Chirurgie cardiaque · Vol. 20 Mars 2016

Endocardites aiguës infectieuses compliquées d’extension paravalvulaire : 35 ans d’expérience

Simon Rouzé1, Erwan Flécher1, Matthieu Revest2, Thierry Langanay1, Hervé Corbineau1, Bernard Lelong1, Antoine Roisné3, Julien Guihaire1, Alain Leguerrier1, Jean-Philippe Verhoye1   1. Service de chirurgie cardiothoracique et cardiovasculaire, centre hospitalier universitaire de Rennes, France. 2. Service des maladies infectieuses, centre hospitalier universitaire de Rennes, France. 3. Département d’anesthésie réanimation, centre hospitalier universitaire de Rennes, France. Correspondance : simon.rouze@chu-rennes.fr   Résumé Objectif : Décrire notre prise en charge médicochirurgicale des patients souffrant d’une endocardite aiguë infectieuse (EAI) compliquée d’extension paravalvulaire. Méthodes : D’octobre 1979 à décembre 2014, 955 patients ont subi une chirurgie pour EAI ; parmi eux, 207 avaient une EAI avec extension paravalvulaire. L’âge moyen était de 59,9 ± 15,4 ans, et 162 (78 %) étaient des hommes. Cent trente-sept patients (66 %) avaient une endocardite aortique isolée ; 138 avaient une endocardite sur valve native (67 %). Le suivi était complet à 99 % (suivi moyen de 6,5 ± 7,4 ans – de 0 à 34,8 années). Résultats : La mortalité opératoire de notre population était de 16 % (n = 34). Les fistules, l’utilisation de valve mécanique et l’insuffisance rénale étaient des facteurs de risque indépendants de mortalité opératoire. La survie à 1, 5, 10 et 15 ans était respectivement de 90,3 % ± 2,3 %, 62,4 % ± 3,7 %, 49,3 % ± 4,1 %, et 37,9 % ± 4,4 %. Les endocardites à streptocoque (toutes espèces), les réparations complexes de l’anneau valvulaire et l’insuffisance cardiaque préopératoire étaient des facteurs de risque indépendants de mortalité à long terme. Vingt-neuf patients ont nécessité une réintervention (14 %). L’endocardite à streptocoque pneumoniae était le seul facteur de risque indépendant de réintervention précoce (survenant dans les 30 jours suivant la chirurgie ou durant la même hospitalisation). L’absence de réintervention à 1, 5, 10 et 15 ans était de 91,9 % ± 2,2 %, 89,6 % ± 2,6 %, 89,6 % ± 2,6 % et 87,0 % ± 3,5 % respectivement. Les facteurs de risque indépendants de réintervention à long terme étaient la chirurgie en urgence, les endocardites sur valve prothétique et les réparations complexes de l’anneau valvulaire. Conclusion : L’EAI compliquée d’extension paravalvulaire reste un challenge chirurgical. Un parage radical des tissus infectés est fondamental, ce d’autant qu’il s’agit d’une endocardite à streptocoque. Les prothèses valvulaires conventionnelles, et en particulier les bioprothèses, sont associées à de bons résultats à court et long termes.    Abstract A 35-year experience in the management of endocarditis complicated with paravalvular involvement Aim: To describe our clinical and surgical approaches for patients suffering from severe active infective endocarditis (AIE) complicated with paravalvular involvement. Methods: From October 1979 to December 2014, 955 patients underwent surgery for AEI; among them, 207 had severe AEI with paravalvular extension. The mean age of patients was 59.9±15.4 years, and 162 (78%) were male. 137 patients (66%) had isolated aortic valve endocarditis. 138 had native valve endocarditis (67%). Follow-up was 99% complete (mean of 6.5 ±7.4 years; range 0-34.8 years). Results: The operative mortality of the cohort was 16% (n=34). Abnormal communication, mechanical valve implantation and renal failure were inde- pendent predictors of 30-day mortality. Survival at 1, 5, 10 and 15 years was 90.3% ±2.3%, 62.4%±3.7%, 49.3% ±4.1% and 37.9% ±4.4%, respectively. Streptococcus endocarditis (all species), complex annulus repair and preoperative heart failure were independent predictors of long-term death. Twenty-nine patients required a reoperation (14%). Streptococcus pneumonia endocarditis was the only independent predictor of early reoperation (within 30 days af- ter surgery or during the same hospitalization). Freedom from reoperation at 1, 5, 10 and 15 years was 91.9% ±2.2%, 89.6% ±2.6%, 89.6% ±2.6% and 87.0% ±3.5%, respectively. Independent predictors of late reoperation were urgent/emergent surgery, prosthetic valve endocarditis and complex annulus repair. Conclusion: AEI complicated with paravalvular involvement remains a surgical challenge. Radical debridement of all the infected tissues is mandatory, especially for Streptococcus endocarditis according to our experience. Conventional prosthetic valves and bioprostheses, rather than mechanical valves, are associated with favorable outcomes in case of severe AIE. Télécharger l'article complet en PDF Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared.  
mars 15, 2016