Cas clinique · Vol. 23 Décembre 2019

Hémangioendothéliome épithélioïde médiastinal : à propos d’un cas et revue de la littérature

Sara Waguaf*, Najat Idelhaj, Abdellah Fatene, Souheil Boubia, Mohamed Ridai   Service de chirurgie thoracique, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc. *Correspondance : swaguaf@gmail.com   DOI : 10.24399/JCTCV23-4-WAG Citation : Waguaf S. Idelhaj N, Fatene A, Boubia S, Ridai M. Hémangioendothéliome épithélioïde médiastinal : à propos d’un cas et revue de la littérature. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(4). doi: 10.24399/JCTCV23-4-WAG   RÉSUMÉ L’hémangioendothéliome épithélioïde (EHE) est un néoplasme vasculaire intermédiaire, entre un hémangiome bénin et un angiosarcome très agressif, retrouvé dans les tissus mous et dans divers organes notamment les poumons, les os et le foie. Nous rapportons le cas d’un EHE médiastinal, pris en charge dans le service de chirurgie thoracique du CHU Ibn Rochd, de Casablanca et nous analysons la littérature sur l’EHE. Un homme de 37 ans s’est présenté avec des douleurs thoraciques. Le scanner thoracique a montré une masse médiastinale postérieure associée à un épanchement pleural gauche. L’exérèse de la masse était impossible car elle était adhérente aux structures vasculaires. L’étude immunohistochimique des biopsies de la masse a confirmé le diagnostic d’EHE médiastinal. La localisation médiastinale est très exceptionnelle, avec un diagnostic difficile requérant l’aide précieuse de l’immunohistochimie. Le traitement de choix est chirurgical.   ABSTRACT Mediastinal epithelioid haemangioendothelioma : Reports of one case and a review of the literature EHE is considered an intermediate vascular neoplasm between a benign hemangioma and a highly agressive angiosarcoma. It can occur in soft tissues and various organs including lung, bone and liver. We report the case of mediastinal EHE treated in the Ibn Rochd University Thoracic Surgery Unit in Casablanca and review literature on EHE. A 37-year-old man presented with chest pain. The chest CT scan showed a posterior mediastinal mass associated with left pleural effusion. Excision of the mass was impossible because it was adherent to the vascular structures. The immunohistochemical study of mass biopsies confirmed the diagnosis of mediastinal EHE. The mediastinal localization is very exceptional, with a difficult diagnosis requiring the precious help of immunohistochemistry. The treatment of choice is surgical.   1. Introduction L’hémangioendothéliome épithélioïde (EHE) est une tumeur endothéliale vasculaire rare décrite pour la première fois par Weiss et Enzinger en 1982. Il est généralement considéré comme un néoplasme vasculaire intermédiaire, entre un hémangiome bénin et un angiosarcome très agressif, retrouvé généralement dans les poumons, le foie, les tissus mous et les os. Il est exceptionnellement retrouvé dans le médiastin. Dans ce rapport, nous décrivons dans un premier temps un cas d’hémangioendothéliome épithélioïde médiastinal associé à un épanchement pleural chez un homme de 37 ans, et dans un deuxième temps une revue de la littérature sur les différentes localisations de l’EHE.   2. Observation Patient de 37 ans, tabagique chronique à 17 PA, sans antécédents pathologiques particuliers, qui a présenté des douleurs thoraciques depuis 3 mois évoluant dans un contexte de conservation de l’état général. L’examen pleuropulmonaire a objectivé un syndrome d’épanchement liquidien de l’hémithorax gauche. Le reste de l’examen physique a été sans particularité. Le scanner thoracique a montré une masse médiastinale postérieure, latéralisée à gauche, polylobée, bien limitée de contours réguliers, siège de calcifications et de cloisons, mesurant 80x92x96 mm, englobant l’artère pulmonaire gauche et ses branches de division, le tronc innominé gauche, l’artère sous-clavière gauche ainsi que l’aorte descendante sans conservation du liseré de séparation. Cette masse était associée à un épanchement pleural gauche [figure 1]. La bronchoscopie a objectivé une inflammation de la lobaire supérieure gauche avec un orifice de bifurcation réduit de taille. Les biopsies bronchiques ont objectivé des remaniements fibro-inflammatoires non spécifiques. Le patient a bénéficié d’un dosage des marqueurs tumoraux notamment BHCG et AFP, révélés négatifs, afin d’exclure une tumeur des cellules germinales. Une ponction biopsie pleurale a été faite objectivant une pachypleurite sans prolifération tumorale évidente.   [caption id="attachment_4642" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Scanner thoracique, fenêtre médiastinale objectivant une masse médiastinale associée à un épanchement pleural gauche.[/caption]   Le patient a été adressé au service de chirurgie thoracique pour une exérèse de la masse sous thoracoscopie. L’exploration peropératoire a montré une masse médiastinale postérieure d’aspect blanchâtre, dure, envahissant l’artère pulmonaire gauche et l’aorte rendant l’exérèse impossible. Le patient a bénéficié d’une évacuation de 400 ml de liquide sérohématique avec réalisation des biopsies pleurales et de la masse médiastinale. L’examen anatomopathologique de la plèvre a montré une inflammation chronique, non spécifique, sans signe de malignité. Selon la morphologie et les résultats immunohistochimiques, la tumeur a été diagnostiquée comme un EHE médiastinal. La période postopératoire était sans particularité. Après réunion de concertation pluridisciplinaire, aucun traitement n’a été administré et le patient était en vie avec un aspect scannographique stable de la masse médiastinale dans les 22 mois suivant le suivi.   3. Discussion L’hémangioendothéliome épithélioïde (EHE) est un néoplasme rare d’origine vasculaire [1,3], défini par la classification de 2002 de l’Organisation mondiale de la santé comme un angiosarcome localement agressif de bas grade avec un potentiel métastatique [4]. Il a été décrit pour la première fois par Dail et Liebow en 1975. En 1982, Weiss et Enzinger définissent le terme d’hémangioendothéliome épithélioïde, dénomination actuelle, pour une tumeur vasculaire des tissus mous avec une histologie mimant un carcinome mais une clinique intermédiaire entre l’hémangiome bénin et l’angiosarcome très agressif [1,2,5,6]. La localisation de l’EHE dans les tissus mous est fréquente, en particulier dans les extrémités, sans prédilection sexuelle. Il est considéré comme une masse douloureuse présente depuis plusieurs années. L’EHE a également été décrit dans le parenchyme pulmonaire, où il était précédemment appelé tumeur intravasculaire bronchiolo-alvéolaire. Il est généralement observé chez les jeunes femmes de nombreux nodules pulmonaires bilatéraux de moins de 2 cm, imitant la maladie métastatique [7]. L’EHE hépatique touche habituellement les sujets d’âge moyen avec une prédominance féminine sans facteurs de risque identifiés. Il doit être différencié du cholangiocarcinome sclérosant. L’hémangioendothéliome épithélioïde est également présent dans l’os, où il affecte généralement les hommes plus jeunes, est souvent multicentrique, et est également appelé tumeur angioglomoid. La tumeur se développe également dans les régions de la tête et du cou, en particulier dans la région sous-mandibulaire. Une différenciation de la maladie de Kimura doit être faite dans ces cas. De plus, l’EHE peut se manifester par de nombreuses manifestations thoraciques, notamment une masse médiastinale, un épaississement pleural diffus et une dissémination lymphangitique. Pour la localisation médiastinale, il n’y a pas de prédilection sexuelle avec une tranche d’âge large. La symptomatologie n’est pas spécifique, la tumeur peut se manifester par une dyspnée, toux, douleur thoracique, dysphagie voire même une paralysie des cordes vocales. La présentation clinique chez notre patient est considérée comme atypique. L’EHE médiastinal peut être confondu avec une grande variété de masses médiastinales [7]. Dans le médiastin postérieur, les tumeurs neurogènes, les kystes congénitaux et les lymphomes sont les plus fréquents. Dans le médiastin antérieur-supérieur, les thymomes, les lésions thyroïdiennes et les lymphomes sont plus susceptibles d’être présents que les tumeurs d’origine vasculaire. Dans le médiastin moyen, les kystes péricardiques et bronchogéniques doivent être pris en compte dans le diagnostic différentiel. La tomodensitométrie thoracique est très utile pour exclure provisoirement certaines causes de masses médiastinales qui ont des caractéristiques radiographiques typiques, pour déterminer l’étendue locale de la lésion et pour planifier la meilleure approche chirurgicale. Cependant, aucun signe radiologique n’est considéré comme pathognomonique pour les hémangioendothéliomes épithélioïdes. Histologiquement, l’EHE est caractérisé par des cellules épithélioïdes fuselées disposées dans des nids ou des cordes avec des vacuoles intracytoplasmiques dans un stroma myxohyalin. La formation de vacuole intracytoplasmique représente la différenciation vasculaire primitive des cellules endothéliales. L’étude immunohistochimique peut confirmer la nature endothéliale de la tumeur par une coloration positive de l’antigène lié au facteur VIII ou de la liaison à la lectine pour l’antigène Ulex europaeus. Les études au microscope électronique montrent souvent la présence de corps Weibel-Palade intracellulaires, caractéristiques des cellules endothéliales [1]. L’étiologie de l’EHE reste incertaine, bien que plusieurs anomalies chromosomiques clonales aient été identifiées [4]. Celles-ci comprennent une translocation impliquant CAMTA1 (chromosome 1) et WWTR1 (chromosome 3) décrite par Errani et al. [4] : les deux gènes ont été impliqués dans l’oncogenèse, mais l’EHE est le premier cas où ils ont été associés ensemble dans une translocation chromosomique récurrente. De plus, il a été suggéré que l’infection à Bartonella pourrait jouer un rôle dans le développement de l’EHE, en raison de son infection chronique intraendothéliale caractéristique, de la production de VEGF et de la suppression de l’apoptose des cellules endothéliales [8]. À ce jour, aucun facteur prédisposant n’a été identifié, et le pronostic de l’EHE médiastinal est inconnu en raison des cas limités. Selon Mentzel et al. et Weiss et al., la majorité des EHE ont une évolution clinique relativement meilleure que l’angiosarcome très agressif [1]. Cependant, la tumeur avec des atypies cellulaires marquées, une activité mitotique (>1 mitose par 10 HPF), une nécrose et un fuselage étendu peut avoir une évolution plus agressive. Deyrup et al. ont également utilisé la taille de la tumeur (plus de 3 cm) comme facteur de mauvais pronostic [1]. Le traitement de l’EHE varie et dépend du site et de l’étendue de l’atteinte tumorale, du ou des sites de métastases et des facteurs individuels spécifiques [1]. La chirurgie curative est le traitement de l’EHE pulmonaire. La radiothérapie adjuvante a été utilisée pour contrôler les EHE localisés dans les tissus mous et les os. La chimiothérapie a été utilisée à la fois comme adjuvant et dans le traitement d’une maladie inopérable généralisée. Près d’un tiers des EHE développent des métastases dans les ganglions lymphatiques régionaux (au moins 50% de tous les cas métastatiques) ou dans les poumons, le foie ou les os. Les patients qui développent des métastases ont un taux de survie de 50% à cinq ans [1]. Le taux de récidive est de 10% et peut survenir jusqu’à 12 ans après la chirurgie [7].   4. Conclusion L’EHE reste une maladie rare souvent mal diagnostiquée et pour laquelle l’étiologie, la prise en charge ainsi que le pronostic sont mal compris. La localisation médiastinale est exceptionnelle nécessitant si possible une exérèse chirurgicale complète.   Références Xiao-Man Li, Xu-Yong Lin, Hong-Tao Xu, Juan-Han Yu, Liang Wang, Chui-Feng Fan, Yang Liu and En-Hua Wang Li et al. Mediastinal epithelioid hemangioendothelioma with abundant spindle cells and osteoclast-like giant cells mimicking malignant fibrous histiocytoma. Diagnostic Pathology 2013;8:103. https://doi.org/10.1186/1746-1596-8-103 PMid:23800015 PMCid:PMC3711789 Yang Liu, Yue-Feng Jiang, Ye-Lin Wang, Hong-Yi Cao, Liang Wang, Qing-Chang Li, Hong - Tao Xu, Xue-Shan Qiu, En-Hua Wang. Epithelioid hemangioendothelioma of the anterior mediastinum: a case report. Int J Clin Exp Pathol 2016;9(5):5746-5752. Mansour Z, Neuville A, Falcoz PE, Santelmo N, Massard G. Hémangioendothéliome épithelioïde médiastinal : un cas d'une tumeur médiastinale rare. J Chir Thorac Cardio-Vasc 2009;13:117-119. Patrini D, Scolamiero L, Khiroya R, Lawrence D, Borg E, Hayward M, Panagiotopoulos N. Mediastinal hemangioendothelioma: Case report and review of the literature. Respiratory Medicine Case Reports 2017;22:19e23. https://doi.org/10.1016/j.rmcr.2017.05.005 PMid:28626633 PMCid:PMC5466594 Leleu O, Lenglet F, Clarot C, Kleinmann P, Jounieaux V. Hémangioendothéliome épithélioïde pulmonaire : à propos de trois cas et revue de la littérature. Revue des Maladies Respiratoires 2010;27:778-783. https://doi.org/10.1016/j.rmr.2010.06.019 PMid:20863982 Fletcher CDM, World Health Organization. International Agency for Research on Cancer. WHO classification of tumours of soft tissue and bone. World Health Organization classifi-cation of tumours. 4th edition. Lyon: IARC Press 2013. Campos J, Otero E, Dominguez MJ, Gonzalez-Quintela A. Epithelioid hemangioendothelioma in the posterior mediastinum. European Journal of Internal Medicine 2007;18:331-332. https://doi.org/10.1016/j.ejim.2006.11.010 PMid:17574111 Mascarelli PE, Iredell JR, Maggi RG, Weinberg G, Breitschwerdt EB. Bartonella species bacteremia in two patients with epithelioid hemangioendothelioma, J Clin Microbiol 2011;49(11):4006e4012. https://doi.org/10.1128/JCM.05527-11 PMid:21918021 PMCid:PMC3209129   Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared.  Date de soumission : 31/07/2019. Acceptation : 18/11/2019.    
décembre 13, 2019
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Abstracts 2017

T-38 – Chirurgie des paragangliomes thoraciques : à propos de 9 cas

Hazem Zribi, Amina Abdelkbir, Ahmed Ben Ayed, Sarra Zairi, Mahdi Abdennadher, Adel Marghli Service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire, hôpital Abderrahmen-Mami, Ariana, Tunisie   Objectif : Les paragangliomes sont des tumeurs rares lentement évolutives qui posent un problème diagnostique et thérapeutique. La localisation thoracique est exceptionnelle. Nous avons étudié cette entité rare à partir d’une série de 9 paragangliomes (PG) thoraciques et tenté de montrer l’intérêt de la chirurgie. Méthode : Neufs patients ont été opérés de PG thoraciques dans notre service sur une période de 20 ans. L’ensemble des données cliniques, paracliniques ainsi que du suivi postopératoire a été recueilli à partir des dossiers médicaux des 9 patients. Résultat : Neuf patients (5 hommes/4 femmes, âge moyen 42 ans ; range : 17-59ans) ont été opéré pour PG thoracique. La majorité des patients était symptomatique. La symptomatologie était dominée par les douleurs thoraciques et l’hémoptysie. L’aspect radiologique prédominant était celui d’une masse médiastinale postérieure hypervascularisée dans 5 cas, un lâcher de ballon dans 2 cas et une masse du lobe inférieur gauche dans 2 cas. La fibroscopie bronchique était normale dans 7 cas. Deux patients avaient des PG extrathoraciques associés (membres supérieurs). Les marqueurs tumoraux étaient négatifs dans les 9 cas. Les patients étaient opérés par VATS (2 cas) ou thoracotomie postérolatérale gauche (6 cas). Six PG étaient réséqués avec une résection R0 pour 5. Pour un patient, la résection était jugée impossible, il a eu une biopsie par médiastinoscopie. Deux patients ont eu une lobectomie inférieure gauche associée à une lingulectomie chez l’un et à une tumorectomie chez l’autre. Les suites opératoires étaient simples pour tous les patients. Les deux patients qui n’ont pas eu de résection complète ont eu une survie de 6 et 8 mois. Les patients non métastatiques et qui ont eu une résection R0 ont eu une survie prolongée. Conclusion : L’aspect très vasculaire des tumeurs médiastinales en TDM est en faveur des PG. Le traitement de choix des PG thoraciques est une résection chirurgicale R0.     Surgery of thoracic paragangliomas: about 9 cases   Objectives: Paragangliomas are slowly evolving and rare tumors that pose a diagnostic and therapeutic problems. Thoracic location is exceptional. Our aim was to study this rare entity from a series of 9 thoracic paragangliomas (PG) and demonstrate the benefits of surgery. Methods: Clinical data from patients who were operated for PG between 1995 and 2016 were reviewed. All surgical and postoperative data were analysed retrospectively. Results: Nine patients (5 men / 4 women, mean age 42 years, range: 17-5 years) were operated for thoracic PG. The majority of patients were symptomatic. The symptoms were dominated by chest pain and hemoptysis. The predominant radiological aspect was that of a posterior hypervascularized mediastinal mass in 5 cases, a balloon release in 2 cases or a left lower lobe mass in 2 cases. Fibroscopy was normal in the majority of cases. Two patients had associated extrathoracic PGs (upper limb). Tumor markers were negative in all 9 cases. VATS was used in 2 cases and left posterolateral thoracotomy in 6 cases. Six PGs were resected with an R0 resection for 5. For 1 the resection was deemed impossible, he had a diagnostic biopsy by mediastinoscopy. Two patients had a lower left lobectomy associated with a lingulectomy in one patient and a tumor resection in one. The surgical follow-up was simple for all patients. The two patients who had complete resection had a survival of 6 and 8 months respectively. Non-metastatic patients who had R0 resection had prolonged survival. Conclusion: mediastinal PGs are suspected on the highly vascular aspect of the tumor on CT. The treatment of choice of thoracic PG is a surgical resection R0.   Séance : Posters thoracique 2 - vendredi 9 juin - 12:15-13:45
mai 24, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Abstracts 2017

T-10 – Cytoréduction et chimiothérapie hyperthermique intrathoracique pour les tumeurs épithéliales thymiques Masaoka IVa

Mathilde Cazaux, Pierre Rabinel, Charlotte Cohen, Anne Olland, Laurence Solovei, Claire Renaud, Jean Berjaud, Gilbert Massard, Nicolas Vennissac, Marcel Dahan, Laurent Brouchet Service de chirurgie thoracique, CHU de Toulouse Service de chirurgie thoracique, CHU de Nice Service de chirurgie thoracique, CHU de Strasbourg   Objectif : Les tumeurs épithéliales thymiques (TET) sont rares et la prise en charge thérapeutique des stades avancés (Masaoka III et IV) n’est actuellement pas consensuelle. Notre objectif est de montrer qu’un traitement chirurgical de cytoréduction pleurale associé à une chimiothérapie hyperthermique intrathoracique (CHIT) pour des patients présentant des TET avec métastases pleurales (stade Masaoka IVa) est faisable, avec une faible morbidité et un taux de survie satisfaisant. Méthode : Notre étude rétrospective avec recueil prospectif des données, multicentrique (CHU de Toulouse, Nice et Strasbourg) s’est intéressée, de février 2009 à janvier 2017, à des patients présentant des métastases pleurales synchrones ou métachrones de TET chez lesquels nous avons réalisé une cytoréduction pleurale associée à une CHIT. Le protocole employé était le suivant : la cytoréduction consistait en une résection macroscopiquement totale de tous les implants pleuraux et de la TET ; la CHIT était une association de cisplatine (50 mg/m2) et de doxorubicine (15 mg/m2) dans un perfusat de 4 litres de sérum physiologique administrés à 41 °C pendant une heure avec monitorage hémodynamique et thermique. Le suivi réalisé à 1, 3 et 6 mois puis tous les 6 mois comportait un scanner thoracique annuel. Résultat : Treize patients (âge moyen : 49 ans, 4 hommes, 9 femmes, 6 métastases pleurales synchrones et 7 récidives, 1 thymome B1, 3 thymomes B2, 3 thymomes B2 prédominant B3, 5 thymomes B3, 1 carcinome thymique, 3 syndromes myasthéniques et 7 traitements néo-adjuvant par chimiothérapie) ont bénéficié d’une cytoréduction pleurale associée à une CHIT. Le geste chirurgical, majoritairement réalisé par thoracotomie (n = 12), a consisté en une pleurectomie pariétale (n = 13), une pleurectomie viscérale (n = 7), une résection diaphragmatique (n = 5), une résection parenchymateuse (n = 7) allant de la résection atypique (n = 6) à la pneumonectomie (n = 1), une résection de l’adventice de l’aorte (n = 2), une résection pariétale (n = 2), une thymectomie (n = 5). L’intervention a été pratiquée chez tous les patients sans difficulté technique. On relève une complication peropératoire : la section d’un pontage coronarien. On note 4 complications postopératoires : un lâchage de suture diaphragmatique avec reprise chirurgicale immédiate, une insuffisance rénale aiguë rapidement résolutive et 2 décompensations myasthéniques. Un patient a présenté une récidive pleurale controlatérale de son carcinome thymique à 11 mois de l’intervention. Il est décédé pendant sa chimiothérapie. Un autre patient est décédé indépendamment de sa TET. Après une durée moyenne de suivi de 30,3 mois (9-95 mois), 11 patients (84 %) étaient vivants et sans récidive. Conclusion : L’association d’une cytoréduction pleurale à une CHIT pour traiter les TET métastatiques à la plèvre est faisable et sûre avec des résultats encourageants en terme de morbidité péri-opératoire et de survie.     Cytoreductive surgery and intrathoracic hyperthermic chemotherapy perfusion: treatment of thymic epithelial malignant diseases Masaoka IVa   Objectives: Thymic epithelial tumors (TET) are uncommon neoplasms. Nowadays, there is no established curative treatment available for advanced stages (Masaoka III and IV). Our objective is to evaluate the feasibility and the safety of a surgical treatment for TET with pleural spread (Masaoka IVa): a cytoreductive surgery of pleural implants plus hyperthermic intrathoracic chemotherapy perfusion (HICP). Methods: Between february 2009 and january 2017, our retrospective study with prospective data collection and multicentric study (Toulouse, Nice and Strasbourg) examinated patients with TET with pleural spread (synchronous metastasis or recurrences) who underwent a cytoreductive surgery plus a HICP. The cytoreductive surgery was a macroscopically complete resection of the TET and the pleural implants. For the HICP, we used cisplatin (50mg/m2) and doxorubicin (15mg/m2) in 4 liters of saline perfusate. The perfusion was carried out during one hour at 41°C with hemodynamic and thermic monitoring. The follow up was scheduled at 1, 3 and 6 months and every 6 months with one annually computed tomography. Results: 13 patients (mean age: 49 years old, 4 mens, 9 womens, 6 pleural synchronous metastasis and 7 recurrences, 1 B1 thymoma, 3 B2 thymomas, 3 B2/B3 thymomas, 5 B3 thymomas, 1 thymic carcinoma, 3 myasthenic syndromes and 7 neoadjuvant chemotherapies) underwent cytoreductive surgery plus HICP. The surgical resection was mostly performed via thoracotomy (n=12) and consisted of parietal pleurectomy (n=13), visceral pleurectomy (n=7), diaphragmatic resection (n=5), pulmonary resection (n=7) from wedge (n=6) to pneumonectomy (n=1), aortic adventitious resection (n=2), chest wall resection (n=2), thymectomy (n=5). All patients received cytoreductive surgery and HICP without technical problems. There were one operative complication : the cut of a coronary bypass. There were 4 postoperative complications : one diaphragmatic eventration with reoperation, one acute renal failure with fast recovery and 2 myasthenic decompensations. The patient with thymic carcinoma had a pleural contralateral recurrence 11 months after the operation and died from systemic disease progression. Another patient died disease free. At a mean follow-up period of 30,3 months (range 9-95), 11 patients were alive and disease free. Conclusion: Cytoreductive surgery and HICP to treat patients with pleural metastasis of TET is feasible with acceptable morbidity rates and survival.   Séance : Communications libres thoracique - jeudi 8 juin - 8:30-10:00
mai 24, 2017
Vol. 20 JA2016 - thoracique

T-15 – Caractéristiques cliniques et moléculaires de la maladie de Castleman médiastinale

Antoine Legras, Anne Talet, Audrey Didelot, Aurélie Cazes, Angela Hin, Raphaël Borie, Bruno Crestani, Yves Castier, Françoise Le Pimpec-Barthes, Marc Riquet, Hélène Blons, Pierre Mordant Institution : Service de chirurgie thoracique et vasculaire et transplantation pulmonaire, hôpital Bichat, Paris Objectif : La maladie de Castleman médiastinale unicentrique est très rare, et peu connue à cause du faible nombre de cas et de l’absence d’étude génomique. Nous avons cherché à caractériser les profils cliniques, radiologiques, histologiques et génomiques associés à cette maladie, dans le cadre d’une série chirurgicale. Méthode : Étude rétrospective issue des cas opérés dans deux centres français de chirurgie thoracique (1988-2012). Collecte des données cliniques, radiologiques, chirurgicales et pathologiques. Sur les blocs de paraffine disponibles, dépistage de mutations par séquençage massif (AmpliSeq™ Cancer Hotspot v2, Life Technologies) et étude immunohistochimique de la voie de signalisation AKT-mTOR. Résultat : Onze patients ont été inclus (âge moyen 41, range 17-69 ; sex-ratio 0,8). La voie d’abord chirurgicale était la thoracotomie (n = 6), la VATS (n = 1) ou la sternotomie (n = 4). Pour un patient, une bilobectomie a été réalisée et pour 2 patients, un curage médiastinal radical a été effectué. Une patiente a présenté une récidive locale sous forme d’un sarcome à cellules dentritiques folliculaires, suivie du décès. Sur 9 patients, 2 mutations ont été identifiées : VHL (p.F119L, 35 %, n = 1) et JAK3 (p.V718L, 53 %, n = 1). Les immunomarquages étaient négatifs pour phospho-AKT et phospho-mTOR. L’immunomarquage de phospho-S6K était positif dans 5 cas, majoritairement sur le cytoplasme des cellules interfolliculaires. Conclusion : Nous rapportons la plus large série de maladie de Castleman médiastinale unicentrique avec données génomiques et de signalisation cellulaire. Deux mutations driver potentielles ont été identifiées, ainsi qu’une activation de la voie phospho-S6K indépendante de la voie AKT-mTOR. Les connaissances sur cette maladie pourraient être améliorées par l’envoi systématique d’échantillons tissulaires à un centre de référence national unique.
novembre 29, 2016
Chirurgie vasculaire · Vol. 20 Abstract 2016

V-06 – Remplacement de l’aorte thoracique descendante par voie thoracique droite : exérèse radicale pour liposarcome du médiastin postéro-inférieur droit

Jérémy Tricard, Bertand de Latour, Simon Rouzé, Élisabeth Le Prisé, Nathalie Stock, Erwan Flécher, Jean-Philippe Verhoye Service de chirurgie thoracique, cardiaque et vasculaire, CHU Pontchaillou, Rennes  Objectif Les liposarcomes du médiastin sont rares. La survie sans récidive et globale dépend notamment du caractère radical de leur exérèse. Nous rapportons un cas de liposarcome médiastinal avec envahissement de l’aorte thoracique descendante. Méthode : Une patiente de 50 ans, aux antécédents d’exérèse d’un lipomyosarcome myxoïde du mollet avec radiochimiothérapie adjuvante 3 ans auparavant, présente une masse médiastinale postéro-inférieure droite découverte fortuitement. Elle mesure 20 x 10 cm, à développement intrapleural droit, moulant le rachis et l’aorte thoracique descendante. On ne retrouve pas d’autre localisation, les prélèvements histologiques sont négatifs. Après réunion de concertation pluridisciplinaire, une exérèse chirurgicale est décidée. Une thoracotomie postérolatérale droite dans le 8e espace intercostal avec passage en extramusculoperiosté sur les 7e, 8e et 9e vertèbres est réalisée, chez un patient en décubitus latéral gauche. Un désilet était placé dans la veine fémorale gauche (si nécessité d’assistance circulatoire).  Résultat Le parenchyme pulmonaire, l’œsophage et le péricarde étaient libres. La masse était adhérente au rachis, libéré progressivement. Des clips étaient placés en regard des 7e et 8e vertèbres. Après ouverture de la plèvre controlatérale, on retrouvait des adhérences importantes avec l’aorte thoracique descendante. Un remplacement segmentaire par une prothèse de 16 en Dacron était réalisé. Le temps de clampage était de 40 minutes. Les suites furent simples avec une extubation à J1 et sortie de l’hôpital à J8. L’analyse anatomopathologique retrouvait un liposarcome avec une exérèse R1 au niveau vertébral. Une radiothérapie sur les corps vertébraux envahis était effectuée.  Conclusion La nécessité d’obtenir une exérèse la plus radicale possible en cas de sarcome nous a conduits à réaliser un remplacement d’un segment d’aorte thoracique descendante. Cette exérèse est réalisable par thoracotomie postérolatérale droite.     Descending thoracic aorta replacement via a right thoracic approach: radical surgery for a right posterior mediastinal liposarcoma   Objectives Mediastinal liposarcoma are rare. The disease-free and overall survivals depend largely on their radical removing. We report the case of a woman who presents a right posterior mediastinal liposarcoma with an invasion of the descending thoracic aorta.  Methods A 50 year old woman, with the antecedents of surgical resection of myxoid liposarcoma grade II of calf muscles (T2 N0 M0) with adjuvant radiochemotherapy 3 years ago, present a right postero-inferior mediastinal mass revealed by epigastric pain investigation. It measures 20 x 10 cm, with a right intrapleural development, behind the right inferior pulmonary vein, in contact with spine and descending thoracic aorta (image), without invasion evidence on CT scanner. No other location is evidenced and histological analyses reveal no anomaly. Surgical resection is decided. The patient lies in lateral decubitus position. A right posterolateral thoracotomy in the 8th intercostal space with an extramusculoperiosteal way on the 7th, 8th and 9th vertebra is performed.  Results Lung, pericardium and esophagus were free. The mass invaded the spine. Vertebra was dissected step by step. After opening the left pleural space, we observed major adhesions with descending thoracic aorta. We performed the aorta replacement by a size 16 Dacron prosthesis. The clamp time was 40 minutes. Lymphadenectomy was performed. The patient could leave the hospital at postoperative day 8. Histological analyses revealed a liposarcoma with a R1 resection on vertebra. Radiotherapy on vertebral bodies was performed.  Conclusion In the case of a right mediastinal sarcoma, radical resection and replacement of the descending thoracic aorta can be performed via a right thoracotomy.
juin 10, 2016