Chirurgie thoracique · Vol. 23 Décembre 2019

Prise en charge des fistules aortiques à l’étage thoracique : expérience bicentrique

Antoine Defontaine1,2*, Majid Harmouche2, Jacques Tomasi1, Florent Le Bars1, Abdelhakim Elmraki2, Jean-Philippe Verhoye1, Robert Martinez2   Service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire, CHU de Rennes. Service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire, CHRU de Tours.   *Correspondance : a.defontaine@laposte.net   DOI : 10.24399/JCTCV23-4-DEF Citation : Defontaine A, Harmouche M, Tomasi J, Le Bars F, Elmraki A, Verhoye JP, Martinez R. Prise en charge des fistules aortiques à l’étage thoracique : expérience bicentrique. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(4). doi: 10.24399/JCTCV23-4-DEF   RÉSUMÉ La survenue d’une fistule aortique à l’étage thoracique (fistule aortobronchique ou aorto-œsophagienne) est un événement rare dont l’évolution naturelle est bien souvent fatale. Leur prise en charge relève de l’urgence et reste peu codifiée. L’objectif de cette étude rétrospective bicentrique est de rapporter l’expérience de nos centres dans le traitement et la prise en charge de malades présentant une fistule aortique thoracique. Sept malades (6 hommes et 1 femme) âgés de 64,1±11,3 ans étaient pris en charge pour une fistule de l’aorte thoracique entre 2001 et 2018 : quatre malades (57%) présentaient une fistule aortobronchique (dont 2 fistules secondaires) et trois malades (43%) présentaient une fistule aorto-œsophagienne. La durée de suivi était de 21 mois. La survie était de 71% à 30 jours et de 43% à 1 an. La survenue d’une fistule aortique thoracique est un événement au pronostic sombre nécessitant une prise en charge pluridisciplinaire dans des centres experts et dont la stratégie globale de traitement doit encore être définie et évaluée.   ABSTRACT Management of fistulas with the thoracic aorta: a bi-centric experience The occurrence of thoracic aortic fistula (aorto-bronchial or aorto-esophageal) is a rare event whose natural course is often fatal. Treatment is urgent but remains poorly codified. The objective of this bicentric retrospective study was to report the experience of our centers in the treatment and management of patients with thoracic aortic fistula. Seven patients (6 men and 1 woman) aged 64.1 ± 11.3 years were treated for a thoracic aortic fistula between 2001 and 2018: four patients (57%) presented aorto-bronchial fistula (2 secondary fistulas) and three patients (43%) had aorto-esophageal fistula. The follow-up time was 21 months. Survival was 71% at 30 days and 43% at 1 year. The occurrence of thoracic aortic fistula is an event with a poor prognosis requiring multidisciplinary management in expert centers and whose global treatment strategy has yet to be defined and evaluated.   1. Introduction La survenue de fistule aortique est un événement rare dont l’évolution naturelle est bien souvent fatale. Au niveau de l’aorte thoracique, les fistules apparaissent avec les organes de voisinage (bronches, œsophage) et sont dans la majorité des cas révélées par une hémoptysie ou une hématémèse. Dans la littérature, une centaine de cas ont été relatés et l’on distingue les fistules primaires (survenant de novo) des fistules secondaires (survenant chez des malades déjà opérés de l’aorte thoracique et/ou du thorax) [1-5]. La prise en charge des malades présentant une fistule aortique relève de l’urgence mais reste peu codifiée. Relevant initialement d’intervention par voie conventionnelle, la prise en charge chirurgicale vasculaire immédiate est de plus en plus fréquemment réalisée par voie endovasculaire. La prise en charge globale des malades est variable et dépend de l’étiologie de la fistule ainsi que de l’expérience, de l’habitude et de la disponibilité d’un dépôt d’endoprothèses de chaque centre. L’objectif de cette étude est de rapporter l’expérience de nos centres dans le traitement et la prise en charge de malades présentant des fistules aortiques à l’étage thoracique (fistules aortobronchiques ou aorto-œsophagiennes).   2. Matériel et méthodes Les malades pris en charge pour une fistule de l’aorte thoracique (fistule aortobronchique ou aorto-œsophagienne) entre octobre 2001 et janvier 2018 dans nos centres étaient analysés. La date d’inclusion correspondait à la date opératoire du traitement de cette fistule. Les malades justifiaient tous d’une prise en charge en urgence adaptée selon l’état clinique, les antécédents et les comorbidités. Le recueil de données était rétrospectif. Le devenir des malades, les complications précoces (au 30e jour postopératoire), ainsi que les complications tardives les plus significatives étaient répertoriés. Ces analyses descriptives étaient réalisées à l’aide du logiciel Microsoft Excel® (Redmond, Washington, États-Unis). Les analyses de survie étaient réalisées avec le logiciel GraphPad Prism® (La Jolla, Californie, États-Unis). Les images scanographiques étaient analysées avec le logiciel Therenva EndoSize® (Rennes, France). Les malades traités et suivis dans nos centres étaient analysés. En cas de suivi ultérieur dans un autre centre, les malades étaient considérés comme perdus de vue à la date de leur dernière consultation.   3. Résultats Sept malades (6 hommes et 1 femme) âgés en moyenne lors de la chirurgie de 64,1±11,3 ans (médiane 68 ans, [51;76]) étaient pris en charge pour une fistule de l’aorte thoracique. Quatre malades (57%) présentaient une fistule aortobronchique (parmi lesquels 2 – 29% – avaient des antécédents de chirurgie aortique thoracique) et trois malades (43%) présentaient une fistule aorto-œsophagienne. La durée moyenne de suivi était de 670,1±1001,7 jours (médiane 163 jours, [4;2410]). Les caractéristiques des malades lors de la prise en charge sont données résumées dans le tableau 1.   Tableau 1. Caractéristiques de la population étudiée. Malades (n=7) Femmes, n (%) 1 (14) Âge lors de la prise en charge (années)   64,1±11,3 [51;76] médiane 68 ans Type de fistule, n (%) aortobronchique aorto-œsophagienne   4 (57) 3 (43) Chirurgie aortique thoracique précédente, n (%) 2 (29) Comorbidités, n (%) tabac HTA cancer   3 (43) 2 (29) 2 (29) Symptômes inauguraux, n (%) hémoptysie hématémèse autre   3 (43) 3 (43) 1 (14) Type de chirurgie, n (%) TEVAR ouvert   6 (86) 1 (14)   Les symptômes inauguraux étaient représentés par une hémoptysie pour 3 malades (43%), une hématémèse pour 3 malades (43%) et une fièvre prolongée sans point d’appel pour 1 malade (14%) déjà opéré d’un faux anévrysme chronique sur une rupture d’isthme aortique méconnue. Le délai moyen entre les premiers symptômes et la prise en charge chirurgicale était de 7,8±10,4 jours (médiane 4 jours, [0;27]). Deux malades (29%) présentaient une fistule aortobronchique primaire [tableau 2] : Un malade de 68 ans, sans antécédent notable et initialement pris en charge pour des crachats hémoptoïques dans un hôpital périphérique, était transféré dans un de nos centres après mise en évidence d’un anévrysme rompu de l’aorte thoracique descendante. Une endoprothèse thoracique était posée 27 jours après l’apparition des premiers symptômes. Les suites opératoires étaient simples avec disparition des crachats hémoptoïques. Le malade était perdu de vue après 204 jours de suivi. Un malade de 51 ans, aux antécédents de toxicomanie sevrée et tabagisme, présentait des douleurs thoraciques et des crachats hémoptoïques révélant un anévrysme de l’aorte thoracique descendante rompu. Une endoprothèse thoracique était implantée 2 jours après les premiers symptômes [figure 1]. Les suites immédiates étaient marquées par l’apparition d’un syndrome infectieux révélant une endocardite aortique et une rupture œsophagienne par saillie du sac anévrysmal. Un traitement antibiotique était instauré puis un remplacement valvulaire aortique à J42 et une chirurgie de Lewis Santy à J62 étaient réalisés avec des suites simples. Le malade décédait au 90e jour après son retour à domicile.   Tableau 2. Fistules aortobronchiques primaires (ND : non disponible). Homme 68 ans Homme 51 ans Prise en charge symptômes délai bloc type chirurgie cause   hémoptysie 27 jours TEVAR ATA rompu   hémoptysie 2 jours TEVAR ATA rompu – 67 mm Antécédents toxicomanie sevrée Suites opératoires sepsis, endocardite, rupture œsophagienne J42 : RVA bio J62 : Lewis Santy Suivi devenir durée cause décès   perdu de vue 6 mois ND   décédé 90 jours ND   [caption id="attachment_4629" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Fistule aortobronchique primaire.[/caption]   Deux malades (29%) ayant des antécédents de chirurgie de l’aorte thoracique descendante présentaient une fistule aortobronchique secondaire [tableau 3] : Un malade de 75 ans, opéré d’une rupture d’isthme aortique secondaire à un accident de la voie publique avec mise en place d’une endoprothèse thoracique 12 ans auparavant, présentait des hémoptysies sur un faux anévrysme nécessitant une prise en charge en urgence avec la pose d’une nouvelle endoprothèse [figure 2]. Dans l’intervalle, il était pris en charge pour un cancer du larynx traité par chirurgie et radiochimiothérapie. Les suites opératoires immédiates étaient simples. Le malade décédait d’un accident vasculaire cérébral ischémique 59 mois après la cure de sa fistule aortique. Un homme de 73 ans, opéré 1 an auparavant avec mise en place d’une prothèse hybride (E-vita OPEN – JotecÒ) pour le traitement d’un faux anévrysme chronique secondaire à une rupture d’isthme aortique ancienne non diagnostiquée, présentait une infection chronique du sac anévrismal [figure 3]. La prise en charge par thoracotomie gauche mettait en évidence une fistule aortobronchique par érosion de la coque anévrysmale nécessitant une mise à plat de l’anévrysme et une lobectomie supérieure gauche. Les suites opératoires étaient marquées par un sepsis persistant avec perforation œsophagienne au cinquième mois nécessitant plusieurs reprises chirurgicales de sauvetage. Le malade décédait de défaillance multiviscérale.   Tableau 3. Fistules aortobronchiques secondaires. Homme 75 ans Homme 73 ans Prise en charge symptômes délai bloc type chirurgie   cause   hémoptysie NA TEVAR   ATA rompu – 43 mm   infection sac anévrysmal 12 jours lavage, mise à plat anévrysme, lobectomie supérieure gauche ATA rompu Antécédents J-12 ans : rupture isthme traumatique TEVAR, transposition sous claviocarotidienne gauche J-2 ans : carcinome épidermoïde larynx, laryngectomie, trachéotomie, métastases pulmonaires (RCT) J-1 an : faux anévrysme chronique sur rupture d’isthme aortique ancienne non diagnostiquée prothèse hybride Suites opératoires M5 : sepsis persistant hémothorax remplacement distalité prothèse fistule œsophagienne Suivi devenir durée cause décès   décédé 59 mois AVC ischémique   décédé 5 mois défaillance multiviscérale   [caption id="attachment_4630" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Fistule aortobronchique secondaire (rupture isthme aortique – TEVAR).[/caption] [caption id="attachment_4631" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Fistule aortobronchique secondaire (faux anévrysme chronique – prothèse hybride).[/caption]   Trois malades (43 %) présentaient une fistule aortoœsophagienne primaire [tableau 4] : Une femme de 76 ans présentait un tableau d’aphagie et d’hématémèse révélant un anévrysme rompu de l’aorte thoracique descendante. Un traitement par endoprothèse était réalisé 6 jours après les premiers symptômes [figure 4]. Les suites opératoires immédiates étaient simples. Durant le suivi, une infection chronique de la prothèse était mise en évidence par une TEP-TDM nécessitant une antibiothérapie au long cours. La malade décédait d’un AVC hémorragique 79 mois après l’implantation de l’endoprothèse. Un homme de 53 ans présentait une hématémèse massive révélant une fistule aorto-œsophagienne immédiatement prise en charge au bloc opératoire avec mise en place d’une endoprothèse thoracique. Une fibroscopie digestive à J1 mettait en évidence une tumeur de l’œsophage non connue. Les suites opératoires immédiates étaient compliquées en réanimation conduisant au décès à J9 de défaillance multiviscérale. Un homme de 53 ans, aux antécédents de cancer de l’œsophage traité par radiochimiothérapie, présentait un choc hémorragique avec arrêt cardiorespiratoire secondaire à une hématémèse massive. Le bilan mettait en évidence une fistule aorto-œsophagienne justifiant d’une prise en charge en urgence au bloc opératoire avec mise en place d’une endoprothèse. Les suites opératoires immédiates étaient marquées par une reprise chirurgicale pour la pose d’une prothèse œsophagienne, la réalisation d’une gastrostomie pour décaillotage associée à une jéjunostomie. Le malade décédait à J4 de défaillance multiviscérale.   Tableau 4. Fistules aortoœsophagiennes.         Femme 76 ans Homme 53 ans Homme 53 ans Prise en charge symptômes délai bloc type chirurgie cause   aphagie, hématémèse 6 jours TEVAR ATA rompu   hématémèse immédiate TEVAR tumeur œsophage non connue   hématémèse, ACR récupéré immédiate TEVAR tumeur œsophage Antécédents HTA HTA tabagisme carcinome épidermoïde œsophage : RCT tabagisme Suites opératoires hémorragie digestive infection chronique de prothèse (TEP positive) antibiothérapie au long cours prothèse œsophagienne gastrostomie décaillotage jéjunostomie Suivi devenir durée cause décès   décédée 79 mois AVC hémorragique   décédé 9 jours défaillance multiviscérale   décédé 4 jours défaillance multiviscérale   [caption id="attachment_4632" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Fistule aorto-œsophagienne.[/caption]   Six malades (86%) décédaient au cours du suivi (1 – 14% – perdu de vue) parmi lesquels quatre (67%) en lien avec la pathologie. La survie de notre population est donnée figure 5. Le taux de mortalité est de 29% à 30 jours, 43% à 90 jours et 57% à 1 an.   [caption id="attachment_4633" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. Survie globale.[/caption]   4. Discussion   4.1. Étiologies La survenue d’une fistule aortique à l’étage thoracique (aortobronchique ou aorto-œsophagienne) reste exceptionnelle. Dans notre série bicentrique, sept cas étaient rapportés sur la période d’analyse. Bien que d’effectif faible, elle reflète l’hétérogénéité des malades pris en charge et la gravité des tableaux cliniques. Cinq fistules (71%) étaient primaires (3 – 43% – secondaires à un anévrysme aortique fissuré et 2 – 29% – secondaires à un carcinome de l’œsophage) et deux fistules (29%) étaient secondaires à des chirurgies aortiques antérieures (1 – 14% – endoprothèse pour le traitement d’une rupture d’isthme aortique traumatique et 1 – 14% – prothèse hybride pour le traitement d’un faux anévrysme chronique lié à une rupture antérieure de l’isthme aortique traumatique méconnue). Dans la littérature, plusieurs cas de fistules aortiques ont été reportés [1-9]. Les fistules primaires sont principalement la conséquence de ruptures d’anévrysmes aortiques, d’ulcères aortiques pénétrants, de cancers bronchiques ou œsophagiens à des stades avancés, de pathologies pulmonaires (tuberculose, aspergillose…), œsophagiennes (perforation iatrogène, Barrett…), ou de l’ingestion de corps étrangers (piles, arêtes…). Les fistules secondaires surviennent dans le cas d’aortes préalablement opérées (soit au contact de prothèses ou par érosion des organes de voisinage par la coque anévrysmale calcifiée) ou apparaissent comme des complications de chirurgies antérieures.   4.2. Symptômes Six malades (86%) ont présenté une hémoptysie ou une hématémèse comme signe inaugural de la fistule. Ces signes apparaissent comme maître symptôme d’une fistule aortique et sont retrouvés de manière quasi systématique dans la littérature tout comme d’autres symptômes également retrouvés dans notre série [1-4,6,8] : choc hémorragique/arrêt cardiorespiratoire dans 2 cas (29%), douleur thoracique dans un cas (14%), fièvre dans un cas (14%) et dysphagie dans un cas (14%).   4.3. Délai de prise en charge La prise en charge des fistules aortiques entre dans le cadre nosologique des syndromes aortiques aigus et des anévrysmes rompus ou fissurés [10-14]. Celle-ci doit idéalement avoir lieu dans un centre de référence ; elle inclut le conditionnement du malade et une prise en charge chirurgicale dans des délais compatibles avec la gravité de la situation. La stratégie chirurgicale doit également être adaptée à la situation, quitte à envisager une stratégie en plusieurs temps. Dans notre série, deux malades (29%) ont été traités par endoprothèse dans les 24 heures suivant le diagnostic. Pour les autres, une prise en charge différée était réalisée permettant d’optimiser la prise en charge chirurgicale. Dans la littérature, une revue de cas de fistules aortobronchiques et aorto-œsophagiennes relate une tendance inverse avec une prise en charge plus précoce où plus de 80% des malades sont traités de manière endovasculaire dans les 24 premières heures suivant le diagnostic sans que cela ne semble influer sur la survie [2]. Aujourd'hui, une prise en charge précoce est possible dans les centres à haut volume de chirurgie aortique bénéficiant d’un dépôt permanent d’endoprothèses thoraciques. À défaut d’endoprothèse compatible en dépôt, celle-ci devrait pouvoir être obtenue dans un délai inférieur à 4 heures (6 heures au maximum).   4.4. Type de prise en charge Six malades (86%) étaient opérés par endoprothèse aortique thoracique et un malade (14%) était opéré par thoracotomie postérolatérale gauche (mise à plat de l’anévrysme associée à une lobectomie supérieure gauche) pour une fistule bronchique survenant un an après la mise en place d’une prothèse hybride (E-vita OPEN – Jotec®) pour faux anévrysme chronique. Dans la littérature, et de manière similaire à la prise en charge des anévrysmes rompus, la majorité des cas et parmi les plus récents ont été traités à la phase aiguë par voie endovasculaire [15-17]. Cette tendance, qui suit l’avènement de la chirurgie endovasculaire, semble communément admise en chirurgie de sauvetage avec une amélioration de la survie par rapport à une prise en charge conventionnelle pour les anévrysmes rompus [16,18,19]. Certains auteurs préconisent cette attitude en urgence quitte à discuter un geste par chirurgie ouverte secondairement [1,2,6,7]. Cette approche est préconisée dans les centres à haut volume de chirurgie aortique avec l’expérience de l’équipe chirurgicale aux techniques endovasculaires thoraciques simples et complexes et en étroite collaboration avec l’équipe d’anesthésie et de réanimation pour la gestion des paramètres techniques inhérents à ce type de procédure (utilisation en routine de la stimulation ventriculaire rapide, gestion des risques de paraplégie…). L’abstention chirurgicale avec un traitement médical conservateur ne semble pas être une alternative à la chirurgie, certains auteurs ayant relevé 100% de décès [3].   4.5. Prise en charge en milieu septique ou devenu septique Un sepsis était décrit pour au moins quatre malades (57%) de notre série. Un malade (14%) présentant une fistule aorto-œsophagienne a eu une chirurgie combinée dans le premier temps opératoire associant endoprothèse thoracique, pose de prothèse œsophagienne, gastrostomie pour décaillotage et jéjunostomie. Deux malades (29%) pris en charge pour des fistules aortobronchiques (1 – 14% – primaire et 1 – 14% – secondaire) ont présenté des ruptures oesophagiennes mises en évidence dans les suites opératoires dans le cadre de tableaux de sepsis persistants (dont une endocardite infectieuse avec remplacement valvulaire aortique à 42 jours pour le premier), nécessitant une chirurgie de Lewis Santy à 2 mois de la prise en charge pour le premier et une prothèse œsophagienne en sauvetage 5 mois après la prise en charge initiale. Une malade (14%) opérée d’une fistule aorto-œsophagienne par endoprothèse a présenté dans les suites une infection chronique de prothèse confirmée par une scintigraphie aux leucocytes marqués. Devant les risques d’une réintervention chez une malade fragile, une antibiothérapie au long cours et un suivi régulier ont été privilégiés. Dans la littérature, la complication redoutée reste l’infection dont la prise en charge est multiple [1-7,9] : Prophylactique : plusieurs auteurs s’accordent sur une antibioprophylaxie/antibiothérapie prolongée de plusieurs semaines sans toutefois avoir de durée ou de protocole médicamenteux codifiés [1,2,6]. Dans notre série, toutes les interventions étaient réalisées sous antibioprophylaxie sans toutefois que le protocole ou la durée puissent être précisés a posteriori. En France, les recommandations de la SFAR (Société française d’anesthésie et de réanimation) sont applicables ; cependant elles ne concernent que les chirurgies “propres” ou “propres-contaminées” et ne couvrent pas la prise en charge en milieu septique ou potentiellement septique où une antibiothérapie doit être mise en place. Thérapeutique : la prise en charge idéale du sepsis réside dans l’exclusion de la porte d’entrée à la phase initiale avec une chirurgie combinée au niveau thoracique (œsophagectomie, lobectomie…) selon des délais variables avec une amélioration de la survie [4,6,9,20,21]. En cas d’infection chronique, la prise en charge entre dans le cadre des infections de prothèses vasculaires et doit, après évaluation du terrain et des risques opératoires, consister en un remplacement du matériel prothétique par, le plus souvent, une allogreffe [22-25]. En pratique, un tel remplacement est rarement effectué et ne doit être envisagé qu’après confirmation diagnostique (TEP-scan, scintigraphie aux leucocytes marqués…) [26]. Il n’existe pas de recommandation sur le type d’antibiotique et la durée de traitement (qui est classiquement supérieure à 6 semaines). Palliative : en cas d’infection chronique et de contre-indication chirurgicale, un traitement antibiotique suppressif au long cours et une surveillance active peuvent être envisagés [1-8].   4.6. Survie La survenue d’une fistule aortique est une pathologie grave au pronostic sombre. Dans notre série, six malades (86%) sont décédés (3 – 41% – de défaillance multiviscérale, 2 – 29% – d’AVC et 1 – 14% – de cause inconnue). Bien que peu significatif, le taux de mortalité globale était de 29% à 30 jours et de 57% à 1 an. En dehors de toute interprétation brute de la survie, elle n’en demeure pas moins informative en fonction de l’étiologie de la fistule. Elle est de quelques jours en cas de fistule aorto-œsophagienne sur un terrain débilité de cancer et plus longue en cas de fistule aortobronchique. Cette tendance est retrouvée dans la littérature où les fistules survenues sur perforation œsophagienne (arêtes…) ou sur cancer ont une moins bonne survie que celles survenues sur anévrysmes aortiques rompus [3]. Dans ce dernier cas, la mortalité est similaire à celle des anévrysmes de l’aorte thoracique rompus (19 à 33% à 30 jours) [10,11]. En corrélation, les fistules aorto-œsophagiennes montrent une moins bonne survie [1,3,5,9].   4.7. Limites de l’étude Bien que rétrospectifs, sans collecte des données de manière prospective et portant sur une petite cohorte, les résultats présentés apparaissent similaires à ceux de la littérature. Les fistules aortiques restent une pathologie rare dont la prise en charge relève de l’urgence et doit s’adapter au patient et à la présentation clinique.   4.8. Vers une stratégie de prise en charge Toutefois, certains points permettent d’ébaucher une stratégie de prise en charge de ces fistules aortobronchiques et aorto-œsophagiennes [4,5,20,21,27] : prise en charge pluridisciplinaire en urgence dans un centre expert ; chirurgie endovasculaire de sauvetage ; couverture antibiotique prolongée dont la cible bactérienne et la durée sont à préciser ; ± chirurgie combinée selon le terrain et la présentation clinique. En cas de fistule aorto-œsophagienne, une œsophagectomie associée en periopératoire a montré un bénéfice en terme de survie [2,9] ; ± réparation en chirurgie ouverte à distance [28].   5. Conclusion La survenue d’une fistule aortobronchique ou aorto-œsophagienne est une pathologie rare au pronostic sombre (71% de survie à 30 jours et 43% à 1 an) nécessitant une prise en charge pluridisciplinaire dans des centres experts ; l’exclusion de la fistule étant le plus fréquemment réalisée par voie endovasculaire, la chirurgie conventionnelle garde sa place dans certains cas particuliers. La stratégie globale de prise en charge et la place d’une chirurgie combinée (œsophagectomie, lobectomie…) doit encore être évaluée.   Références Jonker FHW, Schlösser FJV, Moll FL, van Herwaarden JA, Indes JE, Verhagen HJM, et al. Outcomes of thoracic endovascular aortic repair for aortobronchial and aortoesophageal fistulas. J EndovascTher Off J IntSocEndovasc Spec 2009 Aug;16(4):428-40. https://doi.org/10.1583/09-2741R.1 PMid:19702348 Canaud L, Ozdemir BA, Bee WW, Bahia S, Holt P, Thompson M. Thoracic endovascular aortic repair in management of aortoesophageal fistulas. 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décembre 13, 2019
Chirurgie cardiaque · Vol. 23 Mars 2019

Malperfusion compliquant une dissection aortique aiguë de type A : quelle est la prise en charge optimale ?

Thibaut Schoell1,4*, Marina Clément1, Frédérique Jault1, Mojgan Laali1, Eleodoro Barreda1, Akhtar Rama1, Guillaume Hekimian2, Adrien Bougle3,4, Pascal Leprince1,4, Guillaume Lebreton1,4   1. Service de chirurgie cardiovasculaire et thoracique de la Pitié Salpêtrière, Paris, France. 2. Service de réanimation médicale de la Pitié Salpêtrière, Paris, France. 3. Département d’anesthésie réanimation de la Pitié Salpêtrière, Paris, France. 4. Faculté de médecine de Sorbonne université, Paris, France. * Correspondance : tiboschoell@hotmail.com     DOI : 10.24399/JCTCV23-1-SCH Citation : Schoell T, Clément M, Jault F, Laali M, Barreda E, Rama A, Hekimian G, Bougle A, Leprince P, Lebreton G. Malperfusion compliquant une dissection aortique aiguë de type A : quelle est la prise en charge optimale ?. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(1). doi: 10.24399/JCTCV23-1-SCH   Résumé Objet : la dissection aortique de type A (DAAA) peut se compliquer de malperfusion d’organe. La malperfusion peut être myocardique, cérébrale, digestive, médullaire, rénale ou des membres et peut concerner plusieurs organes à la fois. L’objectif de cette étude était de rapporter les résultats pour ces malades dans notre centre. Matériel et méthodes : nous avons suivi une cohorte de patients ayant bénéficié d’une prise en charge chirurgicale d’une DAAA entre janvier 2011 et décembre 2015. Nous avons analysé les résultats de morbimortalité postopératoire. Résultats : pendant les 5 ans de l’étude, 159 patients ont été opérés d’une réparation de l’aorte. La malperfusion concernait 28 patients (18%), 16 malperfusions cérébrales, 8 ischémies de membre, 2 médullaires, 1 myocardique et 1 mésentérique. La mortalité postopératoire était de 57% (16 patients sur 28) chez les patients souffrant d’une malperfusion contre 21% (28 patients sur 131) chez les patients sans malperfusion (p=0,003). Conclusion : la malperfusion d’organe compliquant une DAAA aggrave donc le pronostic de ces patients. La prise en charge de ces patients doit faire appel à des équipes multidisciplinaires pour optimiser le traitement.   Abstract Malperfusion complicating acute type A aortic dissection: What is the optimal management? Background: Type A aortic dissection can lead to organ malperfusion. This malperfusion can affect the myocardium, the brain, the bowels, the spinal cord, the kidneys or the limbs, with one or several of them being affected at the same time. Our study aimed to report the results of those patients in our center. Methods: We followed a cohort of patients who were surgically treated for Type A aortic dissection between January 2011 and December 2015. We analyzed the results of postoperative morbi-mortality. Results: During the 5 year study, 159 patients underwent surgical aortic repair. Malperfusion was reported in 28 patients (18%): 16 cerebral malperfusions, 8 limb ischemia, 2 spinal cord malperfusions, 1 myocardium ischemia, and 1 mesenteric ischemia. Postoperative mortality was 57% (16 patients out of 28) among patients suffering from malperfusion versus 21% (28 patients out of 131) among patients without malperfusion (p=0.003). Conclusions: The prognosis of patients suffering from Type A aortic dissection is negatively affected by the existence of organ malperfusion. The treatment of those complicated patients requires multidisciplinary consultation to improve outcomes.   1. Introduction La survie des patients présentant une dissection aiguë de l’aorte ascendante (DAAA) dépend, outre les comorbidités du patient, des complications présentes à son admission. La complication la plus redoutée après la rupture aortique est la malperfusion d’organe. En effet, tous les organes (notamment ceux avec une vascularisation terminale) peuvent subir une malperfusion pouvant aller jusqu’à l‘ischémie. Il existe deux mécanismes : soit l’artère est obstruée par le faux chenal (obstruction statique), soit le vrai chenal est comprimé par le faux chenal (obstruction dynamique). Ces deux mécanismes peuvent s’ajouter. La malperfusion concerne le cœur, le cerveau, le tube digestif, la moelle épinière, les reins, les membres inférieurs respectivement dans 10%, 10%, 6%, 2%, 9% et 13 % des cas de DAAA dans le registre allemand [1]. Dans ce même registre, la mortalité à 30 jours dépend entre autres du nombre d’organes malperfusés allant de 12,6% lorsqu’il n’y a pas de malperfusion, jusqu’à 43,4% lorsque trois organes sont concernés [1]. La malperfusion peut cependant être sous-diagnostiquée : les scanners sont parfois incomplets, uniquement thoraciques lorsqu’ils sont réalisés à la recherche d’une embolie pulmonaire, le patient peut être non interrogeable et la biologie (bilan hépatique, lactates, créatininémie…) est souvent non disponible à la prise en charge. La prise en charge classique des DAAA est centrée sur l’aorte ascendante avec traitement de la porte d’entrée, remplacement de l’aorte ascendante, éventuellement d’une partie ou de l’intégralité de la crosse dans le but d’éviter la rupture et de réséquer la porte d’entrée. Lorsqu’il existe une malperfusion d’organe, cette prise en charge peut être mise en défaut par la persistance des portes de réentrée (dans l’aorte descendante ou abdominale) qui alimentent le faux chenal. Le mécanisme de l’ischémie d’organe peut alors persister. C’est pourquoi certaines équipes ont adopté des stratégies différentes en commençant par la reperfusion des organes malperfusés. Nous décrivons ici la morbimortalité des patients pris en charge dans notre service d’une DAAA associée à une malperfusion et essayons de trouver, dans la littérature, une prise en charge plus adaptée à ces patients compliqués.   2. Matériels et méthodes   2.1. Patients Nous avons étudié tous les patients pris en charge chirurgicalement dans le cadre d’une DAAA dans notre service (chirurgie cardiovasculaire et thoracique hôpital Pitié Salpêtrière) entre janvier 2011 et décembre 2015. Parmi ces patients, notre attention s’est portée particulièrement sur ceux présentant une malperfusion d’organe. Les données cliniques préopératoires, peropératoires et postopératoires immédiates ont été colligées de manière rétrospective. Les données de suivi à long terme ont été obtenues par appel téléphonique des patients. Un questionnaire standardisé leur était proposé. Lorsque les patients n’étaient pas joignables, les personnes de confiance désignées au moment de l’intervention étaient appelées, les médecins traitants des patients (médecins généralistes ou cardiologues) étaient également sollicités en cas de besoin. Pour chaque événement d’intérêt, le compte rendu d’hospitalisation correspondant était récupéré.   2.2. Techniques opératoires L’intervention était menée en urgence par sternotomie médiane. La technique  opératoire classiquement utilisée dans le service était la suivante : Canulation de l’artère axillaire pour assurer  une perfusion antérograde. Cardioplégie antérograde dans les ostia coronaires (cardioplégie froide, tiède ou cristalloïde suivant les cas et les préférences des chirurgiens). Remplacement de l’aorte ascendante régulièrement étendue à tout ou partie de la crosse aortique. Anastomose distale réalisée en arrêt circulatoire partiel avec perfusion cérébrale sélective et hypothermie modérée (28 °C). Remplacement de la racine aortique si celle-ci était dilatée. En cas d’insuffisance aortique, respecter les insuffisances fonctionnelles (si besoin resuspension commissurale) et remplacement de la valve en cas de valvulopathie organique. Dans tous les cas, contrôle en post-CEC de l’étanchéité de la valve en ETO. La revascularisation d’un organe malperfusé était réalisée après la réparation aortique si l’ischémie perdurait.   2.3. Critères de jugement étudiés La morbimortalité postopératoire et à 5 ans était étudiée. En préopératoire, les malperfusions étaient définies comme suit : L’ischémie coronaire : définie par des anomalies à l’électrocardiogramme (segment ST ou apparition d’une onde Q), une élévation des enzymes ou un trouble de la cinétique à l’échocardiographie. Elle survient dans 10 à 15% des cas selon les séries. La présence d’une anomalie ECG entraîne un retard de diagnostic de la DAA (de 4 à 24h dans l’IRAD). Les complications neurologiques : l’accident vasculaire cérébral (AVC) défini par un déficit systématisé ou le coma. Elles sont dues à une obstruction des troncs supra-aortiques mais peuvent survenir sur un bas débit (choc cardiogénique ou tamponnade). Ces complications font souvent reporter l’intervention. Notre politique est d’opérer ces patients sans délai. La malperfusion rénale : la fonction rénale peut être assurée par un rein, le diagnostic est donc radiologique avec un retard de perfusion d’un ou des reins. L’ischémie digestive est définie par une douleur abdominale, des diarrhées, des saignements digestifs associés à une imagerie compatible (obstruction de l’artère mésentérique supérieure ou du tronc cœliaque). Elle est souvent associée avec une autre malperfusion d’organe. L’ischémie médullaire est définie par une paraplégie ou une paraparésie non expliquée par une ischémie des membres. L’ischémie de membre est définie par une abolition du pouls associée à des douleurs du membre, à une pâleur, éventuellement à un déficit sensitivomoteur et à une obstruction iliofémorale à l’imagerie. En postopératoire : La mortalité postopératoire était définie comme tout décès survenant dans les 30 jours postopératoires, ou avant la fin de l’hospitalisation. La morbidité précoce incluait toute complication se produisant pendant l'hospitalisation.   2.4. Analyse des données Les données ont été collectées rétrospectivement dans la base de données du service, déclarée à la CNIL. Les comparaisons de moyennes ont été faites grâce au test T de Student, et les comparaisons de pourcentages par le test du Chi2. Dans les deux cas, le risque de première espèce était fixé à 0,05. Le logiciel R de l’association R Foundation for Statistical Computing a été utilisé pour réaliser l’analyse statistique.   3. Résultats   3.1. Patients Durant les cinq ans de l’étude, 159 patients présentant une DAAA ont été opérés dans notre centre. Les données démographiques sont présentées dans le tableau 1. Parmi ces patients, 28 présentaient une malperfusion (17,6%), il n’existe pas de différence significative dans les différentes comorbités pour ces patients et ceux ne présentant pas de malperfusion. Lors de leur prise en charge, les patients ayant une malperfusion présentaient davantage de choc et étaient davantage intubés que les patients sans malperfusion. La répartition des organes ischémiques est présentée dans le tableau 2. Un patient était dans le coma (malperfusion cérébrale). Notons que le patient avec malperfusion digestive avait une malperfusion de membre associé.   Tableau 1. Caractéristiques des 159 patients présentant une dissection aortique avec ou sans malperfusion. Sans malperfusion n=131 Avec malperfusion n=28 p Âge* 64,3+/-13,2 66,7+/-14,7 0,44 Homme 83 (63%) 18 (64%) 1 HTA 94 (70%) 16 (60%) 0,2 BMI* 25,6+/-4,3 25,5+/-3,4 0,92 Obèse 14 (11%) 3 (11%) 1 Insuffisance rénale 13 (10%) 5 (20%) 0,38 Diabète 7 (5%) 2 (7%) 1 ATCD d’AVC 6 (5%) 2 (7%) 0,41 Coronaropathie 7 (5%) 2 (7%) 1 Redux 13 (10%) 2 (7%) 0,92 Intubation à l'admission 3 (2%) 6 (21%) 0,0004 Tamponnade 7 (5%) 4 (14%) 0,2 Choc 0 8 (29%) 0,002 * : moyenne +/- écart type.   Tableau 2. Organes malperfusés pour 28 dissections aortiques. Malperfusion n % Cérébrale 16 57,1 Membres inférieurs 8 28,6 Médullaire 2 7,1 Mésentérique 1 3,6 Myocardique 1 3,6     3.2. Données opératoires La chirurgie était réalisée en CEC avec une canulation permettant un flux antérograde lorsque c’était possible. Les segments aortiques remplacés ainsi que les pontages réalisés sont détaillés dans le tableau 3. Il n’y avait pas de différences significatives concernant ces items, à l’exception de la revascularisation des membres inférieurs qui apparaissait uniquement pour 3 patients avec malperfusion de membres inférieurs. Tableau 3. Caractéristiques opératoires pour 159 dissections aortiques de type A. Sans malperfusion n=131 Avec malperfusion n=28 p Racine aortique 29 (22%) 7 (25%) 0,93 Hémicrosse 84 (64%) 19 (68%) 0,87 Crosse aortique 19 (15%) 4 (14%) 1 Pontage coronarien 10 (8%) 1 (3%) 0,94 Reperfusion des membres inférieurs 0 3 (11%) 0,003 réimplantation des TSA 18 (14%) 3 (11%) 1 Perfusion antérograde 93 (71%) 20 (71%) 0,32 Arrêt circulatoire partiel 104 (81%) 22 (79%) 0,78   Les patients ayant nécessité une reperfusion des membres inférieurs ont bénéficié d’une thrombectomie iliaque, d’un pontage fémorofémoral croisé et d’un pontage axillobifémoral. Concernant la chirurgie des troncs supra-aortiques (TSA), il ne s’agissait que d’une réimplantation du TABC pour 8 patients sans malperfusion et pour un patient avec malperfusion. Les pontages coronariens étaient réalisés dans 10 cas sur la coronaire droite (ostium disséqué sans ischémie) et pour un cas sur le réseau gauche.   3.3. Résultats postopératoires   3.3.1. Mortalité postopératoire immédiate La mortalité postopératoire était de 57% (16 patients sur 28) chez les patients souffrant d’une malperfusion contre 21% (28 patients sur 131) chez les patients sans malperfusion (p=0,003). Les causes de décès sont présentées dans le tableau 4a.   Tableau 4a. Causes de mortalité dans les suites d’une dissection aortique de type A selon qu’il y ait ou non une malperfusion d’organe. Sans malperfusion n=131 Avec malperfusion n=28 Mortalité 28 (21%) 16 (57%) MOF 12 (43%) 13 (81%) Choc hémorragique 7 (25%) 2 (13%) AVC 4 (14%) 1 (6%) Cardiologique 5 (18%) 0   À noter que chez 8 patients le recours à l’Extracorporeal Life Support (ECLS) a été nécessaire pour sortir de la circulation extracorporelle (4 dans chaque groupe), tous ces patients sont morts dans un délai médian de 4 jours (0 à 32 jours).   3.3.2. Morbidité postopératoire immédiate Parmi les patients survivants, 6 patients (50%) avec malperfusion ont présenté au moins une complication et 50 (49%) pour ceux sans malperfusion. Les complications sont présentées dans le tableau 4b.   Tableau 4b. Complications dans les suites d’une dissection aortique de type A selon qu’il y ait ou non une malperfusion. Complication Sans malperfusion n=103 Avec malperfusion n=12 Morbidité 50 (49%) 6 (50%) AVC 12 (12%) 2 (17%) Dialyse 8 (8%) 2 (17%) Choc cardiogénique 11 (11%) 2 (17%) Choc hémorragique 7 (7%) 3 (25%) Pneumopathie 41 (40%) 4 (33%) Drainage péricardique 6 (6%) 1 (8%) Médiastinite 1 (1%) 0   4. Discussion Une mortalité de 57% a été retrouvée pour cette série de patients présentant une DAAA compliquée de malperfusion contre 21% pour les patients sans malperfusion. La défaillance multiviscérale est la cause principale. Cette défaillance peut être due à une persistance de la malperfusion d’organe malgré la réparation de l’aorte. Certains auteurs décrivent aussi un syndrome d’ischémie-reperfusion engendrant un syndrome de réponse inflammatoire systémique délétère qui fait retarder la réparation de l’aorte par certaines équipes. Depuis 1994, l’équipe du Michigan propose une reperfusion première par fenestration du flap intimal. La réparation aortique est faite dans un second temps lorsque les défaillances d’organe ont récupéré [2]. De 1992 à 1994, Deeb rapporte une mortalité de 89 % (8/9) des patients opérés en urgence avec une malperfusion motivant leur changement de pratique [2]. Lors de leur première publication, 20 patients avaient été pris en charge avec une malperfusion. La fenestration première avait permis d’opérer, après récupération des défaillances d’organe, 17 patients. Un patient est mort d’une rupture aortique, un autre de défaillance multiviscérale et le troisième a été limité en l’absence de récupération de conscience suite à un coma. L’intervention sur l’aorte a eu lieu dans un délai médian de 21 jours (de 2 à 67 jours) avec au final 75% de survie dans cette population très grave. Lors d’une deuxième publication concernant les 173 patients pris en charge entre 1997 et 2007 [14], 70 présentaient une malperfusion (7 AVC, 40 ischémies mésentériques, 30 infarctus rénaux, 23 ischémies de jambe). Vingt-trois patients sont morts avant la réparation de l’aorte (12 de collapsus sur probable rupture de l’aorte, 5 en défaillance multiviscérale sur la malperfusion et 6 sur l’aggravation de l’AVC). Le délai médian de prise en charge de l’aorte était de 4 jours. Quatre des 47 patients opérés sont morts (8,5%), soit au total 38,7% de mortalité pour les patients avec une malperfusion d’organe. La chirurgie différée (avec une médiane de 4 jours) comme le propose l’équipe du Michigan [2] permet donc de revasculariser les patients précocement en permettant d’améliorer les dysfonctions d’organe et de sélectionner pour la chirurgie les patients qui ont le meilleur pronostic. Il reste le risque de rupture aortique avec 17% de rupture en attendant la chirurgie dans leur deuxième série. L’équipe de Yokohama a une stratégie encore plus agressive [3]. Lorsqu’une malperfusion est présente dans une DAAA, la revascularisation est réalisée en premier. Cette revascularisation est réalisée par shunt externe à partir de l’artère fémorale vers l’artère mésentérique supérieure, ou de l’artère brachiale vers les fémorales en fonction de la localisation de l’ischémie ; la revascularisation coronaire est réalisée par dilatation et stenting sans anti-agrégation, et les artères à destinée cérébrale sont fenêtrées. L’aorte est prise en charge immédiatement après, dans le même temps opératoire. Les patients âgés, avec des comorbidités, ou ceux qui avaient des défaillances d’organes irréversibles ne sont pas opérés, éliminant 19% des patients avec une mortalité de 39% pour ces patients non opérés. Dans leur série rétrospective publiée en 2018, parmi 438 patients pris en charge pour dissection, 108 (24%) présentaient une malperfusion. La prise en charge globale a été laissée à l’appréciation du chirurgien. Une revascularisation première a été réalisée dans 33 cas, suivie de 28 réparations immédiates de l’aorte, avec une mortalité de 15,2%. Les causes de non-opération étaient des dysfonctions neurologiques ou des infarctus du myocarde, entraînant 4 décès sur 5 patients. La mortalité des patients ayant pu bénéficier à la fois d’une revascularisation et d’une réparation aortique est de seulement 3,6%. Pour les 75 autres patients malperfusés qui n’ont pas été revascularisés, 65 ont eu une réparation de l’aorte avec une mortalité pour ces derniers de 19%. Les patients sans malperfusion opérés avaient quant à eux une mortalité de 3,4%. Au prix d’une sélection importante, cette revascularisation première permet aussi de faire une sélection entre ceux qui vont bénéficier de la reperfusion et ceux dont les défaillances d’organe sont irréversibles. La prise en charge immédiate de l’aorte après la revascularisation permet d’éviter les ruptures de l’aorte qui ternissaient les résultats de l’équipe du Michigan. Deeb en 1997 [2] émettait déjà l’hypothèse que le syndrome de reperfusion et le syndrome inflammatoire associé entraînaient une mortalité importante, ce qui justifiait d’attendre la récupération d’organe pour effectuer la réparation centrale. Les bons résultats de l’équipe de Yokohama, qui effectue la réparation sans délais après la revascularisation, vont à l’encontre de cette théorie [3]. De son côté l’équipe de Stanford [4], sur une série de 305 patients présentant une DAAA s’étendant jusqu’à l’aorte descendante, ne retrouve pas de différences en terme de mortalité entre les patients avec ou sans malperfusion (19/223, 8,5% contre 11/82, 13,4% respectivement p=0,2). Leur approche chirurgicale est standard avec une chirurgie de l’aorte première. Peu de patients malperfusés ont besoin d’une procédure de revascularisation complémentaire [4]. Plusieurs auteurs ont proposé de couvrir l’aorte descendante proximale en association au traitement classique de l’aorte ascendante et de la crosse. Dans les DAAA s’étendant à l’aorte descendante, l’équipe de Houston [5] déploie une endoprothèse courte (10-15 cm) en arrêt circulatoire de manière antérograde dans le vrai chenal. Cette technique leur permet d’améliorer le taux de reperfusion postopératoire pour les patients souffrant d’une malperfusion, sans augmenter ni la durée de l’arrêt circulatoire, ni le taux d’insuffisance rénal, ni le taux de paraplégie/paraparésie [5]. Dans le registre international, la malperfusion digestive était associée à une surmortalité (63,2% vs 23,8% ; p<0,001). Les patients présentant une DAAA avec ischémie mésentérique bénéficiaient d’un traitement médical plus fréquemment que les autres (30,9% vs 11,6% ; p<,001). La prise en charge chirurgicale de ces patients est un facteur protecteur (OR 0,1 ; 95% CI, 0,028-0,539 ; p<0,005). Il existe cependant probablement un biais de sélection des patients jugés éligibles à la chirurgie [6]. La dissection aortique compliquée d’une malperfusion étant rare, il n’existe pas de grosse cohorte et encore moins d’études randomisées permettant de tirer des conclusions sur la prise en charge à adopter. Cependant, il existe dans certains pays comme en Allemagne des registres permettant, outre d’avoir des données prospectives fiables, de colliger l’ensemble des patients d’une population et de rechercher des facteurs de risque sur une grosse cohorte. Il est impératif de développer des registres nationaux pour permettre de progresser sur la prise en charge d’une maladie où chaque centre ne traite que quelques cas par an. Peut-être faudrait-il ajouter une page dédiée dans la base de données française Epicardweb, ce qui permettrait de recueillir tous les items utiles à la description de cette pathologie.   4.1. Malperfusion cérébrale Sur les 16 patients avec une malperfusion cérébrale de notre série, 8 sont décédés en postopératoire (mortalité de 50%). Dans la majorité des cas, la défaillance multiviscérale en était la cause, une seule transformation hémorragique a été notée. Les 8 survivants ont eu une récupération neurologique sans séquelle, 3 patients ont bénéficié d’une chirurgie aortique complémentaire (2 chirurgies de la crosse pour dilatation et une chirurgie d’une dilatation anévrismale de l’aorte thoracoabdominale). La présence d’un accident vasculaire cérébral ou d’un coma est souvent considérée comme une contre-indication à la chirurgie dans la DAAA. Plusieurs équipes rapportent pourtant de bons résultats. L’équipe de Leipzig [7] procède à une revascularisation sélective par pontage extra-anatomique de la carotide incriminée. Dans leur série, 6,5% des patients avec une DAAA se présentaient avec une malperfusion cérébrale (23/354), la mortalité postopératoire pour ce groupe de patients était de 13%, et 30% à 3 ans sans différence de mortalité avec les patients souffrant d’une DAAA sans malperfusion cérébrale. Seulement 3 patients ont présenté une transformation hémorragique lors de l’intervention, dont 2 n’ont pas récupéré. Morimoto [8] a retrouvé, pour ces patients, un déficit neurologique limité (National Institutes of Health Stroke Scale <10) et un délai entre les symptômes et la chirurgie de moins de 9,1 h comme facteur de bon pronostic. Concernant les patients avec une DAAA dans le coma, une cohorte japonaise retrouve de bons résultats dans les suites de la chirurgie immédiate. En effet sur 30 patients pris en charge dans le coma, 24 ont été opérés immédiatement, avec une survie de 87%, une récupération neurologique dans 79% des cas et sans transformation hémorragique [9]. Les mêmes résultats sont décrits dans le registre international. La prise en charge chirurgicale donnait de meilleurs résultats que le traitement médical en terme de mortalité (87,2% pour les patients traités médicalement contre 33,3% pour les patient opérés) et de récupération neurologique [10]. Les complications neurologiques présentaient une contre-indication au traitement chirurgical des DAAA à cause du risque de transformation hémorragique. Les études récentes favorisent plutôt une prise en charge chirurgicale précoce pour espérer une récupération neurologique avec des résultats plus favorables que ceux du traitement médical. Certains proposent une perfusion carotidienne précoce avant même l’arrivée du patient au bloc opératoire [11]. Okita et al., dans une petite série de trois patients comateux avec une hémiplégie, décrivent un shunt externe fémorocarotidien, cette technique a permis une bonne récupération neurologique pour ces trois malades.   4.2. Malperfusion iliofémorale Huit patients avaient une ischémie de membre isolée à l’admission. Cinq patients sont décédés en postopératoire (62,5%), dans la majorité des cas de défaillance multiviscérale. Dans la série d’Uchida, la mortalité des patients en ischémie de membre inférieur était de 18%. La reperfusion précoce par shunt externe leur permettait de ne pas avoir de rhabdomyolyse postopératoire [3]. Le plus souvent l’ischémie de membre inférieur est due à une obstruction dynamique et est levée par la reperfusion du vrai chenal. Cependant une reperfusion précoce pourrait éviter une rhabdomyolyse prolongée pouvant conduire à une défaillance rénale et multiviscérale. L’association à la malperfusion d’un autre organe est fréquente et doit être recherchée.   4.3. Malperfusion médullaire Deux patients ont présenté une malperfusion médullaire avec paraplégie. Ces deux patients ont survécu avec une récupération complète pour l’un d’entre eux. Le traitement est le plus souvent chirurgical. L’équipe de Sandhu [12] reporte une belle série de 482  DAAA avec 23 ischémies médullaires (4,8%). La récupération a été complète pour 61% des patients et incomplète pour 17%. La présence d’une ischémie médullaire n’était pas un facteur de risque de mortalité. Cependant les patients qui ne récupéraient pas avaient une mortalité plus élevée que ceux qui récupéraient (33% vs 5,9%).   4.4. Malperfusion mésentérique Nous n’avons noté qu’un patient avec malperfusion digestive dans notre série. Le diagnostic n’est pas toujours fait au moment de la prise en charge, car le scanner ne va pas toujours jusqu’à l’abdomen, la biologie est souvent non disponible et la symptomatologie parfois incomplète. Pour le patient identifié comme tel, il a présenté des douleurs abdominales, et le diagnostic a été posé grâce au scanner thoracoabdominal. Une ischémie de membre était associée. Il a été transféré en choc (sous noradrénaline) avec une acidose métabolique (lactates à 9,8). Un épanchement péricardique était présent, justifiant la prise en charge chirurgicale urgente et la canulation sous-clavière première. À l’ouverture du péricarde, l’aorte était rompue. Les suites ont été rapidement défavorables avec une défaillance multiviscérale, un choc hémorragique conduisant au décès du patient à J1. Cette histoire caricaturale, par sa gravité, nous montre l’impasse thérapeutique que représente ce genre de patients. En effet, un traitement différé était impossible du fait de la tamponnade. Une fois la défaillance multiviscérale installée, les mesures de réanimation sont souvent inefficaces. Plus récemment, un autre patient a été pris en charge dans notre centre, le scanner concernait seulement l’étage thoracique et il n’y avait pas d’argument clinique pour une malperfusion digestive. Nous avons procédé à la chirurgie aortique en urgence. Dans les suites, une acidose s’est installée conduisant à réaliser un scanner thoracoabdominal et à découvrir une obstruction de l’artère mésentérique supérieure. La revascularisation par stenting de celle-ci n’a pas suffi à corriger le choc, conduisant rapidement au décès. Dans le registre international, la malperfusion digestive était associée à une surmortalité (63,2% vs 23,8% p<0,001). Ce pronostic péjoratif est en partie dû au fait qu’à la malperfusion mésentérique s’associait plus fréquemment un déficit neurologique, une insuffisance rénale ou une ischémie de membre [6]. Les patients présentant une DAAA avec ischémie mésentérique bénéficiaient d’un traitement médical plus fréquemment que les autres (30,9% vs 11,6% ; p<,001). Le traitement endovasculaire était aussi utilisé plus souvent dans ce cas (16,2% vs 0,5% ; p<0,001). La mortalité de ces patients dépendait du traitement : 95,2% (20/21) pour le traitement médical, 72,7% (8/11) pour le traitement endovasculaire et 63,2% (15/36) pour le traitement chirurgical/hybride. La prise en charge chirurgicale de ces patients était un facteur protecteur (OR 0,1 ; 95% CI, 0,028-0,539 ; p<0,005). Il existe cependant probablement un biais de sélection des patients jugés éligibles à la chirurgie. Les modalités de prise en charge ont été débattues précédemment. La chirurgie reste le traitement de référence et le seul qui puisse sauver ces patients extrêmement graves. La place et le timing de la fenestration restent à définir et dépendent des habitudes de chaque équipe. L’ischémie mésentérique doit être évoquée en postopératoire pour tout patient dont les lactates ne baissent pas après une réparation d’une dissection aortique et sa prise en charge doit être multidisciplinaire.   4.5. Malperfusion myocardique Comme pour la malperfusion mésentérique, la malperfusion coronarienne est probablement sous-estimée. Nous n’en avons retrouvé qu’une seule dans notre série. La prise en charge de la malperfusion coronarienne ne fait pas autant débat que pour les autres malperfusions. Seules quelques petites séries proposent un traitement percutané des lésions coronariennes avant la chirurgie de l’aorte ascendante [13]. Ce type de prise en charge permettrait une revascularisation plus précoce mais avec le risque de rupture de l’aorte ascendante. Elle aurait peut-être une place dans une salle hybride où la procédure percutanée se ferait pendant les abords pour la canulation. Le diagnostic de DAAA peut aussi se faire sur la table de coronarographie, comme c’est le cas de la moitié des malades revascularisés précocement de la série des mêmes auteurs [13]. Il n’y a alors pas de perte de temps à stenter la coronaire incriminée. Dans la majorité des cas, la revascularisation se fait par pontage aortocoronarien lors de la réparation aortique. Lorsque seul l’ostium est disséqué une réparation peut être réalisée.   5. Conclusion La malperfusion est un facteur de risque de mortalité dans les DAAA. Dans notre série, la mortalité est de 57% chez les patients souffrant d’une malperfusion contre 21% chez les patients sans malperfusion (p=0,003). Plusieurs organes sont souvent touchés et le diagnostic peut être difficile, notamment pour l’ischémie digestive, myocardique et rénale. La prise en charge optimale dépend de l’organe touché. Lorsque la malperfusion est cérébrale, la chirurgie est urgente et le temps d’ischémie est un facteur important pour la récupération. Dans les malperfusions viscérales, la reperfusion est urgente et peut se faire soit au cours d’une chirurgie conventionnelle (le rétablissement du flux dans le vrai chenal peut alors suffire), soit par voie endovasculaire (par fenestration associée ou non à un stenting des artères incriminées). Le timing fait débat, l’aorte peut être réparée en premier lieu ou dans un deuxième temps, lorsque la revascularisation a été privilégiée. Dans ce dernier cas, la récupération fonctionnelle des organes est attendue. Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à répéter l’imagerie en postopératoire si une acidose s’installe afin de diagnostiquer une ischémie. Il faut alors reperfuser les organes et ce le plus précocement possible. Dans tous les cas, la prise en charge de ces patients est un travail d’équipe impliquant des chirurgiens (cardiaques et vasculaires), des anesthésistes-réanimateurs, des radiologues, et en amont des urgentistes et des cardiologues. Les décisions thérapeutiques doivent être prises au cas par cas en fonction de l’expérience de chaque équipe. Une base française pour ces malades pourrait être développée à partir d’Epicardweb.   Références Czerny M., Schoenhoff F, Etz C, Englberger L, Khaladj N, Zierer A, et al. The impact of pre-operative malperfusion on outcome in acute type A aortic dissection: results from the GERAADA registry. J Am Coll Cardiol 2015;65:2628-2635. https://doi.org/10.1016/j.jacc.2015.04.030 Deeb GM, Williams DM, Bolling SF, et al. Surgical delay for acute type A dissection with malperfusion. Ann Thorac Surg 1997;64:1669-75;discussion 1675-7. Uchida K, Karube N, Kasama K, Minami T, Yasuda S, Goda M, et al. Early reperfusion strategy improves the outcomes of surgery for type A acute aortic dissection with malperfusion. J Thorac Cardiovasc Surg 2018;156:483-9. https://doi.org/10.1016/j.jtcvs.2018.02.007 Chiu P, Tsou S, Goldstone AB, Louie M, Woo YJ, Fischbein MP. Immediate operation for acute type A aortic dissection complicated by visceral or peripheral malperfusion. J Thorac Cardiovasc Surg 2018;156:18-24.e3. https://doi.org/10.1016/j.jtcvs.2018.01.096 Preventza O, Cervera R, Cooley DA, Bakaeen FG, Mohamed AS, Cheong BY, Cornwell L, Simpson KH, Coselli JS. Acute type I aortic dissection: traditional versus hybrid repair with antegrade stent delivery to the descending thoracic aorta. J Thorac Cardiovasc Surg 2014 Jul;148(1):119-25. https://doi.org/10.1016/j.jtcvs.2013.07.055 PMid:24041767 Di Eusanio MD, Trimarchi S, Patel HJ, Hutchison S, Suzuki T, Peterson MD, et al. Clinical presentation, management, and short-term outcome of patients with type A acute dissection complicated by mesenteric malperfusion: observations from the International Registry of Acute Aortic Dissection. J Thorac Cardiovasc Surg 2013;145:385-90. https://doi.org/10.1016/j.jtcvs.2012.01.042 PMid:22341418 Luehr M, Etz CD, Nozdrzykowski M, Lehmkuhl L, Misfeld M, Bakhtiary F, et al. Extra-anatomic revascularization for preoperative cerebral malperfusion due to distal carotid artery occlusion in acute type A aortic dissection. Eur J Cardiothorac Surg 2016;49:652-9. https://doi.org/10.1093/ejcts/ezv064 PMid:25724905 Morimoto N, Okada K, Okita Y. Lack of neurologic improvement after aortic repair for acute type A aortic dissection complicated by cerebral malperfusion: Predictors and association with survival. J Thorac Cardiovasc Surg 2011;142:1540-1544. https://doi.org/10.1016/j.jtcvs.2011.05.004 PMid:21664623 Tsukube T, Haraguchi T, Okada Y, Matsukawa R, Kozawa S, Ogawa K, et al. Long-term outcomes after immediate aortic repair for acute type A aortic dissection complicated by coma. 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Risk analysis and improvement of strategies in patients who have acute type A aortic dissection with coronary artery dissection. Eur J Cardiothorac Surg 2013;44:419-424. https://doi.org/10.1093/ejcts/ezt060 Patel HJ. et al. Operative delay for peripheral malperfusion syndrome in acute type A aortic dissection: A long-term analysis. The Journal of Thoracic and Cardiovascular Surgery, 2008; 135(6):1288-1296. https://doi.org/10.1016/j.jtcvs.2008.01.026   Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared.  Cet article est issu d’un mémoire de DESC.  Date de soumission : 13/09/2018. Acceptation : 21/11/2018.  
mars 19, 2019
Chirurgie cardiaque · Vol. 21 Septembre 2017

Description d’un modèle expérimental d’évaluation fonctionnelle et morphologique des endoprothèses vasculaires de petit calibre adapté à l’étude des stents coronaires

Marco Picichè1*, Michel Dauzat2, Hélène Vernhet-Kovaksik3, Roland Demaria4   1. Service de chirurgie cardiaque, hôpital San Bortolo, Vicenza, Italie. 2. Laboratoire de physiologie cardiovasculaire, Nîmes, France. 3. Service de radiologie, CHU Arnaud de Villeneuve, Montpellier, France. 4. Service de chirurgie cardiaque et vasculaire, CHU Arnaud de Villeneuve, Montpellier, France. * Correspondance : marco.piciche@libero.it   DOI : 10.24399/JCTCV21-3-PIC Citation : Picichè M, Dauzat M, Vernhet-Kovaksik H, Demaria R. Description d’un modèle expérimental d’évaluation fonctionnelle et morphologique des endoprothèses vasculaires de petit calibre adapté à l’étude des stents coronaires. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(3). doi: 10.24399/JCTCV21-3-PIC   Résumé Le but de ce travail est la mise au point d’un modèle expérimental permettant d’étudier les propriétés des endoprothèses de petit calibre type stents. Pour valider ce modèle, on utilise le lapin New Zealand avec le stent placé chirurgicalement dans l’aorte abdominale, et on évalue ensuite la compliance pariétale ainsi que la fonction endothéliale et l’aspect anatomopathologique. Ce modèle permet l’étude de stents de petit calibre, sur le plan de leurs propriétés mécaniques pariétales locales, ainsi que morphologiques. Des études comparatives sont possibles.   Abstract This work aims to develop an experimental model for the study of small endoprostheses. New Zealand rabbits were used to validate this model. The stent is surgically placed in the abdominal aorta. Then, the parietal compliance, endothelial function, and anatomopathological aspects are evaluated. This model allows investigators to study the local parietal properties of small-caliber stents and can be used in comparative studies.   1. INTRODUCTION Les modèles d’évaluation des stents vasculaires se classent en deux catégories : les modèles d’études « in vitro » et les modèles d’études « in vivo » ou modèles animaux. Les espèces utilisées sont très souvent les rongeurs (rats, lapins), parfois le chien ou le cochon et exceptionnellement le primate [1]. En général, les études comportent un groupe témoin face à un groupe implanté, ou un groupe implanté seul. Les critères d’évaluation sont représentés par le maintien de la perméabilité à court, moyen et long termes, apprécié par méthode clinique, avec apparition d’une séméiologie ischémique, par exploration doppler, par artériographie ou intervention chirurgicale avec possibilité d’exploration directe. Un contrôle histologique est nécessaire lorsqu’on est intéressé à étudier l’hyperplasie intimale. Pour l’étude de la fonction endothéliale, on utilise classiquement les chambres d’organes, avec l’étude de la relaxation endothélium dépendante. Dans notre modèle, on pourra évaluer la présence ou l’absence d’une dysfonction endothéliale. Cela sera possible après avoir sacrifié l’animal et préparé chirurgicalement des anneaux d’aorte pour une étude pharmacologique « in vitro ». Pour étudier la compliance pariétale, définie par le rapport de la variation de volume d’un segment vasculaire sur la variation de pression, on peut utiliser une méthode invasive et non invasive. Pendant longtemps, la première méthode a été utilisée, à l’aide des microcapteurs connectés à la paroi aortique et tunnelisés à l’extérieur de l’animal [2]. Depuis quelques années, les microcapteurs ont été remplacés par la méthode non invasive, représentée par l’échographie bidimensionnelle [3-7]. Malgré le perfectionnement de l’industrie des prothèses endovasculaires et le rôle croissant de l’industrie pharmacologique, les problèmes représentés par la resténose et la thrombose intrastent, précoce et tardive, ne sont pas définitivement réglés [8]. Des observations remettent en cause le rôle des stents Drug-eluting (DES) par rapport au Bare-metal (BMS), à cause de plusieurs épisodes de thrombose tardive [9]. Les études sur les modifications de parois et de la fonction endothéliale après mise en place d’un stent représentent une filière de recherche qui nécessite une réactualisation constante, au fur et à mesure que des nouveaux types de stents sont conçus. Nous avons imaginé un modèle animal d’évaluation des stents sur les artères de petit calibre, tant sur le plan structurel (étude de l’endothélialisation, paroi vasculaire) que fonctionnel (relaxation endothélium dépendante, compliance pariétale). L’étude anatomopathologique décrite pourra utilement compléter le travail physiologique afin de rechercher une éventuelle corrélation anatomofonctionnelle. C’est ce modèle qui sera décrit dans ce travail préliminaire, dont le seul but initial est l’évaluation de la faisabilité et de l’utilisation expérimentale fiable de ce modèle.   2. MATÉRIEL ET MÉTHODES   2.1. Préparation de l’animal  Plusieurs types de lapins sont communément utilisés par les études expérimentales. Parmi les différentes variétés, il y a non seulement des différences de couleurs du pelage et des yeux, mais aussi des différences de poids et de diamètre d’aorte. Nous avons choisi le lapin probablement le plus commun. Il s’agit du lapin New Zealand, variété blanche [figure 1].   [caption id="attachment_3811" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Le lapin New Zealand blanc.[/caption]   Tous les animaux ont été traités selon les principes établis par la National Society for Medical Research et le Guide for the Care and Use of Laboratory Animals. Les lapins sont fournis par l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) de Montpellier. Au total, 14 lapins doivent être inclus dans l’étude et subir l’implantation d’un stent dans l’aorte abdominale. Huit lapins reçoivent un stent Bare-metal (BMS), de 3 à 3,5 mm de diamètre et de 8 mm de longueur, et 6 lapins reçoivent des stents Drug-eluting (DES) de 3 à 3,5 mm de diamètre et de 8 à 13 mm de longueur. L’âge moyen des animaux est de six mois. Tous les animaux devaient être tatoués. L’hébergement est assuré dans une animalerie agréée où on cherche à maintenir une température moyenne de 28 °C. Les lapins sont isolés des autres animaux. Un délai de dix jours minimum est respecté entre l’arrivée des lapins à l’animalerie et l’intervention chirurgicale. Cet intervalle est nécessaire pour s’assurer que le lapin est en bonne santé, qu’il s’alimente correctement, qu’il ne perd pas de poids. Tout éventuel signe de maladie ou de fatigue oblige à exclure le lapin pour la mise en place du stent, pour les motivations exposées ci-dessus. Un examen clinique est ainsi effectué pour exclure des sujets avec des maladies telles que la myxomatose, la gale des oreilles, le mal de patte. Le lieu d’hébergement des lapins est isolé des bruits extérieurs et est maintenu au maximum au calme. L’alimentation solide est retirée le matin de l’implantation mais les animaux peuvent par contre s’hydrater jusqu’au moment du prélèvement de l’animalerie. Le lapin éveillé est pesé sur une balance à affichage numérique en grammes (Seca Vogel model 734). Le poids moyen mesuré était de 2,9 kg (minimum : 2,75 kg ; maximum : 3,6 kg). Une série préliminaire de lapins a été utilisée pour l’apprentissage avant de commencer à pratiquer sur les lapins objets de l’étude, en particulier pour arrêter le choix d’une méthode anesthésique fiable et apprendre l’anatomie chirurgicale des régions inguinales et abdominales. Une préanesthésie à la kétamine a été choisie. La voie d’administration est intramusculaire à la dose de 50 mg/kg. L’anesthésie est ensuite maintenue avec injection intraveineuse de kétamine diluée en solution saline à 0,9 % à la dose de 0,1 mg/kg/min. Chaque lapin reçoit une injection intraveineuse de pénicilline G 200000 UI, de dexaméthasone à la dose de 0,4 mg/kg et d’héparine 500 UI. Dès que le lapin entre en narcose, il est rasé en trois endroits différents : au niveau de la partie caudale des deux flancs, en vue du geste chirurgical pour l’exposition des vaisseaux fémoraux, et au niveau de la face interne des deux oreilles, de façon à faciliter l’exposition de l’artère centrale de l’oreille et de la veine centrale auriculaire. Le lapin est installé sur le plateau d’intervention muni d’un matelas chauffant. Les quatre membres sont entravés à l’aide de liens, de façon à maintenir les deux membres inférieurs en légère extension. Les deux membres supérieurs sont simplement attachés sans traction. Une sonde rectale est mise en place. Elle mesure la température centrale de l’animal et indirectement assure le fonctionnement correct du matelas chauffant. La température initiale du lapin est notée, ensuite l’unité de contrôle du matelas chauffant est mise en charge. Le monitorage du rythme cardiaque est effectué en continu ; nous utilisons trois électrodes de type aiguille glissée sous la peau. Deux électrodes sont placées au niveau thoracique antérieur à proximité des creux axillaires droit et gauche, la dernière au niveau de la cuisse gauche, près du relief osseux du genou. L’électrocardioscope (Philips C.M. 110) est ensuite mis en charge et la qualité de l’électrocardiogramme, ainsi que la fréquence cardiaque, est notée. Un clamp type Bull-Dog est placé à la base de l’oreille gauche, au niveau de la veine auriculaire caudale, de façon à réduire son drainage et provoquer une légère congestion veineuse. Deux pulvérisations de lidocaïne (Xylocaïne 5 %) sont effectuées sur la totalité du trajet pour obtenir, en 1 à 2 minutes, une vasodilatation facilitant sa ponction. Celle-ci est accomplie à l’aide d’une aiguille épicrânienne (Vygon Microflex 240.05), qui est ensuite raccordée, à travers une tubulure, à une poche de perfusion de 500 centimètres cubes (cc) de sérum salé isotonique (NaCl 0,9 %). La perfusion est alors débutée à vitesse moyenne, entre 15 à 20 gouttes par minute. L’aiguille épicrânienne est enfin fixée à l’oreille gauche à l’aide de deux bandelettes adhésives. On procède ensuite à l’intubation du lapin. Sur l’animal anesthésié, connecté à un scope, perfusé et entravé sur le plateau opératoire, il est pratiqué d’abord une oxygénation au masque, à 2 l d’0² min – 1, pendant une minute. Ensuite, on positionne la tête et le cou du lapin en extension. La langue est tractée vers la gauche à l’aide d’une pince à disséquer, et on glisse par la droite la canule de pulvérisation d’un flacon de lidocaïne 5 % spray (Xylocaïne 5 % Nébuliseur). La glotte est perçue par la main gauche de l’opérateur. Deux pulvérisations sont administrées : une au niveau de la glotte et l’autre au niveau de l’oropharynx en retirant la canule. Une sonde-guide (Rüsch n° 18) est alors glissée à la place de la canule et positionnée de façon à buter sur la glotte. On perçoit le souffle expiratoire à l’extrémité externe de la sonde-guide. Un mandrin métallique (provenant d’un Seldicath 1,3 mm), recourbé à son extrémité mousse et marqué à la longueur de la sonde-guide, est glissé dans la sonde-guide. Lorsque la marque atteint l’extrémité externe de la sonde-guide, cela signifie que l’extrémité recourbée et mousse du mandrin apparaît au niveau de la glotte. Des mouvements longitudinaux et de rotation, notamment lors de la phase inspiratoire, permettent la pénétration dans la trachée, reconnue par une importante toux réflexe. La sonde-guide est alors retirée en laissant le mandrin en place. Lors de la tentative d’intubation, l’opérateur surveille l’éventuelle apparition de cyanose et de bradycardie. Si une de ces complications apparaît, ou si après 30 secondes les tentatives sont encore infructueuses, une nouvelle oxygénation au masque, avec les mêmes paramètres qu’au début, est pratiquée. La sonde d’intubation (Rüsch Lit 2,5) est alors glissée, après lubrification (Lubrispray, Peters) dans le mandrin. De nouveaux réflexes de toux apparaissent lors de la pénétration de la sonde dans la trachée. Le mandrin est retiré, la bonne position de la sonde d’intubation vérifiée à l’auscultation, et la sonde enfin fixée à la lèvre inférieure droite par un point de Vicryl 3/0. Le masque à oxygène est ensuite placé au niveau de la face de l’animal avec un débit de 1 litre par minute, et reste ainsi pendant toute la durée de l’intervention. Un respirateur (Logic 07 ATM) peut être utilisé pour libération d’un volume contrôlé, en cas de nécessité absolue d’assistance (apnée). En ce qui concerne le cathétérisme artériel, on utilise l’artère centrale de l’oreille droite. Si nécessaire, cette artère est dilatée à l’aide de deux pulvérisations de lidocaïne 5 % spray (Xylocaïne 5 % Nébuliseur). Le cathétérisme est réalisé à l’aide d’un cathéter (Vialon Insyte-W: 0,8. 25 mm) raccordé à la tête de pression. Après purge, il est fixé à l’oreille à l’aide de deux points de Vicryl 3/0. La pression artérielle s’inscrit sur l’écran en continu. Le système est reétalonné à l’aide d’un tensiomètre à mercure (Spengler, France) branché en dérivation sur la tête de pression. Les pressions systolique, diastolique et moyenne sont alors notées. La partie des deux flancs précédemment rasés est badigeonnée avec une solution iodée (Bétadine, solution dermique de polyvidone iodée). Une dernière vérification avant d’inciser comprend le contrôle de la fonction respiratoire (fréquence et amplitude respiratoire, cyanose, positionnement du masque, débit d’oxygène, réglage et proximité du respirateur), de la fonction cardiaque (fréquence cardiaque, aspect de l’électrocardiogramme, pression artérielle), du bon fonctionnement de la voie veineuse (écoulement), du matelas chauffant, et de la température centrale de l’animal.   2.2 Technique chirurgicale expérimentale et mesures in vivo On injecte de la Xylocaïne 1 % sous-cutanée dans la région fémorale droite. La région fémorale gauche est ainsi préparée, mais elle sera utilisée seulement en cas de survenue de problèmes du côté droit. Entre 4 et 8 cc de Xylocaïne sont généralement suffisants pour obtenir une anesthésie locale efficace. L’incision est effectuée perpendiculairement par rapport à l’axe fémoral, au niveau du pli entre la cuisse et le flanc. La longueur est d’environ 3 centimètres et on utilise une lame de bistouri n° 15. Avec un bistouri électrique bipolaire (Lamidey Bipolec), on effectue l’électrocoagulation et la section du tissu sous-cutané. Les tissus apparaissent imbibés de Xylocaïne. La Xylocaïne, en excès, est séchée à l’aide d’une compresse stérile de 7 x 5 centimètres. Puis, on dissèque doucement le tissu sous-cutané à l’aide de ciseaux de microchirurgie, en faisant très attention à ne pas provoquer une lésion du fascia vasculonerveux fémoral. On peut effectuer cette dissection à l’aide d’un microscope optique binoculaire opératoire (Nachet Z45 P, France) avec zoom Flow 150 (Nachet, France) et lumière intégrée (ESM Flow 150) ou bien à l’aide des lunettes chirurgicales utilisées dans la chirurgie cardiaque avec grossissement 2,5 (Designs for Vision, États-Unis, normalement utilisées pour la chirurgie valvulaire) ou 3,5 (normalement utilisées pour la chirurgie coronarienne). Un porte-aiguille d’O’Brien permet de circonscrire l’artère, de la laquer à l’aide d’un petit fil en Vicryl 3/0. Ce geste est répété proximalement et distalement. Une fois l’artère fémorale bien exposée et la veine isolée, on augmente le diamètre de l’artère avec encore une légère imbibition locale de Xylocaïne. Ensuite, après clampage, une artériotomie transverse de 1 mm est faite. Un introducteur de 5 french avec mécanisme à valve (Terumo, Tokyo, Japon) est introduit et placé jusqu’à l’aorte abdominale. Cet introducteur dispose d’un bras latéral, qui peut être utilisé pour la mesure de la tension artérielle en cas de dysfonctionnement du monitorage connecté sur l’artère centrale de l’oreille. Le diamètre aortique est préalablement mesuré par des images bidimensionnelles obtenues avec une sonde de 7,5 MHz (HDI 3000, ATL Ultrasound, Bothell, Washington, États-Unis ; Radius, GE-CGR, Buc, France). Le laboratoire EA2992 sur le site de la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes dispose pour cette étude de deux types de stents, Bare-metal stents (BMS) et Drug-eluting stents (DES). Les stents Bare-metal ont été utilisés les premiers. Ils sont du type ACE Multilink construits par Guidant Europe, à Diegem, en Belgique. Ils ont un diamètre moyen de 3 mm et une longueur de 13 mm. Le diamètre du stent, après implantation, varie en fonction de la pression à l’intérieur du ballon. Un diamètre de 3 mm est obtenu avec une pression de 8 atmosphères, correspondant à 810,6 kPa. On obtient un diamètre de 3,4 mm avec une pression de 20 atmosphères, correspondant à 2026 kPa. Ensuite, la possibilité de disposer également des stents Drug-eluting a permis d’amplifier la recherche, en utilisant toujours le même modèle animal. Les stents utilisés sont de fabrication américaine, Cypher Cordis (Johnson & Johnson). Après passage du guide, le stent, Bare-metal (BMS) ou Drug-eluting (DES), adapté à une artère de calibre de 3 mm, est implanté dans l’aorte sous-rénale avec une surdilatation de 10 %. Le diamètre du stent, après l’implantation, varie en fonction de la pression à l’intérieur du ballon : de 3 mm à 8 atm (810,6 kPa) à 3,41 mm à 20 atm (2026,5 kPa). Les mensurations échographiques des diamètres aortiques sont ainsi réalisées, immédiatement après le stenting, au niveau de l’aorte stentée, 5 mm au-dessus du stent et 5 mm en-dessous du stent. L’axe longitudinal de l’aorte abdominale du lapin est évalué perpendiculairement, à partir du côté gauche du lapin, de façon à ce que le champ d’images puisse inclure la veine cave inférieure. Au moins 3 acquisitions sont effectuées au même site anatomique et toutes les valeurs sont obtenues pendant 40 cycles cardiaques et une moyenne est calculée. Sur les images bidimensionnelles, l’opérateur désigne une aire rectangulaire pour les calculs en incluant les parois proximales et distales, pour une longueur de 3 mm. L’interface entre l’intima et la lumière de la paroi proximale et l’interface entre la lumière et l’intima de la paroi distale sont détectées de façon automatique à travers l’analyse du profil gris de l’image grise (frame) ; le déplacement relatif de ces interfaces sur « frames » consécutives est analysé. Le diamètre est donné comme la distance moyenne entre le bord correspondant à l’interface lumen-intima de la paroi proximale et le bord correspondant à l’interface lumen-intima de la paroi distale ; la déflexion (« waveform ») du diamètre du vaisseau et les changements des diamètres dans le temps sont ensuite générés de façon automatique. Les séquences d’images bidimensionnelles sont transférées par le biais d’Ethernet au système d’élaboration des images (HDILab, Philips Medical System, Pays-Bas). En pratique, on mesure les diamètres systoliques et diastoliques ainsi que les changements temporaux des diamètres. La distensibilité de la paroi artérielle (DPA) est calculée comme DPA = 2Δd/ΔP où « d » est le diamètre diastolique en mm, « ΔP » est la variation de pression systolodiastolique moyenne en kPa, et « Δd » est la variation moyenne du diamètre systolodiastolique en mm. Le mismatch de distensibilité proximale (MDP) entre l’artère native proximale au stent et la paroi au niveau de la partie proximale du stent est calculé avec la formule suivante : MDP = DPPS-DPS/DPPS où DPPS est la distensibilité de la paroi proximale au stent et DPS est la distensibilité de la paroi au niveau du stent. Le mismatch de distensibilité distale (MDD) entre l’artère native distale au stent et la paroi au niveau de la partie distale du stent est calculé avec la formule suivante : MDD = DPDS-DPS/DPDS où DPDS est la distensibilité de la paroi distale au stent et DPS est la distensibilité de la paroi au niveau du stent. Après mise en place du stent et réalisation des mensurations échographiques, on retire le guide et on ferme l’artère fémorale par une simple ligature. Ce geste est suffisant, plutôt que la fermeture par un point, car l’extrémité du membre ne devient pas ischémique. On contrôle l’hémostase par le bistouri bipolaire et on désinfecte à la Bétadine. Puis, on rapproche le plan sous-cutané par quelques points séparés de Vicryl 2/0 et on ferme le plan cutané par un surjet unique de Vicryl 3/0. Après cela, on extube le lapin, on le déconnecte du système de monitorage artériel et de la voie veineuse, et il est reposé dans sa cage pour être reporté à l’animalerie. La deuxième partie de l’étude inclut le sacrifie de l’animal selon les règles en vigueur au laboratoire. L’euthanasie est effectuée entre 8 et 12 semaines après le « stenting ». On procède à la laparotomie verticale médiane avec une incision qui débute de l’appendice xiphoïde et se poursuit jusqu’à la symphyse pubienne, en utilisant une lame de bistouri n° 15. On électrocoagule et on sectionne les adhérences vésicopariétales à la partie basse de la laparotomie. On dispose de grandes compresses stériles (40 x 40 cm), au niveau des berges de l’incision, ainsi qu’au niveau des anses intestinales et du côlon, pour améliorer l’exposition chirurgicale de l’aorte. Un écarteur autostatique type Gosset est mis en place. L’aorte sous-rénale est finalement isolée.   2.3. Étude en chambre d’organes Pour l’étude de la fonction vasomotrice endothéliale, l’aorte est libérée de la graisse périaortique dans une boîte de Pétri remplie d’une solution oxygénée modifiée de Krebs-bicarbonate et divisée en anneaux de 5 mm de longueur. Deux anneaux sont obtenus immédiatement au niveau de l’aorte de part et d’autre du stent. Deux anneaux de contrôle sont obtenus à 2 centimètres de distance du stent. Les 4 anneaux sont placés dans les chambres d’organes [figure 2] (Emka technologies Inc, Paris, France) remplies de 10 ml de solution de Krebs-bicarbonate modifiée et chauffée à 37 °C et oxygénée avec du carbogène (95 % d’O2 et 5 % de CO2). Les anneaux sont suspendus entre deux crochets avec celui situé en haut connecté à un transducteur de force isométrique. Ces anneaux sont suspendus pendant 30 minutes. Les données sont collectées avec un logiciel d’acquisition de signaux biologiques (IOX 1679; Emka technologies Inc, Paris, France).   [caption id="attachment_3812" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Chambre d’organes.[/caption] Chaque anneau artériel est mis en traction jusqu’au point optimal de la courbe tension-longueur (environ 2,5 g). Une première contraction de l’anneau est réalisée par l’ajout de chlorure de potassium (KCl 60 mmol/l). Après qu’un plateau est obtenu, tous les bains sont lavés deux fois avec la solution de Krebs-bicarbonate, et de l’indométacine (10-5 mmol/l) est ajoutée dans chaque bain pour éviter la production de prostanoïdes endogènes. Après 60 minutes de stabilisation, la phényléphrine (avec une dose variable entre 2x10-7 à 3x10-6 mol/l) est ajoutée pour obtenir une seconde contraction. Ensuite, on mesure la relaxation endothéliale-dépendante, par acétylcholine administrée en concentrations progressivement croissantes (10-9 à 10-3 mol/l). À la fin de l’expérimentation, la relaxation endothélium-indépendante est évaluée en utilisant un bolus de nitroprussiate de sodium (SNP 10-5 mol/l).   2.4. Étude histologique Pour l’étude histologique, des sections d’aorte sont effectuées à des intervalles d’environ 2 mm, dans l’axe majeur du vaisseau. Les sites de section sont au nombre de 5 : au niveau du stent à hauteur de sa partie proximale, au niveau du stent à hauteur de sa partie moyenne, au niveau du stent à hauteur da sa partie distale, 10 mm à distance du bord proximal du stent et 10 mm à distance du bord distal. L’aorte est colorée avec hématoxyline-éosine. Pour les observations au microscope, on utilise un microscope optique Leica (modèle DMLB, Leica Microsystems, Wetzlar, Allemagne). Les images des sections d’aorte sont ensuite enregistrées, digitalisées et analysées avec une caméra vidéo Sony-donpisha XC-003P 3CCD et un adaptateur de caméra DC-777 (Sony, Tokyo, Japon) couplé avec une vidéo-digitale Matrox Meteor II (Matrox Electronic System, Dorval, Québec, Canada) et les mensurations sont effectuées en utilisant un software pour l’analyse d’images V1.28 (National Health Institute, États-Unis). La lame élastique interne (LEI) et la lame élastique externe (LEE) sont identifiées par les images digitalisées de la section transverse de l’artère au niveau de la partie de l’aorte stentée. L’épaisseur de l’intima est calculée comme la zone subjacente à la LLI ; l’épaisseur de la média est calculée comme la zone sous la LLE moins l’aire sous la LEI. Le traumatisme vasculaire (Injury Score) peut ainsi être évalué. Comme proposé par Schwartz, il est possible de faire une gradation de la sévérité de ce traumatisme. Les lamines élastiques internes et externes sont prises en tant que paramètres de référence. Les valeurs sont les suivantes : « 0 » si LEI est intacte, « 1 » s’il y a lacération initiale de LEI, « 2 » si la lacération de la LEI est majeure, « 3 » en cas de lacération de la LEE. La valeur moyenne est calculée en faisant la somme des différentes valeurs pour chaque segment analysé, divisé par le nombre des segments. Une gradation de la réaction inflammatoire (Inflammatory Score) est ainsi possible selon l’extension et de la densité de l’infiltration inflammatoire. Les valeurs sont les suivantes : « 0 » si absence de cellule inflammatoire, « 1 » si une infiltration lymphohistiocytaire non circonférentielle est visible, « 2 » en cas d’agrégation cellulaire dense localisée et non circonférentielle, « 3 » en cas d’infiltration dense lymphohistiocytaire circonférentielle. Le score inflammatoire moyen est calculé comme la somme des valeurs d’inflammation prises une par une divisée par le nombre de ces valeurs dans la section examinée.   2.5. Étude statistique Du point de vue statistique, le coefficient de Spearman pourra être utilisé pour évaluer la corrélation entre la vasorelaxation des anneaux d’aorte prélevés de part et d’autre du stent, et l’épaisseur de l’intima, la gradation de la réponse inflammatoire, la gradation du traumatisme vasculaire et le mismatch de distensibilité. Un T test de Student sera utilisé pour les comparaisons des valeurs entre le groupe traité par BMS et le groupe traité par DES.   3. RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES Dans le groupe BMS, les causes des décès ont été une dissection aortique suivie de la rupture complète de l’aorte dans un cas, et une fibrillation ventriculaire dans le second. Dans le groupe DES, les causes des décès ont été une hypovolémie consécutive à une hémorragie de la veine et de l’artère fémorale pour un lapin et, probablement, un problème d’hypovolémie et de déshydratation pour le second. En effet, le premier de ces 2 lapins avait saigné à cause d’une déchirure vasculaire lors de l’abord chirurgical. L’évaluation du saignement dans ce modèle animal peut être trompeuse, car la quantité de sang peut par erreur être considérée comme insignifiante, alors que, en réalité, le lapin peut facilement et rapidement se détériorer du point de vue hémodynamique. Une première analyse des valeurs préliminaires dans le groupe BMS suggère que la vasodilatation endothélium-dépendante induite par l’acétylcholine est réduite dans les anneaux, de part et d’autre du stent, par rapport aux anneaux de contrôle, alors qu’il n’y a pas de différence en ce qui concerne la relaxation endothélium-indépendante induite par le nitroprussiate de sodium, et l’amplitude de la contraction, induite par le KCL et la phényléphrine, ne diffère pas non plus dans les différents sites. La compliance vasculaire est réduite au niveau de l’aorte stentée et la compliance apparaît plus conservée dans l’aorte proximale par rapport à l’aorte située distalement au stent. Le traumatisme vasculaire et la réaction inflammatoire apparaissent assez uniformes. Dans les pièces histologiques observées, l’épaisseur de l’intima intrastent était majeure par rapport à l’intima localisée proximalement et distalement au stent, alors que l’épaisseur de la média ne montrait pas de différence significative et témoignait plutôt d’un remodelage positif. Nous faisons l’hypothèse qu’une corrélation peut exister parmi un ou plusieurs des paramètres collectés et l’observation préliminaire d’une réduction de la vasodilatation endothélium-dépendante. Toutefois, dans la littérature, la présence d’une dysfonction endothéliale BMS corrélée est controversée. Sous ce profil, Caramori et al. [10] ont publié des résultats péjoratifs avec une dysfonction endothéliale plus marquée chez les sujets ayant eu des stents, alors que Togni [11] Maier [12], respectivement, ne trouvent pas de dysfonction endothéliale. Cette dysfonction, si elle est présente, pourrait exister d’une part seulement ou, plus probablement, de part et d’autre du stent. Si l’acétylcholine en conditions normales a un effet vasodilatateur en provoquant la synthèse et le relâchement d’oxyde nitrique, l’acétylcholine peut être la cause d’une vasoconstriction paradoxale dans les segments d’endothélium endommagés par le sirolimus, comme publié par Togni [11]. L’absence de couverture endothéliale dans des repères autoptiques a aussi était décrite. La problématique, liée à la dysfonction endothéliale corrélée aux DES, nécessite encore des investigations, d’une part pour approfondir les fins mécanismes qui sont à la base de la vasoconstriction paradoxale et de la durée de ce phénomène, et d’autre part pour approfondir le rôle de la dysfonction endothéliale sur le pronostic et les possibles solutions pour atténuer le risque de resténose et de thrombose intrastent, particulièrement péjoratifs sur le plan coronaire.   4. DISCUSSION Les qualités du lapin, en tant qu’animal de laboratoire, dérivent de plusieurs aspects : le caractère, le prix, l’entretien et l’hygiène. Son caractère est très docile, et même s’il y a des différences d’agressivité entre les différentes variétés de lapin, le New Zealand blanc est parmi les plus dociles. Si la perte d’un lapin n'implique donc pas de dégâts financiers, la perte d’un lapin déjà stenté implique une perte expérimentale importante, car nous ne pouvons plus utiliser l’aorte du lapin pour les chambres d’organes avec l’étude de la relaxation endothélium-dépendante. Le lapin est aussi facile à gérer du point de vue alimentaire. À part ces qualités, le choix d’un lapin New Zealand, en tant que modèle, est surtout justifié par les dimensions de l’aorte abdominale, proche des coronaires humaines. Notre but est un modèle expérimental qui autorise des études concernant les artères de petit calibre, notamment pour approcher le diamètre des artères coronaires. Or, l’aorte abdominale du lapin a un diamètre compris entre 3 et 4 mm. Même si elle est légèrement plus large qu’une coronaire humaine, l’aorte du lapin se prête à une étude sur la réaction de la paroi au niveau des petites artères après stenting, et son diamètre diminue lorsqu’on approche de la bifurcation. L’utilisation du lapin en tant que modèle principal dans la recherche expérimentale vasculaire se justifie donc aussi par cela. Récemment Cho et al. [13] ont utilisé ce modèle pour tester un stent couvert en Ciprofloxacine. Cui et al. ont étudié des nouveaux types de stents couverts par du magnésium. Le but était de provoquer l’occlusion des branches latérales des carotides de lapin pour le traitement des anévrismes des branches collatérales [14]. Des études similaires à notre étude ont utilisé l’aorte abdominale de lapin pour étudier les effets du zinc chez les stents couverts. Yang et al., par exemple, ont utilisé l’aorte de lapin comme dans notre modèle [15]. D’autres auteurs ont largement utilisé ce modèle pour les études des stents dans le rétrécissement œsophagien [16] et pour les stents vasculaires biodégradables [17]. Sur la base de la grande quantité des modèles expérimentaux existants, et des caractéristiques du lapin déjà cités, ce modèle représente encore un modèle utile et polyvalent dans la recherche expérimentale, et le type de recherche le plus concerné semble être celui sur les substituts endovasculaires. La baisse de la compliance sur le site stenté associée aux probables modifications de la relaxation endothéliale-dépendante fait évoquer l’idée d’une intégration biomécanique incomplète des stents, pouvant expliquer certaines évolutions au long cours. Ces mécanismes sont probablement très complexes, intriqués et multifactoriels. Un modèle expérimental simple peut permettre une évaluation rigoureuse de chaque phénomène. Ce modèle validé doit bien sûr, à présent, être largement utilisé par des études rigoureuses afin d’apporter toutes les données expérimentales possibles, pour mieux connaître la physiopathologie de l’intégration des endoprothèses au sein des artères de petit calibre.   5. CONCLUSION Ce modèle expérimental est facile à mettre en place, peu coûteux et reproductible, mais demande le matériel nécessaire dédié et surtout beaucoup de rigueur expérimentale pour maintenir le plus possible de lapins vivants au long cours. L’aorte du lapin ayant un diamètre de 3 à 4 mm, proche des gros troncs coronaires humains, et les caractéristiques d’ensemble du lapin New Zealand blanc font de cet animal un modèle expérimental optimal pour les vaisseaux de petits calibre, proches de celui des artères coronaires humaines, et qui s’adapte bien aux exigences de la recherche, notamment sur les différentes types de stents produits par l’industrie. Cet animal semble donc être le banc d’essai idéal pour étudier les propriétés physiologiques et pharmacologiques de tous les types de stents coronaires, mais aussi pour étudier l’aspect anatomopathologique du vaisseau stenté au long cours, avec, à la clé, une éventuelle corrélation anatomo-onctionnelle. Des études expérimentales ultérieures, sur la base de ce modèle, avec de plus grands effectifs, sont nécessaires pour valider les résultats très préliminaires recueillis pour l’élaboration et la validation initiale du modèle, et ce afin de mieux évaluer, de manière comparative, les stents utilisés en pratique clinique.   RÉFÉRENCES Olivares AM, Althoff K, Chen GF et al. Animal Models of Diabetic Retinopathy. Curr Diab Rep 2017 Aug 24;17(10):93. https://doi.org/10.1007/s11892-017-0913-0 PMid:28836097 PMCid:PMC5569142 Demaria R, Vernhet H, Oliva-Lauraire M-C, Juan J-M, Albat B, Frapier J-M, Aymard T, Dauzat M, Chaptal P.A. Modèle expérimental in vivo d'évaluation comparative des propriétés biomécaniques de substituts vasculaires de petit calibre. J Chir Thorac Cardio-Vasc 2002;VI:73-77. Vernhet H, Juan JM, Demaria R, Oliva-Lauraire MC, Senac JP, Dauzat M. Acute changes in aortic wall mechanical properties after stent placement in rabbits. J Vasc Interv Radiol 2000;11:634-638. https://doi.org/10.1016/S1051-0443(07)61618-2 Vernhet H, Demaria R, Juan JM, Oliva-Lauraire MC, Senac JP, Dauzat M. Changes in Wall Mechanics After Endovascular Stenting in the Rabbit Aorta: Comparison of Three Stent Designs. AJR Am J Roentgenol 2001;176:803-807. https://doi.org/10.2214/ajr.176.3.1760803 PMid:11222230 Vernhet H, Demaria R, Juan JM, Oliva-Lauraire MC, Senac JP, Dauzat M. Arterial stenting and overdilatation: Does it change wall mechanics in small-caliber arteries? 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septembre 21, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Abstracts 2017

T-21 – Ruptures de l’aorte ascendante, de la crosse aortique et des troncs supra-aortiques secondaires à des traumatismes thoraciques fermés

David Boulate, Dominique Fabre, Sacha Mussot, Olaf Mercier, Philippe Brenot, Guillaume Tachon, Philippe Dartevelle, Elie Fadel Service de chirurgie thoracique et vasculaire et de transplantation cardio-pulmonaire, hôpital Marie-Lannelongue, Le Plessis-Robinson   Objectif : Décrire la prise en charge chirurgicale en urgence et les résultats à court et à long termes des patients avec une rupture de l’aorte ascendante, de la crosse aortique ou des troncs supra-aortiques secondaires à des traumatismes thoraciques fermés. Méthode : Nous avons effectué une analyse rétrospective monocentrique des cas consécutifs opérés à la phase aiguë d’une rupture de l’aorte ascendante, de la crosse aortique ou des troncs supra-aortiques secondaires à des traumatismes thoraciques fermés entre 1996 et 2015. Résultat : Notre expérience concerne cinq patients d’un âge médian de 26 ans (18 à 41 ans). Un patient a bénéficié d’un remplacement prothétique de l’aorte ascendante sous circulation extracorporelle avec cannulation artérielle fémorale rétrograde pour une rupture de l’aorte ascendante. Deux patients avec des ruptures de la crosse aortique ont bénéficié d’une réparation directe par patch sous circulation extracorporelle avec cannulation artérielle fémorale rétrograde et circulation cérébrale antérograde bicarotidienne isolée et, dans un cas, sous arrêt circulatoire en hypothermie profonde. Deux patients avec des ruptures du tronc artériel brachiocéphalique (TABC) ont bénéficié d’un pontage prothétique en position anatomique dans un cas et, dans l’autre, d’un pontage prothétique entre l’aorte ascendante et le tronc-artériel brachiocéphalique et fermeture directe de l’ostium du TABC. Tous les patients présentaient des fractures sternales ou des deux premières côtes. Deux patients ont développé des lésions neurologiques ischémiques centrales, 2 patients ont développé des lésions cardiaques symptomatiques. La mortalité intrahospitalière et après un suivi médian de 18 mois (3 à 180 mois) était nulle. Un patient présentait des séquelles neurologiques invalidantes. Conclusion : Les patients avec une rupture de l’aorte ascendante, de la crosse aortique ou des troncs supra-aortiques secondaires à des traumatismes thoraciques fermés peuvent bénéficier d’une prise en charge chirurgicale incluant une circulation extracorporelle avec perfusion cérébrale antérograde et arrêt circulatoire en hypothermie profonde.     Ascending aorta, aortic arch and supra-aortic vessels rupture in blunt thoracic trauma   Objectives: The aim was to describe the surgical management, short and long terms outcomes of patients with traumatic injury to the ascending aorta, aortic arch and supra-aortic vessels following blunt thoracic trauma. Methods: We retrospectively analyzed consecutives cases with surgical management of ascending aorta, aortic arch and supra-aortic vessels rupture secondary to blunt chest trauma between 1996 and 2015 in our institution. Results: We identified 5 five patients of median 26 years old (18 to 41 years old) with blunt trauma to the ascending aorta, aortic arch or supra-aortic vessels. One underwent ascending aortic replacement with a prosthetic graft on cardiopulmonary bypass with femoral artery retrograde perfusion. Two patients with aortic arch ruptures underwent open patch repair and ascending aorta to supra-aortic vessel bypass on cardiopulmonary bypass with bilateral selective antegrade cerebral perfusion, and, in one case, deep hypothermic circulatory arrest. There were two innominate artery ruptures repaired with anatomic bypass in one case and ascending aorta to innominate artery bypass and direct repair in the other. All patients had anterior chest wall fractures (four sternal and one bilateral 1st rib). Two patients developed ischemic neurologic lesions, two had symptomatic cardiac lesions, and three developed postoperative respiratory complications. All patients were alive at hospital discharge and after a median follow-up of 18 months (3 to 180 months). Conclusion: Open repair of blunt traumatic injuries to the aorta, aortic arch, and supra-aortic vessels can be lifesaving, even when cardiopulmonary bypass or deep hypothermia circulatory arrest are required.   Séance : Communications libres thoracique - vendredi 9 juin - 8:00-10:00
mai 24, 2017
Chirurgie cardiaque · Vol. 21 Abstracts 2017

C-55 – Chirurgie de l’aorte ascendante et de l’arche aortique : à propos de 206 patients

Redhouane Boukerroucha, Nadjet Massikh, Samiha Chérif, Redha Lakehal, Soumaya Bendjaballah, Baya Aziza, Farid Aimer, Rabeh Bouharagua, Chourouk Rakouk, Karima Bouguerra, Abdelmalek Brahami Service de chirurgie cardiaque, EHS Mokhtar-Djeghri, Constantine, Algérie   Objectif : Les progrès de l’imagerie médicale, de la chirurgie et de la protection myocardique et cérébrale ont permis la prise en charge de pathologies de plus en plus complexes de l'aorte thoracique. L’anévrisme de l’aorte est le plus souvent acquis. La chirurgie des anévrismes de la crosse aortique demeure un acte lourd grevé d’une mortalité élevée et de morbidité neurologique. La dissection aortique est une urgence vitale. Le but de ce travail est de présenter les caractéristiques épidémiologiques, cliniques, échographiques et de rapporter notre expérience à propos d’une série de 206 patients. Méthode : Il s’agit d’une étude monocentrique rétrospective concernant 206 patients opérés soit pour anévrisme de l’aorte thoracique (ascendante et crosse) ou pour dissection entre 2001 et 2016. Le but de ce travail est de présenter les caractéristiques épidémiologiques, cliniques, échographiques et de rapporter notre expérience. Résultat : Soixante-six patients ont été opérés en urgence. Le geste opératoire a consisté en un remplacement de l’aorte ascendante ± remplacement valvulaire, une intervention de Bentall ou un remplacement plus ou moins étendu de la crosse aortique. Chirurgie sous CEC : hypothermie profonde : 27 ; hypothermie modérée: 69 ; normothermie : 107 ; ACHP : 12 ; canulation axillaire : 10. Clampage aortique de 22 à 284 min ; Sortie de CEC sous drogues chez 88 patients, Séjour en USI > 48 h : 115 patients, Séjour postopératoire > 7 j : 183 patients. Les suites opératoires étaient simples chez 177 patients. Conclusion : Les progrès de l’imagerie médicale permettent des diagnostics précoces. La chirurgie donne de bons résultats. Pour les malades inéligibles à la chirurgie, l’espoir se situe dans une approche hybride. La dissection aortique est une affection gravissime, c’est une urgence médicochirurgicale. Cependant, le traitement n’est que palliatif car il laisse en place un segment plus ou moins long d’aorte disséquée. Il rend obligatoire un suivi annuel clinique et par imagerie.     Aortic surgery and aortic arch surgery: about 206 patients   Objectives: Advances in medical imaging, surgical techniques and myocardial and cerebral protection have allowed the management of increasingly complex pathologies of the thoracic aorta. The aortic aneurysm corresponds to a localized dilatation with loss of parallelism of the edges. Most often acquired and corresponds to various aetiologies (atheromatous, congenital, dystrophic, inflammatory, even infectious). Surgery of the aneurysms of the aortic arch remains a heavy act with a significant risk of neurological mortality and morbidity. Aortic dissection is a vital emergency. The purpose of this work is to present the epidemiological, clinical, echographic characteristics and to report our experience about a series of 206 patients. Methods: It is a retrospective mono centric study concerning 206 patients operated either for aneurism of the thoracic aorta (ascending and lacrosse) or for dissection between 2001 and 2016.The mean age is 48.9 years with a male predominance (120H/86F). The atheromatous etiology is the most frequent. Preoperative ventricular function was altered in 18 patients (FE <50%). Results: Sixty-six emergency patients. The surgical procedure consisted of a replacement of the ascending aorta with or without valve replacement, aortic root replacement (Bentall intervention); and in some cases, patients benefited from a more or less extensive replacement of the Aortic arch. Surgery under cardiopulmonary bypass (CPB): Deep hypothermia: 27; Moderate hypothermia: 69; Normothermia: 107; ACHP: 12; Axillary cannulation: 10.Aortic clamping of 22 to 284 minutes (95 minutes on average); Weaning of CPB under drugs in 88 patients, stay in ICU > 48h: 115 patients,Postoperative stay > 07 days in 183 patients.The operative follow-up was simple in 177 patients. Conclusion: The lesions of the thoracic aorta are “crescendo” in the wake of the epidemiological transition. Evident advances in medical imaging make early diagnosis possible. The surgery gives good results (for a category of patients and as the teams become familiar with this surgery). For patients ineligible for surgery; The hope lies in a hybrid approach. Aortic dissection is a serious condition, and its management requires multidisciplinary intervenents. It is a medical and surgical emergency. However, the treatment is only palliative because it leaves in place a segment more or less long dissected aorta. The risk of secondary ectasic development of this pathological aorta makes an annual clinical and imaging follow-up mandatory.   Séance : Posters cardiaque 2 - vendredi 9 juin - 12:15-13:45
mai 24, 2017
Chirurgie cardiaque · Vol. 21 Abstracts 2017

C-04 – Endoprothèses thoraciques avec échancrure pour traiter les lésions de la crosse aortique

Iannis Ben Abdallah, Salma El Batti, Pierre Julia, Paul Achouh, Jean-Marc Alsac Service de chirurgie cardiaque et vasculaire, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris   Objectif : Évaluer notre expérience initiale d’une endoprothèse avec échancrure proximale faite sur mesure pour le traitement endovasculaire (TEVAR) des lésions de la crosse aortique. Méthode : Entre septembre 2012 et janvier 2017, des patients ayant une lésion intéressant la crosse aortique ont été sélectionnés pour traitement par endoprothèse Relay Plus® avec échancrure proximale réalisée sur mesure (ABS Bolton Medical, Barcelona, Spain). Recueillies de façon prospective, les données démographiques des patients, le détail des procédures, les résultats cliniques et les complications postopératoires ont été analysés. Résultat : Vingt-cinq patients (80 % hommes, âge moyen 74 ± 8 ans) consécutifs ont été traités par une endoprothèse Relay Plus® échancrée. Les lésions étaient un anévrysme sacciforme dans 13 cas (52 %), fusiforme dans 5 cas (20 %) et une extension à la crosse de dissection aortique chronique type A dans 4 cas (16 %). Trois patients (12 %) étaient traités pour endofuite de type I proximale compliquant un TEVAR précédent. Huit patients (32 %) ont eu une revascularisation cervicale des troncs supra-aortiques associée : deux pontages inter-carotidiens et six pontages carotido-sous-claviers. L’endoprothèse a été déployée en zone 2 dans 4 cas (16 %), zone 1 dans 19 cas (76 %), et en zone 0 dans 2 cas (8 %). L’échancrure proximale faite sur mesure était destinée à l’artère carotide primitive gauche, à l’artère sous-clavière gauche et au tronc artériel brachio-céphalique pour 19 (76 %), 4 (16 %) et 2 (8 %) patients, respectivement. L’étanchéité proximale a été obtenue dans tous les cas, sans endofuite de type I proximale, avec un succès technique de 100 %. Tous les vaisseaux cibles étaient perméables. Les complications postopératoires majeures étaient un décès (4 %) dû à un infarctus du myocarde et un accident vasculaire cérébral ischémique postérieur (4 %). Une endofuite de type Ib distale détectée sur un scanner à 6 mois a été traitée par extension distale. Ni paraplégie, ni dissection rétrograde ou autre complication liée à l’aorte ou à l’endoprothèse n’a été rapportée après un suivi moyen de 30 ± 17 mois. Conclusion : Dans notre expérience, les endoprothèses avec échancrure proximale représentent une option fiable et sûre pour le TEVAR des lésions de la crosse aortique.     Thoracic stent-grafts with proximal scallop in aortic arch repair   Objectives: To evaluate our initial experience with a custom-made proximal scalloped stentgraft for thoracic endovascular repair (TEVAR) of aortic arch lesions. Methods: Between September 2012 and January 2017, patients presenting thoracic aortic aneurysms (TAA) with short or angulated neck were selected for treatment by custom-made proximal scalloped Relay Plus® stentgrafts (ABS Bolton Medical, Barcelona, Spain). Prospectively acquired data relating to patient demographics, procedure details, clinical outcomes and complications were analyzed retrospectively. Results: Twenty-five consecutive patients (80% male, mean age 74±8 years) were treated using a thoracic custom-made Relay Plus® stentgraft. TAA were saccular in 13 (52%) cases, fusiform in 5 (20%) and were secondary to chronic type A aortic dissections involving the arch in 4 (16%). Three (12%) other patients were treated for a proximal type I endoleak after standard TEVAR. Eight (32%) patients underwent additional cervical supra-aortic trunks revascularizations: six carotid-to-subclavian and two carotid-to-carotid bypasses. The stentgraft was landed in zone 1 in 19 (76%) cases, in zone 2 in 4 (16%) and in zone 0 in 2 (8%). Custom-made scallop was designed to preserve flow in the left common carotid artery in 19 (76%) patients, in the left subclavian artery in 4 (16%) and in the innominate artery in 2 (8%). Proximal sealing was achieved in all cases, wit no proximal type I endoleak, resulting in a 100% technical success rate. All targeted vessels were patent. In the post-operative course, one patient (4%) died from myocardial infarction and one patient (4%) suffered a posterior ischemic stroke. One patient was treated with distal extension for a type I distal endoleak 6 months after the initial procedure. No paraplegia, no retrograde dissection or other aortic-related complications were recorded after a mean follow-up of 30±17 months. Conclusion: In our experience, proximal scalloped stent-grafts appear to be a safe and effective additional tool for TEVAR of TAA involving the arch.   Séance : Communications libres cardiaque - dissection - jeudi 8 juin - 8:30-10:00
mai 24, 2017
Chirurgie cardiaque · Vol. 21 Mars 2017

Résultats d’une approche multimodale pour la prise en charge des coarctations de l’aorte et de ses complications chez l’adulte

Pierre-Emmanuel Noly1*, Valéry Legris-Falardeau1, Reda Ibrahim2, Ismaïl El-Hamamsy1, Raymond Cartier1, Yoan Lamarche1, Denis Bouchard1, Jean-François Dorval2, Nancy Poirier1, Philippe Demers1   1. Département de chirurgie cardiaque, Institut de cardiologie de Montréal, université de Montréal, Québec, Canada. 2. Département de cardiologie interventionnelle, Institut de cardiologie de Montréal, université de Montréal, Québec, Canada. *Correspondance : noly.pierreemmanuel@gmail.com DOI : 10.24399/JCTCV21-1-NOL Citation : Noly P.E., Legris-Falardeau V., Ibrahim R., El-Hamamsy I., Cartier R., Lamarche Y., Bouchard D., Dorval J.F., Poirier N., Demers P. Résultats d’une approche multimodale pour la prise en charge des coarctations de l’aorte et de ses complications chez l’adulte. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(1). doi: 10.24399/JCTCV21-1-NOL Résumé Objectif : Décrire les résultats à court et moyen termes de la prise en charge des patients adultes avec une coarctation aortique (COA) à l’Institut de cardiologie de Montréal. Patients et méthodes : Soixante-trois patients traités entre 2000 et 2014 ont été classés rétrospectivement en 3 groupes d’indication : 1/ native (n = 34) ; 2/ COA récurrente (n = 14) et 3/ complication anévrismale (n = 15). L’âge moyen était de 42 ± 1,7 ans. Cinquante et un patients (80 %) furent traités de manière endovasculaire et 12 (20 %) patients chirurgicalement. Le critère principal de jugement de l’étude était un critère composite associant la mortalité globale, la survenue d’un accident vasculaire cérébral, la nécessité d’une réintervention non planifiée et la survenue d’un pseudo-anévrisme. Résultats : Après une durée moyenne de suivi de 82 ± 5 mois, la survie (Kaplan-Meier) sans survenue du critère de jugement principal était de 94 %, 84 % et 81 % à 1, 5 et 10 ans respectivement, sans différence entre les 3 groupes d’indication (p = 0,96). Cette expérience nous a permis d’élaborer un algorithme décisionnel. Conclusion : 80 % des patients adultes ayant une coarctation aortique native ou récurrente ont été traités par une approche endovasculaire avec de bons résultats. La chirurgie reste l’approche de choix pour certains patients, notamment en cas de complications anévrismales proches de la crosse aortique. Abstract Results of a multimodal approach for the management of aortic coarctation and its complications in adults Aim: We aimed to assess the results of various tailored management strategies for adults with coarctation in our centre. Methods and Results: From 2000, 63 adults were treated for a native coarctation (n=34), a recurrent coarctation (n=14) or aneurysmal complication (n=15) in our centre. Mean age of the patients was 42±1.7 years. All but one patient with native coarctation and recurrent coarctation underwent ER and 10 (67%) patients with aneurysmal complications were treated surgically. The primary end-point was a composite of long-term mortality, perioperative stroke, paraplegia, need for unplanned reoperation or occurrence of pseudoaneurysm during the follow-up. The mean follow-up was 82 ± 5 months. The freedom from the primary composite end-point was 94%, 84% and 81% at 1, 5 and 10 years respectively without difference between the 3 indication groups (p=0.96). Conclusions: Most of adult patients (80%) with aortic coarctation can be treated successfully with endovascular approach. Surgical repair also provides good results in patients who are not eligible for ER. Thus, centres that are involved in the care of this complex pathology should be able to propose a multimodal approach to provide the most appropriate strategy. 1. Introduction Les coarctations aortiques (COA) représentent environ 5 à 8 % des cardiopathies congénitales et sont habituellement diagnostiquées et traitées dans l’enfance [1]. Elles sont associées à d’autres anomalies congénitales dans presque 50 % des cas [2]. Bien que la majorité des COA soient découvertes dans l’enfance, elles peuvent rester non diagnostiquées jusqu’à l’âge adulte [3]. Les COA de l’adulte peuvent être classées en deux groupes : les COA dites « natives », et les « recoarctations » (re-COA) correspondant à une récidive d’une COA opérée dans l’enfance. Environ 16 % à 41 % des COA natives sont diagnostiquées chez l’adulte [4]. De plus, parmi les enfants traités pour une COA (chirurgicalement ou par voie endovasculaire), entre 5 % et 20 % développent une complication tardive. Parmi eux, 3 % à 38 % présentent une complication anévrismale [4]. La prise en charge chirurgicale des COA de l’adulte était le gold standard pendant de nombreuses années. Avec le développement des techniques, le traitement endovasculaire est devenu l’approche de choix pour les COA natives, les re-COA et certaines complications anévrismales [5,6]. Plusieurs études récentes suggèrent que l’angioplastie aortique percutanée, les stents balloon-expandable, les stents couverts et les endoprothèses aortiques peuvent être utilisés avec des résultats immédiats satisfaisants [7-10]. Ces nouveaux procédés permettent une approche multidisciplinaire et multimodale de ces patients. Cependant, il persiste des incertitudes concernant le devenir à moyen et long termes de ces dispositifs implantés chez des patients jeunes. L’objectif de cette étude est de décrire les résultats à moyen terme de la prise en charge des patients adultes avec une COA native, une re-COA ou une complication anévrismale. Nous proposons également un algorithme thérapeutique décisionnel basé sur ces résultats.   2. Patients et méthodes 2.1. Population de l’étude Entre janvier 2000 et décembre 2014, 63 patients adultes furent pris en charge à l’Institut de cardiologie de Montréal pour une COA native ou une complication tardive d’une COA traitée dans l’enfance. Ces patients ont été rétrospectivement répartis en trois groupes selon l’indication : 1/ COA native ; 2/ COA récurrente et 3/ complication anévrismale [figure 1]. La COA était définie selon les recommandations de l’American College of Cardiology and American Heart Association (ACC/AHA) pour la prise en charge des cardiopathies congénitales [11]. Cette étude fut approuvée par le comité d’éthique de notre institution. Après révision des dossiers cliniques, un entretien téléphonique ou une consultation fut réalisé pour l’ensemble des patients.   [caption id="attachment_3050" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Diagramme de flot.[/caption]   L’âge moyen était de 42 ± 1,7 ans (rang : 18-71 ans) et 64 % étaient des hommes. Sur l’ensemble des patients, 44 (71 %) avaient au moins une autre anomalie congénitale associée : 33 patients (52 %) une valve aortique bicuspide, 7 patients (11 %) un canal artériel perméable, 3 patients (5 %) une communication interventriculaire et un patient une communication interauriculaire. Deux patients présentaient également un syndrome complexe : un syndrome de Shone et un syndrome de Turner. Les caractéristiques des patients selon le groupe d’indication sont présentées dans le tableau 1. Le suivi était complet à 90 % et d’une durée moyenne de suivi de 82 ± 5,3 mois.   Tableau 1. Caractéristiques de patients en préopératoire.   Total n = 63 COA native n = 34 COA récurrente n = 14 COA + anévrisme n = 15 Démographie Sexe (homme, n, %) 40 (63) 21 (61) 10 (71) 9 (60) Âge, années 42,3 ± 1,7 39,5 ± 2,6 50,6 ± 2,5 40,7 ± 3,4 Poids, kg 79,2 ± 2,8 77,6 ± 4,1 79,2 ± 5,7 82,7 ± 5,7 Taille, cm 166 ± 1 165 ± 1 167 ± 2 166 ± 3 Body mass index (BMI) 28,6 ± 1,05 28,0 ± 1,2 28,2 ± 1,8 30,2 ± 2,9 Antécédents, n (%) Hypertension artérielle (HTA) 57 (90) 32 (94) 13 (97) 12 (80) HTA non contrôlée 47 (74) 28 (82) 8 (57) 11 (73) HTA contrôlée 10 (16) 4 (11) 5 (36) 1 (6) Un médicament anti-hypertenseur 40 (63) 26 (76) 8 (57) 6 (40) Deux médicaments ou plus 17 (26) 11 (32) 5 (36) 1 (6) Diabète 3 (5) 3 (9) 0 0 Dyslipidémie 15 (23) 9 (26) 5 (36) 1 (6) Tabagisme actif 20 (31) 10 (29) 5 (36) 5 (33) Maladie coronarienne 16 (25) 7 (20) 7 (50) 2 (13) Vasculopathie périphérique 2 (3) 0 2 (14) 0 Valve aortique bicuspide 33 (52) 18 (52) 8 (57) 7 (46) Autre anomalie congénitale 12 (19) 7 (20) 3 (21) 4 (26) Créatininémie, mmol/L 87,1 ± 2,7 87,6 ± 14,2 88,3 ± 32,0 84,6 ± 6,7 Antécédent de réparation de COA 26 (41) 0 14 (100) 12 (80) Délai depuis la première chirurgie, ans 27,7 ± 2,6 - 32,0 ± 3,2 22,6 ± 2,8 Type de réparation chirurgicale, n (%) 23 (36) - 14 (100) 9 (60) Anastomose directe 8 (32) - 5 (36) 3 (20) Patch d’aortoplastie 4 (16) - 2 (14) 2 (15) Interposition d’un greffon 11 (17) - 7 (50) 4 (27) Type de réparation endovasculaire, n (%) 3 (5) - 0 3 (20) Stenting 1 (4) - 0 1 (6) Angioplastie seule 2 (8) - 0 2 (14) Gradient moyen trans-COA, mmHg 33,7 ± 2,6 34,1 ± 3,4 27,9 ± 2,5 NA Diamètres transverses, mm Aorte ascendante 32,4 ± 0,9 32,5 ± 1,3 31,8 ± 1,5 31,0 ± 1,7 Aorte descendante 21,6 ± 0,7 20,5 ± 0,9 23,3 ± 1,3 21,6 ± 1,2 Coarctation 11,1 ± 1,5 8,4 ± 0,7 11,9 ± 0,7 20,8 ± 5,2 Post coarctation 25,4 ± 1,1 25,4 ± 1,3 23,0 ± 1,9 26,5 ± 3,2 Anévrisme/pseudo-anévrisme NA NA NA 52,0 ± 1,9   2.1.1. Groupe des COA natives (n = 34) À l’exception d’un patient, tous avaient une anatomie favorable pour une approche endovasculaire. Ce patient avait une subocclusion de l’aorte thoracique descendante proximale et présentait également une maladie coronarienne tritronculaire avec un infarctus récent. Il fut traité chirurgicalement avec des pontages coronariens et un pontage extra-anatomique entre l’aorte ascendante et l’aorte descendante par un tube en Dacron de 18 mm. 2.1.2. Groupe des re-COA (n = 14) Tous ces patients avaient été traités chirurgicalement pour une COA dans leur enfance. Sept d’entre eux avaient eu un pontage prothétique après résection aortique, cinq avaient eu une résection-anastomose avec anastomose directe aorto-aortique et deux patients avaient eu une aortoplastie par patch de Dacron. Dans ce groupe, un seul patient a eu un traitement chirurgical de sa re-COA à cause d’un greffon de 8 mm en Dacron jugé non dilatable par voie endovasculaire. 2.1.3. Groupe des complications anévrismales (n = 15) Dans ce groupe, 12 (80 %) patients avaient eu un traitement de leur COA dans l’enfance (9 chirurgicalement et 3 par voie endovasculaire). Trois avaient eu une résection-anastomose avec anastomose directe aorto-aortique, 4 une interposition d’un tube en Dacron, et 2 patients avaient eu une aortoplastie par patch. Le délai moyen entre la première intervention et le diagnostic de la complication anévrismale était de 22,6 ± 2,8 ans. Chez 10 patients, le traitement chirurgical a été privilégié après discussion multidisciplinaire car 1/ le faux anévrisme aortique impliquait la crosse aortique distale ; 2/ la zone proximale d’ancrage de la prothèse était trop courte ; 3/ l’angle de la crosse aortique était trop aigu et 4/ un patient avait une aortite à streptocoque avec une végétation dans le faux anévrisme. 2.2. Description des modalités thérapeutiques 2.2.1. Choix du traitement : une approche multidisciplinaire Le choix du traitement était discuté en réunion pluridisciplinaire incluant un cardiologue interventionnel, un chirurgien cardiaque, un radiologue spécialisé en imagerie cardiovasculaire. Avant cette étude, aucun algorithme décisionnel n’était établi. L’approche endovasculaire était toutefois privilégiée par l’équipe. Les méthodes suivantes étaient utilisées : 1/ endovasculaire avec aortoplastie percutanée avec ou sans implantation de stent, ou 2/ d’endoprothèse aortique, 3/ chirurgicale, avec ou sans circulation extracorporelle (CEC) et arrêt circulatoire. 2.2.2. Traitement chirurgical La majorité des patients traités chirurgicalement présentaient une complication anévrismale de leur coarctation (n = 10/12) qui impliquait la crosse aortique ou l’isthme sans zone d’ancrage adéquate. La procédure de choix était l’interposition d’un greffon prothétique sous CEC avec arrêt circulatoire en hypothermie profonde via une thoracotomie gauche telle que décrite ailleurs [12]. Un patient dans le groupe de COA native et un patient dans le groupe de re-COA eurent une chirurgie sans arrêt circulatoire. Les données opératoires sont résumées dans le tableau 2.   Tableau 2. Données opératoires – patients traités chirurgicalement.   Patients n = 63 COA native n = 34 COA récurrente n = 14 COA + anévrisme n = 15 Nombre de patients traités, n (%) 12 (19) 1 (3) 1 (7) 10 (67) Type de réparation, n (%) Interposition d’un greffon 10 (83) 0 1 (100) 9 (90) Patch d’aortoplastie 1 (8) 0 0 1 (10) Pontage extra-anatomique 1 (8) 1 (100) 0 0 Réimplantation de l’ASCG, n (%) 4 (33) 0 0 4 (40) Utilisation de la CEC, n (%) 11 (91) 1 (100) 0 10 (100) Arrêt circulatoire, n (%) 8 (66) 0 0 8 (80) Temps de CEC, min 144 ± 20 115 0 161 ± 18 Temps de clampage, min 30 ± 8 45 40 30 ± 9 Temps d’arrêt, min 18 ± 4 0 0 22 ± 4 Température minimale, °C 22 ± 2 30 34 20 ± 2 Procédure associée n (%) 1 (8) 1 (100) 0 0 ASCG : artère sous-clavière gauche ; CEC : circulation extracorporelle.   2.2.3. Approche endovasculaire Tous les patients sauf un dans le groupe COA native et re-COA furent traités par voie endovasculaire [tableau 3 et figure 2].   Tableau 3. Données opératoires – patients traités par voie endovasculaire. Total n = 63 COA native n = 34 COA récurrente n = 14 COA + anévrisme n = 15 Nombre de patients traités par voie endovasculaire, n (%) 51 (81) 33 (97) 13 (93) 5 (33) Type d’accès vasculaire, n (%) Artère fémorale commune (AFC) 31 (61) 23 (70) 8 (61) 0 AFC droite 3 (6) 1 (3) 2 (15) 0 AFC bilatéral 17 (33) 9 (27) 3 (20) 5 (100) Gradient aortique post-procédure, mmHg 6 ± 3,2 4,3 ± 1,8 7,8 ± 5,3 - Type de stents Balloon-expandable metal stent, n (%) • PaLMaz® Genesis® XD 1 (2) 1 (3) - - • PaLMaz® L (308) 8-12 x 40 mm 5 (10)   2 (6)   3 (23)   - • PaLMaz® XL (P3110, P4014) 14-25 x 35 mm 7 (14)   3 (9)   4 (30)   - • Cheatham-Platinum® (CP) stent-8 zig 24 x 39 mm 24 x 45 mm 27 (53) 16 11 23 (70) 15 8 4 (30) 1 3 - • CP® covered stent 24 x 39 mm 1 (2)   1 (3)   - - • Atrium ADVANTA™ 12 x 61 mm 2 (4)   1 (3)   1 (8)   - Cathéters d’angioplastie, n (%) Z-med™ catheter 12 (24) 8 (24) 3 (23) 1 (20) Balloon-in-balloon catheter 31 (60) 22 (67) 9 (70) - Mullins X™ catheter 1 (2) 1 (3) - - Endoprothèse aortique, n (%) • Self-expendable Zenith® TX2® prosthesis 30 x 80 mm 4 (4)   - - 4 (80)   • Balloon-expandable SETA® prosthesis 22 x 120 mm 1 (2)   - - 1 (20)   [caption id="attachment_3051" align="aligncenter" width="265"] Figure 2. Exemple de traitement endovasculaire d’une coarctation native de l’aorte chez une patiente de 47 ans. A : Angio-IRM montrant une coarctation sévère de l’aorte thoracique isthmique avec nombreuses collatérales. B, C et D : Un stent couvert CP 18 x 38 mm a été implanté avec succès par voie fémorale sous anesthésie locale. E : Le contrôle par angioscanner aortique à 1 an était satisfaisant.[/caption]   Pour ces patients, la procédure de choix était l’implantation d’un stent ballon-expandable Cheatham-Platinum (CP) (NuMed, Hopkinton, New York, États-Unis) avec un ballon de type balloon-in-balloon (BIB) (NuMed, Hopkinton, New York, États-Unis). Une prédilatation était réalisée selon le choix de l’opérateur. Lorsque une force radiale plus importante était nécessaire, un stent de type PaLMaz Genesis XD, PaLMaz L (308) ou PaLMaz XL (P3110, P414) (Cordis, Johnson & Johnson Interventional systems Co. Warren, New Jersey, États-Unis) était utilisé. Pour les patients plus à risque de lésion pariétale aortique, un stent couvert CP (NuMed, Hopkinton, New York, États-Unis) ou un stent Atrium ADVANTA (Maquet, Rastatt, Allemagne) était utilisé. Une endoprothèse ou stent couvert auto-expensif fut implanté chez 5 patients (8 %) qui présentaient une complication anévrismale secondaire à une réparation chirurgicale dans l’enfance. Le sizing était réalisé de telle manière à obtenir une couverture complète de la zone anévrismale, une longueur d’ancrage proximale et distale de 15 mm ou plus et un oversizing de 15 % de diamètre. Les prothèses Zenith TX2 (Cook medical, Bloomington, Indiana, États-Unis) et SETA (Kardia medical Inc., Winnipeg, Canada) étaient utilisées. L’artère sous-clavière gauche était laissée perméable chez tous les patients. Le tableau 3 résume les données concernant les procédures endovasculaires.   2.3. Définitions et statistiques Le critère de jugement principal était un critère composite d’efficacité et de sécurité associant la mortalité globale, la survenue d’un accident vasculaire cérébrale (AVC), d’une paraplégie, la nécessité d’une réintervention non planifiée et la survenue d’un pseudo-anévrisme au cours du suivi. Les critères secondaires étaient la mortalité hospitalière, la durée d’hospitalisation et les complications périopératoires définies selon la Society of Thoracic Surgeons. Le succès thérapeutique pour les patients avec une COA native ou récurrente était défini par un gradient intra-aortique de moins de 15 mmHg. Pour les patients avec une complication anévrismale, le succès thérapeutique était défini par l’exclusion totale de l’anévrisme avec absence d’endofuite. Les patients qui nécessitaient une seconde intervention planifiée n’étaient pas considérés comme un échec thérapeutique. Les variables continues sont présentées par la moyenne ± l’écart-type. Les variables catégorielles sont représentées en pourcentage. La survie était estimée selon la méthode de Kaplan-Meier. 3. Résultats 3.1. Résultats sur l’ensemble de la cohorte 3.1.1. Résultats périopératoires Aucun décès à 30 jours ou intrahospitalier n’a été observé. Deux patients (3 %) ont présenté un AVC transitoire dans le groupe COA native. Un patient avait été traité par voie endovasculaire et l’autre chirurgicalement par un pontage extra-anatomique associé à des pontages coronariens. Trois patients (5 %) ont eu une insuffisance rénale aiguë post-chirurgie (COA native ; n = 1 ou une complication anévrismale ; n = 2). Deux patients ont présenté une défaillance respiratoire post-pneumonie. La durée moyenne d’hospitalisation était de 3,4 ± 0,7 jours. Comparé aux patients qui avaient une COA native (2,4 ± 1,1), et récurrente (2,3 ± 0,6), la durée d’hospitalisation était logiquement plus longue dans le groupe complications anévrismales (6,6 ± 1,2). En effet, les patients traités chirurgicalement restaient hospitalisés 10,9 ± 2,9 jours en moyenne versus 1,6 ± 0,1 jours et 3,4 ± 0,5 jours pour les patients traités par angioplastie, stent ou endoprothèse. Les données complémentaires sont détaillées dans les tableaux 4 et 5.   Tableau 4. Résultats et complications périopératoires. Total n = 63 COA native n = 34 COA récurrente n = 14 COA + anévrisme n = 15 Mortalité à 30 jours, n 0 0 0 0 Mortalité globale au cours du suivi, n (%) 4 (6) 0 3 (21) 1 (6) Durée d’hospitalisation, jours 3,4 ± 0,7 2,4 ± 1,1 2,3 ± 0,6 6,6 ± 1,2 Complications, n (%) Accident vasculaire cérébral 2 (3) 2 (6) 0 0 Paraplégie 0 0 0 0 Lésion nerf récurrent 2 (3) 0 0 2 (13) Embolisation artérielle 1 (2) 1 (3) 0 0 Insuffisance rénale aiguë 3 (5) 1 (3) 0 2 (13) Détresse respiratoire 2 (3) 1 (3) 0 1 (6) Réopération pour saignement 1 (2) 0 0 1 (6) Créatinine postopératoire, mmol/L 91 ± 5 84 ± 5 84 ± 4 107 ± 15   Tableau 5. Comparaison des suites opératoires en fonction du type de traitement. Endovasculaire n = 51 Chirurgical n = 12 Mortalité à 30 jours, n 0 0 Mortalité globale, n (%) 3 (6) 1 (8) Durée d’hospitalisation, jours 1,6 ± 1,3 10,9 ± 10 Saignement des 24h, ml 0 818 ± 357 Diamètre aortique en regard du site de réparation de la coarctation, mm 21±1 26±1 Critère composite, n (%) 7 (14) 3 (25) Réopération non planifiée, n (%) 2 (4) 1 (8) Complications, n (%) Accident vasculaire cérébral 1 (2) 1 (8) Paraplégie 0 0 Lésion nerf récurrent 0 2 (17) Embolisation artérielle 1 (2) 0 Insuffisance rénale aiguë 0 3 (25) Détresse respiratoire 0 2 (17) Réopération pour saignement 0 0 Créatinine postopératoire, mmol/L 83 ± 16 118 ± 73   3.1.2. Résultats à moyen terme La survie sans survenue du critère de jugement principal était 93,5 %, 84 % et 81 % à 1, 5 et 10 ans, sans différence entre les 3 groupes (log-rank test = 0,80) [figures 3A et B]. À la fin du suivi, trois patients étaient décédés de cause extra-aortique : 2 patients d’insuffisance cardiaque et un patient de défaillance multi-organes suivant une chirurgie cardiaque 7 ans après. Un patient est décédé d’une cause aortique probable (hémoptysie massive). Le délai moyen entre la procédure et le décès était 52,1 ± 14,1 mois. La survie actuarielle à 1, 5 et 10 ans était 98,3 %, 94,5 % et 88,5 % respectivement [figure 3C]. Aucune différence de survie n’a été observée entre les patients traités par voie chirurgicale versus endovasculaire (log-rank test = 0,92). Trois patients (5 %) ont présenté un pseudo-anévrisme ou endofuite de type I nécessitant une réintervention non planifiée après un délai moyen de 40,6 ± 11,0 mois. Un patient avait une COA native traitée par voie endovasculaire et 2 patients avaient un anévrisme traité par voie chirurgicale et par endoprothèse. Tous les trois étaient vivants à la fin du suivi. La survie actuarielle sans réopération était 95 %, 89 % et 89 % à 1, 5 à 10 ans [figure 3D].   [caption id="attachment_3053" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. A : Survie sans survenue de critère composite principal (décès, paraplégie, accident vasculaire cérébral, pseudo-anévrisme, réintervention non planifiée). B : Survie selon l’indication opératoire. C : Survie actuarielle (Kaplan-Meier) chez tous les patients. D : Survie sans réoperation.[/caption]   3.2. Résultats selon l’indication du traitement 3.2.1. COA native La survie actuarielle sans survenue du critère principal était 94 %, 91 % et 75 % à 1, 5 et 10 ans. Dans ce groupe, 2 patients (3 %) ont présenté un AVC ischémique transitoire sans séquelle. La survie actuarielle était 100 % à 1 et 5 ans et 93 % à 10 ans. La survie sans réopération était de 95 % à 10 ans. 3.2.2. COA récurrente La survie actuarielle sans critère principal était 100 %, 91 % et 68 % à 1, 5 et 10 ans. Dans ce groupe, trois patients sont décédés au cours du suivi. Deux sont décédés suite à une défaillance cardiaque 10 mois et 3 ans après la procédure (implantation de stent). Le troisième patient est décédé d’une défaillance multi-organes dans les suites d’un remodelage de la racine aortique (procédure de Yacoub) pour anévrisme 7 ans après sa cure de COA. La survie actuarielle était de 92 %, 83 % et 67 % à 1, 5 et 10 ans. La survie sans réopération pour COA était de 100 % à 10 ans. 3.2.3. Complications anévrismales Dans ce groupe, 10 patients furent traités chirurgicalement et 5 autres par implantation d’une endoprothèse aortique percutanée. Pour les 3 patients traités préalablement par voie endovasculaire, tous ont eu une aortoplastie par dilation au ballon dont 2 avec implantation d’un stent non couvert. La survie sans critère principal était 100 %, 81 % et 81 % à 1, 5 et 10 ans. Un patient est décédé d’une hémoptysie massive 3 ans après la résection de son pseudo-anévrisme. La survie actuarielle dans ce groupe était 100 %, 91 % et 91 % à 1,5 et 10 ans. La survie sans réopération était 90 % à 10 ans. 4. Discussion La coarctation aortique chez l’adulte est une pathologie complexe et peu fréquente dont la prise en charge nécessite une palette thérapeutique large dans des centres spécialisés. Le management par approche endovasculaire est faisable chez la majorité des patients, avec de bons résultats en termes de sécurité et d’efficacité. Dans cette étude, un traitement percutané a été réalisé chez 97 % des patients avec une COA native et 93 % des patients avec une COA récurrente. L’approche chirurgicale a été requise chez 67 % des patients ayant une complication anévrismale sans surcroît de mortalité. 4.1. La coarctation est une maladie aortique chronique complexe L’espérance de vie après une réparation chirurgicale ou endovasculaire dans l’enfance est excellente mais la survenue de complication tardive n’est pas rare. Une étude récente de Choudhary et al. a montré que la survie après réparation aortique d’une COA dans l’enfance était de 98 % à l’âge de 50 ans et de 89 % à 60 ans [13]. Malgré un taux de mortalité postopératoire très bas, une étude de la Mayo Clinique portant sur 819 patients traités chirurgicalement montrait une espérance de vie réduite comparée à celle d’une population matchée pour le sexe et l’âge [3]. Environ un tiers des patients traités d’une COA ont besoin d’une seconde intervention pour une resténose et 5 % à 18 % pour une complication anévrismale [13]. Ces complications peuvent survenir de nombreuses années après la première intervention et sont souvent asymptomatiques, ce qui souligne la nécessité d’un suivi prolongé et assidu. Dans notre étude, le délai moyen entre la première réparation et la survenue d’une complication était de 27 ans, ce qui correspond à d’autres études [2,13]. Ces complications peuvent être expliquées par la persistance d’une vasculopathie aortique complexe et les manifestations d’une hypertension artérielle sévère ou d’autres anomalies cardiovasculaires. Dans notre série, 52 % des patients avaient une valve aortique bicuspide et 22 % avaient une autre anomalie cardiaque. 4.2. Résultats du management multimodal des coarctations de l’adulte Le traitement endovasculaire donne de bons résultats et doit être considéré en première intention pour les patients avec une COA native et récurrente (classe I, niveau B) [14]. Il a été montré que l’incidence des pseudo-anévrismes et des resténoses était plus élevée après une angioplastie aortique par dilatation seule. Cette technique a donc été abandonnée en faveur de l’implantation de stents balloon-expandable [15]. Les principales limitations de l’approche endovasculaire sont la nécessité d’une anatomie favorable, la nécessité d’une seconde procédure élective et le devenir à long terme du matériel implanté (migration, fractures) [16]. Plusieurs études dont la nôtre ont montré que l’angioplastie et la mise en place de stent non couvert ou d’endoprothèse aortique sont efficaces et sécuritaires pour les patients adultes avec une COA récurrente ou une complication anévrismale [10,17,18]. Dans notre série, les patients traités de manière endovasculaire avaient une survie globale et une survie sans réintervention de 88 % et 89 % à 10 ans. Le traitement chirurgical avec CEC, arrêt circulatoire et hypothermie profonde est également une option thérapeutique efficace et sécuritaire pour les patients non éligibles à une approche percutanée, particulièrement ceux avec une complication anévrismale. En effet, des études récentes montrent également une mortalité opératoire nulle avec de faibles taux de complications [12,19]. Nous pensons que cette approche reste celle de premier choix pour les patients avec une anatomie complexe. La survie après chirurgie dans notre cohorte était de 100 %, 87 % et 87 % à 1, 5 et 10 ans. Lorsque la COA est associée à une autre anomalie qui requiert un traitement chirurgical, l’attitude thérapeutique peut être en un temps, deux temps ou par une approche hybride. Lorsque la COA peut être accessible à un traitement endovasculaire, nous privilégions une approche en deux temps, avec le traitement endovasculaire de la COA dans un premier. Malgré le faible niveau d’évidence, l’approche hybride semble être une approche prometteuse [20]. De plus, lorsque la coarctation est associée à des anomalies de la crosse aortique (anévrisme, complications d’hypoplasie de la crosse opérée dans l’enfance), une approche par sternotomie, arrêt circulatoire et « elephant trunk (frozen vs conventionnelle) » peut être considérée. 4.3. Algorithme décisionnel pour la prise en charge des coarctations chez l’adulte Le choix du traitement est basé sur de nombreux facteurs dont le type de complication, la conformation anatomique, la présence d’anomalie cardiovasculaire associée, l’expertise du centre. Afin d’essayer de mieux standardiser la prise en charge de ces patients, nous proposons ici un algorithme décisionnel basé sur les résultats de notre étude [figure 4].   [caption id="attachment_3052" align="aligncenter" width="300"] Figure 4 . Algorithme décisionnel pour la prise en charge des adultes atteints de coarctation aortique.[/caption]   4.4. Limites de l’étude Du fait du caractère rétrospectif et du recrutement parfois éloigné des patients, le suivi par imagerie est complet seulement à 90 %. Bien que notre établissement soit un centre de référence, la faible incidence des coarctations aortiques chez l’adulte (nombre de patients limité) et la faible survenue d’événements postopératoires nous empêchent de réaliser une étude sur les facteurs prédictifs de mortalité et de complication aortique. Seule une étude multicentrique ou sur des registres nationaux pourrait répondre à ces questions. Pour des raisons de clarté, nous avons choisi de présenter les résultats selon l’indication de l’intervention plutôt que selon le type de traitement. Les caractéristiques des patients sont donc différentes entre les groupes, et la comparaison des suites opératoires selon les indications ou les modalités de traitement n’a qu’une valeur informative et a peu de conséquence sur l’implication clinique. L’algorithme décisionnel proposé a été établi de manière rétrospective et repose sur les résultats de notre seule institution. Il serait donc intéressant de le valider de manière prospective dans notre centre ou dans d’autres centres impliqués dans la prise en charge de ces patients. 5. Conclusion La plupart des patients adultes (80 %) atteints de COA peuvent être pris en charge par approche percutanée endovasculaire avec de bons résultats à moyen terme. À 10 ans, la survie sans mortalité, survenue d’accident vasculaire cérébral, ou de formation de pseudo-anévrisme ou de nécessité d’une réopération est de 81 %. Le traitement chirurgical impliquant un remplacement aortique sous arrêt circulatoire avec hypothermie profonde est également une approche efficace et sécuritaire pour les patients avec une complication complexe d’une COA. Afin d’obtenir des résultats satisfaisants, il est indispensable que la prise en charge de ces patients soit basée sur une approche multidisciplinaire associant cardiologues interventionnels et chirurgiens cardiaques spécialisés en chirurgie aortique. L’étude prospective de l’algorithme décisionnel serait souhaitable afin de confirmer les résultats de cette stratégie.   Références Ang HL, Lim CW, Hia C, Yip J, Quek SC. COArctation of the aorta: nonsurgical treatment using stent implantation. Singapore Medical Journal 2014;55:302-4. https://doi.org/10.11622/smedj.2014080 PMid:25017404 PMCid:PMC4294052 Horlick EM, McLaughlin PR, Benson LN. The adult with repaired coarctation of the aorta. Current cardiology reports 2007;9:323-30. https://doi.org/10.1007/BF02938381 PMid:17601399 Brown ML, Burkhart HM, Connolly HM et al. COArctation of the aorta: lifelong surveillance is mandatory following surgical repair. 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mars 1, 2017
Vol. 20 JA2016 - cardiaque

C-11 – Résultats à 5 ans de la prise en charge du syndrome aortique aigu type A dans un centre d’accueil pour les urgences aortiques (SOS Aorte)

Ramzi Abi Akar, Milos Matkovic, Julien Massot, Alain Bel, Jerôme Jouan, Léonora du Puy-Montbrun, Jean-Marc Alsac, Bernard Cholley, Florence Bellenfant, Romain Pirracchio, Christian Latremouille, Jean-Noël Fabiani, Paul Achouh Institution : Département de chirurgie cardiovasculaire, département d’anesthésie-réanimation, hôpital européen Georges-Pompidou, AP-HP, Paris Objectif : SOS Aorte est un programme mis en place dans un centre hospitalier universitaire (CHU) pour la prise en charge accélérée, protocolisée et multidisciplinaire à toute heure de toutes les urgences aortiques. Le syndrome aortique aigu (SAA) est l’urgence aortique la plus fréquente, nécessitant une prise en charge chirurgicale complexe avec une mortalité initiale élevée. L’objectif de cette étude est d’évaluer à 5 ans les caractéristiques, la mortalité hospitalière et les résultats à court et à moyen termes des malades adressés au programme SOS Aorte pour SAA type A. Méthode : Entre février 2010 et mai 2015, SOS Aorte a pris en charge 688 patients adressés pour des urgences aortiques suspectées ou confirmées. 129 de ces patients ont été transférés avec le diagnostic de syndrome aortique type A basé sur un angioscanner réalisé avant l’admission. 74 patients ont été directement adressés par le SAMU pour forte suspicion de SAA. Chez les 74 patients transférés pour forte suspicion de dissection aortique, le diagnostic a été confirmé dans 61 cas par un angioscanner urgent à l’admission. Les 13 patients restants ont été transférés directement au bloc opératoire pour état de choc ou arrêt cardio-circulatoire. Résultat : La mortalité opératoire était de 15 % chez les patients stables hémodynamiquement et de 100 % chez les malades sous massage cardiaque externe. La mortalité hospitalière est de 23, 38 et 51 % chez les < 70 ans, les septuagénaires et > 80 ans, respectivement. À la sortie de l’hôpital, le taux de mortalité global était de 30 %. 44 % des patients opérés étaient transférés dans des centres de rééducation cardiovasculaire et 16 % étaient de retour direct à leur domicile. Conclusion : La prise en charge des SAA dans un programme d’urgence aortique multidisciplinaire avec une équipe présente 24/24 7/7 réduit les délais de prise en charge. Ceci devrait permettre une amélioration de la survie. Le bénéfice en termes de survie est probablement contrebalancé par un plus grand pourcentage de patients instables ou critiques acceptés dans un tel programme. Les patients se présentant avec un arrêt cardio-circulatoire avant la chirurgie ont une mortalité de 100 %. Les octogénaires ont un taux de mortalité intrahospitalière significativement plus élevé, mais qui reste inférieur à la mortalité en cas d’abstention thérapeutique.
novembre 29, 2016
Vol. 20 JA2016 - cardiaque

C-16 – Résultats à long terme de la chirurgie cardiaque combinée aux pontages aorto-bifémoraux à partir de l’aorte ascendante

Côme Bosse, Ramzi Ramadan, Rémi Nottin, Dominique Fabre, Olaf Mercier, Philippe Deleuze, Julien Guihaire Institution : Service de chirurgie cardiaque adultes, centre chirurgical Marie-Lannelongue, Le Plessis-Robinson Objectif : Un sous-ensemble des patients adressés pour revascularisation coronaire (CABG) ou chirurgie valvulaire présente une ischémie sévère des membres inférieurs liée à des lésions occlusives aorto-iliaques. L’aorte ascendante est connue pour être un bon site donneur pour les pontages vasculaires. Nous avons cherché à étudier les résultats postopératoires et la perméabilité à long terme des aortes ventrales prothétiques combinées à une chirurgie cardiaque synchrone. Méthode : Sept patients avec un âge moyen de 64 ans (47-75) ont bénéficié d’une chirurgie combinant aorte ventrale et pontages coronariens (n = 6) ou remplacement valvulaire aortique (n = 1) par sternotomie médiane entre 2010 et 2016. Après sevrage de la circulation extracorporelle, un tube prothétique (Dacron ou PTFE, diamètres de 8 à 16 mm) était anastomosé entre l’aorte ascendante et les deux artères fémorales communes, soit par une bifurcation en Y, soit par anastomose fémorale droite et pontage croisé fémoro-fémoral. La perméabilité à long terme était analysée par examen clinique et angioscanner. Résultat : Cinq (71 %) patients étaient stade 2B selon Leriche et avaient une fraction d’éjection du ventricule gauche de 54 % en préopératoire. Cinq patients ont bénéficié de l’approche en Y bifurqué et 2 patients ont eu un pontage aorto-fémoral droit avec pontage fémoral croisé. Aucune complication majeure ou décès ne sont survenus en postopératoire. La durée moyenne de séjour était de 12 jours (4-19). La durée moyenne de suivi était de 23 mois (1-66). À cinq ans, toutes les prothèses étaient perméables sauf une branche gauche distale. Conclusion : Chez les patients présentant une pathologie cardiaque associée à des lésions occlusives aorto-iliaques, un pontage entre l’aorte ascendante et les deux artères fémorales (aorte ventrale) combiné à une chirurgie cardiaque est une stratégie simple et efficace avec des résultats favorables.
novembre 29, 2016
Chirurgie vasculaire · Vol. 20 Abstract 2016

V-07 – Dissection aortique : résultats à propos de 62 patients

Redhouane Boukerroucha, Soumia Bendjaballah, Nadjet Messikh, Samiha Cherif, Chahinez Khelafi, Baya Aziza, Samira Ait-Moussa, Hassina Souad Badaoui, Redha Lekhal, Farid Aimer, Rabah Bouharagua, Abdelmalek Brahami EHS chirurgie cardiaque, ERRIADH, Constantine, Algérie   Objectif La dissection aortique (DA) est une urgence vitale. Son incidence est mal connue : 1 % des morts subites. L’imagerie médicale permet des diagnostics de plus en plus précis et précoces. Nous rapportons les résultats de 62 malades opérés dans notre service.   Méthode Entre janvier 2000 et décembre 2015, 62 patients ont été opérés à cœur ouvert pour DA de l’aorte ascendante (62/5 760 CEC : 1,07 %) ; il s’agissait de 27 femmes et 35 hommes avec un âge moyen de 52 ans. Une HTA a été notée chez 38 patients. L’évolution de la symptomatologie variait de moins de 24 h à 4 mois. NYHA I à IV ; rythme sinusal chez 60/62 patients ; index cardio-thoracique variant de 0,5 à 0,78. Le diagnostic a été posé par la tomodensitométrie thoracique et l’échocardiographie (FE variant de 25,7 à 78 % ; une insuffisance aortique chez 43 patients de grade I à IV ; un rétrécissement aortique chez 2 patients).   Résultat Quarante-huit patients ont été opérés en urgence, les autres en différé : hypothermie profonde (12), hypothermie modérée (28), normothermie (22), ACHP (7), canulation fémorale (58), canulation axillaire (4). Les gestes pratiqués ont été : Bentall (3), tubes sus-coronaires (49), remplacement de la valve aortique (RVAO) + remplacement aorte ascendante + AO transverse (3), RVAO + remplacement aorte ascendante et du sinus coronaire droit + réimplantation de la coronaire droite (1), remplacement AO ascendante + RVAO (6). Le clampage aortique durait de 22 à 200 min. Inotropes + : 26/62 patients. La durée de ventilation allait de 6 heures à 9 jours, le séjour en réanimation de 0 à 26 jours, la durée d’hospitalisation de 0 à 39 jours. Des complications en USI ont été notées pour 12 patients, des complications hospitalières pour 7 patients. Mortalité hospitalière : 11 décès sur 62 opérés (17,7 %).   Conclusion La DA est une affection gravissime nécessitant un diagnostic précoce et un traitement (urgence médicochirurgicale). Les progrès de l’imagerie médicale et de la chirurgie contribuent largement à une meilleure prise en charge de ces patients. Cependant, le traitement n’est que palliatif car il laisse en place un segment plus ou moins long d’aorte disséquée. Le risque d’évolution ectasique secondaire de cette aorte pathologique rend obligatoire un suivi annuel clinique et par imagerie. Ce suivi permet le diagnostic précoce des complications secondaires. Une décision chirurgicale peut alors être éventuellement posée à froid ; au prix, cependant, d’une morbi-mortalité parfois élevée.     Aortic dissection: results about 62 patients   Objectives Aortic dissection is a life-threatening emergency, its incidence is not well known: 1% of sudden deaths; Currently, medical imaging diagnostics allows more accurate and more early. We report postoperative results of 62 patients operated in our center.   Methods Between January 2000 and December 2015; 62 patients undergoing open heart aortic dissection interesting for the ascending aorta (62/5760 cardiopulmonary bypass: 1.07%). These 27 women and 35 men with an average age of 52 years (16-79 years), hypertension was observed in 38 patients. The evolution of the symptoms varies from less than 24 hours to 4 months. NYHA I to IV; Sinus rhythm in 60/62 patients, the cardiothoracic index ranges from 0.5 to 0.78, the diagnosis was made by chest CT and echocardiography (FE varies from 25.7 to 78%, aortic insufficiency in 43 patients grade I to IV aortic stenosis in 2 patients).   Results Forty eight patients operated in emergency; Surgery under CPB: deep hypothermia; 12; Moderate Hypothermia: 28; Normothermia: 22; circulatory arrest in deep hypothermia: 07; Femoral cannulation: 58; axillary cannulation: 04. Practiced gesture: Bentall Operation: 3; Replacement of ascending aorta: 49; Prosthetic Aortic valve replacement + ascending and Transverse aorta prosthetic replacement: 3; Prosthetic Aortic valve replacement + Replacement ascending aorta and the right sinus + right coronary reimplantation: 1; ascending aorta prosthetic replacement + Prosthetic Aortic valve replacement: 6. Aortic clamping of 22-200 minutes; Inotropic+: 26/62 patients. Ventilation average from 6 hours to 9 days, ICU stay in 0-26 days. Average length of hospitalization of 0-39 days, ICU Complications 12/62, hospital complications 7/62. Hospital mortality: 11 deaths out of 62 operated (17.7%).   Conclusion The aortic dissection is a very serious disease, the management involves multidisciplinary expertise, Early diagnosis, treatment will be medical and surgical emergency. Recent advances in medical imaging, surgery largely contribute to a better management of these patients. However, treatment is palliative because it leaves in place a more or less long aorta dissected segment. The risk of secondary ecstatic development of this pathological aorta mandates annual monitoring and clinical imaging. This monitoring allows early diagnosis of secondary complications.
juin 10, 2016