Cas clinique · Vol. 23 Décembre 2019

La rupture diaphragmatique droite post-traumatique : à propos d’un cas

Abdelkarim Kharroubi1,2*, Alexandre Karsenti1, Arez Mameli1, Bruno Tremblay1   Service de chirurgie thoracique et vasculaire, Grand Hôpital de l’est parisien (GHEF), Meaux. Université Ibn Zohr, faculté de médecine, Agadir, Maroc.   Correspondance : karimvasculaire@gmail.com   DOI : 10.24399/JCTCV23-4-KHA Citation : Kharroubi A, Karsenti A, Mameli A, Tremblay B. La rupture diaphragmatique droite post-traumatique : à propos d’un cas. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(4). doi: 10.24399/JCTCV23-4-KHA   RÉSUMÉ La rupture diaphragmatique droite post-traumatique est une lésion dont la gravité est variable, pouvant passée inaperçue à la phase aiguë. Son diagnostic est essentiellement radiologique. Un traitement chirurgical par thoracotomie est préférable. Parfois la thoracoscopie peut constituer une bonne alternative dans un but diagnostique et thérapeutique. Nous rapportons le cas d’un homme présentant une rupture diaphragmatique droite post-traumatique avec une hernie hépatique, dont le diagnostic a été établi une semaine après le traumatisme.   ABSTRACT The traumatic right diaphragmatic rupture: A case report Right post traumatic diaphragmatic rupture is a lesion whose severity is variable, which may have gone unnoticed in the acute phase. His diagnosis is essentially radiological. Surgical treatment with thoracotomy is preferable, sometimes thoracoscopy can be a good alternative for diagnostic and therapeutic purposes. We report the case of a man with a post-traumatic right diaphragmatic rupture with hepatic hernia, whose diagnosis was established one week after the trauma.   1. Introduction La rupture de la coupole diaphragmatique droite post-traumatique est une lésion rare, mais de gravité variable. Elle est présente chez moins de 1,6% des traumatisés hospitalisés pour une contusion thoracique et/ou abdominale [1], avec une mortalité estimée entre 20 et 60% [2]. Le diagnostic est difficile, souvent tardif. Une association d’hernie hépatique ou gastrosplénique en intrathoracique est fréquente. Le pronostic est péjoratif en cas de retentissement cardiorespiratoire. L’objectif de notre cas est de préciser l’importance de la surveillance radiologique et d’inciter à penser à cette lésion devant tout traumatisme thoracique ou abdominal.   2. Observation Patient de 63 ans, enseignant de profession, sportif et tabagique chronique avec un indice de masse corporelle à 24 kg/m2, a été victime d’un accident de la voie publique (motocycliste casqué heurté par une voiture) avec points d’impact crânien et thoracique droit. L’examen à l’admission a objectivé un patient avec score de Glasgow à 15, état hémodynamique stable, eupnéique avec saturation capillaire en oxygène à 99% à l’air ambiant, dermabrasion occipitale et ecchymoses avec point douloureux basithoracique droit, l’examen pleuropulmonaire était normal avec un abdomen souple. Un bilan radiologique initial, fait du body scanner et radiographie thoracique, a été réalisé, objectivant la présence de fractures costales postérieures des 9e et 10e côtes et un hémothorax droit mimine, sans anomalie de l’étage cérébral. Un complément par tomodensitométrie (TDM) thoracique [figure 1] a été demandé et une lésion diaphragmatique, difficilement visible, est passé inaperçue.   [caption id="attachment_4601" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Coupe frontale d’une TDM thoraco-abdominale initiale : la lésion diaphragmatique est difficilement visible.[/caption]   Le malade a été admis au service pour surveillance, il est resté stable sur le plan clinique. Sur des radiographies thoraciques de contrôle, une ascension de la coupole diaphragmatique droite a été constatée [figure 2] d’où l’évocation d’une lésion diaphragmatique droite avec hernie du foie dans le thorax, diagnostic qui a été confirmé par un scanner [figure 3] et complété par une imagerie par résonance magnétique (IRM) [figure 4].   [caption id="attachment_4602" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Radiographie du thorax de face de contrôle (7e jour) montrant une ascension de la coupole diaphragmatique droite.[/caption] [caption id="attachment_4605" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Images tomodensitométriques (coupe frontale à gauche et sagittale à droite) objectivant une hernie hépatique transdiaphragmatique en intrathoracique (7 jours après le traumatisme).[/caption] [caption id="attachment_4606" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Image d’IRM (coupe frontale à droite et sagittale à gauche) montrant l’ascension intrathoracique d’une partie du foie avec discontinuité de la coupole diaphragmatique droite.[/caption]   Le malade a été admis au bloc opératoire, une thoracoscopie initiale a permis de confirmer et préciser la topographie de la lésion : rupture de 12 cm de la coupole diaphragmatique droite avec hernie hépatique partielle [figure 5] sans lésion péricardique ou pulmonaire associée. Une thoracotomie a permis de repositionner le foie en intra-abdominal sans difficulté et de réparer la lésion par deux surjets de Prolene 3/0 [figure 6].   [caption id="attachment_4607" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. Vue opératoire montrant la brèche diaphragmatique après réduction de l’hernie hépatique.[/caption] [caption id="attachment_4603" align="aligncenter" width="300"] Figure 6. Vue opératoire après réparation de la brèche diaphragmatique.[/caption]   Le patient ne présentait aucune dysfonction respiratoire en postopératoire, avec des radiographies de contrôle normales. L’état neurologique est resté stable avec un scanner cérébral de contrôle sans particularité ; la disparition totale de la douleur est arrivée au bout de deux semaines. Le patient est sorti à J15 et a repris son travail un mois après sans aucun retentissement sur la vie personnelle et professionnelle. La coupole diaphragmatique droite a gardé sa position anatomique normale sur toutes les radiographies réalisées à chaque contrôle.   3. Discussion La rupture diaphragmatique est une conséquence relativement classique des traumatismes thoraco-abdominaux fermés [3], son incidence varie entre 1 et 7% [4]. Le diagnostic est souvent tardif, et la hernie peut n’être cliniquement apparente et diagnostiquée qu’après des mois, voire des années après le traumatisme [5]. La radiographie thoracique initiale reste un élément nécessaire du diagnostic, en visualisant l’ascension de la coupole diaphragmatique d’emblée ou sur les clichés répétés. La tomodensitométrie a une sensibilité de 33 à 83% et une spécificité de 76 à 100%, et une valeur prédictive positive de 50 à 98% [6]. Elle permet de confirmer l’éventration en visualisant le muscle diaphragmatique rompu [1] et de quantifier l’importance de la hernie. Une imagerie par résonance magnétique peut être envisagée en cas de doute diagnostique. Ces examens ont également un intérêt pour éliminer une autre lésion associée, ainsi qu’un éventuel retentissement cardiopulmonaire de la hernie. Les principaux risques d’une rupture diaphragmatique droite sont une dysfonction diaphragmatique, la compression pulmonaire, le déplacement du médiastin et une altération du retour veineux [7]. Dans notre cas, la lésion était simple avec hernie partielle du foie sans complications anatomiques, hémodynamiques ou fonctionnelles : le patient a gardé une respiration normale sans aucune gêne. Une fois le diagnostic fait dans les jours qui suivent le traumatisme, une intervention chirurgicale s’impose. Le traitement chirurgical pose le problème de la voie d’abord ; logiquement, la meilleure voie d’abord est abdominale car le traumatisme en cause est abdominal, mais pour la rupture diaphragmatique droite cette voie a plusieurs limites. En pratique, la rupture diaphragmatique droite étant beaucoup plus accessible par le thorax, c’est la voie de choix qui a comme avantage un accès large : de l’apex à la coupole, avec possibilité d’agrandissement en arrière et un meilleur contrôle lors de la réparation diaphragmatique, l’inconvénient de cette voie est qu’elle est longue, et les sections musculaires privent l’utilisation ultérieure du grand dorsal et du grand dentelé comme lambeaux. Chez notre malade, la voie d’abord était une thoracotomie droite avec, en fin d’intervention, un rapprochement par des gros fils ramenant la côte sus et sous-jacente, en passant à travers un orifice percé dans la côte inférieure. Le traitement consiste en une réintégration du foie en intra-abdominal et une réparation de la coupole diaphragmatique [8].   4. Conclusion La rupture de la coupole diaphragmatique droite est une lésion rare dont le diagnostic est difficile, faisant appel à la réalisation de radiographies de contrôle au cours de la surveillance de tout traumatisé thoracique et/ou abdominal. Une TDM ou IRM sont indiquées au moindre doute. Parfois une thoracoscopie est nécessaire. Le traitement chirurgical par thoracotomie ou thoracoscopie permet la réintégration des organes herniés et la suture de la brèche. Le pronostic est favorable en l’absence de lésion cardiorespiratoire.   Références Favre JP, Cheynel N, Benoit L, Favoulet P. Surgical treatment for traumatic diaphragmatic ruptures. EMC-Techniques chirurgicales - Appareil digestif 2005;2:242-251 DOI : 10.1016/S0246-0424(05)39769-X https://doi.org/10.1016/j.emcchi.2005.04.004 Reiff D, McGwin G, Metzger J, Windham ST, Doss M, Rue LW. Identifying injuries and motor vehicle collision characteristics that together are suggestive of diaphragmatic rupture. J Trauma 2002 Dec;53(6):1139-45 DOI:10.1097/00005373-200212000-00018 PMID:12478041 https://doi.org/10.1097/00005373-200212000-00018 PMid:12478041 Najah H, Pocard M. Laparoscopic diaphragm rupture repair (with video). Journal of visceral surgery 2014 Jun;151(3):237-8 DOI: 10.1016/j.jviscsurg.2014.03.005 PMID:24780225 https://doi.org/10.1016/j.jviscsurg.2014.03.005 PMid:24780225 Scharff JR, Naunheim KS. Traumatic diaphragmatic injuries. Thoracic surgery clinics 2007 Feb;17(1):81-5 DOI:10.1016/j.thorsurg.2007.03.006 PMID:17650700 https://doi.org/10.1016/j.thorsurg.2007.03.006 PMid:17650700 Plaksin SA, Kotelßnikova LP. Bilateral post-traumatic diaphragmatic hernias. Vestnik Khirurgii Imeni I I Grekova 2015;174(1):47-51 PMID: 25962295 https://doi.org/10.24884/0042-4625-2015-174-1-47-51 Slim K. Ruptures et plaies du diaphragme. J Chir 1999 Jun;136(2):67-75 PMID:10480054 Ngoga D, Mauvrey C. Undiagnosed delayed traumatic diaphragmatic rupture causing sudden death: case report and review of literature. European Journal of Orthopaedic Surgery and Traumatology May 2007;17(3):321-323 DOI: 10.1007/s00590-006-0160-6 https://doi.org/10.1007/s00590-006-0160-6 Elkaoui H, Atoini F, Aitali A, Zentar A, Sair K. Rupture post-traumatique de la coupole diaphragmatique droite. Presse Med 2009;38:1028-1029 DOI: 10.1016/j.lpm.2008.03.024 PMID: 19117718 https://doi.org/10.1016/j.lpm.2008.03.024 PMid:19117718   Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared.  Date de soumission : 17/09/2019. Acceptation : 14/10/2019.     
décembre 13, 2019
Chirurgie thoracique · Vol. 23 Juin 2019

Kyste hydatique du poumon : chirurgie conservatrice ou résection radicale ?

Rachid Marouf*, Ihsan Alloubi Service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire, CHU Mohammed VI, Oujda, Maroc. * Correspondance : rachidmarouf@yahoo.fr   DOI : 10.24399/JCTCV23-2-MAR Citation : Marouf R, Alloubi I. Kyste hydatique du poumon : chirurgie conservatrice ou résection radicale ?. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(2). doi: 10.24399/JCTCV23-2-MAR RÉSUMÉ Introduction : l’échinococcose humaine est une zoonose causée par des parasites, les ténias du genre Echinococcus. C’est une maladie endémique dans la région méditerranéenne, en Amérique du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande, elle sévit dans les régions rurales où l’élevage des ovins et caprins est répandu, et constitue un véritable problème de santé publique. Objectif : l’objectif de notre travail est d’analyser le rôle du traitement chirurgical dans la prise en charge du kyste hydatique pulmonaire, les différentes techniques chirurgicales conservatrices et radicales, et d’évaluer l’incidence des complications postopératoires. Méthodes : nous rapportons les résultats chirurgicaux d’un travail rétrospectif sur l’atteinte pulmonaire par la maladie hydatique à propos de 200 cas colligés au centre hospitalier universitaire d’Oujda, Maroc, entre janvier 2008 et avril 2018. Résultats : la moyenne d’âge était de 36 ans, on notait une prédominance masculine avec une sexe-ratio de 1,5. Le bilan radiologique avait montré plusieurs aspects de kystes, la forme la plus fréquemment rencontrée étant celle du kyste hydatique simple dans 104 cas (52%). Le kyste hydatique était compliqué, soit rompu ou fissuré dans 96 cas (48%). La localisation droite était la plus fréquente, elle a concerné 58% des cas. Le traitement conservateur représente 95% des cas (190 patients). La ponction évacuation a été réalisée chez 154 cas (77%), une périkystectomie dans 14 cas (7%), une kystectomie dans 18 cas (9%) et un capitonnage de la cavité résiduelle dans 180 cas (90%), les kystes associés à un épaississement pleural ont bénéficié d’une décortication dans 4 cas (2%). Par ailleurs, un traitement radical basé sur une résection réglée n’a été réalisé que dans 10 cas (5%). Le pronostic a changé au cours des dernières années, et les résultats sont maintenant communément satisfaisants. Les complications les plus fréquentes sont l’atélectasie et la pneumopathie postopératoire. La mortalité opératoire n’a pas excédé 1%. Conclusion : le traitement du kyste hydatique pulmonaire est essentiellement chirurgical. La prophylaxie est nécessaire pour l’éradication complète de cette maladie.   ABSTRACT Hydatid cyst of the lung: conservative surgery or radical resection? Introduction: Human echinococcosis is a parasitic disease caused by tapeworms of the genus Echinococcus. It is an endemic disease in the Mediterranean region, South America, Australia and New Zealand. It is also rampant in rural areas where ovine and caprine breeding is widespread and constitutes a real public health problem.  Objective: The objective of our work is to analyze the role of surgical treatment in the management of the pulmonary hydatid cysts, assess the different surgical techniques and evaluate the incidence of postoperative complications. Methods: We retrospectively analyzed 200 patients with lung hydatid cysts collected at the university hospital center of Oujda, Morocco, between January 2008 and April 2018. Results: The average age is 36 years, there is a male predominance with a sex ratio of 1.5. There are a variety of radiographic images. A simple cyst was the most commonly observed lesion, in 104 cases (52%). Complicated forms were noted in 96 patients (48%) and the right lung was more frequently affected than the left (58%). Conservative treatment accounted for 95% of cases; cystotomy was carried out in 154 cases (77%), peri-kystectomy in 14 cases (7%), cyst removal with capitonnage by Ugon's method in 18 cases (9 %), capitonnage in 180 cases (90%) and cysts associated with pleural thickening have undergone decortications in 4 cases (2%). However, radical treatment was carried out in only 5% of our interventions (10 cases). The prognosis has changed during the last few years, and results are now usually satisfactory. The most frequent complications are postoperative atelectasis and pneumonia. Operative mortality does not exceed 1%. Conclusion: The treatment of the pulmonary hydatid cysts is essentially surgical. Prophylaxis is necessary to eradicate the disease completely.   1. Introduction L’hydatidose est une anthropozoonose cosmopolite causée par l’Echinococcus granulosus. Elle sévit en mode endémique au Maroc et constitue un problème majeur de santé publique, surtout en zones rurales où l’élevage et l’agriculture sont les principales sources de vie [1].    2. Objectif Rôle du traitement chirurgical dans le traitement du kyste hydatique pulmonaire. Comparaison entre les différentes techniques chirurgicales : conservatrice versus radicale. Évaluation de l’incidence des complications en fonction de la technique chirurgicale.   3. Matériels et méthodes Nous rapportons les résultats chirurgicaux d’un travail rétrospectif sur l’atteinte pulmonaire par la maladie hydatique à propos de 200 cas colligés au centre hospitalier universitaire d’Oujda, Maroc, entre janvier 2008 et avril 2018.   4. Résultats   4.1. Aspects cliniques et radiologiques Il s’agissait de 120 hommes (60%) et de 80 femmes (40%) avec un sexe-ratio de 1,5. La notion de contact avec les chiens a été retrouvée dans 66% des cas (132 cas). Les symptômes cliniques qui amenaient les patients à consulter étaient principalement : la toux dans 136 cas (68%), les douleurs thoraciques dans 124 cas (62%), l’hémoptysie dans 90 cas (45%), la dyspnée d’effort dans 46 cas (23%), la vomique hydatique dans 30 cas (15%) et les expectorations récurrentes dans 30 cas (15%). L’examen clinique été normal dans 71% des cas, a trouvé un syndrome d’épanchement liquidien dans 21% des cas et un syndrome de condensation dans 8% des cas.   [caption id="attachment_4414" align="aligncenter" width="300"] Figure A. Aspect radiologique d’une opacité intraparenchymateuse gauche, ronde bien limitée.[/caption]   [caption id="attachment_4415" align="aligncenter" width="300"] Figure B. Aspect radiologique d’une opacité excavée avec niveau hydroaérique régulier, basale gauche.[/caption]   [caption id="attachment_4416" align="aligncenter" width="300"] Figure C. Aspect scanographique d’un kyste hydatique pulmonaire sain droit.[/caption]   [caption id="attachment_4417" align="aligncenter" width="300"] Figure D. Aspect scanographique d’un kyste hydatique pulmonaire gauche rompu dans les bronches.[/caption]   Le bilan radiologique fait de radiographie thoracique complétée par une tomodensitométrie (TDM) thoracique avait trouvé [tableau 1] :   Tableau 1. Les différents aspects radiologiques du kyste hydatique pulmonaire. Aspect radiologique % Nombre de patients Opacité ronde bien limitée 52% 104 Opacité hétérogène mal limitée 15% 30 Opacité excavée avec un niveau hydroaérique régulier 10% 20 Aspect de rupture du kyste hydatique parenchymateux avec une membrane d’endocyste retenue et affaissée (rétention membranaire) 10% 20 Hydropneumothorax 5% 10 Opacités multiples 5% 10 Pleurésie 3% 6   Les lésions du poumon droit étaient présentes dans 116 cas (58%), alors que celles du poumon gauche l’étaient dans 70 cas (35%) et des lésions bilatérales étaient visibles dans 14 cas (7%). La bronchoscopie a été réalisée dans 100 cas (50%) et a confirmé le diagnostic dans 40 cas (20%) en visualisant la membrane hydatique. La sérologie hydatique (Elisa et immunoélectrophorèse) a été réalisée chez 164 patients (82%) et a été positive dans 130 cas (65%).   4.2. Traitement chirurgical [tableau 2] L’intubation par une sonde sélective à double courant type Robertshaw a été réalisée chez tous nos patients, elle a permis d’éviter l’inondation de l’arbre bronchique controlatéral en cas de rupture et l’obstruction bronchique par des fragments de membrane. Une analgésie péridurale thoracique, qui est l’élément clé du traitement de la douleur postopératoire, a été positionnée chez 180 de nos patients (90%). La voie d’abord a été une thoracotomie postérolatérale dans 100 cas (50 %), une thoracotomie latérale avec conservation musculaire dans 70 cas (35%). Un abord par vidéothoracoscopie (VATS) a été réalisé dans 30 cas (15 %), qui sont majoritairement des jeunes entre 15 et 25 ans et ayant un kyste hydatique du poumon sain à localisation périphérique et de taille ≤6 cm. Par cette voie, les patients ont été placés en position de décubitus latéral. Le chirurgien et l’assistant se tiennent devant ou derrière le patient, en fonction de la localisation du kyste. Trois trocarts ont été placés sur le côté atteint d’une manière triangulaire en fonction de la localisation de la lésion, l’un de ces trocarts étant situé à l’aplomb du kyste [figure 1]. Le principe de la thoracoscopie est de suivre les mêmes étapes que la chirurgie ouverte qui comprend la stérilisation du kyste avec un agent scolicide, l’ablation complète de la membrane hydatique et la fermeture des fistules bronchiques, si elles sont présentent.   [caption id="attachment_4408" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Ponction évacuation d’un kyste hydatique périphérique sous thoracoscopie.[/caption]   Le premier temps opératoire était l’adhésiolyse des adhérences pleuroparenchymateuses avec exposition du kyste hydatique, puis protection du champ opératoire par injection directe dans la cavité pleurale du sérum salé hypertonique à 10% qu’on utilise comme solution scolicide. Le traitement conservateur a concerné 95% des patients. Une kystectomie ou énucléation [figure 2] selon la technique d’Ugon a été réalisée dans 18 cas (9%). La ponction évacuation a été réalisée dans 154 cas (77%). Après avoir exposé le kyste, une grosse seringue est introduite en son sein pour vider le liquide sous tension. Puis la partie éminente est ouverte, un grand tube d’aspiration est introduit immédiatement à travers la même ouverture pour évacuer le reste matériel kystique. La membrane germinative était alors enlevée avec une pince, la cavité résiduelle irriguée avec une solution saline et les fistules bronchiques suturées [figures 3,4]. Dans les situations où le périkyste est en atélectasie ou fibrose, une résection de ce périkyste est faite.   [caption id="attachment_4409" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Kystectomie ou énucléation.[/caption]   [caption id="attachment_4410" align="aligncenter" width="300"] Figures 3-4. Après évacuation du kyste hydatique du poumon et lavage de la cavité par du sérum salé hypertonique, on ferme les fistules bronchiques par des points en X.[/caption]   La cavité résiduelle est fermée au moyen de sutures à partir du niveau le plus profond (capitonnage). La suture des fistules bronchiques et la fermeture de la cavité résiduelle sont faites avec du fil résorbable. La périkystectomie [figure 5] a été réalisée dans 14 cas (7%).   [caption id="attachment_4411" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. Pièce opératoire d’une périkystectomie emportant le parasite et sa gangue inflammatoire.[/caption]   Les patients ayant un épaississement pleural associé, en plus de la kystotomie et du capitonnage, ont bénéficié d’une décortication pour faciliter l’expansion du poumon dans 4 cas (2%). Dans les quatorze cas (7%) de polykystoses bilatérales retrouvés dans notre série, on a préféré opérer les patients en deux temps avec un intervalle d’un à trois mois entre les interventions, tout en commençant d’abord par la localisation symptomatique ou la plus volumineuse ou la plus menaçante ou celle qui contenait le plus de kystes.   Tableau 2. Traitement chirurgical du kyste hydatique pulmonaire.   Traitement conservateur   Kystectomie 18 cas (9%)     190 cas (95%) Ponction évacuation 154 cas (77%) Périkystectomie 14 cas (7%) Décortication pleurale 4 cas (2%) Capitonnage de la cavité résiduelle   180 cas (90%) Traitement radical Lobectomie Bilobectomie 8 cas 2 cas 10 cas (5%)    Par ailleurs, un traitement radical sous forme de résection réglée a été conçu pour 10 patients (5%) pour les raisons suivantes : kyste hydatique détruisant à plus de 50% le lobe dans 6 cas [figure 6] ; kyste avec suppuration pulmonaire sévère persistante dans 2 cas ; kyste hydatique avec fibrose et hépatisation de tout le lobe dans 2 cas [figure 7].   [caption id="attachment_4412" align="aligncenter" width="300"] Figure 6. Lobectomie inférieure droite pour un kyste hydatique détruisant presque tout le lobe.[/caption]   [caption id="attachment_4413" align="aligncenter" width="300"] Figure 7. Lobectomie moyenne pour kyste hydatique avec un lobe fibrosé et hépatisé.[/caption]   4.3. Évolution et surveillance La durée moyenne d’hospitalisation a été de 6 jours. On a recensé aucun décès. Nous avons surveillé régulièrement nos patients après leur sortie du service en consultation. Cette surveillance est fondée essentiellement sur la radiographie thoracique au rythme de 15 jours, 3 mois, 6 mois, 1 an, puis chaque année, demandée essentiellement pour l’étude du parenchyme pulmonaire et l’état de la cavité résiduelle. La surveillance sérologique est demandée chaque fois qu’elle est possible à 6 mois puis 1 an après le geste chirurgical. La TDM est réservée aux cas douteux de récidive ou de complication. Les suites ont été compliquées chez 21 patients (10,5%) [tableau 3].   Tableau 3. Les complications du traitement chirurgical du kyste hydatique pulmonaire. Complication Nombre de cas Prise en charge Atélectasie du poumon sous-jacent 6 cas Kinésithérapie respiratoire Bronchoaspiration Pneumopathie postopératoire 4 cas Antibiothérapie Anémie postopératoire 5 cas Transfusion Pyothorax 2 cas Antibiothérapie à large spectre et lavage avec système d’irrigation Persistance d’une cavité résiduelle par lâchage de sutures après capitonnage (fond de la cavité capitonnée très inflammatoire) 2 cas 1 cas : reprise chirurgicale avec résection réglée après infection de la cavité 1 cas : surveillance Bullage prolongé 2 cas Drainage thoracique prolongé   Dans notre série, seulement un patient a eu une récidive de kyste hydatique rompu dans la plèvre à 3 ans de distance de sa première opération, justifiant une reprise chirurgicale. Le faible taux de récidive démontre et valorise l’excellence de la chirurgie conservatrice dans la prise en charge des kystes hydatiques pulmonaires.   5. Discussion L’hydatidose est une parasitose qui sévit toujours en mode endémique au Maroc. Elle constitue un problème majeur de santé publique. Son incidence est de 12/100000 habitants [1]. Les lésions kystiques évoluent très lentement, de sorte que les symptômes peuvent ne pas apparaître et la maladie ne peut être diagnostiquée qu’après plusieurs années. La chirurgie est le seul traitement radical. Tous les kystes doivent être opérés, qu’ils soient symptomatiques ou pas [2]. Le but de la chirurgie dans le kyste hydatique pulmonaire est de [2,3] : supprimer le parasite et ses annexes ; éviter la dissémination ; conserver autant que possible le maximum de parenchyme pulmonaire fonctionnel ; réséquer les lésions pulmonaires irréversibles ; rétablir l’anatomie et la fonction pulmonaire normale : décortication pour faciliter la réexpansion. De ces impératifs découlent plusieurs techniques chirurgicales qu’on peut schématiser en techniques conservatrices ou radicales [3] [tableau 4]. Le choix de la technique chirurgicale est, le plus souvent, influencé par l’état du malade, l’état du kyste et du parenchyme pulmonaire adjacent et celui de la fonction respiratoire [4]. En règle générale, le parenchyme pulmonaire doit être préservé autant que possible chez les patients atteints de cette pathologie pulmonaire bénigne et d’évolution lente [5]. Le traitement du parasite se fait par la protection du champ opératoire par des compresses imbibées d’une solution scolicide tel le sérum salé hypertonique, par la manipulation douce du kyste en peropératoire et par la stérilisation du kyste par la solution scolicide qui permet d’éviter la dissémination du germe, ainsi que le risque de récidive [5]. Le traitement du périkyste peut se faire selon deux méthodes, conservatrice ou radicale. La chirurgie conservatrice comprend les techniques [3,5-7] : d’énucléation ; de kystectomie après aspiration ; de périkystectomie. La kystectomie ou énucléation selon la technique d’Ugon est réalisée pour les kystes hydatiques pulmonaires périphériques de petite taille, entre 3 et 5 cm, avec un faible risque de rupture. Elle consiste, après incision du périkyste, en l’accouchement du kyste. Cette manœuvre est facilitée par l’application d’une ventilation à pression positive intrabronchique. Les gros kystes ne doivent pas être traités avec cette méthode car il existe un risque de rupture. La ponction évacuation est la plus fréquemment réalisée pour les kystes sains et/ou rompus mais non infectés et/ou en présence d’un périkyste fin. Cette technique consiste d’abord à inonder le champ opératoire par du sérum salé hypertonique afin de protéger la plèvre de toute souillure parasitaire, puis on repère le dôme saillant du kyste et on aspire par ponction le liquide hydatique à l’aide d’une grosse aiguille ou d’un trocart. La partie proéminente du kyste est ensuite ouverte, suivie de l’extraction de la membrane hydatique. Le fond de la cavité kystique est lavé minutieusement par la solution scolicide. La périkystectomie selon la méthode de Perez-Fontana a été proposée en 1953. Elle implique l’excision du kyste hydatique et emporte le tissu pulmonaire réactionnel au kyste en suturant, au fur et à mesure de leur rencontre, les vaisseaux et les bronches érodés, le rapprochement du parenchyme pulmonaire sain au pourtour de la lésion est obligatoire. Cette technique reste réservée pour les kystes hydatiques rompus et infectés et/ou aux périkystes épais. Traitement de la cavité résiduelle : ces procédures conservatrices sont associées à la fermeture élective des fistules bronchiques qui sont suturées par des points en X. La persistance d’une fistule bronchique expose au bullage important et peut conduire à une réintervention. Pour effacer au maximum la cavité résiduelle, le capitonnage est une attitude classique, mais n’est pas systématique. Il existe deux méthodes pour la gestion de la cavité résiduelle du kyste [3,8] : Le capitonnage qui est la fermeture de la cavité, après avoir vidé son contenu et aveuglé les fistules bronchiques. C’est une attitude classique, mais qui n’est pas systématique. La deuxième est la fermeture des orifices bronchiques tout en laissant la cavité ouverte.    Nous partageons l’opinion de nombreux auteurs selon laquelle le capitonnage est utile et efficace. L’utilisation de ce procédé a fait diminuer nettement la morbidité parce qu’il permet d’éviter au maximum la persistance d’une cavité résiduelle et aussi de réduire le risque d’infection de la cavité, des fuites aériques postopératoires et la formation d’un hématome ainsi que d’empyème intracavitaire [3,5,8]. Sonmez et al. [9] concluent que le capitonnage permet de diminuer la durée de drainage, le séjour hospitalier et la morbidité. Pour les kystes hydatiques géants, la gestion de la cavité résiduelle pose un problème par sa taille énorme et par la présence de grosses fistules bronchiques (on admet qu’un kyste est énorme quand sa taille dépasse 10 cm). Dans cette situation, le capitonnage s’avère difficile et risque de ficeler le parenchyme pulmonaire adjacent, d’entraver sa fonction et d’exposer aux risques de complications [2,3].   Tableau 4. Comparaison de la fréquence du traitement conservateur versus chirurgie radicale dans la littérature. Série Nombre de cas Nombre de cas de chirurgie conservatrice Nombre de cas de chirurgie radicale Doğan R et al. [3] 1055 91% 9% Kemal Salih O et al. [5] 405 96,4%   3,6% Dakak M et al. [10] 422 98% (413 cas)  2% (9 cas) Hasdiraz L et al. [11] 107 100% 0% Merini MF [12]     313 97,8% 2,2% Marouf et al. 200 95% (195 cas) 5% (10 cas)   En cas de rupture intrapleurale du kyste hydatique, le traitement est d’abord du kyste et de sa cavité, suivi d’une décortication. Pour ces kystes périphériques rompus dans la plèvre, les fistules bronchiques sont souvent de petit calibre et facilement traitées [13]. La voie d’abord par vidéothoracoscopie est destinée à des kystes hydatiques sains, de siège périphérique, et de taille ≤6 cm. Cette technique ne peut pas être adaptée aux kystes volumineux en raison du risque de dissémination pleurale et de la difficulté de la fermeture des fistules souvent localisées au fond de la cavité et dans des replis au contact des vaisseaux sanguins. Il en est de même pour les kystes rompus en rapport avec la symphyse pleurale, le calibre des fistules bronchiques et la friabilité du périkyste et du parenchyme adjacent. La chirurgie thoracique vidéoassistée peut être une alternative intermédiaire entre la thoracoscopie et la chirurgie conventionnelle malgré les risques de complications [13-16]. Le principe de la chirurgie thoracoscopique est de reproduire les mêmes gestes que la chirurgie ouverte qui comprend : la stérilisation du kyste avec un agent scolicide, l’extraction complète de la membrane hydatique et la fermeture des fistules bronchiques, si elles sont présentes. Il est nécessaire d’assurer une bonne aérostase par le contrôle des fistules bronchiques et la gestion de la cavité résiduelle pour éviter les complications opératoires. Quant à la place de la vidéothoracoscopie dans le traitement radical des kystes hydatiques, elle a ses limites et le risque de conversion reste élevé, par la présence fréquente des adhérences pleurales et la symphyse sur le médiastin et le diaphragme, les scissures qui sont souvent fermées, les ganglions inflammatoires, parfois calcifiés, saignotants et adhérents sur les structures vasculaires et bronchiques [12-14]. Le traitement percutané par vidange et stérilisation du kyste sans intervention chirurgicale n’est jamais proposé dans notre pratique de la chirurgie de kyste hydatique pulmonaire, car nous considérons que cette technique est dangereuse et expose au risque de choc anaphylactique et de dissémination, avec impossibilité de l’extraction de la membrane hydatique et de la fermeture des fistules bronchiques [15].   La résection réglée ou traitement radical du kyste hydatique pulmonaire (segmentectomie, lobectomie ou pneumonectomie) est justifiée pour les raisons suivantes [3,5,6,10,16] : Kyste hydatique énorme ou multiples kystes au sein du parenchyme et détruisant à plus de 50% le lobe ou le poumon adjacent. Kyste hydatique avec grande poche de suppuration et inflammation pulmonaire sévère et persistante ou encore kyste hydatique de siège centrolobaire, ou proche du hile. Complications liées au kyste hydatique : bronchiectasie, fibrose pulmonaire ou hémorragie sévère. Cependant, selon certains auteurs [12,13,17], la grande souplesse du tissu pulmonaire chez l’enfant et surtout les possibilités de récupération du parenchyme pulmonaire endommagé après traitement incitent les chirurgiens à être très économes en matière d’hydatidose pulmonaire. Le drainage postérieur et antérieur de la cavité pleurale libre assure une bonne réexpansion du parenchyme pulmonaire sous couverture d’une kinésithérapie postopératoire immédiatement commencée dès les premières heures qui suivent l’intervention chirurgicale. Les complications postopératoires sont rarement graves, dominées par les atélectasies nécessitant une kinésithérapie respiratoire et un traitement antalgique efficace. Les autres complications tels les décollements pulmonaires, les bronchopneumopathies, les empyèmes et les cavités résiduelles source de greffe aspergillaire, de surinfection et d’hémoptysies sont rares et souvent évitées par un effacement progressif de la cavité et un bon capitonnage [15]. Kuzucu et al. [8] ont prouvé dans leur étude que les kystes hydatiques pulmonaires compliqués sont associés avec une morbidité postopératoire plus élevée que les kystes simples, avec une augmentation significative de la fréquence de décortication et de séjour d’hospitalisation (p<0,05). Le taux de récidive après chirurgie conservatrice pour kyste hydatique pulmonaire est faible, témoignant de la fiabilité de ce procédé, cela a été appuyé par plusieurs études [3,5,6,8]. Dans la série de Doğan et al [3], sur 1055 kystes hydatiques pulmonaires traités chirurgicalement, seulement 8 cas ont eu une récidive dont 7 cas avaient un kyste hydatique compliqué avant chirurgie. Le traitement médical repose sur les imidazolés (mébendazole ou albendazole) à la dose de 10 à 15 mg/kg par jour pendant une durée de 3 à 6 mois avec un contrôle régulier de la fonction hépatique. Ce traitement s’intègre dans la stratégie non chirurgicale et représente un complément thérapeutique avant et/ou après chirurgie. Les indications du traitement médical du kyste hydatique pulmonaire inclus [3,5,19,20] : Les cas de contre-indication opératoire avec un taux de morbimortalité élevé ou refus de la chirurgie par le patient. En présence d’hydatidose multiple au sein du même organe ou dans des organes différents anatomiquement inaccessibles à une chirurgie. Pour prévenir une récidive après une intervention chirurgicale et ce d’autant plus impérativement qu’existent des facteurs de risque d’échinococcose secondaire ou de dissémination du liquide hydatique en peropératoire.  Surveillance : un patient opéré pour kystes hydatiques du poumon doit être surveillé régulièrement, dans les suites immédiates ou à long terme [18]. Cette surveillance est fondée essentiellement sur la radiographie thoracique au rythme de 3 mois, 6 mois, 1 an, demandée essentiellement pour l’étude de la nature et l’état de la cavité résiduelle. La surveillance sérologique s’impose chaque fois qu’elle est possible [19]. Cette sérologie est faite 6 mois puis 1 an après le geste chirurgical. La TDM est réservée aux cas douteux de récidive et pour la surveillance des grandes cavités résiduelles.   6. Conclusion La chirurgie reste le seul traitement efficace du kyste hydatique du poumon. La procédure chirurgicale peut être conservatrice ou radicale. La chirurgie conservatrice reste le traitement de choix dans la gestion du kyste hydatique pulmonaire. C’est une procédure simple, sûre, efficace, et qui permet, en plus, de préserver autant que possible le parenchyme pulmonaire fonctionnel. Cependant, la résection chirurgicale radicale reste réservée pour des patients bien sélectionnés avec des indications spécifiques.  La vidéothoracoscopie semble être une méthode fiable et prometteuse.   Références Derfoufi O, Ngoh E, Aissam A, Elmostafa E, Hicham M, Mohamed E, Aouf LS. Profil épidémiologique de l'hydatidose au Maroc de 1980 à 2008. Annales de biologie clinique 2012; 70(4):457-61. Avaro JP, Djourno XB, Kabiri EH, Bonnet PM, Doddoli C, Thomas P. Traitement chirurgical des kystes hydatiques du poumon. Le traité EMC, Techniques chirurgicales-Thorax. Doi: 10.1016/S1241-8226(07)45704-8: 432-42 Doğan R, Yüksel M, Cetin G, Süzer K, Alp M, Kaya S, Unlü M, Moldibi B. Surgical treatment of hydatid cysts of the lung: report on 1055 patients. Thorax 1989;44:192-199.https://doi.org/10.1136/thx.44.3.192PMid:2705149 PMCid:PMC461752 Bisson A, Leroy M. Traitement chirurgical des kystes hydatiques pulmonaires. EMC Techniques chirurgicale-Thorax 1995;42:432. Kemal Salih O, Topcuoğlu MŞ, Çelik ŞK, Ulus T, Tokcan A. Surgical treatment of hydatid cysts of the lung: analysis of 405 patients. Canadian Journal of Surgery 1998;41(2):131-135. Aldahmashi M, Alassal M, Kasb I, Elrakhawy H. Conservative surgical management for pulmonary hydatid cyst: analysis and outcome of 148 cases. Canadian Respiratory Journal 2016:8473070.https://doi.org/10.1155/2016/8473070PMid:27642249 PMCid:PMC5013219 Riquet M, Souilamas R. KHP : indications thérapeutiques. EMC Pneumologie 2000:6003. Kuzucu A, Soysal O, Ozgel M, Yologlu S. Complicated Hydatid Cysts of the Lung: Clinical and Therapeutic Issues. Ann Thorac Surg 2004;77:1200-4.https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2003.09.046PMid:15063234 Sonmez K, Turkeyilmaz Z, Demirogullari B, et al. Hydatid cysts of thelung in childhood: is capitonage advantageous? Ann Thorac Cardiovasc Surg 2001;7:11-3. Dakak M. Surgical treatment for pulmonary hydatidosis (a review of 422 cases). J R Coll Surg Edinb 2002Oct;47(5):689-92. 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BMC Infect Dis 2018;18:306.https://doi.org/10.1186/s12879-018-3201-yPMid:29976137 PMCid:PMC6034244   Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared.  Date de soumission : 01/10/2018. Acceptation : 07/02/2019. Pré-publication : 18/03/2019.  
juin 7, 2019
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T-24 – Complications postopératoires après segmentectomies anatomiques par VATS

Benoît Bédat, Étienne Abdelnour, Thorsten Krueger, Jean Perentes, Hans-Beat Ris, Frédéric Triponez, Wolfram Karenovics, Michel Gonzalez Centre universitaire romand de chirurgie thoracique, Suisse   Objectif : Analyse de la démographie, du suivi clinique et des facteurs de risques des complications après des segmentectomies par VATS. Méthode : Analyse rétrospective de janvier 2014 à décembre 2016 de tous les patients qui ont bénéficié d’une segmentectomie par VATS. Tous les patients ont eu une approche standardisée avec 3 trocards. Résultat : 129 patients (64 H/65 F) ont bénéficié d’une segmentectomie par VATS. Le VEMS moyen était de 87 % (21) et 15 patients avaient un VEMS < 60 %. L’indication était un cancer (n = 99), des métastases (n = 16) ou une lésion bénigne (n = 13). La segmentectomie a été réalisée au niveau du lobe supérieur chez 73 patients, du lobe inférieur chez 51 patients et dans les deux lobes chez 5 patients. La mortalité était de 0,8 % (n = 1). La morbidité était de 31 % (n = 40) et incluait la pneumonie (n = 17), les fuites d’air prolongées (n = 13), la FA (n = 5) l’ARDS (n = 3) et l’hémothorax (n = 2). La durée médiane de drainage était de 2 jours (1-33 jours) et la durée d’hospitalisation de 6 jours (2-37 jours). Dans l’analyse univariée, les patients BPCO, fumeurs actifs, l’UPA > 25 et le VEMS sont significatif (p < 0,05). Dans l’analyse multivariée, seul l’UPA > 25 est significatif (OR = 4,4, p = 0,01). Il n’y a pas de différence en comparant les 50 premiers cas avec les patients suivants. Conclusion : Les segmentectomies anatomiques peuvent être introduits par VATS avec une morbidité postopératoire acceptable, même durant la courbe d’enseignement.     Post-operative complications after VATS anatomical pulmonary segementectomies   Objectives: The aim of this study was to review the demographics, clinical outcome and risk factors of complications after VATS segmentectomies. Methods: Retrospective review from January 2014 to December 2016 of all patients who underwent anatomical pulmonary segmentectomy by VATS. All patients had a standardized three ports approach. Results: One hundred and twenty-nine patients (64 men/65 women) (median age: 68 years; range 29-85 years) underwent segmentectomies by VATS. The mean (SD) forced expiratory volume (FEV1) was 87% (21), and 15 patients had FEV1 of < 60%. Indications for segmentectomy was: lung cancer (n=99), metastases (n=16) and benign lesions (n=13). Segmentectomy was realized in the upper lobe in 73 patients, lower lobe in 51 patients and combined in both lobes in 5 patients. Mediastinal lymphadenectomy was associated in 110 patients. Mortality rate at 30 days was 0.8% (1 patient died from ARDS). Overall morbidity rate was 31% (n=40) and consisted in pneumonia (n=17), prolonged air leak > 7days (n=13), atrial fibrillation (n=5), ARDS (n=3) and haemothorax (n=2). Six patients needed re-operation for hemothorax (n=2), prolonged air leak (n=2), torsio of the remaining segment (n=1) and post-operative empyema (n=1). The median duration of drainage was 2 days (range: 1-33 days) and the median length of hospitalization was 6 days (range 2-37 days). On univariate analysis, COPD (p=0.02), active smoker (p=0.03), smoking pack year (SPY) > 25 (OR=4.7, p < 0.01), and FEV1 (OR=1, p=0.04) were statistically significant risk factors for complications. In a multivariate analysis, only SPY > 25 (OR=4.4, p=0.01) was statistically significant. There was no statistical difference in morbidity between segments and when comparing the first 50 cases with consecutive patients. Conclusion: Pulmonary anatomical segmentectomies can be safely introduced by VATS with acceptable post-operative morbidity rate even during the learning curve period. Patients with high tobacco exposure should be of concern in the postoperative period.   Séance : Thoracique - chirurgie mini-invasive - vendredi 9 juin - 14:00-15:00
mai 24, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Abstracts 2017

T-22 – Traitement chirurgical des cancers bronchiques non à petites cellules de stade précoce par segmentectomie à thorax fermé : résultats préliminaires

Dominique Gossot, Agathe Seguin-Givelet, Jon Lutz, Madalina Grigoroiu, Emmanuel Brian Institut du thorax Curie-Montsouris, département thoracique, Institut mutualiste Montsouris, Paris   Objectif : Le taux de résections sous-lobaires anatomiques pour cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) de stade précoce est en progression. Cependant les indications restent controversées. Nous rapportons les résultats préliminaires d’une série consécutive de 226 segmentectomies à thorax fermé pour suspicion de CBNPC de stade précoce. Méthode : Entre 2007 et 2016, nous avons réalisé 322 résections sous-lobaires anatomiques (RSLA) par thoracoscopie, dont 226 pour une suspicion de CBNPC de stade précoce chez 222 patients. Les données, entrées prospectivement ont été analysées de façon rétrospective en intention de traiter. La survie globale et sans récidive a été estimée par une courbe de Kaplan-Meier et les différences calculées par un test de log-rank. Résultat : Vingt-deux patients avait un stade p supérieur à leur stade c (10,4 %) : soit pour un stade T supérieur (T3 n = 8, T4 n = 2), soit pour un envahissement N1 (n = 6) ou N2 (n = 6). Les atteintes ganglionnaires N2 ont été découvertes sur l’examen anatomopathologique définitif. Sur les 6 atteintes N1, 3 ont été découvertes en peropératoire sur l’examen extemporané des ganglions intersegmentaires et ont amené à convertir la segmentectomie en lobectomie. Dix conversions en thoracotomie ont été réalisées (3,9 %). Dix-sept patients ont eu une résection plus étendue que prévue (7,5 %), le plus souvent pour raison carcinologique : ganglion intersegmentaire envahi (n = 3) ou marge de résection insuffisante sur le plan intersegmentaire (n = 7) en examen extemporané. La morbidité et la mortalité ont été respectivement de 1,3 % et 25,7 %. Pour les cancers pT1aN0, les survies globale et sans récidive à 3 ans ont été respectivement de 86,8 % et 80,2 %. Pour les cancers pT1bN0, ces survies ont été respectivement de 88,1 % et 73,5 % ? Conclusion : Dans les CBNPC de stade précoce, les RSLA par thoracoscopie permettent de réduire la morbidité peropératoire tout en offrant une survie satisfaisante. Toutefois, une technique rigoureuse doit être appliquée pour diminuer le taux de conversion en thoracotomie et le taux de résection étendue (transformation en lobectomie) lorsque cela s’avère nécessaire sur le plan carcinologique.     Thoracoscopic segmentectomies for clinical stage 1 non small cell lung cancer: preliminary results   Objectives: The rate of sublobar resection for early stage non-small cell lung carcinoma (NSCLC) is increasing. However, as results of ongoing randomized controlled trials are still pending, indications remain controversial. We report the results of a consecutive series of 226 thoracoscopic segmentectomies for early stage NSCLC suspicion. Methods: Between 2007 and 2016, we performed 322 thoracoscopic anatomic sublobar resections (ASLR). 226 of these were for a suspicion of cT1aN0, cT1bN0 or cT2aN0 NSCLC in 222 patients, as 4 patients had a bilateral procedure. There were 124 females and 98 males, with a mean age of 66 (range: 36-86 years). Data were prospectively entered into a database and retrospectively studied in an intent-to-treat analysis. Overall and disease-free survivals were estimated on a Kaplan-Meier curve and differences were calculated by a log-rank test. Results: Twenty-two patients were upstaged (10.4%), in 10 cases for T3 or T4, in 6 cases for N1 metastasis and in 6 cases for N2 metastasis. The 6 N2 tumors were discovered on final pathological examination. Out of the 6 N1 metastases, 3 were discovered at frozen section and resulted in a switch from segmentectomy to lobectomy. There were 10 conversions into thoracotomy (3.9%). Seventeen patients had a more important resection than initially planned (7.5%), i.e. a lobectomy (n=16) or a basilar resection (n=1), most often for an oncologic reason: invasion of intersegmental lymph node (n=3) or suspicious resection margin at frozen section (n=7). Morbidity and mortality were respectively 1.3% and 25.7%. For pT1aN0 carcinomas, overall and disease-free survivals were respectively 86.8% and 80.2%. For pT1bN0 carcinomas, overall and disease-free survivals were respectively 88.1% and 73.5%. Conclusion: For early stage NSCLC, thoracoscopic ASLR allow reducing perioperative morbidity while offering a satisfactory survival. However, a rigorous technic must be applied in order to limit the rate of conversions into thoracotomy and the extension rate into lobectomy when required from an oncologic standpoint.   Séance : Thoracique - chirurgie mini-invasive - vendredi 9 juin - 14:00-15:00
mai 24, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Abstracts 2017

T-18 – Morbi-mortalité après résection anatomique controlatérale pour cancer bronchopulmonaire synchrone ou métachrone

Alex Fourdrain, Patrick Bagan, Florence de Dominicis, Sophie Lafitte, Jules Iquille, Geoni Merlusca, Alejandro Witte Pfister, Pascal Berna Service de chirurgie thoracique, CHU d’Amiens   Objectif : Les patients opérés pour cancer bronchopulmonaire peuvent présenter une seconde lésion primitive pulmonaire synchrone ou métachrone. Le but de cette étude est d’évaluer la morbi-mortalité d’une seconde résection anatomique controlatérale pour cancer bronchopulmonaire. Méthode : Nous avons réalisé une étude bicentrique, rétrospective à partir d’une base de données prospective indexée. Les patients inclus ont été pris en charge chirurgicalement avec résection anatomique bilatérale pour cancer synchrone ou métachrone par segmentectomie, lobectomie ou bilobectomie Les patients traités par résection atypique, ou ayant eu une seconde résection du même côté, ont été exclus. Résultat : Dans nos deux centres, 31 patients ont bénéficié d’une résection controlatérale pour cancer bronchopulmonaire entre 2011 et 2016. La première résection était une segmentectomie dans 5 cas (16,1 %), une lobectomie dans 22 cas (71 %), une bilobectomie dans 1 cas (3,2 %) et une autre résection anatomique dans 3 cas (9,7 %) avec une procédure par vidéochirurgie exclusive dans 9 cas (29 %). Avant la seconde chirurgie, le VEMS préopératoire moyen était de 1944 ml (72,8 %) et le VEMS prédictif postopératoire moyen était de 1453 ml (55,8 %). Le délai moyen entre les deux chirurgies était de 40,7 mois (min 1 mois, max 158 mois), et la seconde résection était une segmentectomie dans 7 cas (22,6 %), une lobectomie dans 23 cas (74,2 %) ou une autre résection anatomique dans 1 cas (3,2 %), avec une procédure par vidéochirurgie exclusive dans 19 cas (61,3 %). Une pneumopathie postopératoire est survenue chez 10 patients (32,3 %), une fibroscopie bronchique de désencombrement était nécessaire chez 10 patients (32,3 %), la réintubation du patient survenait dans 3 cas (9,7 %), une arythmie cardiaque survenait chez 4 patients (12,9 %) et la mortalité à 90 jours concernait 5 patients (16,1 %). Conclusion : Une seconde résection anatomique controlatérale pour cancer bronchopulmonaire synchrone ou métachrone est faisable, avec une morbi-mortalité plus élevée, et devrait être indiquée chez des patients sélectionnés.     Morbidity and mortality following controlateral anatomical surgical resection for synchronic or metachronic lung cancer   Objectives: Patients treated surgically for lung cancer may present synchronic or metachronic lung cancer. The aim of this study is to evaluate the morbidity and mortality of a second and controlateral anatomical surgical resection for lung cancer Methods: We performed a bi-centric and retrospective study, based on our prospective indexed data-base. Included patients were treated surgically with bilateral anatomical surgical resections for synchronic or metachronic lung cancer, including segmentectomy, lobectomy and bilobectomy. We excluded wedge resections, second surgical resection on the same operated side and benign lesions. Results: In our two institutions, 31 patients underwent a controlateral anatomical surgical resection for lung cancer between 2011 and 2016. First surgical resection was a segmentectomy in 5 cases (16.1%), lobectomy in 22 cases (71%) bilobectomy in 1 case (3.2%), and another anatomical resection in 3 cases (9.7%), with complete video-assisted thoracic surgery procedure (VATS) in 9 cases (29%). Patient functional assessment before second surgery showed a mean preoperative FEV1 of 1944ml (72.8%) and a mean postoperative predicted FEV1 of 1453ml (55.8%). The mean delay between the two surgeries was 40.7 months (min 1 month, max 158 months), and second surgical resection was a segmentectomy in 7 cases (22.6%), lobectomy in 23 cases (74.2%), and another anatomical resection in 1 case (3.2%), with complete VATS procedure in 19 cases (61.3%). Postoperative pneumonia occurred in 10 patients (32.3%), postoperative bronchial endoscopy was required in 10 patients (32.3%), reintubation occurred in 3 patients (9.7%), arrhythmia occurred in 4 patients (12.9%) and 90-days mortality was assessed in 5 patients (16.1%). Conclusion: A second and controlateral anatomical surgical resection for synchronic or metachronic lung cancer is possible, with a higher morbidity and mortality, and should be indicated on carefully selected patients.   Séance : Communications libres thoracique - vendredi 9 juin - 8:00-10:00
mai 24, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Abstracts 2017

T-09 – Intérêt du curage ganglionnaire dans la chirurgie d’exérèse des adénocarcinomes pulmonaires « en verre dépoli » : à propos d’une série de 192 cas

Youcef Lounes, Jean-Philippe Berthet, Charles-Henri Marty-Ane Service de chirurgie vasculaire et thoracique, hôpital universitaire Arnaud-de-Villeneuve, Montpellier   Objectif : Les nodules en verre dépoli purs et mixtes représentent une part de plus en plus importante des résections pulmonaires pour cancer. Le curage systématique est débattu pour ces lésions sans recommandations établies à ce jour. L’objectif était d’évaluer l’intérêt du curage ganglionnaire à partir des résultats du curage systématique dans la chirurgie d’exérèse de nodules en verre dépoli purs et mixtes. Méthode : Une étude monocentrique, rétrospective a été réalisée dans notre centre. Tous les patients ayant bénéficié d’une résection pulmonaire pour un nodule en verre dépoli pur ou mixte de 2005 à 2015 ont été inclus. Les lésions étaient classées en 3 catégories : verre dépoli pur (VDP), verre dépoli mixte avec partie en verre dépoli > 50 % (VDP > 50 %) et verre dépoli < 50 % (VDP < 50 %). Une comparaison de la survenue d’événements entre les patients avec et sans curage a été réalisée. Résultat : 192 patients ont été inclus, 172 avaient bénéficié d’un curage ganglionnaire. La moyenne d’âge était de 62,5 ± 10,4 ans, dont une majorité de femme : 58 % (n = 113) ; 69 % des patients avaient un antécédent de tabagisme. La majorité des lésions étaient des VDP (54 % n = 105). La taille moyenne était de 19,8 ± 13,1 mm. Cent quarante-sept (76,5 %) lobectomies, 33 résections atypiques (17,1 %) et 12 segmentectomies (6,2 %) ont été réalisées. Tous les curages étaient négatifs N0 = 100 % (n = 172). La mortalité opératoire était de 0 % (n = 0). La médiane de suivi était de 46,5 mois (21,4-65,7). La survie globale à 5 ans était de 94,6 %. Il n’y avait pas de différence en terme de survie globale (98 % vs 92 %) ou de survie sans récidive (99 % vs 94 %) entre les deux groupes (p = 0,74 et p = 0,39 respectivement). Conclusion : Cette étude semble confirmer l’absence de bénéfice du curage ganglionnaire pour les nodules en VDP (N0 = 100 %). Des études complémentaires sont nécessaires afin de déterminer les critères permettant de se dispenser de curage pour les lésions en verre dépoli mixtes.     Interest of lymph node dissection in ground glass opacity lung adenocarcinoma surgery: about a serie of 192 cases   Objectives: Ground glass opacity (GGO) are adenocarcinoma but less aggressive. With CT scan screening the number of GGO diagnosed is constantly growing. The gold standard for oncologic resection of GGO is lobectomy with systematic lymph nodes resection (SLNR).The aim of this study was to evaluate the interest of lymph nodes dissection in pure or mixed GGO. Methods: All patients with a GGO diagnosed between January 2005 and December 2015 at Montpellier University hospital were retrospectively included. CT-scan size, clinical findings, anathomopathology results and survival were analysed. Patients with lymph nodes dissection were compared with those without lymph nodes dissection. Results: One hundred ninety-two patients were included, 172 patients had SLNR. The mean age was 62.5±10.4 year-old with a majority of women 58% (n=113). The mean size of the GGO was 19.8±13.1 mm 6-100mm. Seventy-eight patients had pure GGO. Lymph nodes metastasis were found in none of patients N0=100% (n=172). The in-hospital mortality was 0%. The median follow-up was 46.5(21.4-65.7) months. The global survival at 5 years was 94.6%. They were no significant difference in global survey (98% vs 92%) or survey without recurrence (99% vs 94%) between the two group (p=0.74 et p=0.39 respectively). Conclusion: Systematic lymph nodes dissection may be useless for pure GGO (N0=100%). Concerning mixed GGO, further studies are required to evaluate the interest of SLNR. The size of the solid part and the pre-operative characteristic may relevant factors to consider lymph node resection in this case.   Séance : Communications libres thoracique - jeudi 8 juin - 8:30-10:00
mai 24, 2017
Chirurgie cardiaque · Vol. 21 Abstracts 2017

C-31 – Traitement chirurgical de la fibrillation auriculaire isolée par thoracoscopie

Cosimo d’Alessandro, Nicolas Badenco, Guillaume Duthoit, Estelle Gandjbakhch, Carole Maupain, Guillaume Lebreton, Françoise Hidden-Lucet, Pascal Leprince Service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire, service de rythmologie, AP-HP, hôpital de La Pitié-Salpêtrière, Paris   Objectif : Le traitement chirurgical mini-invasif de la fibrillation atriale (FA) isolée est indiqué chez les patients difficiles à traiter par voie endocavitaire. Nous avons évalué notre expérience initiale du traitement chirurgical de la FA isolée par thoracoscopie bilatérale, avec le système Atricure. Méthode : Entre janvier 2016 et janvier 2017, 7 patients ont bénéficié d’un traitement chirurgical de la FA isolée par le système Atricure, à cœur battant, sans CEC. La technique prévoit un abord droit à travers trois ports : après dissection du sinus oblique et transverse, un dissecteur lumineux (Wolff Lumitip®) est utilisé pour guider un clamp bipolaire (Sinergy Clamp®) autour des veines pulmonaires ; une lésion linéaire transmurale sur l’antrum des veines pulmonaires est réalisée par radiofréquence bipolaire bidirectionnelle. Une lésion sur le toit et sur le plancher de l’oreillette gauche (OG) est réalisée à l’aide d’un cathéter par radiofréquence bipolaire unidirectionnelle (CoolRail®). Après avoir réalisé les mêmes lésions du côté gauche, la procédure se termine par l’exclusion de l’auricule gauche par un clip (Atriclip Pro®). L’âge moyen des patients était de 64 ans, 6 hommes et 1 femme ; 3 patients présentaient une cardiomyopathie rythmique, 4 une cardiomyopathie hypertrophique. Tous les patients étaient en FA persistante de longue durée depuis une moyenne de 42 mois, le volume moyen l’OG était de 220 ml, le score CHA2DS2VASC moyen était 3. Résultat : Il n’y a pas eu de complications postopératoires. Un patient est décédé à 10 mois postopératoire pour cirrhose hépatique éthylique. Un suivi minimum de 3 mois a été réalisé pour 5 patients, (moyenne 5 mois) : tous les patients étaient indemnes de FA, 4 étaient sous traitement anticoagulant, un patient sous anti-arythmiques. Conclusion : Le traitement de la FA par voie mini-invasive semble sûr et efficace chez les patients difficiles à traiter par voie endocavitaire. Un suivi à plus long terme est nécessaire pour valider ces résultats à distance.     Minimally invasive surgical ablation of lone atrial fibrillation   Objectives: Minimally invasive surgical treatment of lone atrial fibrillation (AF) is indicated in patient at risk of recurrence after catheter ablation of AF. We evaluated our initial experience of surgical ablation of AF by a bilateral thoracoscopic approach with the Atricure system. Methods: Beteween January 2016 and January 2017, 7 patients underwent an off-pump, beating heart, lone AF surgical ablation with the Atricure system. Surgical technique starts with a right approach trough three ports. After dissection of transverse and oblique sinuses, a light dissector (Wolff Lumitip®) is used to guide a bipolar clamp around pulmonary veins (Sinergy Clamp®); a linear transmural lesion is created with bi-directional bipolar radiofrequency on the antrum of pulmonary veins. Two other lesions on the roof and on the floor of left atrium (LA) are created with a bipolar unidirectional catheter (CoolRail®). After creating the same pattern of lesions on left side, the left appendage is excluded with a clip (Atriclip Pro®). Mean age of patients was 64 years, 6 males et 1 woman; 3 patients had rhythmic cardiomyopathy and 4 a hypertrophic cardiomyopathy. All patients had a history of long standing persistent AF, with a mean duration of 42 months, mean LA volume was 220 ml, mean CHA2DS2VASC score was 3. Results: There were no postoperative complications. A patient died 10 months post-operatively of alcoholic cirrhosys. A minimum 3 months’ follow-up was completed for 5 patients: all patients were free from AF, 4 were under anticoagulant treatment, a patient was under anti-arrhythmic drugs. Conclusion: AF surgical ablation seems to be safe and effective for patients at risk of recurrence after catheter ablation of AF. A longer follow-up is mandatory to confirm these results in the long term.   Séance : Communications libres cardiaque - divers - vendredi 9 juin - 8:00-10:00
mai 24, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Décembre 2016

La vidéochirurgie thoracique par abord unique : quel avenir pour cette voie ? Expérience monocentrique sur 452 patients

Hicham Masmoudi, Harry Etienne, Raphaëlle Sylvestre, Diane Evrard, Raphaël Ouede, Marielle Le Roux, Mihaela Giol, Jalal Assouad   Service de chirurgie thoracique et vasculaire de l’hôpital Tenon, Paris, France. Correspondance : hicham.masmoudi@aphp.fr   Résumé Objectifs : la vidéochirurgie thoracique exclusive (cVATS en anglais) est réalisée dans la majorité des équipes par plusieurs trocarts. Cependant, la cVATS par trocart unique décrite depuis plus de 10 ans ne trouve pas son essor actuellement. Nous proposons de décrire notre expérience de cVATS par trocart unique et de discuter de son avenir. Matériel et méthodes : entre novembre 2009 et avril 2016, nous avons réalisé une étude prospective sur 452 patients opérés par cVATS à trocart unique. À travers une incision de 2 cm, un optique de 30°-10 mm ainsi que 2 instruments étaient introduits. En fin d’intervention, le drain thoracique était extériorisé par la même incision. Résultats : l’âge moyen à la date opératoire était de 34,1 ± 14,8 ans. Les indications chirurgicales étaient principalement : pneumothorax, nodules pulmonaires et biopsies pulmonaires. La durée moyenne de drainage était de 4,6 ± 3,6 jours. À J30, 63,9 % des patients étaient asymptomatiques. Le taux de récidive des pneumothorax était de 3,6 %. 85 % des patients étaient satisfaits d’avoir une cicatrice unique. Conclusion : la cVATS par trocart unique est faisable, efficace et sans danger. La morbimortalité est similaire à la chirurgie par plusieurs trocarts ainsi qu’à la thoracotomie. Le taux de récidive des pneumothorax est également similaire.   Abstract Uniportal (single port) video-assisted thoracic surgery (VATS): why is it not yet widely used? A single institution experience in 452 consecutive patients Objectives: Videothoracoscopy is usually performed using three ports. Uniportal-VATS surgery hasn’t been widely developed yet. We report our single institution experience in uniportal-VATS used for the surgical management of 452 consecutive patients. Methods: Between November 2009 and April 2016, we conducted a prospective study in 452 patients treated mainly for pneumothorax, wedge resections, pleural biopsy and pleural empyema using uniportal-VATS. Through a 2 cm incision at the sixth intercostal space, a 30° 10 mm optic and two instruments were introduced. A single chest tube was introduced through the single incision. Results: The average age was 34.1 ± 14.8 years. Surgical indications were mainly pneumothorax, wedge resections, pleural biopsy and pleural empyema. There was no operative mortality. The average time to chest tube removal was 4.6 ± 3.6 days. Seventy-six patients presented complications (16.8%). At the 30-day control, 63.9% of patients were asymptomatic; 85% of patients were satisfied with the single small scar. The recurrence rate of pneumothorax was 3.6% at 24 ± 13 months. Conclusion: Uniportal-VATS is feasible, safe and reproducible. Morbi-mortality is similar to multiport VATS surgery. The recurrence rate of pneumothorax is comparable with the best results after multiport VATS or thoracotomy approaches. Patients were satisfied with the single small scar.   1. INTRODUCTION La vidéochirurgie thoracique ou chirurgie thoracique vidéo-assistée (cVATS) par plusieurs trocarts demeure la technique de référence pour le traitement de plusieurs pathologies fréquentes tel que le pneumothorax, les biopsies pulmonaires, exérèse de nodules pulmonaires [1]. Comparativement à la thoracotomie, elle présente de nombreux avantages : durée de drainage thoracique et d’hospitalisation plus courte [1]. Par ailleurs, elle semble engendrer moins de douleurs postopératoires ; notamment moins de douleurs de désafférentation [2]. Elle est habituellement réalisée par plusieurs trocarts [1]. Leur placement a pour objectif de reproduire un positionnement naturel pour le chirurgien en réalisant une triangulation : un trocart optique au centre ainsi que 2 trocarts opérateurs de part et d’autre. Depuis plus de 10 ans, la cVATS par trocart unique a été décrite par Rocco et al. dans différentes indications [3,4]. Certains auteurs en ont fait une pratique courante avec la réalisation de gestes de plus en plus complexes [5,6]. Cependant, malgré un engouement initial pour cette approche, nous constatons un manque de développement. Nous proposons de décrire notre expérience monocentrique de cVATS par abord unique utilisé pour 452 patients dans différentes indications. Nous détaillerons dans cet article la technique chirurgicale, les suites opératoires ainsi que les résultats à long terme.   2. Matériel et méthodes 2.1. Patients Entre novembre 2009 et avril 2016, 452 patients ont été opérés par cVATS à trocart unique dans le service de chirurgie thoracique de l’hôpital Tenon. Les indications chirurgicales étaient : a) pneumothorax ; b) exérèse d’un nodule pulmonaire ; c) biopsie pulmonaire ; d) pleurésie purulente ; e) hamartochondrome ; f) hémothorax ; g) chylothorax ; h) fibrome pleural ; i) fenêtre pleuropéricardique. Concernant le traitement chirurgical des pneumothorax, les indications retenues étaient : a) premier épisode de pneumothorax avec bullage persistant pendant plus de 7 jours ou défaut de réexpansion du parenchyme pulmonaire ; b) première récidive homolatérale en fonction du désir du patient ou de ses contraintes professionnelles ; c) deuxième ou troisième récidive homolatérale ; d) pneumothorax à bascule ; e) premier épisode de pneumothorax spontané secondaire sur poumon pathologique ; f) pneumothorax compressif ou hémopneumothorax ; g) désir du patient dès le premier épisode ; h) antécédent de chirurgie de symphyse pleurale homolatérale. Nous avons considéré comme parenchyme pulmonaire pathologique la présence d’un emphysème pulmonaire ou de kystes pulmonaires. Ont été exclus de notre étude les patients présentant de volumineuses dystrophies bulleuses apicales sur les clichés de radiographie thoracique ou scannographiques. En effet, ces patients ont été opérés par cVATS à plusieurs trocarts ou par minithoracotomie.   2.2. Caractéristiques cliniques Pour chaque patient, nous avons colligé les données suivantes : âge à la date opératoire, sexe, indication chirurgicale, durée opératoire moyenne, durée moyenne de drainage thoracique, durée moyenne d’hospitalisation, le nombre de conversions chirurgicales, la douleur postopératoire, les complications, l’évaluation de la douleur lors de la consultation postopératoire à J30, ainsi que le taux de récidive des pneumothorax. Nous avons considéré comme conversion chirurgicale l’ajout d’un ou plusieurs trocarts ou la réalisation d’une minithoracotomie.   2.3. Évaluation préopératoire Pour les patients opérés de pneumothorax, de novembre 2009 à janvier 2013, la tomodensitométrie (TDM) thoracique était réalisée uniquement pour les patients de plus de 40 ans, dont la consommation tabagique était évaluée à plus de 15 paquets-année (PA) ou dont la radiographie thoracique était pathologique. De février 2013 à avril 2016, une TDM thoracique « low-dose » était systématique pour tous les patients. Pour toutes les autres indications chirurgicales, la TDM thoracique était systématiquement réalisée dans le cadre de l’évaluation préopératoire.   2.4. Technique anesthésique peropératoire Les interventions ont été réalisées sous anesthésie générale avec une ventilation mécanique assurée par une sonde d’intubation double lumière. Aucune intervention n’a été réalisée sous anesthésie locorégionale. Aucun cathéter d’analgésie paravertébrale ou péridurale n’a été posé en périopératoire.   2.5. Technique chirurgicale Les patients étaient installés en décubitus latéral. Une incision de 1,5-2 cm était réalisée sur la ligne axillaire moyenne en regard du 6e espace intercostal. La dissection des différents plans était effectuée sans aucune section musculaire. Après ouverture du fascia serratothoracique, l’espace intercostal était largement ouvert de part et d’autre de l’incision cutanée afin d’optimiser l’accès à la cavité thoracique [figure 1]. À travers un écarteur autostatique de type AlexisÒ (écarteur de paroi, XS 1-3 cm, Applied Medical, Rancho Santa Margarita, Californie, États-Unis), étaient ensuite introduits un optique de 30°-10 mm ainsi que 2 pinces fenêtrées.   [caption id="attachment_2970" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. L’incision cutanée est représentée par la courte flèche rouge. L’ouverture de l’espace intercostal est schématisée par la longue flèche noire. Afin d’optimiser l’accès à la cage thoracique, il est nécessaire que l’ouverture de l’espace intercostal soit nettement plus large que l’incision cutanée.[/caption]   Pour toutes les indications chirurgicales, la première étape consistait en une exploration exhaustive de la cavité thoracique. En cas d’adhérences, ces dernières étaient libérées à l’aide de différentes énergies : bipolaire, monopolaire, ultrasons. Pour le traitement des pneumothorax, la 2e étape reposait sur l’identification des dystrophies bulleuses apicales. Afin de procéder à leurs exérèses, nous avons introduit simultanément l’optique, ainsi que la pince fenêtrée [figure 2]. Les dystrophies apicales étaient saisies à l’aide de la pince fenêtrée afin de faciliter leur exposition et leur résection. Ensuite, la pince autocoupante parenchymateuse était introduite en position incurvée afin de sectionner directement le parenchyme pulmonaire présenté par la pince fenêtrée.   [caption id="attachment_2971" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Le vidéothoracoscope de 30°-10 mm, la pince autocoupante parenchymateuse articulée ainsi que la pince fenêtrée sont introduits par la même incision. L’articulation de la pince autocoupante ainsi que les 30 degrés de l’optique permettent de reproduire la triangulation (schéma de gauche, l’étoile bleue représentant la cible à réséquer).[/caption]   La technique de symphyse pleurale a évolué au cours de notre expérience pour des raisons indépendantes de la voie d’abord. De novembre 2009 à mai 2014, nous avons opté pour la réalisation simultanée d’une pleurectomie partielle et d’une abrasion. La délimitation de la zone de résection se faisait à l’aide du crochet coagulateur entre le 2e et le 5e espace intercostal. La pleurectomie était ensuite effectuée par enroulement à l’aide d’une pince à biopsie ou d’une pince fenêtrée. Le reste de la plèvre pariétale était traité par abrasion mécanique au tampon monté d’une plaque de Vicryl® (treillis incolore résorbable, 13,5 x 11 cm, Johnson-Johnson International, Diegem, Belgique). De juin 2014 à avril 2016, la symphyse pleurale se faisait par pulvérisation de 2 flacons de talc chirurgical (Novatech®). Pour les biopsies pulmonaires et les exérèses de nodules pulmonaires, la section du parenchyme pulmonaire était effectuée à l’aide de pinces autocoupantes parenchymateuses en utilisant autant de recharges que nécessaire. Pour les autres indications chirurgicales, nous avons utilisé les instruments habituels de cVATS : pinces fenêtrées, crochet coagulateur, pince monopolaire, pinces à biopsie, aspirateur. Après vérification finale de l’hémostase et sous contrôle visuel de la réexpansion pulmonaire, un drain thoracique siliconé 24 Fr était introduit à travers le même orifice cutané. Un cliché de radiographie thoracique était effectué quotidiennement jusqu’au retrait du drain thoracique. La durée opératoire moyenne a été calculée de l’incision cutanée jusqu’à l’étape de fixation du drain introduit au travers de l’unique incision. Tous les patients de cette série ont été opérés par l’ensemble des chirurgiens de notre équipe : des jeunes chefs de clinique aux chirurgiens seniors.   2.6. Analgésie postopéraoire L’analgésie postopératoire a été débutée durant l’intervention chirurgicale par voie parentérale intraveineuse et maintenue jusqu’à J1 : paracétamol 1000 mg 4 fois par jour ; tramadol 100 mg à libération prolongée 2 fois par jour ; néfopam 20 mg jusqu’à 6 fois par jour à la demande si l’échelle visuelle numérique (EVN) [7] était supérieure à 3/10. Le relais par voie orale était effectué à partir de J2. En cas d’analgésie insuffisante, une pompe à morphine était mise en place jusqu’au retrait du drain thoracique. Un traitement par prégabaline pouvait être initié à la dose de 75 mg 2 fois par jour si le patient présentait des douleurs à caractéristiques neuropathiques (à type de brûlures ou de décharges électriques).   2.7. Soins postopératoires La douleur en postopératoire était évaluée quotidiennement toutes les 8 heures par l’échelle visuelle numérique (EVN) sur une échelle de 1 à 10. Nous avons retenu cette valeur à la 48e heure comme référence pour évaluation de la douleur. Nous avons également calculé à la 48e heure la dose cumulée de morphine consommée pour les patients ayant bénéficié d’une pompe à morphine. Nous avons défini comme fuite d’air prolongé la présence d’un bullage persistant au niveau du drain thoracique pendant plus de 7 jours. Une réexpansion incomplète du parenchyme pulmonaire sur la radiographie thoracique était considérée comme un pneumothorax persistant ou un décollement du parenchyme pulmonaire. Tous les patients ont été revus en consultation de contrôle chirurgicale à J30 avec un cliché de radiographie thoracique. Lors de cette consultation, une évaluation clinique de la douleur était effectuée à la recherche de paresthésies résiduelles postchirurgicales ou de douleurs à caractéristiques neuropathiques (douleurs à type de brûlures ou de décharges électriques). Afin de compléter notre base de données de pneumothorax et d’obtenir des données de récidive postchirurgicale, nous avons contacté les patients opérés de pneumothorax par SMS. Nous avons posé trois questions simples : Avez-vous présenté un nouvel épisode de pneumothorax du côté opéré ? ; Êtes-vous satisfait d’avoir une seule cicatrice ? ; Si vous étiez fumeur au moment de la chirurgie, avez-vous arrêté votre tabagisme ? En l’absence de réponse par SMS, nous avons contacté les patients par courrier avec un questionnaire présentant les trois mêmes questions. Enfin, en l’absence de réponse par courrier, les patients ont été contactés directement par téléphone. L’ensemble de ces données a été colligé de manière prospective. L’ensemble des patients contactés a donné son aval pour être joint par téléphone. Cette base de données a fait l’objet d’une déclaration à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).   3. RÉSULTATS  Nous n’avons eu aucun perdu de vue. Nous présentons nos résultats sur l’ensemble des 542 patients. Par contre, parmi les 371 patients opérés de pneumothorax, uniquement 163 ont pu être contactés pour les données de suivi, notamment la récidive et nous avons obtenu 138 réponses. Par conséquent, le taux de récidive, la satisfaction des patients ainsi que l’arrêt du tabagisme ont été calculés sur ces 138 réponses.   3.1. Patients Concernant l’ensemble des indications chirurgicales, nous avons opéré 452 patients qui se décomposaient de la manière suivante : 341 hommes (75,5 %) et 111 femmes (24,5 %). L’âge moyen à la date opératoire était de 34,1 ± 14,8 ans.   3.2. Indications chirurgicales Les indications chirurgicales sont résumées dans le tableau 1 : pneumothorax (n = 371), exérèse d’un nodule pulmonaire (n = 42), biopsie pulmonaire (n = 15), pleurésie purulente (n = 10), hamartochondrome (n = 7), hémothorax (n = 4), chylothorax (n = 1), fibrome pleural (n = 1) et fenêtre pleuropéricardique (n = 1).   Tableau 1. Résumé des indications chirurgicales des 452 patients opérés par cVATS à trocart unique. Indication chirurgicale Effectif (n = 452) Pneumothorax 371 Exérèse de nodule 42 Biopsie pulmonaire 15 Pleurésie purulente 10 Hamartochondrome 7 Hémothorax 4 Chylothorax 1 Fibrome pleural 1 Fenêtre pleuropéricardique 1 cVATS : complete video-assisted thoracic surgery.   Durant la période d’inclusion, nous avons opéré 465 pneumothorax. Trois cent soixante et onze patients ont été opérés par cVATS à abord unique. Quatre-vingt-quatorze patient n’étaient pas éligibles à cette voie d’abord compte tenu des données d’imagerie préopératoire [tableau 2]. La symphyse pleurale a été effectuée par pleurectomie partielle associée à une abrasion mécanique pour 231 patients, par talcage uniquement pour 131 patients et enfin par abrasion mécanique seule pour 9 patients. Parmi les patients opérés de pneumothorax par cVATS à abord unique, 269 ont bénéficié d’une TDM thoracique en préopératoire.   Tableau 2. Résumé des 857 pneumothorax pris en charge dans notre service durant la période d’inclusion. Type de traitement Total (n = 857) cVATS par trocart unique cVATS par plusieurs trocarts ou mini thoracotomie Traitement chirurgical 465 371 94 Traitement médical 392 cVATS : complete video-assisted thoracic surgery.   Concernant le traitement chirurgical des pneumothorax, les indications retenues étaient : premier épisode de pneumothorax avec bullage persistant pendant plus de 7 jours ou défaut de réexpansion du parenchyme pulmonaire (n = 94), première récidive homolatérale en fonction du désir du patient ou de ses contraintes professionnelles (n = 124), deuxième ou troisième récidive homolatérale (n = 59), pneumothorax à bascule (n = 60), premier épisode de pneumothorax spontané secondaire sur poumon pathologique (n = 18), pneumothorax compressif ou hémopneumothorax (n = 13), désir du patient dès le premier épisode (n = 2), antécédent de chirurgie de symphyse pleurale homolatérale (n = 1) [tableau 3]. La durée opératoire moyenne était de 63,4 ± 26,9 minutes. Le délai moyen avant le retrait du drain thoracique était de 4,6 ± 3,6 jours.   Tableau 3. Indications chirurgicales pour le traitement des pneumothorax. Indication chirurgicale Effectif (n = 371) Bullage persistant > 7 jours 94 1re récidive homolatérale de PSP 124 2e ou 3e récidive homolatérale de PSP 59 Pneumothorax à bascule 60 PSS sur poumon pathologique 18 Pneumothorax compressif ou hémopneumothorax 13 Désir du patient dès le 1er épisode de PSP 2 Antécédent de chirurgie de symphyse pleurale homolatérale 1 PSP : pneumothorax spontané primaire ; PSS : pneumothorax spontané secondaire.   Une conversion a été nécessaire dans 28 cas : nous avons utilisé un second trocart dans 16 cas en raison d’adhérences (n = 11), de difficultés pour visualiser le nodule (n = 2), d’endométriose (n = 1), de thorax étroit (n = 1), d’emphysème pulmonaire (n = 1). La conversion a consisté en une mini-thoracotomie dans 12 cas en raison d’endométriose (n = 11) ou d’adhérences (n = 1) [tableau 4].   Tableau 4. Causes et types de conversions effectuées. Causes de conversions Second trocart (n = 16) Minithoracotomie (n = 12) Adhérences 11 1 Endométriose 1 11 Visualisation du nodule pulmonaire 2 Emphysème pulmonaire 1 Thorax étroit 1   3.3. Soins postopératoires Cent quatre-vingt-onze patients (42,2 %) avaient une pompe à morphine. À la 48e heure postopératoire, la dose cumulée consommée de morphine était de 36,1 ± 25,7 mg. La valeur moyenne de l’EVN était de 2 ± 1,8. Au 30e jour postopératoire, à la consultation de contrôle chirurgicale, 63,9 % des patients étaient asymptomatiques, 27,4 % décrivaient des paresthésies homolatérales à la chirurgie et 8,7 % présentaient des douleurs neuropathiques. Ces dernières étaient traitées par de la prégabaline 75 ou 100 mg au rythme de 2 fois par jour.   3.4. Morbimortalité Nous n’avons recensé aucun décès périopératoire. Soixante-seize patients ont présenté des complications (16,8 %) [tableau 5] qui se décomposent ainsi : pneumothorax résiduel postchirurgie (n = 25) ; bullage prolongé supérieur à 7 jours (n = 24) ; hémothorax (n = 7) ; pyothorax (n = 7) ; pneumopathie (n = 5) ; abcès de paroi (n = 4) ; chylothorax (n = 2) ; épanchement pleural (n = 1) ; hématome intraparenchymateux (n = 1).   Tableau 5. Résumé des 76 complications survenues en postopératoire. Complications Effectif (n = 76) Nombre de réinterventions (n = 14) Pneumothorax résiduel 25 1 Bullage > 7 jours 24 3 Hémothorax 7 7 Pyothorax 7 3 Pneumopathie 5 0 Abcès de paroi 4 0 Chylothorax 2 0 Épanchement pleural 1 0 Hématome intraparenchymateux 1 0   Quatorze patients ont nécessité une reprise chirurgicale au cours de la même hospitalisation pour les raisons suivantes : hémothorax (n = 7) ; bullage prolongé postchirurgie de pneumothorax (n = 3) ; pyothorax (n = 3) ; pneumothorax résiduel postcure de pneumothorax (n = 1). La voie d’abord utilisée pour la reprise chirurgicale était : une minithoracotomie (n = 8) ; cVATS par plusieurs trocarts (n = 5) ; cVATS par trocart unique (n = 1) [tableau 5]. Un nouveau drain thoracique a été posé en cas de pneumothorax résiduel postcure chirurgicale de pneumothorax (n = 10), de pyothorax (n = 4) (associé à un traitement par antibiothérapie), ou de fuites d’air persistantes (n = 2). Le drain thoracique mis en place durant la chirurgie a été conservé de manière prolongé en cas de : fuites d’air persistantes (n = 19), pneumothorax résiduel postcure chirurgicale de pneumothorax (n = 14), chylothorax (n = 2) (associé à un régime sans triglycérides à chaînes lourdes) et d’épanchement pleural (n = 1). Les abcès de paroi (n = 4) et les pneumopathies (n = 5) ont été traités médicalement ainsi que l’hématome intrapulmonaire.   3.5. Suivi à long terme Parmi les 371 patients opérés pour pneumothorax, nous en avons contacté 163 et avons collecté 138 réponses qui se décomposent de la manière suivante : 55 par SMS, 45 par courrier et 38 après contact téléphonique [tableau 6]. Le délai moyen entre la chirurgie et les données de suivi était de 24 ± 13 mois. 85 % des patients ont déclaré être satisfaits de la cicatrice unique (9 patients n’ont pas répondu à cette question). Parmi les patients qui ont déclaré être fumeurs au moment de la chirurgie, 29,5 % ont rapporté un sevrage de leur tabagisme (n = 21) et 12,6 % une diminution de leur consommation (n = 9).   Tableau 6. Répartition des 138 réponses de suivi obtenues pour les 163 patients contactés pour le taux de récidive des pneumothorax Patients inclus pour le calcul du taux de récidive des pneumothorax Effectif (n = 163) Réponses obtenues après SMS 55 Réponses obtenues après envoi du questionnaire 45 Réponses obtenues après échange téléphonique 38 Patients sans réponse 25   3.6. Récidive Le taux de récidive des pneumothorax dans notre étude est de 3,6 %. Cinq patients ont présenté une récidive homolatérale après chirurgie. Trois patients ont été traités par surveillance et 2 ont nécessité une nouvelle intervention chirurgicale par minithoracotomie.   4. DISCUSSION D’après notre revue de la littérature, notre étude inclut le plus grand nombre de patients opérés par cVATS à trocart unique pour des indications autres que la réalisation de biopsies pleurales et de talcage dans le cadre d’épanchements pleuraux néoplasiques ; ces interventions étant réalisées dans la plupart des équipes par une incision unique. Il s’agit d’une chirurgie faisable, efficace et sans danger dans différentes indications. Notre taux de complication est similaire à celui des différentes études publiées sur la cVATS par plusieurs trocarts. Concernant la chirurgie des pneumothorax, notre taux de récidive est similaire à celui habituellement observé par vidéochirurgie thoracique à trocarts multiples. Par ailleurs, 85 % des patients sont satisfaits d’avoir une cicatrice unique. En 2004, Rocco et al. [3] ont publié leur première expérience de cVATS par trocart unique dans différentes indications. Ils ont également publié en 2013 une série de 644 patients témoignant de leur expérience sur 10 ans [4]. Cette voie d’abord a été utilisée pour la réalisation de biopsies pleurales, de biopsies pulmonaires, l’exérèse de nodules ainsi que le traitement de pneumothorax. En 2011, Gonzales-Rivas et al. ont décrit la première résection pulmonaire anatomique majeure par trocart unique [5]. Depuis de nombreuses publications ont été effectuées sur cette thématique avec la réalisation de gestes de plus en plus complexes tels que des résections parenchymateuses pulmonaires bronchoplastiques et/ou angioplastiques [5,6]. Cependant, les publications concernant les résections non anatomiques, les biopsies ganglionnaires et la chirurgie pleurale sont moins nombreuses. Elles sont souvent effectuées sur des effectifs moins importants : 84 patients pour Migliore et al. en 2015 [8]. On constate donc l’absence d’essor dans la pratique quotidienne des équipes chirurgicales de cette voie d’abord depuis sa description en 2004. Certains auteurs ont proposé cette approche dans le cadre de la chirurgie de l’hyperhydrose [9] ou bien en chirurgie pédiatrique pour le traitement de pyothorax [10]. Ce manque de développement nécessite d’être analysé. Afin d’être reproductible, toute nouvelle technique de vidéochirurgie a besoin d’être aussi simple que possible et surtout de permettre aux chirurgiens de reproduire les gestes élémentaires de la vidéochirurgie à plusieurs trocarts en toute sécurité. Rocco et al. [3] ont insisté sur la nécessité d’utiliser des instruments articulés. En effet, les auteurs préconisent de croiser l’extrémité de chaque instrument thoracoscopique dans un plan sagittal. De ce fait, en utilisant comme axe de rotation l’optique, cela permet de reproduire la triangulation habituelle. Cependant, cette gestuelle ne nous paraît pas confortable et difficilement reproductible. Cela pourrait être une des explications de l’absence de développement de cette technique. En effet, même si la finalité est identique, notre approche est totalement différente. Nous utilisons des instruments classiques de vidéochirurgie thoracique. Un des éléments essentiels repose sur l’utilisation combiné d’un optique de 30°-10 mm ainsi que de pinces autocoupantes parenchymateuses articulées, ce qui permet de reproduire la triangulation (comme illustré sur la figure 2). Par ailleurs, le second point clé de notre approche réside dans l’ouverture de l’espace intercostal beaucoup plus large que l’incision cutanée. Cet aspect permet d’optimiser l’accès à la cavité thoracique et ainsi d’obtenir un angle d’attaque beaucoup plus large. Cela permet d’introduire simultanément plusieurs instruments à travers une petite incision. Il en résulte une absence de croisement des mains et une gestuelle beaucoup plus intuitive. Nous pensons donc que notre technique est facilement reproductible avec une courbe d’apprentissage relativement courte du fait de la réalisation de gestes proches de la chirurgie conventionnelle. Dans notre service, tous les chirurgiens réalisent quotidiennement ce type de chirurgie pour le traitement des pneumothorax, la réalisation des biopsies pleurales, des biopsies pulmonaires ainsi que l’exérèse de nodules. La clé de notre technique repose donc dans l’ouverture de l’espace intercostal largement de part et d’autre de l’incision cutanée. La réalisation de la voie d’abord est une étape cruciale pour la réussite de cette chirurgie car elle conditionne l’accès et le confort ultérieur du chirurgien. Dans notre étude, nous avons retenu une seule contre-indication à la cVATS par trocart unique : la présence de volumineuses dystrophies bulleuses apicales sur la radiographie thoracique ou la TDM thoracique. En effet, dans le cadre du traitement des pneumothorax, afin de favoriser la symphyse pleurale, nous avons considéré que ces patients devaient bénéficier d’un remodelage de l’apex pulmonaire avec un drainage double. De ce fait, ils ont été opérés par vidéochirurgie à plusieurs trocarts ou par minithoracotomie. Dans notre série, le taux de complication est de 16,8 %. Ce taux est similaire à celui observé dans la chirurgie à trocart unique : 14 % de complications pour Migliore et al. sur une série de 84 patients [8]. Il existe également des études concernant uniquement la chirurgie des pneumothorax par trocart unique mais uniquement sur de faibles effectifs [2,11]. Notre taux de complications est également similaire à la cVATS par plusieurs trocarts : de 5,7% pour Cardillo sur 333 patients [12] à 27,4 % pour Lang-Lazdunski sur 182 patients [13]. Ces données nous permettent de considérer que la cVATS par trocart unique est une procédure efficace et sans danger. Dans notre étude, à la 48e heure, l’EVA moyenne état de 2 ± 1,7. Chen et al. ont comparé l’EVA à la 48e heure entre 10 patients opérés par cVATS à trocart unique et 10 patients par plusieurs trocarts [14]. La valeur moyenne de l’EVA était respectivement de 4,20 ± 0,78 et 4,25 ± 0,58. Dans un essai randomisé, Freixinet et al. ont évalué la douleur moyenne par EVA à 2,9 ± 1,7 dans le groupe cVATS par plusieurs trocarts et 3 ± 1,3 dans le groupe thoracotomie [15] [tableau 7].   Tableau 7. Principales caractéristiques des études et résultats.   Randomisation Effectif (n) Voie d’abord Taux de récidive (%) cVATS   Thoracotomie Complications (%) CVATS Complications Thoracotomie Douleurs chroniques (%; uniqument pour la cVATS) Paresthésies (%; uniqument pour la cVATS) Matsuzoe et al. (1999) [19] Non 343 3-VATS et Th 11,5 % 2,9 % ND ND ND ND Lang-Lazdunski et al. (2003) [13] Non 182 3-VATS 3 % 27,4 10,7 % ND Sihoe et al. (2004) [16] Non 52 cVATS par plusieurs trocarts ND ND ND ND ND 52,9 % Jutley et al. (2005) [2] Non 16 cVATS par trocart unique 0 % / ND / 14 % ND Salati et al. (2008) [11] Non 28 cVATS par trocart unique 10% / ND / ND 35 % Pagès et al. (2015) [18] Non 7396 cVATS par plusieurs trocarts vs Th 3,8 % 1,8 % 8 % 12 % ND ND Freixinet et al. (2004) [15] Oui 90 cVATS par plusieurs trocarts vs Th (46/44) 4,3 % 0 % 13 % 6,8 % ND ND cVATS : complete video-assisted thoracic surgery ; 3-VATS: chirurgie thoracique vidéoassistée par 3 trocarts ; Th : thoracotomie ; vs : versus ; ND : information non disponible dans l’article original.   Nos données confirment cette tendance où la vidéochirurgie par trocart unique semble moins douloureuse que la chirurgie par plusieurs trocarts ou la thoracotomie. Cependant, lors de la consultation chirurgicale postopératoire à J30, 27,4 % des patients décrivaient des paresthésies homolatérales à la chirurgie et 8,7 % des douleurs neuropathiques. Les douleurs pariétales ainsi que les douleurs chroniques sont habituellement décrites après cVATS par trocart unique ou multiple. Elles sont de l’ordre de 14 à 35 % après vidéochirurgie par trocart unique [2,11]. Sihoe et al. ont rapporté jusqu’à 52,9 % de douleurs chroniques postvidéochirurgie par plusieurs trocarts [16]. Les données de notre étude sont similaires à celles décrites précédemment en termes de paresthésies et de douleurs chroniques. La réalisation de pleurectomies élargies comme technique de symphyse dans le traitement des pneumothorax durant la première période de notre étude peut expliquer ce taux de douleurs ; elles représentent une des raisons pour lesquelles nous avons modifié notre technique de symphyse et opté pour le talcage. Rush et al. ont émis l’hypothèse que l’usage de multiples trocarts pourrait être une source majeure de paresthésies en postopératoire [17]. En effet, chaque incision supplémentaire expose le patient à un nouveau traumatisme du nerf intercostal comparativement à une incision unique selon Jutley [2]. Pour éviter ce traumatisme, Rocco préconise d’utiliser des instruments articulés et de les positionner le long du bord supérieur de la côte [3]. Selon notre expérience, il nous paraît plus judicieux d’utiliser un écarteur autostatique qui a plusieurs avantages : a) protéger le nerf intercostal ; b) optimiser l’accès à la cavité thoracique ; c) éviter un bras de levier excessif des instruments sur l’espace intercostal ; d) éviter le suintement continu de sérosités sur la lentille de l’optique. La faible valeur d’EVA observée dans notre étude pourrait être en partie liée à l’utilisation de cet écarteur. Elle pourrait également être expliquée par l’ouverture large de l’espace intercostal et l’utilisation de talc comme méthode de symphyse pleurale pour une partie des patients traités pour pneumothorax. Cependant, nous pensons que les douleurs postopératoires (paresthésies et douleurs neuropathiques) ont une origine multifactorielle. Elles peuvent être liées au nombre de trocart utilisé mais également à la technique de symphyse pleurale. En effet, la pleurectomie partielle associée à une abrasion mécanique nous paraît plus douloureuse que le talcage simple. Cela pourrait être dû au traumatisme de nombreux nerfs intercostaux avec la pleurectomie et l’abrasion, contrairement au talcage. Les taux de récidive des pneumothorax dans la littérature après chirurgie sont colligés dans le tableau 7. Ils varient de 0 à 10 % pour la vidéochirurgie par trocart unique [2,11] ; de 3 à 11,5 % pour la vidéochirurgie par plusieurs trocarts [13,18,19] et enfin de 1,8 à 2,9 % pour la thoracotomie [18,19] [tableau 7]. Dans la méta-analyse de Barker et al. en 2007 [20], le taux global de récidive était de 5,4 % pour la cVATS par plusieurs trocarts et de 1,1 % pour la thoracotomie. Dans notre étude, le taux de récidive est de 3,6 %, ce qui est comparable aux différents taux précédemment cités. Ce taux a été calculé sur les 138 patients qui ont répondu à notre enquête de suivi. Même s’il ne concerne pas l’ensemble des patients opérés pour pneumothorax, nous considérons cet effectif comme suffisamment conséquent pour être interprétable. Cela nous permet d’affirmer que la chirurgie par trocart unique est efficace. Un bénéfice supplémentaire de la chirurgie par trocart unique est l’aspect esthétique. En effet, il s’agit d’un aspect insuffisamment pris en compte dans notre pratique quotidienne mais source de satisfaction pour les patients. Dans notre étude, 85 % des patients contactés sont satisfaits d’avoir une cicatrice unique. Cela pourrait être un des arguments de développement de cette chirurgie notamment chez une population jeune comme les patients traités pour pneumothorax. Enfin, pour obtenir les données de suivi, nous avons contacté les patients par SMS. Il s’agit d’une méthode innovante et relativement simple qui nous a permis d’obtenir 33,7 % de réponses. Elle pourrait être généralisée afin de collecter de manière plus aisée les informations concernant le suivi des patients. Concernant le tabagisme, nous avons constaté qu’uniquement 29,5 % des patients ont stoppé leur addiction et que 12,6 % ont déclaré avoir diminué leur consommation. Cela permet de souligner l’importance de la prévention et de la sensibilisation sur le tabagisme dès la prise en charge du premier épisode de pneumothorax. L’avenir de la cVATS par abord unique passe peut-être par le développement de la chirurgie ambulatoire dans le cadre des résections pulmonaires parenchymateuses anatomiques et non anatomiques. Elle s’intègre parfaitement dans le processus de récupération améliorée après chirurgie (RAAC), notamment du fait de la diminution des douleurs en période postopératoire.   5. CONCLUSION Notre expérience de cVATS par trocart unique montre qu’il s’agit d’une chirurgie faisable, efficace et sans danger dans différentes indications. La morbimortalité est comparable à la vidéochirurgie par plusieurs trocarts. Concernant la chirurgie des pneumothorax, nos données de suivi montrent un taux de récidive comparable à la vidéochirurgie par plusieurs trocarts ainsi qu’à la thoracotomie. Par ailleurs, les patients contactés ont témoigné être satisfaits d’avoir une cicatrice unique. Cependant, le manque d’expansion de cette approche mérite d’être analysé. Enfin, pour confirmer nos données, une étude randomisée comparant la cVATS à trocart unique et par plusieurs trocarts est nécessaire.   RÉFÉRENCES Inderbitzi RG, Leiser A, Furrer M, Althaus U. Three years’ experience in video-assisted thoracic surgery (VATS) for spontaneous pneumothorax. J Thorac Cardiovasc Surg 1994;107:1410-5. Jutley RS, Khalil MW, Rocco G. Uniportal vs standard three-port VATS technique for spontaneous pneumothorax: comparison of post-operative pain and residual paraesthesia. Eur J Cardio-Thorac Surg Off/J Eur Assoc Cardio-Thorac Surg 2005;28:43-6. 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Acceptation : 15/06/2016. Pré-publication : 12/08/2016.  
décembre 8, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Décembre 2016

Localisation de nodules pulmonaires en VATS grâce au Cone Beam Computed Tomography – étude préliminaire

Simon Rouze1,2,3*, Bertrand de Latour1,2,3, Erwan Flécher1, Julien Guihaire1, Miguel Castro2,3, Romain Corre4, Pascal Haigon2,3, Jean-Philippe Verhoye1,2,3   1. Université de Rennes 1, LTSI, Rennes, France. 2. INSERM, U1099, Rennes, France. 3. Service de chirurgie cardiothoracique et cardiovasculaire, centre hospitalier universitaire de Rennes, France. 4: Service pneumologie, centre hospitalier universitaire de Rennes, France. Correspondance : simon.rouze@chu-rennes.fr   Résumé Introduction : le but de cette étude est d’évaluer la faisabilité de l’utilisation peropératoire du CBCT afin de développer une nouvelle procédure de localisation peropératoire de nodules pulmonaires en chirurgie vidéothoracoscopique. Matériels et Méthodes : les patients inclus étaient âgés de plus de 18 ans. Ils devaient présenter des lésions pulmonaires uniques ou multiples d’une taille allant de 5 à 20 mm. Ces lésions étaient identifiées en préopératoire grâce à un scanner. La procédure, réalisée sous anesthésie générale, débutait par l’introduction des trocarts de chirurgie et la création d’un pneumothorax. Ensuite était réalisée une acquisition en CBCT. La segmentation était ensuite faite, permettant d’obtenir une reconstruction 3D de la lésion. Puis, grâce à la réalisation de scopie sur laquelle était projetée la segmentation en réalité augmentée, le nodule était localisé pendant la vidéothoracoscopie. Résultats : de mars 2014 à mars 2015, 8 patients ont été inclus dans notre étude. L’âge moyen est de 61 ± 11,7 ans [37-74 ans]. La taille moyenne des lésions était de 13,2 ± 5,1 mm [5-20 mm] et leur profondeur moyenne par rapport à la plèvre de 21,4 ± 10,7 mm [5-36 mm]. La densité moyenne des lésions était de 77,3 ± 81,7HU [0-250 HU]. Quatre patients ont subi une résection de type wedge, 2 patients un wedge suivi d’une lobectomie, un patient un wedge du lobe supérieur associé à une lobectomie inférieure et un patient, une bilobectomie (après conversion en thoracotomie). Le temps opératoire moyen était de 100,6 ± 36,7 min [60-150 min]. Nous avons été capable de détecter tous les nodules et de réaliser la résection dans tous les cas grâce à la scopie en réalité augmentée. Le temps moyen de scopie était de 134,2 ± 55,0 s [24-204 s]. Le temps moyen entre l’incision cutanée et la localisation du nodule était de 11,8 ± 3,8 min [7-17 min]. Conclusion : à notre connaissance, ce travail est le premier décrivant l’application clinique de l’utilisation du CBCT en peropératoire en chirurgie thoracique. Une telle utilisation est faisable et semble représenter un outil efficace pour détecter et aider à la localisation de petits nodules pulmonaires en VATS. Associé à la réalité augmentée, cet outil offre une avancée significative pour la vidéothoracoscopie et la résection de nodules centimétriques non palpables.   Abstract Localization of pulmonary nodules during VATS thanks to cone beam computed tomography – a preliminary study Objective: To describe a non-invasive guidance procedure, using intraoperative cone beam computed tomography (CBCT) and augmented fluoroscopy to guide lung resection during video-assisted thoracic surgery (VATS). Materials and methods: Patients with solitary or multiple lung nodules between 5 and 20 mm were included. Under general anesthesia, a moderate pneumothorax allowing the CBCT acquisition was first performed. Then a segmentation of the lesion was performed on a 3D reconstruction. A projection of this 3D reconstruction was then integrated into the digital workspace and automatically registered into the fluoroscopic images, creating an augmented fluoroscopy. The procedure was continued with classic video-thoracoscopic vision taking account of the augmented fluoroscopy to locate the targeted nodule. Results: Eight patients were included (mean age 61 ± 11.7 years): seven patients had an isolated lesion and one patient had two lesions (mean size 13.2 ± 5.1 mm). Mean depth to the pleura was 21.4 ± 10.7 mm. Four patients underwent a wedge resection associated with lymph node resection. Two patients had an initial wedge resection followed by a complementary lobectomy associated with lymph node resection (primary lung tumor). One patient had a wedge resection in the upper lobe and a lobectomy of the inferior lobe associated with lymph node resection. One patient underwent a conversion and a bilobectomy due to vascular injury. Mean global operating time was 100.6 ± 36.7 min. All the nodules have been identified on the CBCT acquisitions. Segmentation of the lesion has been performed in all cases. We have been able to detect all the nodules and to successfully perform the resection in all cases thanks to the augmented fluoroscopy. The mean scopic time was 134.2 ± 55.0 s. The mean imaging time, between the incision and the final nodule localization, was 11.8 ± 3.8 min. Conclusion: This paper is the first describing a clinical application of CBCT performed during thoracic surgery. Associated with augmented reality, it offers a significant advance to VATS resection of subpalpable lung nodules. This preliminary experience highlights the potential of the proposed CBCT approach to improve the perception of targeted small tumors during VATS.   1. INTRODUCTION Avec le développement des programmes de dépistage du cancer bronchopulmonaire par le biais des scanners « low-dose » [1], le nombre de nodules pulmonaires d’histologie indéterminée est amené à croître de manière considérable [2]. Or, la vidéothoracoscopie (VATS) est un outil crucial dans l’obtention de l’histologie de ces lésions [3,4]. Les méthodes de guidage des nodules en VATS restent majoritairement préopératoires, invasives, nécessitant une imagerie tomodensitométrique (TDM) additionnelle, avec des taux de complications et de non-efficacité du dispositif de guidage non négligeables [5-7]. Parallèlement, le Cone Beam Computed Tomography (CBCT) est une modalité d’imagerie qui connaît un véritable essor (implantologie, chirurgie maxillofaciale, radiothérapie, procédures endovasculaires) [8-11]. Cette imagerie rayon X permet d’obtenir des images tridimensionnelles d’une qualité semblable au scanner en résolution spatiale et proche en résolution en contraste. Concernant les pathologies pulmonaires, le CBCT a été étudié en pneumologie interventionnelle, en radiothérapie et en radiologie [12-14]. L’irradiation induite par un CBCT thoracique est en outre moindre qu’un TDM thoracique conventionnel : respectivement 2,3 à 5 mSv versus 4 à 18 mSv [15,16]. Le but de cette étude est d’évaluer la faisabilité de l’utilisation peropératoire du CBCT afin de développer une nouvelle procédure de localisation peropératoire de nodules pulmonaires en chirurgie vidéothoracoscopique.   2. MATÉRIELS ET MÉTHODES   2.1. Critères d’inclusion Les patients inclus dans ce protocole sont âgés de plus de 18 ans. Ils doivent présenter des lésions pulmonaires uniques ou multiples d’une taille allant de 5 à 20 mm. La nature de ces lésions peut être connue (lésion pulmonaire primitive, localisation secondaire d’un autre cancer) ou inconnue (chirurgie diagnostique associée ou non à une chirurgie thérapeutique). La distance par rapport à la plèvre de la lésion n’est pas un critère de sélection. En préopératoire, l’identification de ces lésions est réalisée grâce à une TDM thoracique avec des coupes « parenchymateuses » fines (1,25 mm). Ils ont également bénéficié de la réalisation d’un TEP-scan 18 FDG, pour mettre en évidence une éventuelle activité hypermétabolique de la lésion à réséquer. Les patients ont eu un bilan préopératoire conventionnel préalable à une chirurgie thoracique : radiographie pulmonaire de face ; explorations fonctionnelles respiratoires, avec notamment VEMS-CV ± DLCO ± VO2max ; bilans biologiques (NFS, ionogramme sanguin, bilan d’hémostase, groupe, Rhésus, RAI) ; électrocardiogramme ± échographie cardiaque ; fibroscopie bronchique ± biopsies bronchiques. Si une histologie préopératoire a été obtenue, elle l’a été selon les modalités suivantes : biopsie transbronchique ; ponction transpariétale scannoguidée. Les patients ont été informés de la réalisation de la procédure et ont signé un consentement éclairé.   2.2. Critères de non-inclusion Les patients présentant les caractéristiques suivantes n’ont pas été inclus dans l’étude : réintervention (antécédent de chirurgie thoracique homolatérale) ; incapacité à réaliser ou obtenir une ventilation unipulmonaire lors de la chirurgie ; personne majeure faisant l’objet d’une protection légale (sauvegarde de justice, curatelle, tutelle) ; personne privée de liberté.   2.3. Déroulement de la procédure La figure 1 résume le déroulé complet de la procédure.   [caption id="attachment_2974" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Algorithme détaillant la succession des étapes de la procédure de localisation.[/caption]   2.3.1. Installation L’installation du patient lors des acquisitions se fait en conditions chirurgicales, c’est-à-dire en décubitus latéral [figure 2]. En chirurgie thoracique conventionnelle, l’installation en décubitus latéral est permise par : un appui sternal ; un appui fessier ; appui bras du côté du décubitus ; bras du côté opéré pendant.   [caption id="attachment_2975" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Installation du patient : décubitus latéral droit, bras semi-pendant, stabilisé par le matelas coquille.[/caption]   Or, lors d’une acquisition DynaCT, l’ensemble des flans de la table opératoire doivent être libres, pour autoriser une rotation complète à 211° de l’amplificateur de brillance (C-arm). Aussi, l’ensemble des appuis a dû être supprimé. Pour permettre une stabilité du patient en décubitus latéral, un matelas « coquille » à dépression a été utilisé. Le positionnement des bras a également été adapté : classiquement, le bras opposé à la lésion est en abduction à 90° sur un appui bras, et le bras homolatéral à la lésion est laissé pendant permettant une décoaptation des espaces intercostaux. Or, du fait de la rotation du C-arm autour de la table, une telle installation n’est pas réalisable. Toutefois, l’acquisition rotationnelle a été rendue possible grâce aux modifications suivantes : le bras opposé à la lésion est installé fléchi vers la tête, calé par une gouttière radiotransparente ; le bras homolatéral à la lésion est placé semi-pendant, reposant sur la table d’opération. En outre, toujours en raison de l’acquisition rotationnelle, l’ensemble des éléments situés à la tête du patient doit être libre, posant une nouvelle fois des impératifs d’installation. Ainsi, les tubulures de perfusion, du cathéter péridural et les tuyaux du ventilateur mécanique sont regroupés et suspendus pour éviter tout conflit avec le C-arm. De même, les champs doivent être attachés au plus près de la table d’intervention, pour prévenir tout arrachage intempestif par le détecteur ou le tube du C-arm.   2.3.2. Acquisition CBCT Les acquisitions de Cone Beam Computed Tomography sont obtenues grâce à la fonction DynaCT d’un C-arm conçue pour être utilisée en peropératoire : il s’agit de l’Artis Zeego System®, produit par la société Siemens Healthcare. Celui-ci dispose d’un capteur plan et d’une matrice de 2048 x 1538 éléments. Les paramètres de notre protocole DynaCT sont les suivants : incrément de l’angle de rotation : 0,5° ; matrice de 512 x 512 voxels ; 211° de trajectoire circulaire, durant 8 secondes ; une dose délivrée de 0,36 mGy par coupe en moyenne ; un total de 419 projections. Les images ainsi acquises sont transférées sur une station de travail dédiée (MMWP station, Siemens Healthcare). Les images DynaCT sont reconstruites avec une épaisseur de 1 mm, dans les plans axial, coronal et sagittal [figure 3].   [caption id="attachment_2976" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Reconstruction multiplanaire à partir du CBCT.[/caption]   Les acquisitions sont réalisées patient anesthésié, installé, champs opératoires en place, dans des conditions d’asepsie complète. Avant l’acquisition, on procède comme suit : mise en place du premier trocart de vidéothoracoscopie sous contrôle de la vue permettant l’insertion du vidéothoracoscope ; exclusion du poumon par l’anesthésiste ; insufflation d’oxygène (débit entre 1 et 4 L/min) pour permettre un trapping du poumon. En effet, un collapsus trop important du poumon (une atélectasie complète) rend le parenchyme pulmonaire trop dense pour pouvoir le distinguer de la lésion à repérer ; l’acquisition rotationnelle est ensuite réalisée, poumon controlatéral non ventilé (le temps de l’acquisition seulement).   2.3.3. Procédure chirurgicale Le matériel de vidéothoracoscopie utilisé est le suivant : optique Stryker 30°-10 mm (Stryker Corporate) ; caméra haute définition et colonne de vidéochirurgie Stryker (Stryker Corporate) ; instruments de vidéothoracoscopie dédiés Delacroix-Chevalier (particulièrement pinces à préhension fenêtrées) ; instruments de chirurgie conventionnels ; trocarts à usage unique 10 mm. bistouri électrique. La procédure de VATS est réalisée par le biais de trois incisions cutanées permettant une triangulation. Chacune de ces incisions cutanées autorise la mise en place d’un trocart par lequel sont introduits les instruments de vidéochirurgie. Celles-ci doivent être éloignées d’un minimum de 80 mm pour prévenir le conflit entre les instruments. Une fois la lésion localisée, celle-ci est réséquée au moyen d’un système d’agrafage automatique (Endo GIA®, Covidien Corporate). Un examen extemporané sera alors réalisé. En fonction de ce dernier, un geste complémentaire sera réalisé ou non (curage ganglionnaire médiastinal ou lobectomie + curage ganglionnaire médiastinal).   2.3.4. Segmentation de la lésion et placement du repère Une fois les images DynaCT obtenues, le nodule est identifié dans le parenchyme pulmonaire grâce aux reconstructions multiplanaires (MPR). Une fois ce repérage effectué, la lésion est segmentée au moyen d’une segmentation semi-automatique par croissance de région. Enfin, nous utilisons la fonction syngo InSpace EP du logiciel dédié Siemens pour intègrer le volume segmenté au volume de travail.   2.3.5. Localisation peropératoire de la lésion en fluoroscopie et VATS Une fois les trocarts en place, l’acquisition DynaCT, le repérage du nodule et la réalisation de sa segmentation réalisés, la procédure de localisation peut débuter. La lésion segmentée lors de l’étape précédente est localisée dans l’espace, en position absolue, par rapport à la table opératoire. Ainsi, lors d’une acquisition en fluoroscopie conventionnelle, la projection 2D de cette segmentation sera faite de manière automatique, sur l’écran de scopie, associant l’image de la fluoroscopie et l’image de DynaCT segmentée, en temps réel (fonction iPilot dynamic). En effet, les acquisitions CBCT (et donc la reconstruction du nodule) et le positionnement du C-arm (et donc les images de scopie) se font dans le même repère ; la fusion des 2 modalités d’image est donc faite de manière automatique. Les instruments de vidéochirurgie, sous contrôle de la caméra endoscopique et sous contrôle fluoroscopique, sont alors introduits. Ils vont être positionnés sur la zone représentant la lésion segmentée, guidés par l’écran de fluoroscopie augmentée. En contrôlant également sur l’écran de vidéo, le parenchyme pulmonaire est alors délicatement saisi, en prenant une attention toute particulière à ne pas mobiliser le poumon. Une seconde acquisition fluoroscopique selon une incidence différente est alors réalisée pour positionner une seconde pince à préhension, permettant une localisation plus précise de la lésion pulmonaire (en gardant toujours un contrôle par l’écran de vidéochirurgie) [figure 4].   [caption id="attachment_2977" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Procédure de localisation peropératoire avec l’écran de scopie augmentée (en haut à gauche).[/caption]   3. RÉSULTATS   3.1. Caractéristiques des patients De mars 2014 à mars 2015, 8 patients ont été inclus dans notre étude. L’âge moyen est de 61 ± 11,7 ans [37-74 ans]. Sept patients avaient une lésion unique et un patient avait 2 lésions : une lésion devait être localisée pour bénéficier d’un wedge ; l’autre, plus grosse, non (lobectomie programmée dans un autre lobe). Deux patients ont subi la résection d’un nodule inférieur à 10 mm : l’un d’eux avait 2 lésions (patient cité ci-avant) et l’autre avait un antécédent de cancer expliquant notre attitude agressive (patient 1). La taille moyenne des lésions était de 13,2 ± 5,1 mm [5-20 mm] et leur profondeur moyenne par rapport à la plèvre de 21,4 ± 10,7 mm [5-36 mm]. La densité moyenne des lésions était de 77,3 ± 81,7 HU [0-250 HU]. Les caractéristiques des patients sont résumées dans le tableau 1.   Tableau 1. Caractéristiques préopératoires des patients. Patient Âge IMC (kg/m2) Localisation de la lésion Taille (mm) Densité moyenne (HU) Distance à la plèvre (mm) 1 64 36 lobe supérieur droit 8 0 18 2 37 23 lobe inférieur gauche 16 250 5 3 54 25 lobe inférieur droit 12 100 30 4 67 35 lobe inférieur droit 16 88 36 5 59 24 lobe supérieur droit 11 0 20 6 61 43 lobe inférieur droit 20 13 28 7 72 38 lobe inférieur gauche 18 90 26 8 74 34 lobe supérieur gauche (+ lobe inférieur gauche : lésion plus grosse ; pas de localisation de cette lésion) 5 77 8,6   IMC : indice de masse corporelle ; HU : Hounsfield Unit.   3.2. Geste chirurgical Quatre patients ont subi une résection de type wedge associée à un curage ganglionnaire médiastinal. Deux patients ont eu un wedge suivi d’une lobectomie associée à un curage en raison de la nature de la tumeur à l’examen extemporané (adénocarcinome bronchique). Un patient a eu un wedge du lobe supérieur associé à une lobectomie inférieure et un curage ganglionnaire. Un patient, après la localisation peropératoire (lésion très profonde, proche de l’artère pulmonaire), devait subir une lobectomie. Mais du fait d’une plaie artérielle, il a subi une bilobectomie après conversion en thoracotomie. Le temps opératoire moyen était de 100,6 ± 36,7 min [60-150 min]. La nature anatomopathologique des lésions était un adénocarcinome bronchopulmonaire pour 2 patients, des métastases pour 4 patients, une tumeur carcinoïde typique pour un patient et une lésion fibreuse aspécifique pour le dernier. Toutes les résections étaient R0. Ces données figurent dans le tableau 2.   Tableau 2. Geste chirurgical. Patient Type de résection Temps opératoire total (min) Histologie de la lésion Qualité de la résection 1 wedge + CG 70 Lésion fibreuse (bénigne) NA 2 wedge + CG 60 Métastase de rhabdomyosarcome R0 3 wedge + CG 70 Métastase de cancer ORL R0 4 bilobectomie inférieure (plaie artérielle) 150 Métastase de cancer à cellule claire (rein) R0 5 LSD + CG 100 Adénocarcinome pulmonaire R0 6 wedge + CG 80 Tumeur carcinoïde R0 7 wedge suivi de LIG + curage ganglionnaire 150 Adénocarcinome pulmonaire R0 8 wedge lobe supérieur gauche + LIG +CG 125 Métastase de rhabdomyosarcome R0 CG : curage ganglionnaire ; LSD : lobectomie supérieure droite ; LIG : lobectomie inférieure gauche.   3.3. Acquisition CBCT peropératoire Pour les 8 patients, l’acquisition CBCT a été réalisée avec succès. Dans tous les cas, la lésion a pu être identifiée sur les images obtenues. Pour 2 patients, l’acquisition DynaCT a néanmoins due être répétée. Les raisons de cette répétition étaient les suivantes : pneumothorax trop important, entraînant un collapsus et une densification trop importante du parenchyme pulmonaire ; la distinction entre le nodule et le parenchyme sain était alors impossible ; reventilation inattendue du poumon exclu et mauvais cadrage du thorax. L’estimation de l’irradiation induite par la procédure était de 4258 ± 2242 μGy.m2 [1232-8283 μGy.m2]. Plusieurs paramètres ont influé sur la qualité des images : la morphologie des patients : les patients minces avaient une meilleure résolution en contraste ; l’apnée : l’incapacité à réaliser une apnée lors de l’acquisition CBCT induit un flou cinétique important ; le trapping optimal du poumon avec un pneumothorax ni trop important ni trop faible. La segmentation a été réalisée avec succès pour l’ensemble des patients.   3.4. Localisation peropératoire avec scopie en réalité augmentée Nous avons été capable de détecter tous les nodules et de réaliser la résection dans tous les cas grâce à la scopie en réalité augmentée. Pour 5 patients, une seule incidence de scopie a permis de localiser de manière pertinente le nodule. Le temps moyen de scopie était de 134,2 ± 55,0 s [24-204 s]. Le temps moyen entre l’incision cutanée et la localisation du nodule était de 11,8 ± 3,8 min [7-17 min]. Les détails relatifs à l’imagerie sont présentés dans le tableau 3.   Tableau 3. Détails relatifs à l’imagerie. Patient Temps de scopie (sec) Temps d'imagerie (min) Estimation de la dose d'irradiation (μGym2) 1 24 17 4695 2 174 11 1232 3 204 15 2932 4 126 9 5655 5 126 16 2468 6 150 8 8283 7 168 7 5559 8 102 11 3239   3.5. Suites opératoires Tous les patients sont vivants et sont sortis de l’hôpital. La durée moyenne d’hospitalisation était de 6,0 ± 3,7 jours [4-15 j]. Un patient a présenté une pneumopathie postopératoire avec un bullage prolongé et un autre a présenté une AC/FA paroxystique après la procédure.   4. DISCUSSION À ce jour et à notre connaissance, ce travail est le premier décrivant l’utilisation peropératoire du CBCT lors d’une chirurgie thoracique. Cette étude montre que le CBCT est un outil utilisable et pertinent pour la localisation peropératoire des nodules pulmonaires avec le concours de la réalité augmentée. En effet, nous avons montré que l’utilisation du CBCT peropératoire était faisable et permettait d’obtenir des images sur lesquelles sont identifiables les nodules pulmonaires. Ces résultats ont d’ailleurs déjà été démontrés en pneumologie interventionnelle, en radiothérapie, en radiologie, mais jamais lors d’une chirurgie thoracique [12-14,17]. Nos interventions chirurgicales étaient d’une durée conventionnelle, en incluant le temps d’acquisition CBCT et de localisation du nodule. Nous n’avons pas à déplorer de complications directement liées à la procédure de localisation ; un patient a en revanche dû subir une bilobectomie à la place d’une lobectomie à cause d’une plaie artérielle. De plus, l’irradiation additionnelle liée à la procédure est acceptable, représentant la moitié d’un scanner conventionnel. En pneumologie interventionnelle, Hohenforst-Schmidt et al. ont utilisé une approche assez similaire à la nôtre [13]. Après l’acquisition CBCT, la lésion ciblée est localisée sur les images en reconstruction multiplanaire. L’arbre trachéobronchique est identifié et le trajet endobronchique optimal de l’endoscope jusqu’au nodule est projeté sur les images de scopie, en réalité augmentée. Ainsi, ces images de scopie en réalité augmentée et les images classiques du fibroscope sont utilisées en même temps. Les auteurs décrivent l’utilisation de la jet-ventilation comme moyen d’éviter le flou cinétique et d’optimiser la précision de la localisation lorsque les apnées ne sont pas possibles lors de la procédure. En chirurgie thoracique, Ohtaka et al. ont associé la technologie CBCT à la VATS. Néanmoins, l’utilisation du CBCT est, en réalité, réalisée en préopératoire pour placer un hameçon ; de plus ils utilisent un O-arm et non un C-arm [17]. Plus important, on reprochera à ce travail un taux inquiétant de fistules bronchopulmonaires (3 fistules sur 10 cas rapportés). Dans le même ordre d’idées, d’autres travaux en chirurgie thoracique ont rapporté l’utilisation du CBCT, mais il s’agissait à chaque fois d’une utilisation avant l’initiation de la chirurgie pour mettre en place un marqueur [18-20]. En revanche, dans un travail préliminaire (expérimentation animale), Schafer et al. décrivent une approche similaire à la nôtre. Ils combinent l’acquisition CBCT, un recalage automatique, un système de guidage optique et de la réalité augmentée [21]. Ainsi, toutes les informations sont apparemment représentées sur l’écran de vidéothoracoscopie. L’utilisation de l’échographie peropératoire à travers les orifices de trocart semble être une alternative très intéressante à notre méthode, technique notamment développée par l’équipe de Montréal [22]. Non invasive, non irradiante, d’une durée de moins de 10 minutes, utilisable en peropératoire, l’échographie peropératoire semble séduisante. Néanmoins, on peut tout de même s’interroger sur la courbe d’apprentissage décrite comme très courte selon les auteurs (quand on sait la dépendance à l’opérateur de l’échographie en générale). De même près de 60 % des nodules localisés étaient à moins d’un centimètre de la plèvre et 8 nodules faisaient plus de 20 mm de grand axe (un mesurait même 62 mm). En dépit du fait qu’aucun patient avec des nodules en verre dépoli n’a été inclus dans cette étude pilote, l’utilisation du CBCT en peropératoire dans cette indication trouverait pourtant tout son intérêt [12,17]. Cependant, la densité du parenchyme pulmonaire sain est de - 900 HU, comparé à - 800 jusqu’à - 650 HU pour les nodules en verre dépoli. Bien que la différence de contraste en résolution du CBCT et du scanner conventionnel ne soit que de 5 HU, le pneumothorax et l’affaissement du poumon induisent sa densification. La densité du parenchyme sain et celle du nodule en verre dépoli tendraient donc à se confondre. Un système de recalage mériterait donc d’être développé. En comparaison aux autres systèmes de localisation actuellement disponible, l’utilisation de notre système utilisant le CBCT et la réalité augmentée présente de réels avantages. Il s’agit d’une procédure courte, non invasive, pouvant être réalisée par le chirurgien en personne au bloc opératoire. Le bénéfice en terme organisationnel – quand on sait la difficulté d’organiser les ponctions préopératoires – est non négligeable. Des limites sont néanmoins à opposer à ce travail. Tout d’abord nous sommes confrontés à une véritable méconnaissance des propriétés biomécaniques exactes du parenchyme pulmonaire : grande déformabilité en périphérie, rigidité près des régions hilaires et de l’arbre trachéobronchique. En outre, le poumon est un organe très mobile, plus « plastique » qu’« élastique », avec une vraie mémoire de forme lorsqu’il est non ventilé. De plus, nous réalisons une acquisition CBCT du poumon dans une certaine conformation (position, déflation). Dès lors que le poumon est mobilisé, cette acquisition CBCT n’est plus valide. Aucune solution simple n’existe à l’ensemble de ces difficultés. Une partie des réponses a été proposée par Uneri et al. [23]. Ils décrivent le comportement du poumon après création du pneumothorax à partir de CBCT réalisés en conditions chirurgicales. Néanmoins ce travail apporte une méthode de recalage extrêmement compliquée, dont l’application clinique est clairement limitée par la complexité du modèle mathématique utilisé. De plus, notre approche innovante n’a été réalisée que sur 8 patients. En conséquence, ce travail n’établit pas la supériorité ni même la validité de notre système de localisation. Il met en évidence sa faisabilité et son applicabilité à la pratique clinique, avec des résultats préliminaires très encourageants. Des travaux complémentaires avec un plus grand nombre de patients sont indispensables. Une autre limite de cette étude consiste dans le fait qu’elle a été réalisée dans une salle hybride. Ce type de salles n’est pas utilisé en pratique courante en chirurgie thoracique. En effet, ces salles sont présentes le plus souvent dans des centres de recherche et leur coût limite de manière importante l’applicabilité de ce travail. De plus, elles sont souvent dédiées aux équipes de cardiologie, radiologie, chirurgie cardiaque et vasculaire. Trouver des disponibilités additionnelles aux équipes de chirurgie thoracique n’est pas chose facile. Ces limites vont probablement disparaître avec le développement de C-arm équipés de CBCT, plus conventionnels et mobiles [21]. Cette étude pilote ouvre de nombreux axes de recherche. Au vu de ses limites, le développement d’un système de recalage semble opportun, reposant sur une étude des propriétés biomécaniques du poumon. Ceci sera appliqué aux problématiques du nodule en verre dépoli et à la mobilisation du poumon. Un autre champ de recherche serait de développer un outil projetant directement la réalité augmentée sur l’écran de vidéothoracoscopie sans avoir recours à la scopie mais utilisant des systèmes de localisation optiques ou magnétiques.   5. CONCLUSION À notre connaissance, ce travail est le premier décrivant l’application clinique de l’utilisation du CBCT en peropératoire en chirurgie thoracique. Une telle utilisation est faisable et semble représenter un outil efficace pour détecter et aider à la localisation de petits nodules pulmonaires en VATS. Associé à la réalité augmentée, cet outil offre une avancée significative pour la vidéothoracoscopie et la résection de nodules centimétriques non palpables.   RÉFÉRENCES National Lung Screening Trial Research Team, Aberle DR, Adams AM, Berg CD, Black WC, Clapp JD et al. Reduced lung-cancer mortality with low-dose computed tomographic screening. N Engl J Med 2011;365:395-409. Pinsky PF, Berg CD. 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décembre 8, 2016
Vol. 20 JA2016 - thoracique

T-09 – Lancement d’un programme de chirurgie thoracique robot-assistée : sécurité et qualité

Henri de Lesquen, Ilies Bouabdallah, Diane Mège, Joséphine Chenesseau, Charles-Henri David, Bastien Orsini, Lucile Gust, Geoffrey Brioude, Delphine Trousse, Xavier-Benoît D’Journo, Christophe Doddoli, Pascal-Alexandre Thomas Institution : Service de chirurgie thoracique et maladies de l’œsophage, hôpital Nord, AP-HM, Marseille Objectif : Comparer l’expérience initiale de chirurgie robotique (RATS) avec celle d’un programme de chirurgie vidéo-assistée (VATS) établi. Méthode : Les résultats précoces de 76 patients opérés d’une lobectomie pour cancer selon une technique VATS par le chirurgien le plus expérimenté ont été comparés aux résultats de 87 patients opérés avec une technique RATS par un seul chirurgien pendant 24 mois. Résultat : Le temps opératoire était plus long dans le groupe RATS (moyennes : 134,5 ± 37,7 min vs 154,2 ± 47,3 min, p = 0,004). La morbidité globale était similaire (43,4 % vs 39,1 %, p = 0,57). Cinq patients dans le groupe VATS ont nécessité des transfusions sanguines et un dans le groupe RATS (p = 0,12). Les taux de réadmission à 90 jours étaient similaires (3,9 % vs 6,9 % ; p = 0,38). Les taux de mortalité à 90 jours étaient de 2,6 % et 0 % (p = 0,12). Un plus grand nombre de ganglions N2 étaient prélevés dans le groupe VATS (moyennes : 9,92 ± 5,41 vs 6,24 ± 5,584 ; p < 0,0001). La proportion d’upstaging ganglionnaire était similaire dans les deux groupes (16 % vs 13 % ; p = 0,65). Conclusion : La technique RATS dès ses débuts semble être aussi sûre que la technique VATS pour la période postopératoire de 90 jours.
novembre 29, 2016