Chirurgie thoracique · Vol. 23 Juin 2019

Les adénomes parathyroïdiens ectopiques médiastinaux : quelle voie d’abord ?

Z. Ammor*, I. Issouffou, L. Belliraj, H. Harmouchi, M. Lakranbi, Y. Ouadnouni, M. Smahi    Service de chirurgie thoracique, CHU Hassan II, Fès, Maroc. * Correspondance : dr.a.ammor@gmail.com   DOI : 10.24399/JCTCV23-2-AMM Citation : Ammor Z, Issouffou I, Belliraj L, Harmouchi H, Lakranbi M, Ouadnouni Y, Smahi M. Les adénomes parathyroïdiens ectopiques médiastinaux : quelle voie d’abord ? Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(2). doi: 10.24399/JCTCV23-2-AMM RÉSUMÉ Introduction : les adénomes parathyroïdiens peuvent être localisés en situation ectopique dans 11 à 25% des cas. Le diagnostic topographique reste une étape essentielle, qui est responsable parfois de 50% d´échec de la chirurgie. Matériels et méthodes : étude rétrospective à propos de 7 cas, opérés dans notre formation pour un adénome parathyroïdien ectopique médiastinale durant 4 ans. Résultats : tous les cas étaient de sexe féminin, l’âge moyen était de 56,8 ans. Les signes d’appel étaient : urinaires, ostéoarticulaires. Sur le plan biologique, tous les cas présentaient une hypercalcémie corrigée ainsi qu’une hyperparathormonémie. Toutes les patientes avaient bénéficié d’une échographie cervicale qui n’objectivait un nodule parathyroïdien ectopique droit que chez une seule patiente. Une imagerie par résonance magnétique cervicale dans un cas, qui était cause d’une cervicotomie blanche par les viscéralistes. Une tomodensitométrie cervicothoracique dans tous les cas objectivait une localisation précise de l’adénome parathyroïdien ectopique médiastinal (APEM). La scintigraphie au 99mTc-sestamibi réalisée dans 5 cas était concluante. La voie d’abord était cervicale (2 cas), cervicothoracique (2 cas) et thoracique (3 cas). Conclusion : le bilan radiologique lors de la prise en charge des APEM permet au chirurgien de réaliser un acte ciblé “frappe chirurgicale”, grâce à des voies d’abord adaptées, un temps opératoire écourté, évitant les explorations chirurgicales blanches.   ABSTRACT Mediastinal ectopic parathyroid adenomas: Which pathway? Introduction: Parathyroid adenomas can be located in an ectopic situation in 11 to 25% of cases. Topographical diagnosis remains an essential step and is sometimes responsible for 50% failure of the surgery. Materials and methods: Retrospective study on 7 cases, operated in our department for a parathyroid mediastinal ectopic adenoma (APEM) for 4 years. Results: All cases were female; mean age was 56.8 years. Warning symptoms were urinary and osteo articular. Biologically, all cases had corrected hypercalcemia and hyperparathormonemia. Six patients had undergone cervical ultrasonography, and a parathyroid right ectopic nodule was found in a single case. In one case, a cervical MRI was the cause of an inconclusive cervicotomy by the visceralists. In all cases, cervicothoracic CT showed a precise localization of APEM. 99mTc sestamibi scintigraphy was performed in 5 cases and was conclusive. The approach was cervical (2 cases), cervico-thoracic (2 cases) or thoracic (3 cases). Conclusion: Radiological assessment during the management of APEM allows the surgeon to perform a targeted act "Surgical Strike", thanks to adapted approaches, a shortened operating time and avoiding inconclusive surgical explorations.   1. Introduction L’hyperparathyroïdie primaire est le mode révélateur le plus fréquent des adénomes parathyroïdiens. Il peut être localisé en situation ectopique dans 11 à 25% des cas, dont l’emplacement le plus fréquent est le médiastin (70% des cas sont intrathymiques, 30% sont dans la gaine carotidienne, en paraœsophagien, sillon trachéo-œsophagien ou en intrathyroïdien). Le diagnostic topographique reste une étape essentielle dans la prise en charge diagnostique des adénomes parathyroïdiens ectopiques médiastinaux (APEM). Il est responsable parfois de 50% d’échec de la chirurgie. Par de ce travail, en analysant les caractéristiques épidémiologiques, cliniques, thérapeutiques et évolutives de cette pathologie rare, nous allons souligner la place prépondérante de l’imagerie préopératoire permettant un acte chirurgical réussi.   2. Matériels et méthodes Il s’agit d’une étude rétrospective à propos de 7 cas, suivis pour hyperparathyroïdie primaire en service d’endocrinologie, puis opérés dans notre formation (service de chirurgie thoracique du CHU Hassan II à Fès) pour un adénome parathyroïdien ectopique médiastinal pendant une durée de 4 ans, allant de février 2014 jusqu’à février 2018.   3. Résultats Tous les cas de notre étude étaient de sexe féminin, l’âge moyen était de 56,8 ans (44-70 ans). Parmi les antécédents, on trouve une cholécystectomie dans 2 cas et un cas opéré pour un cancer du sein. Les signes d’appel étaient divers : Sur le plan clinique, les manifestations ostéoarticulaires à type de douleurs osseuses et fracture spontanée, ainsi qu’une ostéoporose étaient présentes dans 4 cas ; les manifestations urinaires à type de douleurs lombaires et lithiase rénale récidivante dans 2 cas, et un cas a été suivi pour un syndrome sec [figure 1]. Sur le plan biologique, tous les cas présentaient une hypercalcémie corrigée qui variait entre 110 et 138 mg/l avec une moyenne à 124 mg/l, ainsi qu’un taux de parathormone qui variait entre 3 et 20 fois la normale avec un taux moyen de 9,5 fois la normale.   [caption id="attachment_4392" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Les signes d’appels cliniques et antécédents pathologiques.[/caption]   En termes de moyens d’exploration paraclinique : 6 patientes avaient bénéficié d’une échographie cervicale, objectivant un nodule parathyroïdien ectopique droit dans un cas et des lésions nodulaires thyroïdiennes dans 5 cas. Une cervicotomie blanche a été réalisée dans une autre formation, où le bilan topographique se contentait d’une imagerie par résonance magnétique (IRM) cervicale qui a objectivé la présence d’un nodule parathyroïdien eutopique [figure 2]. En postopératoire, la patiente a bénéficié d’une scintigraphie, objectivant une hyperfixation sur un adénome parathyroïdien ectopique médiastinal antérieur.   [caption id="attachment_4395" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Coupe axiale et coronale d’une IRM cervicale montrant une masse tissulaire du médiastin supérieur.[/caption]   Une tomodensitométrie (TDM) cervicothoracique réalisée dans tous les cas objectivait une localisation précise de l’APEM (médiastin : antérosupérieure 5 cas, moyen 1 cas, postérieure 1 cas) [figure 3]. La scintigraphie au 99mTc-sestamibi réalisée dans 5 cas était concluante (un adénome parathyroïdien médiastinal 3 cas, cervical latérotrachéal 2 cas) [figure 4].   [caption id="attachment_4396" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Coupe scannographique axiale de différents cas montrant une image tissulaire médiastinale antérieure et postérieure.[/caption]   [caption id="attachment_4397" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. La tomoscintigraphie montrant une formation nodulaire du médiastin antérieur et latérotrachéal gauche.[/caption]   Après un traitement médical bien conduit fait d’une réhydratation parentérale, 4 patientes étaient mises sous biphosphonates jusqu’à normalisation de la calcémie.  La voie d’abord chirurgicale était : une cervicotomie de Kocher : 2 cas ; une cervicotomie présternocleïdo-mastoïdienne avec manubriotomie : 1 cas ; une cervicotomie de Kocher avec une manubriotomie : 1 cas. une sternotomie : 1 cas ; une manubriotomie : 1cas ; une thoracotomie : 1 cas. Le geste de résection de l’APEM a été associé à une thymectomie chez 3 patientes et une lobectomie-isthmectomie thyroïdienne chez une autre, nécessitant un examen extemporané dans 1 cas. Le siège de l’adénome parathyroïdien était intrathymique dans 3 cas, en latérotrachéal dans 2 cas, en intertrachéo-œsophagien dans 1 cas et dans la gaine carotidienne dans 1 cas. Les suites opératoires étaient simples, toutes les patientes ont normalisé leur calcémie et leur parathormonémie. Deux d’entre elles ont présenté une hypocalcémie jugulée par substitution de calcémie par voie orale avec normalisation ultérieure. Le recul a varié de 1 à 16 mois avec une moyenne de 8 mois qui était sans particularités.   4. Discussion  Jadis, le diagnostic des adénomes parathyroïdiens était révélé à des stades très évolués par des lésions osseuses ou de la lithiase rénale [1]. Aujourd’hui, sa découverte est principalement fortuite chez des patients asymptomatique ou peu symptomatique à la suite d’un dosage systématique [1,2]. Les signes cliniques de l’hypercalcémie sont assez fréquemment révélateurs de cette pathologie [3]. C’est sur la biologie que repose le diagnostic, défini par l’association hypercalcémie-parathormone plasmatique élevée, ou en discordance avec la calcémie [4-6]. L’imagerie avant le geste chirurgical a pour objectif la localisation préopératoire d’un APEM, responsable de 50% d’échec de la chirurgie cervical [7]. Les 4 principaux moyens sont : L’échographie cervicale reste l’examen de première intention qui permet d’explorer les sites habituels des parathyroïdes et dans le cas échéant, la recherche d’adénome ectopique cervical le long de la gaine des carotides et de l’espace paraœsophagien. La TDM cervicothoracique se justifie essentiellement en cas de discordance du couple échographie cervicale-scintigraphie au sestamibi, en particulier dans l’exploration des zones qui restent aveugles à l’échographie comme les aires rétrotrachéales ou rétro-œsophagiennes où l'air gêne le passage du faisceau ultrasonore mais aussi et surtout les zone susceptibles d’ectopie. Ces dernières sont représentées en premier par le médiastin et plus rarement le pharynx. L’IRM cervicothoracique est indiquée pour des adénomes parathyroïdes ectopiques qui échappent à l'échographie cervicale. Elle reste supérieure au scanner qui est relativement peu performant à cause des artéfacts, dus en particulier aux épaules [8]. De plus, elle est non irradiante et permet une imagerie multiplanaire avec des détails anatomiques et un contraste supérieur ; elle ne nécessite pas une injection d’iode. La scintigraphie au 99mTc-sestamibi a été établie comme étant la méthode d’imagerie de choix et ce d’autant plus qu’elle donne des résultats supérieurs à ceux des autres techniques, telles que l’échographie, le scanner et l’IRM [3,4,6-10] permettant la détection, au cours du même examen, de glandes parathyroïdes hyperfonctionnelles quelle que soit leur localisation eutopique ou ectopique. À sensibilité différente [figure 5], l’imagerie préopératoire de l’APEM a une place prépondérante dans son diagnostic et sa localisation. Le couple échographie-scintigraphie reste l’examen clé [figure 6] : il permet d’augmenter le taux de succès chirurgical et diminuer les explorations chirurgicales blanches inutiles, en adaptant la voie d’abord où la voie cervicale reste la plus réalisée, nécessitant un élargissement par une sternotomie partielle ou totale ou une thoracotomie, lors des localisations médiastinales postérieures [11] [figure 7].   [caption id="attachment_4398" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. La sensibilité aux différents moyens d’imagerie préopératoire.[/caption]   [caption id="attachment_4399" align="aligncenter" width="300"] Figure 6. La place du couple échographie-scintigraphie dans l’imagerie préopératoire.[/caption]   [caption id="attachment_4400" align="aligncenter" width="300"] Figure 7. La place de l’imagerie préopératoire dans l’adaptation de la voie d’abord.[/caption]   5. Conclusion Le bilan radiologique reste un temps essentiel dans la prise en charge des APEM et offre une cartographie cervicomédiastinale exacte permettant au chirurgien de réaliser un acte ciblé “frappe chirurgicale”, grâce à des voies d’abord adaptées, un temps opératoire écourté évitant les explorations chirurgicales blanches.   Références Lapras V., Billotey C., Peix L., Imagerie normale et pathologique des glandes parathyroïdes. Radiologie et Imagerie médicale cardiovasculaire-thoracique-cervicale, EMC 32-710-A-10 Elsevier Masson 2009.https://doi.org/10.1016/S1879-8535(09)72781-3 Hertlg A., Maruani G., Pallard M., Houillier P., Hyperparathyroïdie primitive, Néphrologie 2000;21(6):283-290. Guevara N., Castillo L., Santini J., Chirurgie des glandes parathyroïdes. EMC Technique chirurgicale. Tête et cou, EMC Elsevier Masson 2006.https://doi.org/10.1016/S1624-5849(06)41826-9 Maruani G., Cornlère N., Nicolet L., Baron S., Courbebalsse M., Renaud S., Houillier P., Hyperparathyroidie primitive. La revue de médecine interne 2013;34:605-613.https://doi.org/10.1016/j.revmed.2012.10.369PMid:23195909 Conte-Devoix B., Henry J.F., Traitement de l'hyperparathyroïdie primitive. Médecine thérapeutique. Endocrinologie 2000;2(4):335-339. Ghfir I., Ben Rais N., Ectopie parathyroïdienne objectivée par la scintigraphie au 99mTc-MIBI, Médecine nucléaire 2007;31:392 394.https://doi.org/10.1016/j.mednuc.2007.06.006 El Khoury M., Neves F., Miquel A., Benadjila Z., Lesavre A., Kone T., Menu Y., Stratégie d'imagerie chez un patient suspect d'hyperparathyroïdie primaire, Feuillets de radiologie 2005;45(3c1):166-173.https://doi.org/10.1016/S0181-9801(05)80584-6 Ernst O., Hyperparathyroïdie : applications du scanner et de l'IRM, Journal de radiologie 2009;90:409-412.https://doi.org/10.1016/S0221-0363(09)72529-6 Berehou F., Ghfir I., Ben Ral N., Ectopie de la parathyroïde objectivée par la scintigraphie au MIBI-Tc 99m. À propos de deux cas. Expérience du service de médecine nucléaire CHU Ibn Sina-Rabat, Médecine nucléaire 2009;33:450-455.https://doi.org/10.1016/j.mednuc.2009.03.004 Sywak MS, Knowlton ST, Pasieka JL, Parsons LL, Jones J., Do the National Institutes of Health consensus guidelines for parathyroidectomy predict symptom severity and surgical outcome in patients with primary hyperparathyroidism. Surgery 2002;132(6):1013-1020.https://doi.org/10.1067/msy.2002.128693PMid:12490849 El Mghari G., El Ansari N., Prise en charge non chirurgicale de l'hyperparathyroïdie primaire, Revue marocaine de rhumatologie 2014; 28:14-7.   Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared.  Date de soumission : 02/09/2018. Acceptation : 18/02/2019. Pré-publication : 18/03/2019.  
juin 7, 2019
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Mars 2017

Les adénomes parathyroïdiens ectopiques de localisation médiastinale

Sani Rabiou1*, Yassine Ouadnouni1,4, Sani Aminou2,5, Layla Belliraj1, Ibrahim Issoufou1, Fatima Z. Ammor1, Jamal Ghalimi1, Souaf Ihsane3, Marwane Lakranbi1, Mohamed Smahi1,4   1. Service de chirurgie thoracique CHU Hassan II, Fès (Maroc). 2. Service de médecine interne, endocrinologie et diabétologie, HNN, Niamey (Niger). 3. Laboratoire de cytologie et d’anatomie pathologique El Yosr, Fès (Maroc). 4. Faculté de médecine et de pharmacie, université Sidi Mohamed Ben-abdellah, Fès (Maroc). 5. Faculté de médecine et de pharmacie, université Abdou Moumouni de Niamey (Niger). *Correspondance : rabiousani2@icloud.com DOI : 10.24399/JCTCV21-1-RAB Citation : Rabiou S, Ouadnouni Y, Aminou S, Belliraj L, Issoufou I, Ammor FZ, Ghalimi J, Ihsane S, Lakranbi M, Smahi M. Les adénomes parathyroïdiens ectopiques de localisation médiastinale. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(1). doi: 10.24399/JCTCV21-1-RAB Résumé Introduction : Les adénomes parathyroïdiens ectopiques sont rares et leur localisation médiastinale l’est encore plus. Les auteurs rapportent les observations de 3 patientes qui avaient consulté suite à un trouble de métabolisme phosphocalcique, chez qui le diagnostic d’un adénome parathyroïdien ectopique avait été évoqué sur la base des investigations radiocliniques. Matériels et méthodes : Il s’agissait de 3 patientes de sexe féminin âgées respectivement de 54 ans, 68 ans et 70 ans, toutes adressées par le service d’endocrinologie. Le tableau clinique était caractérisé par des signes cliniques et/ou biologiques d’hypercalcémie en rapport avec une hyperparathyroïdie. La présence d’une masse médiastinale était constante chez toutes les patientes. La localisation était intrathymique dans 2 cas et rétrotrachéale dans 1 cas. La prise en charge consistait en une résection chirurgicale complète avec confirmation de diagnostic après étude anatomopathologique de la pièce d’exérèse. Les suites postopératoires étaient satisfaisantes avec normalisation du bilan phosphocalcique. Conclusion : Les adénomes parathyroïdiens ectopiques à localisation médiastinale sont rares. Ils sont souvent asymptomatiques, et le diagnostic peut être évoqué devant la persistance des troubles du métabolisme phosphocalcique. La prise en charge est une exérèse chirurgicale sans délai permettant d’apporter une guérison sans récidive chez la majorité des patients. Abstract Mediastinal ectopic parathyroid adenoma Introduction: ectopic parathyroid adenomas are rare and those in a mediastinal location are even more so. The authors report the observations of three patients who were consulted following a phosphate metabolism disorders, in whom the diagnosis of an ectopic parathyroid adenoma was discussed on the basis of radio-clinical investigations. Material and Methods: This study included 3 female patients aged 54, 68 and 70 years, all of whom were treated by the Department of Endocrinology. The clinical picture was characterized by clinical and biological signs or hypercalcemia associated with hyperparathyroidism. The presence of a mediastinal mass was constant in all patients. The location was intrathymique in 2 cases and retro-tracheal in 1 case. The support consisted of complete surgical resection with confirmatory diagnosis after histological examination of the surgical specimen. The postoperative course was satisfactory with the normalization of calcium and phosphate. Conclusion: Ectopic parathyroid adenomas with mediastinal localization are rare. Often asymptomatic, the diagnosis is suggested at the persistence of the phosphate metabolism disorders. The management is surgical excision without delay to bring a cure without recurrence in the majority of patients.   1. Introduction 80 % des hyperparathyroïdies primaires sont liées à un adénome parathyroïdien. Plus rarement, il peut s’agir d’une hyperplasie et exceptionnellement d’un carcinome de la glande parathyroïde [1]. Habituellement, cette tumeur se développe au niveau des parathyroïdes inférieures. Sa localisation ectopique au sein du parenchyme thymique est exceptionnelle [2,3]. À travers 3 cas cliniques, les auteurs soulignent l’importance d’un bilan topographique précis afin de minimiser le risque de récidive et la survenue des complications métaboliques souvent dramatiques.   2. Patients et méthodes L’étude est rétrospective et concerne 3 localisations médiastinales ectopiques des adénomes parathyroïdiens durant la période allant de janvier 2015 à mars 2016. À travers une fiche d’exploitation, nous avons recueilli les données suivantes pour chaque patiente : l’âge, le sexe, la provenance, les antécédents, les signes cliniques, biologiques et radiologiques, la localisation exacte de la lésion, le geste réalisé ainsi que les éventuelles complications péri et postopératoires, et enfin l’évolution.   3. Résultats 3.1. Patiente 1 Mme A., 55 ans, suivie pour lithiase rénale depuis 2007, consultait pour douleur thoracolombaire gauche évolutive. L’état général était conservé et la TA était à 140/80 mmHg avec une Fc à 89 battement/min. L’examen somatique était sans particularité et l’électrocardiogramme montrait un rythme sinusal, sans trouble de conduction ni de repolarisation. La calcémie corrigée était à 126 mg/l avec un taux de PTH à 749,4 pg/ml. Après réalisation d’une échographie cervicale qui était normale, la tomodensitométrie thoracique avait découvert une masse tissulaire du médiastin antérosupérieur, hypervascularisée [figure 1].   [caption id="attachment_3091" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Tomodensitométrie thoracique qui objective une masse tissulaire du médiastin antérosupérieur, hypervascularisée.[/caption]   Devant la notion de lithiase rénale et les résultats des examens biologiques et radiologiques, le diagnostic d’un adénome parathyroïdien ectopique avec hyperparathyroïdie primitive avait été évoqué. Après une sternotomie médiane verticale, l’exploration avait trouvé une masse bien encapsulée, de siège intrathymique. Une résection en bloc avec le thymus était nécessaire. Le contrôle de la parathormonémie une heure après la résection était à 100,3 pg/ml, soit une baisse de plus de 80 % par rapport à la valeur initiale. Le suivi postopératoire consistait au dosage de la parathormonémie-calcémie à J+1, J+3 et à une semaine. L’évolution était favorable en dehors d’une hypocalcémie biologique corrigée par simple supplémentation par du calcium par voie orale. L’étude histologique de la pièce opératoire était revenue en faveur d’un adénome parathyroïdien intrathymique [figures 2A et B].   [caption id="attachment_3092" align="aligncenter" width="300"] Figure 2.A. Pièce opératoire après résection de la masse.B. Adénome parathyroïdien : double population cellulaire, à cellules claires et à cellules oxyphiles (x40).[/caption]   3.2. Patiente 2 Mme F. est une patiente âgée de 68 ans qui nous a été adressée pour masse du médiastin antérosupérieure. Elle se plaignait de douleurs osseuses suite à une fracture spontanée du fémur gauche pour laquelle elle avait bénéficié d’un enclouage centromédullaire 7 jours auparavant. Le reste de l’examen physique était normal. Le bilan biologique révélait une calcémie à 11 mg/dl avec une phosphoremie 2,4 mg/dl. La parathormone sérique était à 45,3 pg/dl. La tomodensitométrie thoracique avait montré une lésion tissulaire du médiastin antérosupérieure venant au contact de la veine cave supérieure sans l’envahir. Sur une scintigraphie au technetium 99 (99m Tc–MIBI), cette hyper masse fixait de façon intense le traceur radioactif évoquant ainsi un adénome parathyroïdien à localisation médiastinale [figure 3].   [caption id="attachment_3093" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Scintigraphie au technetium 99 (99m Tc–MIBI) qui montre une hyperfixation du traceur radioactif de façon intense par la masse.[/caption]   Après une exploration par manubriotomie, la masse était localisée au niveau du lobe droit du thymus qui avait été réséqué complètement. L’analyse histologique de la pièce opératoire avait confirmé le diagnostic de l’adénome parathyroïdien intrathymique. L’évolution postopératoire était satisfaisante et la patiente était sortie à J+5 avec une normocalcémie à 8,4 mg/dl et un taux de parathormone également normal à 1,5 pg/dl. Revue en consultation 6 mois après, on ne notait aucun trouble phosphocalcique chez la patiente. 3.3. Patiente 3 Mme KI. est une patiente âgée de 70 ans, hypertendue sous Aténolol et opérée pour un cancer du sein il y a 10 ans. Elle nous a été adressée par le service d’endocrinologie suite à une découverte fortuite d’une masse médiastinale dans le cadre du bilan étiologique d’une hypercalcémie maligne. Elle était asthénique avec une notion d’amaigrissement estimée à 20 kg en 2 ans. La TA était à 150/95 mmHg avec une Fc à 117 battement/min et l’électrocardiogramme montrait un espace Qt corrigé à 333 ms. L’examen physique notait la présence des arthralgies diffuses sans limitation de mobilité passive et active. La palpation de la région cervicale trouvait une masse basicervicale, mobile à la déglutition. La calcémie corrigée était à 138 mg/l avec un taux de PTH à 3 fois la normale. La tomodensitométrie thoracique avait permis de découvrir une masse tissulaire médiastinale postérieure, rétrotrachéale, rehaussée après injection de produit de contraste [figure 4].   [caption id="attachment_3094" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Tomodensitométrie thoracique qui objective une masse tissulaire du médiastin postérieur, hypervascularisée.[/caption]   Devant les douleurs articulaires et les résultats biologique et radiologique, l’indication d’une scintigraphie au technetium 99 (99m Tc–MIBI) avait été posée. Elle avait permis de découvrir une hyperfixation de la masse rétrotrachéale évoquant un adénome parathyroïdien ectopique. Après normalisation de la calcémie, la patient était conduite au bloc opératoire ou une thoracotomie postérolatérale droite avait permis de découvrir une masse hypervascularisée médiastinale postérieure venant au contact de la trachée sans l’envahir. L’étude anatomopathologie de la pièce d’exérèse avait conclu en faveur d’un adénome parathyroïdien. Les suites opératoires étaient simples avec normalisation des paramètres biologiques. 4. Discussion L’incidence des adénomes parathyroïdiens intrathymiques est variable selon les auteurs [3,4]. Phitayakorn et McHenry, dans une série de 231 patients opérés pour hyperparathyroïdies, avaient retrouvé 16 % de lésions ectopiques parmi lesquelles 3 % étaient intrathymiques [5]. Les autres localisations possibles sont paraœsophagiennes, rétrotrachéales, basilinguales, etc. En effet, les parathyroïdes inférieures et le thymus ont une origine embryologique commune à partir de la 3e poche branchiale, avant leur migration respective au niveau cervicale et médiastinale [6]. C’est cette migration qui explique la possibilité de parathyroïde surnuméraire et ectopique, notamment intra-thoracique. L’hyperparathyroïdie primaire est le mode révélateur le plus fréquent. En général, les symptômes sont caractérisés par une lithiase rénale à répétition, des signes en rapport avec des troubles du métabolisme phosphocalciques à type d’hypercalcémie, une fatigabilité musculaire, des troubles du rythme cardiaque voire des fractures spontanées des os comme c’est le cas chez une de nos patientes [7]. Devant un patient qui présente des symptômes en rapport avec des troubles de métabolisme phosphocalcique, l’exploration clinique et radiologique de la région cervicale doit chercher une éventuelle tuméfaction cervicale en rapport avec un adénome parathyroïdien. Malheureusement comme le cas de nos 2 patientes, l’examen clinique et l’échographie de la région cervicale étaient sans particularité. Devant la persistance des signes d’hypercalcémie clinique et biologique, nous avons complété le bilan par une tomodensitométrie thoracique injectée qui nous a permis de découvrir une masse médiastinale de la loge thymique évoquant un adénome parathyroïdien. Pour étayer le diagnostic, une scintigraphie au technetium 99 montrait une hyperfixation intense du traceur radioactif par la masse médiastinale chez une patiente. En effet, la scintigraphie est actuellement considérée comme la technique de choix puisqu’elle présente une sensibilité de l’ordre de 95 % et offre une meilleure qualité d’image que la tomodensitométrie avec une irradiation plus faible [8,9]. D’après Mitchell, cet examen a permis d’identifier 16 adénomes parmi 17 cas et 19 hyperplasies glandulaires parmi 21 cas [10]. Dans le cas précis de notre patiente, la scintigraphie a permis de bien spécifier la lésion évitant ainsi la réalisation d’une cervicotomie « blanche ». Devant un adénome parathyroïdien, la résection chirurgicale du tissu hypersécrétant est la technique de référence. La tendance actuelle est de proposer une chirurgie à tous les patients chez qui le diagnostic d’hyperparathyroïdie primitive est posé, ce qui inclut les patients asymptomatiques, sans limite d’âge [11,12]. En effet, plusieurs études ont montré les effets indésirables de l’hyperparathyroïdie : augmentation du risque de décès prématuré, hypertension artérielle, hypertrophie myocardique, perte osseuse en particulier chez la femme âgée [13-15]. Chez les patients symptomatiques, la parathyroïdectomie normalise la biochimie et accroît la densité osseuse [16]. Les modalités chirurgicales sont encore controversées. La sternotomie ou la thoracotomie est la voie d’abord classique pour les adénomes parathyroïdiens ectopiques de localisation médiastinale. En 1994, une alternative par thoracoscopie vidéo-assistée a été proposée dans le but de réduire l’extension de la voie d’abord classique et de diminuer sa morbidité [17,18]. Cet abord vidéo-assisté permet une bonne visualisation de la lésion au sein du médiastin. Ses inconvénients sont l’absence de vision en 3 dimensions et la perte de dextérité du chirurgien en comparaison à la chirurgie conventionnelle [19]. La chirurgie robotique offre un excellent confort chirurgical pour des équipes entraînées à cette technique. L’hypocalcémie est la complication postopératoire la plus constante. Son absence met en doute la résection complète du tissu tumoral. Les signes cliniques les plus fréquents sont une excitabilité neuromusculaire avec des paresthésies, des crampes et/ou des crises de tétanie. À un stade plus évolué apparaissent des troubles de conscience, des crises convulsives et des bronchospasmes ou laryngospasmes [20]. Elle est en règle modérée chez les patients opérés pour hyperparathyroïdie primitive. Elle ne doit être traitée que si elle devient symptomatique puisque la calcémie se normalise en règle au 4e ou 5e jour. En dessous de 1,9 mmol l–1 et avec des symptômes musculaires ou électrocardiographiques, des perfusions de calcium sont administrées durant 24 à 48 heures (gluconate de calcium 100 mg en 15 minutes puis 1 à 2 mg/kg/h). La persistance de l’hypocalcémie au-delà est due le plus souvent à une avidité de l’os pour le calcium nécessitant une supplémentation phosphocalcique et une vitaminothérapie D [21]. 5. Conclusion Les adénomes parathyroïdiens ectopiques sont rares et leur localisation médiastinale intrathymique l’est encore plus. Ces adénomes sont souvent asymptomatiques, et le diagnostic peut être évoqué devant la persistance des troubles du métabolisme phosphocalcique avec une tomodensitométrie thoracique montrant une masse du médiastin antérieur et supérieur. La prise en charge est une exérèse chirurgicale sans délai permettant d’apporter une guérison sans récidive chez la majorité des patients.   Références Ruda J M, Hollenbeak C S, Stack B C. 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mars 1, 2017