A la une · Chirurgie thoracique · Vol. 23 Décembre 2019

Chirurgie des tumeurs neuroendocrines pulmonaires : étude rétrospective de 253 cas

Armand Cluzel, Joséphine Chenesseau, Alex Fourdrain, Iliès Bouabdallah, Delphine Trousse, Geoffrey Brioude, Lucile Gust, Christophe Doddoli, Xavier Benoît D’Journo, Pascal Alexandre Thomas*   Service de chirurgie thoracique et des maladies de l’œsophage, Aix-Marseille université, CNRS, Iiserm, Centre de recherche en cancérologie (CRCM), hôpital Nord, Aix-Marseille université, Marseille.   * Correspondance : pathomas@ap-hm.fr   DOI : 10.24399/JCTCV23-4-CLU Citation : Cluzel A, Chenesseau J, Fourdrain A, Bouabdallah I, Trousse D, Brioude G, Gust L, Doddoli C, D’Journo XB, Thomas PA. Chirurgie des tumeurs neuroendocrines pulmonaires : étude rétrospective de 253 cas. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(4). doi: 10.24399/JCTCV23-4-CLU   RÉSUMÉ Objectif : évaluer la prise en charge chirurgicale à visée curative des tumeurs neuroendocrines pulmonaires (TNEP) et sa qualité. Méthode : étude monocentrique rétrospective des patients opérés de TNEP de 2004 à 2018. Étaient évalués les données démographiques, la présentation clinique, les pratiques préopératoires, les pratiques chirurgicales (respect des recommandations sur le curage médiastinal), les traitements adjuvants et la survie. Résultats : deux cent cinquante-trois patients ont été opérés : 164 pour carcinoïde typique (CT), 39 pour carcinoïde atypique (CA), 17 pour carcinome neuroendocrine à grandes cellules (CNEGC) et 33 pour carcinomes à petites cellules (CPC). Sur cette période, on notait une augmentation des TNEP de 269%. L’exérèse réalisée était anatomique pour 239 patients (94%) avec un curage ganglionnaire respectant les recommandations ESTS (European Society of Thoracic Surgeons) dans 66% des cas avec 14,9±8 ganglions prélevés. La survie à 5 ans était de 85,5% pour les TNEP : 98% pour les CT, 96% pour les CA, 59% pour les CNEGC et 32% pour les CPC. L’atteinte ganglionnaire était un facteur de mauvais pronostic. Conclusion : en forte augmentation ces dernières années, la chirurgie des TNEP doit rester guidée par les principes oncologiques recommandés pour permettre une survie à long terme acceptable.   ABSTRACT Surgery of neuroendocrine pulmonary tumors: study of 253 cases Objective: To evaluate the management of pulmonary neuroendocrine tumors (PNETs) and quality of their surgery. Method: Retrospective single-centre study of patients operated on for a pulmonary neuroendocrine tumor from 2004 to 2018. We looked at demographic and clinical characteristics, preoperative work-up, surgical practices (focusing on lymphadenectomy), adjuvant therapies, and survival. Results: 253 patients were operated on: 164 for a typical carcinoïd (TC), 39 for an atypical carcinoïd (AC), 17 for a large cell neuroendocrine carcinoma (LCNEC) and 33 for a small cell carcinoma (SCC). Along this 14-year period, there was an increase in PNETs prevalence of 269% when comparing the 2 edge years. The resection was anatomical in 239 patients (94%). In 66% of the cases, the ESTS recommendations on intraoperative lymph node evaluation were completed with an average of 14.9±8 nodes removed/examined. The 5-year survival rate was 85.5% for the PNETs: 98% for TCs, 96% for ACs, 59% for LCNECs and 32% for SCCs. A lymph node involvement was a negative pronosticator on the whole cohort with marked differences according to the pathological subtypes. Conclusion: we faced a strong increase in PNET incidence at our center. Our results are concordant with data from the literature. Compliance to oncological principles guiding their surgery led to adequate long-term survival.   1. Introduction Les tumeurs neuroendocrines pulmonaires (TNEP), selon la classification de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), regroupent les carcinomes à petites cellules (CPC), les carcinomes neuroendocrines à grandes cellules (CNEGC), les tumeurs carcinoïdes typiques (CT) et atypiques (CA). Ces 4 tumeurs sont actuellement réparties en 3 grades de prolifération tumorale : bas grade (CT), intermédiaire (CA) et haut grade (CPC, CNEGC) [4]. Leurs caractéristiques anatomopathologiques de distinction reposent sur celles de Travis et al. [11] non modifiées dans la classification de WHO 2015 [11]. Au niveau international, différentes équipes retrouvent une légère augmentation des TNEP, une étude américaine reporte une augmentation de 6% par an depuis 30 ans. Cette augmentation porte principalement sur les tumeurs carcinoïdes. Les TNEP représenteraient entre 1 à 20% de tous les cancers du poumon [1,9]. Leur incidence serait de 0,2 à 2 cas pour 100,000 [2,4] et 25 à 30% de toutes les tumeurs neuroendocrines [4,9]. Le pronostic des TNEP varie en fonction du type histologique. Dans les cancers bronchopulmonaires (CBP), les CNEGC représentent 3% avec une survie à 5 ans de 53% [2] ; les tumeurs carcinoïdes 1 à 2%, dont 80 à 90% sont des CT [3] ; les CPC 15% [4]. Certains cas de CPC sont découverts sous des formes localisées justifiant un traitement local de première intention dans le cadre d’une chirurgie diagnostique et thérapeutique, bien que la chirurgie puisse être discutée au cas par cas dans des formes diagnostiquées précocement. Dans le cadre d’une étude rétrospective monocentrique de 253 cas de 2004 à 2018, nous apporterons notre expérience sur la prise en charge des TNEP en précisant notamment les données démographiques, la présentation clinique, les pratiques préopératoires (endoscopie interventionnelle, place du TEP-scanner), les pratiques chirurgicales (types de chirurgies, respect des recommandations sur le curage ganglionnaire), les traitements adjuvants et la survie.   2. Patients et méthodes Il s’agit d’une étude monocentrique incluant les patients de septembre 2004 à décembre 2018. L’étude inclut tous les patients opérés dans notre service de chirurgie thoracique avec un diagnostic histologique postopératoire de TNEP selon la classification de WHO 2015 [annexe 1]. La base de données a été extraite localement du registre Epithor (numéro CNIL 809839). Hors urgences, tous les patients ont eu un bilan d’opérabilité compatible avec la résection pulmonaire envisagée. Les patients ont été suivi du jour de l’entrée en service, jusqu’à leurs dernières nouvelles incluant le décès. Les patients perdus de vue ont été évalués par rapport à la date des dernières nouvelles. La date de point et de recueil de données est le 31 décembre 2018. Pour chaque patient il a été recueilli : Les données épidémiologiques : date de naissance, sexe, taille, poids, épreuves fonctionnelles respiratoires, date de l’intervention, épreuve d’effort (si présente), antécédents, le suivi. Les données de présentation clinique. Les examens de médecine nucléaire. La réalisation de fibroscopie avec ou sans geste interventionnelle. L’acte chirurgical avec la voie d’abord utilisée, le geste de résection effectué. L’analyse anatomopathologique, le nombre de ganglions, le nombre de sites médiastinaux, le respect des recommandations européennes du curage ganglionnaire (6 ganglions minimum dont 3 ganglions intraparenchymateux et 3 ganglions médiastinaux de trois stations différentes dont au moins la station 7) et reclassé (si besoin) avec la 8e classification TNM des CBP. La prise en charge postopératoire, le traitement adjuvant. Les analyses statistiques ont consisté au calcul des moyennes présentées avec un leur écart type, le calcul des médianes avec leurs intervalles. La comparaison des populations a été faite par une analyse univariée par la méthode du Chi2. La survie a été calculée entre la date de l’intervention et la date des dernières nouvelles (vivant/mort). Les taux de survie ont été exprimés à 5 et 10 ans. La comparaison s’est faite selon la méthode de Kaplan-Meier avec analyse des sous-groupes selon la méthode du log-rank. Les analyses statistiques ont été réalisées par le logiciel SPSS 2019.   3. Résultats   3.1. Données épidémiologiques Nous avons recensé 253 cas de TNEP opérées du 26 septembre 2004 au 31 décembre 2018. On comptait 140 femmes et 113 hommes soit un ratio de 1,23 femme pour un homme. Les TNEP se décomposaient en : 164 CT (64,8%), 39 CA (15,4%), 17 CNEGC (6,7%), 33 CPC (13%). Toutes les caractéristiques épidémiologiques en fonction du sexe sont récapitulées dans le tableau 1 pour les TNEP et par type histologique dans le tableau 2. Nous avons observé dans notre centre une augmentation relative du nombre de TNEP opérées entre 2015 et 2018 de 269%, soit 18,23% par an. L’augmentation est due principalement à l’augmentation des CT représentée dans la figure 1.   Tableau 1. Caractéristique clinique des patients opérés de TNEP. TNEP N=253 Femme N=140 Homme N=113 Âge diagnostic moyen (DS) 56,08 (16,57) 54 (15,62) 58 (15,57) Âge diagnostic médian 60 59 60 Taille (cm) (DS) 168 (8,95) 163 (6,71) 175 (5,3) Poids (kg) (DS) 73 (16,51) 66 (14,1) 82 (11,6) Tabagisme actif (%) 26 (10) 12 (8) 14 (12) Tabagisme sevré (%) 122 (48) 52 (37) 70 (62) Non fumeur (%) 105 (41) 74 (52) 29 (26) Comorbidité 214 (84) 113 (80) 101 (89) Pathologie auto-immune et allergie 23 (9) 15 (10) 8 (7) Addiction (éthylisme, toxicomanie) 6 (2) 1 (0,7) 5 (4) Pathologie cardiovasculaire 109 (43) 50 (35) 59 (52) Thérapeutique (anticoagulant, antécédant de chimiothérapie) 38 (15) 20 (14) 18 (16) Pathologie respiratoire 38 (15) 21 (15) 17 (15) Antécédent de cancer 64 (25) 33 (23) 31 (27) Démence, déficit moteur, pathologie psychiatrique 13 (5) 11 (7) 2 (2) Obésité, dénutrition, diabète 46 (18) 26 (18) 20 (18) Pathologie hormonodépendante 14 (5) 12 (8) 2 (2) Pathologie digestive 41 (16) 29 (20) 12 (11) Pathologie urologique et néphrologique 9 (3) 1 (0,7) 8 (7) Infection virale chronique (VHC, VHB, VIH) 6 (2) 3 (2) 3 (3)   Tableau 2. Âge moyen au diagnostic et statut tabagique des sous-types histologiques des TNEP. CT N=164 CA N=39 CNEGC N=17 CPC N=33 Âge diagnostic moyen (DS) 54,2 (16,4) 54 (21,4) 64,65 (9,7) 62,88 (9,8) Âge diagnostic médian 58 62 64 63 Tabagisme actif (%) 17 (3) 2 (5) 2 (11) 5 (15) Tabagisme sevré (%) 63 (38) 17 (43) 14 (82) 28 (84) Non fumeur (%) 84 (51) 20 (51) 1 (5) 0 (0)   [caption id="attachment_4620" align="aligncenter" width="251"] Figure 1. Représentation des TNEP en fonction du type histologique.Figure 1A : évolution des TNEP et ses sous-types en fonction des années de prise en charge.Figure 1B : représentation des stades TNM en pourcentage des TNEP et des sous-types histologiques.[/caption]   3.2. Présentations cliniques Dans notre étude, la majorité des cas sont des découvertes fortuites (38,7%). Les symptômes évocateurs sont ceux d’une irritation bronchique : pneumopathie 17%, toux 15%, hémoptysie 11,1%. Des manifestations endocrines paranéoplasiques ont été observées chez 5 patients : syndrome de Cushing (n=3) et carcinoïde (n=2). Les signes et symptômes conduisant au diagnostic sont résumés dans le tableau 3.   Tableau 3. Récapitulatif des symptômes/signes d’entrée en diagnostic. TNEP (%) CT (%) CA (%) CNEGC (%) CPC (%) Fortuite 98 (38,7)     66 (40) 9 (23) 6 (35) 17 (51) Pneumopathie 44 (17,3) 32 (19) 11 (28) 0 (0) 1 (3) Hémoptysie 28 (11,1) 12 (7) 11 (28) 3 (17) 2 (6) Dyspnée 14 (5,5) 7 (4) 6 (15) 1 (5) 0 (0) Toux 38 (15) 27 (16) 8 (20) 2 (11) 1 (3) Dysphonie 1 (0,3) 0 (0) 1 (2) 0 (0) 0 (0) AEG 5 (2) 2 (1) 0 (0) 2 (11) 1 (3) Cushing 3 (1,2) 2 (1) 1 (2) 0 (0) 0 (0) Pancréatite 1 (0,4) 1 (0,6) 0 (0) 0 (0) 0 (0) Paranéoplasique 6 (2,3) 6 (3) 0 (0) 0 (0) 0 (0) Surveillance 18 (7,1) 8 (4) 0 (0) 3 (17) 7 (21) Douleur 1 (0,4) 1 (0,6) 0 (0) 0 (0) 0 (0) Neurologique 3 (1,2) 0 (0) 0 (0) 0 (0) 3 (9) Dermatomyosite 1 (0,4) 0 (0) 0 (0) 0 (0) 1 (3) Syndrome carcinoïde 1 (0,4) 0 (0) 1 (2) 0 (0) 0 (0)   3.3. Examens de médecine nucléaire Parmi les 253 patients de l’étude, 226 (89%) ont bénéficié d’un examen d’imagerie nucléaire. Nous avons classé les examens en fonction de leur traceur : TEP-FDG n=197, Octréoscan n=22, TEP-DOPA n=7. Dans le groupe TEP-FDG, 173 examens étaient considérés comme positifs (87%) et 24 étaient considérés comme négatifs (13%). En termes de valeur numérique, seulement 120 comptes rendus indiquaient une valeur de SUV. La moyenne était de 6±4 SUV [intervalle : 0-22,5]. Les Octréoscans n’avaient pas de valeur numérique, en revanche 40% des examens étaient positifs. En ce qui concerne les 7 examens de TEP-DOPA, une seule valeur numérique était répertoriée. Les résultats des examens de médecine nucléaire sont donnés dans le tableau 4.               Tableau 4. Récapitulatif des examens de médecine nucléaire. TNE CT CA CNEGC CPC TEP-FDG N=197 N=122 N=28 N=16 N=31 Positif (%) 173 (87) 103 (84) 24 (85) 15 (93) 31 (100) Négatif (%) 24 (13) 19 (16) 4 (15) 1 (7) 0 (0) Octréoscan N=22 N=18 N=3 N=0 N=1 Positif (%) 9 (41) 6 (33) 2 (66) 0 (0) 1 (100) Négatif (%) 13 (59) 12 (67) 1 (34) 0 (0) 0 (0) TEP-DOPA N=7 N=6 N=1 N=0 N=0 Positif (%) 6 (85) 5 (83) 1 (100) 0 (0) 0 (0) Négatif (%) 1 (15) 11 (17) 0 (0) 0 (0) 0 (0)   3.4. Données de l’endoscopie bronchique Cent soixante-trois fibroscopies préopératoire sont recensées, soit 64,42% des patients. Parmi elles, 93 (57%) étaient jugées comme contributives et ont apporté une analyse histologique préopératoire de certitude maligne ou d’orientation. Le diagnostic de CPC n’a jamais été obtenu en préopératoire par fibroscopie. Une désobstruction bronchique préopératoire avait été réalisée dans 7,11% des cas.   3.5. Chirurgie et suites postopératoires Sur les 253 patients, 2 ont été opérés en urgence en raison d’une hémoptysie active et menaçante. Le motif d’urgence pour 1 cas était une hémoptysie massive avec pneumonectomie d’hémostase sans exploration précédente (le patient n’était pas connu). Le deuxième cas pour l’apparition d’hémoptysies abondantes chez un patient connu et exploré. Dans le premier cas il n’y a pas eu de curage. Les 253 interventions ont consisté en pneumonectomie, lobectomie, segmentectomie, résection atypique (± lobectomie). Une intervention pouvait comprendre plusieurs gestes de résection. Les gestes chirurgicaux sont résumés dans le tableau 5 où les résections atypiques isolées ne sont pas représentées.   Tableau 5. Résection anatomique carcinologique.   TNEP CT CA CNEGC CPC Pneumonectomie 9 0 3 1 5 Bilobectomie 16 13 3 0 0 Lobectomie 190 124 29 15 22 Segmentectomie 24 19 3 0 2 Lobectomie bronchoplastique 37 27 6 2 2   Au cours des interventions, des gestes associés ont dû/pu être réalisés, à type de résection cunéiforme, lambeaux intercostaux, résection anastomose de bronche et/ou artère, pneumolyse. Dans notre série, une résection cunéiforme et cinq lambeaux intercostaux sont retrouvés. Lors de résection anastomose d’artère (3 dans notre cohorte), 2 sont concomitantes d’une résection anastomose de bronche. Dans les 15 premiers jours postopératoires, il y a eu 6 réadmissions, 2 pour épanchements, 4 pour infections sur poumon opéré. Il n’y a pas de réadmission au-delà de J15. Dans les 90 jours postopératoires, 95 patients ont présenté des complications qui sont résumées dans le tableau 6. Sur les 5 décès, 1 n’est pas lié à la prise en charge chirurgicale mais à une évolution rapide d’un CPC.   Tableau 6. Complications postopératoires de 0 à 90 jours.   TNEP % Atélectasie 8 3,16 Bullage >5J 22 8,69 Détresse respiratoire aiguë 7 2,76 Paralysie phrénique 1 0,39 Pneumopathie 18 7,11 Embolie pulmonaire 4 1,58 Fibrillation auriculaire 14 5,533 Infarctus du myocarde 1 0,39 Insuffisance cardiaque 1 0,39 Chylothorax 5 1,97 Hémorragique 3 1,18 Caillotage 5 1,97 Anémie 1 0,39 Luxation aryténoïde 1 0,39 Paralysie récurrentielle 10 3,95 Insuffisance rénale 2 0,79 Rétention aiguë d’urine 4 1,58 Infection urinaire 2 0,79 Ulcère gastroduodénale 1 0,39 Décès 5 1,97   3.6. Critères qualité de la chirurgie et données anatomopathologiques 93% des patients ont eu une évaluation ganglionnaire soit 237/253 interventions : 209 curages ganglionnaires complets et 28 échantillonnages selon les comptes rendus opératoires. Parmi les curages ganglionnaires complets, seulement 162 curages (78%) respectent les recommandations de l’ESTS. Il y a eu en outre 7 cas de curage lobe-orienté qui respectaient les recommandations, soit un total de 169 évaluations ganglionnaires conformes sur 252 patients (1 patient en urgence vitale absolue), et donc 66% des patients de cette cohorte. Dans 59 cas, un envahissement ganglionnaire (N+) était observé. Le ratio ganglionnaire de ces interventions était de 19,5%. Ces données sont résumées dans le tableau 7.   Tableau 7. Évaluation ganglionnaire.   TNEP CT CA CNEGC CPC Nombre de ganglions prélevés (DS) 14,9 (7,9) 14,0 (7) 16,1 (7) 17,3 (9,4) 15,9 (10,9) Nombre de ganglions médiastinaux prélevés (DS) 8,6 (5,9) 8 (5,5) 8,5 (4,5) 11 (6,83) 9,8 (8,1) Nombre de ganglions intraparenchymateux prélevés (DS) 6,3 (3,9) 6 (3,7) 7,5 (4,4) 6,38 (3,7) 6 (4,4) Nombre de ganglions positif (DS) 0,6 (1,5) 0,2 (0,7) 1,05 (1,5) 0,4 (0,7) 1,6 (2,7) Nombre de stations médiastinales explorées (DS) 3,4 (1,4) 3,4 (1,5) 3,5 (1,4) 3,6 (1,3) 3 (1,2) Respect critère de l’ESTS sur le curage ganglionnaire (%) 168 (66) 104 (63%) 30 (76%) 11 (64%) 14 (42%)   Les résultats TNM sont représentés dans la figure 1B en pourcentage et par sous-type histologique. Dans la prise en charge adjuvante, nous notons deux interventions chirurgicales (l’une pour marge non saine dans le cadre d’une CT et l’autre pour résection d’une métastase cérébrale dans le cadre d’un CPC), 32 chimiothérapies et 14 radiothérapies. Il y a eu une chimiothérapie pour une atteinte ganglionnaire de CA en 2004. Dans le groupe CNEGC, les chimiothérapies ont été effectuées en cas d’atteinte ganglionnaire pour 4 d’entre eux et pour une tumeur T4, un seul cas ne présente pas d’atteinte ganglionnaire ni de T4 mais a tout de même eu une chimiothérapie en 2006. Tous les CPC ont eu une indication de chimiothérapie mais seulement 25 cas l’ont reçue.  Toutes les radiothérapies adjuvantes avaient été réalisées dans le cadre de CPC.   3.7. Suivi et étude de survie Le suivi a été assuré en moyenne pendant 49±43 mois avec une médiane de 33 mois (intervalle : 4 jours à 156 mois). Sur les 253 patients, 33 sont décédés, 6 décès de complications chirurgicales (2 fistules bronchiques, 1 hémoptysie massive sur une fistule artériobronchique, 1 hémorragie à domicile sans précision, 1 embolie pulmonaire, 1 syndrome de défaillance multiviscérale sur un point de départ septique) et 27 patients sont décédés d’une récidive de leur TNEP sans précision. Le taux de survie est représenté par des courbes de survie selon la méthode de Kaplan-Meier de manière globale par sous-type et par statut ganglionnaire (N0/N+) sur les figures 2 et 3. Les taux de survie à 5 et 10 ans sont représentés dans le tableau 8 et par statut ganglionnaire, ainsi que par respect des critères ESTS. Sur la figure 4 représentation des courbes de survie des CPC avec et sans respect des critères ESTS.   [caption id="attachment_4621" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Survie des TNEP en fonction du type histologique.[/caption] [caption id="attachment_4622" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Survie des TNEP en fonction des types histologiques et en fonction de l’atteinte ganglionnaire N0/N+ (comparaison par log-rank).A : carcinoïde typique (p=0,496) ; B : carcinoïde atypique (p=0,305) ; C : carcinome à grande cellules (p=0,887) ; D : carcinome à petites cellules (p=0,03).[/caption] Tableau 8. Taux de survie à 5 et 10 des TNEP par sous-type et leur statut N positif ou négatif. Survie TNEP CT CA CNEGC CPC 5 ans 85,5% 98,1% 96,3% 58,7% 32,3% 10 ans 81,8% 98,1% 69,3% 58,7% 24,2% N0 5 ans 89,6% 97% 100% 55,6% 44,8% N0 10 ans 87,9% 97% 66,7% 55,6% 44,8% N+5 ans 71,3% 100% 91,7% 75% 19,2% N+10 ans 58,1% 100% 61,1% 75% 0% N0 vs N+ (log-rank) <0,001 0,496 0,305 0,887 0,03 Curage ESTS respecté à 5 ans 81% 94% 94% 47% 36% Curage ESTS non respecté à 5 ans 91% 100% 100% 87% 16% ESTS respecté vs ESTS non respecté (log rank) 0,06 0,17 0,78 0,21 0,34   [caption id="attachment_4623" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Survie des CPC en fonction du respect des critères ESTS pour le curage, p=0,34.[/caption]   4. Discussion Les TNEP représentent un groupe de 4 types histologiques différents de gravité pronostique croissante selon le grade : les CT dits de bas grade, les CA de grade intermédiaire, les CNEGC et les CPC de haut grade. La distribution par genre a été de 1,23 femme pour un homme. Cette prépondérance du sexe féminin est en contradiction avec certaines données de la littérature sur les TNEP dans lesquelles une prépondérance masculine forte est mentionnée [1,5]. Cette différence est liée à la forte représentation des CT dans notre cohorte et son augmentation, type histologique pour lequel une prépondérance féminine est classique. En revanche, sur les études spécifiques sur les sous-types histologique, nos valeurs sont en corrélation avec la littérature [6,10], respectivement 63% de femmes pour les CT, 51% pour les CA, 29% pour les CNEGC et enfin 33% pour les CPC. L’âge au diagnostic s’étend de 14 à 84 ans, avec une moyenne de 56 ans ±16,6. Pour les hommes l’intervalle est de 16 à 84 ans avec une moyenne de 58 ans ±16,6 ans. Pour les femmes, l’âge au diagnostic est plus précoce avec des bornes de 14 à 81 ans, une moyenne de 54 ans ±15,62 ans. Ces données sont concordantes avec celles de la littérature [1-13]. La répartition des sous-catégories par ordre décroissant est de 64% de CT, 15% de CA, 6% de CPC et 1% de CNEGC, avec 80% de CT dans le groupe des carcinoïdes. Les circonstances du diagnostic, toutes TNEP confondues, ont été à 38,6% fortuites, 17% une pneumopathie obstructive, 15% la toux. Les CA et les CNEGC étaient plus souvent symptomatiques avec 28% de pneumopathie et hémoptysie pour les CA et 17% d’hémoptysie pour les CNEGC. Une fibroscopie interventionnelle avec désobstruction a été effectuée dans 19,4% des patients ayant eu une fibroscopie préopératoire, essentiellement dans le contexte d’une pneumopathie obstructive d’amont (17%). Dans notre étude rétrospective, sur presque 15 ans de chirurgie des TNEP, nous obtenons une cohorte de 253 patients, avec une augmentation de 2005 à 2018 de 269%, soit une augmentation annuelle moyenne de 19%. Cette augmentation a porté principalement sur celle des CT. En effet, les CT ont eu une augmentation de 325%. Cette observation est bien au-delà de l’étude japonaise qui fait état d’une hausse de 6% par an depuis 30 ans [2], et laisse supposer, outre une augmentation d’incidence de ces tumeurs, des réorganisations régionales du recrutement du service. Les TEP-FDG, contrairement aux idées reçues, ont été analysées comme “positives” dans 84% des cas dans notre série. Les résultats collectés sur les TEP-scanner sont cependant très difficiles d’interprétation devant les absences fréquentes dans le compte rendu des valeurs de SUV max et hépatique, l’absence de nomenclature et de directives collégiales sur les interprétations, ainsi que l’évolution des machines et les multitudes des appareils utilisés. Néanmoins, nos résultats suggèrent plutôt que les TNEP sont des tumeurs hypermétaboliques avec un SUV moyen (sur les données disponibles) de 4,28, et 5,10 pour la littérature [12]. Nous avons logiquement observé un hypermétabolisme plus prononcé pour les TNEP de haut grade. L’étude américaine publiée en 2015 [10] annonce des résultats de 100% de fixation pour toutes les TNE excepté les CT, ce qui est donc partiellement en contradiction avec nos résultats. La prise en charge chirurgicale a consisté en une résection anatomique monobloc dans 94,7% des cas, 191 lobectomies, 37 résections infralobaires et 9 pneumonectomies. Dix-huit résections anastomoses bronchiques ont été réalisées dont 2 avec résection anastomose artérielle. Sur les critères du curage ganglionnaire, 67% des interventions ont respecté les recommandations de l’ESTS. Sur l’atteinte ganglionnaire, 74% des patients étaient N0, 15% N1 et 8% N2. Les informations dans la littérature sur le détail du curage en ce qui concerne les CT font état de 17% d’atteinte ganglionnaire contre 13% ici et 45% pour les CA contre 43% [11]. L’étude de la Nouvelle-Orléans reporte 34% d’atteinte ganglionnaire médiastinale sur une cohorte de 121 patients opérés [8] en concordance avec le taux de 36% que nous avons observé. Le taux de récidive était de 13% toutes TNEP confondues, 2% CT, 17% CA, 23% CNEGC et 54% pour les CPC, ce qui est globalement conforme aux données de la littérature : 5% pour les CT et 20% pour les CA [11]. Le pronostic des TNEP est très variable en fonction de son grade, les CPC ont un taux de 32 et 24% de survie à 5 et 10 ans. En ce qui concerne les CT, en fonction des études il est reconnu un bon pronostic de survie à 5 ans variant de 80 à 100% [1,2,6,9]. Les CA ont des valeurs très étalées en fonction des études de 25 à 100% [1,2,6] et 13,4% pour les CNEGC [6]. Dans notre analyse, selon la méthode de Kaplan-Meier, la survie à 5 ans toutes TNEP est de 85,5% et de 81,8% à 10 ans. On note également une différence significative sur la survie sur l’atteinte ganglionnaire dans le groupe TNEP et CPC. En conclusion, cette étude monocentrique rétrospective suggère une augmentation épidémiologique de ces tumeurs. Nous avions souhaité étudier l’ensemble de ces tumeurs en un groupe, en dépit des différences pronostiques majeures observées dans le spectre de ces tumeurs. La raison en était principalement l’impression, confirmée par ce travail, de la grande similitude pronostique “dans la vraie vie” des tumeurs carcinoïdes typiques et atypiques d’une part, et des TNEP à grandes cellules et à petites cellules quand elles sont opérées, d’autre part. Enfin, il nous paraissait important de tester les dernières évolutions de la classification TNM sur ce type de tumeur, ce qui correspond à une zone “grise” de la littérature contemporaine. De même, il n’est plus possible en 2019 de présenter une cohorte chirurgicale sans un minimum d’information concernant la qualité de la chirurgie qui a été réalisée. Le focus sur le curage ganglionnaire montre que, même dans une équipe universitaire à haut volume d’activité et convaincue de l’importance du curage ganglionnaire, ce dernier n’avait été réalisé conformément aux recommandations internationales de pratiques, pourtant minimalistes, que chez 2 patients sur 3. La marge de progression est donc substantielle.   ANNEXE 1   – Tumeur carcinoïde typique : tumeur à morphologie carcinoïde avec moins de 2 mitoses par 2 mm2 (10 HPF), pas de nécrose et mesurant au moins 0,5 cm.   – Tumeur carcinoïde atypique : tumeur à morphologie carcinoïde avec 2 à 10 mitoses par 2 mm2 (10 HPF) et/ou nécrose (souvent punctiforme).   – Carcinome neuroendocrine à grandes cellules : architecture neuroendocrine : nids, travées, rosettes, palissades ; index mitotique élevé : ≥11 mitoses par 2 mm2 (10 HPF), moyenne de 70 par 2 mm2 (10 HPF) ; nécrose (souvent de larges zones) ; cellules tumorales larges avec cytoplasme modéré à abondant ; nucléole fréquent (diag diff CBPC); un ou plusieurs marqueurs neuroendocrines positifs en immunohistochimie chromogranine, synaptophysine et CD56. Un marqueur est suffisant si >50% cellules tumorales ; variant combiné : avec un autre carcinome non CBPC. – Carcinome à petites cellules : petite taille des cellules (en général < au diamètre de trois petits lymphocytes) ; peu de cytoplasme ; chromatine granuleuse, nucléoles absents ; déformation (moulding) nucléaire ; index mitotique élevé : ≥10 mitoses par 2 mm² (10 HPF), moyenne de 80 par 2 mm2 (10 HPF) ; nécrose fréquente, souvent en larges plages ; variant combiné : avec un autre carcinome ; e.n IHC : kératine AE1/AE3 souvent en dots. Marqueurs neuroendocrines (CD56, chromogranine et synaptophysine) souvent + (10% cas négatifs). TTF1 + dans 90% des cas   Il existe donc 3 grades de prolifération tumorale de malignité croissante distinguant les carcinoïdes typiques, les atypiques et les tumeurs de haut grade de malignité regroupant les carcinomes à petites cellules et les carcinomes neuroendocrines à grandes cellules.   Références Ichiki Y, Matsumiya H, Mori M, Kanayama M, Nabe Y, Taira A, Shinohara S, Kuwata T, Takenaka M, Hirai A, Imanishi N, Yoneda K, Noguchi H, Shimajiri S, Fujino Y, Nakayama T, Tanaka F. Predictive factors of postoperative survival among patients with pulmonary neuroendocrine tumor. J Thorac Dis 2018 Dec;10(12):6912-6920. https://doi.org/10.21037/jtd.2018.11.115 PMid:30746237 PMCid:PMC6344740 Gosain R, Mukherjee S, Yendamuri SS, Iyer R. Management of Typical and Atypical Pulmonary Carcinoids Based on Different Established Guidelines. Cancers (Basel) 2018 Dec 12;10(12) pii: E510 https://doi.org/10.3390/cancers10120510 PMid:30545054 PMCid:PMC6315766 Man D, Wu J, Shen Z, Zhu X. 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Référentiel Auvergne Rhône-Alpes en oncologie thoracique 15e édition mise à jour 2019.   Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared.  Date de soumission : 28/08/2019. Acceptation : 09/09/2019.    
décembre 13, 2019
Chirurgie thoracique · Vol. 22 Décembre 2018

La chirurgie pulmonaire vidéo-assistée a-t-elle un impact sur les complications postopératoires chez les patients avec un antécédent de cancer des voies aérodigestives supérieures ?

Tchala Kassegne*, David Boulate, Myriam Ammi, Olaf Mercier, Elie Fadel Hôpital Marie-Lannelongue, Le Plessis-Robinson * Correspondance : kasstchala@hotmail.fr DOI : 10.24399/JCTCV22-4-KAS Citation : Kassegne T, Boulate D, Ammi M, Mercier O, Fadel E. La chirurgie pulmonaire vidéo-assistée a-t-elle un impact sur les complications postopératoires chez les patients avec un antécédent de cancer des voies aérodigestives supérieures ?. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2018;22(4). doi: 10.24399/JCTCV22-4-KAS   Résumé Les tumeurs des voies aérodigestives supérieures (VADS) et les tumeurs pulmonaires ont en commun les mêmes facteurs de risques. Leur association, synchrone ou métachrone, est fréquemment décrite. L’objectif de notre étude était d’établir le taux de complications postopératoires chez les patients avec un antécédent de tumeur des VADS et de déterminer si la chirurgie vidéo-assistée (VATS) diminue le risque de complications postopératoires chez ces patients. Nous avons également cherché à savoir si une prise en charge chirurgicale première de la tumeur pulmonaire avant celle de la tumeur des VADS, dans les présentations synchrones, diminuait significativement les complications postopératoires. Cette étude rétrospective monocentrique a été menée à l’hôpital Marie Lannelongue. Elle incluait les patients avec un antécédent de tumeur des VADS, opérés d’une tumeur pulmonaire entre 2010 et 2017. Nous avons établi deux groupes : un groupe de patients opérés par thoracotomie et un groupe de patients opérés par VATS. Nous avons comparé le taux de complications postopératoires des deux groupes. Il s’agissait de 121 patients (77% d’hommes), dont l’âge moyen était de 64,7±8,1 ans. 61% des patients (n=74) ont bénéficié d’une résection pulmonaire par thoracotomie et 39% (n=47) par VATS. Le taux global de complications postopératoires était de 57% (n=69), dont 3,3% de mortalité intrahospitalière (n=4). La VATS réduisait significativement le taux de pneumopathie infectieuse (43,2% vs 17%, p=0,003), ainsi que le taux de détresse respiratoire (21,6% vs 2,1%, p=0,003) comparé à la thoracotomie. Les troubles de la déglutition constituaient le facteur de risque de complication post-résection pulmonaire dans cette étude (OR=3,3 [1,1-10,7]). La prise en charge première de la tumeur pulmonaire n’a pas démontré de réduction significative des complications postopératoires. Le taux de complication post-résection pulmonaire des patients présentant un antécédent de tumeur des voies aérodigestives supérieures est important. La résection pulmonaire vidéo-assistée diminue le taux de pneumopathie postopératoire. La présence préopératoire de troubles de la déglutition est un facteur de risque de complication. Ceci doit être pris en compte dans la stratégie thérapeutique de ces patients.   Abstract Does video-assisted pulmonary surgery have an impact on postoperative complications in patients with previous head and neck cancer? Head and neck cancers (HNC) and lung tumors share the same risk factors, and their association, synchronous or metachronous, is frequently described. The aim of our study was to determine the postoperative complication rate in patients with a previous history of HNC, and to determine whether video-assisted thoracic surgery (VATS) decreases the risk of postoperative complications in these patients. We also investigated whether surgical management of the lung tumor before the HNC reduced the incidence of postoperative complications in synchronous presentations. This retrospective, single-center study was conducted at Marie Lannelongue Hospital. It included patients with a history of HNC who underwent a pulmonary resection between 2010 and 2017. We established two groups of patients, those operated by thoracotomy and those operated by VATS, and compared the postoperative complication rate between the two groups. There were 121 patients (77% men) with an average age of 64.7 ± 8.1 years. Of these patients, 61% (n = 74) underwent thoracotomy lung resection and 39% (n = 47) had VATS. The overall postoperative complication rate was 57% (n = 69), with 3.3% intrahospital mortality (n = 4). Use of VATS significantly reduced the rate of pneumonia (43.2% vs. 17%, p = 0.003) and respiratory distress syndrome (21.6% vs. 2.1%, p = 0.003) compared to thoracotomy. Swallowing disorders represented a risk factor for complications after pulmonary resection in this study (OR = 3.3 [1.1, 10.7]). Initial management of the pulmonary tumor did not significantly reduce the rate of postoperative complications. The complication rate after pulmonary resection in patients with a history of HNC is high. Video-assisted pulmonary resection reduces the rate of postoperative pneumonia. Swallowing disorders represent a risk factor for complications, and this must be taken into account in the management of these patients.   1. Introduction Les tumeurs des VADS (voies aérodigestives supérieures) et les tumeurs pulmonaires ont en commun la même population à risque. Le tabac est le principal facteur de risque commun à ces deux pathologies. Les tumeurs des VADS sont les tumeurs les plus fréquemment associées au cancer du poumon [1,2]. La prévalence d’un deuxième cancer pulmonaire chez les patients avec des antécédents de tumeur des VADS est de 6,9% [3]. En France, le type histologique le plus fréquent des cancers de VADS est le carcinome épidermoïde [4]. Les autres types histologiques sont représentés par les adénocarcinomes et les carcinomes non indifférenciés. Le larynx, la cavité buccale, le pharynx sont très fréquemment touchés. De plus les poumons représentent un site métastatique dans les cancers de VADS. La prise en charge des tumeurs des VADS peut porter atteinte aux fonctions respiratoires et de déglutition [5-9]. Lorsqu’une tumeur pulmonaire non à petites cellules survient chez un patient avec un antécédent de tumeur des VADS, la prise en charge de cette seconde tumeur peut être chirurgicale selon l’extension de la pathologie. La lobectomie reste une option thérapeutique majeure pour ces patients. Globalement on peut noter dans la littérature un taux de complication post-lobectomie autour de 16% pour les lobectomies par VATS (Video-assisted Thoracoscopic Surgery) et autour de 30% pour les lobectomies par thoracotomie [10]. Les facteurs de risque de complications postopératoires de résection pulmonaire décrits dans la littérature sont : l’âge, le tabac, la fonction respiratoire préopératoire, la durée d’intervention, le saignement peropératoire, le type de résection pulmonaire, les pathologies cardiovasculaires, la chimiothérapie préopératoire [11-18]. L’antécédent de tumeur de VADS est également un facteur de risque de complications postopératoires [19]. L’objectif de notre étude était d’établir le taux de complications postopératoires chez les patients avec un antécédent de tumeur des VADS et de déterminer si la VATS diminue le risque de complications postopératoires chez ces patients. Nous avons également cherché à savoir si une prise en charge première de la tumeur pulmonaire avant la tumeur ORL (dans les présentations synchrones) diminuait significativement les complications postopératoires. 2. Matériels et méthodes Cette étude rétrospective monocentrique a été menée entre janvier 2010 et décembre 2017 à l’hôpital Marie Lannelongue (HML). 2.1. Population Nous avons inclus tous les patients opérés d’une résection pulmonaire entre 2010 et 2017 et qui présentaient un antécédent de tumeur des VADS. Nous avons également inclus les patients ayant un diagnostic concomitant d’une tumeur pulmonaire et d’une tumeur des VADS et considéré que ces patients présentaient des tumeurs synchrones. Pour ces patients, la stratégie était celle de la prise en charge première de la tumeur pulmonaire afin de diminuer les risques d’infection pulmonaire liés aux troubles de déglutition que peut provoquer le traitement premier des tumeurs des VADS. En cas de critères d’intubation difficile, celle-ci était faite sous fibroscopie. Une trachéotomie était également réalisée en cas de difficulté d’intubation. Tous les dossiers des patients étaient présentés en réunion de concertation pluridisciplinaire et les indications chirurgicales étaient validées de façon collégiale. Une trachéotomie préventive était systématiquement réalisée en cas de troubles de déglutition pour protéger les poumons du risque d’inhalation. Elle est donc réalisée dans le même temps chirurgical que la résection pulmonaire. Il s’agit d’une trachéotomie temporaire. Nous avons défini deux populations de patients. Un groupe de patient dont la résection pulmonaire était faite par thoracotomie postérolatérale (TPL) et un second groupe par VATS. Les patients qui ne présentaient pas de tumeur des VADS et les patients qui ont présenté une tumeur des VADS après la chirurgie pulmonaire ont été exclus de l’étude. 2.2. Recueil de données Les données ont été recueillies à partir des dossiers papiers et informatisés des patients dans un tableur Excel. Les données démographiques regroupaient : l’âge, le sexe, les antécédents notables des patients, le stade de la tumeur pulmonaire. Nous avons également recueilli des données sur le bilan fonctionnel préopératoire, le traitement effectué pour la tumeur des VADS. La voie d’abord et le type de résection pulmonaire effectué pour le traitement du cancer du poumon non à petites cellules étaient recueillis. Nous avons relevé les différentes complications survenues au cours de l’hospitalisation et ainsi que les évènements jusqu’à la consultation postopératoire. 2.3. Analyse statistique Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel SPSS (SPSSTM Inc, Chicago, Illinois, États-Unis) version 15.0. Les variables continues sont décrites sous la forme de moyenne ± écart type, les variables qualitatives le sont par la fréquence de chaque classe. Les tests d’indépendance entre deux variables qualitatives ont été effectués par des tests du Chi2 et entre deux variables quantitatives par un test t de Student. La significativité statistique était déterminée par une valeur de p<0,05.   2.4. Avis du comité d’éthique Cette étude a été soumise au comité d’éthique de HML et a obtenu un avis favorable. Elle a été menée dans le respect des règles d’éthique et de la protection du secret médical. 3. Résultats   3.1. Population Deux mille cinq cent six résections pulmonaires ont été effectuées au HML pour cancer bronchopulmonaire entre 2010 et 2017. Nous avons donc recherché dans cette population les patients avec un antécédent de tumeur des VADS synchrone ou métachrone. Notre population d’étude comporte au final 121 patients. Quarante-sept patients (38,8%) dans le groupe VATS et 74 patients (61,2%) dans le groupe TPL. Le choix entre VATS et TPL était lié à l’expérience du chirurgien, aux facteurs anatomiques de la tumeur et à la période de chirurgie, sachant que la chirurgie vidéo-assistée s’est progressivement accrue au cours de l’étude, du fait de l’amélioration du matériel. On note 17 patients avec des tumeurs synchrones et 104 tumeurs métachrones. Le diagramme de flux est représenté par la figure 1.   [caption id="attachment_4181" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Diagramme de flux de la population de l’étude.[/caption]   Les caractéristiques démographiques sont résumées dans le tableau 1. On ne peut pas conclure à une différence significative entre les deux populations, sauf dans la sous-population des lobectomies. On a significativement plus de lobectomies dans le groupe TPL.   Tableau 1. Les caractéristiques démographiques.  Variables Données manquantes Patients VADS n=121 (%) Patients TPL n=74 (%) Patients VATS  n=47 (%) p Âge 0 64,7±8,1 64,6±8,6 64,8±7,4 0,92 Sexe 0 0,348   Hommes 0 93 (76,9) 59 (79,7) 34 (72,3)   Femmes 0 28 (23,1) 15 (20,3) 13 (27,7) IMC 1 23,5±4,8 23,3±3,9 23,7±6 0,67 Tabac actif 1 29 (24,2) 16 (21,6) 13 (28,3) 0,4 Tabac sevré 1 86 (71,7) 57 (77) 29 (63) 0,09 VEMS (%) 3 85±18 86±15 84±22 0,55 Stade cancer poumon 11 0,22    I 69 (62,7) 40 (58) 29 (69)    II 23 (20,9) 13 (19,1) 10 (23,8)    III 17 (15,5) 14 (20,6) 3 (7,1)    IV 1 (0,9) 1 (1,5) 0 (0) Type de résection pulmonaire   Wedge 0 16 (13,2) 7 (9,5) 9 (19,1) 0,12   Segmentectomie 0 3 (2,5) 1 (1,4) 2 (4,3) 0,32   Lobectomie 0 104 (86) 68 (91,9) 36 (76,6) 0,018   Bilobectomie 0 1 (0,8) 1 (1,4) 0 (0) 0,42   Pneumonectomie 0 3 (2,5) 2 (2,7) 1 (2,1) 0,84     3.2. VATS versus TPL Le taux de complication post-résection pulmonaire chez les patients avec un antécédent de tumeur des VADS est de 57%. Le taux de mortalité est de 3,3%. Nous n’avons pas trouvé d’association statistiquement significative entre la voie d’abord (TPL ou VATS) et les complications postopératoires au global (p=0,15). De manière significative, on observe plus de pneumopathie et détresse respiratoire (nécessitant une admission en réanimation) dans le groupe TPL. La durée de séjour hospitalier est également significativement augmentée dans le groupe TPL. Huit patients au total ont nécessité une ventilation prolongée avec une trachéotomie postopératoire. Il n’y a pas de différence significative concernant ce résultat dans les deux groupes. Le tableau 2 résume les différentes complications dans les deux groupes.   Tableau 2. Complications postopératoires en fonction de la voie d’abord. Complications Données manquantes Patients VADS n=121 (%) Patients TPL n=74 (%) Patients VATS  n=47 (%) p Décès 0 4 (3,3) 3 (4,1) 1 (2,1) 0,56 Complications 0 69 (57) 46 (62,2) 23 (48,9) 0,15 Pneumopathie 0 40 (33,1) 32 (43,2) 8 (17) 0,003 Détresse respiratoire 0 17 (14) 16 (21,6) 1 (2,1) 0,003 Ventilation non invasive 0 2 (1,7) 0 (0) 2 (4,3) 0,07 Encombrement bronchique 0 24 (19,8) 18 (24,3) 6 (12,8) 0,12 Fistule bronchopleurale 0 5 (4,1) 3 (4,1) 2 (4,3) 0,95 Bullage prolongé 0 8 (6,6) 4 (5,4) 4 (8,5) 0,5 Reprise chirurgicale 0 11 (9,1) 6 (8,1) 5 (10,6) 0,63 Embolie pulmonaire 0 1 (0,8) 1 (1,4) 0 (0) 0,8 ACFA 0 8 (6,6) 4 (5,4) 4 (8,5) 0,5 IDM 0 1 (0,8) 0 (0) 1 (2,1) 0,2 Hémothorax 0 2(1,7) 0(0) 2(4.3) 0.07 AVC 0 1(0,8) 1(1,4) 0(0) 0,42 Ventilation prolongée 0 8(6,6) 5(6,8) 3(6,4) 0.93 Séjour hospitalier (j) 0 15±19 18±19 11±17 0,04     3.3. Prise en charge chirurgicale première de la tumeur pulmonaire dans les tumeurs synchrones Nous n’avons pas relevé d’impact significatif de la prise en charge en première position de la tumeur pulmonaire sur les complications postopératoires. Le taux de bullage prolongé est proportionnellement plus élevé dans les tumeurs synchrones. Cette stratégie n’a pas d’influence sur le taux de pneumopathie ou de détresse respiratoire. Ces résultats sont présentés dans le tableau 3.   Tableau 3. Complications postopératoires des tumeurs synchrones. Complications Données manquantes Patients VADS n=121 (%) Tumeurs synchrones n=17 (%) Tumeurs métachrones  n=104 (%) p Décès 0 4 (3,3) 0 (0) 4 (3,8) 0,41 Complications 0 69 (57) 10 (58,8) 59 (56,7) 0,87 Pneumopathie 0 40 (33,1) 4 (23,5) 36 (34,6) 0,36 Détresse respiratoire 0 17 (14) 2 (11,8) 15 (14,4) 0,77 Ventilation non invasive 0 2 (1,7) 0 (0) 2 (1,9) 0,56 Encombrement bronchique 0 24 (19,8) 3 (17,6) 21 (20,2) 0,8 Fistule bronchopleurale 0 5 (4,1) 1 (5,9) 4 (3,8) 0,69 Bullage prolongé 0 8 (6,6) 3 (17,6) 5 (4,8) 0,04 Reprise chirurgicale 0 11 (9,1) 1 (5,9) 10 (9,6) 0,62 Embolie pulmonaire 0 1 (0,8) 0 (0) 1 (1) 0,68 ACFA 0 8 (6,6) 1 (5,9) 7 (6,7) 0,89 IDM 0 1 (0,8) 0 (0) 1 (1) 0,68 Hémothorax 0 2 (1,7) 0 (0) 2 (1,9) 0,56 AVC 0 1 (0,8) 0 (0) 1 (1) 0,68   3.4. Facteur de risque de complication postopératoire Lorsqu’on étudie les facteurs pouvant influencer le taux de complications postopératoires, seule la présence d’un trouble de la déglutition préopératoire augmente significativement le taux de complication  (OR=3,3 [1,1-10.7]). L’âge, le sexe, le tabac, le type de résection et le type de traitement ORL n’impactent pas significativement les complications postopératoires. Ces résultats sont présentés dans le tableau 4.   Tableau 4. Analyses univariées et multivariées des facteurs de risques. Analyse univariée  Analyse multivariée Variables Données manquantes Complications postopératoires n=69 (%) Pas de Complication n=52 (%) p OR [IC 95%] p Troubles de déglutition préopératoire 0 15 (21,7) 4 (7,7) 0,036 3,3 [1,1-10,7] <0,001 Trachéotomie préventive 0 8 (11,6) 2 (3,8) 0,12 0,002 Âge 0 65±8 63±7 0,12 0,911 IMC 1 23±4.5 24±5.2 0,34 Hommes 0 55 (79,7) 38 (73,1) 0,39 Tabac actif 1 17 (25) 12 (23,1) 0,8 VEMS (%) 3 83±15 87±21 0,27 Antécédent de trachéostomie 0 7 (10,1) 6 (11,5) 0,8 Type de résection pulmonaire   Wedge 0 7 (10,1) 9 (17,3) 0,25   Segmentectomie 0 2 (2,9) 1 (1,9) 0,72   Lobectomie 0 61 (88,4) 43 (82,7) 0,37       Bilobectomie 0 1 (1,4) 0 (0) 0,38   Pneumonectomie 0 1 (1,4) 2 (3,8) 0,4 Type de traitement de tumeur des VADS   Chirurgie 2 36 (53,7) 32 (61,5) 0,39   Radiothérapie 2 52 (77,6) 39 (75) 0,73   Chimiothérapie 3 40 (60) 28 (53) 0,46   4. Discussion Cette étude rapporte un taux de complications post-résection pulmonaire élevé chez les patients avec un antécédent de tumeur des VADS. Cet antécédent était bien identifié dans la littérature comme un facteur de risque de complications. Mais les taux de complications étaient peu étudiés. Une étude récente rétrospective de Briend et al. [19] rapportait un taux de complications de 42,4% et une mortalité de 8,5%. Notre taux de complications est plus élevé mais reste concordant lorsqu’on observe par exemple la complication la plus importante qui est la pneumopathie (33% dans notre étude et 32,1% dans l’étude de Briend et al.). La différence de taux de mortalité peut s’expliquer par une proportion de pneumonectomie plus élevée dans l’étude de Briend et al. (12% contre 2,5% dans notre étude). Ces résultats sont concordants avec la littérature [20,21]. Ces taux de complications élevés incitent à une prudence particulière dans la prise en charge des patients avec un antécédent de tumeur des VADS. 4.1. VATS versus TPL Nous n’avons pas établi que la VATS réduisait le risque global de complications post-résection pulmonaire dans notre population, et ceci malgré notre effectif important. Nous pouvons néanmoins conclure qu’il y a moins de pneumopathie et de détresse respiratoire dans le groupe VATS. La pneumopathie constitue la complication la plus fréquente dans notre population et les détresses respiratoires peuvent mettre en jeu le pronostic vital du patient. Ce résultat est donc cliniquement pertinent. La durée d’hospitalisation est également diminuée chez les patients opérés par VATS. Nous n’avons pas trouvé d’études comparant la VATS à la thoracotomie dans cette population. Les données que nous avons trouvées dans la littérature sur les lobectomies VATS versus thoracotomie dans la population générale vont dans le sens d’une diminution globale des complications postopératoires et de la durée de séjour hospitalier [10,22]. La réduction du risque de pneumopathie postopératoire n’a pas été rapportée dans ces études. 4.2. Prise en charge chirurgicale première de la tumeur pulmonaire dans les tumeurs synchrones Notre étude ne démontre pas que le fait de prendre en charge d’abord chirurgicalement la tumeur pulmonaire avant la tumeur des VADS réduit le risque de complication post-résection pulmonaire. Ceci peut s’expliquer par le manque de puissance avec un effectif faible de cette sous-population. Une autre explication peut se trouver dans le fait que 4 patients sur 17 avaient reçu une chimiothérapie néo-adjuvante pour la tumeur des VADS en attendant la chirurgie pulmonaire, or il a été démontré dans la littérature que la chimiothérapie augmentait le risque de complications postopératoires [14]. Une étude randomisée avec un effectif suffisamment important serait nécessaire pour démontrer cette hypothèse. 4.3. Facteur de risque significatif de complications postopératoires Le seul facteur de risque de complications que nous retrouvons est la présence de troubles de la déglutition préopératoire. Ce résultat va dans le sens des conclusions des études de Briend [19] et Herrera [21]. Même si certains facteurs comme le sexe masculin, le tabagisme actif, l’âge, le type de résection pulmonaire ont été identifiés dans la littérature comme facteurs de risque de complications, ceux-ci n’influencent pas le taux de complications dans notre étude [19,23]. La trachéotomie préventive pour réduire le risque d’inhalation et donc de pneumopathie postopératoire n’est pas une attitude clairement validée. Nos résultats suggèrent que cette attitude peut être adoptée chez les patients avec des troubles de la déglutition préopératoire. Nous justifions ceci par le fait que les troubles de la déglutition augmentent le risque de complications, or la trachéotomie préventive, qui n’est pas significative en analyse univariée, devient significative en analyse multivariée lorsqu’il est testé avec les troubles de la déglutition. La trachéotomie préventive peut constituer un facteur de confusion. Elle est significativement liée aux troubles de la déglutition. Ceci est la traduction du fait que dans notre centre la trachéotomie préventive est pratiquée préférentiellement chez les patients présentant des troubles de la déglutition. La trachéotomie préventive seule ne suffit pas à prévenir les pneumopathies postopératoires. 4.4. Limites Notre étude présente la principale limite d’être une étude rétrospective avec les biais qu’elle peut comporter avec des données manquantes. Nous n’avons pas fait de comparaison par score de propension parce que nous ne pensions pas que dans notre étude la différence du nombre de lobectomie entre les deux groupes (VATS et TPL) pouvait constituer un facteur de confusion. L’analyse univariée ne présentait pas la lobectomie comme facteur significativement associé aux complications post-résection pulmonaire. Notre étude apporte néanmoins de nouveaux renseignements sur la résection pulmonaire chez les patients avec un antécédent de tumeur des VADS. Une étude multicentrique randomisée serait nécessaire pour répondre définitivement à certaines questions, comme celle de l’indication de la trachéotomie préventive chez ces patients ou celle de la prise en charge première de la tumeur pulmonaire dans les tumeurs synchrones. 5. Conclusion La prise en charge des patients présentant une tumeur pulmonaire avec un antécédent de tumeur des VADS reste complexe et non consensuelle. Cette étude retrouve un taux de pneumopathie et de détresse respiratoire réduit avec la VATS. Elle établit également que la présence de troubles de la déglutition préopératoire est un facteur prédictif de complications postopératoires. La stratégie de prise en charge chirurgicale première du cancer bronchopulmonaire dans les tumeurs synchrones n’a pas montré de réduction des complications post-résection pulmonaire dans notre étude. Ces patients doivent être opérés par VATS si possible, et il faut rechercher et prendre en charge les troubles de la déglutition pour réduire les complications post-résection pulmonaire dans cette population.   Références Herranz González-Botas J, Varela Vázquez P, Vázquez, Barro C. Second primary tumours in head and neck cancer. Acta Otorrinolaringol Esp 2016;67:123-9. https://doi.org/10.1016/j.otorri.2015.04.001 PMid:26386656 Vogt A, Schmid S, Heinimann K et al. Multiple primary tumours: challenges and approaches, a review. ESMO Open 2017;2:e000172. https://doi.org/10.1136/esmoopen-2017-000172 PMid:28761745 PMCid:PMC5519797 Deleyiannis FW, Thomas DB. Risk of Lung Cancer Among Patients with Head and Neck Cancer. Otolaryngol Head Neck Surg 1997 Jun;116(6):630-636. https://doi.org/10.1016/S0194-5998(97)70239-0 Aupérin A, Hill C. Epidemiology of head and neck carcinomas. Cancer Radiother 2005 Fev;9(1):1-7. https://doi.org/10.1016/j.canrad.2004.11.004 PMid:15804614 Van Monsjou HS, Schaapveld M et al. Cause-specific excess mortality in patients treated for cancer of the oral cavity and oropharynx: A population-based study. Oral Oncol 2016 Jan;52:37-44. https://doi.org/10.1016/j.oraloncology.2015.10.013 PMid:26553390 Salama JK, Stenson KM, List MA et al. Characteristics associated with swallowing changes after concurrent chemotherapy and radiotherapy in patients with head and neck cancer. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 2008;134:1060-5. https://doi.org/10.1001/archotol.134.10.1060 PMid:18936351 Tschiesner U, Linseisen E, Baumann S et al. Assessment of functioning in patients with head and neck cancer according to the International Classification of Functioning, Disability, and Health (ICF): a multicenter study. The Laryngoscope 2009;119:915-23. https://doi.org/10.1002/lary.20211 PMid:19358200 Mortensen HR, Jensen K, Grau C. Aspiration pneumonia in patients treated with radiotherapy for head and neck cancer. Acta Oncol 2013;52:270-6. https://doi.org/10.3109/0284186X.2012.742205 PMid:23173758 Nguyen NP, Smith HJ, Sallah S. Evaluation and management of swallowing dysfunction following chemoradiation for head and neck cancer. Curr Opin Otolaryngol Head Neck Surg 2007;15:130-3. https://doi.org/10.1097/MOO.0b013e32801da0e8 PMid:17413416 Whitson BA, Groth SS, Duval SJ, Swanson SJ, Maddaus MA. Surgery for early-stage non-small cell lung cancer: a systematic review of the video-assisted thoracoscopic surgery versus thoracotomy approaches to lobectomy. Ann Thorac Surg 2008 Dec;86(6):2008-16. https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2008.07.009 PMid:19022040 Rostad H, Strand TE, Naalsund A et al. Lung cancer surgery: the first 60 days. A population-based study. Eur J Cardiothorac Surg 2006;29:824-8. https://doi.org/10.1016/j.ejcts.2006.01.055 PMid:16520052 Simonsen DF, Søgaard M, Bozi I et al. Risk factors for postoperative pneumonia after lung cancer surgery and impact of pneumonia on survival. Respir Med 2015;109:1340-6. https://doi.org/10.1016/j.rmed.2015.07.008 PMid:26209227 Boffa DJ, Allen MS, Grab JD et al. Data from The Society of Thoracic Surgeons General Thoracic Surgery database: The surgical management of primary lung tumors. J Thorac Cardiovasc Surg 2008;135:247-54. https://doi.org/10.1016/j.jtcvs.2007.07.060 PMid:18242243 Matsubara Y, Takeda S, Mashimo T. Risk stratification for lung cancer surgery: Impact of induction therapy and extended resection. Chest 2005;128:3519-25. https://doi.org/10.1378/chest.128.5.3519 PMid:16304308 Pastorino U, Borasio P, Francese M et al. Lung cancer stage is an independent risk factor for surgical mortality. Tumori 2008;94:362-9. https://doi.org/10.1177/030089160809400313 PMid:18705405 Spaggiari L, Scanagatta P. Surgery of non-small cell lung cancer in the elderly. Curr Opin Oncol 2007;19:84-91. https://doi.org/10.1097/CCO.0b013e32802b7041 PMid:17272978 Takamochi K, Oh S, Matsuoka J et al. Risk factors for morbidity after pulmonary resection for lung cancer in younger and elderly patients. 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Increased risk of aspiration and pulmonary complications after lung resection in head and neck cancer patients. Ann Thorac Surg 2006;82:1982-7;discussion 1987-8. Flores RM, Park BJ, Dycoco J, Aronova A, Hirth Y, Rizk NP, Bains M, Downey RJ, Rusch VW. Lobectomy by video-assisted thoracic surgery (VATS) versus thoracotomy for lung cancer. J Thorac Cardiovasc Surg 2009 Jul;138(1):11-8 https://doi.org/10.1016/j.jtcvs.2009.03.030 PMid:19577048 Rodriguez M, Gómez-Hernandez MT, Novoa N et al. Refraining from smoking shortly before lobectomy has no influence on the risk of pulmonary complications: a case-control study on a matched population. Eur J Cardiothorac Surg 2017 Mar 1;51(3):498-503. https://doi.org/10.1093/ejcts/ezw359 Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared.  Cet article est issu d'un mémoire de DESC. Date de soumission : 03/09/2018. Acceptation : 24/09/2018. Pré-publication : 24/09/2018  
décembre 3, 2018
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Abstracts 2017

T-42 – Chirurgie du cancer à visée palliative : le chirurgien thoracique doit-il s’attendre à prendre en charge les effets secondaires de l’immunothérapie ?

Yaniss Belaroussi1, Caroline Rivera1, Marielle Sabatini2, Sophie Schneider2, Florence Mazères1 1. Service de chirurgie thoracique, centre hospitalier de la Côte-Basque, Bayonne 2. Service de pneumologie, centre hospitalier de la Côte-Basque, Bayonne   Objectif : L’immunothérapie par nivolumab est une nouvelle approche dans le traitement du cancer : elle cible les cellules immunitaires et non les tumorales, en levant l’inhibition des lymphocytes T. En oncologie thoracique, elle est actuellement indiquée en deuxième ligne du carcinome épidermoïde bronchique stade IV. Les effets indésirables décrits sont principalement de nature auto-immune et peuvent être retardés. Notre objectif est de rapporter le cas d’un patient traité par nivolumab pris en charge pour excavation pulmonaire secondairement abcédée. Méthode : Nous présentons un patient de 63 ans dont le parcours de soins est le suivant : octobre 2014 : diagnostic de carcinome épidermoïde bronchique lobaire supérieur gauche T4N2M0 traité par radio-chimiothérapie concomitante (carboplatine-paclitaxel/64 Gy) ; novembre 2015 : progression, chimiothérapie (carboplatine-paclitaxel) ; février 2016 : évolution en stade IV, immunothérapie par nivolumab (12 cures) ; août 2016 : progression, une cure de gemcitabine, interruption pour neutropénie. Résultat : Un scanner pour douleur thoracique en octobre 2016 montre, en plein parenchyme lobaire inférieur gauche, à distance de la tumeur initiale, une excavation pulmonaire à parois fines de 65 mm sans collection liquidienne, évoluant rapidement vers un abcès de 110 mm à Pseudomonas Aeruginosa. Une expectoration purulente soutenue fait diagnostiquer une fistule bronchique de nécessité. Devant le risque de vomique chez un patient PS3, un drainage à demeure de l’abcès est réalisé, permettant un retour à domicile sous céfépime. À 6 semaines, sur le caractère multirésistant du germe, l’apparition d’une réaction allergique sévère (Steven-Johnson) à l’antibiothérapie de réserve et l’obstruction répétée du drain, il est proposé une marsupialisation de l’abcès pulmonaire permettant un retour à domicile sans antibiothérapie avec une qualité de vie satisfaisante pour le patient. À J48, il décède d’hémoptysie. Conclusion : L’immunothérapie par nivolumab semble présenter moins d’effets secondaires que les chimiothérapies. Il s’agit de réactions de type immunitaire parfois retardées. L’excavation pulmonaire en fait-elle partie ? Nous proposons de réaliser une enquête au sein de la SFCTCV pour le déterminer.     Cancer palliative surgery: should thoracic surgeons expect to be involved in the management of immunotherapy adverse events?   Objectives: Immunotherapy by Nivolumab is a new approach in lung cancer treatment targeting T cells immune checkpoints instead of tumor cells. It is currently indicated in second line for stage IV squamous cell lung carcinoma. Mainly described adverse events of Nivolumab are autoimmune reactions that can be delayed. Our objective is to report the case of a patient presenting a lung excavation after immunotherapy. Methods: We present a 63 years-old male patient with left upper lobe squamous cell carcinoma (T4N2M0) treated in October 2014 with concomitant chemoradiotherapy (four cycles Carboplatin-Paclitaxel/64Gy). Because of progression in November 2015, he receives Carboplatin-Paclitaxel chemotherapy. Appearance of new lesions in contralateral lung leads to 12 cycles of Nivolumab from February 2016 to August 2016 when he receives Gemcitabine for progressive disease, which is stopped because of neutropenia. Results: CT scan performed because of chest pain in October 2016 shows occurence of a thin-walled lung excavation measuring 65mm, in the left lower lobe, away from the initial tumor. It rapidly turns into a 110mm-abscess positive to Pseudmomas Aeruginosa. Extensive purulent sputum leads to a bronchial fistula diagnosis. Due to major risk of vomica, lung abscess drainage is performed in association with antibiotics (Cefepime) allowing hospital discharge. Six weeks later, because of multidrug-resistant bacteria, severe allergic reaction to antibiotics (Steven-Johnson’s syndrome) and repeated obstruction of the chest tube, we perform lung abscess marsupialization. Patient returns home with no antibiotic treatment and satisfying quality of life. He died on postoperative day 48 from haemoptysis. Conclusion: Nivolumab immunotherapy seems to present less side effects than chemotherapy. It may induce autoimmune reactions that can be delayed. We suggest a survey among the SFCTCV’s surgeons to determine if Nivolumab can induce lung excavation.   Séance : Posters thoracique 2 - vendredi 9 juin - 12:15-13:45
mai 24, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Septembre 2016

Causes et conséquences des réadmissions hospitalières dans les 90 jours après exérèse d’un cancer pulmonaire primitif : étude bicentrique

Ilies Bouabdallah, Nathalie Nardone, Anderson Loundou, Henri de Lesquen, Geoffrey Brioude, Lucile Gust, Delphine Trousse, Xavier-Benoît D’Journo, Christophe Doddoli, Christophe Peillon, Jean-Marc Baste, Pascal-Alexandre Thomas   Service de chirurgie thoracique et maladies de l’œsophage, Hôpital Nord, Marseille, France. Unité de chirurgie générale et thoracique, CHU de Rouen, France. Correspondance : ilies.bouabdallah@gmail.com   Résumé Objectif : étudier les causes et conséquences des réadmissions à 3 mois après chirurgie pour cancer pulmonaire primitif. Méthodes : les dossiers médicaux des patients ayant subi une chirurgie de résection pulmonaire pour cancer pulmonaire primitif entre le 1er janvier 2013 et le 30 juin 2014 dans les services de chirurgie thoracique de Marseille et de Rouen ont été analysés à partir d’une base de données prospective (Epithor). Résultats : 456 malades ont été opérés et 14 sont décédés lors de l’hospitalisation initiale. Sur les 442 patients vivants et sortis de l’hôpital, 35 patients ont été réadmis dans les 90 jours suivant leur sortie. Les principales causes de réadmission étaient les pneumopathies. Les facteurs de risque de réadmission ont été étudiés mais aucun facteur indépendant n’était retrouvé. En revanche, il existait une surmortalité à 1 an dans le groupe réadmission. Ont été identifiés comme facteur indépendant de mortalité à 1 an : le sexe masculin, le stade T3, le stade N2, la chimiothérapie néo-adjuvante, la durée de séjour hospitalier ainsi que la réadmission dans les 90 premiers jours. Conclusion : les réadmissions sont fréquentes et principalement d’origines pulmonaires. Il existe une forte association entre réadmission et mortalité à 1 an.   Abstract Causes and effects of hospital readmissions within 90 days after surgery for primary lung cancer: two-center study Objective: Early readmissions are common and costly, and therefore represent a public health issue. We wanted to study the causes and effects of readmissions within 3 months after surgery for primary lung cancer. Methods: Medical records of patients who underwent pulmonary resection for primary lung cancer between January 1, 2013 and June 30, 2014 in thoracic surgery departments of the University Hospital of Marseille and Rouen were reviewed from a prospective database (EPITHOR). We studied the causes and risk factors for readmission, as well as the impact of early readmissions on mortality at 1 year. Results: 456 patients were operated and 14 died during the initial hospitalization. Of the 442 patients alive and discharged from hospital, 35 patients were readmitted within 90 days of discharge. The main cause of readmissions was pneumonia. Risk factors of readmission were studied but no independent factors were found. However, there was a higher 1-year mortality in the readmission group. The following were identified as independent risk factors for 1-year mortality: male gender, stage T3, stage N2, preoperative chemotherapy, hospital stay and readmission within 90 days. Conclusion: Readmissions are common and mainly pulmonary in origin. There is a strong association between readmission and mortality at 1 year.   1. INTRODUCTION Le cancer bronchopulmonaire primitif (CBP) représente la première cause de mortalité par cancer en France avec 30 000 décès chaque année, ainsi que dans le monde avec 1.5 millions de décès [1]. Son pronostic est sombre puisqu’il est associé à une survie relative à 5 ans inférieure à 15 %, et seulement moins de 7 % des patients sont en vie 10 ans après le diagnostic [1]. En France, on dénombre 45 000 nouveaux cas par an, ce qui place le CBP au 4e rang derrière le cancer du sein, colorectal et de la prostate. Le type de CBP le plus fréquent est dans 85 % des cas le cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC), avec une prédominance de l’adénocarcinome (ADK). Les facteurs de risque de CBP sont aujourd’hui bien identifiés et la prise en charge des patients est multidisciplinaire [1]. Cependant la chirurgie reste la pierre angulaire du traitement curatif, et historiquement la voie d’abord était la chirurgie ouverte. Ces dernières années ont vu le développement de techniques mini-invasives améliorant les suites opératoires immédiates et diminuant la morbidité [2]. Jusqu’à présent les stratégies visant à améliorer les résultats après chirurgie pour CBP mettaient l’accent sur l’évaluation et la préparation préopératoire, l’amélioration des techniques chirurgicales, la prise en charge multidisciplinaire périopératoire ainsi que la réhabilitation précoce postopératoire. Il est cependant devenu évident que la gestion des complications survenant à plus long terme était un facteur déterminant [3,4]. En effet, la littérature rapporte que la mortalité entre le 30e et le 90e jour semble équivalente à celle des 30 premiers jours, soulignant ainsi l’importance de la poursuite des soins et de la surveillance pendant les 3 mois suivant la chirurgie [5]. Le taux de réadmission à l’hôpital dans les 3 premiers mois semble donc un critère de mesure prépondérant dans la prise en charge du patient, permettant de juger de la capacité des services à gérer les complications tardives. Ce critère est proche de celui que les Anglo-Saxons définissent par le « failure to rescue », élément de mesure de la qualité de la prise en charge. Ainsi, en dépit des efforts chirurgicaux réalisés pour minimiser l’impact de la chirurgie, le taux de réadmission reste aujourd’hui toujours élevé. En effet, la littérature rapporte un taux de 5 à 15 % de réadmission après chirurgie pour CBP [6]. Il s’agit donc d’un problème médico-économique important. À partir de ces constatations, nous avons voulu, à travers une étude rétrospective observationnelle bicentrique, analyser les causes et conséquences des réadmissions à 3 mois après chirurgie pour cancer pulmonaire primitif dans deux établissements de notre système de santé.   2. PATIENTS ET MÉTHODES   2.1. Patients Après avis favorable du comité d’éthique de la Société française de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire (CERC), nous avons extraits rétrospectivement du registre Epithor les dossiers médicaux des patients pris en charge pour cancer pulmonaire primitif des services des centres hospitalo-universitaires (CHU) de Marseille et Rouen, entre le 1er janvier 2013 et le 30 juin 2014. Le registre Epithor collecte de manière prospective les actes de chirurgie thoracique en France, intégrant les données démographiques, les informations oncologiques, les éléments peropératoires ainsi que les suites de la chirurgie. Ce registre représente près de 160 000 patients sur plus de 93 centres. Il est représentatif de près de 90 % des actes de chirurgie thoracique en France.   2.2. Critères d’inclusion et d’exclusion Ont été inclus en intention de traiter tous les patients ayant bénéficié d’une chirurgie d’exérèse, anatomique ou non anatomique, à visée thérapeutique pour un cancer pulmonaire primitif. Les critères d’exclusion étaient représentés par les exérèses pulmonaires à visée diagnostique ainsi que les patients opérés pour une tumeur d’origine secondaire ou pour une tumeur carcinoïde.   2.3. Critères de jugement   2.3.1. Critère de jugement principal  Le critère de jugement principal était la réadmission dans les 90 jours suivant l’hospitalisation initiale pour chirurgie d’exérèse. On définissait une réadmission comme : le fait d’être réhospitalisé, que ce soit dans le service d’origine ou un autre ; se présenter dans un service d’accueil des urgences, quelle que soit la raison. N’étaient pas considérés comme réadmission : les rendez-vous programmés : pose de site implantable, consultation avec l’oncologue ou le radiothérapeute, consultation de suivi… les hospitalisations en lien avec des traitements adjuvants (radiothérapie, chimiothérapie…).   2.3.2. Critères de jugement secondaires Les critères de jugement secondaires étaient : l’analyse des causes des réadmissions ; la recherche des facteurs de risque de réadmissions ; les conséquences des réadmissions sur la mortalité à 1 an. Les patients décédés lors du séjour initial au décours de la chirurgie d’exérèse ont été exclus des calculs concernant les taux de réadmission et de mortalité à 1 an.   2.4. Variables   2.4.1. Facteurs liés aux patients Pour chaque patient, ont été relevés le sexe, l’âge, le poids, la taille, la date de la chirurgie, ainsi que les comorbidités et variables préopératoires telles que: le statut tabagique : actif, sevré, jamais fumé ; la fonction respiratoire : le volume expiré maximal seconde (VEMS), le rapport Tiffeneau, la diffusion libre du monoxyde de carbone (DLCO) ; les antécédents : diabète, hypertension, coronaropathie, valvulopathie, notion d’accident vasculaire cérébral (AVC) ou d’accident ischémique transitoire (AIT), l’artériopathie obstructive des membres inférieurs (AOMI). Chez les patients marseillais, nous avons recherché le statut « en couple » ou « vivant seul », la possession ou non d’un téléphone portable ainsi que la « distance CHU-domicile ».   2.4.2. Facteurs liés à la maladie Les facteurs étudiés étaient : le stade TNM de la maladie : le stade T, N et M de la classification TNM de 2009 ; l’histologie du cancer : principalement représentée par les ADK, les carcinomes épidermoïdes et les carcinomes bronchiolo-alvéolaires (BAC).   2.4.3. Facteurs liés au traitement En préopératoire, nous recherchions : l’existence d’un traitement néo-adjuvant : chimio- ou radiothérapie ; le recours éventuel à une médiastinoscopie préopératoire. Concernant la chirurgie, nous regardions : la voie d’abord : par chirurgie ouverte, par vidéothoracoscopie (VATS), par chirurgie robotique vidéo-assistée (RATS) ; la notion de conversion en cas de chirurgie mini-invasive ; le type de résection pulmonaire : résection atypique (wedge), segmentectomie, lobectomie, bilobectomie, pneumonectomie ; l’extension éventuelle de cette résection : intrapéricardique, bronchoplastique, angioplastique, à la paroi thoracique. L’analyse des suites opératoires reposait sur : la durée de séjour hospitalier ; l’apparition de complications : une détresse respiratoire, un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), une atélectasie nécessitant une fibro-aspiration bronchique, une pneumopathie, un empyème, une reprise chirurgicale pour saignement, une embolie pulmonaire (EP), un œdème aigu du poumon (OAP), une fibrillation auriculaire (FA), un syndrome coronarien aigu (SCA), un AVC, une insuffisance rénale aiguë, une durée de drainage thoracique prolongée (> 5jours) ; la nécessité d’un traitement adjuvant : chimio ou radiothérapie ; la survie à 24 mois.   2.5. Analyses statistiques L'analyse statistique a été effectuée à l'aide de PASW Statistics Version 17.02 (IBM SPSS Inc., Chicago, Ilinois, États-unis). Les variables continues sont exprimées en moyenne ± l’écart type ou en médiane avec la plage (min, max), et les variables qualitatives sont rapportées en taux et pourcentages. Les groupes ont été comparés en utilisant le Chi2 ou le test exact de Fisher pour les variables qualitatives, et en utilisant le test t de Student ou test de Mann-Whitney pour les variables continues. Les courbes de survie ont été estimées par la méthode de Kaplan-Meier et comparées en utilisant le test de log-rank. Les analyses univariée et multivariée ont été effectuées en utilisant le modèle de Cox à risques proportionnels. Les hazard ratios sont signalés avec des intervalles de confiance à 95 % (IC à 95 %). Pour tous les tests, un p < 0,05 a été considérée comme statistiquement significatif.   3. RÉSULTATS   3.1. Patients et traitement   3.1.1. Caractéristiques préopératoires Quatre cent cinquante-six patients ont été inclus sur une période de 18 mois (312 au CHU de Marseille et 144 au CHU de Rouen). Le sexe ratio était de 1,9 et l’âge médian était de 63,6 ± 9,7 ans. Environ la moitié des patients avaient un indice de masse corporel (IMC) normal et un peu plus d’un tiers était en surpoids. Concernant le statut tabagique, 7,6 % des patients étaient non-fumeurs, 62,9 % était repentis et presque un tiers était constitué de fumeurs actifs. Pour les autres antécédents cardio-vasculaires, on retrouvait une grande proportion de patients hypertendus (39,1 %), avec une AOMI (19,9 %), coronariens (17,4 %) ou diabétiques (13,2 %). L’exploration fonctionnelle respiratoire préopératoire de notre population montrait uniquement une diffusion libre du monoxyde de carbone légèrement altérée (67,25 % ± 17,87). Une évaluation ganglionnaire préopératoire par médiastinoscopie a été pratiquée dans 12,2 % des cas. Un traitement néo-adjuvant était administré dans respectivement 14 % et 3,8 % pour la chimiothérapie et la radiothérapie préopératoire.   3.1.2. Type de chirurgie La majorité des interventions a été faite par voie mini-invasive (VATS 47,8 % ; RATS 9,4 %) par rapport à la chirurgie ouverte (42,8 %). Dans 13,8 % des cas, la voie mini-invasive a nécessité une conversion. Comme attendu, l’intervention la plus réalisée a été la lobectomie dans 76,5 % des cas. Les autres exérèses parenchymateuses se répartissaient de la sorte : 5,7 % de wedges; 5 % de segmentectomies, 4,6 % de bilobectomies et enfin 8,1 % de pneumonectomies. De plus, les chirurgies d’exérèse ont rarement nécessité une résection étendue. La principale histologie retrouvée était l’adénocarcinome chez 2 tiers des patients (66,4 %) suivi par l’épidermoïde dans un quart des cas (26,8 %). Le cancer broncho-pulmonaire était majoritairement représenté par des stades précoces (55,9 % de stade I, 17,3 % de stade II, 19,8 % de stade III et 7 % de stade IV).   3.1.3. Suites opératoires Les différents types de mortalité (hospitalière, à 30 jours, 90 jours et à 1 an) de la totalité de notre population sont rapportés dans le tableau 1. Parmi les 456 patients inclus, 14 patients sont décédés au cours de leur hospitalisation initiale, ce qui représente une mortalité hospitalière de 3 %. Les causes de mortalité hospitalière sont détaillées figure 1. Ainsi, les 442 patients vivants et sortis de l’hôpital constituaient le matériel de notre étude pour les réadmissions et la mortalité [figure 2].   Mortalité n = 456 (%) Mortalité hospitalière 14 (3) Mortalité à 30 jours 9 (2) Mortalité à 90 jours 24 (5,3) Mortalité à 1 an 42 (9,2) Tableau 1 : Mortalité après chirurgie d’exérèse pour cancer pulmonaire primitif.   [caption id="attachment_2548" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Causes de décès lors du séjour initial de chirurgie d’exérèse.[/caption]   [caption id="attachment_2549" align="aligncenter" width="275"] Figure 2. Flow chart.[/caption]   Le plus souvent, les suites opératoires ont été simples. Les principales complications observées étaient représentées par la pneumopathie (17,4 %), la durée de drainage prolongée (13,8 %), la détresse respiratoire (10,3 %), la fibrillation auriculaire (7,9 %) et l’atélectasie nécessitant une fibro-aspiration (7,5 %). La durée médiane du séjour hospitalier était de 8 jours (1-132), et apparaissait plus courte chez les patients opérés par voie mini-invasive [figures 3 et 4]. Enfin, 35,7 % des patients ont bénéficié d’une chimiothérapie adjuvante et 8,3 % d’une radiothérapie adjuvante.   [caption id="attachment_2550" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Durée de séjour de l’hospitalisation initiale.[/caption] [caption id="attachment_2551" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Durée du séjour initial en fonction de la voie d’abord.[/caption]   3.2. Réadmissions   3.2.1. Taux de réadmission Sur les 442 patients sortis de l’hôpital après la chirurgie d’exérèse, 35 (7,9 %) ont été réadmis dans les 90 premiers jours [figure 2]. Le taux de réadmission était significativement différent entre Marseille et Rouen (respectivement 5,6 % vs 12,8 % ; p = 0,009). La majorité (51 %) des réadmissions a eu lieu dans le premier mois après la sortie de l’hôpital [figure 5]. La plus grande proportion des réadmissions concernait les patients qui avaient été hospitalisés durant 5 à 7 jours lors du séjour initial [figures 6 et 7].   [caption id="attachment_2552" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. Répartition des réadmissions.[/caption] [caption id="attachment_2553" align="aligncenter" width="300"] Figure 6. Nombre de réadmission en fonction de la durée du séjour initial.[/caption] [caption id="attachment_2554" align="aligncenter" width="300"] Figure 7. Nombre de réadmission en fonction de la durée du séjour initial et de la voie d’abord.[/caption]   3.2.2. Causes de réadmission Les complications pulmonaires apparaissaient comme la première cause de réadmission (57 %). On retrouvait principalement : les pneumopathies : 20 % ; les fistules bronchiques : 11 % ; l’empyème pulmonaire : 8 %. Les autres causes sont décrites dans la figure 8 ainsi que dans le tableau 2. On ne retrouvait pas de différence significative entre les causes de réadmission à Rouen et à Marseille [tableau 3].   [caption id="attachment_2555" align="aligncenter" width="300"] Figure 8. Causes de réadmission.[/caption]     Réadmissions dans les 30 premiers jours n = 18 (51 %) Réadmissions entre J30-J60 n = 11 (31 %) Réadmissions entre J60-J90 n = 6 (18 %) Toutes les réadmissions à 90 jours n = 35 (100 %)  COMPLICATIONS PULMONAIRES  20 (57 %) – Pneumopathie 3 1 3 7 (20 %) – Fistule bronchique 3 1 4 (11 %) – Empyème 2 1 3 (8 %) – Pleurésie 2 2 (5,7 %) – Pneumothorax 1 1 (2,8 %) – Atélectasie 1 1 (2,8 %) – Embolie pulmonaire 1 1 2 (5,7 %) COMPLICATIONS CARDIAQUES 3 (8,5 %) – Tamponnade 1 1 (2,8 %) – SCA 1 1 (2,8 %) – Péricardite 1 1 (2,8 %) AUTRES 9 (26 %) – Douleur pariétale 1 1 (2,8 %) – Sd de Guillain-Barré 1 1 (2,8 %) – Surdosage morphinique 1 1 (2,8 %) – Incarcération de l’omoplate 1 1 (2,8 %) – AVC 1 1 (2,8 %) – Hématome 1 1 (2,8 %) – Sd occlusif 2 2 (5,7 %) – Anémie 1 1 (2,8 %) SANS LIEN AVEC LA CHIRURGIE 3 (8,5 %) – Sd cave supérieur 1 1 (2,8 %) – Trouble phasique 1 1 (2,8 %) – Altération état général 1 1 (2,8 %) Tableau 2. Causes de réadmission en fonction du délai par rapport à la chirurgie.   Marseille (n = 17) Rouen (n = 18) Pneumopathie 4 3 Fistule bronchique 2 2 Empyème 2 1 Pleurésie 1 1 Pneumothorax 0 1 Atélectasie 0 1 Embolie pulmonaire 0 2 Tamponnade 0 1 SCA 0 1 Péricardite 1 0 Douleur pariétale 1 0 Sd de Guillain-Barré 1 0 Surdosage morphinique 1 0 Incarcération de l’omoplate 0 1 AVC 1 0 Hématome 0 1 Sd occlusif 1 1 Anémie 1 0 Sd cave supérieur 1 0 Trouble phasique 0 1 Altération état général 0 1 Tableau 3. Causes de réadmission dans les 90 jours en fonction du CHU.   3.2.3. Différences entre patients réadmis et non réadmis Nous avons comparé les 35 patients réadmis dans les 90 premiers jours aux 407 patients non réadmis. L’analyse univariée n’a pas montré de différence significative concernant les principales caractéristiques des 2 groupes. Seuls la DLCO et le stade T de la tumeur semblaient influencer de façon significative le taux de réadmission (p = 0,05). L’analyse univariée est détaillée dans les tableaux 4, 5 et 6. Nous n’avons pas réalisé d’analyse multivariée devant l’absence de résultat suffisamment significatif. Chez les patients marseillais, nous avons essayé d’évaluer l’isolement social en recherchant le statut « en couple » ou « vivant seul », la possession ou non d’un téléphone portable ainsi que la « distance CHU-domicile ». Pour ce sous-groupe, aucun résultat significatif n’a été mis en évidence.     Groupe « pas de réadmission » n = 407 (92,1 %) Groupe « réadmissions à 90 jours » n = 35 (7,9 %) p Âge 63,7 ± 9,5 62,5 ± 12,2 0,555 Homme 66 % 71,4 % 0,516 Statut tabagique 0,435 – actif 28,8 % 37,1 %   – sevré 63,2 % 60 %   – jamais fumé 8 % 2,9   IMC 0,409 – dénutrition 4 % 5,7 %   – normal 47 % 45,7 %   – surpoids 34,9 % 42,9 %   – obèse 14 % 5,7 %   Diabète 13,1 % 14,3 % 0,796 Coronaropathie 17,6 % 14,3 % 0,657 Hypertension 39 % 40 % 0,912 Valvulopathie 4,5 % 2,9 % 1 AVC ou AIT 4,5 % 8,6 % 0,235 AOMI 20,8 % 8,6 % 0,081 VEMS 84,23 % ± 18,75 81,09 % ± 20,19 0,360 VEMS/CV 79,95 % ±16,07 77,27 % ± 20,27 0,424 DLCO 67,8 % ± 17,78 60,96 % ± 18,12 0,05 T 0,05 – T1 45,9 % 22,9 %   – T2 30,6 % 48,6 %   – T3 18 % 20 %   – T4 5,6 % 8,6 %   N 0,317 – N0 72,2 % 60,6 %   – N1 14,5 % 24,2 %   – N2 13,1 % 15,2 %   M 0,280 – M0 93,5 % 88,2 %   – M1 6,5 % 11,8 %   Stade TNM 0,244 – I 56,8 % 44,1 %   – II 16,6 % 26,5 %   – III 20 % 17,6 %   – IV 6,6 % 11,8 %   Histologie 0,416 – ADK 65,2 % 80 % – épidermoïde 27,6 % 17,1 %   – BAC 0,7 % 0   – autres 6,4 % 2,9 %   Chimio préop. 13,5 % 20 % 0,308 Radio préop. 3,4 % 8,6 % 0,139 Tableau 4. Caractéristiques préopératoires dans l’analyse univariée sur les réadmissions à 3 mois.     Groupe « pas de réadmission »n = 407 (92,1 %) Groupe « réadmissions à 90 jours »n = 35 (7,9 %) p Voie d’abord 0,655 – ouvert 43,2 % 37,1 %   – VATS 47,5 % 51,4 %   – RATS 9,3 % 11,4 %   Chirurgie mini-invasive 56,8 % 62,9 % 0,484 Conversion chirurgicale 14,6 % 4,5 % 0,329 Médiastinoscopie préop. 12,2 % 11,4 % 1 Type de résection 0,481 – wedge 5,2 % 11,4 %   – lobectomie 77 % 71,4 %   – segmentectomie 5,2 % 2,9 %   – bilobectomie 4,8 % 2,9 %   – pneumonectomie 7,8 % 11,4 %   Résection étendue 0,301 – bronchoplastique 2,6 % 5,7 %   – paroi thoracique 3,6 % 5,7 %   – intrapéricardique 4,5 % 8,6 %   Tableau 5. Variables liées à la chirurgie dans l’analyse univariée sur les réadmissions à 3 mois.     Groupe « pas de réadmission » n = 407 (92,1 %) Groupe « réadmissions à 90 jours » n = 35 (7,9 %) p Détresse respiratoire 10,5 % 8,6 % 1 SDRA 3,6 % 8,6 % 0,153 Atélectasie fibroaspirée 7,6 % 5,7 % 1 Pneumopathie 17,6 % 14,3 % 0,617 Embolie pulmonaire 0,5 % 0 1 OAP 1,7 % 0 1 FA 7,6 % 11,4 % 0,508 SCA 1,2 % 0 1 AVC 0,2 % 0 1 Insuffisance rénale aigue 3,3 % 5,7 % 0,353 Reprise chirurgicale pour saignement 1,4 % 2,9 % 0,432 Empyème 0,7 % 0 1 Durée de drainage > 5 jours 13,3 % 20 % 0,305 Autres complications 23 % 28,6 % 0,458 Durée de séjour (jours) 8 (1-132) 7 (3-57) 0,847 Chimio postop. 35,6 % 37,1 % 0,852 Radio postop. 8,3 % 8,8 % 0,754 Tableau 6. Variables postopératoires dans l’analyse univariée sur les réadmissions à 3 mois.   3.3. Association réadmission et mortalité De façon flagrante, nous avons mis en évidence une relation entre la réadmission dans les 90 premiers jours et la mortalité à 1 an [tableau 7]. En effet, le taux de mortalité était plus de 5 fois supérieur chez les patients réadmis (25,7 % vs 4,7 % ; p < 0,001).     Groupe « réadmissions à 90 jours » n = 35 (7,9 %) Groupe « pas de réadmission » n = 407 (92,1 %) p Mortalité à 30 jours 5 (14,2 %) 6 (1,5 %) < 0.001 Mortalité à 60 jours 7 (20 %) 9 (2,2 %) < 0,001 Mortalité à 90 jours 7 (20 %) 10 (2,4 %) < 0,001 Mortalité à 1 an 9 (25,7 %) 19 (4,7 %) < 0,001 Tableau 7. Mortalités des réadmissions à 3 mois.   Au vu de cette observation, nous avons cherché à savoir si la réadmission précoce pouvait constituer un facteur de risque de mortalité à 1 an. L’analyse univariée a ainsi confirmé que chez les patients décédés au cours de la première année, environ 5 fois plus avaient été réadmis dans les 90 premiers jours (32 % vs 6,3 % ; p = 0,003) [tableau 8]. Après correction des potentiels facteurs confondants grâce à un modèle de Cox, les réadmissions à 3 mois étaient encore significativement associées à un risque relatif de mortalité à 1 an de 4,51 (p = 0,028). L’analyse de la survie en utilisant des courbes de Kaplan-Meier ne montrait pas de différence significative, mais malgré tout une nette tendance à une survie diminuée chez les patients réadmis précocement [figure 9]. La survie relative à 1 an, calculée par la technique de Kaplan-Meier, était de 75% chez les patients réadmis versus 90 % chez les non réadmis (p = 0,146). Ce pourcentage était proche de la survie réelle observée dans notre échantillon, calculée à partir des taux de mortalité bruts à 1 an [tableau 7].     Groupe « décédé à 1 an » n = 28 (6,3 %)   Groupe « vivant à 1 an » n = 414 (93,7 %)   p Réadmission dans les 30 jours 6 (54,5 %) 12 (11,2 %) 0,002 Réadmission entre J30 et J60 2 (25 %) 9 (9,3 %) 0,196 Réadmission entre J60 et J90 1 (20 %) 5 (4,9 %) 0,255 Toutes les réadmissions à J90 9 (32 %) 26 (6,3 %) 0,003 Tableau 8. Réadmissions des patients décédés à 1 an.   [caption id="attachment_2556" align="aligncenter" width="300"] Figure 9. Courbes de Kaplan-Meier, survie chez les patients réadmis et non réadmis.[/caption]   3.4. Mortalité à 1 an Le taux de mortalité à 1 an était de 9,2 % (soit 42 patients), avec respectivement 28 patients décédés à Marseille (soit 9 %) et 14 à Rouen (soit 9,7 %). Les causes de mortalité à 1 an étaient liées à l’évolution du cancer (n = 11), c’est-à-dire sans rapport avec la chirurgie, ou bien liées aux complications de l’intervention (n = 27). Toutes causes confondues, la pneumopathie était le diagnostic le plus fréquent, à l’origine de plus d’un décès sur quatre (28 %). Pour 4 patients, ces données n’étaient pas disponibles. Les autres causes de mortalité à 1 an sont résumées dans le tableau 9.   Causes liées au cancer n : 11 (26 %) Causes liées à la chirurgie n = 27 (64 %) Évolution métastatique 6 Pneumopathie 11 Détresse respiratoire 2 Fistule 5 Pneumopathie 1 Embolie pulmonaire 3 Hémoptysie 1 Hémoptysie 2 Syndrome cave supérieur 1 SDRA 2 Détresse respiratoire 1     Choc hémorragique postopératoire 1 Syndrome de glissement postopératoire 1 Trouble du rythme 1 (Causes non retrouvées : 4) Tableau 9. Causes de mortalité à 1 an après chirurgie pour cancer pulmonaire primitif.   Par ailleurs, en regardant de plus près les causes de décès chez les patients réadmis ou non, nous ne retrouvions pas de différence dans la proportion de décès liés ou non à l’évolution du cancer [tableau 10].     Groupe « réadmissions à 90 jours » n = 9 Groupe « pas de réadmission » n = 19   p Décès liés à l’évolution du cancer 3 (33 %) 8 (42 %) 0,847 Décès liés à la chirurgie 4 (44 %) 9 (47 %) 0,652 (Causes non retrouvées : 4) Tableau 10. Répartition des causes de mortalité à 1 an chez les patients sortis vivants de l’hospitalisation initiale.   L’analyse univariée des facteurs de risque de mortalité à 1 an s’intéressait aux mêmes variables que pour l’analyse sur les réadmissions. Les critères les plus significatifs ont été analysés en multivariée. En résumé, le sexe masculin (HR 9,93 ; CI 2,76-35,72), le stade T3 (HR 5,56 ; CI 1,83-16,82), le stade N2 (HR 6,51 ; CI 2,41-17,56), la chimiothérapie néo-adjuvante (HR 3,79 ; CI 1,36-10,58), la durée d’hospitalisation (HR 1,03 ; CI 1,03-1,05) ainsi que la réadmission dans les 90 premiers jours (HR 3,63 ; CI 1-13,2), étaient significativement des facteurs de risque indépendants de mortalité à 1 an. Les résultats de l’analyse multivariée sont présentés dans le tableau 11.   4. DISCUSSION Le problème des réadmissions postopératoires est depuis quelques années un véritable enjeu de santé publique dépendant étroitement du système de santé concerné. Aux États-Unis, le coût annuel des réadmissions dans les 30 jours est estimé à 26 milliards de dollars [7]. De ce fait, il a été mis en place un programme de réduction du taux de réadmission avec des pénalités financières pour les établissements présentant un taux élevé. Il apparaît donc nécessaire de comprendre et d’identifier les causes de ces réadmissions, car il serait en effet désastreux pour les patients de ne s’intéresser qu’à leur aspect purement comptable plutôt qu’à leurs causes réelles et leurs éventuelles conséquences. Dans notre étude, le taux de réadmission était de 7,9 %. Ce chiffre est cohérent avec la littérature qui retrouve un taux variable de 5 % à 15 % [4,6,8-11]. Varela et al. retrouvaient eux aussi un chiffre autour de 7 % [10], alors que Hu et al. observaient un taux de réadmission de 12,8 % [4]. Cependant le travail de Hu et al. ne portait que sur des patients de plus de 65 ans, et plus de 45 % des réadmissions de leur étude étaient sans rapport avec la chirurgie [4]. Dans notre série, la moitié des réadmissions apparaissait durant le premier mois. De façon comparable, Hu et al. rapportaient que les réadmissions les plus fréquentes avaient lieu dans les deux premières semaines [4]. Les études portant sur le sujet des réadmissions prennent donc souvent pour délai les 30 premiers jours. Cependant dans le cas de la chirurgie pour cancer, il est intéressant de considérer une fenêtre plus grande car une large proportion de réadmission a lieu après le 1er mois [12]. D’ailleurs dans notre série, 17 réadmissions (49 %) ont eu lieu après le 1er mois. Concernant les causes des réadmissions, les pneumopathies représentaient dans notre étude 20 % des diagnostics. Les autres études retrouvent aussi les complications pulmonaires comme principale cause de réadmission [9,11,13]. Plusieurs critères ont déjà été rapportés comme facteurs de risque de réadmission. Dans une des premières études sur le sujet, Handy et al. retrouvaient la pneumonectomie comme facteur de risque indépendant de réadmission [11]. Par la suite, Varela et al. ont confirmé que la pneumonectomie et les complications postopératoires étaient indépendamment associées aux réadmissions [10]. En effet, les complications postopératoires sont fréquentes et peuvent être responsables d’une durée de séjour prolongée et de réadmissions précoces [10-12]. Malheureusement, dans notre étude nous avons échoué à mettre en exergue une relation forte entre complications et réadmission, probablement à cause d’un manque de puissance. McDevitt et al. notaient que les réadmissions étaient associées à un faible niveau socio-économique, un index de comorbidité élevé et un stade avancé (stade III ou plus) du cancer [9]. Pour leur part, Freeman et al. rapportaient une durée de séjour initiale très courte ou prolongée comme associée à un risque de réadmission [14]. Enfin, Puri and al. montraient que la prise en charge en dehors d’un centre universitaire était également un facteur de risque indépendant de réadmission [15]. Concernant la prévention, Dawes et al. estiment que seulement 21 % des réadmissions sont évitables [16]. Récemment, Hu et al. ont décrit un modèle hiérarchique pour les réadmissions précoces [4]. D’ailleurs, une cinquantaine d’essais cliniques sur des pathologies diverses ont étudié comment prévenir les réadmissions, mais le résultat global a été modeste. De plus, il est rapporté dans la littérature qu’environ 25 % de réadmission sont sous-estimées [4]. Plusieurs travaux mettent en avant le fait que les études monocentriques peuvent sous-estimer le taux réel de réadmission, car une grande proportion de réadmission a lieu dans des services différents de celui de la chirurgie initiale [4,13]. Ceci est particulièrement vrai pour les grands centres universitaires ou de référence, où les patients parcourent de longues distances pour être pris en charge [12]. Pour beaucoup de malades habitant loin, la répétition des trajets peut devenir un problème [12]. Un aspect intéressant de notre travail consiste dans le fait que nous ayons pris en compte tous les types d’interventions pour chirurgie d’exérèse à la différence d’autres études qui par exemple excluent la technique mini-invasive [14] ou ne s’intéressent qu’aux lobectomies [13]. Dans notre étude, la technique chirurgicale n’était pas retrouvée comme facteur de risque de réadmission. Ce manque d’association a aussi été retrouvé récemment dans une large série [17]. Concernant les suites opératoires, de plus en plus d’équipes mettent en place le « fast-tracking » avec des parcours de soins standardisés qui incluent une durée de drainage thoracique raccourcie, la réhabilitation précoce, mais surtout une gestion par une équipe formée à ces protocoles. Ces méthodes ont montré une diminution de la durée de séjour mais les taux de réadmission restent inchangés [18]. Les conséquences exactes des réadmissions sont difficiles à mesurer car il n’y a pas de définition précise des réadmissions après chirurgie pour cancer. En effet, il est important de différencier les causes programmées de réadmission de celles qui sont imprévues. Un patient avec un cancer pulmonaire de stade III va bénéficier d’une chimiothérapie adjuvante et nécessitera la pose d’un accès veineux, ce qui peut être considéré comme une réadmission dans de larges bases de données. De la même façon, certains patients avec un cancer du poumon présentent aussi plusieurs comorbidités, responsables parfois de réadmissions précoces après la chirurgie sans réel lien avec celle-ci. Toutefois, nous avons mis en évidence dans notre étude un véritable impact de la réadmission à 90 jours sur la mortalité à 1 an après chirurgie pour cancer pulmonaire primitif. L’association entre réadmission est mortalité a été introduite dès le début des années 2000 par Handy et al avec un taux de mortalité à 5 ans de 11,6 % dans le groupe réadmis versus 4 % chez les non réadmis [11]. Ces taux de mortalité apparaissent plus faibles que dans notre étude mais leur travail ne concernait pas uniquement la chirurgie pour cancer mais également des pathologies bénignes. Depuis Handy et al., cette association a été rapportée dans plusieurs travaux [4,12]. Les réadmissions après chirurgie pour cancer pulmonaire sont généralement associées à une augmentation du risque de mortalité à court terme [4,7,11]. En effet, Hu et al. ont montré que les réadmissions précoces étaient associées à une augmentation de 6 fois de la mortalité à 90 jours [4]. Dernièrement, Puri et al. ont montré qu’elles étaient également associées à une diminution de la survie [15]. Stitzenberg et al. retrouvaient eux aussi une différence significative du taux de mortalité à 1 an (33 % vs 15 % ; p < 0,001), ainsi qu’une différence significative de survie à 5 ans (p < 0,001) [12]. Dans notre série, nous n’avons pas retrouvé ce résultat significatif pour la survie, mais une nette tendance qui laisse penser qu’avec plus de patients inclus c’eût été différent. Une caractéristique de la prise en charge chirurgicale du cancer du poumon consiste dans la tendance actuelle à la centralisation régionale des établissements pratiquant ces actes chirurgicaux de « haute qualité ». Ces hôpitaux de référence à gros volume d’activité sont considérés plus adaptés pour gérer les complications de ce genre de chirurgie, et ainsi diminuer les taux de mortalité et de réadmission. Il s’agit de la notion de « failure to rescue » qui explique que la mortalité hospitalière dépend plus de la gestion des complications postopératoires qu’uniquement de la survenue de ces dernières [19]. Cependant, une grande partie des complications a lieu dans les 90 premiers jours alors que le patient n’est généralement plus hospitalisé. La réadmission étant associée à une augmentation de la mortalité, des indicateurs de qualité pour les réadmissions ont dû être définis. Ainsi récemment, une étude américaine parue dans Lancet et incluant 9 440 503 patients a montré que les patients réadmis après une intervention chirurgicale majeure avaient une meilleure survie s’ils retournaient dans le service où avait été pratiquée la chirurgie [20]. La principale limite de notre étude est son manque de puissance. En effet, nous observions plusieurs tendances qui n’arrivaient pas au seuil de la signification statistique. Il y a donc fort à attendre des résultats de l’étude européenne en cours sur le même thème qui corrigera cette limite grâce à une large série de patients. Une critique pourrait également être soulevée par un possible effet centre dans notre étude. En effet, ce dernier n’a pas été évalué dans les analyses statistiques. Cependant les populations de Rouen et Marseille étaient comparables, seul le taux de réadmission étant différent mais leurs causes étaient toutefois similaires. Un autre biais évident réside dans le caractère rétrospectif de notre analyse. Enfin, il aurait été intéressant d’avoir plus d’informations sur les données socio-économiques des patients et rechercher ainsi d’éventuels nouveaux facteurs de risque de réadmission. En contrepartie, un intérêt particulier de notre travail est l’importance du recueil des données cliniques, des variables préopératoires (la fonction respiratoire précise, le détail des comorbidités…), de la technique chirurgicale ainsi que des complications survenues pendant l’hospitalisation initiale. En effet, ces données sont souvent des éléments manquants des larges séries sur le sujet.   5. CONCLUSION Les réadmissions après chirurgie d’exérèse pour cancer pulmonaire primitif sont fréquentes et principalement d’origine pulmonaire. Il est important d’évaluer le taux jusqu’à 90 jours. En effet, elles surviennent autant dans les 30 premiers jours qu’entre le 30e et je 90e jour, sans que l’on puisse déterminer les facteurs de risque de ces réadmissions. En revanche, elles sont considérées comme des facteurs de risque indépendants de mortalité à 1 an. Leur impact sur la survie semble également important. La compréhension, la prévention et la gestion de ces réadmissions sont des notions importantes en chirurgie oncologique thoracique. Elles témoignent de la qualité globale de la prise en charge et reste un marqueur important de la réactivité et du niveau de spécialisation des centres chirurgicaux.   RÉFÉRENCES Al-Shahrabani F, Vallböhmer D, Angenendt S, Knoefel WT. Surgical strategies in the therapy of non-small cell lung cancer. World J Clin Oncol 2014 Oct;5(4):595–603. Yang C-FJ, Sun Z, Speicher PJ, Saud SM, Gulack BC, Hartwig MG, et al. Use and Outcomes of Minimally Invasive Lobectomy for Stage I Non-Small Cell Lung Cancer in the National Cancer Data Base. Ann Thorac Surg 2016;Jan 26. Pezzi CM, Mallin K, Mendez AS, Greer Gay E, Putnam JB. Ninety-day mortality after resection for lung cancer is nearly double 30-day mortality. J Thorac Cardiovasc Surg 2014 Nov;148(5):2269–77. Hu Y, McMurry TL, Isbell JM, Stukenborg GJ, Kozower BD. Readmission after lung cancer resection is associated with a 6-fold increase in 90-day postoperative mortality. J Thorac Cardiovasc Surg 2014 Nov;148(5):2261–7. Bryant AS, Rudemiller K, Cerfolio RJ. The 30- versus 90-day operative mortality after pulmonary resection. Ann Thorac Surg 2010 Jun;89(6):1717–22;discussion 1722–3. Lucas DJ, Haider A, Haut E, Dodson R, Wolfgang CL, Ahuja N, et al. Assessing readmission after general, vascular, and thoracic surgery using ACS-NSQIP. Ann Surg 2013 Sep;258(3):430–9. Gonzalez AA, Abdelsattar ZM, Dimick JB, Dev S, Birkmeyer JD, Ghaferi AA. Time-to-readmission and Mortality After High-risk Surgery. Ann Surg 2015 Jul;262(1):53–9. Ogawa F, Satoh Y, Iyoda A, Amano H, Kumagai Y, Majima M. Clinical impact of lung age on postoperative readmission in non-small cell lung cancer. J Surg Res 2015 Jan;193(1):442–8. McDevitt J, Kelly M, Comber H, Kelleher T, Dwane F, Sharp L. A population-based study of hospital length of stay and emergency readmission following surgery for non-small-cell lung cancer. Eur J Cardio-Thorac Surg Off J Eur Assoc Cardio-Thorac Surg 2013 Oct;44(4):e253–9. Varela G, Aranda JL, Jiménez MF, Novoa N. Emergency hospital readmission after major lung resection: prevalence and related variables. Eur J Cardio-Thorac Surg Off J Eur Assoc Cardio-Thorac Surg 2004 Sep;26(3):494–7. Handy JR, Child AI, Grunkemeier GL, Fowler P, Asaph JW, Douville EC, et al. 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Dawes AJ, Sacks GD, Russell MM, Lin AY, Maggard-Gibbons M, Winograd D, et al. Preventable readmissions to surgical services: lessons learned and targets for improvement. J Am Coll Surg 2014 Sep;219(3):382–9. Assi R, Wong DJ, Boffa DJ, Detterbeck FC, Wang Z, Chupp GL, et al. Hospital readmission after pulmonary lobectomy is not affected by surgical approach. Ann Thorac Surg 2015 Feb;99(2):393–8. Salati M, Brunelli A, Xiumè F, Refai M, Pompili C, Sabbatini A. Does fast-tracking increase the readmission rate after pulmonary resection? A case-matched study. Eur J Cardio-Thorac Surg Off J Eur Assoc Cardio-Thorac Surg 2012 May;41(5):1083–7;discussion 1087. Farjah F, Backhus L, Cheng A, Englum B, Kim S, Saha-Chaudhuri P, et al. Failure to rescue and pulmonary resection for lung cancer. J Thorac Cardiovasc Surg 2015 May;149(5):1365–71;discussion 1371–3.e3. Brooke BS, Goodney PP, Kraiss LW, Gottlieb DJ, Samore MH, Finlayson SRG. Readmission destination and risk of mortality after major surgery: an observational cohort study. Lancet Lond Engl 2015 Aug 29;386(9996):884–95. Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 17/03/2016. Acceptation : 19/05/2016.  
septembre 15, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Abstract 2016

T-42 – La fractalkine combinée à une chimiothérapie immunogène. Étude préclinique sur des métastases osseuses de CNPC murins

Charlotte Cohen, Heidy Schmid-Antomarchi, Annie Schmid-Alliana, Daniel Pop, Nicolas Venissac, Jérôme Mouroux Service de chirurgie thoracique, CHU de Nice  Objectif Des travaux précédents ont permis d’établir la preuve de concept de l’action antitumorale de la fractalkine soluble (FKNs) sur le développement de métastases osseuses expérimentales de carcinomes épidermoïdes pulmonaires chez la souris. Cette chimiokine, la FKNs, délivrée localement, permet d’augmenter le recrutement leucocytaire intratumoral et de rompre le cercle vicieux entre la prolifération tumorale et la résorption osseuse. Toutes les chimiothérapies sont connues pour agir directement par leurs interactions avec l’ADN des cellules tumorales, mais certaines sont capables d’induire une mort cellulaire immunogène, et donc de stimuler l’immunité antitumorale. L’association de ces 2 traitements devrait permettre de majorer leur effet antitumoral.  Méthode Nous avons testé l’efficacité de l’association FKNs/chimiothérapie immunogène (oxaliplatine et docetaxel) sur un modèle syngénique murin de métastase osseuse expérimentale de carcinome épidermoïde pulmonaire. Quatre groupes ont été constitués : 8 souris ne recevaient aucun traitement, 8 étaient traitées par FKNs seule, 8 par chimiothérapie seule et 8 par l’association chimiothérapie et FKNs. Les mécanismes d’action étaient identifiés par analyse transcriptomique des tumeurs en qPCR.  Résultat L’association FKNs/chimiothérapie a permis d’obtenir une diminution de 76,8 % du poids tumoral (p = 0,006) vs 34 % pour la chimiothérapie seule et 53 % pour la FKNs. Cet effet est lié à une modification de l’expression des gènes des check-point immunitaires et à une augmentation de l’infiltrat leucocytaire intratumoral.  Conclusion L’association d’un traitement local par FKNs à un traitement systémique par chimiothérapie immunogène semble prometteuse. D’autres associations thérapeutiques avec la fractalkine doivent être testées, notamment les traitements agissant sur les check-point immunitaires.     Fractalkine combined with immunogenic chemotherapy. Pre-clinical study in murine NSCLC bone metastasis   Objectives The anti-tumoral activity of soluble fractalkine (FKNs) on the development of experimental bone metastasis of epidermoïd lung cancer in mouse was proved by previous research. This chemokine, the FKNs, when delivered locally, allow to increase the recruitment of intra-tumor leucocyte, and to disrupt the vicious cycle linking tumor proliferation and bone resorption. Chemotherapy is known to have a direct effect on tumor DNA, but some are also able to induce immunogenic cell death and then to stimulate the anti-tumor immunity. The association of these two treatments could increase their anti-tumoral action.  Methods We tested the efficacy of the association of locally delivered FKNs and systemic immunogenic chemotherapy (docetaxel and oxaliplatin) in a syngeneic model of experimental bone metastasis of epidermoïd lung cancer. Four groups were created: 8 mice had no treatment, 8 received FKNs, 8 had chemotherapy, and 8 had FKNs+chemotherapy. Transcritomic analysis of the tumor (qPCR) allowed suspecting mechanism involved.  Results The tumor weight was decreased of 76.8% after treatment by the association FKNs/ chemotherapy (p=0.006) vs. 34% after chemotherapy alone and 53% after FKNs alone. This effect is associated with a modification of immune checkpoint gene’s expression and with an increase of intratumoral leucocyte density.  Conclusion Administration of local FKNs and systemic immunogenic chemotherapy is quite promising as it led to an enhanced anti-tumoral response. Other therapeutic associations with FKNs should be tested, particularly immune checkpoint inhibitors.
juin 10, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Abstract 2016

T-16 – Résections par thoracoscopie de nodules pulmonaires solitaires indéterminés chez des patients ayant un antécédent de cancer

Jocelyn Bellier, Jean Yannis Perentes, Petra Rosskopfova, Hans-Beat Ris, Thorsten Krueger, Michel Gonzalez Service de chirurgie thoracique, centre hospitalier universitaire Vaudois, Lausanne, Suisse     Objectif Le nodule pulmonaire solitaire (NPS) de nature indéterminée est fréquemment diagnostiqué chez les patients aux antécédents de cancer et est de plus en plus traité non chirurgicalement (radio-fréquence ou radiothérapie stéréotaxique) sans preuve histologique. Le but de cette étude est de déterminer la nature des NPS réséqués par thoracoscopie chez ces patients et de décrire des facteurs prédictifs de malignité afin d’éviter un sous-traitement (cancer bronchique primitif) ou un sur-traitement (lésions bénignes).   Méthode Il s’agit d’une analyse rétrospective incluant les patients opérables avec un antécédent de cancer ayant bénéficié d’une résection par VATS pour un NPS de nature indéterminée entre 2001 et 2014.   Résultat La résection d’un NPS a été réalisée chez 140 patients. Il y avait 75 hommes et 65 femmes (âge médian 65 ans, allant de 28 à 82 ans) avec comme cancers initiaux : un cancer colorectal (n = 41), un mélanome (n = 19), un cancer bronchique (n = 17), un cancer ORL (n = 14), un sarcome (n = 13), un cancer de sein (n = 11), un cancer urogénital (n = 11) et autres (n = 14). Le NPS réséqué était malin chez 106 patients (75,7 %) et bénin chez 34 patients (24,3 %). Le NPS malin était métastatique chez 70 patients (50 %) et était un cancer bronchique primitif chez 36 patients (25,7 %). L’analyse univariée montrait une association significative entre la nature maligne d’un NPS et l’âge > 60 ans (RR : 2,673 ; CI 95 % : 1,167-6,122 ; p = 0,02), un intervalle libre > 24 mois (RR : 2,898 ; CI 95 % : 1,31-6,41 ; p = 0,009), une taille > 8 mm (RR : 5,401 ; CI 95 % : 2,282-12,782 ; p < 0,0001), une atteinte des lobes supérieurs (RR : 2,665 ; CI 95 % : 1,203-5,905 ; p = 0,016) et une hyperfixation au TEP (RR : 7,933 ; CI 95 % : 2,213-28,436 ; p = 0,001).   Conclusion La majorité des NPS chez des patients avec un antécédent de cancer sont malins, mais une proportion importante est bénigne. De plus, deux tiers des NPS malins seulement sont liés aux antécédents oncologiques, alors que pour un tiers, il s’agissait de cancers bronchiques. Ces résultats soulignent la nécessité de connaître la nature des NPS chez ces patients afin d’éviter un diagnostic incertain et un traitement inadéquat.     A plea for thoracoscopic resection of indeterminate solitary pulmonary nodules in patients with known malignancy   Objectives Solitary pulmonary nodules (SPN) of indeterminate etiology are frequently detected in patients with known malignancies and these lesions are increasingly treated by non-surgical techniques (radio-ablation or stereotactic radiotherapy) without histological confirmation. The aim of this study is to determine the nature of thoracoscopically resected SPN in these patients and to establish predictors of malignancy in order to avoid undertreatment (primary lung cancer) and overtreatment (benign lesions).   Methods Retrospective analysis of all surgically fit patients with known malignancy undergoing VATS resection of indeterminate SPN between 2001 and 2014.   Results One hundred and forty patients underwent VATS resection of SPN. There were 75 men and 65 women (median age 65 years, range 28-82 years) with the following underlying malignancies: colorectal cancer (n=41), melanoma (n=19), lung cancer (n=17), head and neck cancer (n=14), sarcoma (n=13), breast cancer (n=11), uro-genital cancer (n=11) and others (n=14). The resected SPN was malignant in 106 patients (75.7%) and benign in 34 (24.3%). Malignant SPN were related to metastatic diseases in 70 patients (50%) and to primary lung cancer in 36 patients (25.7%). Univariate analysis revealed a significant association with SPN malignancy and age > 60 years (RR: 2.673; CI 95%: 1.167-6.122; p=0.02), disease-free interval >24 months (RR:2.898; CI 95%: 1.31-6.41; p=0.009), SPN size >8 mm (RR: 5.401; CI 95%: 2.282-12.782; p<0.0001) upper lobe localization (RR: 2.665, CI 95%: 1.203-5.905; p=0.016) and PET hypermetabolism (RR: 7.933; CI 95%: 2.213-28.436; p=0.001).   Conclusion The majority of SPN in patients with known malignancy were malignant but a substantial number of cases were benign. In addition, only two third of malignant SPN were related to the underlying malignancy whereas one third were new primary lung cancers. These results endorse the need of histological confirmation of SPN in these patients in order to avoid inappropriate diagnostic uncertainty and suboptimal treatments.    
juin 10, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Abstract 2016

T-04 – Bilan préopératoire exhaustif : une nécessité avant résection des métastases surrénaliennes de cancers bronchiques opérés. Étude multicentrique

Julien de Wolf, Jocelyn Bellier, Françoise Le Pimpec-Barthes, François Tronc, Christophe Peillon, Alain Bernard, Jean-Philippe Le Rochais, Olivier Tiffet, Alain Chapelier, Henri Porte Service de chirurgie thoracique, hôpital Calmette, CHRU de Lille – Service de chirurgie thoracique, hôpital Foch, Suresnes – Service de chirurgie thoracique, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris – Service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire, hôpital Louis-Pradel, hospices civils de Lyon, Bron – Service de chirurgie générale et thoracique, hôpital universitaire de Rouen – Service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire, hôpital universitaire de Dijon – Service de chirurgie thoracique, hôpital universitaire de Caen – Service de chirurgie thoracique, hôpital universitaire de Saint-Étienne   Objectif Les cancers bronchopulmonaires non à petites cellules oligométastatiques à la surrénale sont rares et l’intérêt de la prise en charge chirurgicale de ces patients en stade IV n’est pas clairement établi.   Méthode Étude multicentrique et rétrospective de janvier 2004 à décembre 2014. Huit centres hospitalo-universitaires de chirurgie thoracique ont participé à cette étude : les centres de Caen, Dijon, Foch (Suresnes), HEGP (Paris), Lille, Lyon, Rouen, Saint-Étienne. Les patients avaient tous un bilan préopératoire exhaustif comprenant un TEP-scanner et une imagerie cérébrale. L’objectif principal était l’évaluation de la survie à 5 ans des patients ayant bénéficié d’une surrénalectomie après résection du cancer bronchique primitif. Les objectifs secondaires étaient la recherche de facteurs pronostiques de survie et de récidive.   Résultat Cinquante-neuf patients ont été inclus. Quarante-six patients (78 %) étaient des hommes. L’âge médian était de 58 ans [39-75]. La présentation oligométastatique était synchrone dans 26 cas (44 %) et métachrones dans 33 cas (56 %). Le délai médian d’apparition de la métastase était de 18,3 mois [6-105]. La survie globale à 5 ans était de 59 % et la survie médiane de 77 mois [0,6-123]. Une récidive était constatée chez 70 % de la population. L’envahissement ganglionnaire médiastinale était un facteur pronostique péjoratif de survie (p = 0,035) et semblait être un facteur prédictif de récidive (p = 0,053). Le type histologique adénocarcinome apparaissait comme un facteur protecteur (p = 0,07).   Conclusion Après un bilan d’extension exhaustif, les patients oligométastatiques à la surrénale qui bénéficient d’une prise en charge chirurgicale bifocale ont une survie supérieure aux résultats de la littérature.       Exhaustiv preoperative staging increase survial in resected ardenal oligometastatic non-small cell lung cancer: multicentric study   Objectives Adrenal oligometastatic non small-cell lung cancer are rare and this surgical management is not clearly established.   Methods From January 2004 to December 2014, we performed a multicenter, retrospective study. The main objective was to evaluate survival in patients who underwent adrenalectomy after resection of primary lung cancer. Secondary objectives were looking for prognostic, survival and recurrences factors.   Results 59 patients were included. 46 patients (78%) were male. Median age was 58 years [39-75]. 26 cases (44%) had a synchronous presentation and in 33 cases (56%) a metachronous. Median time to onset of metastasis was 18.3 months [6-105]. 5 year overall survival was 59% and median survival 77mois [0.6 to 123]. A recurrence was observed in 70% of the population. mediastinal Lymph node invasion (p=0.035) is a pejorative survival prognostic factor and a predictiv factor of recurrence (p=0.053). Adenocarcinoma appeared as a protectiv factor (p=0.07).   Conclusion After an exhaustive staging, adrenal oligometastatic NSCLC patients who benefited of a bifocal surgery have a higher survival than previously literature.
juin 10, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Mars 2016

Survie à long terme de patients opérés d’un CNPC localement avancé après traitement d’induction associant 2 cycles de cisplatine-docetaxel et une radiochimiothérapie concomitante hebdomadaire

Charlotte Cohen, Nicolas Venissac, Michel Poudenx, Josiane Otto, Daniel Pop, Jérôme Mouroux Service de chirurgie thoracique, CHU de Nice, France. Correspondance : cohen.c@chu-nice.fr   Résumé Objectif: Évaluer la faisabilité de la chirurgie après 2 cycles de cisplatine-docetaxel suivis d’une radiochimiothérapie concomitante (40 Gy), pour des CNPC stade III initialement non résécables (protocole TAXCIS). Évaluer la survie globale (SG) et sans récidive (SSR) et les facteurs de risque de récidive. Méthodes: Trente-sept patients étaient opérés entre 2004 et 2014. Seuls les patients répondeurs au traitement d’induction étaient inclus. Résultats: Nous avons opéré 32 stades cIIIA et 5 stades cIIIB. Nous avons réalisé 12 pneumonectomies, 1 bilobectomie et 23 lobectomies. Le taux d’yp- T0N0 était de 35 %. Le taux de chirurgie R0 était de 86 %. La morbidité postopératoire était de 21,6 % et la mortalité de 10,8 % (25 % après pneumonecto- mie). La SG était de 50 % à 5 ans. La médiane de SSR était de 50 mois. Une récidive locorégionale était constatée chez 10,8 % des patients, et à distance chez 35,1 %. Les facteurs de risques de récidive étaient : la pneumonectomie (p = 0,001), la réponse histologique incomplète (p = 0,04). Conclusion: Le protocole TAXCIS suivi d’une chirurgie est faisable chez les patients porteurs d’un CNPC stade IIIA ou IIIB non résecable d’emblée, à l‘exception des pneumonectomies. En cas de réponse au traitement d’induction, ce type d’approche permet une survie prolongée sans récidive.   Abstract Long-term survival of patients operated on for locally advanced NSCLC after induction treatment associated with cycles of cisplatin-docetaxel followed by concomitant weekly radiochemotherapy Aim: An evaluation was performed regarding the feasibility of surgery after two induction cycles of cisplatin-docetaxel followed by concomitant 40 Gy chemoradiation in the treatment of initially unresectable stage III NSCLC (TAXCIS protocol). An evaluation of overall and recurrence-free survival (OS and RFS) and recurrence risk factors was also done. Methods: Between 2004 and 2014, 37 patients were treated. Only patients responding to induction treatment were included. Results: We operated on 32 stage IIIA and five stage IIIB patients. We performed 12 pneumonectomies, one bilobectomy and 23 lobectomies. Status ypT0N0 was obtained for 35% of the patients. Surgery was considered R0 in 86% of cases. Post-operative morbidity was 21.6% with a mortality of 10.8% (25% after pneumonectomy). OS was 50% at five years. The median RFS was 50 months. RFS was 47% at years. Local or locoregional recurrence was diagnosed in 10.8% of the patients, and distant metastasis in 35.1%. Recurrence risk factors were pneumonectomy (p=0.001) and a histologically incomplete response (p=0.04.) Conclusion: The TAXCIS protocol followed by surgery is feasible for initially unresectable NSCLC stage IIIA and B patients. Benefit was noted in respon- ding lesions with better OS and PFS, except after pneumonectomy. Télécharger l'article complet en PDF Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Cet article est issu d’un mémoire de DESC.  
mars 15, 2016