vise à présenter quelques caractéristiques vietnamiennes de ces 13 transplantations. Méthode : Étude descriptive prospective du couplage « receveur-donneur » de l’ensemble des transplantations cardiaques et des résultats à long terme. Résultat : Il y avait 12 donneurs de sexe masculin, âgés de 18 à 37 ans ; 10 receveurs de sexe masculin, âgés de 13 à 64 ans. Dans 11 cas, le groupe sanguin était identique ; dans 2 cas, il était different (O pour autres). Il y avait une différence de poids de plus de 30 % dans 2 cas. On trouvait : HLA correct 2/6 (2 cas), 1/6 (7 cas), et 0/6 (4 cas). Tous les donneurs étaient multi-organiques : cœur, foie et deux reins. Il y avait 11 cas de transplantation normale pour cardiomyopathie, avec un temps de clampage de 75-85 minutes, et un temps d’opération de 4-6 heures. La période postopératoire était favorable, comme la chirurgie à cœur ouvert classique. Un cas présentait un cœur en position droite + maladie cardiaque congénitale complexe. Il a présenté une situation postopératoire sévère et a été déchargé au bout de 3 mois. Il y a eu 1 cas de patient âgé (64 ans) souffrant de maladie coronaire, dont le postopératoire a été assez lourd. Le succès technique est de 100 %. Aucune mortalité chirurgicale n’est à déplorer. Huit cas sont vivants en postop (après 6-53 mois). Il y avait 5 morts en surveillance de 3 à 29 mois (1 en raison d’abcès du poumon, 1 par rejet, 1 par maladie associée, 2 par mort subite). Le principal facteur influant sur la survie est la qualité des soins après transplantation de la famille et de l’hôpital (4/5 cas mortels). Une bonne surveillance du régime et des activités des patients et l’évaluation de l’état de l’artère coronaire du patient peuvent être des facteurs qui contribuent à améliorer le temps de survie après une transplantation. Conclusion : À l’hôpital Viet Duc, la technique de transplantation cardiaque a été réalisée de façon systématique avec une grande sécurité, mais en faible quantité. Outre le problème de rareté des donneurs (2-3 ‰ morts cérébrales à l’hôpital), il existe un phénomène de manque de receveur correct lorsqu’il y a donneurs. Il est par ailleurs nécessaire d’améliorer la qualité des soins pour les patients après une transplantation cardiaque pour prolonger la survie après transplantation.     First results of heart transplantation at Viet Duc hospital   Objectives: Organic transplant is flourishing in Vietnam since 2010. So far, for the whole country, there are nearly 2,000 kidney transplants, 40 liver transplants and 15 heart transplants. With a strong predominance of surgery, Viet Duc Hospital is the main multi-organ transplant center with brain-dead donors (take 80% of cases in Vietnam). For more than 5 years (2011-2016), the number of successful heart transplants accounted for 13 cases (86.7% in Vietnam). The report aims to present some Vietnamese cardiac transplantation characteristics of these 13 cases. Methods: Prospective descriptive type of coupling “recipient-donor” of the whole process of cardiac transplant and long term outcome. Results: There were 12 donors were male, aged 18-37; 10 recipient are male, aged 13-64. There are 11 cases with the same blood group, 2 cases different (O for others). Weight difference of more than 30% is in 2 cases. Correct HLA is 2/6 (2 cases), 1/6 (7 cases), and 0/6 (4 cases). All donors are multi-organ: heart, liver and 2 kidney. There are 11 cases of transplant for dilated cardiomyopathy, with the clamping time is 75-85 minutes, the operating time is 4-6 hours, the postoperative period is favorable as the classic open heart surgery. One patient with heart in the right position + congenital heart disease complex, severe postoperative and discharged after 3 months. One transplant for the elderly patient with coronary disease (64 years old), post-operative rather heavy. The technical success of 100%. No surgical mortality. There are 8 cases well alive in postoperative (after surgery 6-53 months). There were 5 deaths under surveillance from 3 to 29 months (1 due to lung abscess, 1 by reject, 1 by other disease, 2 by sudden death). The main factor influencing survival time is the quality of care of patients after transplant of the family and hospital (4/5 cases died). Properly monitoring diet, patient activities, and evaluate the patient’s coronary artery may be factors that help improve the survival time of the patient after a heart transplant. Conclusion: At the Viet Duc Hospital, the cardiac transplant technique was performed systematically with great safety, but not much quantity. Apart from problems with the number of donor rarity (2-3‰ of brain death in hospital), there is a phenomenon of lack of correct recipient when there are donors. Need to improve the quality of care for patients after a heart transplant to prolong post-transplant survival.   Séance : Posters cardiaque 2 - vendredi 9 juin - 12:15-13:45
mai 24, 2017
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C-44 – Résultats d’une cohorte monocentrique de patients transplantés cardiaques suivie pendant 30 ans

Philippe Lacoste, Charles-Henri David, Basile Marie, Thomas Sénage, Antoine Mugniot, Christian Périgaud, Oussama Al Habash, Magalie Michel, Sabine Pattier, Thierry Leproivre, Bertrand Rozec, Jean-Noël Trochu, Jean-Christian Roussel Service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire, hôpital Nord-Laennec, CHU de Nantes   Objectif : Depuis l’avènement de la ciclosporine dans les années 1990, la transplantation cardiaque s’est imposée comme le traitement de référence de l’insuffisance cardiaque terminale. L’objectif de cette étude était d’étudier les résultats à très long terme de la transplantation cardiaque d’une cohorte de patients greffés il y a plus de 30 ans. Méthode : Ont été inclus dans cette étude rétrospective 148 patients consécutifs, transplantés cardiaques entre 1985 et 1991 dans un même centre. Les techniques chirurgicales et les traitements immunosuppresseurs étaient comparables. Un patient a été perdu de vue. Résultat : La survie actuarielle était respectivement de 75 % (n = 110), 58 % (n = 86), 42 % (n = 61), 26 % (n = 38) et 11 % (n = 16) à 5, 10, 15, 20 et 25 ans. Le suivi moyen était de 14,7 ± 7,7 ans pour les patients ayant au moins 3 mois de survie post-transplantation (n = 131). Les principales causes de décès étaient : cancer (31,2 %) et coronaropathie du greffon (22 %). Aucun décès dû à un rejet aigu n’a été constaté au cours du suivi. La survie sans maladie coronaire du greffon, détectée par coronarographie, était de 50,7 % (n = 56) à 10 ans, 31 % (n = 17) à 20 ans, avec un délai moyen d’apparition de 11 ans, et 7 (5,3 %) patients ont été retransplantés. 79 (60 %) patients ont développé au moins une néoplasie : cutanée (n = 43 patients, 54 %), tumeurs solides (n = 33 patients, 42 %) et cancers hématologiques (n = 17 patients, 21 %). L’incidence de l’insuffisance rénale terminale nécessitant une dialyse ou une transplantation rénale était de 13,5 % à 10 ans, et 35,5 % à 20 ans avec un intervalle libre moyen sans dialyse de 13,4 ans. Conclusion : La survie à long terme depuis l’utilisation de la ciclosporine reste excellente après transplantation cardiaque. Cependant, le contrôle du rejet aigu semble avoir un impact sur l’incidence des cancers et sur la fonction rénale.     Clinical outcomes of heart transplantation with 30 years follow up   Objectives: The study was conducted to determine the long-term outcome of patients who underwent heart transplantation 30 years ago, in the cyclosporine era. Methods: A retrospective analysis was done of 148 patients who had undergone heart transplantation between 1985 and 1991 at a single center. Operative technique and immunosuppressive treatment were comparable in all patients. Results: Actuarial survival rates were 75% (n=110), 58% (n=86), 42% (n=61), 26% (n=38) and 11% (n=16) at 5, 10, 15, 20 and 25 years, respectively. The mean follow-up period was 14.7±7.7 years for patients who survived more than 3 months after transplantation (n=131). The major causes of death were malignancy (31.2%) and cardiac allograft vasculopathy (22%). No death related to acute rejection was reported during the follow-up. The survival without Graft coronary artery disease, detected on angiography, was 50.7% (n=56) at 10 years, 31% (n=17) at 20 years, and 7 (5.3%) patients requiered retransplantation. Malignancies developed in 79 patients (60%), including skin cancers in 43 (54%), solid tumors in 33 (42%), and hematologic malignancies in 17 (21%). Proportion of severe renal function requiring dialysis or renal transplantation is 13.5% at 10 years, and 35.5% at 20 years (median: 13.4 years). Conclusion: Long-term survival after cardiac transplantation remains excellent in the cyclosporine era. Controlling acute allograft rejection can be achieved but seems to carry a high rate of cancers and renal dysfunction.   Séance : Posters cardiaque 1 - vendredi 9 juin - 12:15-13:45
mai 24, 2017
Chirurgie cardiaque · Vol. 21 Abstracts 2017

C-22 – Traitement des complications bronchiques après greffe pulmonaire : intérêt d’une stratégie conservatrice par bronchoscopie interventionnelle précoce

Arnaud Patoir, Jean-Michel Maury, Fabien Forest, Antoine Luchez, François Philit, Jean-Michel Vergnon, François Tronc Service de chirurgie thoracique, hôpital Nord, Saint-Étienne   Objectif : Après transplantation pulmonaire (TP), 2 à 25 % des anastomoses bronchiques développent des complications nécessitant une intervention thérapeutique. Nous avons analysé les facteurs de risques des complications des voies aériennes (CA), décrites selon la classification MDS, ainsi que les résultats à court et long termes de notre stratégie thérapeutique. Nous rapportons ici l’expérience du traitement par bronchoscopie interventionnelle précoce avec pose de prothèse bronchique dans certaines situations. Méthode : Nous avons réalisé une analyse rétrospective monocentrique de toutes les transplantations pulmonaires d’octobre 2010 à août 2016. Les données relatives aux patients (données démographiques et péri-opératoires) et aux anastomoses (paramètres de la chirurgie, données de bronchoscopies flexibles et interventionnelles) ont été étudiées. L’incidence des CA et leurs facteurs de risques ont été rapportés, ainsi que les modalités de leur traitement et leurs résultats. Résultat : Un total de 123 TP a été réalisé sur la durée de l’étude. En analyse multivariée, les facteurs de risque de CA, au niveau du patient, étaient l’infection postopératoire à Aspergillus (OR 2,7 (1,08-6,75) ; p = 0,033) et la majoration de l’indice de masse corporelle (OR 1,12 (1,02-1,25) ; p = 0,025) et au niveau de l’anastomose bronchique, l’emphysème (OR 2,4 (1,02-5,6); p = 0,045) et le temps d’ischémie froide supérieur à 264 minutes (OR 2,45 (1,08-5,6) ; p = 0,03). Les 28 patients ayant présenté des complications anastomotiques (41 anastomoses) ont été traités par 2 interventions de bronchoscopie interventionnelle en moyenne (1-10) et 41 prothèses bronchiques ont été déployées sans complication majeure (20 siliconées, 21 couvertes auto-expansives). Aucune intervention chirurgicale n’a été nécessaire. La mortalité du groupe avec CA n’est pas significativement différente de celle des patients sans CA. Conclusion : La cicatrisation des anastomoses bronchiques est un processus évolutif, pouvant être retardé par des facteurs majorant l’ischémie locale, tels que le l’infection aspergillaire, l’emphysème et un temps d’ischémie froide prolongé de plus de 4 heures. La classification MDS permet de guider les décisions thérapeutiques, notamment par bronchoscopie rigide combinée à la pose de prothèses adaptées à certains stades lésionnels. Notre stratégie a permis de guider ce processus vers la cicatrisation définitive, évitant le recours à la chirurgie.     Conservative management of airway complications after lung transplantation: benefit of an early bronchoscopic and stenting strategy   Objectives: After lung transplantation (LT), between 2 and 25% of bronchial anastomoses develop complications requiring therapeutic intervention. The status of healing of both bronchial anastomoses and downhill airways are well described by the new MDS standardized grading system. We have analyzed risks factors for airway complications (AC) after LT and the way we managed them. We report our challenging method of early rigid bronchoscopic intervention with airway stenting when necessary. Methods: A retrospective analysis off all consecutive LT at a single center, between 2010 and 2016 was performed. Patient-level data (demographic, peri-operative data) and anastomosis-level data (surgical parameters, bronchoscopy findings) were monitored. The incidence and contributive factors of AC are reported. We also reported modalities of the conservative treatment and outcome. Results: We performed 123 consecutive LT during the study period. On multivariate analysis, contributive factors at the patient level were post-operative infection by Aspergillus (OR 2.7 (1.08-6.75); P=0.033) and increasing body mass index (OR 1.12 (1.02-1.25); P=0.025), and at the anastomosis level, emphysema (OR 2.4 (1.02-5.6); P=0.045) and cold ischemia time >264min (OR 2.45 (1.08-5.6); P=0.03). All the 41 AC were managed conservatively (in 28 patients) by in mean 2 interventions of rigid bronchoscopy (range 1-10), 41 stents (21 in silicone and 20 fully-covered SEMS) without major complication. No surgical intervention was needed. Mortality for AC group and non-AC group are similar. Conclusion: Airway healing after LT remains a scalable process and may be delayed by risk factors for ischaemic environment, such as aspergillus invasion, emphysema and cold ischemia time longer than 4 hours. The consensual MDS classification helped us for therapeutic decisions, notably by rigid bronchoscopy combined with the use of safe stenting devices. Our strategy aims to guide the correct healing of airway, trying to avoid surgical correction or explantation.   Séance : Communications libres cardiaque - Assist./Greffe - vendredi 9 juin - 8:00-10:00
mai 24, 2017
Chirurgie cardiaque · Vol. 21 Abstracts 2017

C-20 – Impact de l’ECMO sur la survie précoce et le retard de reprise de fonction rénale en transplantation combinée cœur-rein

Guillaume Lebreton, Jean Serre, Shaida Varnous, Guillaume Hekimian, Julien Amour, Salima Ouldamar, Sarah Drouin, Jacques Tourret, Guillaume Coutance, Sarah Ourahma, Alain Combes, Pascal Leprince, Benoît Barrou, Nadia Arzouk Service de chirurgie cardiaque, AP-HP, hôpital de La Pitié-Salpêtrière, Paris   Objectif : La transplantation combinée cœur-rein chez les patients en attente de greffe cardiaque et insuffisants rénaux chroniques améliore la survie par rapport à la greffe cardiaque seule. Le bénéfice de l’Extracorporeal Membrane Oxygenation (ECMO) n’a encore jamais été étudié en post-transplantation combinée cœur-rein. Sur le rationnel théorique qu’une bonne perfusion du greffon rénal est maintenue grâce à l’ECMO, indépendamment de la fonction du greffon cardiaque, depuis 2012, l’ECMO veino-artérielle a été mise en place de façon systématique dans notre institution chez les patients transplantés cœur-rein. L’objectif de cette étude est d’évaluer le bénéfice de l’ECMO systématique pour les transplantations combinées cœur-rein sur la reprise retardée de la fonction rénale (RRF), la survie des greffons et la survie des patients. Méthode : Trente patients greffés entre 2002 et 2016 ont été inclus et répartis en deux groupes : 17 receveurs consécutifs avec ECMO systématique en per-transplantation et 13 sans ECMO. Il n’y pas de différence significative entre les groupes pour l’âge, le degré d’insuffisance rénale (dialysé ou non), la gravité sur le plan cardiaque en prégreffe (intubation, utilisation de dobutamine, recours à une assistance circulatoire, antécédent de sternotomie) ainsi que pour les caractéristiques des donneurs. Résultat : L’incidence de la RRF n’est pas significativement différente entre les deux groupes avec 47,06 % dans le groupe avec ECMO versus 53,85 % dans le groupe sans ECMO. Il existe une différence significative sur la survie précoce à trois mois en faveur de l’ECMO avec 94,1 % (16/17) dans le groupe ECMO vs 61,5 % (8/13) dans le groupe sans ECMO (p = 0,0271). La survie rénale et cardiaque de même que l’incidence de rejet aigu est comparable dans les deux groupes. Conclusion : L’ECMO améliore significativement la survie précoce des patients bénéficiant d’une greffe combinée cœur-rein, mais sa place dans la prévention de la RRF reste à définir sur une cohorte plus large.     Impact of ECMO on early survival and delayed renal function in combined heart and kidney transplantation   Objectives: The combined heart-kidney transplant in patients waiting for heart transplants and chronic renal failure, improves survival compared to heart transplant alone. The benefit of Extracorporeal Membrane Oxygenation (ECMO) has never been studied in post-transplantation combined heart-kidney. On the theoretical rationale that a good perfusion of the renal graft is maintained thanks to the ECMO, independent of the function of the cardiac graft, since 2012, the vein-arterial ECMO has been systematically put in place in the hospital of Pitié Salpétrière in heart-kidney transplant patients. The objective of this study is to evaluate the benefit of systematic ECMO for combined heart-kidney transplantation on delayed renal function (DRF) recovery, graft survival and patient survival Methods: Thirty patients enrolled between 2002 and 2016 were included and divided into two groups: 17 consecutive recipients with systematic ECMO in per-transplantation and 13 without ECMO. There was no significant difference between the groups for age, degree of renal insufficiency (dialysis or not), cardiac gravity in pre-graft (intubation, use of dobutamine, use of circulatory assistance , antecedent of sternotomy) as well as for the characteristics of the donors. Results: The incidence of DRF was not significantly different between the two groups with 47.06% in the group with ECMO versus 53.85% in the group without ECMO. There was a significant difference in early survival at three months in favor of ECMO with 94.1% (16/17) in the ECMO group vs 61.5% (8/13) in the group without ECMO (p=0.0271). Renal and cardiac survival as well as the incidence of acute rejection is comparable in both groups. Conclusion: ECMO significantly improves the early survival of patients receiving combined heart-kidney transplantation, but its place in the prevention of DRF remains to be defined on a larger cohort.   Séance : Communications libres cardiaque - Assist./Greffe - vendredi 9 juin - 8:00-10:00
mai 24, 2017
Chirurgie cardiaque · Vol. 21 Abstracts 2017

C-19 – ECMO comme pont à la transplantation cardiopulmonaire

Jean-Michel Maury, Arnaud Patoir, Renaud Grima, Gabrielle Drevet, François Philit, Agathe Senechal, Sylvie Paulus, Claire Flamens, Pietro Montagna, François Tronc Service de chirurgie thoracique, transplantation pulmonaire et cardio-pulmonaire, groupement hospitalier Est, hospices civils de Lyon   Objectif : Les indications de transplantation cardio-pulmonaire (TCP) sont aujourd’hui rares mais dominées par les hypertensions artérielles pulmonaires (HTAP) primitives ou secondaires. Cette thérapie est fortement limitée par l’accès au greffon et conduit à la nécessité de l’utilisation de supports cardiorespiratoires invasifs (Extra Corporeal Membrane Oxygenation : ECMO) pour permettre l’attente d’organes en super-urgence (SU). Le but de cette étude était d’analyser les résultats de la TCP à partir de l’introduction de la super-urgence et d’évaluer la faisabilité du recours à l’ECMO comme pont à la transplantation. Méthode : Entre janvier 2007 et juin 2015, 19 patients ont bénéficié d’une TCP (10 femmes, 9 hommes, âge médian 38 ± 17 ans [1-56]). Les indications de TCP étaient les suivantes : HTAP primitive 37 % (n = 7), HTAP secondaires 37 % (n = 7), retransplantation pulmonaire avec destruction bronchique 11 % (n = 2), dilatation des bronches 11 % (n = 2) et une hémangiomatose capillaire pulmonaire 5 % (n = 1). Les données ont étés recueillies prospectivement et analysées rétrospectivement. Résultat : Sur les 19 patients, 11 ont étés transplantés en SU (58 %) dont 3 (21 %) sous ECMO comme pont à la TCP (2 ECMO artério-veineuses [AV] et 1 veino-veineuse [VV]). Le délai médian d’attente avant TCP était de 169 jours [10-1620] et de 13 jours [6-43] en SU. La durée médiane d’ECMO pré-TCP était de 10 jours [1-18]. Un patient a bénéficié d’une ECMO-AV en postopératoire immédiat pour une défaillance primaire du greffon (72 h). Cinq patients (27 %) ont étés repris pour saignement. Une dialyse a été nécessaire chez 8 (44 %) patients. La mortalité globale < 30 jours était de 5 % (n = 1) et 2 patients sont décédés à 19 et 39 mois des suites d’un rejet aigu. Les survies globales à 1 et 10 ans étaient respectivement de 94 % et 79 %. Il n’existait pas de différence significative sur la survie entre les groupes marche normale vs SU vs SU-ECMO (p : ns). Conclusion : La TCP reste une alternative thérapeutique rare de par ses indications et la faible disponibilité des greffons. L’utilisation de l’ECMO comme pont à la TCP n’a pas, dans notre expérience, d’impact négatif sur la mortalité opératoire et la survie à long terme.     ECMO as a bridge for combined heart-lung transplantation   Objectives: The indications of combined heart-lung transplantation (HLTx) are rare and represented by Pulmonary Artery Hypertension (PAH primitive or secondary). This therapy is limited by organs accessibility and sometimes requires the use of cardiopulmonary support such as Extra Corporeal Membrane Oxygenation (ECMO) in High Emergency Transplantation procedures (HETx). The goals of this study were: analyze the results of HLTx from the introduction of HETx, and evaluate the feasibility of ECMO as a bridge for HLTx. Methods: Between January 2007 and June 2015, 19 consecutives patients were referred to HLTx (10 women, 9 men, median age 38±17 years [1-56]). The HLTx indications were primitive PAH in 37% (n=7), secondary PAH in 37% (n=7), lung re-transplantation with bronchial destruction in 10% (n=2), bronchiectasis in 10% (n=2) and pulmonary capillary hemangiomatosis in 5% (n=1). All data were prospectively collected and retrospectively analyzed. Results: On 19 patients, 11 (58%) were referred to HETx within 3 with ECMO as a bridge for HLTx (2 arterial-venous (AV) and 1 veino-venous (VV)). Median length of waiting before HLTx was 169 days [10-1620] and 13 days [6-43] in HETx. Median length of ECMO was 10 days [1-18]. One patient required post-operative ECMO-AV for primary graft failure (72h). Five patients (27%) were re-operated for bleeding. Renal epuration was necessary in 8 (44%) patients. 30 days mortality was 5% (n=1) and 2 patient died at 19 and 39 months secondary to acute immune rejection. One year and 10 years overall survivals were respectively 94% and 79%. No statistical differences (p:ns) were found in overall survival between normal organ attribution vs. HETx vs. HETx-ECMO groups. Conclusion: HLTx is a rare therapeutic alternative. In our experience, uses of ECMO as a bridge for HLTx don’t have a negative impact on operating mortality and long term survival.   Séance : Communications libres cardiaque - Assist./Greffe - vendredi 9 juin - 8:00-10:00
mai 24, 2017
Chirurgie cardiaque · Vol. 21 Abstracts 2017

C-18 – Transplantation cardiaque à haut risque immunologique : les rejets humoraux sont fréquents et précoces mais n’impactent pas le pronostic

Guillaume Coutance, Shaida Varnous, Lucas Van Aelst, Guillaume Lebreton, Salima Ouldamar, Nicolas Bréchot, Philippe Rouvier, Samir Saheb, Chantal Gautreau, Norah Aït Hamou, Mélanie Houot, Alain Combes, Julien Amour, Pascal Leprince Service de chirurgie cardiovasculaire et thoracique, Institut de cardiologie, AP-HP, hôpital de La Pitié-Salpêtrière, Paris ; université Paris-VI   Objectif : L’épidémiologie et le pronostic du rejet humoral (RH) chez les patients greffés avec des anticorps dirigés contre le greffon restent mal décrits. Méthode : Nous avons mené une étude prospective, monocentrique, observationnelle incluant tous les patients ayant bénéficié d’une première transplantation cardiaque isolée du 1er janvier 2009 au 31 décembre 2015 avec des anticorps dirigés contre le greffon identifiés en technique Luminex (MFI > 1000). Ces patients ont reçu 5 échanges plasmatiques et une cure d’immunoglobulines en péri-greffe en plus du traitement d’induction. Nos objectifs étaient de décrire l’épidémiologie du RH dans cette population à haut risque immunologique et d’analyser leur pronostic (survie, fonction du greffon, coronaropathie). Résultat : Nous avons inclus 194 patients. Parmi eux, 52 ont fait au moins un épisode de RH (26,8 %). La médiane de survenue du RH était de 24 jours après transplantation (IQR = 15-160 j). La survie des patients ayant fait au moins un épisode de RH était comparable à celle des patients sans RH (survie à 1 an : respectivement 82 et 83 %, log rank test : 0,69). La fraction d’éjection du ventricule gauche et l’incidence de la coronaropathie du greffon étaient comparables entre les deux groupes en fin de suivi. Cependant, trois patients présentant des RH récidivants ont développé une dysfonction ventriculaire gauche (FEVG < 45 %) et deux autres une coronaropathie du greffon rapidement évolutive. Conclusion : Les rejets humoraux sont fréquents et précoces chez les patients transplantés avec des anticorps dirigés contre le greffon mais n’impactent pas le pronostic à moyen terme. Cependant, les RH récidivants pourraient être associés à un moins bon pronostic.     Heart transplantation with preformed donor specific antibodies: antibody-mediated rejections are frequent and early but do not impact mid-term prognosis   Objectives: Little is known about antibody-mediated rejection (AMR) due to pre-formed donor specific antibodies (pfDSA) after heart transplantation. Methods: We performed a prospective, single center, observational study, including all consecutive heart transplant recipients between January, 1st 2009 and December, 31th 2015 with pfDSA identified by Luminex single antigen (LSA) assay at mean fluorescence intensity (MFI) >1000. A prospective immunosuppressive protocol was applied to these patients including induction therapy, plasmapheresis and intravenous immunoglobulins. Our objectives were to describe clinical characteristics of AMR in patients with pfDSA and to analyze the impact of AMR on mortality, allograft function and cardiac allograft vasculopathy (CAV). Results: We included 194 heart transplant recipients with pfDSA. Among them, 52 patients were diagnosed with at least one episode of AMR (26.8%). First episode of AMR occurred early after transplantation (median =4 days, IQR = 15-160 days). Survival of patients with and without AMR was similar (1 year survival after transplantation: respectively 82 and 83%, log rank test: p=0.69). Recurrences of AMR were common (42% of patients). Graft function evaluated on left ventricular (LV) ejection fraction and cardiac allograft vasculopathy grade were similar between groups. However, three “recurrent AMR” patients had persistent LV dysfunction and 2 experienced rapidly progressive CAV. Conclusion: Antibody mediated rejection after heart transplantation with pfDSA was early, frequent and did not impact mid-term prognosis. However, recurrent forms of AMR might be associated with worse outcomes.   Séance : Communications libres cardiaque - Assist./Greffe - vendredi 9 juin - 8:00-10:00
mai 24, 2017