Chirurgie thoracique · Vol. 22 Mars 2018

La chirurgie du pectus excavatum : expérience du CHU de Tours

Thierry Merlini*, Pierre Lhommet, Pierre Dupont, Pascal Dumont CHU de Tours, France. *Auteur correspondant : thierrymerlini@gmail.com   DOI : 10.24399/JCTCV22-1-MER Citation : Merlini T, Lhommet P, Dupont P, Dumont P. La chirurgie du pectus excavatum : expérience du CHU de Tours. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2018;22(1). doi: 10.24399/JCTCV22-1-MER   Résumé Objectif : l’objectif de cette étude rétrospective était d’analyser les résultats de la prise en charge chirurgicale du pectus excavatum au CHU de Tours et d’évaluer le niveau de satisfaction des patients. Matériels et méthodes : tous les patients opérés de pectus excavatum au CHU de Tours de décembre 2005 à août 2016 ont été étudiés. Les patients ont été soumis à un questionnaire standardisé de satisfaction et de qualité de vie. Résultats : 25 procédures selon la technique de Nuss et 16 selon celle de Ravitch ont été réalisées. Deux patients du groupe Nuss ont été repris chirurgicalement devant un résultat esthétique insatisfaisant par une nouvelle procédure de Nuss pour un malade et par une reprise chirurgicale en Ravitch pour le second malade. Deux patients du groupe Ravitch ont été réopérés pour disjonction et migration de matériel. Un patient est décédé des suites d’une complication hémorragique grave au décours d’une procédure de Nuss. 93,4 % des patients soumis au questionnaire ont présenté un niveau de satisfaction majeure. Conclusion : le niveau de satisfaction des patients après correction chirurgicale du pectus excavatum est convenable. Les complications hémorragiques sont rares mais graves et doivent faire l’objet d’une information éclairée.   Abstract Pectus excavatum surgery: Tours University Hospital experience Objective: The objective of this retrospective study was to study the outcome of surgical management of pectus excavatum at the CHU of Tours and to assess the level of patient satisfaction. Materials and methods: All patients undergoing pectus excavatum surgery at the CHU of Tours from December 2005 to August 2016 were studied. Patients were subjected to a standardized questionnaire assessing satisfaction and quality of life. Results: A total of 25 procedures were performed according to the Nuss technique and 16 using the Ravitch procedure. Two patients from the Nuss group reported an unsatisfactory aesthetic result, which was followed by a new Nuss procedure for one patient and a surgical Ravitch revision for the other. Two patients in the Ravitch group were reoperated for disjunction and migration of material. A patient died as a result of a severe hemorrhagic complication during a Nuss procedure. In total, 93.4% of patients surveyed reported a high level of satisfaction. Conclusion: The level of satisfaction of patients after surgical correction of pectus excavatum was high. Hemorrhagic complications are rare but severe and must be explained to the patient.   1. Introduction Le pectus excavatum correspond à la déformation de la paroi thoracique la plus fréquemment rencontrée. Sa prévalence est de 8/1000 [1]. La croissance excessive et/ou asymétrique des cartilages de croissance refoule parfois le sternum en avant (thorax en carène) mais le plus souvent le phénomène se produit vers l’arrière, réalisant le pectus excavatum. La déformation est rarement à l’origine de complications cardiorespiratoires mais le retentissement psychologique est souvent sévère [2]. La gêne esthétique peut s’accompagner de palpitations, de douleurs thoraciques et parfois de dyspnée d’effort. L’élément le plus récurrent et le plus invalidant reste le handicap social généré, en particulier au moment de l’adolescence. Parmi les nombreuses techniques chirurgicales décrites pour corriger le préjudice esthétique, deux procédures de correction osseuse ont connu un essor important. La première, décrite par Ravitch [3] puis modifiée, associe des ostéotomies sternales antérieures et costales multiples, des résections cartilagineuses suivies de la mise en place d’une ou de plusieurs attelles métalliques de stabilisation. Cette technique est toujours d’actualité et opportune dans les cas de déformations importantes, asymétriques, à paroi rigide et lorsqu’il existe des saillies cartilagineuses disgracieuses. La deuxième, décrite par Nuss [4], s’adresse préférentiellement aux enfants et jeunes adultes avec la mise en place de barre rétrosternale par double abord vidéothoracoscopique. Cette deuxième technique permet de limiter la taille des cicatrices et ne comporte pas de résections chondrocostales. Le principe repose sur la malléabilité des cartilages de croissance permettant une reconfiguration satisfaisante du thorax par l’application d’une ou de plusieurs barres métalliques endothoraciques. Ainsi, la technique mini-invasive de Nuss a révolutionné la prise en charge des patients souffrant de pectus excavatum depuis la fin des années 1990. Cette technique était historiquement destinée aux enfants avant la publication de résultats encourageants chez les jeunes adultes tant au niveau esthétique qu’en termes de sécurité [5]. Le niveau de satisfaction des patients, quant à lui, est peu décrit dans la littérature alors que l’indication de cette chirurgie repose souvent sur l’aspect esthétique seul. Ces travaux sont en effet peu nombreux malgré l’engouement actuel pour la chirurgie du pectus excavatum. Les résultats de la correction chirurgicale du pectus excavatum sont difficiles à évaluer puisque les éléments de satisfaction retenus par les patients sont multifactoriels : aspect esthétique, douleurs et cicatrice en particulier. Il a donc été nécessaire de développer des questionnaires de satisfaction adaptés, reproductibles et validés. L’objectif de l’étude a été d’analyser les caractéristiques de la prise en charge chirurgicale du pectus excavatum au CHU de Tours et d’évaluer le niveau de satisfaction des patients. 2. Matériel et méthodes Un recueil rétrospectif de l’ensemble des patients opérés au CHU de Tours de pectus excavatum a été réalisé entre décembre 2005 et août 2016. Les caractéristiques démographiques de la population ont été recueillies. Le bilan préopératoire a comporté des EFR, une échographie cardiaque, un scanner thoracique et un ECG chez chacun des patients. L’indication opératoire et la technique chirurgicale ont été retenues sur des critères morphologiques (profondeur, asymétrie et saillies des rebords chondrocostaux) et sur l’appréciation de la plasticité du thorax par un seul et même chirurgien. L’indication chirurgicale était retenue pour des déformations thoraciques esthétiquement préjudiciables, après plusieurs consultations chez des patients ayant terminé leur croissance. Un délai de réflexion de plusieurs mois était respecté. La technique de Nuss était réservée aux patients présentant une déformation moyennement importante, un thorax souple et symétrique et sans saillies majeures des rebords chondrocostaux. La technique de Ravitch était, quant à elle, plutôt réservée aux déformations profondes et asymétriques, aux patients présentant des thorax rigides et aux saillies importantes des rebords chondrocostaux. Les patients ont été opérés de façon standardisée selon les techniques de Nuss ou de Ravitch sous anesthésie générale et ont bénéficié d’une péridurale à visée antalgique.   2.1. Technique de Nuss Sous anesthésie générale, deux incisions transverses dans la ligne médio-axillaire étaient réalisées de façon symétrique. Un arceau rétrosternal était cintré à la mesure de la déformation thoracique. Un guide de passage rétrosternal était introduit de part et d’autre sous contrôle vidéothoracoscopique en arrière et au contact du sternum pour mettre en place un lac tissu entre les deux incisions. L’arceau rétrosternal était fixé au lac tissu pour être guidé dans le thorax sous contrôle vidéothoracoscopique simple ou double avant d’être retourné. L’arceau était fixé par deux stabilisateurs latéraux. Lorsqu’un deuxième arceau était nécessaire, il était introduit par les mêmes incisions et selon la même technique. Le matériel utilisé était Lorenz Pectus Support Bar (Biotmet microfixation, Toermalijnring, Pays-Bas).   2.2. Technique de Ravitch Sous anesthésie générale, une incision transversale sous-mammaire était réalisée pour effectuer un décollement présternal étendu. De multiples ostéochondrotomies de la paroi thoracique antérieure et des ostéotomies sternales étaient réalisées avant une stabilisation par ostéosynthèse à l’aide de 2, 3 voire 4 attelles métalliques fixées aux côtes par deux agrafes chacune. Le matériel utilisé était le système STRATOS (Strasbourg Thoracic Osteosynthesis System, MedXpert, Heitersheim, Allemagne). Le délai recommandé de 3 ans était respecté, en l’absence d’évènement intercurrent, avant de proposer une ablation de l’ensemble du matériel pour les patients opérés de Nuss, alors qu’un délai généralement plus court (9 mois environ) l’était pour les patients opérés de Ravitch. Les complications opératoires et les réinterventions ont été répertoriées ainsi que les évènements significatifs lors des consultations postopératoires. Un questionnaire de 16 items (new Single Step Questionnaire ou SSQ) [6] a ensuite été proposé téléphoniquement à chacun des patients entre mars et mai 2017 [figure 1] pour évaluer le niveau de satisfaction postopératoire des patients. Les réponses recueillies étaient une valeur entière comprise entre 1 et 5 pour 13 des items et une valeur entière comprise entre 1 et 10 pour 3 des items.   [caption id="attachment_3981" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Single Step Questionnaire Score.[/caption]   2.3. Analyse statistique Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel SPSS (SPSS™ Inc, Chicago, Illinois, États-Unis) version 15.0. Les variables continues sont décrites sous la forme de moyenne ± écart type ou médiane +/- extrêmes. Les tests d’indépendance entre deux variables qualitatives ont été effectués par des tests du Chi2 et exact de Fisher, et entre deux variables quantitatives par le test de Student. La significativité statistique était déterminée par une valeur de p < 0,05. 3. Résultats 3.1. Démographie  Quarante et une procédures ont été réalisées chez 39 patients dans cet intervalle par un seul et même opérateur. Vingt-cinq procédures selon la technique de Nuss et 16 selon celle de Ravitch ont été réalisées. Un patient a été opéré selon la technique de Nuss avant une reprise par Ravitch dans un second temps et un patient a été opéré selon la technique de Nuss avec une reprise chirurgicale à distance selon la même technique. La population était essentiellement masculine (92,3 %) et jeune (âge moyen = 20,6 ans). Les symptômes fonctionnels, quand ils existaient (36 % dans le groupe Nuss et 56,2 % dans le groupe Ravitch), étaient essentiellement la dyspnée (26 %) et les douleurs thoraciques (13 %). 53,2 % de la population n’avaient pas de symptôme fonctionnel. Le pourcentage de correction de la déformation thoracique lors de l’examen préopératoire à la manœuvre de Valsalva avait été évaluée à 53 +/- 16,4 en moyenne dans le groupe Nuss et à 28 +/- 17 dans le groupe Ravitch (p < 0,0001).   Tableau 1. Caractéristiques cliniques et démographiques. 3.2. Bilan préopératoire  Les explorations fonctionnelles respiratoires étaient dans les limites de la normale pour tous les patients (VEMS moyen = 95,6 % et CVF moyenne = 89,9 %). La CVF était significativement plus importante dans le groupe Nuss que dans celui de Ravitch (95,5 % vs 83,3 %, p < 0,005). Trois patients présentaient des anomalies bénignes à l’ECG (bloc de branche droit et tachycardie sinusale). L’échographie cardiaque était normale chez 32 patients (82 %). Une non-compaction du ventricule gauche asymptomatique a été décrite, un foramen ovale perméable, deux insuffisances tricuspides, une insuffisance aortique sur bicuspidie et une compression extrinsèque des cavités droites par la paroi thoracique sans retentissement hémodynamique.   Tableau 2. Bilan préopératoire. 3.3. Complications immédiates  Groupe Nuss : un patient a présenté un pneumothorax résiduel dans les suites, spontanément résolutif. Un patient a présenté une pneumopathie et un autre un retard de cicatrisation sans infection de matériel. Un patient a présenté une complication hémorragique grave peropératoire avec plaie transfixiante de la veine cave inférieure, compliquée d’un arrêt cardiaque peropératoire prolongé. Le patient a présenté un syndrome neurovégétatif postopératoire sévère et est décédé 3 mois plus tard des suites d’une infection respiratoire. Groupe Ravitch : 2 patients ont présenté des pneumothorax spontanément résolutifs, 2 autres ont présenté des pleurésies nécessitant un drainage et 2 patients ont présenté des retards de cicatrisation sans infection de matériel.   3.4. Complications à distance  Groupe Nuss : aucune fracture de matériel n’a été relevée mais une migration de barre a été mise en évidence chez un patient. Groupe Ravitch : 4 patients ont présenté une fracture de matériel et un patient a présenté une migration de barre consécutive à une disjonction attelle/agrafe.   3.5. Reprises chirurgicales  Groupe Nuss : 2 patients ont été réopérés dans ce groupe. Un patient a été repris selon la technique de Ravitch en raison d’une correction insuffisante 18 mois après la chirurgie initiale. Un patient a été repris selon la technique de Nuss à 2 ans avec dépose et repose d’un nouvel arceau rétrosternal selon la même technique, en raison d’une dégradation progressive de la correction consécutive à la migration de l’arceau initial. Groupe Ravitch : 2 patients ont été repris chirurgicalement selon la même technique. Un patient a été réopéré à cause d’une fracture de matériel avec un remplacement de l’attelle défectueuse et un patient a été réopéré à 23 mois de la chirurgie initiale pour migration de barre consécutive à une disjonction attelle/agrafe.   Tableau 3. Complications postopératoires.   3.6. Ablation de matériel  Vingt-cinq patients (64,1 %) ont fait l’objet d’une ablation de matériel. Groupe Nuss : seul un patient qui avait dépassé le délai des 3 ans postopératoires était toujours porteur de son matériel. Groupe Ravitch : 11 patients (73,3 %) ont fait l’objet d’ablation de matériel, soit de façon réglée dans les 2 premières années postopératoires, soit assez précocement pour fracture de matériel.   3.7. Questionnaire SSQ  Les 30 patients (77 %) qui ont pu être contactés ont tous accepté de répondre au questionnaire lors d’un entretien téléphonique ; 8 patients ont été perdus de vue et un décédé. La moyenne du score de satisfaction au questionnaire SSQ était de 65,5 +/- 6,7 [figure 2] dans le groupe Nuss et de 64,6 +/- 3,7 dans le groupe Ravitch (p = 0,6). Les valeurs moyennes du score SSQ sont de 64 +/- 3,1 dans le sous-groupe des patients porteurs de matériel au moment du recueil et de 69,7 +/- 3,3 dans le sous-groupe des patients ayant fait l’objet de l’ablation de matériel (p = 0,3). Le sous-groupe des patients dits compliqués (pleurésie, pneumothorax, retard de cicatrices, fracture/migration de matériel et reprise chirurgicale) avait un score SSQ moyen de 63,6 +/- 3,2 et le sous-groupe sans complication avait un score moyen de 66,5 +/- 2,9 (p = 0,03) sans différence significative [figure 3]. Vingt-huit patients (93,4 % des patients interrogés) ont présenté un score SSQ très satisfaisant (SSQ > 52,8 points) et 2 patients (6,6 %) ont présenté un score SSQ moyennement satisfaisant (52,8 > SSQ > 41).   [caption id="attachment_3982" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Score SSQ.[/caption]   [caption id="attachment_3983" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Score SSQ en fonction du sous-groupe.[/caption] 4. Discussion 4.1. Choix de la technique  La plupart des patients souhaitent de prime abord être opérés selon la technique de Nuss car moins invasive et réalisée par de courtes incisions. L’argument principal dans notre série pour orienter le choix vers la technique de Nuss a été l’évaluation préopératoire de la souplesse du thorax avec une évaluation de la correction de la déformation lors de manœuvres dynamiques (Valsalva) à la consultation. Par ailleurs, lorsque la déformation thoracique était franchement asymétrique et/ou s’il était nécessaire de réaliser d’emblée des résections des saillies cartilagineuses ou xiphoïdiennes, la technique de Ravitch semblait plus opportune. Des éléments techniques ont été décrits dans la littérature pour pouvoir toutefois traiter des thorax asymétriques selon la technique de Nuss (positionnement, courbure et fixation de la barre) [7] mais parfois avec des résultats insatisfaisants et des déformations postopératoires en pectus carinatum. Plusieurs travaux ont permis dans la littérature d’établir des index de sévérité radiologique du pectus excavatum, comme l’index de Haller [7] ou celui de l’index de correction [8] au scanner comme à l’IRM [9]. Le caractère rétrospectif de cette étude n’a pas permis cependant de déterminer les valeurs des index de déformation thoracique et de les étudier car seule une partie des scanners était disponible à l’élaboration du travail.   4.2. Complications  Une complication hémorragique majeure a été décrite dans cette série au décours d’une procédure de Nuss malgré l’utilisation de la vidéothoracoscopie au moment de l’introduction de la barre rétrosternale conformément aux recommandations. Depuis cette complication (survenue en 2009), de plus en plus d’articles scientifiques ont été publiés dont une revue de la littérature rapporte des plaies cardiaques constatées au décours de technique de Nuss (et au décours de Ravitch) avec des conséquences dramatiques [10]. Des équipes ont développé des techniques supplémentaires pour limiter les risques de complications hémorragiques au moment du passage de la barre en tractant à l’aide de sutures transfixiantes le sternum en avant [11]. La pratique de la chirurgie du pectus excavatum repose sur une courbe d’apprentissage qui permet de diminuer significativement ce genre de complications avec l’expérience acquise. La survenue de l’accident hémorragique grave au décours d’une procédure de Nuss a conduit dans notre expérience à proposer préférentiellement la technique de Ravitch en particulier aux patients présentant des déformations profondes et/ou présentant un thorax rigide. Les complications rencontrées au cours du suivi ont été différents en fonction des techniques opératoires : Groupe Nuss : une migration de barre a été mise en évidence avec la nécessité d’une reprise chirurgicale deux ans après la première intervention (dépose et repose d’un arceau rétrosternal selon Nuss). Tous les patients opérés selon la technique de Nuss ont été opérés avec la mise en place de stabilisateurs de barre, ce qui explique le faible taux de migration de barres. En effet, Croitoru et al. [12] ont proposé une modification de la technique de Nuss en ajoutant des stabilisateurs bilatéraux de barres et démontré une diminution significative des phénomènes de dislocation (15 % vs 5 %). D’autres auteurs proposent d’utiliser des barres de longueur réduite afin de limiter les phénomènes de dislocation [13] ou invitent à solidariser la barre à l’aide de fils d’acier [14]. Groupe Ravitch : d’assez nombreuses fractures d’attelles ou d’agrafes (25 %) dans le groupe Ravitch ont été constatées avec comme conséquence une dépose de matériel assez précoce sans toutefois porter préjudice au résultat esthétique. Ces éléments sont apparus fréquents et justifient un suivi clinique et radiographique rapproché, ce d’autant qu’ils constituent un facteur d’inquiétude chez les patients. Un patient opéré en 2007 a présenté une disjonction attelle/agrafe à 2 ans avant d’être réopéré. Une patiente opérée en 2008 a été reprise chirurgicalement en 2010 pour fracture d’attelle et remplacement de celle-ci. Deux autres patients ont présenté des fractures isolées d’attelles (2007 et 2009). Dans la littérature, les fractures de matériel isolées (sans déplacement du montage) ne sont pas rapportées explicitement et empêche une analyse comparative avec cette étude. Un déplacement d’attelle responsable de douleurs consécutive à une disjonction attelle/agrafe a nécessité une reprise chirurgicale. Une revue de la littérature rapporte un taux cumulé de 4,6 % [15] de déplacement d’attelle, ce qui est comparable aux chiffres retrouvés dans cette cohorte. Par ailleurs, une autre équipe [16] a mis en évidence des taux de migration/fractures d’attelle de l’ordre de 44 % (29 % d’asymptomatiques), en particulier pour les fixations les plus antérieures. L’industrie, quant à elle, a régulièrement modifié le matériel pour limiter ces phénomènes.   4.3. Reprises chirurgicales Au total, 4 patients (10,2 %) ont été repris chirurgicalement. Groupe Nuss : 2 patients ont été réopérés pour échec devant la constatation à court et moyen termes d’un résultat esthétique insatisfaisant. Un des deux échecs semble à posteriori pouvoir être attribué à une mauvaise indication de technique opératoire puisqu’un des patients a finalement dû être réopéré selon une technique de Ravitch pour obtenir un résultat satisfaisant. Groupe Ravitch : 2 patients ont été réopérés à cause de défaut de matériel (migration et fracture d’attelle). Le choix de la technique opératoire ainsi que la qualité du matériel semblent essentielles pour limiter le taux de reprise chirurgicale.   4.4. Choix du questionnaire  Plusieurs questionnaires de satisfaction et de niveau de qualité de vie ont été décrits dans la littérature [17]. Le premier a été le questionnaire de Nuss, destiné aux populations pédiatriques, et a fait l’objet d’une adaptation aux adultes sous l’appellation « Nuss questionnaire modified for Adults » ou NQmA (figure 1). Ce questionnaire nécessite une analyse pré puis postopératoire des réponses et participe plutôt à évaluer l’impact de la chirurgie sur la qualité de vie des patients. Le questionnaire SSQ [6] utilisé dans ce travail est une évolution du NQmA et a été développé pour évaluer les résultats de la chirurgie du pectus excavatum en termes de qualité de vie et de satisfaction globale du patient. Le SSQ a été décrit pour évaluer la technique de Nuss dans la littérature et paraît adapté également pour la technique de Ravitch. Il permet d’évaluer dans sa globalité la satisfaction et la qualité de vie des patients après la chirurgie, grâce à un seul questionnaire complet postopératoire. Le niveau de satisfaction des patients a été déterminé par la somme des réponses aux 16 questions avec une valeur maximale théorique de 95 points. La valeur numérique de chacune des réponses est proportionnelle au degré de satisfaction des patients. Trois niveaux de satisfaction ont ainsi été déterminés dans la littérature par Krasopoulos et al. en fonction du score global SSQ : les résultats considérés comme insuffisants (score compris entre 0 et 41 points), les résultats moyennement satisfaisants (score compris entre 41 et 52,8 points) et enfin les résultats très satisfaisants (score entre 52,8 et 95 points) [6]. L’essentiel de la cohorte interrogée (93,4 %) a présenté un score SSQ considéré comme très satisfaisant et aucun résultat n’a été considéré comme insuffisant. Ce bon résultat s’explique probablement car les patients chez qui un résultat esthétique avait été considéré cliniquement comme insuffisant avaient été repris chirurgicalement afin d’obtenir un résultat satisfaisant. Seulement 6,6 % des patients (n = 2) ont présenté un score SSQ considéré selon Krasopoulous comme un résultat moyennement satisfaisant. Un des deux patients présentant un score SSQ moyennement satisfaisant avait été initialement opéré selon la méthode de Nuss, avant d’être repris chirurgicalement dans un deuxième temps selon la technique de Ravitch. Cette succession d’évènements participe au score sensiblement moins bon que le reste de la cohorte. Le deuxième patient présentant un score de satisfaction mineure a été opéré selon la technique de Nuss et sans complication relevée (pas de reprise chirurgicale ni fracture ou déplacement de matériel en particulier). Deux études seulement dans la littérature comparent les niveaux de satisfaction des patients opérés selon la technique de Nuss et celle de Ravitch au sein d’un même centre mais concernent exclusivement des populations pédiatriques. Lam et al. [18] ont évalué le niveau de satisfaction avec des questionnaires complets (PEEQ et CHQ-CF 87) dédiés aux populations pédiatriques qui comprenaient l’avis parental.   4.5. Limites de l’étude Une des principales limites de l’étude est son caractère rétrospectif qui suggère un questionnaire de qualité de vie et de satisfaction parfois très à distance de la chirurgie. Les questionnaires ont tous été soumis aux patients entre mars et mai 2017 concernant des gestes opératoires réalisés entre décembre 2005 et août 2016. Certains malades ont donc été évalués à moins d’un an après leur chirurgie alors que d’autres l’étaient à plus de dix ans. Cependant, l’impact psychologique de la prise en charge du pectus excavatum étant vraiment important, la plupart des patients gardent un souvenir précis de leur prise en charge qui s’avère souvent correspondre à la seule expérience hospitalière qu’ils aient eue. L’instauration d’un questionnaire de façon systématisé à distance de l’ablation du matériel permettrait d’homogénéiser les réponses et de rendre les conclusions plus pertinentes encore. Un autre élément discutable de l’étude est celui de l’analyse d’une cohorte avec seulement 64,1 % des patients qui ont été évalués après l’ablation du matériel. Ce résultat s’explique car une partie du groupe Nuss n’avait pas dépassé le seuil théorique des 3 ans auquel on propose l’ablation du matériel classiquement. Les autres patients ont préféré repousser volontairement le geste d’ablation de matériel (contraintes scolaires ou professionnelles) ou ont été perdus de vue. Le choix de ne pas exclure les patients n’ayant pas fait l’objet d’ablation du matériel a permis de ne pas priver l’étude d’un nombre non négligeable de procédures et de pouvoir mettre en évidence que le taux de satisfaction n’était pas influencé dans notre étude par cet élément. 5. Conclusion La chirurgie du pectus excavatum repose dans notre équipe sur deux principales techniques dont les résultats sont bien décrits dans la littérature avec un engouement actuel concernant la technique la moins invasive (Nuss). Le principal objectif de cette chirurgie est de répondre à la plainte esthétique des malades souvent à l’origine d’un retentissement psychologique sévère chez des patients jeunes. Cette étude est la première à notre connaissance à comparer le niveau de satisfaction d’une population non pédiatrique opérée de pectus excavatum selon la technique de Nuss et de Ravitch. Les résultats en termes de satisfaction et de qualité de vie sont très satisfaisants à court et long termes. Les taux de complications chirurgicales ont été réduits significativement grâce à la modification des techniques historiques, en particulier grâce à l’avènement du contrôle vidéothoracoscopique. Les fractures de matériel sont fréquentes et justifient les efforts actuels de l’industrie pour limiter ces phénomènes et les interventions itératives en conséquence. La technique de Nuss pose le problème de complications hémorragiques rares mais graves qui doivent être clairement expliquées aux candidats à ce type de chirurgie à visée esthétique. Il est essentiel de bien mesurer la motivation de chacun des malades et d’expliquer au cours de plusieurs entretiens préopératoires les particularités de cette chirurgie, essentiellement sur le plan de la douleur et des risques de reprise chirurgicale.   Références Nuss D, Kelly RE. Indications and technique of Nuss procedure for pectus excavatum. Thorac Surg Clin 2010 Nov;20(4):583-97. https://doi.org/10.1016/j.thorsurg.2010.07.002 Malek MH, Fonkalsrud EW, Cooper CB. Ventilatory and cardiovascular responses to exercise in patients with pectus excavatum. Chest 2003 Sep;124(3):870-82. https://doi.org/10.1378/chest.124.3.870 Ravitch MM. 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Acceptation : 01/12/2017. Pré-publication : 07/12/2017  
mai 18, 2018
Cas clinique · Vol. 21 Septembre 2017

Diagnostic et prise en charge d’une hernie intercostale transdiaphragmatique droite

Romain Hustache-Castaing*, Caroline Rivera, Florence Mazères Service de chirurgie viscérale et thoracique, centre hospitalier de la côte Basque, Bayonne, France. * Correspondance : rom.castaing@gmail.com DOI : 10.24399/JCTCV21-3-HUS Citation : Hustache-Castaing R, Rivera C, Mazères F. Diagnostic et prise en charge d’une hernie intercostale transdiaphragmatique droite. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(3). doi: 10.24399/JCTCV21-3-HUS   Résumé Nous décrivons le cas d’une femme de 82 ans chez qui est survenue une hernie intercostale transdiaphragmatique droite un an après un traumatisme thoraco-abdominal avec fractures costales. Les circonstances de découverte sont un syndrome subocclusif. La réparation chirurgicale de cette hernie à distance de l’épisode aigu a permis de corriger les troubles du transit et le syndrome restrictif de la patiente avec un gain majeur en qualité de vie.   Abstract Diagnosis and management of a right transdiaphragmatic intercostal hernia We report the case of an 82-year-old woman who developed a right transdiaphragmatic intercostal hernia 1 year after a thoracoabdominal trauma with costal fractures. The circumstance of the discovery was a sub-occlusive syndrome. Surgical repair of this hernia at a distance from the acute episode corrected the transit disorders and the restrictive syndrome of the patient, with a major gain in quality of life.   1. INTRODUCTION La hernie intercostale transdiaphragmatique est une entité rare survenant à distance d’un traumatisme thoraco-abdominal responsable d’une hernie diaphragmatique évoluant vers la hernie intercostale. Le traumatisme entraîne une lésion du diaphragme ainsi qu’une faiblesse au niveau des muscles intercostaux, avec ou sans fracture costale. Ces lésions passent le plus souvent inaperçues initialement. En plus de l’hyperpression physiologique de la cavité péritonéale et la pression négative de la cavité pleurale, et contrairement aux hernies diaphragmatiques post-traumatiques classiques qui sont plus fréquentes à gauche qu’à droite, le caractère intercostal de la hernie intercostale transdiaphragmatique est favorisé par l’obstacle hépatique. La réparation se fait par abord thoracique et/ou abdominal, avec implantation ou non de renfort prothétique. Elle s’envisage de plus en plus par voie mini-invasive grâce aux progrès importants en thoracoscopie et laparoscopie.   2. OBSERVATION Nous rapportons le cas d’une patiente de 82 ans, aux antécédents d’hypertension artérielle, d’hypercholestérolémie, de dégénérescence maculaire liée à l’âge, d’appendicectomie et de prothèse de hanche droite, autonome à domicile, qui consulte aux urgences pour une altération de son état général, avec un Performance Status (PS) à 2, des douleurs abdominales prédominantes en hypochondre droit associées à une subocclusion intestinale. L’interrogatoire révèle l’existence d’une hernie diaphragmatique droite survenue dans les suites d’une fracture costale homolatérale un an plus tôt, pour laquelle un premier avis chirurgical avait été pris, sans décision d’intervention. À l’examen clinique, elle présente une volumineuse masse latérothoracique basale droite, sensible mais dépressible [figure 1]. [caption id="attachment_3833" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Masse latérothoracique basale droite visible à l’examen clinique en décubitus dorsal, circulation veineuse collatérale en regard.[/caption] Le scanner met en évidence la présence de contenu abdominal (épiploon, estomac, colon droit) dans la cavité pleurale droite, puis en sous-cutané par un passage dans le 8e espace intercostal en continuité avec la cavité péritonéale au travers du diaphragme en préhépatique [figures 2 et 3]. [caption id="attachment_3834" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Coupe coronale scannographique thoracoabdominopelvienne montrant la saillie transdiaphragmatique et intercostale droite des viscères ainsi que le volume occupé dans la cavité pleurale droite.[/caption] [caption id="attachment_3835" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Reconstruction en trois dimensions montrant la hernie digestive au travers du 8e espace intercostal.[/caption] Il n’y a pas de signe d’étranglement herniaire ou de perforation d’organe creux, les parois digestives sont de densité normale. Le foie est en position intraabdominale. Les lobes pulmonaires moyen et inférieur sont atélectasiés, il n’y a pas de déviation des structures médiastinales. L’indication opératoire de cure chirurgicale de cette hernie thoracodiaphragmatique et intercostale droite est retenue. Elle est réalisée à distance de l’épisode aigu de troubles du transit, après réalisation d’un bilan fonctionnel cardiorespiratoire qui montre l’absence d’insuffisance cardiaque avec une FEVG à 64 %, un syndrome obstructif réversible sous béta2-mimétiques avec un VEMS passant de 78 % à 90 % de la théorique et un syndrome restrictif modéré avec une CV à 74 %, et une CPT à 86 % de la théorique. L’intervention est réalisée en décubitus latéral gauche de trois quarts [figure 4], avec intubation orotrachéale sélective. [caption id="attachment_3836" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Installation en décubitus latéral gauche de trois quarts, repérage du 8e espace intercostal droit montrant son élargissement.[/caption] Un abord direct par thoracotomie au niveau du 8e espace intercostal droit permet la réduction des organes digestifs dans la cavité péritonéale à travers l’orifice herniaire diaphragmatique droit [figure 5]. Ce dernier est fermé par une prothèse type Sil-Promesh (15 x 20 cm) fixée aux berges du diaphragme par des points séparés de fil non résorbable [figure 6]. L’espace intercostal est quant à lui renforcé par une plaque non résorbable Parietex fixée aux espaces intercostaux sus et sous-jacents par des points séparés de fil résorbable [figure 7]. [caption id="attachment_3837" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. Vue peropératoire antérieure après réduction de la hernie montrant la cavité pleurale en haut et la cavité péritonéale en bas.[/caption] [caption id="attachment_3838" align="aligncenter" width="300"] Figure 6. Vue peropératoire antérieure montrant la fermeture de la cavité péritonéale par une prothèse diaphragmatique.[/caption] [caption id="attachment_3839" align="aligncenter" width="300"] Figure 7. Vue peropératoire montrant la fermeture de la cavité pleurale par une plaque prothétique de renfort intercostal.[/caption] Les suites opératoires sont simples avec un dédrainage pleural à J2, et une reprise du transit à J2. La réexpansion pulmonaire est favorisée par de la kinésithérapie respiratoire et de la ventilation non invasive. La sortie d’hospitalisation vers un centre de réhabilitation respiratoire est effective à J6 de l’intervention. La patiente, qui vit seule, regagne son domicile après trois semaines, elle est autonome, non douloureuse et la radiographie thoracique de contrôle montre une réexpansion pulmonaire quasi complète [figure 8]. [caption id="attachment_3840" align="aligncenter" width="300"] Figure 8. Radiographie pulmonaire de face à 1 mois postopératoire montrant l’absence de récidive précoce, une coupole diaphragmatique en place et une bonne expansion pulmonaire.[/caption] À huit mois de l’intervention, la patiente est en très bon état général, PS 0, autonome au domicile, a repris ses activités habituelles dont le jardinage. Elle ne prend plus aucun traitement antalgique et ne présente ni douleur, ni dyspnée, ni troubles du transit. Cliniquement, la hernie pariétale n’a pas récidivé [figure 9]. [caption id="attachment_3841" align="aligncenter" width="300"] Figure 9. Résultat clinique à 8 mois montrant la cicatrisation cutanée et l’absence de récidive.[/caption] La radiographie thoracique est normale et les épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR) montrent un VEMS à 110 % de la valeur théorique, un coefficient de Tiffeneau à 104 % et une CVF à 117 %.   3. DISCUSSION Les hernies transdiaphragmatiques acquises surviennent, soit à la suite d’un traumatisme thoracoabdominal pénétrant (arme blanche, plaie balistique) avec lésion directe du diaphragme, soit par écrasement (chute, accident de la voie publique) créant une hyperpression abdominale déchirant les fibres musculaires du diaphragme. Sa fréquence est estimée entre 0,8 et 15 % de l’ensemble des traumatismes thoraco-abdominaux [1] et elle est beaucoup plus fréquente à gauche qu’à droite en raison du rôle protecteur du foie [2]. L’histoire naturelle est généralement marquée par trois phases : la phase aiguë, du traumatisme initial jusqu’à l’apparente récupération, la phase latente avec hernie asymptomatique des organes digestifs dans le thorax, et la phase obstructive, marquée par l’étranglement herniaire [3]. Dans notre cas, il s’agit d’une hernie intercostale droite transdiaphragmatique à la phase obstructive, dont la cause initiale est un traumatisme thoracique bas avec fracture de côte, puis dont le mécanisme est favorisé par l’hyperpression abdominale, majorée chez une patiente en surpoids, ainsi que par la dépression pleurale. La différence physiologique de pression thoracoabdominale associée à une zone de faiblesse diaphragmatique est à l’origine de la hernie qui s’aggrave dans le temps. De plus, le trajet sous-cutané des viscères abdominaux peut s’expliquer par l’obstacle hépatique ne permettant pas leur passage direct à travers le diaphragme vers la cavité pleurale. Devant la relative bonne tolérance clinique et le terrain fragile de la patiente, la décision d’une intervention chirurgicale différée est prise. L’absence de signes scannographiques de souffrance digestive permet de programmer l’intervention en semi-urgence et de réaliser un bilan fonctionnel cardiorespiratoire afin d’éviter des troubles hydroélectrolytiques. Une abstention thérapeutique ne paraît pas indiquée chez notre patiente, d’une part en raison du risque d’étranglement herniaire, dont le taux de mortalité varie entre 30 et 80 % [1], et dont elle a présenté des signes annonciateurs sous la forme d’un syndrome sub-occlusif et, d’autre part, compte tenu de l’altération de la qualité de vie engendrée par la hernie. Nous avons choisi d’effectuer la réparation par voie thoracique afin de contrôler la bonne reventilation des lobes atélectasiés en fin d’intervention et parce qu’il n’y avait pas de geste prévu à l’étage abdominal. Cette stratégie est en accord avec ce qui est décrit dans la littérature [4]. Le choix d’une vidéothoracoscopie aurait pu être discuté dans le cas d’une réparation diaphragmatique stricte [5], mais l’utilisation d’un matériel prothétique à la fois pour le défect diaphragmatique et pour l’espace intercostal la rend difficile. Les bénéfices attendus de cette chirurgie sont la diminution des douleurs abdominales et des troubles digestifs, l’amélioration de l’état général, l’augmentation de la capacité respiratoire, l’amélioration de la qualité de vie, voire le gain esthétique. Les complications postopératoires peuvent essentiellement être respiratoires, marquées par une pneumopathie ou un défaut de réexpansion pulmonaire. Elles sont prévenues par la kinésithérapie respiratoire associée à la ventilation non invasive et à la mobilisation précoce. Une paralysie phrénique, dont il est difficile d’estimer si elle est secondaire au traumatisme ou à l’intervention chirurgicale, peut être révélée en période postopératoire. Les complications digestives se limitent dans la grande majorité des cas à un simple ileus intestinal qui se lève en quelques jours et il convient de réalimenter les patients dès la reprise des gaz.   4. CONCLUSION La hernie intercostale transdiaphragmatique est une entité rare dont le diagnostic est rendu difficile par sa survenue tardive après un évènement traumatique. Le traitement est exclusivement chirurgical et doit être envisagé à chaque fois que le patient est opérable car la mortalité des hernies compliquées est importante et la qualité de vie est considérablement améliorée après réparation. RÉFÉRENCES Reber PU, Schmied B, Seiler CA, Baer HU, Patel AG, Büchler MW. Missed diaphragmatic injuries and their long-term sequelae. J Trauma 1998 Jan;44(1):183–8. https://doi.org/10.1097/00005373-199801000-00026 PMid:9464770 Shah R, Sabanathan S, Mearns AJ, Choudhury AK. Traumatic rupture of diaphragm. Ann Thorac Surg 1995 Nov 1;60(5):1444–9. https://doi.org/10.1016/0003-4975(95)00629-Y Grimes OF. Traumatic injuries of the diaphragm. RN 1975 Feb;38(2):OR8, OR10, OR12. Smith RS, Fry WR, Tsoi EK, Morabito DJ, Koehler RH, Reinganum SJ et al. Preliminary report on videothoracoscopy in the evaluation and treatment of thoracic injury. Am J Surg 1993 Dec;166(6):690–3;discussion 693–5. https://doi.org/10.1016/S0002-9610(05)80681-6 Bagheri R, Tavassoli A, Sadrizadeh A, Mashhadi MR, Shahri F, Shojaeian R. The role of thoracoscopy for the diagnosis of hidden diaphragmatic injuries in penetrating thoracoabdominal trauma. Interact Cardiovasc Thorac Surg 2009 Aug 1;9(2):195–8. https://doi.org/10.1510/icvts.2008.195685 PMid:19470502 Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 11/05/2017. Acceptation : 07/07/2017. Pré-publication : 07/07/2017.  
septembre 21, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Abstracts 2017

T-31 – Impression 3D de la paroi thoracique antérieure : DIY (do it yourself)

Olivier Pagès, Laurent Brouchet, David Grossin Clinique des Cèdres, Cornebarrieu ; CHU Larrey, Toulouse ; ENSIACET, Institut national polytechnique de Toulouse   Objectif : 1- Formation facile (simplicité, gratuité) aux outils d’impression 3D récemment démocratisés. 2- Mise au point et acquisition d’une méthode ou chaîne numérique, facilement reproductible et diffusable, permettant l’impression 3D de la paroi thoracique antérieure à partir de n’importe quel CD-Rom de scanner thoracique réalisé en routine. Cela s’inscrit dans un projet de remplacement prothétique sur mesure de la paroi thoracique. Méthode : Fréquenter les réseaux de Fablabs, espaces ouverts de création collaborative offrant une aide bénévole pour passer du concept au prototype. Ils proposent notamment des formations aux techniques de modélisation-impression 3D. Consulter sur le Web les nombreux tutoriels en accès libre (en français ou anglais). Utiliser des logiciels téléchargeables gratuitement sur Internet pour l’imagerie médicale (type Osirix ou Invesalius), et la modelisation 3D (type Blender et Meshmixer). Résultat : Deux fois deux heures de cours en Fablab ont permis d’acquérir les connaissances de base de logiciels de graphisme 3D, et de comprendre la séquence numérique vers l’impression 3D. Les tutoriels des différents logiciels disponibles en ligne ont permis ensuite d’approfondir les connaissances de certaines fonctionnalités des logiciels d’imagerie médicale et de graphisme 3D. Une chaîne numérique a pu être ainsi construite, du scanner du patient au fichier d’impression 3D (.stl). Conclusion : La démocratisation récente des techniques d’impression 3D offre une réelle démystification de ce domaine de l’informatique. Il est aujourd’hui facile de s’y former. Cela autorise à passer d’un concept au prototype en utilisant des outils disponibles gratuitement sur Internet : « imprimez votre idée ». Il a ainsi été possible d’élaborer une chaîne numérique aboutissant au fichier .stl permettant l’impression 3D de la paroi thoracique de façon simple (à partir d’un CD-Rom utilisé en routine), reproductible et via des logiciels en open source téléchargeables gratuitement sur Internet. Cette chaîne fera prochainement l’objet d’un tutoriel accessible en ligne.     Chest wall 3D printing: DIY   Objectives: 1- Get started with 3D printing tools. 2-Develop a replicable method allowing human chest wall 3D printing, from a standard chest tomography datas. This is part of a project for customized sternal prosthesis. Methods: Teaching was provided through fablabs, which are plateforms dedicated to collaborative creations (Fablabs propose 3D print classes), and through consulting tutorials on internet. Free softwares were downloaded from the web for clinical imaging (such as Osirix or Invesalius) and for 3D modeling (Blender, Meshmixer, Meshlab). Results: Two lessons of 2 hours each allowed a basic knowledge for 3D printing methods. Many free online tutorials offered further informations for softwares functionality. A new digital process was then developed, from patient chest CT to 3D printing file .stl. Conclusion: Recent progress in 3D printing make it accessible to people without computing knowledge : “You can print your idea”. We performed a new, replicable, and free digital process, allowing human chest wall 3D printing from an ordinary chest CT.   Séance : Posters thoracique 1 - vendredi 9 juin - 12:15-13:45
mai 24, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Mars 2017

Épiplooplastie de recouvrement après résection de la paroi thoracique pour ostéoradionécrose sternale

Jocelyn Bellier1*, Christophe Jayle2, Édouard Sage1, Matthieu Glorion1, Philippe Puyo1, Benoît Couturaud1, Alain Chapelier1   1. Service de chirurgie thoracique et transplantation pulmonaire, hôpital Foch, Suresnes, France. 2. Service de chirurgie cardiaque et thoracique, CHU, Poitiers, France. * Correspondance : jocelyn.bellier@free.fr DOI : 10.24399/JCTCV21-1-BEL Citation : Bellier J, Jayle C, Sage E, Glorion M, Puyo P, Couturaud B, Chapelier A. Épiplooplastie de recouvrement après résection de la paroi thoracique pour ostéoradionécrose sternale. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(1). doi: 10.24399/JCTCV21-1-BEL Résumé Objectif : L’ostéoradionécrose (ORN) sternale est une complication pouvant survenir plusieurs décennies après une irradiation thoracique. En cas de lésions sévères avec ulcération cutanée, le traitement chirurgical associant une résection pariétale à un recouvrement par lambeau peut être proposé. Nous rapportons ici notre expérience du lambeau épiploïque dans ce contexte. Méthode : Ont été inclus rétrospectivement les patients présentant une ORN sternale ulcérée entre 2005 et 2015. Résultats : Treize patients, d’âge médian 69,2 [46,5-92,8] ans ont été inclus. Le délai médian entre la radiothérapie et la résection était de 30 ans. Après une résection cutanée et osseuse sternale élective, l’épiploon, prélevé par une laparotomie sus-ombilicale, pédiculisé sur l’artère gastroépiploïque droite et ascensionné par un trajet sous-cutané, a recouvert complètement le défect pariétal. La mortalité était nulle et la cicatrisation a été obtenue chez tous les patients. Une nécrose partielle du lambeau a été observée chez 2 patients, d’évolution favorable sous traitement local. Une éventration postopératoire a nécessité une cure chirurgicale secondaire. Conclusion : Après résection élective sternale pour ORN, le lambeau épiploïque offre une couverture efficace et simple permettant une cicatrisation complète. Les propriétés angiogéniques et immunitaires de l’épiploon en font le lambeau de choix pour le recouvrement des ORN sternales. Abstract Objective: Sternal OsteoRadioNecrosis (ORN) is an uncommon complication that may occur several decades after thoracic radiation therapy. For severe lesions with skin ulceration, radical treatment by resection of ORN and coverage with a flap can be proposed. We report herein our experience of sternal ORN treatment with an omental flap. Methods: Retrospective analysis from January 2005 and December 2015 of all patients with ulcerated ORN. Results: Thirteen patients with a median age of 69.2 years were treated for an extended sternal ORN. Median interval between radiotherapy and treatment was 30 years. After elective cutaneous and sternal resection, the omentum was removed by a supra-umbilical median incision, pediculated over the right gastroepiploic artery and subcutaneously translated to cover the parietal defect. The chest wall healing was achieved in all patients with no mortality. Partial necrosis of the flap was noticed in 2 patients with a good evolution with local treatment. One case of eventration required a surgical cure in the follow-up. Conclusions: After elective sternal resection for severe ORN, the omental flap offers an efficient and simple coverage allowing complete healing in all patients. Angiogenic and immune abilities of the omentum make it the flap of choice for the coverage of sternal ORN. 1. Introduction L’ostéoradionécrose de la paroi thoracique est une complication tardive de la radiothérapie. Elle se caractérise par une nécrose du tissu osseux consécutive à la perte de la microvascularisation et à l’apparition d’un tissu fibreux pauvre en cellules immunitaires le rendant propice aux infections. Cette pathologie se rencontre essentiellement au niveau de la mâchoire et du fémur dans le cadre de la radiothérapie des cancers ORL et pelviens et sa survenue dépend du type d’os atteint, de la dose et du fractionnement de la radiothérapie [1]. L’atteinte sternale est rare et survient le plus souvent très à distance d’une radiothérapie pour cancer du sein. En cas de survenue d’ulcération cutanée avec infection, la première approche thérapeutique associe des soins locaux avec détersion des tissus superficiels nécrotiques, l’antibiothérapie voire l’oxygénothérapie hyperbare [2]. Cependant, en cas d’échec et d’ORN sternales étendues avec atteinte cutanée, une prise en charge chirurgicale doit être envisagée. Celle-ci reste difficile en raison de l’étendue de la résection osseuse nécessaire et de la limitation des possibilités de recouvrement. Dans les infections de la paroi thoracique, particulièrement après sternotomie, l’épiploon est un lambeau de recouvrement largement utilisé avec de bons résultats. Son utilisation en cas d’ORN sternale est peu décrite et nous rapportons ici notre expérience de résection d’ORN du sternum avec recouvrement par un lambeau épiploïque. 2. Patients et méthodes Il s’agit d’une étude rétrospective sur la période de janvier 2005 à décembre 2015. Outre les données démographiques, nous avons collecté les données cliniques et celles liées à la pathologie carcinologique initiale. Le diagnostic d’ORN était le plus souvent évident [figures 1a et b] ou confirmé par une biopsie afin de ne pas méconnaître une pathologie tumorale. L’analyse bactériologique a été faite pour orienter l’antibiothérapie.   [caption id="attachment_3063" align="aligncenter" width="300"] Figures 1a et b. Images radiocliniques typiques d'ostéoradionécrose sternale.[/caption]   Les variables continues étaient exprimées par la médiane [minimum-maximum] et les variables qualitatives par leur fréquence exprimée en pourcentage. 2.1. Technique opératoire Le premier temps comportait le prélèvement épiploïque par une courte laparotomie médiane sus-ombilicale [figure 2].   [caption id="attachment_3064" align="aligncenter" width="219"] Figure 2. Épiploon prélevé par laparotomie sus-ombilicale.[/caption]   Après avoir vérifié sa viabilité, l’épiploon était pédiculé sur l’artère gastroépiploïque droite, cette manœuvre optimisant la longueur utile du lambeau [3]. La zone d’ORN sternale était réséquée « à la demande », jusqu’à obtenir des tissus cutanés et osseux viables, en respectant le plus souvent la table interne postérieure du sternum [figure 3] ; en cas d’atteinte fréquente des cartilages costaux, ceux-ci étaient réséqués.   [caption id="attachment_3065" align="aligncenter" width="266"] Figure 3. Résection osseuse élective de la zone d'ostéoradionécrose.[/caption]   L’épiploon extériorisé était alors transféré par un trajet sous-cutané jusqu’à la zone réséquée ; il recouvrait l’ensemble la zone de résection et était fixé par des points simples de polyglactine 2-0 sur les berges cutanées. La cicatrisation était ensuite dirigée par pansement gras [figure 4].   [caption id="attachment_3066" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Suivi de cicatrisation.[/caption] 3. Résultats Nous avons ainsi pris en charge 13 patients, 12 femmes et un homme, d’âge médian de 69,2 [46,5-92,8] ans. Les patients avaient pour antécédents un carcinome mammaire dans 12 cas et un carcinome thymique dans 1 cas. Le délai médian entre la radiothérapie et le traitement chirurgical de l’ORN était de 30 [10-42] ans. Une biopsie préopératoire a été nécessaire pour confirmer le diagnostic d’ORN dans 4 cas. Une tentative infructueuse de couverture préalable par myoplastie avait été réalisée dans un autre centre chirurgical chez 3 patients. L’ORN sternale était le siège d’une infection documentée dans 10 cas. Les prélèvements bactériologiques montraient une infection plurimicrobienne dans 5 (38,5 %) cas, le germe le plus représenté étant le Staphylococcus aureus (46,1 %) [tableau 1]. Durant l’intervention, 3 patients ont eu un geste complémentaire : une mastectomie dans 2 cas et une ablation de prothèse mammaire dans un cas. Une greffe de peau fine a été réalisée dans le même temps opératoire dans un cas de résection très étendue, afin d’accélérer la cicatrisation.   Tableau 1. Proportion des germes retrouvés lors des prélèvements bactériologiques préopératoires. Germes N Pourcentage Staphylococcus 6 46,2 % Streptococcus 4 30,8 % Klebsiella 2 15,4 % Pseudomonas aeruginosa 1 7,7 % Citrobacter koseri 1 7,7 % Enterococcus 1 7,7 % Proteus mirabilis 1 7,7 % Escherichia coli 1 7,7 % pas de germe 3 23,1 %   Une complication locale est survenue chez 4 patients : il s’agissait d’une nécrose superficielle limitée de l’épiploon (n = 2), d’une surinfection localisée de la zone de résection (n = 1) et d’un abcès de la laparotomie (n = 1). L’évolution a été favorable par un traitement local dans tous les cas. Une complication postopératoire est survenue chez 6 patients : infection urinaire (n = 4), une pneumonie postopératoire (n = 1) et un accident neurovasculaire (n = 1). La mortalité postopératoire était nulle et la cicatrisation a été obtenue chez tous les patients. La cure chirurgicale d’une éventration abdominale a été faite à distance chez un patient. 4. Discussion L’ORN est une complication des rayons ionisants pouvant survenir plusieurs décennies après la radiothérapie, et ce, malgré les techniques modernes de radiothérapie [4]. Celle-ci induit une hypoxie tissulaire secondaire à la thrombose de la microvascularisation laissant en place un tissu fibreux réactionnel pauvre en cellules immunitaires. L’ensemble de ces phénomènes aboutit à une nécrose tissulaire et à l’ORN. Au niveau du sternum, la forme clinique habituelle est constituée par des élevures osseuses sous une peau fine en territoire irradié. La prise est charge de ces lésions quand survient une ulcération cutanée est mal codifiée. La possibilité d’une récidive tardive de la pathologie tumorale initiale ou la survenue d’un sarcome radio-induit doit être écartée par une biopsie en cas de doute mais celle-ci n’est pas obligatoire devant un tableau radioclinique évocateur. Dans les formes débutantes, le traitement peut se limiter à des soins locaux associés à une antibiothérapie voire à une oxygénothérapie hyperbare permettant une évolution favorable. Cependant, en cas d’échec et dans les formes étendues avec une ulcération cutanée, un geste chirurgical de résection est nécessaire pour obtenir la cicatrisation de la paroi thoracique. Après une large excision cutanée, la résection osseuse élective « à la demande » de la zone pathologique laisse en place la fibrose post-radique rétrosternale et ne compromet pas la stabilité de la paroi thoracique. Le choix du lambeau de recouvrement de la zone d’ORN est d’une importance primordiale dans la prise en charge de ces lésions étendues. Dans les exérèses sternales pour tumeur, le recouvrement par myoplastie utilisant le grand pectoral ou le grand dorsal est le procédé de choix offrant de très bons résultats [5,6]. Pour le recouvrement après ORN, le choix du lambeau reste controversé et différentes possibilités ont été rapportées. Des myoplasties de grand dorsal ont été utilisées mais exposent à une mauvaise adhésion tissulaire en milieu septique. De plus, la radiothérapie axillaire ou l’utilisation préalable des muscles thoraciques en chirurgie oncoplastique sont des limites supplémentaires à leur utilisation. L’épiplooplastie de recouvrement a été utilisée dans des indications aussi diverses que la reconstruction cervicale, pelvienne ou la couverture de prothèses vasculaires [7]. En chirurgie thoracique, l’épiploon a été utilisé dans la gestion de fistules bronchopleurales, de comblement de cavité de pneumonectomie ou encore dans le traitement des médiastinites post-sternotomie [8]. Son utilisation en tant que lambeau pariétal thoracique a été mentionnée pour la première fois en 1963 par Kiricuta [9] et deux publications anciennes [10,11] rapportaient d’excellents résultats de ces couvertures sternales. Plus récemment, Van Wingerden et al. [12] retenaient l’épiploon comme lambeau de choix dans le traitement chirurgical des infections de la paroi thoracique post-sternotomie. Des utilisations aussi diverses témoignent de la fiabilité de l’épiploon en tant que tissu de couverture. Les propriétés angiogéniques et immunologiques de l’épiploon sont connues de longue date et des études in vitro ont permis de mieux comprendre les mécanismes biologiques et cellulaires à l’origine des facultés de cicatrisation. Il a été montré que l’épiploon sécrète des facteurs de croissance, particulièrement le Vascular Endothelium Growth Factor, permettant de promouvoir sa vascularisation et le développement de cellules progénitrices [13]. L’épiploon peut alors augmenter sa masse et sa densité vasculaire [14]. Une étude récente [15] a également pu isoler plusieurs populations cellulaires dont certaines jouent un rôle immunomodulateur important et d’autres possèdent des capacités identiques aux cellules souches. Ces spécificités font de l’épiploon un tissu de choix pour la régénération et la cicatrisation tissulaire. Dans notre expérience, un lambeau épiploïque de recouvrement dans le traitement des ORN sternale a été utilisé chez 13 patients avec un résultat d’emblée excellent chez 11 patients. Dans 2 cas est survenue une nécrose partielle et superficielle du lambeau traitée avec succès par soins locaux avec excision du tissu nécrosé. Aucune récidive infectieuse n’a été constatée à distance. Bien que survenant souvent chez des patients fragiles présentant des comorbidités, la résection chirurgicale a été faite sans mortalité. Dans le traitement des ORN sternales, le recouvrement par l’épiploon est une solution efficace et adaptée à cette pathologie, le lambeau épiploïque apportant un tissu richement vascularisé aux grandes propriétés cicatrisantes. Elle est pour nous la technique de choix de couverture sternale dans cette indication.   Références Glanzmann C, Grätz KW. Radionecrosis of the mandibula: a retrospective analysis of the incidence and risk factors. Radiother Oncol J 1995;36:94–100. https://doi.org/10.1016/0167-8140(95)01583-3 Bennett MH, Feldmeier J, Hampson NB, Smee R, Milross C. Hyperbaric oxygen therapy for late radiation tissue injury. Cochrane Database Syst Rev 2016;4:CD005005. https://doi.org/10.1002/14651858.cd005005.pub4 Seman M, Bouchet-Doumenq C, Kirhch M, Menegaux F, Trésallet C. Mediastinal omentoplasty. J Visc Surg 2013;150:109–14. https://doi.org/10.1016/j.jviscsurg.2013.03.009 PMid:23582216 Maesschalck TD, Dulguerov N, Caparrotti F, Scolozzi P, Picardi C, Mach N et al. 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mars 1, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Mars 2017

Fractures d’implants d’ostéosynthèse thoracique : description des déplacements complexes de la paroi thoracique en 6D

Laurence Solovei1*, Dominique Ambard2, Robin Chastant3, Charles-Henri Marty-Ane3, Simon Le Floc’h2, Jean-Philippe Berthet3   1. Service de chirurgie thoracique et vasculaire, CHU de Montpellier, France. 2. Laboratoire de mécanique et génie civil, CNRS, Montpellier, France. 3. Service de chirurgie thoracique et vasculaire, CHU de Montpellier, France. * Correspondance : solovei.l@chu-toulouse.fr DOI : 10.24399/JCTCV21-1-SOL Citation : Solovei L, Ambard D, Chastant R, Marty-Ane CH, Le Floc’h S, Berthet JP. Fractures d’implants d’ostéosynthèse thoracique : description des déplacements complexes de la paroi thoracique en 6D. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(1). doi: 10.24399/JCTCV21-1-SOL Résumé La chirurgie de reconstruction pariétale thoracique a recours à des implants d’ostéosynthèse à fixation costale, en titane ou alliages de titane. Des complications, parfois graves, ont été décrites suite à ces interventions, notamment par fractures d’implants. L’évolution de nos pratiques chirurgicales passe par la compréhension fine des conditions de contraintes pariétales liées aux mouvements respiratoires. Les déplacements de repères, assimilés aux zones de fixation costale des implants, ont été étudiés par stéréocorrélation, sur la peau et directement sur les côtes de patients au bloc opératoire, selon six degrés de liberté : déplacements linéaires x, y, z et rotations φ, ψ, θ. Six patients ont pu être inclus. Les déplacements des repères, selon les axes x, y et z, sont faibles, respectivement de 0,43 mm ± 0,04, 1,36 mm ± 0,06 et 2,66 mm ± 0,13. Les amplitudes des déplacements sont corrélées aux volumes respiratoires. Une augmentation de 4 mL/kg entraîne une majoration des amplitudes de déplacements d’un facteur 1,6 en moyenne. La modélisation des implants a permis de confirmer le phénomène de rupture en fatigue pour le titane et d’identifier la flexion d’axe y et la traction-compression selon x comme les sollicitations mécaniques principales.   Abstract Titanium thoracic implant failures: 6D analysis of complex chest wall movements Thoracic osteosynthesis devices commonly used in reconstructive surgery are rib-fixation devices made of titanium or titanium alloys. Severe complications have been reported following these surgeries when implant fracture occurs. The evolution of our surgical practice requires detailed understanding of the local constraint conditions due to respiratory movements. Displacements of tags, related to the fixation area of the rib implants, were studied by stereocorrelation, first on the skin and then directly on the rib of patients in the operating room. The measures were made with six degrees of freedom: linear displacements x y z and rotations φ ψ θ. Six patients were included. The displacements of the tags, according to x, y and z are small: 0.43 mm ± 0.04, 1.36 ± 0.06 mm and 2.66 mm ± 0.13, respectively. The amplitudes of displacement are correlated with respiratory volumes. An increase of 4 mL/kg amplifies the movements by an average factor of 1.6. Numerical simulation of implants and constraints confirmed the phenomenon of fatigue failure for titanium and identified the flexion on the y axis and lateral compression as the main mechanical stresses.
   La chirurgie de la paroi thoracique doit répondre à un impératif de reconstruction pariétale optimale afin de préserver la mécanique ventilatoire et d’éviter les phénomènes de respiration paradoxale, pourvoyeurs d’atélectasies et d’infections postopératoires. Les indications en chirurgie pariétale peuvent être divisées en trois grands cadres nosologiques : carcinologique, malformatif et traumatique. Chacune de ces indications suit des principes thérapeutiques spécifiques. Dans le cadre de tumeurs malignes primitives ou secondaires, l’objectif premier est la résection tumorale complète en monobloc et en marges saines. Le défect pariétal est ensuite reconstruit grâce aux implants d’ostéosynthèse, associés ou non à des plaques de matériel résorbable (polyglactine) ou non résorbable (polytétrafluoroéthylene) [1,2]. Dans le cadre de malformations sévères et asymétriques, la chirurgie est une sternochondroplastie remodelante qui consiste à réséquer les excès de longueur des cartilages costaux, technique inspirée de celle décrite initialement par le Dr Ravitch [3]. Le plastron sternocostal est ensuite maintenu et renforcé par un ou plusieurs implants d’ostéosynthèse placés en arrière du sternum (soutien) ou en avant (contention), en fonction de la déformation à corriger [4,5]. Les implants d’ostéosynthèse costale ont été conçus selon les principes du biomimétisme. Ils permettent de rétablir la rigidité de la paroi afin que la mécanique ventilatoire soit conservée [6]. Ils doivent être suffisamment souples pour ne pas contraindre la dynamique respiratoire et, à la fois, suffisamment rigides pour assurer la fonction de protection de la paroi thoracique et éviter les phénomènes de respiration paradoxale [7]. Les matériaux métalliques de choix sont le titane et ses alliages car ils sont biocompatibles et élastiques [8]. En comparaison à d’autres matériaux, le titane offre un rapport rigidité/poids élevé et son intégration osseuse est supérieure à l’acier chirurgical [9]. De plus, sa faible densité et sa nature non ferromagnétique sont favorables aux examens radiologiques de la surveillance postopératoire, essentiellement en oncologie. Malgré les avantages de résistance et de biocompatibilité de ces implants, des complications sévères ont été décrites, dont certaines engagent le pronostic vital : infections postopératoires (entre 0 et 11,7 % selon les séries) [2,10], migrations de matériel, notamment en intrapéricardique ou intracardiaque, compliquées de tamponnade hémorragique [11-15] et fractures de matériel [16], bien que les études préliminaires industrielles aient montré que les implants en titane ou alliages de titane supportaient des contraintes supérieures à celles subies in vivo [10,17]. En cas de fracture de matériel, les risques de fistulisation cutanée avec infection secondaire et de migration des segments libres sont élevés. D’après une série récente de notre service portant sur 54 patients ayant subi une chirurgie pariétale, 44,4 % ont présenté une fracture ou un déplacement de matériel survenant pendant les 14 premiers mois postopératoires. Aucun des patients opérés n’a présenté de complications liées à une respiration paradoxale. Le rôle premier des implants de restitution de la rigidité pariétale a donc été rempli dans tous les cas. La position antérieure des implants apparaissait comme un facteur de risque significatif de rupture, en analyse univariée (p = 0,01) [18]. Le traitement de ces fractures de matériel est non consensuel, entre abstention thérapeutique, ablation de matériel et/ou réimplantation. Un implant fracturé précocement perd sa fonction première de protection et de soutien, de plus la mécanique ventilatoire peut être affectée. Des fractures plus tardives présentent un risque d’infection et de migration. Dans notre service, toute prothèse fracturée a fait l’objet d’une exérèse, plus ou moins repos, si l’on était en phase de consolidation ou en cas d’instabilité. Les implants explantés ont tous fait l’objet d’une analyse au microscope électronique à balayage (MEB) afin d’examiner les fragments et tranches de section des fractures. L’analyse des faciès de rupture a mis en évidence de nombreuses régions matées, correspondant à des zones de chocs répétés, probablement entre les deux segments fracturés, des microfissurations à la surface du métal et des stries de propagation de fissures. La présence de ces anomalies fait évoquer le mécanisme particulier de « rupture en fatigue » [figure 1]. Le phénomène de fatigue correspond à l’endommagement d’un matériau par la répétition de sollicitations mécaniques, même faibles, aboutissant finalement à la rupture, pour des contraintes inférieures à celles résultant d’actions statiques. Trois stades sont identifiés : l’amorçage, la propagation des fissures et la rupture. Les sollicitations mécaniques intervenant dans la fatigue sont les sollicitations cycliques axiales en traction-compression et rotatives. Les niveaux de contraintes qui causent une rupture en fatigue sont inférieurs à la limite de rupture du matériau.   [caption id="attachment_3102" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Agrandissement en microscopie électronique à balayage des faciès de rupture.[/caption]   L’analyse de notre pratique clinique nous a permis d’identifier des facteurs de risque de rupture modifiables, liés aux implants et à la technique chirurgicale, et d’autres non modifiables liés à la mécanique respiratoire, la pathologie en cause et le patient [tableau 1].   [caption id="attachment_3108" align="aligncenter" width="300"] Tableau 1. Classement des facteurs de risque de rupture-déplacement par famille.[/caption]   Parmi ces facteurs, nous avons choisi d’analyser les déplacements de la paroi thoracique. Les variations de volume, de diamètre antéropostérieur ou latérolatéral ont été étudiées. Les moyens de mesure utilisés ont évolué avec le temps : du tensiomètre à mercure aux pléthysmographes optoélectroniques [19-23]. Des études plus récentes, réalisées à partir de radiographies dynamiques, de scanners ou d’IRM, exploitent des logiciels de reconstruction (InSpace4D par exemple) pour analyser le mouvement de la paroi thoracique ou des côtes elles-mêmes, chez des patients sains et atteints de maladie pulmonaire, à partir des données radiologiques 2D [24,25]. Les variations de volume en mL de la cage thoracique peuvent ainsi être mesurées par IRM ou scanner [26]. Des cartographies de sommes de vecteurs de déplacements ont également été utilisées pour décrire les mouvements globaux de la paroi thoracique, par analyse de radiographies dynamiques [27]. Cependant, cette littérature ne fournit aucune donnée quantitative de déplacement costal. Seules de véritables évaluations 3D du mouvement (double caméra ou système Kinect) permettraient de fournir ces données numériques [28-30]. De Groote propose d’extrapoler les déplacements de la paroi thoracique à partir de ceux de marqueurs cutanés, placés sur le thorax de sujets sains. Les mesures sont réalisées dans les 3 axes x, y, z : axial, coronal, sagittal, sur des sujets assis, respirant au volume courant. La cage thoracique des sujets était quadrillée selon 4 niveaux et des marqueurs étaient positionnés sur la peau, à équidistance, sur chacun des niveaux prédéfinis. Les déplacements moyens mesurés au niveau du 4e espace intercostal, en parasternal, étaient de : 0,97 mm en x (pour chaque côté), 3,15 mm en y et 4,23 mm en z [29]. Cette étude a retenu notre attention car elle quantifie les déplacements cutanés de la paroi thoracique. Cependant, elle n’informe pas sur les mouvements physiologiques des côtes en rotation et ne reflète que les projections cutanées des déplacements de la paroi thoracique. Pour évaluer, au plus près de la réalité physiologique et clinique, les sollicitations mécaniques complexes, axiales et rotatives, imposées aux implants, nous avons émis l’hypothèse que la description fine des déplacements de la paroi thoracique requiert des mesures réalisées sur les côtes et dans les six degrés de liberté (DDL) suivants : les trois axes x, y, z et les trois rotations φ, θ et ψ [figure 2]. Nous avons mesuré les déplacements cutanés du thorax et ceux des arcs costaux antérieurs, en respiration normale et forcée, par stéréocorrélation d’images. Ces mesures nous permettront de vérifier si les déplacements relatifs répétés des extrémités des implants, solidarisés à l’os, sont responsables de fractures de matériel. Nous pourrons également chercher à établir une relation entre les déplacements mesurés sur les côtes et sur la peau.   [caption id="attachment_3103" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Représentation des six degrés de liberté : x, y, z, φ, θ et ψ.[/caption]   1. Matériel et méthodes   1.1 Stéréocorrélation d’images La conception de notre étude impose le respect d’un cahier des charges strict. La technique de stéréocorrélation d’images a été choisie pour réaliser ce travail. C’est une méthode optique sans contact, rapide, avec une résolution élevée, de l’ordre du dixième de millimètre [29], qui permet l’obtention d’une information de champ, par opposition à une information ponctuelle, afin d’évaluer les mouvements linéaires et angulaires. Elle consiste à faire la correspondance entre deux images numériques d’une surface observée, à deux états distincts de déformation : un état dit de « référence » et un autre dit « déformé ». La stéréovision repose sur le principe de triangulation entre deux caméras et le point observé. Le matériel de mesure était composé de deux caméras numériques haute résolution de petite taille, fixées sur un support métallique et un pied télescopique sur roulettes, connectées à un ordinateur [figure 3].   [caption id="attachment_3104" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Installation au bloc opératoire.[/caption]   Pour garantir l’exactitude des données, la calibration du système de mesure a été faite au préalable à l’aide d’une mire : plaque blanche quadrillée de petits cercles noirs, vides ou pleins. Enfin, la précision des mesures, vérifiée avec une table micrométrique, était de 50 μm.   1.2. Implants thoraciques Deux systèmes d’implants à fixation costale ont été utilisés au CHU de Montpellier : le système StraTos (Strasbourg Thorcic Osteosynthesis System, MedXpert, Heitersheim, Allemagne) et MatrixRIB (DePuy Synthes, West Chester, Pennsylvanie, États-Unis). Le système StraTos peut être employé dans les trois indications d’ostéosynthèse [31-33]. Le MatrixRIB est plus rarement utilisé dans les corrections de déformations pariétales congénitales. Les implants StraTos sont en titane pur (B265 grade 2), composés de 3 modules : une attelle dentelée et deux agrafes assurant la fixation au segment costal, de part et d’autre du défect pariétal ou de la fracture. L’attelle se glisse dans une charnière sur chacune des agrafes, réalisant ainsi un pont métallique de renforcement et de comblement pariétal. Les implants MatrixRIB sont composés de plaques prémodelées, incurvées et perforées, en alliage de titane Ti-6Al-7Nb, qui se vissent sur l’os sain.   1.3. Sélection des patients Les critères d’inclusion retenus sont : patients majeurs, consentement daté et signé, chirurgie programmée, chirurgie de reconstruction pariétale antérieure après exérèse tumorale, correction chirurgicale de déformations congénitales du thorax. Ont été exclus : les chirurgies de stabilisation de volets thoraciques, les chirurgies en urgence, les interventions dans le cadre d’infections chroniques ou aiguës. Le consentement, daté et signé, des patients à participer à une activité de recherche clinique a été recueilli au préalable.   1.4. Configuration des mesures La configuration des mesures étaient les suivantes : séries d’acquisitions d’images sur la peau, puis après incision, sur les arcs antérieurs des 3es aux 6es côtes, à raison de 4 images par seconde, pendant une minute, avec des paramètres respiratoires contrôlés sur respirateur. Deux modes ventilatoires ont été définis : « normal » et « forcé » pour des volumes de 6 et 10 mL/kg et des fréquences respiratoires à 10 et 15 cycles/minute respectivement. Le choix de 4 images par seconde se base sur une fréquence respiratoire de 12 cycles par minute. Une fois la calibration terminée, des marquages au sol étaient placés autour du support des caméras, pour déplacer aisément le matériel de mesure, sans perturber le déroulement de l’intervention [figure 3]. 1.5. Variables étudiées et traitement des données Les données de déplacement ont été traitées par le logiciel Vic3D (Correlated Solutions, États-Unis), qui reconstruit la surface observée en une surface maillée. La surface reconstruite correspondait à la surface cutanée du plastron thoracique antérieur et, une fois incisé, à la plus grande surface pariétale visible au sein du champ opératoire. Une fois les acquisitions effectuées, nous avons exporté les matrices de données au format MatlabTM.   [caption id="attachment_3105" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Surface reconstruite sous MatLab™ et positionnement des patchs sur les arcs antérieurs des 4es côtes droite et gauche (patient 1).[/caption]   Les variations de mouvements ont été analysées sous Matlab, après placement de « patchs » sur la surface reconstruite au niveau des côtes ou de leur projection cutanée. Ces « patchs », d’une surface d’un cm² chacun, étaient placés sur la surface maillée, à droite et à gauche, de façon symétrique, sur les zones correspondantes au site de fixation costale des implants, sur le 3e ou le 4e arc costal antérieur. Les patchs droit et gauche étaient espacés de 10 cm selon x. Les rotations et les déplacements relatifs de deux patchs opposés ont ainsi été mesurés pour les six degrés de liberté, selon les axes x, y et z et les rotations φ, ψ et θ, au cours du temps [figure 4]. Les amplitudes moyennes et les écarts-types de chacune de ces valeurs étaient ensuite calculés, en fonction des volumes respiratoires, normal et forcé, à 6 et 10 mL/kg respectivement. La position des patchs est la même pour toutes les acquisitions. Les écarts mesurés dans les six degrés de liberté ont servi à alimenter un modèle numérique de simulation. Cette simulation fait partie des outils de mathématiques appliquées et utilise la méthode des éléments finis. Tel qu’il a été programmé, le modèle estime les forces (F en newtons) et les couples (M en N.mm) engendrés par les déplacements respiratoires, pendant 10⁷ cycles respiratoires, correspondant à une durée approximative de 14 mois (fréquence respiratoire moyenne de 14 cycles/minute). L’échéance de 14 mois a été choisie, d’après la série publiée, car toutes les fractures d’implants survenaient avant cette date. La contrainte maximale subie par les implants après 10⁷ cycles a été estimée par la méthode des éléments finis, grâce aux données de déplacements. C’est le critère de von Mises, en MPa, qui est comparé aux limites de contrainte du matériau, valeurs théoriques connues. Les calculs et statistiques ont été réalisés sous Excel (Microsoft Office). 2. Résultats 2.1. Caractéristiques de population et mesures globales De janvier 2015 à mars 2016, six patients ont pu être inclus, de façon prospective et continue. Les premières acquisitions ont été faites sur un patient « test » en janvier 2015, qui n’a pas été inclus. Le détail des caractéristiques de la population sont présentées dans le tableau 2. Le sex-ratio est de 2 femmes pour 4 hommes. L’âge moyen est de 27,7 ± 14,6 ans. Les indices de masse corporelle (IMC) sont bas, inférieurs à 20 kg/m² en moyenne (19,2 kg/m²). Cinq sternochondroplasties remodelantes et une sternectomie partielle ont été réalisées.   [caption id="attachment_3109" align="aligncenter" width="300"] Tableau 2. Caractéristiques de la population. [/caption]   PE pectus excavatum, PC pectus carinatum, PA pectus arcuatum, IMC : Indice de masse corporelle, CPT : capacité pulmonaire totale, Nuss : barre en acier chirurgical, SCPR : sternochondroplastie Les caractéristiques des mesures globales sont renseignées dans le tableau 3 : moyennes et écarts-types des distances et des angles entre les repères droit et gauche pour chaque patient. La distance moyenne mesurée entre les patchs est de 92,03 mm ± 0,17 en ventilation normale. La différence d’angle θ informe sur le type de malformation pariétale : valeurs négatives en cas de pectus excavatum ou arcuatum, et fortement positives chez les deux patients porteurs d’un pectus carinatum.   [caption id="attachment_3110" align="aligncenter" width="300"] Tableau 3. Caractéristiques des mesures : moyennes et écart-types des écarts entre les repères droit et gauche, selon les six degrés de liberté.[/caption]   2.2. Déplacements costaux dans les trois axes et différences peau-côtes Les déplacements moyens mesurés en x, y et z sur la peau sont respectivement de 0,43 ± 0,04 mm, 1,36 ± 0,06 et 2,96 ± 0,13 mm, ce qui est cohérent avec la littérature [tableau 4].   [caption id="attachment_3111" align="aligncenter" width="300"] Tableau 4. Déplacements moyens selon x, y et z sur la peau et les côtes.[/caption]   Sur les côtes, les déplacements mesurés sont de : 0,44 ± 0,07 mm selon x, 1,65 ± 0,08 mm selon y et 2,66 ± 0,1 mm selon z. La figure 5 représente les différences de déplacements entre la peau et les côtes selon les trois axes x, y et z. Il apparaît que les déplacements cutanés sont plus importants versus côtes en y (p < 0,001), alors que c’est l’inverse en z (p < 0,001).   [caption id="attachment_3106" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. Graphes des amplitudes des écarts dans les six degrés de liberté (patient 1) en ventilation normale, avec filtrage à une fréquence de coupure de 120 bat/min.[/caption]   2.3. Déplacements relatifs en 6D Les amplitudes moyennes mesurées des déplacements relatifs des extrémités des implants, en fonction des volumes respiratoires, sont représentées dans le tableau 5. Les figures 4 et 5 illustrent les résultats obtenus pour le patient 1. L’aspect périodique des courbes correspond aux mouvements cycliques en fonction du temps, liés aux cycles respiratoires successifs.   [caption id="attachment_3112" align="aligncenter" width="300"] Tableau 5. Amplitudes moyennes des écarts selon les six degrés de liberté.[/caption]   Les amplitudes moyennes des écarts en x étaient de 0,54 mm (± 0,33), en y de 0,24 mm (± 0,15), en z de 0,55 (± 0,5), en φ (rotation autour de x) de 1,55° (± 1,11), en θ (rotation autour de y) de 1,03° (± 0,63) et en ψ (rotation autour de z) de 1,43° (± 0,93). Les valeurs des déplacements relatifs entre les deux modes de ventilation sont statistiquement différentes (p < 0,05), sauf pour les angles φ et ψ [tableau 5]. Les rapports moyens entre les amplitudes des déplacements relatifs en mode forcé versus normal sont de 1,6 en linéaire et en rotation [tableau 6].   [caption id="attachment_3113" align="aligncenter" width="300"] Tableau 6. Rapports moyens et écart-types entre les amplitudes des écarts selon les six degrés de liberté en mode ventilatoire forcé versus normal (en italique, valeurs illogiques).[/caption]   2.4. Simulation numérique : forces et couples Le modèle numérique a permis d’estimer les forces et les couples engendrés par les déplacements respiratoires mesurés pendant 10⁷ cycles respiratoires, soit environ 14 mois. Les estimations des forces montrent que la sollicitation mécanique la plus défavorable, pour les implants posés en antérieur, est une flexion d’axe y, en craniocaudal, de faible amplitude : couple moyen = 190 N.mm. La contrainte maximale, en MPa, subie par les implants après 14 mois (ou critère de von Mises), a également été estimée pour chaque patient [tableau 7].   [caption id="attachment_3114" align="aligncenter" width="300"] Tableau 7. Résultats de la simulation numérique des sollicitations mécaniques respiratoires sur un implant thoracique (VM contrainte de Von Mises, F force, M couple).[/caption]   3. Discussion 3.1. Avantages de l’étude Ce travail sur l’analyse des mouvements de la paroi thoracique se démarque des précédentes études par l’obtention des valeurs numériques des déplacements costaux antérieurs, en 6D, avec une précision micrométrique, grâce à la stéréocorrélation d’images. Les déplacements moyens mesurés en x, y et z sur la peau étaient respectivement de 0,43 ± 0,04 mm, 1,36 ± 0,06 et 2,96 ± 0,13 mm. Sur les côtes, les déplacements mesurés étaient : 0,44 ± 0,07 mm selon x, 1,65 ± 0,08 mm selon y et 2,66 ± 0,1mm selon z. Les forces et couples les plus défavorables aux implants à fixation costale semblent être la traction-compression (selon x) et la rotation selon y (en craniocaudal). La simulation numérique nous a permis de modéliser l’implant et de lui soumettre les déplacements mesurés. Pour interpréter les données issues de la simulation, les caractéristiques intrinsèques des matériaux doivent être connues [tableau 8]. La contrainte maximale de von Mises est presque toujours supérieure à la limite de contrainte maximale du titane pur. Ces résultats sont concordants avec les faits cliniques rapportés de rupture d’implants, en particulier ceux en titane pur.   [caption id="attachment_3115" align="aligncenter" width="300"] Tableau 8. Caractéristiques mécaniques des matériaux utilisés en modélisation.[/caption]   3.2. Limites Le faible effectif de l’étude, lié aux conditions de recrutement, est une limite. Entre 6 et 8 patients sont opérés par an pour ce type de chirurgie. En 18 mois, sept acquisitions ont été réalisées. La première n’était pas exploitable et considérée comme test. La poursuite des inclusions dans ce protocole permettra de corriger le manque de puissance de l’étude actuelle et éventuellement d’étudier séparément les groupes par pathologie « déformations congénitales » et « résections tumorales ». Sur le plan expérimental et méthodologique, notre cahier des charges imposait des conditions expérimentales exiguës. Pour ce qui est de la surface étudiée, nous étions limités au champ opératoire, au sein de l’incision cutanée, relativement réduit et qui ne peut être élargi. L’extrapolation de nos résultats est limitée par les conditions expérimentales : patients allongés et anesthésie générale. Aussi, notre technique de mesure est invasive et il est difficile d’envisager son utilisation en dehors d’un cadre expérimental. Cependant, une des pistes de recherche pour généraliser l’emploi de la stéréocorrélation dans l’évaluation des patients est la détermination d’une corrélation entre les déplacements cutanés et costaux. Dans la limite de notre étude, nous n’avons pu mettre en évidence une telle relation. Il semblerait que les déplacements en z (antéropostérieur) soient plus amples sur la peau que sur les côtes pour la majorité des patients [figure 6]. Les phénomènes de glissement du tissu sous-cutané sur la paroi pourraient expliquer cette tendance [34].   [caption id="attachment_3107" align="aligncenter" width="300"] Figure 6. Graphiques des amplitudes moyennes des déplacements selon x, y et z, sur la peau et les côtes.[/caption]   3.3. Déplacements et variations inter-individuelles Les déplacements mesurés sont de faible amplitude et diffèrent d’un patient à un autre. Les patients 2 et 3 sont des cas de reprise chirurgicale pour récidive de malformations après une première chirurgie. Chez ces patients, les tissus sont cicatriciels et fibreux, ce qui peut expliquer que les déplacements observés soient globalement moindres, que les résultats de simulation retrouvent une contrainte de von Mises plus faible et que les différences peau-côtes soient moins prononcées. Pour le patient 6, il s’agit d’une adulte à thorax « normal », sans malformation congénitale, ce qui peut également expliquer que les déplacements mesurés et les contraintes engendrées soient moins importants que chez les autres patients de la cohorte. Ces hypothèses pourraient être vérifiées avec l’inclusion de patients supplémentaires. 3.4. Modes de ventilation et notions de forces Les amplitudes de déplacements relatifs selon les deux modes ventilatoires sont différentes, et ce de façon significative (p < 0,05). Le rapport moyen est de 1,6 pour les déplacements linéaires et angulaires, en faveur du mode « forcé ». Des consignes postopératoires personnalisées pourraient être émises, avec des cibles quantitatives de volume courant, pour une meilleure observance. Un outil d’autoévaluation de type spiromètre portatif pourrait être utilisé et servir au suivi postopératoire. Les mesures réalisées sous anesthésie générale caractérisent des mouvements majoritairement passifs de la cage thoracique. Les forces résultantes de l’action des muscles de la respiration sont complexes et ont fait l’objet de nombreuses études. Grâce au modèle de Hill et Abbott [35], des mesures effectuées par électromyographie (EMG) ont permis de calculer les forces musculaires générées par les muscles respiratoires. Une étude menée sur volontaires sains rapporte avec l’EMG des forces de l’ordre de 10 à 60 N, en fonction des groupes musculaires : muscles sternocléidomastoïdien, intercostal externe, grand droit et oblique externe [36]. Un autre article s’intéressant aux fractures d’implants en polymères résorbables, a estimé les forces des muscles intercostaux internes et externes à 30 N [37]. Les valeurs estimées dans notre travail sont cohérentes avec ces valeurs (Fx = 60,5N en moyenne). En revanche, elles sont discordantes avec les couples citées par les industriels, notamment Synthes, qui sont de l’ordre de 40 N.mm. 3.5. Techniques chirurgicales Les déplacements de la cage thoracique après correction, implants en place, n’ont pas été mesurés car la technique chirurgicale des corrections de pectus a été partiellement modifiée depuis fin 2014, à la suite des résultats publiés montrant des taux élevés de fractures [18]. Inspirés des techniques modifiées de sternochondroplastie remodelante, nous utilisons actuellement une barre rétrosternale en acier chirurgical, courte et rigide, sans fixation costale, dans le cadre des corrections de déformations congénitales [38]. Cet implant est retiré au 6e mois postopératoire. Aucune complication n’a été constatée à ce jour sur les 10 patients opérés par cette technique. En pratique, nous continuons à utiliser les implants StraTos et Matrix Rib dans les reconstructions post-résection tumorale pariétale, post-traumatique et parfois en contention dans les pectus carinatum. Dans les cas de reconstruction pariétale, les déplacements relatifs des recoupes costales après exérèse tumorale n’ont pas été étudiés. En effet, une de nos hypothèses initiales de travail était de considérer que les implants ne gênent pas la respiration, selon le principe du biomimétisme. Cette hypothèse pourrait être vérifiée ultérieurement en comparant les déplacements des côtes avant et après la pose des implants. La constatation de nombreux cas de fractures de matériel d’ostéosynthèse, plus ou moins compliquées, remet en cause les techniques chirurgicales. Des variantes de conception d’implants sans ou à fixation costale mobile ont été proposées et restent anecdotiques [39]. Le choix des matériaux dépend beaucoup des habitudes de chaque équipe. Des précautions ont été énoncées par les industriels pour la bonne utilisation des implants d’ostéosynthèse. Il est conseillé de manipuler au minimum les implants et d’éviter de les remodeler à l’aide de pinces, avant la pose. Enfin, des variantes de techniques chirurgicales sont publiées avec de bons résultats. Par exemple, pour les corrections de malformations, l’utilisation de barres rigides rétrosternales, sans fixation costale, pour une durée de six mois est décrite [40]. Pour les reconstructions de défects pariétaux, il n’y a pas de gold standard édité dans les recommandations. En pratique, la combinaison d’implants et de plaque prothétique reste la technique de référence [1,2]. Des prothèses résorbables sont en cours d’évaluation. Elles permettraient d’assurer le rôle de protection et de maintien de la fonction respiratoire sans nécessiter d’ablation secondaire [32]. 4. Conclusion Ce travail sur les déplacements de la paroi thoracique s’inscrit aux confins de la recherche clinique, fondamentale et appliquée. Les complications des implants d’ostéosynthèse thoracique imposent une analyse plus précise des mouvements du thorax. La mesure des déplacements costaux par stéréocorrélation sur patients, au bloc opératoire, est faisable avec une précision nécessaire au dixième de millimètre. L’amplitude des déplacements relatifs des extrémités des implants est en effet faible : 0,54 mm (± 0,33) en x, 0,24 mm (± 0,15) en y et 0,55 (± 0,5) en z, en moyenne. L’analyse des déplacements angulaires enrichit les données sur les sollicitations physiologiques des mouvements respiratoires. L’hypothèse de rupture en fatigue est vérifiée grâce à la modélisation de l’implant et des sollicitations mécaniques qu’il subit. La flexion d’axe y associée à la traction-compression est le couple et la force les plus défavorables aux implants. Les déplacements selon x, y, z semblent proportionnels à l’intensité de la respiration. Cette constatation pourrait aider à modifier nos pratiques, notamment les consignes postopératoires de repos. L’évolution des techniques chirurgicales est constante et se nourrit de ce type d’étude. L’intérêt médical de la stéréocorrélation est sa possible généralisation dans notre pratique clinique pour la mesure en temps réel des mouvements de la cage thoracique, pour la possibilité d’établir des stratégies personnalisées et pour son emploi dans le suivi postopératoire des patients.   Références Fabre D, Batti SE, Singhal S et al. 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mars 1, 2017
Vol. 20 JA2016 - thoracic

T-03 – Titanium thoracic implant failures: 6D analysis of complex chest wall movements

Laurence Solovei, Dominique Ambard, Robin Chastant, Charles Marty-Ané, Simon Le Floch, Jean-Philippe Berthet Institution : Service de chirurgie thoracique et vasculaire, CHU de Montpellier Objectives : Thoracic osteosynthesis implants commonly used in reconstructive surgery are rib-fixation device, made of titanium or titanium alloys. Severe complications have been reported following these surgeries when implants fracture occurs. The evolution of our surgical practice requires detailed understanding of the local constraint conditions due to respiratory movements. Methods : Displacements of tags, related to the fixation area of the rib implants, were studied by stereocorrelation first on the skin and then directly on the rib on patients in the operating room. The measures were done with six degrees of freedom: linear displacements x y z and rotations phy, psi and theta. Results : Six patients were included. The displacements of the tags , according to x, y and z are small, respectively 0.43 mm ±0.04, 1.36 ±0.06 mm and 2.66 mm ±0.13. The amplitudes of displacement are correlated with respiratory volumes. An increase of 4 mL/kg amplifies the movements by an average factor of 1.6. Conclusion : Numeric simulation of implants and constraints confirmed the phenomenon of fatigue failure for titanium and identify the flexion on y axis and lateral compression as the main mechanical stresses.
novembre 29, 2016
Vol. 20 JA2016 - thoracic

T-06 – Results of the first implantations of Ceramil® prosthesis, a new device for sternal replacement

Jérémy Tricard, Alessandro Piccardo, Nicolas Pichon, Denis Asselineau, François Bertin Institution : Service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire et angiologie, CHU Dupuytren, Limoges Objectives : Many materials have been proposed to be used in reconstructive surgery of the chest wall but none has emerged as an ideal substitute. The Ceramil® prosthesis is an innovating material for replacement of the sternum. We present the device, the implantation technique and the follow-up of the first 4 recipients. Methods : The Ceramil® prosthesis is a porous alumina ceramic which is a pure compound of mineral origin that presents osteointegration and biocompatibility properties. Its size is adapted to the sternal defect and chosen before the surgery among different made-to-measure models. Its implantation does not require osteosynthesis equipment. From March 2015 to March 2016, 4 patients underwent surgery for sternal replacement and received the Ceramil® prothesis. A 54-year old patient (n°1) had a radiation-induced sarcoma after a radiotherapy for breast cancer, a 61-year old patient (n°2) had a sternal necrosis due to a mediastinitis after sternotomy, 2 patients of 53 and 37 years old (n°3 and 4) had sternal metastasis from breast neoplasia. Results : Patient n°1 was reoperated on D7 for a seroma. After an 19-month follow-up, she was not dyspneic (grade 1 of the CEE scale) and had no sternal pain or scarring disorder. Patient n°2 was reoperated after 3 months for wound care and closure as he presented with tissue necrosis due to a history of chest radiotherapy. After a 14-month follow-up, he presented with grade 2 dyspnea, sternal pain graded as 3 on the visual analog scale (VAS) and the operation wound was healed. After an 11-month follow-up, patient n°3 was not dyspneic and had no sternal pain or scarring disorder. After a 7-month follow-up, patient n°4 presented with grade 2 dyspnea, sternal pain graded as 3 on the VAS and no scarring disorder. Conclusion : The Ceramil® prosthesis implanted as a replacement for the sternum appears to be reliable, reproducible and promising. A monocentric study (STOIC) and a multi-center study (ISBA) are currently performed.
novembre 29, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Abstract 2016

T-38 – Résection pulmonaire et vertébrale en monobloc pour carcinome bronchique non à petites cellules

Sarra Zairi1, Houssem Massoudi1, Hazem Zribi1, Mondher Mestiri2, Ayda Ayadi3, Hammouda Boussen4, Sonia Ouerghi1, Taher Mestiri1, Adel Marghli1 1. Service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire, hôpital Abderrahmen-Mami, Ariana, Tunisie 2. Service d’orthopédie et de traumatologie Adulte, institut Kassab, Manouba, Tunisie 3. Service d’anatomopathlogie, hôpital Abderrahmen-Mami, Ariana, Tunisie 4. Service d’oncologie médicale, hôpital Abderrahmen-Mami, Ariana, Tunisie     Objectif Durant les deux dernières décennies, la prise en charge des cancers du poumon avec extension vertébrale par contiguïté a connu une évolution considérable. Grâce aux progrès réalisés dans la prise en charge anesthésique et les techniques opératoires, des résections plus étendues pulmonaires et vertébrales en monobloc sont devenues possibles, moyennant une prise en charge multidisciplinaire. Le but de notre étude était de préciser les caractéristiques des patients présentant un carcinome bronchique non à petites cellules, éligibles à une résection étendue en monobloc pulmonaire et vertébrale.   Méthode Durant une période de 7 ans (2009-2015), 6 patients présentant un cancer broncho-pulmonaire non à petites cellules avec atteinte vertébrale par contiguïté ont été pris en charge pour une résection en monobloc pulmonaire et vertébrale, à visée curative.   Résultat Tous nos patients étaient tabagiques, de sexe masculin, avec un âge moyen de 56 ans. Les signes cliniques les plus rapportés étaient la toux sèche et la douleur thoracique irradiant à l’épaule et à la colonne vertébrale. À l’imagerie, la lésion tissulaire était située à droite dans 4 cas et à gauche dans 2 cas, avec une extension pariétale costale et vertébrale par contiguïté, sans métastase à distance. La taille de la tumeur était en moyenne de 5,37 cm. Un traitement néo-adjuvant a été indiqué chez tous les patients, suivi par la chirurgie. Une résection parenchymateuse réglée élargie aux côtes et aux vertèbres, en monobloc, a été réalisée dans tous les cas. Les suites opératoires ont été simples dans 3 cas. Des complications postopératoires ont été rapportées à type de pneumopathie dans 2 cas et fuite de LCR dans un cas. L’examen anatomopathologique définitif avait montré des limites de résection saines dans tous les cas. Nous n’avons noté aucune récidive locale.   Conclusion La résection vertébrale en monobloc pour carcinome bronchique non à petites cellules avec atteinte rachidienne par contiguïté est un geste lourd grevé d’une importante morbidité et mortalité. Cette résection ne peut être envisagée que chez des sujets bien sélectionnés et dans un cadre multidisciplinaire, pour garantir les meilleurs résultats à court et à long termes.     En-bloc pulmonary and vertebral resection for non- small cell bronchial carcinoma   Objectives During the past two decades, the management of lung cancer with local vertebral extension has considerably evolved. Advances in anesthesia and operative techniques, made extensive pulmonary and vertebral en-bloc resections feasible, with a multidisciplinary approach. The aim of our study was to identify the characteristics of patients with non-small cell lung carcinoma, who may be suitable for an extensive en-bloc pulmonary and vertebral resection.   Methods During a period of seven years (2009-2015), six patients with a non-small cell lung cancer, with local vertebral involvement, had an en-bloc pulmonary and vertebral resection, with curative intent.   Results All of our patients were smoking males, with a mean age of 56 years. The most reported signs were dry cough and chest pain radiating to the shoulder and spine. At imaging, the tumor was in the right lung in 4 cases and in the left in 2 cases, with chest wall and vertebral local involvement, without distant metastasis. The mean size of the tumor was 5.37 cm. Neo-adjuvant treatment was indicated in all patients, followed by surgery. An extensive en-bloc parenchymal, rib and vertebral resection, was performed in all cases. The postoperative course was uneventful in 3 patients. Post-operative complications have been reported such as pneumonia in 2 cases and CSF leakage in 1 case. Definitive pathological examination showed tumor-free margins in all cases. We have noted no local recurrence.   Conclusion En-bloc vertebral resection for non-small cell bronchial carcinoma with local vertebral involvement is a major procedure, with significant morbidity and mortality. Therefore, it is only considered in well-selected patients, in a multidisciplinary setting, in order to guarantee the best short and long term results.    
juin 10, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Abstract 2016

T-34 – Ostéosynthèse costale et VNI – une association gagnante pour le traitement du volet costal associé aux contusions pulmonaires

Claudia Natale, Fabien Beranger, Henri de Lesquen, Jean-Philippe Avaro Service de chirurgie thoracique et vasculaire, hôpital d’instruction des armées Sainte-Anne, Toulon  Objectif Le volet costal associé aux contusions pulmonaires a été rapporté dans 70 % des cas de trauma thoracique. L’hospitalisation de ces patients est caractérisée par des complications dans 30 % des cas, nécessitant le recours à la réanimation, à la ventilation mécanique (VM) et aux traitements antibiotiques.  Méthode Nous avons commencé un nouveau protocole de prise en charge consistant en une ostéosynthèse systématique, avec VNI et contrôle de la douleur pour le traitement des patients avec fractures costales complexes, et volet costal associé aux contusions pulmonaires de septembre 2014 jusqu’en septembre 2015. Nous avons comparé les résultats avec les données de l’année précédant notre installation dans cet hôpital. Pendant la première année, les patients ont été traités par un traitement conservateur (50 patients). Pendant la deuxième année, 93 patients ont été traités avec ce nouveau protocole plus agressif. On a comparé les données sur la durée d’hospitalisation en réanimation, la durée de VM, la durée d’hospitalisation totale, les taux de morbidité et mortalité.  Résultat Le recours à la réanimation a été plus élevé dans le groupe conservateur (72 % vs 56 %). La durée de l’hospitalisation en réanimation a été plus courte dans le groupe des opérés (7,1 jours vs 8,4 jours). Le taux de VM a été similaire dans les deux groupes (26 %), mais la durée de la VM a été plus courte dans le groupe des opérés (8,6 jours vs 12,3 jours). La durée d’hospitalisation totale a été plus longue dans le groupe des opérés (9 jours vs 11 jours). Le taux de morbidité a été plus élevé dans le groupe conservateur (22 % vs 9 %), et on a retrouvé le même taux de mortalité dans les deux groupes (3 %).  Conclusion Cette étude suggère que l’ostéosynthèse costale associée au traitement par VNI et une prise en charge invasive de la douleur peut réduire la durée d’hospitalisation en réanimation et améliorer les suites de ces patients. un essai clinique randomisé est nécessaire pour établir de nouvelles recommandations.     Rib fixation and NIV- a winning association to treat flail chest associated to lung contusion   Objectives Flail chest associated to pulmonary contusion have been reported in 70% of thoracic trauma. 30% of this patients have a complicated courses requiring ICU stay, mechanical ventilation, antibiotics.  Methods We promote a new program of treatment with systematic rib fixation, NIV and aggressive pain control in patients with flail chest associated to pulmonary contusion from September 2014 to September 2015 and we compared the data with the year before our setting up in this same hospital. During the first years patients were treated with conservative methods (50 patients). During the second years 93 patients were treated with systematic rib fixation, NIV and aggressive pain control. Data on ICU stay, days of mechanical ventilation (MV), total hospital stay, morbidity and mortality were recorded.  Results ICU recovery was generally necessary more in the non operative group than in the operative one (72% vs 56%). Length of ICU stay was little shorter in operative group (7.1 days vs 8.4 days). The rate of MV was the same (26%) in both groups but was shorter in operative group (8.6 days vs 12.3 days). Hospital stay was longer in operative group (9 days vs 11 days). Rate of morbidity was higher in the non operative group (22% vs 9%), we recorded the same incidence of mortality in the 2 groups (3%).  Conclusion Our study suggest that stabilisation of the chest wall associated to NIV and aggressive pain control can reduce ICU stay and improve outcome of patients. New randomized clinical trials are necessary to establish new recommendation about the association of rib fixation and NIV.
juin 10, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Abstract 2016

T-32 – Les tumeurs neuroectodermiques thoraciques – étude rétrospective et multicentrique sur 20 cas

Sonia Aguir1,2, Marco Alifano3, Dominique Gossot4, Emmanuel Martinod2, Agathe Seguin4 1. Département de chirurgie thoracique, hôpital d’instruction des armées Percy, Clamart 2. Département de chirurgie thoracique et vasculaire, hôpital Avicenne, Bobigny 3. Département de chirurgie thoracique, hôpital Cochin, Paris 4. Département de chirurgie thoracique, Institut mutualiste Montsouris, Paris     Objectif Les tumeurs neuroectodermiques primitives (PNET) du thorax sont une pathologie rare et greffée d’un haut degré de malignité. Elles appartiennent à la famille des sarcomes d’Ewing, et se développent le plus souvent chez des patients jeunes, aux dépens des tissus mous thoraciques ou périphériques. L’objectif de cette étude est de rapporter les caractéristiques cliniques, le diagnostic, les facteurs favorisants, la prise en charge thérapeutique et la survie des patients atteints de PNET thoracique de 1998 à 2015 sur trois centres différents.   Méthode Nous avons analysé de manière rétrospective la cohorte de 22 malades qui ont été pris en charge pour une PNET.   Résultat L’âge moyen est de 37 années (extrêmes : 20-56 ans) avec une prédominance masculine (58 % d’hommes versus 42 % de femmes). L’ethnie la plus représentée est caucasienne (82 %). Le diagnostic a été réalisé par ponction sous scanner dans 18 cas. Le diagnostic positif histologique a été confirmé par une analyse immunohistochimique à la recherche de la translocation t (11;22) par la méthode de FISH. La majorité des patients a eu une chimiothérapie néo-adjuvante par Holoxan + Adriamycine précédant le geste chirurgical. Tous les patients ont été opérés d’une pariétectomie avec pour objectif une exérèse monobloc R0. En postopératoire, le taux de complications a été de 13 %. Un traitement adjuvant a été réalisé dans 80 % des cas par radiothérapie. La survie moyenne a été de 12 mois. Le nombre de patients décédés est de 65 % à 1 an.   Conclusion Les PNET touchent des adultes jeunes. Le traitement de référence consiste en une chimiothérapie néo-adujvante suivie d’une pariétectomie associée à une reconstruction en fonction de la localisation tumorale. Malgré une prise en charge multimodale, la survie à 5 ans est inférieure à 20 %. Aucun facteur pronostique n’a été mis en évidence.     Primitive neuroectodermal tumors of the thorax- restropective and multicentric study of 20 cases   Objectives Primitive neuroectodermal tumors (PNET) of the thorax are rare high grade malignant neoplasms. They belong to the same group as Ewing’s sarcoma, affect young adults and arise in thoracic and peripheral soft tissue.The objective of this study was to report clinical characteristics, diagnosis, influencing factors, medical management and survival of patients treated for PNET in three hospitals between 1998 and 2015.   Methods We performed a restropective analysis of 20 patients treated for PNET.   Results Mean age was 37 years (range [20-56]) with a majority of males (58% vs 42%). Most patients were Caucasian (82%). Diagnosis was made by CT-guided biopsy in 18 cases. Histological diagnosis was confirmed using immunohistochemical proof of t (11;22) translocation through fluorescent in situ hybridization (FISH). The majority of patients were treated by neo-adjuvant chemotherapy with Holoxan + Adriamycine followed by surgery. All patients had a major chest wall resection to achieve radical resection (R0). The in hospital complication rate was 13%. Radiotherapy was the most common adjuvant treatment (80% for patients). Mean survival was 12 months. One year survival was 35%.   Conclusion PNETs affect young adult.The standard of treatment is multimodal, associating neoadjuvant chemotherapy with radical chest wall resection, with or without reconstruction. In spite of aggressive treatment, five year survival is as low as 20%. No pronostic factor was identified.    
juin 10, 2016