Chirurgie thoracique · Vol. 21 Juin 2017

Évolutions actuelles du drainage thoracique après lobectomie : vers une approche standardisée

Imen Bouassida1, Agathe Seguin-Givelet*1,2*, Emmanuel Brian1, Madalina Grigoroiu1, Dominique Gossot1   Institut du thorax Curie-Montsouris, département thoracique, institut mutualiste Montsouris, Paris, France. Université Sorbonne Paris Cité, UFR SMBH université Paris 13, France. * Correspondance : agathe.seguin-givelet@imm.fr DOI : 10.24399/JCTCV21-2-SEG Citation : Bouassida I, Seguin-Givelet A, Brian E, Grigoroiu M, Gossot D. Évolutions actuelles du drainage thoracique après lobectomie : vers une approche standardisée. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(2). doi: 10.24399/JCTCV21-2-SEG   Résumé Objectifs : proposer une gestion standardisée du drainage thoracique après exérèse pulmonaire majeure. Méthodes : nous avons fait une revue de la littérature récente et une analyse des publications (des études prospectives, études randomisées, revues et séries monocentriques jugées pertinentes) publiées sur la base PubMed entre 2001 et 2016 et ayant pour objectif principal la gestion du drainage thoracique après chirurgie d’exérèse pulmonaire majeure (pneumonectomies exclues). Résultats : nous émettons 7 propositions : favoriser l’utilisation d’un seul drain thoracique ; arrêter l’aspiration en premier jour postopératoire en l’absence de fuites ; éviter de traire le drain, le retirer pour un recueil quotidien de liquide séreux n’excédant pas les 400 ml/24 h ; réaliser les radiographies thoraciques de contrôle de façon ciblée ; mettre le drain en siphonnage au cinquième jour postopératoire en cas de bullage prolongé et réserver le système de drainage électronique à des indications particulières. Conclusion : au vu de l’hétérogénéité de gestion du drainage thoracique après chirurgie d’exérèse pulmonaire majeure, nous avons émis plusieurs propositions permettant de standardiser cette prise en charge.   Abstract Current trends in thoracic drainage after lobectomy: Towards a standardized approach Objectives: To propose a standardized management of thoracic drainage after major lung resection. Methods: We performed a review of recent literature and analysis of publications (prospective and randomized studies, reviews, and relevant monocentric series) on the Pubmed database between 2001 and 2016. The main objective was to develop a strategy for the management of thoracic drainage after major lung resection (excluding pneumonectomy). Results: The following strategies were proposed: (1) promote the use of one chest tube, (2) stop suction on the first post-operative day if no air leak occurs, (3) avoid milking the drain, (4) remove it when the daily quantification of serous liquid does not exceed 400 mL/24 h, (5) perform targeted chest X rays, (6) proceed to under-water seal drainage on the fifth post-operative day in cases of prolonged air leaks, (6) reserve the electronic drainage system for specific indications. Conclusions: Considering the heterogeneous approaches of thoracic drainage after lung resection, we have proposed strategies to standardize management of the procedure.   1. Introduction Bien que le drainage pleural existe depuis le temps d’Hippocrate [1], le premier système de drainage fermé pour le traitement d’un empyème n’a été mis au point par Gotthard Bülau qu’en 1875 [2]. Il a été repris en 1922 par Lilienthal pour la prise en charge postopératoire des patients [3,4] et depuis lors, les techniques de drainage et les systèmes de recueil ont connu de nombreuses modifications et améliorations. Toutefois, il n’existe actuellement aucune approche standardisée de la gestion du drainage thoracique après chirurgie d’exérèse pulmonaire majeure. L’attitude la plus habituelle consiste en la mise en aspiration continue du ou des drains thoraciques puis de leur ablation à l’arrêt du bullage et si le liquide séreux recueilli quotidiennement n’excède pas les 100 mL/24h/drain. Dans la surveillance des patients drainés, la réalisation systématique de radiographie pulmonaire quotidienne reste une pratique répandue [5,6]. Cette attitude est de plus en plus discutée en raison de l’évolution des techniques chirurgicales et d’une permissivité plus grande notamment en termes de recueil journalier des sérosités postopératoires. Une enquête nord-américaine récente, s’intéressant à la gestion du drainage thoracique entre différents groupes de chirurgiens [7], met en évidence des différences significatives dans la prise en charge du drainage thoracique en fonction de l’âge du chirurgien (junior versus senior), de son mode d’exercice (public versus libéral) et de son activité opératoire (< 30 lobectomies par an versus > 75 lobectomies par an). Les chirurgiens juniors ayant une activité opératoire importante n’utilisaient dans cette étude qu’un seul drain retiré rapidement. Par ailleurs, seuls 50 % d’entre eux continuaient à pratiquer une surveillance radiologique quotidienne de leurs patients drainés. Ceci témoigne de l’hétérogénéité et de l’évolutivité des pratiques dans la gestion du drainage thoracique.   2. Objectif L’objectif de ce travail a été d’analyser et de faire une synthèse des différents articles publiés entre 2001 et 2016 sur le drainage thoracique après résection pulmonaire majeure (lobectomies ou segmentectomies, les pneumonectomies étant exclues), afin de déterminer une approche consensuelle répondant à 7 questions pratiques : Combien de drains thoraciques après lobectomie ? Quelle est la place de l’aspiration ? La manipulation (ou traite) du drain en postopératoire est-elle utile ? Quels sont les critères décisionnels pour enlever un drain ? Une radiographie thoracique quotidienne systématique est-elle nécessaire après résection pulmonaire majeure ? La gestion en ambulatoire du drain en cas de bullage prolongé est-elle possible ? Quelle est la place de l’utilisation du système de drainage électronique après lobectomie ?   3. Méthodes Nous avons réalisé une analyse de la littérature à partir de la base de données PubMed en sélectionnant les articles répondant aux critères suivants : travaux publiés entre 2001 et 2016 ; études prospectives, études randomisées, revues de la littérature, séries monocentriques jugées pertinentes ; travaux ayant pour objectif principal la gestion du drainage thoracique après chirurgie d’exérèse pulmonaire majeure, les pneumonectomies étant exclues. Au terme de cette analyse, 41 articles ont été retenus, une synthèse des données de la littérature a été établie et nous avons émis les propositions suivantes.   Tableau récapitulatif. Gestion du drainage thoracique après lobectomie. Problématique Types d’étude Propositions de l’institut mutualiste Montsouris Nombre de drains Tanaka 2014 (11) (RCT) Okur 2009 (10) (RCT) Gómez-Caro 2006 (9) (RCT) Dawson 2010 (12) (Revue de la littérature) Alex 2003 (8) (Série rétrospective)   Un seul drain dans la majorité des cas Aspiration ou siphonnage Lang 2016 (13) (Méta analyse de RCT) Qiu 2013 (19) (Méta analyse de RCT) Coughlin 2012 (20) (Méta analyse de RCT) Deng 2010 (21) (Méta analyse de RCT) Prokakis 2008 (18) (RCT) Brunelli 2005 (17) (RCT) Alphonso 2005 (15) (RCT) Brunelli 2004 (22) (RCT) Marshall 2002 (15) (RCT) Cerfolio 2001 (14) (RCT) Marshall 2002 (22) (RCT) Cerfolio 2001 (21) (RCT) Mise au bocal à J1 (en l’absence de fuite aérique et/ou de pneumothorax) Manipulation du drain Dango 2010 (23) (RCT)   Pas de manipulation du drain Ablation du drain Xie 2015 (25) (RCT) Zhang 2014 (26) (RCT) Olgac 2014 (28) (RCT) Bejerrgaard 2014 (27) (Série prospective) Jiang 2015 (29) (Série rétrospective) Cerfolio 2008 (24) (Série rétrospective)   Si quantité recueillie n’excède pas 400 mL/24h + absence de bullage + liquide séreux Radiographie thoracique systématique Cunningham 2014 (30) (Série rétrospective) Reeb 2013 (31) (Méta analyse) Sepehripour 2012 (33) (Méta analyse) Cerfolio 2011 (32) (Série rétrospective)   En salle de réveil, à la demande, au retrait du drain Bullage prolongé Leo 2013 (37) (RCT) Schmocker 2016 (34) (Série rétrospective) Drahush 2016 (35) (Série rétrospective) Cerfolio 2009 (38) (Série rétrospective) Rice 2002 (36) (Série rétrospective)   Drain au bocal à partir de J5 Possibilité de gestion en ambulatoire au-delà Système de drainage électronique Likendik 2015 (41) (RCT) Gilbert 2015 (42) (RCT) Pompili 2014 (39) (RCT) Afoke 2014 (48) (Méta analyse de RCT) Brunelli 2013 (43) (RCT) Varela 2010 (45) (Revue) Brunelli 2010 (40) (RCT) Filosso 2010 (46) (RCT) Varela 2009 (44) (RCT) Cerfolio 2008 (47) (RCT)   Utilisation réservée pour un drainage prolongé en aspiration   RCT : essai contrôlé randomisé.   4. Discussion     4.1. Combien de drains thoraciques après lobectomie [8-11] L’utilisation de 2 drains thoraciques après lobectomie, l’un antéro-apical pour le drainage de l’air, l’autre postérobasal pour les sérosités, était jusqu’à maintenant de pratique courante. Certaines équipes ont cependant décrit l’utilisation d’un seul drain : ainsi Alex et al. ont publié en 2003 une étude sur 120 patients comparant l’utilisation d’un seul drain thoracique après lobectomie à deux drains. La douleur postopératoire était significativement moindre pour le groupe ayant un seul drain, ainsi que le coût du traitement expliqué par la réduction du nombre d’examens radiologiques [8]. Par la suite, dans une étude randomisée publiée en 2006, Gómez-Caro et al. ont montré que le groupe possédant un seul drain après lobectomie nécessitait moins d’analgésiques que le groupe à deux drains [9]. Dans l’étude d’Okur et al., l’analyse prospective d’une série de 100 patients opérés pour des lobectomies et bilobectomies par thoracotomie montrait l’équivalence de l’utilisation d’un seul drain comparé à deux drains en termes de durée de drainage et d’hospitalisation, et une diminution de la douleur évaluée par le score EVA (échelle visuelle analogique) et mesurée au deuxième jour postopératoire et à la fin de la deuxième semaine postopératoire. Les auteurs ont souligné cependant l’intérêt de l’utilisation de deux drains chez les patients avec lobectomie et pariétectomie ou en cas de risque hémorragique [10]. Plus récemment, Tanaka et al. dans une étude prospective randomisée comparant l’utilisation d’un drain versus deux drains en cas de chirurgie vidéo-assistée n’ont pas mis en évidence de différence significative en termes de réexpansion pulmonaire et de durée de drainage [11]. Les données actuelles de la littérature sont en faveur de l’utilisation d’un seul drain thoracique après lobectomie. Le choix de mettre en place deux drains est néanmoins laissé à l’opérateur, en fonction du geste réalisé (bilobectomie), de la qualité du parenchyme pulmonaire (emphysème) et des conditions locales (suintement hémorragique en fin d’intervention, par exemple).   4.2. Quelle est la place de l’aspiration sur le drain ? [13-22] Les avantages de l’aspiration versus la mise en siphonnage après résection pulmonaire majeure sont discutés. En théorie, la mise en aspiration du drain thoracique assure une apposition des plèvres diminuant ainsi le risque de décollements postopératoires. Cependant, cette pratique pourrait favoriser la persistance de fuites aériennes [13]. Les premières études randomisées publiées depuis 2001 ont montré la supériorité de la mise au bocal, après une brève durée d’aspiration versus une aspiration exclusive sur la durée du bullage [14,15]. A contrario, l’étude randomisée d’Alphonso et al. publiée en 2005 ne montrait pas de différence significative en termes de durée de bullage [16]. Une pratique intermédiaire serait une mise en aspiration de manière discontinue : Brunelli a montré en 2005 que le recours à une aspiration faible à moins de 10 cm H2O la nuit, alternée par la mise au bocal le jour, diminuait la durée de drainage comparativement à la mise au bocal exclusive [17]. En 2008, Prokakis montrait que l’aspiration initiale diminuait l’incidence des décollements apicaux persistants mais sans mettre en évidence de différence significative sur la durée du drainage et la durée d’hospitalisation [18]. Deux méta-analyses récentes, regroupant des études prospectives randomisées réalisées entre 2001 et 2013, ont montré que la mise en aspiration comparée à la mise en siphonnage ne présentait aucun avantage en termes de diminution du bullage, de durée du drainage et d’hospitalisation [13,19]. Il faut toutefois souligner l’hétérogénéité des indications et des pratiques de certaines études intégrées dans ces deux méta-analyses rendant leurs conclusions moins solides : en effet, certaines cohortes mêlaient des interventions de chirurgie pulmonaire majeure (lobectomie ou segmentectomie) à des résections atypiques, voire des patients opérés de pneumothorax. La date de mise en siphonnage était également variable, allant de J0 à J2. Dans une méta-analyse publiée en 2016, 70 % des chirurgiens reconnaissaient utiliser une aspiration sur le drain sans pouvoir justifier cette pratique par des arguments scientifiques [13]. Les données actuelles de la littérature sont en faveur de l’absence d’intérêt d’une aspiration exclusive et de l’innocuité de la mise en siphonnage du drain de façon précoce. Notre proposition est de mettre le drain au bocal à J1 (en l’absence de fuites aériques ou de pneumothorax constaté sur la radiographie postopératoire immédiate). 4.3. La manipulation ou la traite du drain est-elle utile ? [23] La manipulation du drain thoracique afin de mobiliser les caillots et de favoriser le drainage sans obturation du drain est de pratique courante. L’utilité de cette traite du drain peut être remise en question par les résultats d’une étude prospective randomisée qui a montré l’augmentation du volume de sérosités recueillies lors de la manipulation du drain sans différence significative sur la durée du bullage, du drainage et de l’hospitalisation ni de différence sur les taux de la morbimortalité [23]. Les rares données actuelles de la littérature (basées sur une seule étude randomisée) sont en faveur de ne pas traire le drain thoracique après lobectomie. 4.4. Quand réaliser l’ablation du drain ? De quels critères décisionnels disposons-nous ? [24-29] Des critères stricts ont été adoptés antérieurement pour l’ablation du drain: 1) absence de bullage et 2) débit quotidien de sérosités maximum compris entre 100 mL à 250 mL/24h, les auteurs qualifiant de sérosités un liquide non sanglant et non chyleux. Néanmoins plusieurs équipes tolèrent actuellement un débit quotidien plus important sans connaître une augmentation significative du taux de complications ni de réhospitalisation. Ainsi dans l’étude rétrospective de Cerfolio et al., comprenant 2077 résections pulmonaires opérées par thoracotomie, le sous-groupe des 364 patients ayant bénéficié de l’ablation du drain thoracique pour un volume situé entre 250 et 450 mL/24h ont eu des suites simples et une diminution de leur durée moyenne d’hospitalisation, sans majoration des complications ni du taux de réhospitalisation [24]. De même l’étude prospective de Xie et al. portant sur 168 lobectomies et comparant l’ablation du drain pour un volume total < 450 mL/24h versus un volume < 300 mL/24h versus un volume de < 150 mL/24h mettait en évidence une diminution significative de la durée de drainage et d’hospitalisation pour les deux premiers groupes, avec une augmentation des ponctions pleurales pour le groupe < 450 mL/24h sans augmentation du taux de patients nécessitant un drainage itératif [25]. Zhang et al. ont comparé dans une étude prospective randomisée le retrait du drain pour un volume de < 300 mL/24h versus < 100 mL/24h et ont montré une diminution significative de la durée du drainage et d’hospitalisation sans différence en termes de complications postopératoires [26]. Enfin, Bjerregaard, dans une étude prospective portant sur 622 lobectomies et bilobectomies par chirurgie vidéo-assistée, a montré que l’ablation des drains pour un recueil quotidien séreux < 500 mL/24h était associée à un taux minime de réintervention estimée à 2,8 % et qui consistait dans la majorité des cas en la réalisation d’une simple ponction pleurale [27]. D’autres critères en rapport avec la composition chimique du liquide recueilli ont été étudiés pour conforter cette décision. Ainsi l’étude prospective randomisée d’Olgac et al. montrait que le drain peut être retiré en toute sécurité en prenant comme critère d’ablation un ratio appelé PrRP/B (correspondant au dosage des protides dans la plèvre rapporté au dosage des protides dans le sang) et qui doit être inférieur à 0,5 quel que soit le volume de sérosités recueilli [28]. Néanmoins si ce critère biologique est corrélé au volume quotidien drainé, il s’avère que dans cette étude, le ratio PrRP/B était inférieur à 0,5 lorsque le volume avoisinait les 450 mL/24h. Le recours à ce ratio PrRP/B < 0,5 lors de l’ablation du drain thoracique pourrait probablement aider à la prise de décision mais son inconvénient majeur est de multiplier les dosages biologiques. Les données actuelles de la littérature sont en faveur d’une ablation du drain thoracique lorsque le recueil quotidien de liquide pleural séreux n’excède pas 400 mL/24h, sans réalisation de dosage biologique particulier.   4.5. Une radiographie thoracique journalière est-elle nécessaire après résection pulmonaire majeure ? [30-33] La réalisation d’une radiographie thoracique quotidienne de contrôle après résection pulmonaire chez les patients drainés est de pratique courante dans la majorité des équipes. Cette attitude est maintenant discutée. Des études récentes plaident en faveur de la réalisation de radiographies à la demande, c’est-à-dire basée sur l’examen clinique ou la survenue d’un événement imprévu. Ainsi, le travail de Cunningham et al. en chirurgie thoracique pédiatrique comparait 50 enfants ayant eu une radiographie postopératoire immédiate, des radiographies journalières pendant la période du drainage et une dernière imagerie après le retrait du drain à un groupe de 98 enfants ayant bénéficié d’une radiographie uniquement sur signe clinique d’appel (fièvre, hypoxie, emphysème sous-cutané, bullage prolongé) et une radiographie après ablation du drain [30]. Cette étude a montré une diminution de moitié du nombre de radiographies pour le deuxième groupe, sans différence significative du taux de complications et de la durée de drainage. La revue de la littérature de Reeb et al. publiée en 2013 à propos de l’intérêt de la radiographie quotidienne après chirurgie pulmonaire concluait en sa faible valeur diagnostique et thérapeutique. A contrario, la réalisation de radiographies à la demande diminuerait le nombre d’examens radiologiques par patient, sans augmenter les incidents, la durée d’hospitalisation, le taux de réadmission et de mortalité avec une diminution des coûts et de l’irradiation corporelle totale [31]. Cerfolio et al., dans une étude comprenant 1037 résections pulmonaires, ont montré que seuls les patients hypoxiques bénéficiaient d’une radiographie quotidienne [32]. Dans une revue de la littérature publiée en 2012 par Sepehripour analysant l’intérêt de la radiographie après ablation de drain en chirurgie cardiothoracique, le bénéfice de cet examen systématique n’était pas démontré et la symptomatologie clinique était le meilleur critère prédictif de redrainage [33]. En conclusion, la réalisation systématique de radiographie thoracique quotidienne ne semble pas avoir un intérêt. Toutefois il faut noter les limites des études susmentionnées, étant des méta-analyses de chirurgie cardiothoraciques ou des études rétrospectives. Des études prospectives et des essais randomisés s’intéressant particulièrement aux résections pulmonaires majeures sont souhaitables. Les données actuelles de la littérature sont en faveur de radiographies thoraciques ciblées après résection pulmonaire majeure : en salle de réveil, au retrait du drain, en cas d’évolution non attendue : bullage prolongé, emphysème sous-cutané, hypoxie, suspicion d’infection… 4.6. La gestion en ambulatoire du drain en cas de bullage prolongé est-elle possible ? [34-38] La fuite aérienne prolongée définie par un bullage supérieur à 5 jours est la complication la plus fréquente après exérèse pulmonaire majeure [34,35]. En l’absence de conduite thérapeutique codifiée, la gestion du bullage prolongé demeure éclectique. Les études ayant comparé la mise en aspiration versus la mise en siphonnage ont trouvé que cette dernière était supérieure [17,36]. Rice et al. ont souligné l’intérêt de l’arrêt précoce de l’aspiration dans la gestion des fuites d’air persistantes [36]. Néanmoins, Leo et al. dans une étude prospective sur 500 patients ont montré le bénéfice de l’aspiration continue pendant 3 jours, suivie de la mise en siphonnage versus la mise au bocal d’emblée, en termes de diminution de la durée totale de bullage [37]. Par ailleurs, plusieurs études sont en faveur de la sortie du patient à domicile, drain en place, en cas de bullage prolongé [34,36]. Ce type de prise en charge en ambulatoire est considéré comme sûr avec une diminution de la durée d’hospitalisation et du coût de la prise en charge globale sans augmentation de la morbidité. Cerfolio et al., dans une étude comprenant 194 cas de bullage persistant au 4e jour dans une série de 6034 résections pulmonaires, ont montré qu’il était possible de faire sortir les patients drain en place sur un appareil portable. Le drain était retiré en toute sécurité après 14 jours de drainage, si les patients étaient asymptomatiques (ni emphysème sous-cutané, ni majoration du pneumothorax, soit un espace pleural fixé), malgré la persistance du bullage et un décollement stable [38]. Les données actuelles de la littérature sont en faveur de l’arrêt de l’aspiration en cas de bullage prolongé. La gestion en ambulatoire d’un drainage prolongé est envisageable sous réserve d’une prise en charge optimale à domicile. Notre proposition est la mise au bocal à partir du 5e jour en cas de fuites aériennes prolongées.   4.7. Quelle est la place actuelle de l’utilisation du système de drainage électronique après lobectomie ? [39-48] Le système de drainage électronique est un dispositif portable alimenté par une batterie rechargeable, en système fermé. Il élimine la variabilité inter-observateur avec la mesure objective des fuites d’air enregistrée par le système et affichée sur un écran. Il permet également de maintenir la pression intrapleurale initialement prédéfinie par l’utilisateur. Plusieurs études prospectives randomisées ont été publiées ces dernières années plaidant en faveur de l’utilisation du système de drainage électronique [39-40]. L’étude prospective randomisée de Brunelli et al., portant sur 106 lobectomies et comparant un système de drainage électronique à un système « classique », a montré la diminution de la durée du drainage et d’hospitalisation de 0,9 jour en cas de drainage électronique en apportant une diminution des coûts globaux, malgré le prix nettement supérieur du dispositif électronique [40]. L’étude prospective randomisée multicentrique de Pompili et al. portant sur 381 patients ayant eu une lobectomie et/ou une segmentectomie comparait l’utilisation de 191 dispositifs de drainage électronique à 190 dispositifs de recueil traditionnel. Elle a montré une diminution significative de la durée du drainage et d’hospitalisation en cas de drainage électronique avec une satisfaction supérieure du patient et du personnel soignant. Ce système permet en effet une déambulation et une autonomie renforcée du patient [39]. Néanmoins ces résultats sont remis en cause par la publication en 2015 de deux études prospectives randomisées. La première, de Lijkendijk et al., portait sur 105 lobectomies et comparait un système de drainage numérique (Thopaz® Medela AG, Baar, Suisse) au système traditionnellement utilisé (PLEUR-EVAC®) [41]. Aucune différence significative en termes de durée de drainage et d’hospitalisation n’était retrouvée. La deuxième étude de Gilbert et al. comparait l’utilisation d’un dispositif électronique à un dispositif traditionnel sans montrer un avantage du système électronique concernant les durées du drainage et d’hospitalisation, ceci même pour les patients présentant un bullage prolongé [42]. Enfin l’étude prospective randomisée de Brunelli et al. de 2013 réalisée chez 100 patients opérés de lobectomie et portant sur l’intérêt du maintien d’une pression intrathoracique prédéfinie, que le patient soit en aspiration ou en siphonnage, n’a montré aucun bénéfice du système électronique [43]. Si l’avantage reconnu du système électronique est l’autonomisation précoce du patient par l’amélioration de sa capacité de déambulation [39], les recommandations actuelles de mise au bocal précoce du drain dès J1 réduisent l’intérêt du système électronique. Enfin l’utilisation d’un dispositif de drainage électronique est également discutable au vu de l’évolution et de la rapidité du retrait du drain dans certaines équipes de chirurgie thoracique. Les  données actuelles de la littérature sont en faveur du système électronique en termes d’autonomisation du patient. Mais dans la perspective d’une mise du drain précocement en siphonnage (question 2), nous proposons l’utilisation d’un système de drainage électronique pour les patients nécessitant une mise en aspiration prolongée, au-delà de J5.   5. Conclusion Les modalités du drainage thoracique après chirurgie d’exérèse pulmonaire ne sont pas consensuelles. Il nous a semblé utile de définir une approche plus standardisée s’appuyant sur des études récentes qui s’éloignent parfois des habitudes d’équipe.   Références Chadwich J, Mann W. H. The medical works of Hippocrates. Charles C Thomas, Springfield 1950. Meyer JA. Gotthard Bülau and closed water-seal drainage for empyema, 1875-1891. 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juin 2, 2017
Anesthésie · Vol. 21 Abstracts 2017

A-04 – Le statut hémodynamique à l’admission en réanimation est le facteur de risque d’insuffisance rénale aiguë après chirurgie cardiaque sous CEC

Michel Kindo, Tam Hoang Minh, Stéphanie Perrier, Clément Schneider, Dharmesh Ramlugun, Gharib Ajob, Mircea Cristinar, Ollivier Collange, Sandrine Marguerite, Anne-Lorraine Bourquiaux, Arnaud Mommerot, Philippe Billaud, Jean-Philippe Mazzucotelli Service de chirurgie cardiaque, hôpitaux universitaires de Strasbourg   Objectif : L’impact du statut hémodynamique à l’admission en réanimation comme facteur de risque d’insuffisance rénale aiguë (IRA) après chirurgie cardiaque sous CEC a été peu étudié. L’objectif de cette étude était d’évaluer les facteurs de risque d’IRA après chirurgie cardiaque sous CEC en incluant, en sus des variables pré et peropératoires, le statut hémodynamique à l’admission en réanimation. Méthode : Il s’agissait d’une étude prospective observationnelle incluant 500 patients opérés sous CEC de manière élective (ClinicalTrials.gov Identifier: NCT00699673). L’IRA postopératoire était définie selon les critères de la classification AKIN (Akute Kidney Injury Network). Le statut hémodynamique à l’admission en réanimation était évalué par la pression artérielle moyenne (PAM), la pression veineuse centrale (PVC) et la pression dans l’oreillette gauche (POG). Deux groupes ont été définis (groupe contrôle et groupe IRA [≥ stade 1 classification AKIN]) et les facteurs de risques d’IRA (273 variables testées en univariée) ont été identifiés par régression logistique multivariée. Résultat : Une IRA était observée chez 94 patients (18,9 %). À l’admission en réanimation, la PAM était significativement diminuée dans le groupe IRA (83,7 ± 14,8 mmHg vs 78,2 ± 11,4 mmHg dans les groupes contrôle et IRA respectivement ; p = 0,001) alors que la POG et la PVC étaient significativement augmentées dans le groupe IRA (POG : 13,9 ± 5,5 mmHg vs 17,4 ± 6,8 mmHg dans les groupes contrôle et IRA respectivement ; p < 0,0001 et PVC : 12,7 ± 5,0 mmHg vs 14,8 ± 6,1 mmHg dans les groupes contrôle et IRA respectivement ; p = 0,001). Les autres facteurs de risque d’IRA en analyse univariée étaient : l’âge, une classe NYHA ≥ III, le taux de BNP préopératoire, la chirurgie valvulaire, la surface de l’oreillette gauche, la pression artérielle pulmonaire systolique à l’échographie préopératoire et la durée de la CEC. Les facteurs de risque d’IRA en analyse multivariée étaient la PAM (odds ratio = 0,934 ; IC 95 % = 0,875-0,996 ; p = 0,037) et la PVC (odds ratio = 1,132 ; IC 95 % = 1,010-1,268 ; p = 0,033) à l’admission en réanimation. Conclusion : L’optimisation de la fonction rénale après chirurgie cardiaque sous CEC doit non seulement porter sur la pression de perfusion, mais également sur la prévention de la congestion rénale.     Hemodynamic status on admission to the ICU is the risk factor of postoperative acute kidney injury after elective cardiac surgery with CPB   Objectives: The impact of the hemodynamic status on admission to the intensive care unit (ICU) as a risk factor of acute kidney injury (AKI) after cardiac surgery with cardiopulmonary bypass (CPB) has been poorly analyzed. The aim of this study was to identify the risk factors of AKI after cardiac surgery with CPB as the hemodynamic status on admission to the ICU in addition to pre- and operative factors. Methods: This prospective observational study included 500 patients who underwent elective cardiac surgery with CPB (ClinicalTrials.gov Identifier: NCT00699673). AKI was defined using the AKIN (Acute Kidney Injury Network) classification. The hemodynamic status on admission to the ICU was assessed with the mean arterial pressure (MAP), the left atrial pressure (LAP) and the central venous pressure (CVP). Two groups were defined (control group and AKI group). Using a multivariate logistical analysis, AKI risk factors were identified (273 variables were tested in the univariate analysis). Results: AKI was observed in 94 patients (18.9%). On admission to the ICU, the MAP was significantly decreased in the AKI group (83.7±14.8 mmHg vs 78.2±11.4 mmHg in the control and AKI groups respectively; P=0.001) whereas the LAP and CVP were significantly increased in the AKI group ((LAP: 13.9±5.5 mmHg vs 17.4±6.8 mmHg in the control and AKI groups respectively; P<0.0001) and (CVP: 12.7±5.0 mmHg vs 14.8±6.1 mmHg in the control and AKI groups respectively; P=0,001)). Others risk factors of AKI in univariate analysis were: age, NYHA ≥III, preoperative BNP level, valvular surgery, left atrial area and systolic pulmonary artery pressure at the preoperative echography and the CPB time. The risk factors of AKI in multivariate analysis were the MAP (odds ratio=0.934; 95% CI=0.875-0.996; P=0.037) and the CVP (odds ratio=1.132; 95% CI=1.010-1.268; P=0.033) on admission to the ICU. Conclusion: Optimization of the renal function after cardiac surgery with cardiopulmonary bypass must not only focus on the perfusion pressure of the kidney but also on the prevention of the kidney congestion.   Séance : Communications libres anesthésie - vendredi 9 juin - 8:00-10:00
mai 24, 2017
Vol. 20 JA2016 - cardiac

C-03 – Early systemic inflammatory response syndrome after elective cardiac surgery with cardiopulmonary bypass

Michel Kindo, Tam Hoang Minh, Stéphanie Perrier, Jonathan Bentz, Clément Schneider, Dharmesh Ramlugun, Gharib Ajob, Mircea Cristinar, Ollivier Collange, Sandrine Marguerite, Anne-Lorraine Bourquiaux, Arnaud Mommerot, Philippe Billaud, Jean-Philippe Mazzucotelli Institution : Service de chirurgie cardiaque, hôpitaux universitaires de Strasbourg Objectives : The systemic inflammatory response syndrome (SIRS) is associated with significant mortality and morbidity. The aim of this study was to evaluate the incidence, the risk factors, the hemodynamic impact and the morbi-mortality of the early SIRS (<24 hours) after elective cardiac surgery with cardiopulmonary bypass (CPB) in adults. Methods : This prospective observational study included 500 patients who underwent elective cardiac surgery with CPB (ClinicalTrials.gov Identifier: NCT00699673). The mean age was 68.1±11.5 years. The predicted mortality by the EuroSCORE II was 2.5±3.2%. The SIRS was defined as a body temperature >38°C and leucocyte count > 12000 109/l during the first 24 hours. Two groups were defined (control group and SIRS group). Using a multivariate logistical analysis, SIRS risk factors were identified. Results : An early SIRS was observed in 85 patients (17.2%). The postoperative temperature peak occurred at 7.9±5.1 hours. The pre- and peroperative risk factors of SIRS in the multivariate analysis were age (OR=0.964; 95%CI=0.943-0.986; P=0.001) and preoperative leucocyte count (OR=1.260; 95%CI=1.095-1.449; P=0.001). The mean arterial pressure at the temperature peak was significantly lower in the SIRS group than in the control group (77.9±12.7 mmHg vs. 72.9±11.3 mmHg respectively; P=0.001). No significant differences were observed regarding the inotropic or vasopressor supports. The hospital mortality was 1.2% and 3.5% in the control and SIRS groups respectively (P=0.144). The lengths of mechanical ventilation and intensive care unit stay did not significantly differ between the two groups as well as for the postoperative glomerular filtration rate peak. Furthermore, no significant differences were observed between the 2 groups regarding the cardiac, pulmonary, neurological and infectious morbidities. Conclusion : The early SIRS after elective cardiac surgery under CPB is a frequent complication without significant impact on hospital morbidity and mortality.
novembre 29, 2016
Vol. 20 JA2016 - thoracic

T-10 – Very long-term survival following lung surgery for cancer in high-risk patients after perioperative pulmonary rehabilitation

Patrick Bagan, Viorel Oltean, Florent Couineau, Christine Raynaud, Rym Zaimi, Bassel Dakhil Institution : Service de chirurgie thoracique et vasculaire, CH Victor-Dupouy, Argenteuil Objectives : The benefits of a rehabilitation program before lung carcinologic resection on long term survival remain to define. The purpose of this observational study was to assess the effects of the rehabilitation on long term outcomes in patients who were at a high operative risk,which immediate outcome were previously reported (Rev Mal Respir. 2013;30[5]:414-9). Methods : Between January 2010 and december 2011, a cohort of 20 consecutive patients, with a clinical N0 non small cell lung cancer considered as non-operable were included. The protocol included a clinical examination and a Chest CT Scan every six months during two years and every twelve months the following years. Survival was calculated with the Kaplan-Meier method. Results : In this population, they were 16 men and 4 women with mean age of 66 years [44-79] Surgical resection was performed in all patients (lobectomy, n=15; pneumonectomy, n=3; bilobectomy, n=2). The morbidity rate was 20%, the mortality rate was 5%. Three pN+ patients received adjuvant chemotherapy. During follow-up, 6 patients died (cancer recurrence, n=5; respiratory failure, n=1). The kaplan meier five year survival rate was 70 %. Conclusion : Peri operative Pulmonary rehabilitation allows carcinologic surgery performance and a good long-term survival at first-line not eligible patients.
novembre 29, 2016
Chirurgie vasculaire · Vol. 20 Abstract 2016

V-05 – La malperfusion des artères bronchiques contribue-t-elle aux complications respiratoires chez les patients opérés de dissection aortique de type A ?

Alexandre Ponti, René Prêtre, Matthias Kirsch Service de chirurgie cardiaque, centre hospitalier universitaire Vaudois, Lausanne, Suisse  Objectif La dissection aortique aiguë de type A (DAATA) est la plus fréquente des pathologies létales touchant l’aorte. La malperfusion des branches de l’aorte, des ostia coronariens à la bifurcation aortique, représente une source significative de morbidité et mortalité. Les artères bronchiques irriguent l’arbre bronchique et peuvent être visualisées par tomographie computérisée (CT). Elles jouent un rôle dans la défense contre les infections, la clearance mucocilaire ainsi que la clearance de l’œdème de reperfusion post-ischémique. Notre hypothèse a été d’évaluer si un lien existait entre la malperfusion des artères bronchiques et les complications pulmonaires postopératoires.  Méthode Nous avons revu les CT des 40 derniers patients opérés consécutivement d’une DAATA au CHUV entre 2014 et 2015. Nous avons spécifiquement recherché les artères bronchiques afin de déterminer leur perméabilité. La durée d’intubation postopératoire, le temps d’hospitalisation aux soins intensifs ainsi que les complications respiratoires ont été collectés. Quinze patients ont été exclus en raison du manque d’imagerie ou de données.  Résultat Vingt-cinq patients ont été inclus dans l’étude. Une malperfusion des artères bronchiques a été notée chez 9 (36 %) patients. Le temps moyen de ventilation invasive et d’hospitalisation aux soins intensifs était de 3,24 (± 3,31) et 6,6 (± 5,02) jours respectivement. Nous n’avons pas mis en évidence de différence dans la durée d’hospitalisation aux soins intensifs entre les patients avec (6,22 ± 2,74 jours) et sans malperfusion bronchique (6,81 ± 5,92 jours ; p = 0,39). En revanche, le temps de ventilation mécanique était significativement plus court pour les patients présentant une malperfusion bronchique (1,56 ± 1,26 vs 4,18 ± 3,71 ; p = 0,03). Des complications respiratoires (pneumonie, atélectasie, insuffisance respiratoire) ont été observées chez 11 patients (44 %). Leur incidence n’était pas statistiquement différente entre les patients avec (5 patients, 55,5 %) et sans malperfusion bronchique (6 patients, 37,5 %).  Conclusion Nous n’avons pas pu démontrer de relation significative entre la malperfusion bronchique et les paramètres postopératoires étudiés. Les limitations de notre étude viennent du nombre restreint de patient et des difficultés à visualiser l’ensemble de la circulation bronchique sur les CT (faible calibre, nombreuses variations anatomiques décrites). Par ailleurs, des anastomoses entre les artères bronchiques et les micro-vaisseaux alvéolaires pulmonaires, appelées artères bronchopulmonaires, pourraient expliquer l’absence d’impact de la malperfusion bronchique.     Does bronchial artery malperfusion contribute to postoperative respiratory complications in patients operated on for acute type A aortic dissection?  Objectives Acute type A aortic dissection (ATAAD) is the most frequently diagnosed lethal condition of the aorta. Malperfusion of aortic side branches, from the coronary ostia to the aortic bifurcation, is the cause of a significant burden of morbidity and mortality. Bronchial arteries irrigate the bronchial tree. They can be visualized by computed tomography (CT) and play a role notably in lung infection defense, mucociliary clearance and post-ischemic re-perfusion oedema clearance. Our hypothesis was therefore to evaluate whether bronchial artery malperfusion was associated with postoperative pulmonary complications.  Methods We reviewed the computed tomography exams of the last 40 consecutive patients with ATAAD operated at the CHUV between 2014 and 2015. We specifically looked for bronchial arteries to determine if they were still permeable. Postoperative intubation time, intensive care unit, as well as respiratory complications were collected. 15 patients were excluded due to lack of imagery or data.  Results 25 operative survivors were included in the study (mean age 58 years old). Bronchial malperfusion was observed on preoperative CT scan in 9 (36%) patients. Mean postoperative ventilation time and duration of ICU averaged 3.24 (±3.31) and 6.6 (±5.02) days respectively. We found no difference in the postoperative duration of ICU stay in patient with (6.22±2.74 days) and without (6.81±5.92 days; p=0.39) bronchial malperfusion. In contrast, postoperative mechanical ventilation time was significantly shorter for patient with bronchial artery malperfusion (1.56±1.26 vs 4.18±3.71 respectively; p=0.03). Respiratory complications (pneumonia, atelectasis, respiratory failure) were noted in 11 (44%) patients. Their incidence was not statistically different between patients with (5 patients, 55.5%) or without bronchial artery malperfusion (6 patients, 37.5%; p=0.38).  Conclusion We couldn’t demonstrate any significant relationship between bronchial artery malperfusion and the post-operative outcomes measured. Limitations of our analysis came from the limited number of patients and the difficulties to visualize the whole bronchial circulation on CT (small vessels, many anatomical variations described). Moreover, anastomoses between bronchial arteries and pulmonary alveolar microvessels originating from the pulmonary arteries, called bronchopulmonary arteries, could explain the lack of impact of their malperfusion.
juin 10, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Abstract 2016

T-39 – Récupération améliorée après chirurgie thoracique majeure : expérience monocentrique de plus de 500 patients consécutifs

Jalal Assouad, Mihaëla Giol, Marielle Le Roux, Hicham Masmoudi, Juliette Camuset, Samantha Guimaron, Fouad Bandaly, Olga Szymkiewicz, Yacine Ynineb Service de chirurgie thoracique et service d’anesthésie réanimation, hôpital Tenon, Paris  Objectif La récupération améliorée après chirurgie (RAAC) thoracique se développe rapidement. Les résultats publiés sont encourageants, notamment concernant les complications postopératoires et la durée d’hospitalisation. Le but de notre travail est de présenter notre expérience multidisciplinaire du chemin clinique pré et postopératoire de plus de 500 patients opérés dans notre service d’une résection pulmonaire majeure.  Méthode Dans notre établissement, tous les patients opérés d’une résection pulmonaire majeure (lobectomie, segmentectomie ou bilobectomie) suivent un chemin clinique standard débutant en consultation de chirurgie. Ils sont pris en charge en postopératoire dans une unité de soins continus (USC) dédiée à la RAAC. Quelle que soit la voie d’abord utilisée (thoracotomie ou vidéochirurgie), les patients suivent un chemin clinique protocolisé et standardisé. Nous décrirons en détail ce parcours. Un protocole postopératoire standard est appliqué à tous les patients et comprend une prise en charge multimodale de la douleur, une reprise de l’alimentation et une mobilisation précoce et un drain unique retiré rapidement. Une équipe médicale et paramédicale formée et dédiée est en charge de l’USC.  Résultat Nous n’avons pas à ce jour les résultats définitifs, mais nous les présenterons lors du congrès. Ils concerneront le taux de complications postopératoires, la durée de drainage, la durée de séjour, le taux de redrainage et de réadmissions.  Conclusion La mise en place de la RAAC doit suivre un chemin clinique standard pour tous les patients, et toutes les étapes doivent être protocolisées. Le patient joue un rôle central dans l’application de ce chemin et reste l’acteur principal de ses soins.     Enhanced recovery pathways for major lung resections- single institution experience for more than 500 consecutive patients   Objectives The development of clinical pathways to enhanced recovery after thoracic resections is gaining a lot of interest in thoracic community. Several papers have studied the effectiveness of enhanced recovery pathways (ERP) for lung resections. The goal of our presentation is to present our multidisciplinary experience and the pathway of more than 500 patients operated on for major lung resection.  Methods In our institution, all patients undergoing major lung resection (lobectomy, segmentectomy ou bi-lobectomy) are included in a standardized clinical pathway according to a multidisciplinary ERP with written treatment plans. Postoperative care includes systematic multimodal analgesia, early diet and mobilization and standardized drain management. An intensive care unit (ICU) is dedicated to these patients with multidisciplinary trained team. We will describe in our presentation all our pathway’s steps.  Results We will describe in our presentation, the main results concerning postoperative complications, chest tube duration an reinsertion rate, duration of stay and readmissions rate.  Conclusion Clinical pathways to enhanced recovery after thoracic resections should follow a standardize protocol for all steps. Patient should remains the major actor fo his pathway and participates actively in its achievement.
juin 10, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Abstract 2016

T-25 – La voie d’abord chirurgicale influence-t-elle les résultats de la récupération améliorée après chirurgie de résections pulmonaires majeures ?

Jalal Assouad, Mihaela Giol, Marielle Le Roux, Hicham Masmoudi, Juliette Camuset, Samantha Guimaron, Fouad Bandaly, Olga Szymkiewicz, Yacine Ynineb Service de chirurgie thoracique et service d’anesthésie réanimation, hôpital Tenon, Paris  Objectif Aucune étude n’a montré de différence entre la thoracotomie et la vidéochirurgie concernant les résultats de la récupération améliorée après chirurgie RAAC de résection majeures. Le but de notre travail est de comparer les résultats après RAAC de résections pulmonaires majeures entre thoracotomie et vidéochirurgie chez plus de 500 patients consécutifs ayant suivi le même chemin clinique.  Méthode Dans notre établissement, tous les patients opérés d’une résection pulmonaire majeure (lobectomie, segmentectomie ou bilobectomies) suivent un chemin clinique standard débutant en consultation de chirurgie. Ils sont pris en charge en postopératoire dans une unité de soins continus (USC) dédiée à la RAAC. Quelle que soit la voie d’abord utilisée (thoracotomie ou vidéochirurgie), les patients suivent un chemin clinique protocolisé et standardisé, notamment en postopératoire. Une équipe médicale et paramédicale formée et dédiée est en charge de l’USC.  Résultat Les deux groupes sont homogènes concernant les indications, la fonction respiratoire, l’âge et les comorbidités. Nous n’avons pas à ce jour en notre possession les résultats définitifs, mais nous les présenterons et comparerons les deux groupes concernant les complications postopératoires, la durée de drainage, la durée de séjour, le taux de redrainage et de réadmission.  Conclusion Nous pensons qu’à indication identique, la voie d’abord ne modifie pas les résultats après RAAC. Nous donnerons notre conclusion lors du congrès en fonction de nos résultats définitifs.     Does surgical approach modify the results after enhanced recovery after major thoracic surgery?  Objectives The development of clinical pathways to enhanced recovery after thoracic surgery is gaining a lot of interest in thoracic community. Several papers have studied the effectiveness of enhanced recovery pathways (ERP) for lung resections. The aim of this study is to compare the impact of the surgical approach between open and video-assisted thoracic surgery (VATS) for major lung resection on the postoperative outcomes in more than 500 patients undergoing systematic ERP.  Methods In our institution, all patients undergoing major lung resection are included in a standardized clinical pathway according to a multidisciplinary ERP with written treatment plans, multimodal analgesia, early diet and mobilization and standardized drain management. Patients are hospitalized in a dedicated intensive care unit (ICU) with multidisciplinary team. Patients were compared in terms of duration of stay, complications, and readmissions.  Results Groups were similar with respect to age, gender, American Society of Anesthesiologists score, and baseline pulmonary function. We do not have yet all the results but we will present at the meeting the differences between both groups concerning total complications, duration of stay, chest tube duration, chest tube reinsertion and readmission.  Conclusion We don’t believe that surgical approach could influences postoperative results in comparable patients after standardized ERP. We will present our conclusion at the meeting based on the final results.
juin 10, 2016
Chirurgie cardiaque · Vol. 20 Abstract 2016

C-31 – Utilisation du monoxyde d’azote inhalé (NOi) en réanimation cardiaque pédiatrique et adulte – étude franco-belge prospective multicentrique

Philippe Gaudard, Claudio Barbanti, Julien Amour, Bertrand Rozec, Philippe Mauriat, Mimoun Mrini, Gilles Cambonie, Jean-Michel Liet, Claude Girard, Pierre Damas, Laurent Lecourt, Philippe Pouard Département d’anesthésie réanimation, hôpital Arnaud-de-Villeneuve, Montpellier  Objectif Le monoxyde d’azote (NO) est largement utilisé en Europe depuis plus de 20 ans. Cependant, peu d’études décrivent réellement les pratiques courantes d’utilisation en réanimation.  Méthode Étude observationnelle, multicentrique, prospective, sur l’utilisation du NOi (KINOX 450 ppm, ALSF) administré par un dispositif d’administration et de monitoring (EZ-KINOX) dans 12 hôpitaux français et un hôpital belge pour le traitement de crises hypertensives pulmonaires après chirurgie cardiaque. Les paramètres suivants ont été observés : dose, durée de traitement, modes de ventilation, procédure de monitoring, procédure de sevrage et apparition d’effets rebonds. Les traitements concomitants et la tolérance étaient également suivis.  Résultat 198 patients avec hypertension artérielle pulmonaire après chirurgie cardiaque (81 enfants et 117 adultes) ont été inclus sur une période d’un an. Le NOi a été débuté avant l’arrivée en réanimation chez 57 % des patients adultes mais plus rarement (12,7 %) en pédiatrie (p < 0,01). La dose initiale médiane de NO était de 20 ppm [18-20] en pédiatrie et 10 ppm [10-15] pour les adultes avec une durée médiane d’administration respectivement de 3,9 jours [1,9-6,1] et 3,8 jours [1,8-6,8]. Une valeur de NO2 supérieure à 0,5 ppm a été observée dans 17 % des cas en pédiatrie et seulement 1 % chez les adultes. L’effet clinique du NOi était considéré comme suffisant dans 89 % des cas et les doses étaient diminuées progressivement avant arrêt définitif dans 86 % des cas. 75 événements indésirables (EI) ont été observés (80 % des patients sans EI) incluant un effet rebond chez 1,2 % des enfants et 4,3 % des adultes. Des traitements vasodilatateurs pulmonaires (sildenafil, milrinone, levosimendan) ont été associés dans 95 % des cas en pédiatrie et 23 % chez les adultes (p < 0,01). La durée de séjour en réanimation était de 8 jours [6-15] en pédiatrie et de 10 jours [6-22] pour les adultes.  Conclusion Cette enquête confirme le bon index thérapeutique du NOi dans les 2 populations. L’utilisation des systèmes d’administration de NOi de dernière génération permet de respecter les recommandations d’usage.     The use of inhaled Nitric Oxide (iNO) in pediatric and adult cardiac centers- a Franco-Belgian multicenter prospective survey   Objectives NO therapy is largely used in Europe since 20 years but few study really described the daily ICU practice. The objective of this study was to determine the gap between guidelines and real life.  Methods This is a multicenter, prospective, observational study on iNO (KINOX 450 ppm, ALSF) administered through an integrated delivery and monitoring device (EZ-KINOX, ALSF) in 12 French and 1 Belgian centers for treatment of pulmonary arterial hypertension (PAH) after cardiac surgery. The following parameters were observed: dose, treatment duration, ventilation modes, monitoring procedures, weaning procedures and occurrence of a rebound effect. Concomitant treatments and safety data were also collected.  Results 198 patients with PAH after cardiac surgery (81 children, 117 adults) were enrolled within one-year period. Inhaled NO was initiated before ICU admission in adult population (57%) but rarely in pediatric patients (12.7%), p<0.01. The median initial dosage of iNO set was 20 ppm [18-20] in the pediatric group and 10 ppm [10-15] for adults with a median duration respectively 3.9 days [1.9-6.1] and 3.8 days [1.8-6.8]. The NO therapy was delivered during controlled ventilation mode, high frequency oscillation and spontaneous ventilation. The NO2 measurement was above 0.5 ppm in 17% of the pediatric cases and 1% of the adult cases. The clinical effect of iNO was considered sufficient in 89% of the cases and dosage was gradually decreased before definitive withdrawal in 86% of the cases. Adverse effects (AE) occurred 75 times (80% of the patients without AE) including rebound effect in 1.2% of children and 4.3% of adults. Pulmonary vasodilators (sildenafil, milrinone, levosimendan) were associated in 95% of the cases in pediatrics and 23% in adults (p<0.01). ICU stay was 8 days [6-15] for children and 10 days [6-22] for adults.  Conclusion This survey confirms the good therapeutic profile of NO treatment in both populations. The usage of last generation of NO devices subject to prior training allows good compliance with recommendations.
juin 10, 2016
Chirurgie cardiaque · Vol. 20 Abstract 2016

C-10 – Le monitorage peropératoire par bioimpédancemétrie intratrachéale améliore la récupération postopératoire en chirurgie coronarienne à cœur battant

Thomas Leclercq, Marc Lilot, Thomas Schulz, Alexandre Meyer, Fadi Farhat, Jean-Luc Fellahi Département anesthésie et réanimation, hôpital Louis-Pradel, hospices civils de Lyon  Objectif La faisabilité et l’utilité clinique du monitorage du débit cardiaqe par bioimpédancemétrie intrathoracique (Endotracheal Cardiac Output Monitor - ECOM) pour l’optimisation hémodynamique peropératoire et pour améliorer le devenir précoce après chirurgie de pontage aortocoronarien à cœur battant sont inconnues. Notre objectif était de comparer l’ECOM au standard de soins dans cette chirurgie.  Méthode Vingt adultes consécutifs monitorés par ECOM et bénéficiant de pontage aorto-coronarien à cœur battant (groupe ECOM) ont été inclus prospectivement et comparés à 42 patients inclus rétrospectivement et opérés sans monitorage par ECOM (groupe contrôle). Le critère de jugement principal était le taux d’admission en réanimation en postopératoire. Les critères de jugement secondaires étaient le délai d’extubation, la durée de séjour en réanimation et à l’hôpital, la lactatémie et la troponinémie postopératoires et la faisabilité d’ECOM dans cette chirurgie.  Résultat Le taux d’admission en réanimation postopératoire était de 38/42 (90 %) dans le groupe contrôle contre 11/20 (55 %) dans le groupe ECOM, p = 0,008. Aucune admission en réanimation pour instabilité hémodynamique n’a été constatée dans le groupe ECOM. Le délai d’extubation, le délai de séjour en réanimation et les taux postopératoires de lactates et de troponine à la 6e heure postopératoire étaient tous significativement diminués dans le groupe ECOM. Sur une échelle de 0 à 5, les scores de satisfaction et de facilité d’utilisation d’ECOM étaient respectivement de 3,45 ± 0,68 et de 4,30 ± 1,17.  Conclusion L’utilisation systématique d’ECOM est associée à une diminution statistiquement significative du taux d’admission en réanimation et une amélioration de l’évolution postopératoire immédiate après chirurgie coronarienne à cœur battant.     The intraoperative use of endotracheal bioimpedance cardiography improves immediate postoperative outcome in off-pump coronary artery bypass grafting   Objectives The feasibility and clinical utility of the Endotracheal Cardiac Output Monitor (ECOM) to optimize intraoperative hemodynamics and improve short-term outcome in off-pump coronary artery bypass grafting (OPCAB) is unknown. We aimed to compare ECOM with a standard of care in that specific surgical setting.  Methods Twenty consecutive adult ECOM-monitored patients undergoing OPCAB were prospectively included (ECOM group) and retrospectively compared to 42 patients scheduled for similar surgery without ECOM monitoring (Control group). The primary endpoint was the global rate of postoperative admission to the intensive care unit (ICU). Secondary endpoints were the time to extubation, the length of stay in ICU and in hospital, the postoperative levels of lactate and troponin and the feasibility of ECOM in that specific surgical setting.  Results The rate of postoperative admission to the ICU was 38/42 (90%) in the Control group vs. 11/20 (55%) in the ECOM group, P=0.008. None unexpected admission for hemodynamic instability was observed in the ECOM group. The time to extubation, the length of stay in ICU, and both troponin level at admission and lactate level at H6 were all significantly decreased in the ECOM group. On a scale ranging from 0 to 5, convenience and satisfaction regarding ECOM were 4.30±1.17 and 3.45±0.68, respectively.  Conclusion The systematic use of ECOM is associated with a significant reduction in the rate of admission to the ICU and an improvement in immediate outcome in OPCAB.
juin 10, 2016
Chirurgie cardiaque · Vol. 20 Juin 2016

Impact de la chirurgie cardiaque réalisée par un interne sous la supervision d’un chirurgien senior sur les résultats précoces

Tarek Announe1 , Tam Hoang Minh1 , Stéphanie Perrier1 , François Severac2, Jonathan Bentz1 , Arnaud Mommerot1 , Philippe Billaud1 , Jean-Philippe Mazzucotelli1, Michel Kindo1 1. Service de chirurgie cardiovasculaire, hôpitaux universitaires de Strasbourg. 2. Service de santé publique, hôpitaux universitaires de Strasbourg. Correspondance : michel.kindo@chru-strasbourg.fr   Résumé Objectif : Évaluer la mortalité et la morbidité hospitalières associées à la chirurgie cardiaque sous circulation extracorporelle réalisée par un interne assisté d’un chirurgien senior (CS). Méthodes : De janvier 2009 à décembre 2014, 136 interventions (2,2 %) ont été réalisées par un interne. Les données périopératoires étaient collectées de manière prospective. Un appariement par score de propension, après ajustement en fonction du type de chirurgie et de l’EuroSCORE II, a été utilisé pour comparer les résultats de la chirurgie faite par un interne versus un CS. Résultats : La mortalité hospitalière ne différait pas entre les 2 groupes (0 % versus 1,8 % dans les groupes interne et CS respectivement ; p = 0,225). La fibrillation auriculaire postopératoire était significativement plus fréquente dans le groupe interne comparativement au groupe CS (38,2 % versus 26,5 % respectivement, p = 0,007). Il n’existait pas de différences entre les 2 groupes au regard des autres complications postopératoires, notamment en termes d’événement ischémique, d’insuffisance rénale aiguë, de fonction ventriculaire gauche postopératoire, mais également pour les durées de séjour en réanimation ou globale postopératoire. Conclusion : La chirurgie cardiaque réalisée par un interne assisté d’un CS est associée à des résultats postopératoires similaires à une chirurgie faite par un CS.   Abstract Impact on early results of cardiac surgery performed by a resident under the leadership of an attending surgeon Aim: To assess hospital mortality and morbidity after cardiac surgery under cardiopulmonary bypass performed by a resident under the supervision of a staff surgeon. Methods: Between January 2009 and December 2014, 136 cardiac procedures (2.2%) were performed by a resident. Perioperative data were prospectively collected. A propensity score case-matching analysis adjusted to the type of surgery and the EuroSCORE II was performed to compare outcomes in cases treated by residents or staff surgeons. Results: Hospital mortality did not differ between the two groups (0% and 1.8% in the resident group and staff surgeon group, respectively; P=0.225). Postoperative atrial fibrillation was significantly more frequent in the resident group than in the staff surgeon group (38.2% versus 26.5%, respectively; P=0.007). No differences between the two groups were found regarding other postoperative outcomes, including ischemic events, acute kidney failure, and postoperative left ventricular dysfunction, or for the length of stay in the intensive care unit and in hospital. Conclusion: Cardiac surgery performed by a resident under the supervision of a staff surgeon is associated with similar outcomes as procedures performed by a staff surgeon.   1. INTRODUCTION La formation en chirurgie cardiaque reste basée sur un modèle de compagnonnage. Cette formation est réalisée au cours des 5 années d’internat, puis des 2 ou 4 années de clinicat. À l’issue de cette formation, un chef de clinique des universités - assistant hospitalier (CCU-AH) doit maîtriser l’ensemble des techniques chirurgicales avec une morbimortalité à court et long termes en adéquation avec les résultats observés dans la littérature. La formation en chirurgie cardiaque, comme dans les autres spécialités chirurgicales, repose sur une acquisition étape par étape au bloc opératoire des temps opératoires des différents types de chirurgie sous la supervision d’un chirurgien senior. Ce modèle pédagogique n’a que très peu évolué depuis des décennies. L’une des spécificités de la chirurgie cardiaque est l’utilisation de la circulation extracorporelle (CEC) associée à une phase d’ischémie-reperfusion myocardique pendant le clampage aortique dans la très grande majorité des interventions. De ce fait, l’interne doit non seulement apprendre le geste opératoire mais il doit également apprendre à gérer la CEC, le temps de clampage aortique et l’hémodynamie. Il est clairement établi que les durées de CEC et de clampage aortique sont corrélées positivement à la mortalité et la morbidité postopératoires [1]. Une autre spécificité de la chirurgie cardiaque est l’apprentissage de la microchirurgie nécessaire à l’accomplissement des anastomoses vasculaires lors des pontages aortocoronariens (PAC) qui représentent une part importante de l’activité chirurgicale. Enfin, la chirurgie cardiaque a connu ces dernières années une évolution technique indéniable avec le développement des techniques dites mini-invasives (chirurgie valvulaire ou PAC par minithoracotomie grâce à l’aide de la vidéo, valve aortique transcathéter, etc.) qui doivent faire partie intégrante de la formation chirurgicale. Du fait de ces spécificités, l’apprentissage de la chirurgie cardiaque est plus long et difficile que les autres types de chirurgie. Il existe peu de données dans la littérature concernant l’impact sur la morbidité et la mortalité postopératoires de la chirurgie cardiaque réalisée par un interne. La majorité de ces publications a été réalisée en Amérique du Nord, avec des cursus de formation en chirurgie cardiaque différents du cursus français [2-8]. Ces études disposaient de peu de variables dans l’analyse des résultats. L’objectif de cette étude était donc d’évaluer la morbidité et la mortalité associée à la chirurgie cardiaque sous CEC réalisée par un interne assisté d’un chirurgien senior (CS) comparativement aux résultats observés après une intervention réalisée par un CS.   2. MÉTHODES   2.1. Patients De janvier 2009 à décembre 2014, 6 239 interventions de chirurgie cardiaque sous CEC ont été réalisées dans le service de chirurgie cardiaque des hôpitaux universitaires de Strasbourg. Le critère d’inclusion était l’âge ≥ 18 ans. Les critères d’exclusion étaient les interventions de greffe cardiaque et d’assistance circulatoire. Parmi ces 6 239 interventions de chirurgie cardiaque sous CEC, l’opérateur principal était un interne, un CCU-AH et un CS dans 136 (2,2 %), 1 830 (29,3 %) et 4 273 (68,5 %) des cas respectivement. L’opérateur principal est défini comme le chirurgien ayant réalisé l’ensemble de l’intervention de manière complète de la peau à la peau. Concernant les interventions réalisées par un interne, il s’agissait de 3 internes hors DESC de chirurgie thoracique et cardiovasculaire (en 2e ou 3e trimestre), ayant réalisé une période continue d’un an de stage dans le service, pour 6 interventions (5 remplacements valvulaires aortiques et 1 remplacement isolé de l’aorte ascendante). Pour les internes du DESC de chirurgie thoracique et cardiovasculaire, 2 internes dans la filière de chirurgie thoracique en 7e ou 8e semestre ont réalisé 8 interventions (7 remplacements valvulaires aortiques et 1 remplacement de l’aorte ascendante). Les autres procédures chirurgicales (122 interventions) ont été réalisées par 6 internes entre les 7e et 10e semestres de l’internat inscrits dans la filière cardiaque du DESC de chirurgie thoracique et cardiovasculaire. Il est à noter que pour ces derniers, du fait de l’obligation de réalisation de 2 semestres de chirurgie orthopédique et de 2 semestres de chirurgie viscérale, aucun semestre n’a été réalisé de manière consécutive dans le service avant la dernière année. Enfin, pendant cette même période de 6 ans, l’équipe de chirurgie cardiaque était constituée de 4 chirurgiens seniors et 5 CCU-AH qui se sont succédé. La supervision des interventions réalisées par un interne a été faite par les 4 chirurgiens seniors et 3 CCU-AH au cours de leur 4e année de clinicat.   2.2. Collecte des données Les données pré, per et postopératoires étaient collectées de manière prospective dans la base numérique de données du service (ASTRE, Microsoft Access®, États-Unis). La base de données du service a été déclarée auprès de la CNIL. Elle est validée comme outil informatique des hôpitaux universitaires de Strasbourg avec autorisation d’enregistrement des données (afin de permettre l’édition automatique des comptes rendus opératoires et des lettres de sortie) et d’utilisation scientifique des données par la Charte du patient hospitalisé des hôpitaux universitaires de Strasbourg. Cette étude a été approuvée par le Comité d’éthique des hôpitaux universitaires de Strasbourg.   2.3. Chirurgie L’enseignement de la chirurgie se fait étape par étape. L’interne réalise habituellement la fermeture puis l’ouverture sternale, puis la sortie de CEC et la mise en place de la CEC et enfin réalise certains temps opératoires. Ainsi par exemple, pour la chirurgie de revascularisation coronarienne, les étapes habituelles sont : l’anastomose proximale d’un pontage veineux sur l’aorte, le prélèvement des artères mammaires et enfin les anastomoses distales en débutant par les anastomoses distales veineuses puis artérielles. Lorsque l’acquisition de ces différentes étapes est assimilée, l’interne va réaliser de manière progressive l’ensemble des étapes avant de réaliser de manière complète la chirurgie de la peau à la peau sous la supervision d’un chirurgien senior. La décision de superviser l’interne dans la réalisation d’une intervention de manière complète était sous la responsabilité du chirurgien senior. Le choix de la technique chirurgicale ou de la gestion de la CEC était dicté par le chirurgien senior. Toutes les interventions ont été réalisées sous CEC de façon standard. La technique de protection myocardique était soit en normothermie avec cardioplégie sanguine chaude soit en hypothermie modérée (33 °C) avec cardioplégie sanguine froide sans utilisation d’hypothermie topique. Le choix du type de protection myocardique était sous la responsabilité du chirurgien senior.   2.4. Critères de jugement Le critère de jugement principal était la mortalité hospitalière survenant soit dans les 30 premiers jours postopératoires soit lors du séjour hospitalier lui-même. Les critères de jugement secondaires, sur la même période, étaient : une fibrillation auriculaire postopératoire (FAPO), un trouble du rythme ou de la conduction avec implantation d’un pacemaker, un infarctus du myocarde (IDM), le taux de troponine I (à l’admission en réanimation (OP+0), au 1er jour postopératoire (OP+1) et maximal lors de l’hospitalisation), la fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) mesurée à l’échocardiographie de sortie, un épanchement péricardique nécessitant un drainage chirurgical ou par ponction, une bronchopneumopathie, un épanchement pleural (nécessitant un drainage), un pneumothorax, le délai d’extubation, une insuffisance rénale aiguë (IRA) définie comme une augmentation au moins du double de la créatinine par rapport à la valeur préopératoire, un recours à une dialyse, le débit de filtration glomérulaire estimé par l’équation MDRD (DFGe) à OP+1 et maximal, le drainage thoracique à OP+1, la transfusion de concentré de globules rouges (CGR), une reprise chirurgicale pour saignement, une morbidité sternale (désunion cutanée superficielle, sternite, médiastinite), un accident vasculaire cérébral (AVC), un accident ischémique transitoire (AIT) et une septicémie. Enfin, l’existence de différences entre les 2 groupes en regard de la durée opératoire, la durée de séjour en réanimation et la durée de séjour global postopératoire a été analysée. La FAPO est définie comme tout épisode de fibrillation auriculaire enregistrée par monitorage ECG continu lors des 48 premières heures postopératoires ou lors d’un ECG réalisé pendant l’hospitalisation devant tout signe clinique évocateur de fibrillation auriculaire ou lors de l’ECG de contrôle réalisé systématiquement avant la sortie du patient. L’IDM postopératoire est défini comme une élévation des troponines I postopératoires ≥ 30 µg/l associée à des modifications électriques de l’ECG à type d’ischémie et/ou à des troubles de la cinétique segmentaire ventriculaire à l’échocardiographie.   2.5. Analyse statistique Pour comparer les résultats entre les interventions réalisées par un interne assisté d’un CS et par un CS, il a été utilisé un score de propension estimé par régression logistique. L’ajustement pour le modèle de régression incluait les variables suivantes : le type de chirurgie et l’EuroSCORE II [9]. L’appariement au groupe interne a été fait selon un ratio 1:4 avec le score de propension estimé dans le groupe CS le plus proche de celui du groupe interne. Ainsi, les résultats de 136 interventions réalisées par un interne ont été comparés à 544 interventions faites par un CS. Les variables continues sont exprimées en moyenne ± déviation standard. Les différences entre variables nominales ont été testées avec le test de Chi2 ou exact de Fisher en fonction des valeurs attendues. Les différences entre variables continues ont été testées avec le test de Student ou de Mann-Whitney en fonction de l’existence ou non d’une distribution gaussienne. Si une différence au niveau des critères de jugement primaires ou secondaires devait être présente entre les groupes interne et CS, la variable « interne » a été alors testée en analyse uni puis multivariée si nécessaire comme facteur prédictif du critère de jugement présentant une différence entre les 2 groupes. Pour l’analyse multivariée, seules les variables avec une valeur de p < 0,150 ont été utilisées par régression logistique binaire, avec méthode descendante conditionnelle. L’analyse statistique a été faite avec les logiciels SPSS 22.0 et R3.0.0.   3. RÉSULTATS   3.1. Données préopératoires Les données préopératoires sont rapportées dans le tableau 1. L’utilisation des variables types de chirurgie et EuroSCORE II pour l’appariement a permis d’obtenir 2 groupes homogènes, notamment en regard du risque de mortalité postopératoire estimé par l’EuroSCORE I et II. Cependant, dans notre étude, il existait significativement plus d’antécédents d’IDM et d’angioplastie percutanée coronarienne dans le groupe interne comparativement au groupe CS [tableau 1].   Tableau 1: Données préopératoires Variables Interne n = 136 Chirurgien senior n = 544 p Âge (années) 68,5 ± 11,3 68,2 ± 11,3 NS Âge ≥ 80 ans 22 (16,2) 94 (17,3) NS Femme 46 (33,8) 189 (34,7) NS IMC (kg/m²) 28,1 ± 4,8 27,7 ± 4,8 NS Tabagisme 59 (43,6) 232 (42,6) NS Hypertension artérielle 89 (65,4) 378 (69,5) NS Dyslipidémie 79 (58,1) 316 (58,1) NS Diabète 37 (27,2) 151 (27,8) NS BPCO 10 (7,4) 42 (7,7) NS Atcdt AVC 11 (8,1) 42 (7,7) NS APC 26 (19,1) 67 (12,3) 0,039 Atcdt IDM (> 90 jours) 15 (11,0) 31 (5,7) 0,027 NYHA ≥ classe III 43 (32,1) 164 (30,4) NS CCS classe IV 1 (0,7) 10 (1,9) NS Artériopathie extracardiaque 20 (14,7) 71 (13,1) NS Chirurgie urgente 1 (0,7) 10 (1,9) NS Biologie Hémoglobine (g/dl) 13,7 ± 1,5 13,6 ± 1,6 NS DFGe MDRD (ml/min/1,73 m2) 82,0 ± 23,7 80,3 ± 24,6 NS Échocardiographie FEVG (%) 61,3 ± 9,7 62,3 ± 9,3 NS Mortalité prédite par l’EuroSCORE EuroSCORE I (%) 5,5 ± 4,4 5,4 ± 4,5 NS EuroSCORE II (%) 2,0 ± 1,3 1,9 ± 1,3 NS Les variables continues sont exprimées en moyenne ± déviation standard ; les autres sont des nombres (%). Valeur de p, groupe Interne versus groupe Chirurgie senior. NS : non significatif. IMC : indice de masse corporelle ; BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive ; atcdt : antécédent ; AVC : accident vasculaire cérébral ; APC : angioplastie percutanée coronarienne ; IDM : infarctus du myocarde ; NYHA : classification fonctionnelle de la dyspnée selon la New York Heart Association ; CCS : classification fonctionnelle de l’angor selon la Canadian Cardiovascular Society ; DFGe : débit de filtration glomérulaire estimée par l’équation de l’étude Modification of Diet in Renal Disease (MDRD) ; FEVG : fraction d’éjection ventriculaire gauche ; EuroSCORE I et EuroSCORE II : mortalité prédite à 30 jours par l’EuroSCORE I ou logistique et l’EuroSCORE II.   La chirurgie la plus fréquemment réalisée par un interne était un remplacement valvulaire aortique. Un PAC a été réalisé dans 33,3 % et 32,9 % des cas par un interne et un CS respectivement (p non significatif). Pour les PAC, il n’existait pas de différence entre les 2 groupes en regard du nombre moyen d’anastomoses distales totales et avec un greffon artériel mais également en ce qui concernait l’utilisation des artères mammaires internes, de montage en « Y » ou du nombre d’anastomoses séquentielles.Le type de chirurgie réalisée ainsi que les paramètres de CEC et la durée de la chirurgie sont rapportés dans le tableau 2.   Tableau 2: Données opératoires Variables Interne n = 136 Chirurgien senior n = 544 p Type de chirurgie RVAo 69 (50,7) 276 (50,7) NS RVAo + PAC 11 (8,1) 44 (8,1) NS RVAo + Ao asc 2 (1,5) 12 (2,2) NS Plastie VAo 1 (0,7) 4 (0,7) NS R VMi 2 (1,5) 7 (1,3) NS Plastie VMi 6 (4,4) 25 (4,6) NS Plastie VMi + RVAo 1 (0,7) 1 (0,2) NS Plastie VMi + Plastie VTric 2 (1,5) 8 (1,5) NS R VTric 1 (0,7) 3 (0,6) NS PAC 34 (25,0) 135 (24,8) NS Myxome 1 (0,7) 4 (0,7) NS Fibroélastome VAo ou Mi 1 (0,7) 5 (0,9) NS Ao asc 4 (2,9) 15 (2,8) NS Intervention David ou Yacoub 1 (0,7) 5 (0,9) NS Pontage coronarien 45 (33,3) 179 (32,9) NS Nbr. anastomose distale/pt 2,4 ± 0,9 2,4 ± 0,9 NS Nbr. anastomose distale artère/pt 2,2 ± 0,9 2,1 ± 0,9 NS Utilisation AMIG 44 (97,7) 174 (97,2) NS Utilisation AMID 29 (64,4) 114 (63,7) NS Anastomose en Y AMID sur AMIG 6 (13,6) 26 (14,5) NS Anastomose séquentielle 13 (28,8) 55 (30,7) NS Paramètres CEC Durée CEC (min) 114,5 ± 33,8 102,9 ± 30,4 < 0,0001 Durée clampage aortique (min) 87,5 ± 28,3 74,3 ± 24,6 < 0,0001 Cardioplégie chaude 60 (44,1) 385 (70,8) < 0,0001 Cardioplégie antéro- et rétrograde 124 (91,1) 501 (92,0) NS Durée totale de l’intervention (min) 283,5 ± 87,4 255,8 ± 55,5 < 0,0001 Les variables continues sont exprimées en moyenne ± déviation standard ; les autres sont des nombres (%). Valeur de p : groupe Interne versus groupe Chirurgien senior. NS : non significatif. R : remplacement ; VAo : valve aortique ; PAC : pontage aorto-coronarien ; Ao asc : remplacement aorte ascendante ; VMi : valve mitrale ; VTric : valve tricuspide ; Nbr. : nombre ; pt : patient ; AMIG : artère mammaire interne gauche ; AMID : artère mammaire interne droite ; CEC : circulation extracorporelle.   3.2. Données opératoires Les durées de CEC et de clampage aortique étaient significativement allongées de 11,2 % (p < 0,0001) et de 17,7 % (p < 0,0001) respectivement dans le groupe interne comparativement au groupe CS. Une cardioplégie sanguine chaude en normothermie était utilisée, de manière significative, plus fréquemment dans le groupe CS (p < 0,0001). La durée totale de la chirurgie (de l’incision au pansement) était significativement augmentée de 10,8 % dans le groupe interne comparativement au groupe CS (p < 0,0001).   3.3. Critère de jugement primaire La mortalité hospitalière était de 0 % dans le groupe interne et de 1,8 % dans le groupe CS sans différence statistiquement significative (p = 0,225) [tableau 3].   3.4. Critères de jugement secondaires La morbidité hospitalière et les durées de séjour sont rapportées dans le tableau 3 et la figure 1. L’incidence de la FAPO était significativement augmentée dans le groupe interne comparativement au groupe CS (38,2 % versus 26,5 % respectivement, p = 0,007). La cinétique postopératoire de la troponine I objectivait une augmentation significative des taux de troponine I à OP+0 (+ 57,4 %, p < 0,0001), OP+1 (+ 62,1 %, p = 0,03) et maximal (+ 44,4 %, p = 0,0008) dans le groupe interne comparativement au groupe CS respectivement [figure 1]. De plus, il n’existait pas de différence au regard de l’incidence de l’IDM postopératoire entre les 2 groupes. Enfin, la FEVG à la sortie du service ne différait pas entre les 2 groupes tout comme l’incidence de la nécessité d’implanter un pace­maker ou de drainer un épanchement péricardique.   Tableau 3: Morbidité et mortalité postopératoires Variables Interne n = 136 Chirurgien senior n = 544 p Mortalité hospitalière 0 10 (1,8) NS Morbidité cardiaque FAPO 52 (38,2) 144 (26,5) 0,007 Pacemaker 4 (2,9) 16 (2,9) NS IDM 1 (0,7) 2 (0,4) NS FEVG sortie du service (%) 59,2 ± 9,5 59,4 ± 9,4 NS Épanchement péricardique drainé 3 (2,2%) 10 (1,8) NS Morbidité pulmonaire Bronchopneumopathie 16 (11,8) 64 (11,8) NS Épanchement pleural 5 (3,7) 11 (2,0) NS Pneumothorax 5 (3,7) 22 (4,0) NS Extubation (heures) 9,4 ± 9,4 12,6 ± 25,2 NS Extubation > 24 heures 5 (4,0) 25 (4,8) NS Morbidité rénale IRA 11 (8,1) 46 (8,5) NS Dialyse 2 (1,5) 12 (2,2) NS DFGe OP+1 (ml/min/1,73m²) 85,1 ± 31,3 83,7 ± 32,6 NS Pic maximal DFGe (ml/min/1,73m²) 70,3 ± 24,4 71,5 ± 27,2 NS Saignement et transfusion Drainage thoracique OP+1 (ml) 696,9 ± 207,7 688,8 ± 358,4 NS Transfusion CGR (unité/pt) 1,4 ± 2,2 1,8 ± 2,5 NS Transfusion CGR 66 (48,5) 295 (54,2) NS Reprise pour saignement 2 (1,4) 6 (1,1) NS Morbidité sternale Infection cutanée superficielle 0 1 (0,2) NS Sternite 1 (0,7) 1 (0,2) NS Médiastinite 0 0 NS Morbidité neurologique AVC-AIT 4 (2,9) 9 (1,7) NS Septicémie 2 (1,5) 3 (0,6) NS DS en réanimation (jours) 1,9 ± 2,2 1,9 ± 1,9 NS DS total postopératoire (jours) 7,5 ± 3,3 7,3 ± 2,9 NS Les variables continues sont exprimées en moyenne ± déviation standard ; les autres sont des nombres (%). Valeur de p : groupe Interne versus groupe Chirurgien senior. FAPO : fibrillation auriculaire postopératoire ; IDM : infarctus du myocarde ; OP+0 : admission en réanimation ; OP+1 : 1er jour postopératoire ; FEVG : fraction d’éjection ventriculaire gauche mesurée à la sortie du patient ; IRA : insuffisance rénale aiguë définie comme une augmentation de la créatinine par 2 par rapport à la valeur préopératoire ; DFGe : débit de filtration glomérulaire estimée par l’équation MDRD ; CGR : concentré de globules rouges ; AVC : accident vasculaire cérébral constitué (> 24 heures) ; AIT : accident ischémique transitoire (≤ 24 heures) ; DS : durée de séjour.   [caption id="attachment_714" align="alignnone" width="300"] Figure 1 : Variations postopératoires des taux de Troponine I. Les variables continues sont exprimées en moyenne ± déviation standard. Les différences entre variables continues ont été testées avec le test de Student. OP+0 : admission en réanimation ; OP+1 : 1er jour postopératoire ; Pic max : taux maximal de troponine I postopératoire.[/caption]   Il n’existait pas de différences statistiquement significatives entre les 2 groupes en ce qui concerne les complications pulmonaires, rénales, sternales, neurologiques et infectieuses [tableau 3]. Le délai moyen d’extubation ne différait pas entre les 2 groupes tout comme les durées de séjour en réanimation et totale post­opératoire. Aucun des patients de cette étude n’a nécessité de réintervention pour une dysfonction d’une prothèse valvulaire, d’une plastie valvulaire et/ou d’un pontage coronarien.   3.5. Facteurs pré et peropératoires prédictifs de FAPO Les résultats des analyses statistiques univariées et multivariées des facteurs prédictifs de FAPO sont rapportés dans le tableau 4. Une FAPO était observée chez 196 patients (28,8 %). En analyse univariée, les facteurs prédictifs de FAPO identifiés dans notre population étaient : l’âge, le tabagisme, la classe NYHA ≥ III, la chirurgie faite par un interne et la cardioplégie chaude. Les autres variables incluses dans l’analyse multivariée du fait d’un p < 0,150 étaient : le sexe féminin, l’hypertension artérielle et le DFGe préopératoire. L’analyse multivariée a identifié comme facteur prédictif de FAPO : la chirurgie faite par un interne (p = 0,004) et l’âge (p < 0,0001).   Tableau 4: Facteurs prédictifs de FAPO en analyse univariée et multivariée Variables Groupe sans FAPO n = 484 Groupe FAPO n = 196 Analyse univariée Analyse multivariée p OR IC 95 % P Âge (années) 66,6 ± 11,8 72,1 ± 9,0 < 0,0001 1,047 1,029-1,065 < 0,0001 Sexe féminin 158 (32,6) 77 (39,3) 0,099 Tabagisme 221 (45,7) 70 (35,7) 0,018 HTA 322 (66,5) 145 (74,0) 0,058 Classe NYHA ≥ III 132 (27,6) 75 (38,5) 0,005 DFGe (ml/min/1,73 m2) 81,7 ± 25,6 77,9 ± 21,0 0,067 Groupe interne 84 (17,4) 52 (26,5) 0,007 1,820 1,205-2,750 0,004 Cardioplégie chaude 329 (68,0) 116 (59,2) 0,029 Les variables continues sont exprimées en moyenne ± déviation standard ; les autres sont des nombres (%). Valeur de p : groupe sans FAPO versus groupe avec FAPO. FAPO : fibrillation auriculaire postopératoire ; HTA : hypertension artérielle ; NYHA : classification fonctionnelle de la dyspnée selon la New York Heart Association ; DFGe : débit de filtration glomérulaire estimée par l’équation MDRD ; groupe interne : intervention réalisée par un interne de la peau à la peau ; OR : odds ratio ; IC : intervalle de confiance.   4. DISCUSSION Notre étude prospective observationnelle démontre que la chirurgie cardiaque faite par un interne est associée à une mortalité comparable à celle observée dans le groupe CS, et ceci avec un large éventail de types de chirurgie réalisée sous CEC. Malgré une plus grande fréquence de la FAPO dans le groupe interne, il n’existait pas de différence en regard des autres complications postopératoires, notamment en termes d’AVC, d’IRA, d’altération de la FEVG mais également pour les durées de ventilation mécanique, de séjour en réanimation ou globale postopératoire. La décision du chirurgien senior de superviser un interne pour une procédure chirurgicale de manière complète est multifactorielle. Bien évidemment, l’exposition préalable de l’interne en tant qu’assistant aux différentes étapes de la chirurgie et la compréhension de ces étapes sont un prérequis. Puis la réalisation de manière isolée de ces différentes étapes (sternotomie, mise en place de la CEC, sevrage de la CEC, fermeture sternale, etc..) au cours d’une intervention constitue la phase suivante de l’apprentissage avant la réalisation de manière complète d’une procédure chirurgicale. Il apparaît qu’un élément important dans la décision du chirurgien senior de superviser un interne pour une procédure chirurgicale dans notre service soit la fréquence et la régularité du binôme interne-chirurgien senior. De ce fait dans notre service, nous privilégions actuellement l’association systématique du même interne à un chirurgien senior sur une longue période plutôt qu’un changement journalier des internes. Dans notre étude, mais également dans la littérature, la chirurgie cardiaque réalisée par un interne est associée à une augmentation significative des durées de clampage aortique et de CEC [2-8]. Or, il est établi que les durées de clampage aortique et de CEC sont associées à une augmentation de la mortalité postopératoire, mais également de la morbidité postopératoire, avec notamment un risque accru d’IRA, d’infection sévère, de transfusion de CGR [1,10-12]. Malgré l’augmentation des durées de CEC, de clampage aortique et du temps opératoire dans le groupe interne, nous n’avons pas observé d’impact sur la mortalité, la fonction rénale, la survenue d’infection, les besoins transfusionnels et les pertes sanguines postopératoires. Ceci est probablement lié au fait que bien que significatives, ces augmentations des différents temps opératoires restaient modérées dans notre étude (+ 12 min pour la durée de CEC et + 28 min pour la durée totale de la chirurgie). Les données de la littérature confirment l’absence d’impact de cet accroissement des durées de CEC et de clampage aortique sur la mortalité lorsque la chirurgie est réalisée par un interne sous le contrôle d’un chirurgien senior [2-8]. Nous avons observé une augmentation significative de la FAPO dans le groupe interne. Les études analysant l’impact de la chirurgie cardiaque faite par un interne ne rapportent pas l’incidence de la FAPO dans les critères de jugement [2-8]. La FAPO est la complication la plus fréquente après chirurgie cardiaque sous CEC avec une incidence rapportée dans la littérature variant entre 5 % et 70 % [13]. Bien qu’il ait été démontré que la FAPO est associée à une augmentation de la mortalité, du risque d’AVC et de la durée de séjour [13], nous n’avons pas observé dans notre étude de différences entre les 2 groupes pour ces complications. De nombreux facteurs prédictifs préopératoires de FAPO ont été identifiés dans la littérature [13]. Le seul facteur prédictif retrouvé systématiquement dans la littérature est l’âge du patient que nous avons également identifié dans notre étude dans l’analyse multivariée [13]. La chirurgie faite par un chirurgien junior n’a jamais été identifiée au préalable comme facteur prédictif de FAPO, mais il convient de noter que cette variable n’a jamais été testée dans les analyses statistiques préalables. Par contre les durées de CEC et de clampage aortique ont déjà été rapportées comme facteurs de risques de FAPO [13]. Cependant dans notre étude, les analyses statistiques uni et multivariées ne retrouvent pas les durées de CEC et de clampage aortique ainsi que la technique de cardioplégie comme facteurs de risques de FAPO. Il est à noter que nous avons observé une augmentation significative de la cinétique de la troponine I postopératoire dans le groupe interne comparativement au groupe chirurgien senior. Cette augmentation est probablement corrélée à l’augmentation de la durée de clampage aortique et peut traduire une souffrance myocardique légèrement plus importante, pouvant être le substrat de la FAPO. Cependant il faut souligner que les valeurs moyennes de troponine I aux différents temps postopératoires étaient inférieures à 20 µg/l, que la différence de troponine I entre les deux groupes n’excédait pas 5 µg/l aux différents temps de mesure et que nous n’avons observé aucune différence entre les 2 groupes en termes d’IDM ou d’altération de la FEVG. Il existe dans notre étude une utilisation significativement plus fréquente de la cardioplégie sanguine froide dans le groupe interne. Il est actuellement clairement démontré que bien que la cardioplégie chaude soit associée à une diminution du relargage de troponine en postopératoire comparativement à la cardioplégie froide, il n’existe aucune différence entre les 2 techniques de cardioplégie en terme de protection myocardique et d’évolution postopératoire [14]. Enfin il est important de noter que la chirurgie cardiaque réalisée par un interne sous la supervision d’un chirurgien senior n’était pas associée à un risque accru de défaut technique opératoire comme l’atteste l’absence de réintervention pour une dysfonction d’une prothèse valvulaire, d’une plastie valvulaire et/ou d’un pontage coronarien mais également l’absence de différences en terme d’IDM et de FEVG postopératoires. L’enseignement de la chirurgie cardiaque au bloc opératoire reste le modèle pédagogique de référence qui n’a que très peu évolué. L’interne en chirurgie cardiaque va apprendre étape après étape les différents temps opératoires et c’est lorsque la maîtrise de ces étapes est acquise qu’il réalisera l’intervention de la peau à la peau. Les résultats de notre étude, mais également de la littérature, démontrent que ce type de formation permet d’obtenir, lors des premières interventions réalisées par un interne comme opérateur principal, des résultats superposables à la chirurgie faite par un chirurgien senior [2-8]. Bien évidemment les interventions réalisées de la peau à la peau par un interne sont encadrées par un chirurgien senior qui contrôle la qualité du geste et assure le maintien du tempo opératoire lors des différents temps opératoires. Il est à noter que l’encadrement d’un interne au bloc opératoire par un chirurgien senior est associé à un stress plus important pour le chirurgien senior que lorsqu’il réalise lui-même la procédure [15]. Cependant, ce type d’enseignement doit évoluer. En effet, il est de plus en plus évident que l’apport de la simulation constitue un outil indispensable dans la formation. En ce qui concerne la formation à la microchirurgie, l’utilisation de simulateur d’anastomose vasculaire mais également l’entraînement sur modèle animal permet une meilleure acquisition de la technicité nécessaire à la microchirurgie [16-19]. L’intérêt de la simulation en chirurgie valvulaire mais également pour la gestion de la CEC a été également démontré [20,21]. Des dispositifs de simulation permettant de reproduire de nombreux gestes fondamentaux de la chirurgie cardiaque sont commercialisés. Il existe aux États-Unis des programmes de camp d’entraînement (« boot camp ») pour internes permettant d’acquérir la maîtrise des différentes étapes de la chirurgie cardiaque sur simulateur, puis sur modèle [17]. Il apparaît de plus en plus évident que ce type d’enseignement doit faire partie intégrante de la formation des internes en chirurgie cardiaque. Les limites de notre étude sont l’utilisation du score de propension pour l’appariement par ajustement sur 2 variables uniquement, à savoir le type de chirurgie réalisée et l’EuroSCORE II. Mais l’EuroSCORE II est calculé à partir de 18 variables préopératoires significativement associées à un risque de mortalité postopératoire [9]. Bien évidemment, une étude randomisée par tirage au sort au bloc opératoire de l’opérateur principal permettrait de confirmer les résultats de notre étude avec une puissance statistique optimale.   5. CONCLUSION Notre étude a démontré que la chirurgie cardiaque sous CEC réalisée par un interne sous la supervision d’un chirurgien senior était associée à des résultats comparables à une chirurgie réalisée par un chirurgien senior, et ceci pour différents types de chirurgie. L’apport d’un enseignement par simulation avant la réalisation des gestes au bloc opératoire doit être proposé afin de permettre une progression plus rapide de l’interne dans l’acquisition de la maîtrise des gestes et des temps opératoires.   RÉFÉRENCES Ono M, Brady K, Easley RB et al. Duration and magnitude of blood pressure below cerebral autoregulation threshold during cardiopulmonary bypass is associated with major morbidity and operative mortality. J Thorac Cardiovasc Surg  2014;147:483-9. Bakaeen FG, Sethi G, Wagner TH et al. Coronary artery bypass graft patency: residents versus attending surgeons. Ann Thorac Surg  2012;94:482-8. Baskett RJ, Buth KJ, Legare JF et al. 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juin 3, 2016