Chirurgie cardiaque · Vol. 20 Décembre 2016

Médiastinite après chirurgie cardiaque

M. Ait Houssa*1, A. Abdou1, F. Nya1, S. Seghrouchni1, M. Bamous1, N. Atmani1, S. Belouize1, Y. Moutakiallah1, GA. Hatim1, M. Elouanass2, A. Boulahya1 1. Service de chirurgie cardiaque, hôpital militaire d’instruction Mohamed-V, Rabat, Maroc. Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat-université Mohamed V Souissi. 2. Laboratoire de bactériologie, hôpital militaire d’instruction Mohamed V, Rabat, Maroc. Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat-université Mohamed V Souissi. Correspondance : mahdiaithoussa@yahoo.fr   Résumé Objectif : étudier la prévalence de la médiastinite, le profil bactériologique et les modalités de prise en charge. Matériel et méthodes : il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 22 cas de médiastinite survenue dans les suites d’une intervention chirurgicale à cœur ouvert durant une période de 17 ans. Le diagnostic a été fait selon les critères du CDC (Center of Disease Control). Tous les patients ont été repris au bloc opératoire et traités par la technique d’irrigation-drainage. L’antibiothérapie a été adaptée au germe en cause. Résultats : vingt-deux patients adultes dont 5 femmes avaient développé une médiastinite parmi 2394 circulations extracorporelles (CEC) réalisées entre janvier 1994 et décembre 2011, soit une prévalence 0,9 %. Quinze patients étaient des coronariens. L’âge moyen était de 61,7 ± 12 ans. La mortalité hospitalière était de 22,7 % (5/22). Le délai moyen séparant l’intervention chirurgicale à cœur ouvert et la survenue de la médiastinite était de 19 ± 8,2 jours. Le staphylocoque était le principal germe en cause : Staphylocoque coagulase négative 8 cas (36,4 %), le staphylocoque aureus 4 cas (18,2 %) et le staphylocoque epidermidis 3 cas (13,6 %). Conclusion : la médiastinite reste une complication redoutable de la chirurgie cardiaque à cœur ouvert avec un taux de mortalité élevé malgré le traitement. Le meilleur traitement reste préventif par le contrôle des facteurs de risque.   Abstract Mediastinitis after cardiac surgery Objective: The aim of the present study is to evaluate the incidence of mediastinitis, and to describe the microbiological etiology and treatment approach. Material and methods: The records of 22 consecutive adult patients who developed mediastinitis after cardiac surgery over 17 years were retrospectively reviewed. The diagnosis of mediastinitis was established according to the Center for Disease Control and Prevention notification criteria. All patients had received intravenous antibiotics since the diagnosis was established. Sternal debridement was performed, the sternum was closed and the irrigation system was placed. Results: Postoperative mediastinitis was identified in 22 adult patients over 17 years among 2394 extracorporeal circulations (0.9%). Fifteen patients (68%) suffered from coronary disease. The mean age was 61.7 ± 12 years. The mean interval from operation to the development of mediastinitis was 19 ± 8.2 days. Hospital mortality was 22.7% (5/22). Staphylococcus was frequently isolated: coagulase-negative Staphylococcus was isolated in 36.4% (eight cases), Staphylococcus aureus in 18.2% (four cases) and Staphylococcus epidermidis in 13.6% (three cases). Conclusion: Mediastinitis following sternotomy remains a devastating complication of open heart surgery and is associated with significant hospital mortality despite treatment. The treatment efficacy should be considered for strategies to minimize risk factor impact.   1. INTRODUCTION Malgré les progrès réalisés dans la prise en charge du patient en chirurgie cardiaque, la médiastinite reste une complication gravissime et redoutable. C’est une infection nosocomiale du site opératoire (ISO) dont l’incidence varie selon les séries publiées variant entre 0,4 et 8 % mais cette incidence est délimitée entre 0,5 % et 3 % [1-3]. Elle est associée à un taux de mortalité oscillant entre 20 % et 50 % en raison d’un retard diagnostique et thérapeutique. La prise en charge nécessite une collaboration pluridisciplinaire associant 3 axes systémiques : la réanimation, l’antibiothérapie et la chirurgie. Cette prise en charge est souvent lourde et coûteuse avec un impact direct sur l’économie budgétaire des services concernés [4,5]. Le coût d’hospitalisation total est 3 fois supérieur à celui d’une hospitalisation classique, l’étiologie est complexe mais les germes les plus fréquemment en cause sont les staphylocoques. C’est aussi un problème de prévention soulignant la nécessité d’une bonne connaissance des facteurs de risque [6].   2. MATÉRIEL ET MÉTHODES Le nombre total des patients présentant une médiastinite était de 26 malades dont 22 traités par la méthode de lavage–drainage et 4 autres par le drainage continu aspiratif aux drains de Redon. Cette dernière méthode a été adoptée par notre service depuis janvier 2010. Le faible nombre de patients traités par cette technique ne permet pas de réaliser une étude comparative et ils sont également exclus pour l’homogénéité de l’étude. Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 22 cas de médiastinite diagnostiqués et traités dans les suites d’une chirurgie cardiaque à cœur ouvert. Les informations colligées et étudiées dans notre étude étaient : les données démographiques des patients ; les données opératoires lors de la première intervention chirurgicale ; le délai séparant l’intervention chirurgicale à cœur ouvert et la survenue de la médiastinite et les données relatives à la reprise pour médiastinite. Ont été inclus tous les patients ayant présenté une médiastinite documentée. Le diagnostic de médiastinite a été retenu devant : une issue du pus de la plaie sternale [figure 1] ; une infection de la plaie sternale responsable d’une ostéomyélite avec désunion sternale ; la présence d’une infection du site opératoire à laquelle était associée au moins un des signes suivants définis par la CDC (Center of Disease Control) [7] : - isolement d’un germe à partir d’un prélèvement médiastinal (liquide ou tissu) ; - évidence de médiastinite constatée à la réexportation chirurgicale, douleur thoracique instabilité sternale ou fièvre (≥ 38 °C) et hémoculture positive. [caption id="attachment_2763" align="aligncenter" width="300"] Figure 1 : Photo montrant un écoulement purulent à travers la cicatrice de sternotomie.[/caption] Ont été exclus les patients ayant une médiastinite traités par méthode de drainage continu aspiratif aux drains de Redon. Les patients âgés de moins de 18 ans, les patients ayant fait une infection de la plaie mais qui reste superficielle, confinée à la peau et au tissu sous-cutané (rougeur, collections, désunion) mais dont le sternum reste stable et indolore à la palpation bimanuelle. L’ensemble des patients a bénéficié d’une prise en charge médicale et chirurgicale standardisée selon le protocole du service. L’intervention chirurgicale consistait en une exploration médiastinale par sternotomie sous anesthésie générale dans un délai de moins de 24 heures. La sternotomie était totalement reprise, un curetage des dépôts de fibrine était réalisé, associé à un parage de la peau et des tissus sous-cutanés. Des prélèvements bactériologiques multiples étaient réalisés. Les zones non vascularisées du sternum étaient réséquées. Enfin la cavité péricardique et la région médiastinale étaient abondamment nettoyées et irriguées avec une solution bétadinée (10 %). Les drains pour le drainage et l’irrigation étaient mis en place puis la synthèse du sternum était effectuée et le thorax fermé en un seul temps. La technique d’irrigation-drainage était pratiquée chez tous les patients. Elle était immédiatement débutée avec du sérum physiologique bétadinée (50 ml de bétadine pour 500 ml du sérum physiologique). Le débit d’irrigation était 1 à 1,5l/8 heures. L’irrigation était poursuivie plusieurs jours (7 à 10 jours en moyenne) avec une surveillance clinique et biologique basée sur : la température du patient ; l’état de la cicatrice sternale ; le bilan entrées/sorties rigoureux permettant d’éviter une tamponnade. Les conditions permettant d’arrêter l’irrigation-drainage étaient le patient qui ne présentait pas de signe local ou général de sepsis et les prélèvements du drainage réalisés de manière itérative qui devaient être stériles. L’irrigation était alors arrêtée et les drains étaient mis en aspiration pendant 48 heures puis étaient retirés. La prise en charge médicale comprenait la mise en route d’une antibiothérapie probabiliste précoce dès que le diagnostic était posé et les prélèvements faits. Le protocole adopté par le service consistait en une antibiothérapie à large spectre associant initialement la vancomycine ou une céphalosporine avec aminoside ou une fluoroquinolone. La réanimation consistait en une prise en charge des défaillances d’organes (si elles existaient), une correction des troubles hydroélectrolytiques et un apport nutritionnel correct.   2.1. Analyse statistique Les données ont été saisies et analysées à l’aide du logiciel SPSS 11.5. Les variables continues étaient exprimées en moyenne ± écart type ou en médiane. Les variables qualitatives étaient exprimées en effectif ou en pourcentage.   3. RÉSULTATS   3.1. Données de la première intervention [tableau 1] Durant une période de 17 ans allant de janvier 1994 à décembre 2011, 2394 patients adultes avaient bénéficié d’une chirurgie cardiaque à cœur ouvert. Parmi eux, 22 avaient fait une médiastinite documentée, soit une prévalence de 0,9 %. Sur ces 22 cas, on note une prédominance masculine, 17 hommes/5 femmes. L’âge moyen était de 61,7 ± 12 ans. La pathologie cardiaque ayant justifié la chirurgie était une coronaropathie chez 15 patients (68,2 %), une valvulopathie chez 4 patients (18,2 %), une association valvulopathie + coronaropathie chez 2 patients (9,1 %) et un cas de myxome invasif de l’oreillette gauche. Les principales comorbidités associées sont résumées dans le tableau 1. Onze patients étaient diabétiques (50 %), 5 patients avaient une artériopathie périphérique, 9 étaient des tabagiques chroniques, 4 étaient obèses et un patient était insuffisant rénal dialysé. 2 patients avaient déjà été opérés à cœur ouvert par le passé. La chirurgie à cœur ouvert a été réalisée en urgence chez 2 patients. La durée moyenne de la circulation extracorporelle (CEC) était de 140,5 ± 41 minutes ; chez 6 patients (27,2 %) la durée de la CEC était ≥ 3 heures ; chez 12 patients (54,5 %), l’intervention chirurgicale a duré plus de 5 heures. La médiane de ventilation était de 18 heures (11-63,7 heures) et 7 patients (31,8 %) étaient ventilés plus de 48 heures. La médiane de séjour en réanimation était de 72 heures (47-240 heures). Trois patients étaient repris pour saignement et 14 patients (63,6 %) étaient transfusés.   Variable Patient (n = 22) Âge (année) Sexe femme/homme Poids (kg) Taille (m) IMC (kg/m²) RCT NYHA I-II NYHA III- IV Diabète Tabagisme BPCO HTA Obésité (IMC > 30kg/m²) Insuffisance rénale Chirurgie redux Artériopathie périphérique ACFA FR (%) FE (%) EuroSCORE Type de pathologie : – coronaire – valvulaire – coronaropathie + valvulopathie – myxome 61,7 ± 12 5/17 72,3 ± 14 1,7 ± 0,7 24,2 ± 3,6 0,53 ± 0,05 15 (68 %) 7 (32 %) 11 (50 %) 9 (41 %) 2 (9,1 %) 7 (32 %) 4 (18 %) 1 (4,5 %) 2 (9,1 %) 5 (22,7 %) 3 (13,6 %) 26 ± 6.9 52,3 ± 11,4 7,4 ± 9,2   15 (68,2 %) 4 (18,2 %) 2 (9,1 %) 1 (4,5 %) Tableau I. Données démographiques. IMC : index de masse corporelle ; RCT : rapport cardiothoracique ; BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive ; ACFA : arythmie complète par fibrillation auriculaire ; FR : fraction de raccourcissement ; FE : fraction d’éjection.   3.2. Données relatives à la médiastinite [tableau 2] Le délai de séjour préopératoire avant la première intervention était de 22,2 ± 10,1 jours (2-45 jours) et le délai moyen de survenue de la médiastinite était de 19 ± 8,2 jours (5-35 jours).   Variable Patients (n = 22) 1re intervention chirurgicale : chirurgie urgente durée de CEC (min) durée de clampage aortique (min) durée de VA (heure) nombre de patients ventilés ≥ 48 h durée de séjour en réanimation (heure) saignement total/24 heures (ml) reprise chirurgicale transfusion inotropes BCPIA Geste chirurgical : – pontages coronaires – pontage coronaire + RVA – pontage coronaire + DRV – RVM – RVM + PT – RVA Greffons utilisés : – 1 AMI – 2 AMI – VSI   2 (9 %) 140,5 ± 41 78,5 ± 23,9 18,5 (11-63,75) 7 (31,8 %) 72 (47-240) 931,6 ± 654 3 (13,6 %) 13 (59 %) 12 (54,5 %) 4 (18,2 %)   15 (68,2 %) 1 (4,5 %) 1 (4,5 %) 2 (9,1 %) 2 (9,1 %) 1 (4,5 %)   15 (68,2 %) 2 (9,1 %) 16 (72,7 %) Reprise pour médiastinite : Durée de séjour préopératoire (jours) Délai de survenue (jours) Infection associée (%) Germe en cause : – staphylocoque – bacilles gram négatif – inconnu Durée de traitement antibiotique   22,2 ± 10,1 19 ± 8,2 4 (18,2 %)   14 (63,6 %) 6 (27,2 %) 2 (9,1 %) 24,4 ± 8,1 Mortalité  5 (22,7 %) Tableau 2 : Données opératoires. CEC : circulation extracorporelle ; VA : ventilation assistée ; BCPIA : ballon de contrepulsion intra-aortique ; RVA : remplacement valvulaire aortique ; DRV : double remplacement valvulaire ; RVM : remplacement valvulaire mitrale ; PT : plastie tricuspide ; AMI : artère mammaire interne ; VSI : veine saphène interne.   Le staphylocoque a été identifié chez 10 patients (63,6 %), les bacilles gram négatif dans 6 cas (27,2 %) ; chez 4 patients les 2 germes ont été identifiés dans les prélèvements du site opératoire et la culture a été négative chez 2 patients. Les différentes souches sélectionnées sont résumées dans le diagramme [figure 2]. [caption id="attachment_2764" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Profil bactériologique.[/caption] Selon la classification d’El Oakley [8], les médiastinites sont réparties comme suit : type I : 4 cas (18 %) ; type III A : 7 cas (31,8 %) ; type III B : 8 cas (36,3 %) ; type IV : un cas (4,5 %). Deux patients avaient une autre infection associée. La durée moyenne du traitement antibiotique était de 24,4 ± 8,1 jours et la durée moyenne d’hospitalisation postopératoire était de 44,85 ± 18 jours. Le taux de mortalité inhérent à la médiastinite était de 22,7 % (5/22). Les causes du décès étaient : rupture de l’oreillette droite (1 cas), rupture du ventricule droit (1 cas), trouble de rythme grave chez un patient dialysé et 2 cas de sepsis sévère non contrôlé aboutissant à une défaillance multiviscérale.   4. DISCUSSION L’abord du médiastin antérieur via une sternotomie longitudinale et son ostéosynthèse par des fils métalliques à la fin de l’intervention a été décrit la première fois par Milton en 1897, et représente actuellement la voie d’abord la plus utilisée en chirurgie cardiaque. L’infection du site opératoire avec développement de médiastinite associée ou non à une ostéomyélite sternale est une complication redoutable de la chirurgie cardiaque. Elle est entachée d’une mortalité non négligeable, un surcoût relatif à une hospitalisation longue avec des retombées économiques lourdes et un impact sur la vie socioprofessionnelle chez les survivants. En dépit des progrès indiscutables en matière d’antibioprophylaxie et l’amélioration des protocoles opératoires (mesures préventives, techniques chirurgicales), le traitement de la médiastinite demeure un défi à différents niveaux. Le mécanisme physiopathologique à l’origine de la médiastinite est complexe et multifactoriel. Certaines théories incriminent l’instabilité du sternum due à une ostéosynthèse insuffisante entraînant une déhiscence puis une surinfection de la plaie. D’autres théories mettent cette complication sur le compte d’une ostéomyélite locale d’origine ischémique, suivie d’une nécrose des berges, perte des films métalliques puis colonisation bactérienne du site opératoire [12]. L’incidence de la médiastinite dans notre série était de 0,9 %. Les séries les plus récentes relatent une incidence variant de 0,25 à 2,9 % [9-10]. L’inexactitude de l’épidémiologie des médiastinites postopératoires est en grande partie expliquée par le fait que la définition retenue est différente d’un auteur à l’autre. Globalement cette incidence oscille entre 1 à 3 %, avec des écarts importants [11]. La médiastinite complique préférentiellement la chirurgie des artères coronaires et survient entre le 4e jour et la 4e semaine. Dans notre série, le délai de survenue était en moyenne de 19 ± 8,2 jours et 17/22 (77,2 %) des patients étaient des coronariens. Les patients traités pour médiastinite dans les suites d’une chirurgie à cœur ouvert ont une morbimortalité plus élevée que ceux n’ayant pas développé cette complication infectieuse [21]. La mortalité dans notre série était de 22,6 % ; taux proche de celui retrouvé par Trouillet (20,3 %) [12]. Dans certaines séries, la mortalité liée à la médiastinite est plus faible à 1,1 % pour Sjögren [13], 1,4 % pour De Feo [14]. Inversement, d’autres auteurs rapportent un taux de mortalité plus élevé variant de 15 à 47 % [15-17]. Le profil microbiologique des germes en cause est largement dominé par le staphylocoque d’après les études publiées. Dans notre série, le staphylocoque a été isolé chez 14 patients, les bacilles gram négatif chez 12 patients montrent la montée en puissance des bacilles gram négatif. La médiastinite postcardiotomie survient généralement sur un terrain prédisposant. Plusieurs facteurs de risque ont été incriminés et sont répartis en trois types [10,16,17]. Certains facteurs sont liés aux patients, d’autres liés à l’intervention chirurgicale et d’autres sont liés à l’environnement. Dans notre série, la moitié des patients était diabétique, 4 étaient obèses, 15 étaient coronariens et 9 étaient des tabagiques. Dans l’étude de Barros de Oliviera [16], les diabétiques étaient 2,7 fois exposés à la médiastinite et les tabagiques 2,1 fois. Dans la série d’Abboud [10], le tabac est associé à la médiastinite 3,3 fois. Plusieurs études incriminent aussi l’obésité, et le patient obèse est 3 fois plus exposé à développer une médiastinite que le patient non obèse [6,9]. Ceci est lié aux contraintes mécaniques élevées au niveau du site d’ostéosynthèse sternale ainsi qu’à une altération de la cicatrisation et des concentrations d’antibiotiques anormalement basses dues à une mauvaise pénétration dans les tissus adipeux. La technique de prélèvement de l’artère mammaire a fait également l’objet de plusieurs études. Divers travaux publiés ont trouvé que le prélèvement de l’artère mammaire interne de manière squelettisée ne compromet pas la vascularisation artérielle du sternum et permet de diminuer de manière significative l’incidence des infections sternales postopératoires [18]. Kamiya [19] a démontré que la saturation en O2 et le débit sanguin dans la microcirculation du sternum étaient nettement meilleurs en cas de prélèvement squelettisé de l’artère mammaire interne comparé au prélèvement pédiculé. L’usage des deux artères mammaires expose également au risque de médiastinite avec une incidence variant de 1,3 à 4,7 % [20]. Chez le patient diabétique cette incidence est supérieure à 9,3 % [16]. Une CEC longue expose également au risque de médiastinite en raison des phénomènes inflammatoires exacerbés et une baisse de l’immunité. Dans notre série, la durée de la CEC était supérieure à 3 heures chez 6 patients et l’intervention chirurgicale a duré plus de 5 heures chez la moitié des patients. Ces deux facteurs ont été rapportés par Boeken [21]. La gravité de la médiastinite dans les suites d’une chirurgie à cœur ouvert impose des mesures préventives et une meilleure connaissance des facteurs de risque de sa survenue [22,23]. Dans une revue de littérature récente [20], et en analysant 42 études, le diabète et l’obésité figurent comme les principaux facteurs de risque de médiastinite. À coté des facteurs de risque traditionnels, une attente préopératoire prolongée expose à la médiastinite et augmente ce risque de 15 % d’après Wai Sang [24]. Le délai moyen de séjour dans notre série est long 22,2 ± 10j, ce qui est en accord avec la littérature. Contrairement aux propositions d’El Oakley [8], nous avons adopté la technique d’irrigation-drainage à thorax fermé en raison de sa simplicité et de son efficacité. La technique de fermeture en deux temps ou à thorax ouvert est indiquée lorsque le sternum n’est plus viable et complètement détruit par l’infection avec sepsis sévère. La fermeture est proposée après quelques jours et nécessite une plastie musculaire. D’autres techniques ont été mises au point avec des résultats encourageants. Le vacuum assisted closure, ou VAC, ou aspiration sous pression négative, assure par un drainage actif un rôle anti-infectieux local et accélère la cicatrisation de la plaie opératoire. Sjögren [13] rapporte un taux de mortalité à 30 jours de 1,1 % chez 176 patients traités par cette technique. Ces données sont confortées par les résultats de De Feo [14].   5. CONCLUSION En dépit des progrès thérapeutiques indiscutables dans la prise en charge du patient en chirurgie cardiaque, la médiastinite reste une infection nosocomiale redoutable. La clé de sa prévention impose une connaissance approfondie des facteurs de risque afin de pouvoir les contrôler [22,23]. Limite de l’étude : il s’agit d’une étude rétrospective à échantillon réduit, ce qui ne permet pas l’analyse des facteurs prédictifs de la médiastinite.   RÉFÉRENCES Kirmani BH, Mazhar K, Saleh HZ, Ward AN, Shaw M, Fabri BM et al. External validity of the Society of Thoracic Surgeons risk stratification tool for deep sternal wound infection after cardiac surgery in a UK population. Interact Cardiovasc Thorac Surg 2013;17:479-484. Kubota H, Miyata H, Motomura N, Ono M, Takamoto S, Harii K et al. Deep sternal wound infection after cardiac surgery. J Cardiothorac Surg 2013;8:132. Morisaki A, Hosono M, Sasaki Y et al. Evaluation of risk factors for hospital mortality and current treatment for poststernotomy mediastinitis. Gen Thorac Cardiovasc Surg 2011;59:261-7. Jang YJ, Park MC, Park DH, Lim H, Kim JH, Lee IJ. Immediate debridement and reconstruction with a pectoralis major muscle flap for poststernotomy mediastinitis. Arch Plast Surg 2012;39:36-41. Floros P, Sawhney R, Vrtik M et al. Risk factors and management approach for deep sternal wound infection after cardiac surgery at a tertiary medical centre. Heart Lung Circ 2011;20:712-7. Simek M, Molitor M, Kalab M, Tobbia P, Lonsky V. Current challenges in the treatment of deep sternal wound infection following cardiac surgery. In: Aronow WS, editor. Artery bypass. Rijeka: InTech 2013:493-535. Horan TC, Andrus M, Dudeck MA. CDC/NHSN surveillance definition of health care-associated infection and criteria for specific types of infections in the acute care setting. Am J Infect Control. 2008;36:309-332. El Oakley RM, Wright JE. Postoperative mediastinitis: classification and management. Ann Thorac Surg 1996;61:1030-6. Eklund AM, Lytikainen O, Klemets P, Huotari K, Anttila VJ, Werkkala KA et al. Mediastinitis after more than 10 000 cardiac surgical procedures. Ann Thorac Surg 2006;82:1784-9. Abboud CS, Wey SB, Baltar VT. Risk factors for mediastinites after cardiac surgery. Ann Thorac Surg 2004;77:676-83. Morisaki A, Hosono M, Sasaki Y et al. Evaluation of risk factors for hospital mortality and current treatment for post sternotomy mediastinitis. Gen Thorac Cardiovasc Surg 2011;59:261-7. Trouillet JL, Vuagnat A, Combes A, Bors V, Chastre J, Gandjbakhch I, et al. Acute poststernotomy mediastinitismanaged with debridement and closed-drainage aspiration : factors associated with death in the intensive care unit. J Thorac Cardiovasc Surg 2005;129:518-24. Sjögren J, Gustafsson R, Nilsson J, Lindstedt S, Nozohoor S, Ingemansson R. Negative-pressure wound therapy following cardiac surgery: bleeding complications and 30-day mortality in 176 patients with deep sternal wound infection. Interact CardioVasc Thorac Surg 2011;12:117-20. De Feo M, Alessandro Della C, Vicchio M, Pirozzi F, Nappi G, Cotruto M. Is Post-sternotomy médiastinites still devastating? Tex Heart Inst J. 2011;38(4):375-80. Megdanz EH, Bodanese LC, Guaragna JC, Albuquerque LC, Martins V, Minossi SD, Piccoli JCE, Goldani MA. Risk score elaboration for médiastinites after coronary artery bypass grafting. Rev Bras Cir Cardiovasc 2010;25(2):154-59. Barros de Oliveira MP, Soares EF, Santos CA, Figueiredo OJ, Lima ROA, Escobar RR, Rueda FG, Lima RC. Risk factors for mediastinitis after coronary artery bypass grafting surgery. Rev Bras Cir Cardiovasc 2011;26(1):27-35. Tiveron MG, Fiorelli AI, Moeller Mota E, Vilca Mejia OA, Almeida Brandao CM, Dallan LAO, Pomerantzeff PAM, Stolf Noedir AG. Preoperative risk factors for mediastinitis after cardiac surgery: Assessment of 2 768 patients. Rev Bras Cir Cardiovasc 2012;27(2):203-10. Saso S, James D, Vecht JA, Kidher E, Kokotsakis J, Malinovski V, et al. Effect of skeletonization of the internal thoracic artery for coronary revascularization on the incidence of sternal wound infection. Ann Thorac Surg 2010;89(2):661-70. Kamiya H, Akhyari P, Martens A, Karck M, Haverich A, Lichtenberg A. Sternal microcirculation after skeletonized versus pidecled harvesting of the internal thoracic artery: a randomized study. J Thorac Cardiovasc Surg 2008;135(1):32-7. Bryan CS, Yarbrough WM. Preventing deep wound infection after coronary artery bypass grafting. Tex Heart Inst J 2013;40(2):125-39. Boeken U, Eisner J, Feindt P, Petzold TH, Schulte HD, Gams E. Does the time of resternotomie for bleeding have any influence on the incidence of sternal infections, septic courses or further complications? Thorac Cardiovasc Surg 2001;49(1):45-48. Lepelletier D, Bourigault C, Roussel JC, et al. Epidemiology and prevention of surgical site infection after cardiac surgery. Med Mal Infect 2013;43:403-9.Irrigation Rebmann T, Kohut K. Preventing mediastinitis surgical site infections: executive summary of the association for professionals in infection control and epidemiology’s elimination guide. Am J Infect control 2011;39:529-31. Wai Sang SL, Chaturvedi R, Alam A et al. Preoperative hospital length of stay as a modifiable risk factor for mediastinitis after cardiac surgery. J.  Cardiothorac Surg 2013,8:45. Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 28/04/2016. Acceptation : 12/10/2016. Pré-publication : 19/10/2016  
décembre 1, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Juin 2016

Problèmes posés par les cellulites descendantes médiastinales d’origine dentaire dans un pays en voie de développement

Seydou Togo1, Moussa Abdoulaye Ouattara1, Ibrahima Sankaré1, Jacques Saye1, Chiek Ahmed Sekou Touré1, Issa Boubacar Maiga1, Xing Li2, Sekou Koumaré3, Sadio Yéna1 1. Service de chirurgie thoracique, hôpital du Mali, Bamako, Mali. 2. 23e Mission médicale chinoise au Mali. 3. Service de chirurgie A, hôpital du Point G, Bamako, Mali. Correspondance : drseydoutg@hotmail.com   Résumé Introduction : La cellulite cervicofasciale descendante médiastinale (CCDM) d’origine dentaire est une pathologie grave qui impose une prise en charge rapide et efficace. Le but de ce  travail est de décrire les difficultés diagnostiques et thérapeutiques rencontrées lors de la prise en charge. Méthodes : Il s’agissait d’une étude prospective réalisée dans le service de chirurgie thoracique de l’hôpital du Mali de janvier 2011 à février 2015. Nous avons colligé consécutivement 19 cas de CCDM d’origine dentaire. Les aspects anatomocliniques, les modalités thérapeutiques et les difficultés rencontrées ont été décrites. Résultats : La douleur thoracique était retrouvée chez 10 patients  (52,63 %) et la dyspnée chez 8 patients (42,10 %). La tomodensitométrie (TDM) thoracique a permis de poser le diagnostic dans tous les cas. La cervicotomie avec mise à plat des collections était le geste opératoire le plus réalisé. Le drainage pleural avec l’irrigation-lavage a été réalisé dans 6 cas. La mortalité était de 15,79 %. Conclusion : Les CCDM sont des pathologies graves avec une morbimortalité élevée. Le retard diagnostique et les conditions socio-économiques précaires grèvent le pronostic dans notre contexte. Dans certains cas, seul le traitement conservateur en urgence par les mesures de réanimation, l’antibiothérapie adaptée et le drainage des collections peut être réalisé.   Abstract Problems posed by descending cellulitis with mediastinal spread from a dental origin in a developing country Introduction: Cervical facial necrotizing cellulitis with mediastinal spread from a dental origin is a serious disease which requires fast and effective management. The purpose of this work is to describe the diagnostic and therapeutic difficulties in the management of descending necrotizing mediastinitis of dental origin. Methods: This was a prospective study in the thoracic surgery department of Mali Hospital from January 2011 to February 2015. We collected 19 consecutive cases of cervical facial necrotizing cellulitis with mediastinal spread from a dental origin. The anatomical and clinical aspects, the therapeutic modalities and difficulties are described. Results: Chest pain was found in 10 patients (52.63%) and dyspnea in 8 patients (42.10%). Chest computed tomography (CT) provided the diagnosis in all cases. Cervicotomy with collection flattening was the most commonly performed surgical procedure. Pleural drainage with lavage-irrigation was performed in 6 cases. Mortality was 15.79%. Conclusion: Cervical facial necrotizing cellulitis with mediastinal spread from a dental origin is a serious disease with high morbidity and mortality. Late diagnosis and precarious socioeconomic conditions worsen the prognosis in our context. In some cases, only the conservative treatment in emergency with intensive care, appropriate antibiotic therapy and drainage of collections can be performed.   1. INTRODUCTION La cellulite cervicofasciale descendante médiastinale est une complication grave des cellulites d’origine cervicale pouvant engager le pronostic vital à la phase septicémique et qui impose une prise en charge rapide et efficace [1]. Les premiers signes sont parfois frustres et peuvent conduire à un retard diagnostique, surtout en Afrique où le contexte socio-économique est précaire [2]. L’examen clé est la tomodensitométrie [1,3]. Il s’agit d’une urgence médicochirurgicale. Sa prise en charge consiste à traiter l’infection médicalement et chirurgicalement en urgence [3]. Elle est fonction du délai de consultation conditionnant l’état général du patient. Le but de ce travail est de décrire les difficultés diagnostiques et thérapeutiques rencontrées lors de la prise en charge de cette pathologie dans un pays en voie de développement.   2. PATIENTS ET MÉTHODES Il s’agissait d’une étude prospective réalisée dans le service de chirurgie thoracique de l’hôpital du Mali de janvier 2011 à février 2015 qui a permis de colliger consécutivement 19 patients (7 hommes et 12 femmes). Ces patients ont tous présenté une cellulite cervicofasciale descendante médiastinale grave [figure 1]. La moyenne d’âge était de 26 ans avec un écart type de 10,24 et des extrêmes de 20 ans et 62 ans. Le tableau 1 résume les données cliniques et les caractéristiques sociodémographiques des patients. Il a été réalisé chez les patients un bilan clinique, biologique infectieux (numération formule sanguine, bactériologie de prélèvements de pus, hémoculture) et radiologique (radiographie conventionnelle et TDM). Un traitement médical et/ou chirurgical était effectué en fonction des lésions anatomoradiologiques retrouvées. La prise en charge de ces patients était réalisée d’abord par les soins médicaux avec des mesures de réanimation associées à une triple antibiothérapie probabiliste par voie parentérale (bétalactamines, aminosides et métronidazole). Les antibiothérapies ont été introduites par voie veineuse, à visée bactéricide contre les anaérobies et aérobies, synergiques et sont administrées à fortes doses à intervalles rapprochés. Elles ont été adaptées à la fonction rénale du patient et, dans un second temps, réajustées après culture et antibiogramme. Cette antibiothérapie était associée à un traitement antalgique, antipyrétique et des soins locaux buccodentaires (bain de bouche). Le traitement des foyers buccodentaires était effectué en collaboration avec l’équipe d’odontostomatologie.   [caption id="attachment_735" align="alignnone" width="300"] Figure 1 : A : Un cas grave de CCDM d’origine dentaire.B : TDM thoracique du patient avec multiples collections médiastinales[/caption]   Tableau 1: Caractéristiques sociodémographiques des patients Caractéristiques Nombre (%) Sexe – Hommes – Femmes   7 (36,84) 12 (63,16) Âge – 20-30 – 31-40 – > 60   13 (68,43) 4 (21,05) 2 (10,52) Profession – Cultivateur – Éleveur – Ménagère – Cordonnier – Enfant   7 (36,85) 6 (31,58) 4 (21,05) 1 (5,26) 1 (5,26) Facteurs de risques – Obésité – Immunodépression (VIH) – Diabète – Tabac – Grossesse   3 (15,78) 2 (10,52) 2 (10,52) 8 (42,10) 1 (5,26) Traitement antérieur 1. Moderne/Automédication – Anti-inflammmatoire – Antibiotiques 2. Traditionnel 3. Associé   17 (89,47) 17 (89,47) 8 (42,10) 13 (68,42) 13 (68,42) Résidence – Milieu urbain – Milieu rural   1 (5,26) 18 (94,74) Classification ASA – ASA 2 – ASA 3 – ASA 4   1 (5,26) 12 (63,16) 6 (31,58) ASA : American Society of Anesthesia.   Les gestes chirurgicaux ont consisté en un traitement combiné en fonction des besoins. La mise à plat des collections était associée à un drainage simple ou combiné à un système d’irrigation-lavage et une nécrosectomie. Les voies d’abord ont été une cervicotomie, une médiastinotomie, une thoracostomie (fenêtre thoracique) et une thoracotomie. Le système d’irrigation-lavage consistait en une irrigation continue par une solution diluée de polyvidone iodée (30 ml de polyvidone pour 500 ml de sérum salé à 0,9 %). L’irrigation-lavage n’était arrêté qu’après la disparition du dépôt dans le bocal d’aspiration. Chez les patients ayant des pertes considérables tissulaires pariétales, la chirurgie plastique de cicatrisation dirigée était réalisée lorsque la plaie était jugée satisfaisante après un certain temps de traitement médical. Une greffe de peau ou une transposition du lambeau musculaire pectoral pédiculé était réalisée dans certains cas. Le résultat des examens paracliniques, les gestes opératoires réalisés et la morbimortalité ont été déterminés. L’analyse de Kaplan-Meier a été utilisée pour calculer la survie à 1 mois, 3 mois et 1 an. Les données ont été exprimées en chiffre ou en pourcentage pour les différentes valeurs étudiées.   3. RÉSULTATS Tous les malades ont été hospitalisés. L’infection primitive était d’origine dentaire chez l’ensemble de nos patients. La fièvre, l’altération de l’état général et la douleur dentaire étaient les symptômes principaux (présents chez 100 % des patients) suivis de l’œdème cervical (94,73 %) et la tuméfaction sous-mandibulaire (10,52 %). La douleur thoracique était retrouvée chez 10 patients (52,63 %) et la dyspnée chez 8 patients (42,10 %). Chez 12 patients, une sonde nasogastrique a été mise en place pour assurer l’alimentation à l’aide de nutriments locaux. Onze patients (52,64 %) avaient un délai de prise en charge compris entre 15 et 21 jours suivi d’un délai de 8 à 14 jours pour 6 patients (31,58 %) ; de 22 à 30 jours pour 2 patients (10,52 %) et de 4 jours pour 1 patient (5,26 %). Le délai moyen de prise en charge était de 17,89 jours avec un écart type de 4,89. Selon la classification ASA (American Society of Anesthesia), 1 patient était classé ASA 2, 12 patients classés ASA 3 et 6 patients classés ASA 4. La radiographie thoracique a montré une pleurésie chez 6 patients et une collection médiastinale dans 3 cas. À la TDM, une collection médiastinale était retrouvée dans 4 cas et une pleurésie dans 7 cas. La modification de la densité de la graisse médiastinale sans collection liquidienne ou aréique était retrouvée chez 13 patients. La cervicotomie avec mise à plat des collections était le geste opératoire le plus réalisé (52,63 %), suivi du drainage pleural (36,84 %) et de la nécrosectomie cervicale (26,31 %). Le drainage pleural associé à l’irrigation-lavage était réalisé dans 6 cas. Au total, 7 patients ont eu un séjour en réanimation dont 4 en postopératoire. Six patients ont bénéficié de transfusion sanguine dont 2 en préopératoire. Chez 13 patients, aucun germe n’avait été isolé et l’hémoculture réalisée chez 4 patients était positive seulement dans 1 cas [tableau 2]. Pour 4 patients, l’antibiothérapie initiale était réajustée en postopératoire après étude bactériologique des prélèvements. Le staphylocoque doré et le Pseudomonas aeroginosa étaient des germes multirésistants retrouvés dans les 3 cas de décès. Deux patients décédés avaient initialement été traités par un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS). Parmi les cas de décès il y avait 2 patients diabétiques et 1 patient porteur du VIH (virus immunodéficience humaine). Les gestes chirurgicaux initialement réalisés chez les 3 patients qui sont décédés ont été : une thoracotomie antérolatérale droite avec excision du tissu médiastinale nécrosé (durée opératoire supérieure à 4 heures) chez le 1er patient ; une fenêtre thoracique pour pyothorax sur paroi thoracique nécrosée (48 h après échec de la mise en place du système d’irrigation lavage) chez le 2e patient et une médiastinostomie droite associée à un effondrement des logettes de pus + un débridement du tissu nécrosé avec lavage-drainage chez le 3e patient [tableau 3].   Tableau 2: Résultats des examens bactériologiques Bactériologie Nombre (%) Pus – Morganella Sp – Staphyloccocus aureus – Streptoccocus pneumoniae – Germe non retrouvé 15 (78,95) 1 3 1 10 Hémoculture – Pseudomonas aeroginosa – Stérile 4 (21,05) 1 3 Tableau 3: Résultats de la prise en charge en fonction des lésions retrouvées à la TDM Lésions à la TDM Nbre (%) n = 19 Gestes réalisés Complic. n = 8 Décès n = 3 Infiltration œdémateuse des parties molles cervicales + collection mixte (aérique et liquidienne) du médiastin antérosupérieur 2 (10,52) Médiastinotomie antérieure (débridement du tissu nécrosé, mise à plat des logettes de pus + irrigation-lavage) 1 1 Volumineuse collection du médiastin supérieur avec coulées étendues vers le médiastin postérieur + épanchement pleural 1 (5,26) Drainage médiatinal en position Trendelenburg + drainage pleural (irrigation-lavage) - - Collections cervicales + collections du médiastin moyen et postérieur 1 (5,26) Thoracotomie antérolatérale (excision du tissu nécrosé, mise à plat des collections, lavage-drainage) + cervicotomie (drainage) 1 1 Collection cervicale + pneumo médiastin + emphysème pariétal + épanchement pleural 2 (10,52) Cervicotomie (mise à plat des collections et logettes de pus, drainage) + drainage pleural simple - - Infiltration de l’oropharynx et l’étage supérieur + modification de la densité de la graisse médiastinale + épanchement pleural 1 (5,26) Drainage pleural (initialement) puis fenestration thoracique (secondairement) 1 1 Infiltration œdémateuse des parties molles cervicales + modification de la densité de la graisse médiastinale + épanchement pleural 3 (15,78) Nécrosectomie cervicale + drainage pleural (irrigation-lavage) 1 - Collections cervicales + modification de la densité de la graisse médiastinale + épanchement péricardique 2 (10,52) Cervicotomie (mise à plat des logettes de pus, drainage) + drainage péricardique - - Collections cervicales + modification de la densité de la graisse médiastinale 3 (15,78) Cervicotomie (mise à plat des collections et logettes de pus, drainage) 1 - Abcès sous-mandibulaire + infiltration œdémateuse des parties molles cervicales + modification de la densité de la graisse médiastinale 2 (10,52) Incision sous-mandibulaire (mise à plat de collection, drainage) + nécrosectomie cervicale 1 - Collections cervicales + modification de la densité de la graisse médiastinale + lésions pleuroparenchymateuses 2 (10,52) Cervicotomie (mise à plat des collections) + vidéothoracoscopie (lavage-drainage) 2 - Complic : complications ; TDM : tomodensitométrie.   Au total, 8 patients (42,10 %) avaient présenté des complications pendant la prise en charge. La fièvre persistante après le 3e jour et la détresse respiratoire étaient les complications dominantes. Tous les patients décédés avaient présenté une fièvre persistante (température > 40 °C) dans un tableau de détresse respiratoire [tableau 4].   Tableau 4: Répartition des patients en fonction des complications postopératoires Patient n° Complications postopératoires Décès 1 Détresse respiratoire + Insuffisance rénale + Fièvre persistante oui 2 Atélectasie pulmonaire gauche - 3 Hémorragies - 4 Fièvre persistante après le 3e jour + Détresse respiratoire oui 5 Bas débit cardiaque + Fièvre persistante - 6 Ventilation mécanique prolongée (26 jours) + Fièvre persistante oui 7 Mauvais contrôle de la glycémie - 8 Pneumonie + Ostéite costale -   Chez les patients ayant des pertes de substances pariétales, une greffe de peau avait été réalisée au bout de 5 semaines de traitement chez 9 patients et 3 patients avaient bénéficié d’une transposition du muscle grand pectoral au niveau cervical au bout de 3 mois de traitement. Le taux de mortalité était de 15,79 %. La survie à 1 mois et à 3 mois a été de 84,21 % et 78,94 % à 12 mois. Les patients décédés lors du suivi avaient des tares telles que le diabète et le VIH pour lesquels ils n’avaient pas de prise en charge appropriée.   4. DISCUSSION Le diagnostic clinique de la CCDM est aisé quand le tableau clinique est complet [2,3]. L’examen clinique peut retrouver un érythème ou un œdème local souvent discret, accompagné de douleurs dentaires persistantes. S’ensuit la sensation de masse liée au développement d’un abcès oropharyngé qui engendrera un syndrome de compression à type de dyspnée, de dysphagie souvent dans un tableau d’altération de l’état général. Une dysphagie et une dyspnée laryngée témoignent d’un retentissement sur les voies aérodigestives. En l’absence d’un traitement médical ou chirurgical précoce et bien conduit, l’infection peut se propager vers le médiastin par diffusion suivant le trajet des gaines du cou dans plus de 20 % des cas [4,5]. L’état général peut être longtemps conservé et s’altérer brutalement [1,4]. Le délai est un élément pronostique important dans la prise en charge des médiastinites. Dans notre étude, nous avons enregistré un délai moyen très long de 18 jours. Ce délai est similaire au délai observé par Doumbia et al [6]. Il s’explique par l’itinéraire complexe des patients dont le parcours passe par les guérisseurs traditionnels, l’automédication, les centres périphériques pour enfin arriver au service de chirurgie. Cependant, dans les pays développés, le délai moyen est plus court comme le montre l’étude de Biland et al. qui retrouve un délai moyen global de 4,5 ± 3,2 jours [7]. L’allongement du délai de prise en charge a pour conséquence une admission dans les structures spécialisées de patients moribonds. La presque totalité de nos patients était classée ASA 3 ou 4. L’état général des patients à l’admission est mauvais comparé aux patients des pays développés. La malnutrition de la population dans les pays à ressources limitées, surtout celle vivant en milieu rural dans des conditions de vie précaires, constitue un facteur d’aggravation de la cellulite. Les patients sont généralement malnutris avec une faible immunité et sont susceptibles de s’affaiblir assez rapidement devant une infection grave. Les cellulites nécrosantes descendantes médiastinales ont une incidence de 1 à 2,5 % avec une mortalité hospitalière de 10 à 20 % [3], ce qui concorde avec les résultats de notre étude qui a retrouvé une mortalité de 15,78 %. Cela montre que malgré le retard de prise en charge dans les pays à ressources limitées, la mortalité peut être comparable à celle retrouvée dans les pays développés. L’origine dentaire de la cellulite est identifiée par la plupart des études comme un facteur favorisant l’extension vers le médiastin, notamment lorsque les 2e ou 3e molaires sont infectées. L’essentiel du bilan de localisation et d’extension est fait par la TDM cervicothoracique injectée qui recherchera le point de départ de l’infection dentaire et les signes témoignant de l’atteinte des parties molles : infiltration des tissus, collections, présence de gaz [1,3]. Dans notre étude, la CCDM a été confirmée dans tous les cas par la réalisation d’une tomodensitométrie souvent secondaire à une radiographie standard ou une échographie et a permis aussi de réaliser le bilan d’extension. Les facteurs de risque classiques d’immunosuppression comme le diabète, les néoplasies, la prise d’anti-inflammatoire non stéroïdiens ou de corticoïdes sont fréquemment incriminés [1]. Le diabète, l’obésité, l’utilisation AINS et la sérologie VIH ont été les facteurs de risque retrouvés chez nos patients. Les patients ont un pouvoir économique faible et les soins sont à leur propre charge. La presque totalité de ces patients ne dispose d’aucune assurance sanitaire. Dès les premiers symptômes, la maladie est négligée, la majorité des patients a recours à l’automédication puisque les médicaments contrefaits sont moins chers, disponibles et facilement accessibles. Sur le marché africain, ces médicaments sont vendus par des femmes et des enfants pour la plupart illettrés, n’ayant aucune qualification en médecine ou en pharmacologie. Dans les pays en voie de développement, en plus des causes de retard que nous rencontrons par rapport aux pays développés qui sont généralement la symptomatologie fruste, la méconnaissance de la médiastinite descendante par le corps médical, l’attitude attentiste sous médication, s’ajoutent l’automédication et la tradithérapie qui sont les principales causes du retard diagnostique. L’automédication et la tradithérapie restent de règle et de routine dans notre environnement très paupérisé et sont en cause non seulement dans le retard de la prise en charge médicale chez l’ensemble des patients, mais aussi dans l’aggravation de la maladie. La tradithérapie est culturelle dans notre contexte. Elle est pratiquée lorsqu’il n’y a pas d’amélioration après une automédication. Elle est en général un traitement d’espérance et psychologique des patients et consiste à la réalisation de sacrifices, de cérémonie rituelle ; à la préparation de décoctions de plantes et d’excréments d’animaux pour laver les patients, etc. La tradithérapie est réalisée à des prix dérisoires, souvent même par de simples offrandes. Bien que peu efficace, ce traitement reste le dernier recours pour la plupart des patients sans revenus. Les patients qui arrivent dans les structures hospitalières sont ceux qui ont eu un échec aux traitements traditionnels. À l’admission les patients n’étaient pas à mesure de supporter une chirurgie lourde parce qu’ils n’étaient pas éligibles pour un traitement agressif. Les gestes de sternotomie ou de thoracotomie bivalves type Clamshell n’étaient pas applicables, bien que reconnus pour être le traitement standard et de références des médiastinites en cas de progression sous-carinaire [8]. Sachant bien qu’il y a peu de place dans le traitement conservateur de la médiastinite, nous étions donc contraints de réaliser des gestes simples de drainage, de nécrosectomie et d’incision pour vider les collections de pus. Dans l’atteinte médiastinale, l’intervention chirurgicale doit être la plus complète possible et la voie d’abord large et extensible ; il s’agit de drainer mais aussi d’exciser la nécrose et de mettre à plat toutes les zones cellulitiques [9]. Une thoracotomie, une sternotomie ou une incision Clamshell peuvent être réalisées. Cette procédure a révélé une bonne vue chirurgicale de la structure du médiastin supérieur [10]. Les méthodes chirurgicales plus radicales à thorax ouvert sont de morbidité élevée, mais sont efficaces contre l’infection [9,11]. Dans cette étude, les quelques rares patients chez qui nous avons réalisé une thoracotomie sont décédés. La morbimortalité liée à la thoracotomie constatée dans notre étude n’est pas liée à la voie d’abord, mais pourrait être le fruit d’une infection plus avancée avec la dissémination de germes souvent polymicrobiennes. Selon certains auteurs, l’erreur à éviter est un traitement trop conservateur ne permettant pas d’éliminer tous les tissus nécrosés et infectés [11-13]. Les méthodes chirurgicales à thorax fermé (drainage simple, irrigation-lavage, vidéothoracoscopie) ont été utilisées dans notre expérience en association avec l’antibiothérapie chez les patients compte tenu de leur mauvais état général à l’admission. Dans les cas de médiastinites sous-carinaires avec modification de la densité de la graisse médiastinale à la TDM et sans collections médiastinales objectivées, nous avons privilégié le traitement médical par antibiothérapie à large spectre. Souvent, il a été seulement associé à des gestes simples de nécrosectomie pariétale ou de drainage et les résultats ont été encourageants. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les patients venus de milieu rural semblaient avoir une bonne réponse aux antibiotiques que nous avons utilisés. Nos patients pour la plupart n’ont jamais bénéficié de l’administration d’antibiotiques. Pour une efficacité du drainage, la méthode de choix reste l’irrigation-drainage [11,14]. La technique d’irrigation-lavage nécessite une surveillance radiologique rapprochée. Cette technique a été réalisée dans notre étude et a permis d’obtenir de bons résultats. Le problème est celui du choix de la solution d’irrigation [11,15]. L’emploi d’antiseptiques tels que la polyvidone iodé ou l’acide acétique semblent donner de meilleurs résultats [15]. Dans notre étude, la polyvidone iodé (Bétadine) a été l’antiseptique utilisé. L’emploi d’antibiotique pour le lavage tend à être abandonné à cause des résistances qu’il peut engendrer. Les prélèvements de pus et l’hémoculture ont très rarement isolé des germes dans notre contexte. Cela pourrait être lié aux conditions de prélèvement, d’acheminement, de traitement des échantillons. La pauvreté en ressource humaine qualifiée est aussi en cause, car souvent les prélèvements sont conservés dans de mauvaises conditions et traités dans un délai trop long. De façon générale, 60 à 90 % des cellulites cervicales sont polmicrobiennes à flore mixte aéroanaérobie [14]. Les protocoles thérapeutiques en matière de prescription de l’antibiothérapie sont variables dans la littérature. Pour la plupart, l’association de référence est une trithérapie : bétalactamines, aminosides et métronidazole [15]. Ce protocole thérapeutique a été observé chez tous nos patients en traitement de première intention. La durée de l’antibiothérapie varie selon les habitudes des équipes, la gravité de l’infection initiale et surtout l’évolution du patient. Elle a été maintenue à un minimum de 15 jours jusqu’à plusieurs semaines après disparition des signes d’infection locaux et généraux chez nos patients. Certains la préconisent jusqu’à la fermeture complète des lésions cutanées, mais la littérature ne donne pas de réponse concrète [4,9,12,16]. Une alternative intéressante aux pansements classiques dont nos patients n’ont pas pu bénéficier dans la cicatrisation dirigée des lésions pariétales cervicales serait les pansements occlusifs à pression négative type VAC (Vacuum-assisted closure). Ceux-ci permettent une meilleure cicatrisation des plaies pariétales dans un délai plus court [17]. Les récidives et les chocs septiques fatals ont été observés chez nos patients qui avaient une durée d’intervention assez longue (> 4 h) et les reprises chirurgicales précoces (< 72 h). La cause serait la dissémination de la flore endogène chez des patients avec un mauvais état général et surtout lorsque l’antibiothérapie n’est pas adaptée. La prise en charge classique d’un patient avec médiastinite descendante est pluridisciplinaire avec une réévaluation toutes les 48 heures clinique, biologique et radiologique par TDM jusqu’à une amélioration stable des patients [8]. Une étroite collaboration entre chirurgiens, odontostomatologues, anesthésistes et réanimateurs a été observée et nos patients ont tous été réévalués mais avec beaucoup de difficultés. Ils ont été gardés à l’hôpital dans un premier temps jusqu’à la stabilisation de l’infection et dans un second temps, ils ont été suivis par des contrôles hebdomadaires ou mensuels en fonction de leur état. La TDM était réalisée une première fois à l’admission puis une semaine plus tard chez tous les patients. Les trois quarts des patients n’étaient pas en mesure de payer les frais d’un examen TDM et sollicitaient le service social ou des personnes de bonne volonté. Les patients avaient des difficultés pour se présenter aux rendez-vous. Dans le suivi à long terme, la radiographie thoracique était réalisée dans certains cas par faute de moyen financier et la TDM selon l’appréciation du médecin. Les examens biologiques étaient réalisés toutes les 48 heures jusqu’à l’amélioration stable des patients. Cela a pu être possible grâce au concours du service social ou certains organismes de bienfaisance que nous avons sollicités. Dans les pays pauvres où les conditions chirurgicales restent précaires avec un plateau technique limité des laboratoires d’analyse, où le retard diagnostique est observé chez des patients en mauvais état général avec un pouvoir économique faible, le traitement radical de la médiastinite par chirurgie agressive est peu applicable.   5. CONCLUSION La CCDM d’origine dentaire est une pathologie fréquente, grave avec une morbimortalité élevée. Le retard diagnostique et le contexte socio-économique précaire dans les pays pauvres grèvent le pronostic. Cependant dans certains cas seulement le traitement conservateur par antibiothérapie adaptée associé souvent au drainage de collections peut être réalisé. L’hygiène buccodentaire reste de nos jours un problème majeur de santé publique et mérite d’attirer l’attention.   REMERCIEMENTS Remerciements à toute l’équipe la Mission médicale chinoise au Mali pour les dons de médicaments et de consommables utilisés dans la prise en charge de ces patients pour la plupart démunis et malnutris.   RÉFÉRENCES Lavini C, Natali P, Morandi U, Dallari S, Bergamini G. Descending necrotizing mediastinitis. Diagnosis and surgical treatment. J Cardiovasc Surg. 2003 ;44(5):655-60. Casanova J, Bastos P, Barreiros F. Descending necrotizing mediastinis. Successful treatmentusing a radical approach. Eur J Cardiothorac Surg 1997;12:494-6. Marty-Ane Ch, Berthet JP, Alric P, Pejis JD, Rouvière P, Mary H. Management of descending necrotizing mediastinitis: an aggressive treatment for an aggressive disease. Ann Thorac Surg 1999;68:212-7. Jarboui S, Jerraya H, Moussi A et al. Descending necrotizing mediastinitis of odontogenic origin. Tunis Med. 2009;87(11):770-5. Mohammedi I, Ceruse P, Duperret S, Vedrinne JM, Boulétreau P. Cervical necroziting fasciitis: 10 years experience at a single institution. Int Care Med. 1999;25:829-34. Doumbia SK, Timbo SK, Ouattara MA, Ba Boubacar, Guindo B, Soumaoro S. Médiastinites compliquant une cellulite cervicale : à propos de 8 cas observés dans le service ORL du CHU Gabriel Touré de Bamako. Mali Medical 2015;30(2). Biland G, Delcambre F, Jougon J, Velly JF. Médiastinites descendantes opérées par cervicosternotomie : expérience chirurgicale de 13 ans. Chirurgie Thoracique Cardio-Vasculaire 2010;14:46-51. Olland A.,Falcoz P-E.,Reeb J., Renaud S, Santelmo N, Massard G. Traitement chirurgical des médiastinites aigues de l’adulte. in: EMC – Tech chirurgical-Thorax 2015. Paris:Elsevier:42-183. Bédos J. Dermohypodermites bactériennes nécrosantes et fasciites nécrosantes: quels antibiotiques et comment ? Ann Fr Anesth Rean. 2006:982-5. Simms ER, Flaris AN, Franchino X et al. Bilateral anterior thoracotomy (clamshell incision) is the ideal emergency thoracotomy incision: an anatomic study. World J Surg 2013;37:1277-85. Novakov IP, Safev GP, Peicheva SE. Descending necrotizing mediastinitis of odontogenic origin-personal experience and literature review. Folia Med 2010;52(3):13-20. Celakovsky P, Kalfert D, Tucek L et al. Deep neck infections: risk factors for mediastinal extension. Eur Arch Otorhinolaryngol. 2014; 271(6):1679-83. Wheatley MJ, Stirling MC, Kirsh MM et aL. Descending necrotizing médiastinites: transcervical drainage is not enough, Ann Thoracic Surg 1990;49:780-4. La Rosa J, Bouvier S, Langeron O. Prise en charge des cellulites maxillo-faciales. Le Prat Anesth Rean 2008:309-15. Cristofaro MG, Giudice A, Colangeli W, Novembre D, Giudice M. Cervical facial necrotizing fasciitis with medistinic spread from odontogenic origin. Two case reports. Ann Ital Chir 2014;85(1):79-84. Slim J, Hichem J, Amir M, Mounir BM, Mounir M, Nadia K. Médiastinite nécrosante descendante odontogéniques. Tunisie Médicale. 2009;87 (11):770-50. Oczenski W, Waldenberger F, Nehrer G et al. Vacuum-assisted closure for treatment of cervical and mediastinal necroziting fasciitis. J Cardio Vasc Anesth. 2004;18(3):336-8.   Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared.
juin 3, 2016