A la une · Chirurgie cardiaque congénitale et pédiatrique · Vol. 23 Décembre 2019

Chirurgie des défects septaux ventriculaires en hypertension artérielle pulmonaire sévère : chirurgie et résultats

R. Boukerroucha¹*, N. Messikh², Lahcene Nezzal³, K. Roudouci¹   Faculté de médecine de Tizi Ouzou, Algérie. Faculté de médecine de Constantine, Algérie. Faculté de médecine service d’épidémiologie de médecine préventive (Semep), université de Constantine 3, CHU de Constantine, Algérie. * Correspondance : redbouker2001@yahoo.fr   DOI : 10.24399/JCTCV23-4-BOU Citation : Boukerroucha R, Messikh N, Nezzal L, Roudouci K. Chirurgie des défects septaux ventriculaires en hypertension artérielle pulmonaire sévère : chirurgie et résultats. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(4). doi: 10.24399/JCTCV23-4-BOU   RÉSUMÉ Objectif : les communications interventriculaires (CIV) isolées représentent au moins 30 à 40% de l’ensemble des malformations cardiovasculaires du nourrisson. Leur prévalence varie de 5,5 à 17,9 pour 1000 naissances. Les conséquences physiologiques des CIV à shunt important sont : une altération progressive du lit artériolaire pulmonaire, une atteinte de la fonction cardiaque (dilatation des cavités gauches). Dans notre étude, nous rapportons une série de patients opérés pour CIV au stade d’HTAP (PAPs supérieure à 60 mmHg). Patients et méthodes : de 2000 à 2018, sur 153 patients opérés pour une communication interventriculaire isolée (CIV), 34 avaient une HTAP (PAPs supérieure à 60 mmHg). Il s’agissait de 15 femmes et 19 hommes (sexe ratio : 1,26), d’âge variant de 3 à 40 ans (moyenne d’âge de 17,8 ans). La durée entre l’installation de la symptomatologie et la prise en charge variait entre 1 mois et 10 ans ; NYHA de I à III. La totalité des patients étaient en RSR. Les types de CIV observées : 26 périmembraneuses, 4 musculaires. La fraction d’éjection du ventricule gauche variait entre 54 à 81% (moyenne : 64,14%). La pression artérielle systolique pulmonaire variait entre 68 à 138 mmHg (moyenne : 85,7). Résultats : la chirurgie a été réglée chez la totalité de patients. Vingt-cinq CIV ont été fermées par un patch synthétique et 9 par un patch péricardique. Le séjour en unité de soins intensifs (USI) a duré entre 1 et 4 jours, la durée du séjour hospitalier a varié entre 1 et 23 jours. Le taux de complications était de 2,94% en USI et de 2,94% en hospitalier. On déplore 2 décès (5,88%). Une baisse du niveau de la PAP entre 20 et 85 mmHg (46,4 mmHg en moyenne) chez la plupart des opérés. Seulement 7 opérés (20,5%) ont gardé des PAPs élevées. Conclusion : les CIV sont des shunts congénitaux qui se caractérisent par leur diversité anatomique, leur polymorphisme clinique et leurs complications évolutives redoutables que sont l’insuffisance cardiaque et l’HTAP (syndrome d’Eisenmenger). Cette évolution est variable selon leur dimension et leur siège. Une fermeture chirurgicale précoce s’impose pour les shunts importants, dans le but de préserver la fonction cardiaque et le lit artériolaire pulmonaire. Arrivée au stade d’HTAP sévère, les résultats de la chirurgie sont grevés d’une morbimortalité qui se rapproche des résultats constatés dans les CIV opérées avec des pressions artérielles pulmonaires moins sévères. Les résultats à court et moyen terme de notre série de CIV opérées en forte HTAP sont acceptables. Les résultats à long terme nécessitent un suivi et sont en cours d’évaluation.   ABSTRACT Ventricular Septal defect surgery with severe pulmonary arterial hypertension: surgery and prognosis Objective: Isolated interventricular communication (VSD) accounts for at least 30% to 40% of all cardiovascular malformations in infants. Their prevalence varies from 5.5 to 17.9 per thousand births; the physiological consequences of the important VSD shunt are: progressive deterioration of the pulmonary arteriolar bed, impairment of the cardiac function (dilation of the left cavities). In our study, we report a series of patients operated for VSD at the stage of pulmonary arterial hypertension (PAH) (PAPS greater than 60 mm Hg). Patients and methods: From 2000 to 2018, out of 153 patients operated for isolated VSD; 34 had a PAH (PAPS greater than 60 mmHg); There are 15 women and 19 men (sex ratio: 1.26); age range from 03 to 40 years (an average age of 17.8 years). The duration between the onset of symptomatology and management ranged from one month to 10 years; NYHA from I to III. All patients were in RSR. The types of VSD observed; 26 perimembranous, 04 muscular. Ejection fraction ranged from 54 to 81% (mean: 64.14%). The pulmonary systolic blood pressure ranged from 68 to 138 mm Hg (mean: 85.7). Patients: The surgery was resolved in all patients. Twenty-five VSD were closed with a synthetic patch and 09 with a pericardial patch. The intensive care unit (ICU) stay lasted between 1 and 4 days, the duration of the hospital stay varied between 1 and 23 days. The complication rate was 2.94% in ICU and 2.94% in hospital. We deplore 02 deaths (5.88%). A drop in the level of PAPS between 20 and 85 mm Hg (46.4 mm Hg on average) for most operated patients. Only 07 operated (20.5%) kept high pulmonary hypertension. Conclusion: The VSD are characterized by their anatomical diversity; The evolution varies according to their size and seat; a minority of VSD requires early surgical closure to avoid complications of a significant left to right shunt such as cardiac failure and pulmonary hypertension (Eisenmenger syndrome).Check in adulthood, other complications such as infective endocarditis and aortic regurgitation are possible (need for rigorous monitoring and antibiotic prophylaxis).The short- and medium-term results of our series are acceptable. The long-term results require follow-up and are being evaluated.   1. Introduction La communication interventriculaire (CIV) est une cardiopathie congénitale fréquente, représentant 30 à 40% de l’ensemble des cardiopathies congénitales à la naissance [1,2]. Son incidence est estimée par certains auteurs à 2 pour 1000 naissances [3]. Sa prévalence a augmenté grâce à l’avènement du doppler, elle est estimée entre 5,5 et 17,9 pour 1000 naissances selon différents auteurs [1]. Décrite pour la première fois par Roger, Lillehei a pratiqué la première fermeture chirurgicale en utilisant une circulation croisée en 1955 [3-5]. La CIV se présente sous forme isolée ou associée à d’autres anomalies dans certaines cardiopathies congénitales dites complexes (tétralogie de Fallot, canal atrioventriculaire…). Différentes formes anatomiques ont été identifiées : périmembraneuse, infundibulaire, musculaire trabéculée et d’admission. Au cours de la période post-natale, les résistances pulmonaires élevées au début minimisent le shunt ventriculaire et protègent l’arbre pulmonaire. Par la suite, la baisse de ces résistances va majorer le shunt. Tout retard de diagnostic et de réparation aura comme conséquences : tout d’abord l’installation d’un shunt gauche droit qui dépend de la taille du défect et des pressions qui règnent au niveau du cœur droit, ce qui altère la fonction contractile du VG. L’autre conséquence est l’installation d’une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) qui peut inverser le shunt (syndrome d’Eisenmenger). Une classification hémodynamique a été proposée distinguant 4 types de CIV [tableau 1] [1].   Tableau 1. Classification hémodynamique des CIV [1]. Le diagnostic précoce dès la naissance a été bouleversé par le développement de l’imagerie médicale, principalement l’échocardiographie doppler. Une fois diagnostiquée, la CIV est évaluée. L’indication opératoire est retenue en se référant aux différentes recommandations de l’ESC et de l’ACC/AHA avant l’installation d’une HTAP [6,7]. La morbimortalité de la chirurgie a nettement baissé avec l’amélioration de la technique chirurgicale, du déroulement de la circulation extracorporelle (CEC), notamment dans cette tranche d’âge (enfants de petit poids), l’amélioration des conditions de réanimation. Certaines complications sont décrites : shunt résiduel, bloc auriculoventriculaire (BAV), complications neurologiques et décès. En présence d’une HTAP, la règle était de s’abstenir de corriger la CIV. Eu égard au développement du traitement de l’HTAP, certains auteurs proposent une thérapeutique médicale anti-HTAP préopératoire en préparation à la chirurgie. La problématique que soulève l’ensemble des écrits qui traitent les CIV au stade d’HTAP est : la chirurgie au stade d’HTAP sévère est-elle faisable ? Et, peut-on proposer une réparation sans cathétérisme droit et un test de réversibilité au préalable ? Notre étude rapporte une série de patients opérés pour CIV avec des pressions artérielles pulmonaires systoliques (PAPs) >60 mmHg, ils ont été opérés sur la base de données cliniques et échocardiographiques et sans la pratique de test de réversibilité par indisponibilité du cathétérisme droit.   2. Patients et méthodes De 2000 au 2018, 153 patients ont bénéficié d’une chirurgie pour communication interventriculaire (CIV). Notre population assez homogène n’inclut que les CIV isolées et opérées par deux chirurgiens seniors. Les cardiopathies complexes ont été exclues. L’indication opératoire a été basée sur la présence de symptômes, le caractère non restrictif de la CIV, le retentissement pulmonaire (HTAP) et le retentissement sur les cavités cardiaques notamment gauches (dilatation du ventricule gauche) ou la présence d’anomalies congénitales associées, nécessitant une chirurgie n’entrant pas dans le cadre de cardiopathies congénitales complexes (CIA, FOP et PCA). C’est une étude rétrospective descriptive qui vise à établir un profil épidémiologique, clinique, échocardiographique et évolutif des patients. Une analyse statistique des variables pré et postopératoires à la sortie (shunt résiduel, pression artérielle pulmonaire), des complications et les décès. Le recueil des données de cette étude a été basé sur le dépouillement du dossier médical de l’opéré durant la période hospitalière. Les variables continues ont été exprimées en moyenne et les variables qualitatives en fréquence et pourcentage. Le recueil des informations a été saisi dans la base de données des patients opérés à l’EHS Erriadh, les données pré, per et postopératoires sont recueillies et saisies dans l’outil informatique (Microsoft Office Windows 2007 : Excel). Une comparaison a été faite sur la base de tests statistiques pour un risque d’erreur admis au maximum de α=0,05 (5%) : un test χ² pour les variables qualitatives [8-10]. Un test de corrélation pour les variables quantitatives [8-10].   [caption id="attachment_4645" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Répartition en fonction de l’âge des patients avec PAPs >60 mmHg. En rouge : population avec PAPs >60 mmHg ; en bleu : PAPs <60 mmHg.[/caption]   L’âge moyen est de 17,79 ans (3 à 40 ans) dans le groupe de patients opérés pour CIV avec PAPs ≥60 mmHg et de 17,2 ans (2 à 53 ans) dans le groupe avec PAPs inférieure à 60 mmHg [figure 1]. La répartition des patients selon le sexe est de 19 hommes et 15 femmes (sexe ratio : 1,44) dans le premier groupe (PAPs ≥60 mmHg), et de 58 hommes et 61 femmes (sexe ratio : 1,44) dans le deuxième groupe. Le délai entre le diagnostic et la chirurgie a varié de 6 mois à 10 ans. Un antécédent d’endocardite a été retrouvé chez 1 patient. Trois patients avaient un antécédent de chirurgie cardiaque [tableau 2], il s’agit dans deux cas d’une chirurgie itérative pour shunts résiduels de CIV et dans le troisième cas d’une chirurgie antérieure pour coarctation aortique.   Tableau 2. Antécédents de chirurgie cardiaque. Lésion cardiaque à la primo-intervention Date primo-intervention Date réintervention Lésion cardiaque à la réintervention Geste opératoire ≠ 01 CIV/Coarctation de l’aorte 2002/2005 2011 CIV périmembraneuse + IM I + FOP + IT IV + resténose aortique Fermeture de la CIV périmembraneuse par voie atriale droite par patch en Dacron + plastie antéroseptale Vt + fermeture FOP + CACO ≠ 02 CIV 2007 2012 Désinsertion du patch de CIV avec shunt important + IM II + IT II + PAPs 96,2 mmHg Fermeture de la CIV par patch en Dacron + plastie VT (Kay ?) ≠ 03 CIV 2006 2012 Désinsertion patch CIV + IT III + PAPs 86 mmHg Fermeture de la CIV sous A° par patch Dacron par voie atriale droite complétée par patch par voie aortique + RVA ° M dans un second temps   L’examen clinique a révélé un souffle caractéristique chez les 34 patients, un souffle systolodiastolique au foyer aortique chez 1 patient et un souffle d’insuffisance mitrale chez 2 patients. Le stade fonctionnel selon la New York Heart Association (NYHA), stade I chez 10 patients, stade II chez 21 patients et 3 patients au stade III. La totalité des patients avait un rythme sinusal. À la radiographie du thorax, l’index cardiothoracique a varié de 0,38 à 0,67 (moyenne 0,53). L’évaluation échocardiographique préopératoire a permet d’objectiver le shunt interventriculaire, de préciser son siège, ses dimensions, de préciser son caractère restrictif ou non (vitesse), d’identifier les conséquences du shunt sur le ventricule droit (VD) (hypertrophie du VD et réaction fibreuse secondaire [lésion de jet]) et les cavités cardiaques gauches [tableau 3] et de rechercher les lésions associées (insuffisance aortique, insuffisance mitrale et tricuspide et autres lésions) avec mesure des PAPs en se basant sur la fuite pulmonaire.   Tableau 3. Échocardiographie doppler. Variables Données VGD 54,6 mm (30 à 75,2) VGS 35,5 mm (19 à 49,4) VD 12,3 à 43,5 mm PAPs 85,7 mmHg (60 à 138,6) FE 64,1% (54 à 81) FR 34,9% (25,5 à 47) VGD : ventricule gauche diastolique ; VGS : ventricule gauche systolique ; VD : ventricule droit ; PAPs : pression artérielle pulmonaire systolique ; FE : fraction d’éjection ; FR : fraction de raccourcissement.   Il s’agit de 29 CIV périmembraneuses, 3 musculaires, 1 CIV d’admission, 1 infundibulaire et une double CIV d’admission et trabéculée. Les lésions associées comprenaient des lésions aortiques (insuffisance aortique minime chez 2 patients, un rétrécissement aortique lâche et une maladie aortique), des atteintes de la valve mitrale type fuite de grade I à IV (19 patients), en rapport avec la dilatation des cavités cardiaques gauches secondaires à la surcharge ventriculaire (IM grade III à IV chez 2 patients) et des régurgitations tricuspides (chez les 34 patients dont 10 de grade III à IV). Douze patients présentaient une anomalie congénitale associée : quatre rétrécissements de la voie d’éjection pulmonaire (rétrécissement infundibulaire réactionnel ou rétrécissement pulmonaire qualifié de fonctionnel), deux canaux artériels de débit modéré au doppler, deux CIA type ostium secondum et trois FOP, un rétrécissement aortique sous-valvulaire peu serré. Au doppler, le shunt était gauche droit dominant. La fraction d’éjection (FE) du ventricule gauche (VG) varie de 54 à 81% (moyenne : 64,14±6,02%). La taille du VD varie de 12,3 à 43,5 mm. Des PAPs entre 68 et 138 mmHg (moyenne : 85,73±18,04 mmHg). Aucun patient n’a bénéficié d’une étude hémodynamique ni de test de réversibilité.   3. Résultats Les patients ont été opérés sous circulation extracorporelle (CEC) aortobicave (héparine 300UI/Kg). L’abord du cœur s’est fait par une sternotomie médiane. La protection myocardique a été assurée par une cardioplégie injectée directement par la racine aortique de type cristalloïde froide antérograde (Saint-Thomas) chez 33 patients et sanguine froide dans un cas, associée à un refroidissement local. La CEC a été conduite en normothermie chez la majorité des patients (26 patients), en hypothermie modérée chez 7 patients et en hypothermie profonde chez 1 patient. L’abord de la CIV s’est effectué par atriotomie droite (transtricuspide) chez 31 patients, par voie aortique chez 1 patient, par voie combinée tricuspide et aortique chez 1 patient et enfin par voie infundibulaire chez un autre patient. Une désinsertion de la valve tricuspide afin d’accéder à la CIV a été nécessaire chez 6 patients (détachement partiel intéressant une partie de la valvule septale et la portion adjacente de la valvule antérieure). L’aortotomie a été réalisée chez 3 patients pour corriger une lésion associée de la valve aortique. Le traitement de la CIV a consisté en une fermeture du défect par un patch synthétique (chez 25 patients) ou péricardique (chez 9 patients). La fixation du patch aux bords de la CIV a été réalisée par des points séparés ou par surjet. La valve tricuspide a été réinsérée au fil Prolène 5/0. Un test à l’eau a été effectué pour vérifier l’étanchéité de la valve tricuspide et au besoin une plastie a été réalisée (chez 20 patients : De Vega, Kay, plastie bord à bord et plastie commissurale). Les gestes associés réalisés sont deux remplacements aortiques (maladie aortique modérée, régurgitation aortique iatrogène) et une commissurotomie aortique. Au niveau de la valve mitrale, un remplacement valvulaire mitral et une plastie mitrale (insuffisance mitrale grade III, VGD : 74,2 mm) ont été effectués. Une fermeture d’une communication interatriale ou d’un foramen ovale perméable chez 5 patients (par patch péricardique dans les deux CIA et par points séparés dans les trois FOP). Une ligature d’un canal artériel. Une résection d’une membrane sous-pulmonaire chez 3 patients et musculaire chez 2 autres patients. Un élargissement infundibulaire a été effectué chez un patient. La durée moyenne de CEC a été de 102,76±47,96 min (48 à 330 min) avec un temps d’ischémie myocardique de 76,5±44,48 min (33 à 294 min). Le recours aux drogues inotropes positives et aux vasoconstricteurs a été nécessaire respectivement chez 8 et 3 patients. L’isoprénaline a été utilisée chez 1 patient. Un temps de ventilation mécanique de 3 à 41 heures, un séjour en USI de 2,1 jours en moyenne (1 à 4 jours), un séjour hospitalier de 10,8 jours (0 à 23 jours). On déplore 2 décès hospitaliers (5,8%) dans le groupe avec HTAP sévère ; par dysfonction du VD avec sortie de CEC impossible (récidive de CIV) et un choc septique chez le second. Alors que dans le groupe sans HTAP (PAPs <60 mmHg), on déplore 4 décès (3,36%) ; 2 patients ont présenté des complications majeures à type de dysfonction du VG et une hyperthermie. Aucun bloc auriculoventriculaire (BAV) n’a été noté. Tous les patients gardaient un rythme sinusal à la sortie. Aucune reprise chirurgicale dans la période hospitalière n’a été observée. Le contrôle échocardiographique de sortie révèle une baisse du niveau de la PAPs observée dans les deux groupes, variable entre 20 et 85 mmHg (46,4 mmHg en moyenne) dans le groupe avec PAPs >60 mmHg et entre 15 et 89 mmHg (358 mm Hg en moyenne) dans le groupe avec PAPs <60 mmHg [tableau 4]. Notons la persistance de l’HTAP au-delà de 60 mmHg respectivement chez 7 (20,5%) [figure 2] et 5 patients (4,2%) respectivement dans le groupe avec une PAPs > ou <60 mmHg. Un patch étanche chez 25 patients, une persistance d’un passage faible ou modéré respectivement chez 7 et 2 patients. L’insuffisance tricuspide était de grade II chez 8 patients et minime pour le reste. Deux patients avaient à la sortie une régurgitation aortique grade II. Une fraction du VG de 54,49% en moyenne (35 à 73%).   Tableau 4. Évolution de l’HTAP. PAPs Préopératoire Postopératoire 0-30 mmHg 0 9 31-50 mmHg 0 13 51-60 mmHg 0 4 61-75 mmHg 12 4 76-90 mmHg 09 3 >90 mmHg 13 0   [caption id="attachment_4646" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Évolution de la PAPs.[/caption]   Pour une étude objective, une analyse statistique a été menée avec comparaison des variables pré, per et postopératoires entre le groupe avec PAPs supérieure à 60 mmHg et celui avec une PAPs <60 mmHg [tableau 5].   Tableau 5. Étude comparative entre les 2 groupes. Variables CIV avec HTAP (34 patients) CIV sans HTAP (119 patients) α Âge 17,79±9,38 17,27±10,85 >0,70 (DNS) Sexe M/F 19/15 58/61 >0,90 (DNS) sexe ratio 1,26 0,95 DNS : différence non significative (α>0,05) – Test de Chi2.   Variables CIV avec HTAP (34 patients) CIV sans HTAP (119 patients) α Mortalité 2 (5,88%) 4 (3,36%) >0,90 (DNS) Morbidité USI 1/34 (2,94%) 5/119 (4,2%) >0,90 (DNS) Morbidité hospitalière 1/34 (2,94%) 13/119 (2,94%) >0,90 (DNS) Différence significative si α≤0,05 – Test de Chi2.   Variables CIV avec HTAP (34 patients) CIV sans HTAP (119 patients) α Fraction d’éjection préop 64,14±6,02 65,39±6,97 >0,20 (DNS) Ventricule gauche préop 54,61±10,96 50,56±10,27 >0,05 (DNS) PAPs préop 85,73±18,04 42,78±9,76 <0,00001 (DS) VD préop 25,42±7,94 21,29±6,28 <0,01 (DS) Clampage aortique 76,5±44,48 59,80±23,32 <0,04 (DS) Durée de CEC 102,76±47,96 88,96±40,94 >0,10 (DNS) Inotropes + 1,79±4,21 1,01±2,91 >0,30 (DNS) Ventilation 12,39±7,91 10,84±11,71 >0,40 (DNS) Séjour en USI 2,22±0,48 2,31±0,94 >0,50 (DNS) Nombre de transfusion 2,2±1,43 1,94±1,76 >0,40 (DNS) Fraction d’éjection postop 54,49±9,19 56,58±8,5 >0,20 (DNS) PAPs postop 46,44±18,78 35,82±15,09 <0,01 (DS) Séjour postop 10,85±4,68 11,81±7,17 >0,30 (DNS) DS : différence significative (α≤0,05, en gras dans le tableau) – Test Z pour comparer deux moyennes ; CEC : circulation extracorporelle ; CIV : communication interventriculaire ; PAPs : pression artérielle pulmonaire systolique ; VD : ventricule droit ; USI : unité de soins intensifs.   4. Discussion La CIV est une cardiopathie congénitale fréquente, son diagnostic est suspecté cliniquement devant des manifestations fonctionnelles non spécifiques (signes d’hypoxie chronique) : refus de téter, retard staturopondéral et infection à répétition chez le nouveau-né. À un âge avancé, c’est la dyspnée, la cyanose progressive avec ses conséquences cliniques et biologiques (polyglobulie), l’hémoptysie, la dysphonie, les signes d’insuffisance cardiaque droite. L’examen clinique révèle le souffle caractéristique, un éclat de B2, un souffle de régurgitation tricuspide [12]. La confirmation du diagnostic est apportée par l’échocardiographie doppler (cardiopathie en cause, niveau d’HTAP et retentissement cavitaire) et le cathétérisme droit (étude hémodynamique et test de réversibilité) [11]. L’HTAP est l’évolution ultime des cardiopathies congénitales (CC) avec shunt intracardiaque gauche droit (CIA, CIV…). Ces shunts sont responsables de l’augmentation du volume et des pressions dans l’arbre artériel pulmonaire et par conséquent un remodelage des artérioles pulmonaires et une vasoconstriction, modifications irréversibles responsables à long terme d’une défaillance du ventricule droit. À un stade plus avancé, la majoration des pressions du lit artériel pulmonaire à des niveaux supérieurs par rapport aux pressions systémiques sera responsable de l’inversion du shunt et à un stade ultime l’installation d’un syndrome d’Eisenmenger responsable d’une surmortalité des patients (1/5 des patients décède dans les 5 ans dans l’étude d’ Engelfriet et al. [20]). D’où l’intérêt d’une prise en charge précoce de cette pathologie [6,7,11]. Une CIV non restrictive a comme conséquence un shunt gauche droit à l’origine d’une augmentation du flux pulmonaire, des résistances pulmonaires et de la pression dans le lit artériel pulmonaire. L’HTAP est en relation avec l’élévation des pressions dans l’arbre artériel pulmonaire de niveau systémique [20]. La maladie vasculaire obstructive pulmonaire s’installe entre 18 et 24 mois après la naissance car les résistances pulmonaires élevées à la naissance protègent le poumon et réduisent le débit du shunt [24]. L’absence de réparation à ce stade conduit à une cascade évolutive jusqu’à l’inversion du shunt, de shunt bidirectionnel à l’inversion totale (droit gauche) dont la fréquence atteint 50% des patients en absence du traitement à temps [23]. Le syndrome d’Eisenmenger aura comme conséquence une intolérance fonctionnelle, une hémoglobinémie élevée, des infarctus cérébraux et une dysfonction multiviscérale. L’HTAP secondaire à une CIV est définie par une pression artérielle pulmonaire moyenne (PAPm) ≥25 mmHg et une PAWP ≤15 mmHg, elle constitue le sous-groupe 1.4.4 de la classification de l’ESC/ERS [11]. Et selon la classification anatomoclinique constitue le sous-groupe 1.2. Elle est classée selon un critère hémodynamique [tableau 1] en communication restrictive ou non selon le diamètre du shunt et de son débit (Qp/Qs). Et selon ces critères anatomiques en une petite ou grande communication (diamètre supérieur ou inférieur à 1 cm). Le shunt aura une direction gauche droite, sera bidirectionnel voire inversé au stade d’Eisenmenger [11]. En présence d’une CIV, l’indication du cathétérisme est retenue en présence d’une PAP >50% de la pression systémique et en cas de cardiopathie complexe [7], un test de réactivité au monoxyde d’azote est préconisé dans ce cas. C’est une indication de classe I, niveau c, selon l’ESC, dans le but de confirmer le diagnostic et de guider l’indication opératoire [11], avec une évaluation de la fonction cardiaque droite et gauche et de l’importance du shunt par le biais d’une étude hémodynamique en cas d’incertitude de l’échocardiographie doppler [7]. Dans notre série, vu l’indisponibilité du cathétérisme droit et du monoxyde d’azote, aucun patient n’a bénéficié de l’évaluation de la réversibilité. L’évaluation de nos patients s’est basée exclusivement sur l’échocardiographie doppler. Tous les patients opérés présentaient des PAPs >60 mmHg avec un shunt gauche droit dominant. L’âge auquel les patients sont opérés est un facteur péjoratif, opérer tôt avant l’installation d’HTAP est recommandé par les différentes sociétés scientifiques [7,11], malheureusement dans notre série, l’âge de la chirurgie est très avancé, il est de 17,79 ans et de 17,2 ans, respectivement dans le groupe avec PAPs >60 mmHg et <60 mmHg. L’âge de nos patients se rapproche de celui des séries de la littérature au stade d’HTAP [2,18-21,23]. Par contre, l’ensemble des auteurs rapporte des séries opérées à un âge bas avant l’installation d’une HTAP [3,5,13-17]. Dans une étude menée par Peter M Engelfriet et al. [20], l’HTAP est présente chez 28% des patients avec une CC (31/1877). Elle est retrouvée dans 28% (122/435) des CIV non réparées en présence ou non d’un syndrome d’Eisenmenger, et chez 8,9% (39/435) des patients avec une CIV non réparée en absence d’un syndrome d’Eisenmenger. Cette HTAP est présente chez 13% (35/275) des CIV opérées [20]. Dans notre série, l’HTAP est présente chez 22,2% des cas de CIV opérés (34/153). Les mêmes auteurs constatent un âge plus avancé dans la population avec HTAP, il est supérieur à 15 ans en cas de CIV (30 ans versus 26 ans en absence d’HTAP, p=0,001) [20]. Cette HTAP est très fréquente dans la population où l’âge est >40 ans ; ainsi en cas de CIV non réparée avec ou non un syndrome d’Eisenmenger, le taux est de 40,2% versus 25% avec ceux dont l’âge est inférieur à 40 ans (p=0,007) [20]. Les auteurs retrouvent également une relation entre le stade fonctionnel et le niveau de la PAPs dans la population avec défect septal (CIA, CIV) non réparé en absence d’un syndrome d’Eisenmenger (p<0,001). L’HTAP multiplie par 8 la limitation fonctionnelle et même après fermeture du défect septal. De même pour la capacité à l’effort et le niveau de PAPs dans la population de défect réparé (CIA, CIV) (p<0,001), ainsi que pour la mortalité qui est en relation statistiquement significative dans le groupe défect réparé avec un niveau élevé de PAPs. Par contre, les auteurs ne retrouvent pas cet élément (niveau de PAPs) comme facteur de surmortalité dans le groupe défect non réparé [20]. En matière d’indications opératoires, la chirurgie est contre-indiquée en présence du syndrome d’Eisenmenger ou en cas d’HTAP avec un défect de petite taille [11]. Pour les patients avec un shunt gauche droit dominant au stade d’HTAP, ils doivent bénéficier d’une évaluation des résistances vasculaires artérielles pulmonaires (PVR, classe IIa, niveau c). Les patients porteurs de cardiopathies congénitales au stade d’HTAP avec des résistances vasculaires pulmonaires indexées (PVRI) <4 WU.m² sont considérés comme corrigeables, alors que ceux avec des PVRI >8 WU.m² sont considérés comme non corrigeables. Par contre, le reste des patients (zone entre les deux valeurs) sont à discuter au cas par cas dans des centres spécialisés [tableau 5] [11].   Tableau 5. Recommandations pour la fermeture des défects simples au stade d’HTAP chez l’adulte [6,11]. Recommendation for Closure of ASD ESC/ERS 2015 [11] ACC 2018 [6] Oui PVRI <4 WU.m2 Systolic PA pressure <one-half Systemic PVR/SVR <0,3 Selon le cas PVRI 4 à 8 WU.m2 Systolic PA pressure one-half to two-thirds systemic PVR/SVR 0,3 à 0,66 Non PVRI >8 WU.m2 Systolic PAP >two-thirds systemic PVR/SVR >0,66 et Qp/Qs<1,0   Selon les recommandations de l’ESC, en présence d’une CIV, l’indication est retenue en cas d’une CIV symptomatique avec shunt gauche droit en absence d’une atteinte sévère du lit vasculaire pulmonaire et en cas de CIV asymptomatique avec surcharge du VG en rapport avec le shunt [7]. L’indication est à considérer en présence de CIV en cas d’antécédent d’endocardite, de régurgitation aortique et en présence d’un shunt gauche droit prédominant (Qp/Qs>1,5) avec une PAP ou des PVR <2/3 des valeurs systémiques. Par contre, la réparation est contre-indiquée en présence d’un syndrome d’Eisenmenger, une désaturation sévère et en présence d’une petite CIV, de CIV outre sous-artérielle, sans surcharge volumétrique, ni HTAP ni notion d’endocardite [7]. Récemment, dans les recommandations de l’ACC/AHA [tableau 5] [6], l’indication est retenue en présence d’une CIV avec un shunt significatif (Qp/Qs≥1,5) et une surcharge volumétrique gauche en présence d’une PAPs <50% de la pression artérielle systolique (PAS) et des PVR <1/3 des SVR (résistances vasculaires systémiques). L’indication est à considérer en cas d’une CIV perimembraneuse responsable d’une régurgitation aortique, un antécédent d’endocardite et en présence d’un shunt gauche droit dominant (Qs/Qp≥1,5) en présence de PAPs >50% de la PAS et des PVR >1/3 des SVR. La chirurgie est récusée en présence de CIV au stade d’HTAP sévère en présence PAPs >2/3 de la PAS, des PVR >2/3 des SVR et en cas de shunt inversé droit gauche. L’indication opératoire a été retenue chez nos patients devant toute CIV non restrictive (Qp/Qs>1,5) et en présence de signes échocardiographiques de retentissement pulmonaire (HTAP) et cardiaques (dilatation des cavités cardiaques). Tout patient présentant une inversion du shunt clinique et échocardiographique a été récusé. Le traitement chirurgical est le gold standard, il consiste en la fermeture du défect interventriculaire par un patch souvent synthétique sous CEC et arrêt cardioplégique du cœur. Le patch est fixé au pourtour de la CIV par points séparés ou par surjet en évitant la voie de conduction. Cette méthode conventionnelle souffre de diverses complications : cicatrice, infection, risque potentiel de BAV (1% [24]), shunt résiduel (5,8% à 7,3% [22]), régurgitation aortique et tricuspide. L’approche de la CIV se fait souvent par un abord transatrial droit à travers l’orifice auriculoventriculaire droit, ce qui permet une exposition et un repérage des différents bords de la CIV [14]. La fermeture de la CIV se fait souvent sans désinsertion de la valve tricuspide adjacente. En cas de difficultés d’exposition des bords de la CIV par l’insertion de cordages ou du tissu valvulaire tricuspide (10 à 30% des cas) barrant la visualisation des différents bords de la CIV [14,15], différentes techniques sont utilisées pour une meilleure exposition : la valve tricuspide est désinsérée de son anneau [figure 3] ou détacher des cordages et incision radiale de la valve tricuspide décrite pour la première fois en 1962 par Hudspeth [5,14,15], ce qui permet une meilleure exposition réduisant les complications postopératoires (shunt résiduel, BAV, distorsion de la valve tricuspide). Si l’abord de la CIV par désinsertion a ses avantages, il expose à une morbidité spécifique (déchirure de la valve tricuspide et aux troubles du rythme postopératoire) [5,14]. Parfois la fermeture de la CIV se fait par une aortotomie, exceptionnellement par voie infundibulaire.   [caption id="attachment_4647" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Détachement de la valve tricuspide.[/caption] A : détachement de la valve septale tricuspide ; B : détachement de la valve antérieure tricuspide ; C : détachement de la zone de la commissure antéroseptale ; D : mise en place des points de fermeture de la CIV ; E : fermeture de la CIV ; F : réinsertion de la valve tricuspide [4].   Dans notre série, dictée par le siège de la CIV, la réparation de la CIV s’est souvent faite par atriotomie droite à travers la valve tricuspide (91,1% des cas) avec désinsertion de la valve tricuspide dans 17,6% des cas. Quant à la fermeture de la CIV, un patch synthétique ou un patch péricardique a été utilisé respectivement dans 73,5% et 24,5% des cas. Une réinsertion de la valve tricuspide a été effectuée et une plastie tricuspide a été associée chez 20 patients. À l’échocardiographie de sortie, 8 patients gardaient une fuite tricuspide de grade II, par contre dans le groupe désinsertion tricuspide, un seul gardait une fuite tricuspide de grade II. Un passage modéré a été noté chez 2 patients (la CIV fermée par patch synthétique pour l’un et péricardique pour l’autre). Aucun BAV n’a été observé. Comparé aux autres séries, dans la série de Charles D. Fraser et al., ils ne retrouvent pas de différence significative sur le devenir fonctionnel de la valve tricuspide entre le groupe valve tricuspide désinsérée ou non (p=0,87), un bloc AV transitoire dans chaque groupe a été observé [14]. Kamal K. Pourmoghadam et al. ne constatent pas de différence significative entre le groupe référence (sans détachement) et celui avec détachement de la valve tricuspide (détachement de la valve de l’anneau ou des cordages tricuspides), hormis le temps de CEC et concluent que le détachement ne majore pas la dysfonction de la valve tricuspide (régurgitation) en postopératoire, le shunt résiduel et le taux de réintervention pour dégradation du résultat tricuspide [5]. Dans le même ordre d’idée, Raffaele Giordano et al. ne constatent pas de différence significative entre le détachement ou non de la valve tricuspide pour shunt résiduel, le BAV, la régurgitation tricuspide et la réintervention. Ils constatent une différence pour le temps de CEC et le clampage aortique [15]. Actuellement la fermeture percutanée tend à prendre le dessus dans l’arsenal thérapeutique [figure 4]. Elle s’est imposée comme une alternative à la chirurgie conventionnelle dans le traitement des CIV périmembraneuses et musculaires [13,19,22,26]. Réduisant ainsi les complications de la chirurgie conventionnelle (un séjour court, absence de douleur, de cicatrice, une morbimortalité basse). Par contre, ses limites de faisabilité sont le bas âge des enfants et le faible poids en présence de signes d’insuffisance cardiaque, de retard de croissance et l’installation d’une HTAP nécessitant une réparation précoce [3]. Avec un taux très élevé de réussite, Jun Liu et al. rapportent un taux de succès de 97,96% et une morbidité de 1,12% (BAV, régurgitation tricuspide, AVC et ischémie de membre) [22]. Elle met à l’abri des complications de la CEC, mais elle n’est pas dénuée de complications : le rayonnement, une lésion vasculaire, une perforation cardiaque, le mismatch entre la taille de la prothèse et la CIV, une hémolyse, une malposition, une embolisation périphérique, un accident vasculaire cérébral transitoire ou permanent, un BAV temporaire ou permanent (1% à 5%) [19,25,26], l’embolisation du matériel implanté, une endocardite, une régurgitation aortique [13,25] ou une sténose de la valve tricuspide [26].   [caption id="attachment_4648" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Perimembranous ventricular septal defect occluder [17].[/caption]  Certains auteurs ont comparé le traitement chirurgical et la fermeture percutanée. Ainsi Pierre Oses et al. identifient un âge plus avancé (108,8±61,4 mois [1-219] vs 21,6±43,2 mois [1-176]) et un diamètre plus grand dans le groupe percutané mais sans constater de différence significative en ce qui concerne la morbimortalité (shunt résiduel, régurgitation aortique, BAV et décès) [13]. D’autres auteurs ont rapporté l’implantation de prothèse par voie chirurgicale mini-invasive à cœur battant [16,19,24] avec un taux de succès de 82 à 100% [24]. L’abord thoracique est une ministernotomie inférieure [19], une thoracotomie droite passant par le 4e EICD [16] ou une ministernotomie transversale au 4e EIC [17]. Après l’abord du cœur, le repérage manuel du maximum du jet à la surface du VD va permettre une ponction perpendiculaire de la CIV et faciliter le largage de la prothèse. Cette procédure est aidée par l’ETO. Deux types de prothèse, prothèse asymétrique pour les CIV périmembraneuses, afin d’éviter une régurgitation aortique, et une prothèse symétrique pour les CIV musculaires. Cette procédure n’est pas dénuée de complications (un bloc AV, une régurgitation aortique et un shunt résiduel). Qiang Chen et al. rapportent un taux de succès de 94,8% et un BAV dans 1,6% des cas, 13 régurgitations aortiques et un shunt résiduel chez 25 patients [16,19].   4.1. Quelle stratégie devant une CIV en HTAP ? Arrivé à ce stade d’HTAP sévère (PAPm >50 mmHg [23] ou au stade d’Eisenmenger), traditionnellement la réparation était contre-indiquée (CIV avec Qp/Qs <1,5 et syndrome d’Eisenmenger), voire grevée d’une surmortalité. Devant une HTAP sévère, la décision d’opérer le patient est délicate, s’agit-il d’une HTAP réversible ou non ? Car souvent l’âge de survenue, la rapidité de l’installation et l’extension de l’HTAP sont difficiles à prévoir. La majorité des patients bénéficient d’une évaluation clinique (présence ou non de cyanose) et échocardiographique (taille et importance du shunt, caractère restrictif ou non, niveau de la PAPs, direction du shunt). Arrivé au stade d’HTAP sévère, sachant que son évolution est difficile à prévoir en postopératoire. Opérer ces patients est une décision difficile à prendre, avec le risque de les exposer à une dysfonction postopératoire du VD en cas de crise d’HTAP [27]. Ne pas les opérer, c’est les condamner à une évolution naturelle péjorative inéluctable. Raisons pour lesquelles certains auteurs ont évalué la réversibilité de l’HTAP en préopératoire et son impact sur les résultats postopératoires. Ils proposent l’institution d’un traitement vasodilatateur à tropisme artériel pulmonaire en préopératoire et poursuivi en postopératoire tant que le patient souffre de cette HTAP, c’est la stratégie “treat and repear”. Cette stratégie “treat and repair ” consiste en présence de PVR élevées, en l’institution d’un traitement spécifique de l’HTAP avant la réparation pendant une certaine durée avec, au préalable, une étude hémodynamique et un test de réversibilité suivi d’un autre avant la réparation. Une correction est proposée en cas de baisse des PVR [11]. Cette attitude a été préconisée chez l’adulte en cas de CIV au stade d’HTAP avec inversion du shunt (cyanose, hypoxie sévère), attitude qui reste à évaluer (efficacité du traitement anti-HTAP et après quel délai du traitement doit-on proposer cette réparation ?) [11]. Le traitement médical a changé le pronostic des CC au stade de la HTAP. Il se base sur des médications spécifiques et non spécifiques. Le traitement non spécifique inclut les diurétiques, l’oxygénothérapie lorsque la PaO2 <60 mmHg, l’anticoagulation orale (AVK) et les inhibiteurs des canaux calciques [11,12]. Le traitement spécifique inclut les prostanoïdes : Époprosténol, Tréprostinil, Iloprost, Béraprost. Les antagonistes des recepteurs de l’endothéline : Bosentan, Ambrisentan, Macitentan. Les inhibiteurs de la phosphodiestérase type 5 : Sildénafil, Tadalafil. D’autres molécules sont proposées : Macitentan, Vardenafil, Riociguat, Selexipag, Tyrosine kinase inhibitors [12]. Une étude très intéressante de Sridhar A et al. a évalué les résultats de la chirurgie dans une population de CIV au stade d’HTAP sévère basée sur la clinique (absence de cyanose, d’hippocratisme digital, SaO2 au repos de 90 à 95%, absence de signes d’insuffisance ventriculaire droite), l’ECG (signes d’HVD) et l’échocardiographie qui révèle un shunt bidirectionnel à prédominance gauche droit et une pression artérielle pulmonaire de niveau systémique. Les auteurs ont évalué la réversibilité (sous 100% d’oxygène pendant 15 min) après l’administration de Sidénafil pendant 3 mois avant le cathétérisme, en évaluant l’âge à l’intervention, le niveau de résistance pulmonaire indexée (PVR), rapport entre pression artérielle systémique et pulmonaire et enfin le rapport des résistances [27]. Les patients sont considérés répondant positivement lorsqu’ils sont asymptomatiques avec une baisse de la PVRI<3 WU.m2. Les patients sont considérés opérables devant une augmentation du rapport Qp/Qs au moins deux fois des valeurs de base, une baisse des résistances vasculaires pulmonaires indexées d’au moins de 25% avec une PVRI<6 WU.m2, une baisse du rapport PVRI/SVRI d’au moins 25% avec un rapport <0,3 [27]. La chirurgie a consisté en la fermeture du défect par patch fenêtré (3 mm) tout en respectant tout autre shunt perméable à l’étage ventriculaire ou auriculaire. Une ventilation de 24 heures, une prescription d’inotropes et vasodilatateur (Milrinone) en USI. Du Sildénafil a été prescrit en postopératoire tant qu’ils présentaient des signes cliniques ou échocardiograhiques d’HTAP. Malgré que seulement trois patients aient répondu aux critères de réversibilité, aucun décès hospitalier n’est survenu. Les auteurs identifient comme facteurs chez les répondants positivement : le rapport des résistances (p=0,049) et des pressions moyennes systémicopulmonaires (p=0,003). Par ailleurs, l’âge moyen au moment de la chirurgie (p=0,227), le Qp/Qs (p=0,158) et la PVRI (p=0,204) sont plus bas dans le groupe des répondeurs par rapport aux non-répondeurs. La SaO2 préopératoire <90% n’est pas retenue comme facteur prédictif. Ils concluent à ce que seules les pressions moyennes artérielles et celui des résistances systémicopulmonaires se dégagent comme facteurs prédictifs de l’évolution postopératoire. Les tests de réactivité ont un rôle non significatif sur la réversibilité ou non de l’hypertension artérielle pulmonaire à moyen terme [27]. Certains auteurs ont proposé la réparation par patch fenêtré [28], unidirectionnel [21,28], la technique de double flap proposée par Zhang et al. [figure 5] [28]. Techniques qui permettent un shunt droit gauche en cas de crise d’HTAP postopératoire, ce qui éviterait une dysfonction du VD.   [caption id="attachment_4649" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. Patch valvé unidirectionnel [23].[/caption]  Sachin Talwar et al. rapportent une série de 17 patients opérés au stade d’HTAP sévère avec PVRI >8 (10,9±2,2 WU). Après le test de réversibilité à l’O2, la PVRI a baissé à 3,72±1,98 WU et un rapport de pression moyenne systémicopulmonaire de 1,38±0,25. Quinze patients avaient un shunt bidirectionnel et de droite à gauche chez 2. Ils ont bénéficié d’une fermeture par patch à valve unidirectionnelle permettant un shunt droit gauche en cas de crise d’HTAP (3 cas en USI). Ils ne rapportent pas de mortalité opératoire et une évolution favorable à moyen terme (absence de cyanose et de shunt droit gauche, SaO2>95%) [21]. Hamid Bigdelian et al. rapportent une série de 63 enfants opérés d’une CIV au stade d’HTAP de modérée à sévère (PAP/PAS>0,7), tous les enfants ont bénéficié d’un cathétérisme droit. Les auteurs constatent une pression artérielle pulmonaire préopératoire plus basse dans le groupe A (Sildénafil à la dose de 0,3 mg/kg/4h pendant une semaine avant la réparation et pendant 24 à 48h après la chirurgie), par rapport au groupe B (Sildénafil en peropératoire et poursuivi pendant 24 à 48h après réparation) et celui du groupe contrôle (placebo) (p<0,001). Les auteurs rapportent un temps de CEC plus long dans le groupe contrôle (p<0,05), une PAP postopératoire basse dans les groupes A et B/groupe contrôle (p<0,001), des résistances vasculaires pulmonaires pré et postopératoires qui baissent significativement dans le groupe A par rapport au groupe B et celui du contrôle (p<0,001), une ventilation et un séjour hospitalier plus courts dans les groupes A et B que dans le groupe contrôle (<0,001). Aucun décès dans les 3 groupes [2]. Sidharth Bhasin et al. ont rapporté 60 patients porteurs d’une large CIV avec au cathétérisme droit une PAPs >35 mmHg ou une PAP moyenne PAP >25 mmHg, un rapport Qp/Qs bas et des résistances vasculaires pulmonaires élevées avec un test de réversibilité à l’O2 à 100%. Les auteurs constatent une réduction significative de la PAP systolique et moyenne dans le groupe traité en pré et postopératoire (Sildénafil pendant 7 jours en préopératoire et 15 jours en postopératoire) par rapport au groupe contrôle (placebo en préopératoire et Sildénafil en postopératoire) (p<0,001), ainsi que la durée du séjour en USI [29]. Dans la série de Zhenlei Hu et al., les auteurs ont testé l’efficacité du Bosentan ou du Sildénafil et en cas d’inefficacité de l’Iloprost dans la préparation des patients en vu d’une chirurgie de réparation porteurs de CIV non restrictive au stade d’HTAP sévère pour une période de 3 à 15 mois. Les patients répondant positivement (Qp/Qs >1,5 et PVR/SVR <2/3) ont été opérés. La réparation a été effectuée sous CEC, après abord transatrial ou par infundibulotomie et la CIV a été fermée par patch perforé doublé sur sa face ventriculaire gauche par un second patch empêchant le shunt gauche droit et autorisant le shunt droit gauche. Les patients sont mis sous monoxyde d’azote (NO) (10-20 ppm) ou Illoprost (inhalation) avec maintien du rapport PAPm/PASm <0,8 [23]. Les auteurs déplorent deux décès hospitaliers. D’autres auteurs rapportent des cas de fermeture percutanée de CIV au stade d’HTAP sévère après un test de réversibilité après administration de vasodilatateurs artériels pulmonaires (Iloprost) avant la fermeture [25]), après la fermeture et à distance en mesurant différents paramètres (pression artérielle, pression artérielle pulmonaire, Qp/Qs, résistance vasculaire pulmonaire et le rapport PVR/SVR). La fermeture est pratiquée en gardant une communication entre les deux ventricules (patch chirurgical avec flap ou prothèse fenêtrée) afin d’éviter les complications (crise d’HTAP, défaillance ventriculaire et défaillance respiratoire rendant l’extubation impossible). Hacer Kamali et al. rapportent une fermeture percutanée d’une large CIV musculaire (22 mm) avec HTAP sévère chez un jeune de 18 ans d’âge par prothèse fenêtrée [25]. En dehors du traitement classique chirurgical ou interventionnel et hybride, la septostomie atriale et la transplantation cardiopulmonaire sont deux thérapeutiques de l’extrême, l’une est proposée afin de créer un shunt à l’étage auriculaire et soulager le VD d’une dysfonction imminente, l’autre est proposée en présence d’impossibilité de réparation et l’installation d’une défaillance cardiorespiratoire non contrôlée par le traitement médical. D’après l’analyse statistique, nos deux groupes de patients sont homogènes sans différence significative pour les variables préopératoires hormis pour le niveau de PAPs (<0,00001) et la taille du VD (<0,01), cette dernière s’expliquerait par le retard de diagnostic et de réparation en rapport avec la chronicité du tableau hémodynamique. Pour les variables opératoires, le clampage a été identifié comme facteur de gravité (<0,04) en rapport avec les gestes associés (valve tricuspide, mitrale…). Enfin, on ne retrouve pas de différence significative pour les variables postopératoires (ventilation [p=0,4], séjour en réanimation [p=0,5], morbidité [p=0,9] et mortalité [p=0,9]). Par contre, une différence significative de la PAPs postopératoire a été retenue (<0,01). Notons un recours plus fréquent aux inotropes et aux vasoconstricteurs dans le groupe PAPs >60 mmHg, respectivement dans 8/34 des cas (23,5%) et 17/119 des cas (14,2%). Par contre, l’utilisation des vasoconstricteurs est plus fréquente dans le groupe PAPs <60 mmHg respectivement dans 8,8% et 11,6% des cas. Nous avons observé une baisse du niveau de PAPs dans les 2 groupes de patients, plus importante dans le groupe PAPs <60 mmHg par rapport au groupe PAPs >60 mmHg, respectivement 95,8% vs 79,5%, ceci est en rapport avec le stade évolutif de l’HTAP (régression partielle dans le groupe PAPs >60 mmHg). Ces résultats sont en concordance avec les conclusions des auteurs suggérant l’incertitude de la fixité de l’HTAP chez ces patients et son potentiel de réversibilité sous traitement et l’intérêt de la réparation précoce avant le stade d’HTAP irréversible. Une PAPs persistait au-delà de 60 mmHg respectivement chez 7 (20,5%) [figure 2] et 5 patients (4,2%) dans le groupe avec une PAPs > ou <60 mmHg. L’analyse des données préopératoires dans ce sous-groupe de patients gardant une PAPs >60 mmHg : 2 patients étaient au stade III de la NYHA et pour le reste ≤ au stade II, une CIV isolée a été constatée chez 6 patients et associée un FOP et un canal artériel modéré dans un cas (VG diastolique : 36,9 mm). Six (6) patients ont présenté une baisse du niveau de la PAPs, par contre on note une majoration dans un cas (de 65 à 71 mmHg) [figure 2]. L’insuffisance mitrale de grade I à II chez 4 patients et absente pour les 3 restants. L’insuffisance tricuspide de grade II à III. Un diamètre diastolique du VG <50 mm chez 3 patients et >50 mm chez 4 patients. Le diamètre du VD varie de 22 à 34 mm avec hypertrophie du VD chez 3 patients. Une ventilation légèrement plus longue de 15,7 heures par rapport à 12,3 heures dans le groupe PAPs >60 mmHg et un séjour en USI plus court de 1,85 jour par rapport à 2,22 jours. Ce constat marque le potentiel évolutif de baisse des pressions pulmonaires dans les 2 groupes, cette baisse est plus marquée dans le groupe avec PAPs <60 mmHg. La morbimortalité de la chirurgie conventionnelle n’a cessé de baisser grâce aux progrès réalisés dans le domaine de l’anesthésie réanimation et de la chirurgie des cardiopathies congénitales notamment la chirurgie de la CIV. Elle est estimée à moins de 3% [24]. Brandi Braud [3] et al. rapportent une mortalité opératoire de 0,5%, elle est nulle dans la série de Pierre Oses et al. [13] et celle de Raffaele Giordano et al. [15]. Afin de faire baisser encore cette mortalité, certaines équipes ont proposé la fermeture percutanée voire une fermeture chirurgicale sans CEC par voie mini-invasive, en utilisant les avantages des prothèses utilisées dans la fermeture percutanée, ce qui a été rapporté par certains auteurs [13,16,19]. Parmi les complications majeures, le BAV estimé par certains auteurs entre 0,6 et 5%, ce taux ne cessant de baisser, ce qui a été rapporté par certains [13,16,19]. Malgré l’indisponibilité du traitement médical pré et surtout postopératoire, hormis le Sildénafil qui a été utilisé dans certaines situations de difficulté d’extubation de patients, et d’après l’analyse statistique, on n’observe pas de différence significative en ce qui concerne la mortalité opératoire entre les 2 groupes, respectivement de 5,8% et 3,36 (p=0,90) dans le groupe PAPs >60 mmHg ou <60 mmHg. Même constat en ce qui concerne la morbidité (en USI ou hospitalière) (p=0,90).   4.2. Limite de l’étude Cette étude a des limites, outre son caractère rétrospectif, notre série est de petite taille, l’absence d’étude hémodynamique (en raison de l’impossibilité de pratiquer un cathétérisme cardiaque associé à des tests de réversibilité). Un dilemme s’est imposé, fallait-il ou non opérer ces patients ? Malgré cela, nos résultats postopératoires sont favorables comparés à la série de patients avec une PAPs inférieure à 60 mmHg.   5. Conclusion Les CIV se caractérisent par leur diversité anatomique et par leurs complications évolutives redoutables : l’insuffisance cardiaque et l’HTAP (syndrome d’Eisenmenger). L’évolution est variable selon leur dimension et leur siège. En cas de shunt important, la fermeture précoce s’impose pour prévenir les complications. Au stade d’HTAP sévère, les résultats de la chirurgie de la CIV sont grevés d’une morbimortalité plus importante qu’une chirurgie avec une PAPs moins élevée. Jusqu’à récemment, la chirurgie des patients avec HTAP sévère et ceux arrivés au stade d’Eisenmenger était récusée. En dépit de l’indisponibilité du cathétérisme dans notre série, les résultats opératoires sont encourageants et en faveur de la stratégie “treat and repear”. Concept qui ouvre la voie à un nouvel espoir dans le traitement des cardiopathies congénitales au stade d’HTAP. Il reste juste à confirmer ces résultats à moyen et long terme.   Références Chantepie A. Communications interventriculaires. EMC (Elsevier SAS, Paris) Cardiologie, 11-940-C-30, 2005. Bigdelian H, Sedighi M. The role of preoperative sildenafil therapy in controlling of postoperative pulmonary hypertension in children with ventricular septal defects. J Cardiovasc Thorac Res 2017;9(3):179-182 doi: 10.15171/jcvtr.2017.31. https://doi.org/10.15171/jcvtr.2017.31 PMid:29118953 PMCid:PMC5670342 Scully BB, Morales D LS, Zafar F, McKenzie ED, Fraser CD Jr, Heinle JS. Current Expectations for Surgical Repair of Isolated Ventricular Septal Defects Ann Thorac Surg 2010;89:544-51. https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2009.10.057 PMid:20103339 Kalfa D, Baruteau A, Luu D, Roussin R, Bellu E, et al. Communications interventriculaires. 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décembre 13, 2019
Chirurgie cardiaque congénitale et pédiatrique · Vol. 23 Mars 2019

Sténoses congénitales sous-aortiques opérées à l’âge adulte : résultats opératoires et pronostic à moyen terme (série de 82 patients)

Redhouane Boukerroucha1,2*, Nadjet Messikh¹, Samiha Chérif¹, Thara Chabi³, Baya Aziza¹, Chourouk Rakouk¹, Karima Bouguerra¹, Mahfoud Djebienne², Khireddine Roudoci³, Abdelmalek Brahami¹   Faculté de médecine, service de chirurgie cardiaque EHS Mokhtar Djeghri, Constantine, Algérie. Service d’anesthésie réanimation CHU Annaba, faculté de médecine Annaba, Algérie. Faculté de médecine, EHS en cardiologie et chirurgie cardiaque « Yacef Omar » DBK, Tizi Ouzou, Algérie. * Correspondance : redbouker2001@yahoo.fr   DOI : 10.24399/JCTCV23-1-BOUKE Citation : Boukerroucha R, Messikh N, Chérif S, Chabi T, Aziza B, Rakouk C, Bouguerra K, Djebienne M, Roudoci K, Brahami A. Sténoses congénitales sous-aortiques opérées à l’âge adulte : résultats opératoires et pronostic à moyen terme (série de 82 patients). Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(1). doi: 10.24399/JCTCV23-1-BOUKE   Résumé Introduction : les obstacles sous-aortiques représentent 5 à 6% de l’ensemble des cardiopathies congénitales. Les sténoses aortiques congénitales constituent un obstacle à l’éjection du ventricule gauche. Les sténoses sous-valvulaires se rencontrent dans 20 à 25% des cas. La problématique soulevée est d’une part, à quel stade faut-il opérer ces patients (gradient à travers l’obstacle, régurgitation aortique, complications évolutives) et d’autre part, quelle stratégie opératoire doit-on adopter afin de réduire les complications postopératoires (récurrence, majoration de la régurgitation aortique). Le but de notre étude est de rapporter une série chirurgicale de sténoses sous-aortiques (résultats opératoires « morbimortalité » et à moyen terme « évolution de l’hypertrophie myocardique, récidive »), chez ces cardiopathies congénitales vieillies. Matériel et méthodes : de 2000 à 2017, 82 patients ont bénéficié d’une chirurgie pour rétrécissement aortique sous-valvulaire. L’âge moyen est de 27,56 ans (16 à 59 ans), sexe ratio : 1,27. Avec des antécédents d’endocardite aortique chez 3 patients. NYHA : 1,9, rythme sinusal régulier (RSR) chez la totalité des patients. Le diagnostic a été établi par l’échographie doppler cardiaque. Les lésions associées sont 18 maladies aortiques, 62 patients associent une régurgitation aortique de grade I à IV, 5 patients associent une communication interventriculaire (CIV) et une désinsertion de patch. Le gradient moyen aortique préopératoire de 65,45 mmHg en moyenne (17,3 à 123 mmHg). Résultats : les patients ont été opérés sous circulation extracorporelle. Le clampage aortique était de 11 à 144 min (42,06 min en moyenne). Le traitement a consisté en une résection de la membrane sous-aortique dans tous les cas, associée ou non à une myotomie ou myomectomie ; un remplacement aortique chez 22 patients, une fermeture de la CIV chez 5 patients. Une plastie aortique a été effectuée chez 10 patients. La mortalité hospitalière globale est de 2 patients (2,43%). Le séjour en USI de 2,33 j en moyenne (2 à 9). Le séjour hospitalier de 12,45 j en moyenne (6 à 42 jours). Trois patients ont présenté une complication en unité de soins intensifs (bloc auriculoventriculaire de 3e degré, fibrillation ventriculaire, arrêt cardiaque) et 3 complications hospitalières : insuffisance aortique grade III, thrombose valve mitrale et un arrêt cardiaque. Le gradient moyen aortique à la sortie est de 22,8 mmHg en moyenne (5,7 à 87,3 mmHg). L’insuffisance aortique variait du grade I à III. Le follow-up est de 6 mois à 175 mois (79,65 mois). L’évolution de la masse du ventricule gauche indexée est en préopératoire/postopératoire : p=0,0000 ; en préopératoire/contrôle : p=0,01. Celle du gradient moyen en préopératoire/postopératoire : p=0,000 ; en préopératoire/contrôle : p=0,00001 ; en postopératoire/contrôle : p=0,04. Six patients présentent un gradient moyen supérieur à 30 mmHg. Il y a eu des complications tardives pour 4 patients (bloc auriculoventriculaire : pacemaker définitif pour un patient). L’évolution de l’insuffisance aortique allait du grade I à III pour 33 patients. La mortalité globale tardive est de 3,65% (3 patients). Conclusion: la correction chirurgicale des obstacles sous-aortiques vise à lever l’obstruction et à minimiser l’aggravation de la régurgitation aortique. Malgré l’âge tardif des patients au moment de la correction, nos résultats sont favorables. Un suivi à long terme nous permettra de juger de l’évolution (hypertrophie, régurgitation aortique, récidive).   Abstract Congenital subaortic stenosis operated in adulthood: Operative results and prognosis in the medium-term (series of 82 patients) Objective: Congenital aortic stenosis results from an obstruction of the left ventricular outflow tract (LVOT). The lesion is classified as valvular, subvalvular, or supravalvular, and can be associated with a variety of other cardiac anomalies. Subvalvular aortic stenosis accounts for 20–30% of patients with congenital LVOT obstruction. Subaortic stenosis causes left ventricular outflow tract (LVOT) obstruction and often produces aortic regurgitation (AR). Conventional resection relieves the obstruction, but the recurrence rate is high, and the AR is not significantly changed. The aim of the study was to analyze the mid-term results of congenital subvalvar aortic stenosis relief and the severity of aortic regurgitation. Methods: From 2000 to 2017, 133 patients underwent surgical correction for congenital subaortic stenosis; among them, 82 patients were over 15 years-old. There were 46 males and 36 females (sex ratio: 1.27); the mean age was 27.56 years (16-59 years), and the preoperative NYHA was 1.9, with a sinus rhythm in all patients. The diagnosis was established by Doppler echocardiography; coexisting cardiac lesions included: aortic disease in 19 patients, aortic insufficiency in 62 patients, and combined  ventricular septal defect (VSD) in 6 patients; the mean preoperative aortic gradient was 65.45 mm Hg (range 17.3–123mm Hg). Results: The patients were operated on using cardiopulmonary bypass, and aortic clamping for 11–144 min (42.06 min on average); the treatment consisted of a resection of the subaortic membrane in all cases with or without myotomy or myomectomy, aortic replacement in 22 patients, VSD closure in 5 patients and aortic valvuloplasty in 10 patients. The overall hospital mortality was two patients (2.43%). Ventilation was for an average of 12.53 hours (range 2–125). ICU stay was an average of 2.33 days (range 2–9), and hospital stay was 12.45 days on average (range 6–42 days). ICU complications included third degree atrioventricular block, ventricular fibrillation, and cardiac arrest. Hospital complications were seen in three patients: aortic regurgitation grade III, mitral valve thrombosis and cardiac arrest in one patient each. At discharge, the average gradient aortic output was 22.8 mm Hg (range 5.7–87 mm Hg), and aortic insufficiency ranged from grade I to III. Follow-up ranged from 6 months to 175 months (average of 79.65 months). Evolution of the left ventricle mass: •Preoperative/post-operative: P ≈ 0.00001, •Preoperative/control: P ≈ 0.01. Evolution of the average gradient: •Preoperative/postoperative: P ≈ 0.000, •Preoperative/control: P ≈ 0.00001, • Postoperative/control: P ≈ 0.04. Six patients had a mean gradient greater than 30 mm Hg. Late complications were seen in 4 patients: atrioventricular block, with pacing required for one patient). Evolution of aortic regurgitation: aortic insufficiency grade I to III in 33 cases. The late overall mortality was 3.652% (3 patients). Conclusion: Surgical correction aims to relieve the obstruction and minimize worsening of aortic regurgitation. Despite the late age of patients at the time of correction, our results are favorable. A long-term follow-up will allow us to judge the evolution (hypertrophy, aortic regurgitation, recurrence).   1. Introduction Une sténose sous-valvulaire aortique congénitale est définie comme tout obstacle fixe et permanent à la sortie du ventricule gauche (VG), situé en dessous des sigmoïdes aortiques, à différencier des obstacles dynamiques (cardiomyopathie hypertrophique obstructive : CMHO). Elle peut être la conséquence d’une insertion anormale de la valve mitrale ou du tissu accessoire, d’une insertion anormale d’un muscle papillaire mitral, d’un déplacement postérieur du septum infundibulaire sans defect septal interventriculaire. Enfin l’obstacle sous-aortique peut faire partie d’un complexe obstructif gauche (complexe de Shone). La sténose sous-valvulaire représente 5 à 6% de l’ensemble des cardiopathies congénitales. Les sténoses aortiques congénitales constituent un obstacle à l’éjection du ventricule gauche. Les sténoses sous-valvulaires se rencontrent dans 20 à 25% des cas. La lésion est rarement symptomatique à l’enfance, mais le gradient se majore progressivement pendant la croissance dans 50% des cas [1]. Sans chirurgie, la lésion va engendrer une hypertrophie ventriculaire gauche (HVG), une insuffisance cardiaque, des troubles du rythme, une régurgitation aortique et enfin une endocardite. La guérison après chirurgie est réelle mais le risque de récidive est variable de 0 à 55% [1,2] d’une part ; l’autre risque étant l’aggravation de la régurgitation [2]. Sur le plan physiopathologique, la plupart des auteurs sont en faveur d’une lésion acquise car absente à la naissance [2,3]. Cilliers incrimine trois mécanismes dans le développement de l’obstacle sous-valvulaire aortique [3] : Théorie des turbulences induite par le flux (stimulation de l’endothélium) secondaire à la présence d’élément musculaire dans le VG, protrusion musculaire septale, mal-alignement du septum interventriculaire et élongation de la chambre de chasse du VG associés à une majoration de la séparation aortomitrale. Théorie géométrique consistant en une anatomie favorable à la genèse de ce processus (angle aortoseptale <130°). Théorie du stress mécanique et de la prédisposition génétique. La régurgitation aortique est secondaire au développement d’une fibrose sur la face ventriculaire des sigmoïdes aortiques en rapport avec le traumatisme répété secondaire au flux accéléré qui traverse l’obstacle sous-valvulaire, ou en rapport avec l’extension de la fibrose aux sigmoïdes aortiques. On décrit différents types d’anomalies qui peuvent être à l’origine d’un obstacle sous-valvulaire [4] : les sténoses sous-valvulaires fixes, localisées (membraneuses ou fibreuses) ou diffuses : type I : la sténose membraneuse est un diaphragme ; type II (rare) : la sténose fibreuse est formée d’un bourrelet fibreux ; type III (plus rare) : la sténose est diffuse fibromusculaire ; type IV : chenal fibreux et rigide (sténose en « tunnel »). les obstructions d’origine mitrale ; les obstructions musculaires malformatives. Le but de notre étude est de rapporter une série chirurgicale de sténoses sous-aortiques chez des patients faisant partie des cardiopathies congénitales vieillies : résultats opératoires « morbimortalité » et à moyen terme « évolution de l’hypertrophie myocardique, récidive ».     2. Historique La sténose aortique sous-valvulaire a été rapportée la première fois par Chevers en 1842 [5]. Brock et Fleming ont décrit la première dilatation transventriculaire en 1956. Spencer et ses collègues ont décrit la forme diffuse (tunnel form) réparée sous CEC en 1958 et en 1960 a été décrite la correction d’une sténose en tunnel [5]. Konno et al. ont décrit la technique de réparation aortoventriculoplastie antérieure en 1975 [2,5] et c’est Rastan et Kaney qui l’ont introduite comme technique opératoire en 1976. Kirklin et Barratt-Boyes ont décrit une version modifiée avec préservation de l’anneau et des sigmoïdes. Cooley et Garrett ont également décrit la septoplastie (préservation de l’anneau et des sigmoïdes) [2,5]. En 1975, Cooley a décrit comme alternative thérapeutique le conduit apico-aortique. Vouhé et al. ont décrit en 1984 la résection de l’obstacle sous-aortique par division de l’anneau aortique : incision de l’anneau aortique à travers le trigone fibreux gauche (commissure séparant les sigmoïdes gauche et droit), résection de l’obstruction et reconstruction de l’anneau aortique et le septum conal [7]. Ce même concept a été avancé par Kirklin et Barratt-Boyes [6,7] (en modifiant la procédure de Konno) qui inclut l’élargissement conal par un patch et la préservation de la valve aortique [8]. Cooley et Garrett ont rapporté la même technique « septoplasty » [9,10].   3. Problématique Plusieurs problématiques ont motivé cette étude : l’âge tardif des patients opérés, le choix de la technique opératoire pour lever l’obstacle (qui dépend du type et de l’étendue de l’obstacle sous-aortique), l’attitude à l’égard de la valve aortique qui présente un degré variable de remaniement et de régurgitation, l’évolution de l’obstacle sous-aortique (récidive, gradient), de la masse cardiaque après la levée de l’obstacle, et enfin le devenir de la valve aortique conservée.   3.1. Patients et méthodes Il s'agit d'une étude rétrospective à visée descriptive dans le but d’établir un profil épidémiologique, clinique, échocardiographique et évolutif des patients. C’est une analyse statistique des variables suivantes, en comparant l’état préopératoire, postopératoire à la sortie et à moyen terme (masse cardiaque, gradient aortique et valve aortique), les décès, les complications, le devenir de la lésion aortique, de la masse cardiaque et enfin celui du gradient aortique. Le recueil des données de cette étude est basé sur le dépouillement du dossier médical de l’opéré durant la période hospitalière : préopératoire : données cliniques, ECG, téléthorax et échographie doppler cardiaque ; peropératoire : variables opératoires ; postopératoire : réanimation et hospitalisation. Pour le contrôle et le suivi, les sources d’informations sont recueillies par : convocation des malades : chaque patient a subi un bilan clinique et paraclinique : ECG, radio du thorax et une échographie cardiaque pratiquée ; ou par téléphone : avec le médecin traitant ou à défaut avec les parents du patient (en cas de décès), les résultats (cliniques, paracliniques) sont transmis par fax. Le recueil des informations est saisi dans la base de données des patients opérés à l’EHS ERRIADH, les données pré per et postopératoires sont recueillies et saisies dans l’outil informatique (Microsoft office Windows 2007 : Excel).   3.1.1. Méthodes d’analyses statistiques Une comparaison a été faite sur la base de tests statistiques pour un risque d’erreur admis au maximum de α=0,05 (5%) : test χ² pour les variables qualitatives [11-13] ; test de corrélation pour les variables quantitatives [11-13].   4. Résultats De 2000 à 2017, 133 patients ont bénéficié d’une chirurgie pour rétrécissement aortique sous-valvulaire (RA° s/v). Parmi eux, 82 patients avaient un âge supérieur à 15 ans. Notre population est assez homogène et inclut les patients avec RA° s/v par membrane ou bourrelet, les cardiopathies complexes sont exclues. L’indication opératoire a été basée sur la présence de symptômes, le gradient moyen ventriculoaortique dépassant 40 mmHg, ou la présence d’anomalies congénitales associées nécessitant une chirurgie. L’âge moyen est de 27,56 ans (16 à 59 ans) [figure 1], 46 hommes et 36 femmes (sexe ratio : 1,27).   [caption id="attachment_4299" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Tranche d’âge des patients.[/caption]   L’évolution de la symptomatologie a varié d’un mois à 20 ans. La notion d’endocardite a été rapportée chez 3 patients. Six patients avaient un antécédent de chirurgie cardiaque [tableau 1] dont 3 pour un rétrécissement aortique sous-valvulaire. NYHA (I-IV) : 1,9. La totalité des patients avaient un rythme sinusal. L’index cardiothoracique a varié de 0,4 à 0,69 (moyenne 0,53).   Tableau 1. Antécédents de chirurgie cardiaque. Patient Lésion cardiaque à la primo-intervention Date primo-intervention Date réintervention Lésion cardiaque à la réintervention Geste opératoire 01 RA° s/v 1994 2006 RA° s/v Résection de la membrane s/A° 02 CIV 2008 2009 RA° s/v + désinsertion du patch CIV Résection de la membrane s/A° + fermeture de la CIV par patch en Dacron 03 RM (DMPC) 2008 2010 RA° s/v + MM + MA° Résection de la membrane s/A° + RVM + RVA + myomectomie 04 RA° s/v 2002 2014 IA IV postendocardite + RA s/v et valvulaire + IM II-III + IT III PAPS 48 mmHg + ABCES PRAAORTIAUES Résection de membrane sous-aortique résiduelle + Manouguian + RVA M + RVM M + plastie de Kay 05 RVM M STARR 1985 2014 DLA° + IT II + PAPS 47 mmHg + RVM M STARR fonctionnel RVA° M + Résection membrane sous-aortique 06 RA° s/v 1991 2015 RA° s/v récidive + IA° II + IM I+ IT I + PAPS 31 mmHg Résection membrane sur la GVM + myomectomie septale + réparation de l’aorte ascendante par bandelette L’évaluation échocardiographique préopératoire de l’obstacle sous-aortique inclut le retentissement sur les cavités cardiaques [tableau 2] et le gradient [figure 2].   Tableau 2. Échocardiographie doppler. Variables Données VGD 46,33 mm (29,5 à 70,5) VGS 28,75 mm (15,6 à 57,7) Masse VG 250,34 g (70,15 à 535) FE 68,6 % (36,5 à 82,4) FR 37,9 % (18,1 à 51) Gradient moyen 68,54 mmHg (17,6 à 123) VGD : ventricule gauche diastolique ; VGS : ventricule gauche systolique ; FE : fraction d’éjection ; FR : fraction de raccourcissement.   [caption id="attachment_4300" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Gradient transobstacle sous-aortique[/caption]     4.1. Les lésions associées de la valve aortique Soixante-deux patients présentaient une insuffisance aortique de grade I à IV et 18 patients une maladie aortique [figure 3], de la valve mitrale [figure 4] : insuffisance mitrale chez 45 patients, une maladie mitrale chez 2 patients et un patient porteur d’une prothèse valvulaire en position mitrale. Cinq patients associaient une communication interventriculaire (CIV) et une désinsertion de patch.   [caption id="attachment_4301" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Lésions aortiques.[/caption] [caption id="attachment_4302" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Lésions mitrales.[/caption]   Tous les patients ont été opérés sous circulation extracorporelle (CEC) aortocave après sternotomie médiane, et héparinisation générale (300 UI/Kg). La protection myocardique a été assurée par une cardioplégie cristalloïde froide antérograde injectée directement par les ostia coronaires chez 72 patients, sanguine froide chez 7 patients et mixte chez 3 patients, associée à un refroidissement local (shumway). L’abord de la lésion s’est fait par une aortotomie basse chez 80 patients et par atriotomie droite (cure d’une CIV) chez 2 patients. La CEC a été conduite en normothermie chez la majorité des patients (72 patients) et en hypothermie modérée chez 10 patients. Le traitement de la lésion avait consisté en une résection de la membrane sous-aortique en incisant la jonction entre la membrane et le septum interventriculaire (SIV), pour mettre en évidence un plan de clivage entre la membrane et le SIV sous la commissure, et qui se poursuit par une spatule de Rob dans le sens horaire sous la sigmoïde coronaire droite (SCD), puis sous la sigmoïde coronaire gauche (SCG), jusqu’au contact de la valve mitrale antérieure (VMA), permettant ainsi une énucléation complète en une seule pièce de l’ensemble de la membrane [figure 5]. La résection a été associée à une myotomie ou myomectomie [figure 6].   [caption id="attachment_4303" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. Résection de la membrane sous-aortique [4].[/caption]A : exposition de la membrane sous-aortique ; B : ligne d’incision ; C : incision au bistouri ; D : clivage de la membrane sous-aortique.   [caption id="attachment_4304" align="aligncenter" width="300"] Figure 6. Myomectomie [4].[/caption]A : exposition de la membrane sous-aortique ; B : ligne d’incision ; C : incision au bistouri ; D : myomectomie ; E : aspect final.   L’aortotomie est fermée par 4 hémisurjets de fil de polypropylène 5 ou 4/0 après purge gazeuse des cavités gauches. Quant aux techniques d’élargissement de la voie d’éjection du VG, aucune n’a été pratiquée [figures 7-10].   [caption id="attachment_4305" align="aligncenter" width="300"] Figure 7. Technique de Konno-Rastan [5].[/caption]  Incision through the ascending aorta, aortic annulus,and right ventricular outfl ow tract (RVOT), exposing the interventricular septum.   [caption id="attachment_4306" align="aligncenter" width="300"] Figure 8. Technique de Konno-Rastan modifiée par voies transaortique et transatriale [8].[/caption] A : siège de l’incision septale ; B : réparation par patch.   [caption id="attachment_4307" align="aligncenter" width="300"] Figure 9. Technique de Konno-Rastan modifiée par voies transaortique et transventricualire [8].[/caption]A : siège de l’incision septale ; B : réparation par patch.   [caption id="attachment_4308" align="aligncenter" width="300"] Figure 10. Technique de septoplastie et préservation de la valve aortique [10].[/caption]    4.2. Les gestes au niveau de la valve aortique Un remplacement aortique a été pratiqué chez 22 patients, une plastie aortique a été effectuée chez 10 patients. Au niveau de l’orifice auriculoventriculaire gauche, parmi les 48 patients présentant une insuffisance mitrale en préopératoire, 2 patients ont bénéficié d’un remplacement valvulaire mitral, un patient a bénéficié d’un remplacement valvulaire mitral parmi les 2 patients présentant en préopératoire une maladie mitrale [figure 11].   [caption id="attachment_4309" align="aligncenter" width="300"] Figure 11. Geste chirurgical.[/caption]   4.3. Lésions cardiaques congénitales associées Cinq patients ont bénéficié d’une fermeture d’une communication interventriculaire par patch en Dacron, et un patient d’un élargissement d’une sténose sus-valvulaire.   4.4. Les paramètres peropératoires Durée de CEC de 63,19 min en moyenne (extrêmes 20 à 299 min), durée de clampage aortique de 42,06 min en moyenne (extrêmes 11 à 144 min), durée de l’assistance circulatoire en moyenne de 18,09 min (extrêmes 4 à 109 min), durée de ventilation en moyenne de 12,4 heures (extrêmes 2 à 125 heures), séjour en réanimation de 2,33 jours en moyenne (extrêmes 2 à 9 jours), séjour hospitalier de 12,45 jours en moyenne (extrêmes 6 à 42 jours), drogues inotropes positifs : 12 patients. On déplore 2 décès hospitaliers (2,43%). Trois patients ont présenté des complications en unité de soins intensifs (bloc auriculoventriculaire de 3e degré, fibrillation ventriculaire, arrêt cardiaque) et 3 complications hospitalières (insuffisance aortique grade III, thrombose valve mitrale et un arrêt cardiaque). Le gradient moyen aortique à la sortie est de 22,8 mmHg en moyenne (5,7 à 87,3 mmHg), l’insuffisance aortique variée de grade I à III.   4.5. Au contrôle, avec un recul de 6 mois à 175 mois (79,65 mois) Soixante-huit patients ont été contrôlés, 14 patients perdus de vue (17%). La mortalité globale tardive est de 3,65% (3 patients). La majorité des patients avaient amélioré la tolérance fonctionnelle, tous les patients avaient un rythme sinusal. Un certain nombre de complications ont été notées : 4 patients (BAV : pacemaker définitif pour un patient) ; quant à la régurgitation aortique, elle est de grade I à III pour 33 patients. Deux patients ont été réopérés dans l’intervalle [tableau 3].   Tableau 3. Type de chirurgie secondaire. Patient Année de primo-intervention Année de réintervention Geste chirurgical de réintervention ≠ 01 2004 2011 RVA° M + RVM M ≠ 02 2010 2010 Thrombose VM   Afin d’avoir une objectivité à notre étude, une analyse statistique a été menée. On observe, en ce qui concerne l’évolution de la masse du VG indexée, une différence significative entre l’état préopératoire/postopératoire (p=0,00001) [tableau 4] et entre l’état préopératoire/contrôle (p=0,01) [tableau. 5].   Tableau 4. Comparaison état préopératoire vs postopératoire immédiat. Variable Préopératoire Postopératoire P VGD 46,33 mm±9,14 (29,5 à 70,5) 41,28 mm±8,72 (26,7 à 67,7) DS, p=0,000 VGS 28,75 mm±7,89 (15,6 à 57,7) 26,8 mm±7,56 (12,7 à 51,9) DS, p=0,000 PPD 11,7 mm±4,07 (6,3 à 23,1) 12,35 mm±4,09 (7 à 24) dns PPS 15,83 mm±4,71 (9,8 à 27) 16,4 mm±4,63 (9,8 à 31) dns SIVD 12,8 mm±4,50 (4 à 23) 12,52 mm±4,43 (5,7 à 27,2) dns SIVS 15,54 mm±4,37 (7,7 à 24,4) 16,06 mm±4,64 (8,2 à 30,8) dns Masse VG D 250,34 g±142,47 (70,15 à 535) 224,3 g±137,68 (83,56 à 560,4) DS, p=0,00001 Masse VG D indexée 150,26 g±99,81 (46,77 à 300,66) 140,78 g±94,68 (46,42 à 329) DS, p=0,00001 FE 68,69%±9,14 (36,5 à 82,43) 64,94%±10,51 (35,14 à 87,6) DS, p=0,01 FR 37,9%±6,65 (18,1 à 51,08) 35,3%±7,74 (19,1 à 57,3) DS, p=0,000 Gradient moy 68,54 mmHg±22,66 (17,6 à 123) 22,8 mmHg±12,31 (5,7 à 87,3) DS, P ≈ 0.000 Gradient max 107,5 mmHg±32,48 (35,7 à 211) 36,62 mmHg±19,89 (10,5 à 142) DS, p=0,000 VGD : ventricule gauche diastolique ; VGS : ventricule gauche systolique ; PPD : paroi postérieure diastolique ; PPS : paroi post-systolique ; SIVD : septum interventriculaire diastolique ; SIVS : septum interventriculaire systolique ; FE : fraction d’éjection ; FR : fraction de racourcissement.   Tableau 5. Comparaison état préopératoire vs contrôle. Variable Préopératoire Contrôle P VGD 46,33 mm±9,14 (29,5 à 70,5) 48,5 mm±7,30 (36,1-65,2) DS, p=0,000 VGS 28,75 mm±7,89 (15,6 à 57,7) 29,96 mm±6,03 (20,1-42) DS, p=0,000 PPD 11,7 mm±4,07 (6,3 à 23,1) 10,12 mm±2,78 (5,2-19,8) dns PPS 15,83 mm±4,71 (9,8 à 27) 14,72 mm±2,8 (10,3-20,5) dns SIVD 12,8 mm±4,50 (4 à 23) 10,62 mm±2,84 (6,6-17) dns SIVS 15,54 mm±4,37 (7,7 à 24,4) 13,52 mm±3,16 (6,6-21,2) dns Masse VGD 250,34 g±142,47 (70,15 à 535) 180,8 g±72,47 (70,34-416,79) dns Masse VGD indexée 150,26 g±99,81 (46,77 à 300,66) 102,85 g/m2±40,19 (35,5-214,1) DS, p=0,01 FE 68,69%±9,14 (36,5 à 82,43) 67,33%±9,24 (32,63-84,45) dns FR 37,9%±6,65 (18,1 à 51,08) 38,27%±6,48 (22,88-53,61) dns Gradient moy 68,54 mmHg±22,66 (17,6 à 123) 21,33 mmHg±17,36 (1,94-85,81) DS, p=0,00001 Gradient max 107,5 mmHg±32,48 (35,7 à 211) 38,1 mmHg±27,38 (3,67-129,8) DS, p=0,00001 VGD : ventricule gauche diastolique ; VGS : ventricule gauche systolique ; PPD : paroi postérieure diastolique ; PPS : paroi post-systolique ; SIVD : septum interventriculaire diastolique ; SIVS : septum interventriculaire systolique ; FE : fraction d’éjection ; FR : fraction de racourcissement.   Quand au gradient moyen, on observe une différence significative entre l’état préopératoire/postopératoire (p=0,000), l’état préopératoire/contrôle (p=0,00001) et l’état postopératoire/contrôle (p=0,04) [tableau 6].   Tableau 6. Comparaison état postopératoire vs contrôle. Variable Postopératoire Contrôle P VGD 41,28 mm±8,72 (26,7 à 67,7) 48,5 mm±7,30 (36,1-65,2) DS, p=0,00001 VGS 26,8 mm±7,56 (12,7 à 51,9) 29,96 mm±6,03 (20,1-42) DS, p=0,00001 PPD 12,35 mm±4,09 (7 à 24) 10,12 mm±2,78 (5,2-19,8) DS, p=0,01 PPS 16,4 mm±4,63 (9,8 à 31) 14,72 mm±2,8 (10,3-20,5) Dns p=0,3 SIVD 12,52 mm±4,43 (5,7 à 27,2) 10,62 mm±2,84 (6,6-17) DS, p=0,02 SIVS 16,06 mm±4,64 (8,2 à 30,8) 13,52 mm±3,16 (6,6-21,2) DS, p=0,01 Masse VGD 224,3 g±137,68 (83,56 à 560,4) 180,8 g±72,47 (70,34-416,79) Dns, p=0,8 Masse VGD indexée 140,78 g±94,68 (46,42 à 329) 102,85 g/m2±40,19 (35,5-214,1) Dns, p=0,4* FE 64,94%±10,51 (35,14 à 87,6) 67,33%±9,24 (32,63-84,45) Dns, p=0,5 FR 35,3%±7,74(19,1 à 57,3) 38,27%±6,48 (22,88-53,61) DS, p=0,02 Gradient moy 22,8 mmHg±12,31 (5,7 à 87,3) 21,33 mmHg±17,36 (1,94-85,81) DS, p=0,04 Gradient max 36,62 mmHg±19,89 (10,5 à 142) 38,1 mmHg±27,38 (3,67-129,8) DS, p=0,03 VGD : ventricule gauche diastolique ; VGS : ventricule gauche systolique ; PPD : paroi postérieure diastolique ; PPS : paroi post-systolique ; SIVD : septum interventriculaire diastolique ; SIVS : septum interventriculaire systolique ; FE : fraction d’éjection ; FR : fraction de racourcissement.   5. Discussion L’obstacle aortique sous-valvulaire inclut un spectre d’anomalies, du simple obstacle (membrane ou fibromusculaire) jusqu’au tunnel like associant parfois une cardiomyopathie hypertrophique, anomalie d’insertion de la valve mitrale, déplacement postérieur du septum infundibulaire, un syndrome de Shone ou d’autres obstacles de la voie gauche.   5.1. Diagnostic tardif Dans la littérature, l’âge des patients au moment de la chirurgie est variable. Pour certains, l’âge se rapproche du nôtre : dans la série de Moutakiallah et al., l’âge moyen est de 18,1±9,7 ans, et il y a une similitude dans la forme de l’obstacle sous-aortique (formes simples) [15]. Oliver et al. rapportent une série de 134 patients dont l’âge moyen est de 31,6±17 ans. Il s’agit d’une étude comparative de trois populations : ceux qui ont été opérés (29 patients d’âge moyen 56+/-15 ans), les patients (64) non opérés d’âge moyen 27+/-13 ans et le dernier groupe de 41 patients opérés avant 15 ans (21+/-4 ans) [14]. Van der Linde et al, dans une méta-analyse incluant 4 centres, ont colligé une série de 313 patients pour obstacle sous-aortique (forme simple), associé dans 68% des cas à une régurgitation aortique modérée et dans 5% à une régurgitation moyenne ; l’âge des patients est de 20,2 ans en moyenne (18,4-31,0) [16]. D’autres auteurs ont rapporté des séries de patients opérés à un âge moins avancé, d’un jour à 21,8 années (moyenne de 5,1±5,1 années). Pour Jou, il s’agit de 185 patients dont 17/185 ont bénéficié d’une technique agressive [17], la même tranche d’âge est retrouvée dans la série de Dodge-Khatami et al. (moyenne de 4,3 années : de 7 jours à 13,7 ans), il s’agit de 58 patients (forme simple dans 43 cas et forme complexe dans 15 cas). Ces enfants ont bénéficié d’une résection de membrane seule dans 22 cas, d’une résection de membrane associée à une myomectomie dans 34 cas et 2 patients ont bénéficié de la procédure Konno [18]. Barkhordariana et al. rapportent une série de 50 patients (formes simples) d’âge moyen de 8 ans (3 à 44 ans) [19] ; Caldarone et al. rapportent 18 patients avec une moyenne d’âge de 11,5+/-7,9 (0,8-31,4), il s’agit de formes complexes traitées par la technique de Konno [20] ; chez Ruzmetov et al., dans une série de 190 patients (140 simples et 50 complexes), l’âge moyen était de 8,2±4,4 années (1 semaine à 36 ans) [21] ; Lampros et al. rapportent 36 patients (forme discrète) avec un âge moyen de 7,1 ans (9 mois à 47 ans) [6] ; Tabatabaie et al. rapportent une série de 26 patients avec formes variées d’obstacles sous-aortiques (procédure Konno-Rastan), l’âge des patients étant de 12,8±7 années en moyenne [9]. Parry et al. rapportent une série de 37 patients (formes simples) avec une moyenne d’âge de 7,5 années (0,5-35). Parmi eux, 10 patients opérés pour récidive de l’obstacle sous-aortique et 8 aux antécédents de correction d’une CIV [2] ; Jahangiri et al. rapportent une série de 46 patients (forme complexe et tunnel like) traitée par la procédure modifiée de Konno et celle de Konno-Ross, avec un âge moyen de 5 ans [22] ; Serraf et al., dans une série de 160 patients (moyenne d’âge de 10 ans [0,1-30]), ont rencontré 120 simples obstacles sans lésions associées [5]. Karamlou et al. ont suivi l’évolution du rétrécissement sous-aortique (forme simple) dans une population composée de 313 enfants (l’âge moyen est de 8 mois : de 0 à 17 ans), 159 enfants ont été opérés lorsque le gradient dépassait 30 mmHg [23] ; l’âge est de un mois à 44 ans (moyenne de 8,6 années) dans la série de Brauner et inclut 75 patients [24]. Dans la série de Geva et al. [1], l’âge des patients au moment de l’intervention est de 3,7 ans en moyenne (0-34,8). Les auteurs retrouvent dans la sous-population dont l’âge est inférieur à 4 ans des lésions plus sévères et complexes (syndrome de Shone, distance entre la membrane et la valve aortique plus courte et une résection de la membrane étendue à la valve aortique ou la valve mitrale). Par contre le gradient est moins élevé. Hirata et al. rapportent une série de 106 patients en primo-intervention pour obstacle sous-aortique (forme simple), l’âge moyen de 7,2±4,9 années (0-20 ans). Soixante-six patients ont bénéficié d’une simple résection et 45 d’une myectomie associée [25] ; Suárez de Lezo et al. présentent un autre aspect du traitement de l’obstacle sous-aortique qui est la dilatation percutanée : il s’agit d’une série de 76 patients (forme simple : membrane fibreuse [<3 mm]) avec un âge moyen de 19+/-9 ans (2-67 années) [26] ; enfin, Brown et al. rapportent une série de 257 patients dont l’âge varie de 3 à 43 ans (moyenne 11 ans) [27]. On observe que la majorité des séries rapportent un âge plus jeune des patients. Par opposition, l’âge de nos patients au moment de l’intervention est de 27,56 ans en moyenne, ceci est dû à un retard du diagnostic d’une part, et de la prise en charge chirurgicale, une chirurgie au retentissement sévère sur la fonction ventriculaire (HVG), et des lésions aortiques avancées, d’autre part.   5.2. Mortalité opératoire La mortalité hospitalière globale dans notre série est de 2 patients (2,43%). Comparée à la littérature, elle est généralement faible, surtout pour les formes localisées. Elle varie de 0 à 5 décès en fonction de la taille de la série [1,2,5,6,9,15-21,25]. Jou et al. rapportent 2 décès hospitaliers/185 [17] ; Ruzmetov et al. 7 décès hospitaliers/190 (4 dans le groupe forme simple et 3 dans le groupe de forme complexe) [21] ; Serraf et al. 5 décès hospitaliers et incriminent comme facteur prédictif l’âge et le stade fonctionnel NYHA III-IV préopératoire [5]. Malgré les formes complexes, Jahangiri et al. ne rapportent pas de décès hospitalier, ni de complication majeure (BAV), ni d’aggravation de la régurgitation [22].   5.3. Complications hospitalières Trois patients ont présenté des complications en unité de soins intensifs (bloc auriculoventriculaire de 3e degré, fibrillation ventriculaire, arrêt cardiaque) et 3 complications hospitalières (insuffisance aortique grade III, thrombose valve mitrale et un arrêt cardiaque). Dans la littérature, les troubles de conduction ne sont pas rapportés par l’ensemble des auteurs et certains incriminent le geste agressif pratiqué pour la correction de l’obstacle sous-aortique (procédure Konno classique et modifiée, myomectomie) qui réduit le gradient postopératoire mais qui aura des conséquences dans la recrudescence des troubles de la conduction [17,19], d’autres auteurs incriminent la responsabilité aux formes complexes [19], l’importance de la résection musculaire [19]. Ces complications (BAV) sont estimées à 10% selon Barkhordariana et al. [19], entre 8,6% en cas de primo-intervention et 11,4 % en cas de réopération selon Jou et al. [17]. Les auteurs rapportent 33 BAV temporaires ou définitifs dont 20 ont bénéficié d’un pace définitif, et retrouvent comme facteur prédisposant de survenue de cette complication une forme complexe, une procédure modifiée de Konno et une résection étendue [17]. Dodge-Khatami et al. rapportent un BAV/58 opérés [18], Barkhordarian et al. 5 BAV/50 opérés [19], Caldarone et al. 4 BAV transitoires/18 opérés (série de la procédure Konno modifiée) mais sans BAV permanent, par contre les auteurs rapportent 5 shunts résiduels interventriculaires et préconisent l’association de points séparés et surjet pour prévenir cette complication [20]. Moutakiallah et al. ne rapportent pas de troubles de conduction [15], Lampros et al. rapportent 2 BAV/36 opérés [6], Tabatabaie et al. 4 BAV/26 opérés et 2 CIV iatrogène (procédure Konno-Rastan) [9]. Jahangiri et al. ne rapportent pas de BAV malgré le type de correction (procédure Konno, modifiée et procédure Konno-Ross) [22], Serraf et al. 5 BAV [5], Yasutaka Hirata et al aucun BAV [25]. Marasini et al. ne rapportent pas de décès ni de complications majeur [28]. Parry et al. rapportent 5 BAV (série de 37 patients) dont 4 en chirurgie itérative en rapport avec la stratégie adoptée (myomectomie circonférentielle), 3 CIV iatrogènes, une lésion mitrale et une lésion aortique iatrogène [2] ; Geva et al. rapportent 3% de BAV dans leur série [1]. Dans celle de Van der Linde et al., 17 patients ont développé un BAV, la myomectomie associée étant un facteur de risque de survenue du BAV (p=0,005), les auteurs déconseillent la myectomie systématique [16,29].   5.4. Mortalité tardive Au contrôle, avec un recul de 6 à 175 mois (79,65 mois), la mortalité globale tardive est de 03,65% (3 patients). Dans la littérature, elle varie de 0 à 5% [1,2,6,19], Jou et al. rapportent 4 décès tardifs/185 opérés [17], Dodge-Khatami et Karamlou un décès chacun [18,23], Ruzmetov et al. 10 décès tardifs/190 opérés [21], Serraf et al. 4 décès tardifs et incriminent comme facteur prédictif l’hypoplasie de l’anneau aortique, la sténose mitrale, la coarctation et le « tunnel form » [5]. Van der Linde et al. rapportent 10 décès tardifs [16].   5.5. Évolution de la masse du VG indexée L’analyse statistique comparative de la masse du ventricule gauche entre l’état préopératoire (150,26 g±99,81 [46,77 à 300,66]) et l’état postopératoire (140,78 g±94,68 [46,42 à 329]) retrouve une réduction significative de la masse du VG (p=0,00001), même constat entre l’état préopératoire et au contrôle (102,85 g/m2±40,19 [35,5-214,1] ; p=0,01) et qui est encore confirmé entre l’état postopératoire et le contrôle (p=0,04). Peu d’auteurs ont abordé et comparé la masse du VG en préopératoire et en postopératoire immédiat et à moyen terme.   5.6. Évolution de l’insuffisance aortique En préopératoire, 62 patients présentaient une insuffisance aortique de grade I à IV et 18 patients une maladie aortique [figure 1]. Parmi eux, 22 patients ont bénéficié d’un remplacement valvulaire aortique eu égard à la sévérité des lésions ou secondaire à des lésions iatrogènes. Au contrôle, la régurgitation aortique est de grade I à III chez 33 patients. Dans la littérature, les avis divergent sur l’évolution postopératoire de la régurgitation [18,19] ; certains auteurs sont en faveur de l’aggravation de la lésion aortique après chirurgie et préconisent l’abstention thérapeutique, sauf indication formelle [5,18]. D’autres constatent la stabilisation voire l’amélioration de la régurgitation après la correction de l’obstacle sous-aortique [2,5,18,19]. Parry et al. observent une amélioration significative de la régurgitation de modérée à minime (mild/moderate to none/trivial) (p=0,019) [2]. L’évolution de la lésion aortique selon certains auteurs dépend de plusieurs facteurs. Pour Barkhordariana et al. [19] : insertion de la membrane sur les sigmoïdes aortiques, distorsion des sigmoïdes (flux turbulent), épaississement des sigmoïdes et d’éventuelle greffe bactérienne. Oliver et al. incriminent comme facteurs le jet accéléré généré par l’obstacle aortique et l’extension du processus fibreux au tissu valvulaire [14]. Pour d’autres, cette évolution est variable, soit vers l’aggravation ou la stabilisation après chirurgie, ceci dépend du temps écoulé depuis le diagnostic et du gradient moyen ventricule/aorte (>30 mmHg) [23]. Karamlou et al. constatent un puissant lien entre la progression et l’aggravation de la régurgitation et le gradient initial supérieur à 30 mmHg (p<0,001) [23]. Parry et al. retrouvent comme facteur prédictifs de l’aggravation de la régurgitation en analyse multivariée le gradient élevé et une régurgitation modérée à moyenne en pré et postopératoire à moyen terme [2]. Jahangiri et al. ne rapportent pas d’exacerbation de la régurgitation aortique malgré la forme opérée (formes complexes et tunnel like) et la technique de correction (procédure Konno, modifiée et procédure Konno-Ross) [22]. Caldarone et al. insistent sur le bénéfice de la résection étendue de l’obstacle dans la réduction de l’incidence et de l’aggravation de la régurgitation aortique (série de Konno modifié) [20]. Serraf et al. constatent que la levée de l’obstacle améliore la régurgitation aortique dans 86% des cas, avec, dans 49 cas, une amélioration de l’insuffisance aortique (IA), une stabilisation dans 4 cas, une aggravation chez 2 patients et dans 21 cas, apparition d’une régurgitation aortique de grade I [5]. Néanmoins, les auteurs indiquent que l’âge à l’intervention n’a pas de conséquence sur l’évolution de la régurgitation, celle-ci est améliorée par la levée de l’obstacle. Dans une méta-analyse, Van der Linde et al. ne retrouvent pas d’aggravation de la régurgitation significative (10%) (p=0,76). Les auteurs retrouvent comme facteur prédictif de l’aggravation de la régurgitation de modérée à moyenne : un gradient max ≥80 mmHg (p=0,008) [16], les auteurs retiennent un gradient max ≥50 mmHg (p=0,007) comme risque élevé d’avoir une régurgitation aortique dans le temps, mais ne retiennent pas cet élément comme facteur d’aggravation de la régurgitation aortique (p=0,999) [29]. Pour Brauner et al., l’importance préopératoire de la régurgitation est directement corrélée au degré du gradient à travers l’obstacle et à l’âge, les auteurs conseillent l’intervention précoce afin de préserver la valve aortique [24].   5.7. Évolution du gradient À la sortie, le gradient moyen aortique est de 22,8 mmHg en moyenne (5,7 à 87,3 mmHg), l’insuffisance aortique variée de grade I à III. Parmi les 82 patients opérés pour obstacles sous-valvulaires, 8 patients (9,75%) présentaient à la sortie un gradient aortique moyen ˃30 mmHg dont un ˃50 mmHg. Au contrôle, le gradient moyen aortique est de 21,33 mmHg en moyenne (1,94-85,81 mmHg). Huit patients présentaient un gradient moyen ˃30 mmHg, dont 2 avec un gradient moyen ˃50 mmHg. Parmi cette population de patients, un remplacement aortique a été pratiqué chez 22 patients, une plastie aortique a été effectuée chez 10 patients. Soixante patients ont bénéficié d’une résection sans remplacement, un patient présente un gradient moyen ˃50 mmHg (postopératoire et contrôle) ; notons qu’en préopératoire le gradient était estimé à 120 mmHg. Certains auteurs constatent que l’aggravation du gradient est plus marquée et plus rapide chez l’enfant qu’à un âge adulte, ils incriminent comme mécanisme des facteurs prédisposants morphologiques (majoration de la distance entre l’anneau mitral et aortique, un angle aortoseptal prononcé, ainsi qu’une zone rétrécie dans la chambre de chasse du ventricule gauche). Ces facteurs sont responsables de modifications des forces dynamiques et de la majoration du stress survenant sur un lit de prédispositions génétiques [14]. Dans la littérature, la persistance du gradient en postopératoire est fonction de la technique pratiquée (myomectomie, procédure Konno classique et modifiée). Certains auteurs insistent également sur l’impact du gradient postopératoire (>30 mmHg) dans la persistance ou non de ce gradient ; pour Serraf et al., c’est l’indicateur potentiel d’une reprise chirurgicale [5]. L’analyse statistique comparative du gradient moyen aortique entre l’état préopératoire et postopératoire retrouve une réduction significative du gradient aortique (p=0,000) notant que 8 patients présentaient à la sortie un gradient moyen >30 mmHg ; une réduction du gradient a également été observée à l’état préopératoire et au contrôle (p=0,00001), les mêmes résultats ont été observés entre le postopératoire et le contrôle à moyen terme (p=0,04). Notons que les différents écrits rendent compte en général de la baisse du gradient en postopératoire immédiat et à moyen terme [1,2]. Karamlou et al. insistent sur le gradient postopératoire : plus il est élevé, plus le risque de récidive est majeur. Ils constatent d’ailleurs que, dans la population avec un gradient initial à ≥30 mmHg, la progression est plus rapide par rapport à la population avec un gradient à <30 mmHg. Les auteurs retrouvent comme facteurs : un gradient initial élevé supérieur à 30 mmHg (p<0,001), des sigmoïdes aortiques épaissis (p=0,003) et l’attachement de la membrane au tissu valvulaire mitral et aortique (p=0,003) [23]. Geva et al. ont observé un gradient maximum à travers la chambre de chasse supérieur à 40 mmHg chez 27 patients ; parmi eux, 16 patients ont été réopérés. Les auteurs rapportent comme facteur de persistance du gradient en analyse univariée : âge ≤4 ans, syndrome de Shone, diamètre de l’anneau aortique Z score <0, la distance entre l’obstacle et la valve aortique <6 mm en systole et <4 mm en diastole, gradient max préopératoire ≥70 mmHg, résection de la membrane insérée sur la valve aortique ou mitrale ; en analyse multivariée : syndrome de Shone, la distance entre l’obstacle et la valve aortique <5 mm en diastole et la résection de la membrane insérée sur la valve aortique ou mitrale. Quant à l’intérêt de la myomectomie, ils sont en désaccord avec les autres auteurs : ils concluent que les patients ayant bénéficié d’une myectomie ont plus de chance de non-réopération, et que le gradient maximum pré et postopératoire est le facteur incriminé dans la récurrence de l’obstacle ; ils préconisent d’être plus agressif dans la résection dans pareil cas [1]. Hirata et al. observent un gradient supérieur à 30 mmHg chez 26 patients [25]. Parry et al. observent une baisse du gradient de 66,9±30,4 à 15,1±12,2 mmHg (p=0,0001) et préconisent d’une part l’ablation méticuleuse du tissu pathologique au niveau valvulaire, sub-commissural et dans la chambre de chasse et d’autre part d’effectuer une résection (myomectomie) circonférentielle si nécessaire afin d’éviter la récidive [2]. Serraf et al. [5] et Dodge-Khatami et al. [18] n’ont constaté aucune différence par l’association ou non d’une myectomie sur le gradient moyen postopératoire. Serraf et al. rapportent que 46/160 patients ont un gradient supérieur à 30 mmHg au contrôle [5]. Van der Linde et al. retrouvent comme facteur d’une progression rapide du gradient l’âge avancé des patients >30 ans, le sexe féminin. Un gradient élevé préopératoire est corrélé à la persistance d’un gradient postopératoire. Par contre, le type de chirurgie et l’âge au moment de l’intervention n’ont pas été identifié comme facteurs d’une rapide progression [16] ; les auteurs incriminent comme facteur d’une progression rapide de l’obstacle l’association à une autre cardiopathie (CIV, coarctation, etc.) (p=0,005) [29]. Barkhordariana et al. rapportent un gradient supérieur à 30 mmHg à distance chez 6 patients et 2 respectivement en cas de primo-intervention ou de chirurgie itérative [19].   5.8. Récurrence et indication de réintervention La récidive de l’obstacle aortique sous-valvulaire est définie par l’apparition de lésions obstructives ou d’un gradient maximum supérieur à 30 mmHg à l’échographie et qui étaient absents au contrôle échographique postopératoire immédiat [15]. Plusieurs auteurs ont rapporté des avis différents sur l’intérêt d’associer une myomectomie à la résection de la membrane [18]. Trois patients de notre série ont été réopérés pour rétrécissement aortique sous-valvulaire. Au contrôle, l’indication de réopération pour récurrence de l’obstacle sous-aortique a été retenue chez 2 patients (gradient moyen ˃50 mmHg ; récidive, lésions aortique sévère). Ce taux bas de récidive trouverait une explication dans l’attitude agressive vis-à-vis de l’obstacle aortique (myotomie et myectomie 52/82 patients) et la forme simple de l’obstacle traitée dans notre série. La résection précoce a été préconisée par plusieurs auteurs qui ont affirmé qu’elle réduisait la récidive. Serraf et al. rapportent 26 réinterventions chez 20 des 46 patients (46/160), patients avec un gradient supérieur à 30 mmHg au contrôle. En analyse multivariée, les auteurs identifient comme facteur de récurrence et de réopération la coarctation et le gradient dans la chambre de chasse postopératoire, ainsi que le jeune âge au moment de l’intervention (un âge inférieur à 5 ans était un facteur de risque important de récidive dans l’analyse univariée mais pas dans l’analyse multivariée). Les auteurs proposent de reprendre le patient lorsque le gradient est supérieur à 30 mmHg à la fin de l’intervention [5]. Certains auteurs notent une récurrence de l’obstruction entre 14 à 27% [2,18], qui dépend de la forme anatomique et de l’importance de la résection musculaire initiale [5,17-19,21], Karamlou et al. rapportent 23 réopérations/159 enfants (1 à 4 réopérations). Ils ne retrouvent pas de lien entre le geste opératoire et le risque de récurrence et de réopération mais constatent sans puissance statique un lien entre le gradient postopératoire et le risque de réintervention. Les auteurs concluent à ce que l’indication doit être posée lorsque le gradient dépasse 30 mmHg, afin d’éviter la récidive et la majoration de la régurgitation aortique postopératoire [23]. Brauner et al. rapportent 18 récurrences dont 13 patients qui ont été réopérés (17 réopérations). Les auteurs identifient comme facteur de récurrence en analyse univariée le gradient postopératoire et la forme complexe (tunnel like) et en analyse multivariée le jeune âge des patients et le gradient préopératoire élevé [24]. Geva et al. rapportent un gradient ≥40 mmHg chez 27 patients au contrôle. 16/111 patients ont été réopérés pour récurrence de l’obstacle dans un délai de 6,9 années en moyenne (1,7 à 11,2 ans). Ils retrouvent comme facteurs prédictifs de réopération en analyse univariée : un âge ≤4 ans, une surface corporelle <0,8 m², un syndrome de Shone, un diamètre de l’anneau aortique Z score <0, une distance entre l’obstacle et la valve aortique <6 mm en systole et <4 en diastole, un gradient max préopératoire ≥60 mmHg, une insertion valvulaire aortique de la membrane, une myomectomie, une résection de la membrane insérée sur la valve aortique ou mitrale et la persistance d’un gradient à un mois ≥15 mm Hg ; en analyse multivariée : une distance entre l’obstacle et la valve aortique <6 mm en systole, un gradient max préopératoire ≥60 mmHg et la résection de la membrane insérée sur la valve aortique ou mitrale [1]. Dans la série d’Hirata et al., parmi les 26 patients présentant un gradient supérieur à 30 mmHg au contrôle, 8 ont été réopérés (gradient 50 mmHg) pour récurrence de l’obstacle et les auteurs ne constatent pas de différence (récurrence et réopérations) entre les résections simples et les myectomies dans le groupe obstacle simple (primo-intervention). Par contre, ils constatent une différence en faveur de la myectomie associée dans le groupe obstacle complexe et pour ceux avec antécédents de chirurgie cardiaque (p=0,031). Entre autres, les auteurs insistent sur la résection du tissu fibreux intéressant la valve mitrale, qui améliore le gradient et minimise le recours à la myectomie dans la forme simple [25]. Parry et al. rapportent 4 réopérations pour récurrence de l’obstacle. Les auteurs concluent à ce qu’une chirurgie agressive (myomectomie) associée à la résection du tissu fibreux au niveau valvulaire procure d’excellents résultats sur obstacle et régurgitation aortique, réduisant ainsi la récurrence et améliorant la compétence aortique avec le minimum de complications, surtout lorsqu’il s’agit d’une primo-intervention [2]. Jou et al. rapportent 29 réopérations pour récidive de l’obstacle sous-aortique sur un total de 185 patients, dont 2 pour une troisième fois. Les auteurs incriminent la présence d’éléments mitraux accessoires, l’âge précoce au moment de la levée de l’obstacle [17]. Dodge-Khatami et al. rapportent 11 réinterventions/58 patients, les auteurs incriminent comme facteur l’obstacle complexe, le jeune âge, le gradient résiduel et la présence d’une arteria lusoria). Les auteurs concluent que la myomectomie systématique ne fait pas décroître le risque de récurrence [18] et que la myomectomie dans les formes simples ou complexes n’est pas un facteur de récurrence de l’obstacle. Barkhordarian et al. rapportent dans sa série 15/50 réoperations (7 redux et 9 tridux) dont un patient qui a bénéficié d’une myomectomie lors de la primo-intervention. Ils rapportent une réintervention pour un gradient supérieur à 30 mmHg [19]. Caldarone et al. Ne rapportent aucune réintervention, dans une série de la procédure Konno modifiée, et préconisent cette technique pour les cas simples, afin d’éviter toute récurrence. Selon les auteurs, cette technique réduit le gradient, préserve la valve aortique et évite la récurrence de l’obstacle sous-aortique [20]. Lampros et al. rapportent 10 réinterventions sur un total de 36 patients [6]. Ruzmetov et al. dans une série de 190 patients (140 simples et 50 complexes) rapportent 26 réopérations chez 15/140 patients (forme simple) et 78 réintervention chez 35/50 patients (forme complexe). L’indication est une récurrence dans la majorité des cas. Les auteurs sont favorables à une myomectomie généreuse dans les formes simples [21] ; Moutakiallah et al. rapportent deux réinterventions/18. Les auteurs incriminent les facteurs suivants de récurrence : en analyse univariée, l’hypoplasie de l’anneau aortique, le tunnel, la myectomie et la membranectomie isolée, le gradient préopératoire et postopératoire immédiat élevé, alors qu’en analyse multivariée, c’est l’existence d’une coarctation aortique et le gradient postopératoire. Les auteurs incriminent les facteurs suivants dans la réintervention, en analyse univariée : l’hypoplasie de l’anneau aortique, la présence d’une coarctation, le jeune âge à la première opération et le gradient postopératoire immédiat ; en analyse multivariée : l’existence d’une coarctation aortique et le gradient postopératoire immédiat [15]. Lampros et al. rapportent 10 réinterventions sur un total de 36 opérés [6]. Jahangiri et al. rapportent deux récurrences. Il s’agit de formes complexes (procédure Konno, modifiée et procédure Konno-Ross) et concluent que la procédure de Konno modifiée associée à la résection du septum conal procure d’excellents résultats sur des patients avec un tunnel like, un anneau et une valve aortique normaux [22]. Dodge-Khatami et al. rapportent 11 réinterventions (5 dans la forme simple et 6 dans la forme complexe) et retrouvent comme facteur : la forme complexe, le jeune âge, le gradient postopératoire et la présence d’une arteria lusoria ; la myomectomie ne protège pas de la récurrence et doit être adaptée aux lésions peropératoires [18]. Van der Linde et al. rapportent un taux de 2%/année de réopérations, 80 patients ont été réopérés et 19 ré-réopérés. Les auteurs retrouvent comme facteur prédictif : le sexe féminin, l’aggravation du gradient, le gradient max ≥80 mmHg et la faible différence entre le gradient pré et postopératoire, la levée incomplète de l’obstacle et un gradient postopératoire élevé. Par contre, la myomectomie associée n’est pas un facteur de réduction du taux de réopération (p=0,92), au contraire, elle majore le risque de bloc auriculoventriculaire. Les auteurs insistent sur une surveillance rapprochée des femmes adultes vu le risque de récurrence élevé [16]. Les auteurs ne retiennent pas comme indication opératoire ni un gradient bas ni l’association d’une régurgitation modérée, mais l’indication opératoire doit tenir compte de plusieurs éléments : le gradient, la majoration rapide de ce gradient, la sévérité et la progression de la régurgitation aortique, la présence de lésions associées (CIV), le diamètre du ventricule gauche et le risque de mort subite [29]. Suárez de Lezo et al. rapportent 15 récurrences après dilatation percutanée. Douze patients ont été redilatés et 4 patients opérés [26]. Brauner et al. concluent dans leur étude que la chirurgie doit être proposée avant que le gradient n’atteigne 40 mmHg, ce qui réduit selon eux l’incidence de la récurrence, les réopérations et les lésions aortiques secondaires [24].   5.9. Genèse et progression de l’obstacle sous-aortique Afin d’identifier le mécanisme de la genèse de l’obstacle sous-aortique et d’expliquer la différence de progression de l’obstacle chez l’enfant (évolution rapide) par rapport à l’adulte (progressive), Oliver et al. incriminent une anomalie des forces dynamiques au niveau de la chambre de chasse du ventricule gauche qui est responsable d’un stress au niveau du septum interventriculaire. Ceci est dû à des altérations morphologiques (une distance exagérée mitroaortique, un angle aigu aortoseptal). L’augmentation du stress septal va engendrer une accentuation de la sécrétion des facteurs de croissance à l’échelle cellulaire, responsable d’une prolifération cellulaire. Les conséquences sont plus marquées chez l’enfant que chez l’adulte [14]. Lampros et al. incriminent une anomalie de l’appareil valvulaire mitral et du septum interventriculaire [6]. L’insuffisance aortique associée est imputable aux lésions du jet de l’obstacle sous-valvulaire. Néanmoins, l’extension de la fibrose au tissu valvulaire aortique est le second facteur incriminé dans la genèse de la régurgitation aortique [2,14]. Cette régurgitation aortique est notée dans les différentes séries et à des degrés variables dans 30 à 80% des cas [1-15,17,19-22,24-27,29-31]. Quant à la progression de la régurgitation aortique chez les patients opérés ou non, les avis divergent. Oliver et al. ne retrouvent pas de relation directe entre l’âge et le degré de régurgitation, de même pour l’évolution dans le temps. Par contre, ils décrivent une relation directe entre l’importance et l’évolution de la régurgitation et le degré de l’obstacle sous-aortique [14]. L’association d’une autre cardiopathie congénitale a été observée dans la majorité des séries. 44% des patients avaient une lésion associée (souvent une communication interventriculaire ou une coarctation) dans la série d’Oliver et al. [14]. Dans notre série, 23/128 patients (17,9%) avaient une cardiopathie associée. Le diagnostic précis d’un obstacle sous-aortique est échocardiographique. Sans traitement, la sténose a comme conséquences une hypertrophie ventriculaire, une défaillance cardiaque, des troubles du rythme, une régurgitation aortique et le risque d’endocardite. Cette évolution est variable selon l’âge des patients. Chez les enfants, elle est marquée par une progression plus rapide que chez l’adulte [29]. La première question qui se pose : à quel âge doit-on opérer? Le traitement diffère en fonction de la forme et de l’âge. Le résultat du traitement est conditionné par l’évolution de l’hypertrophie myocardique, l’obstacle sous-aortique (le risque de récidive estimé par différents auteurs est entre 14 et 27% [2]) et par la lésion aortique (insuffisance aortique estimée par certains auteurs jusqu’à 50%) [2]. L’objectif du traitement de l’obstacle sous-valvulaire, avec ses différentes formes (simple membrane, tunnel like), est un défi et vise à lever l’obstacle, tout en préservant l’intégrité des sigmoïdes aortiques et fonctionnels et en évitant la survenue d’un bloc auriculoventriculaire (BAV) et la récurrence de l’obstacle. Particulièrement chez les enfants opérés en bas âge, la préservation des sigmoïdes aortiques est essentielle pour une croissance naturelle. Les questions suivantes qui se posent : quelle technique adopter en fonction de la forme anatomique de l’obstacle ? Quel est le risque de récurrence de l’obstacle et quelle est l’évolution de la régurgitation aortique ? Le traitement consiste en la levée de l’obstacle sous-aortique, de la simple résection de l’anneau fibreux ou du bourrelet musculaire. Différentes techniques sont utilisées pour élargir la voie d’éjection du ventricule gauche afin de minimiser tout gradient résiduel (la septoplastie du ventricule gauche selon la technique décrite par Cooley et Garrett [10], la septoplastie décrite par Vouhé [7], l’aortoventriculoplastie antérieure [technique de Konno-Rastan], la procédure de Konno modifiée, celle de Ross-Konno et enfin le tube valvé apicoaortique) [8, 21]. Suárez de Lezo et al. ont évalué la dilatation percutanée par ballonnet dans le cadre du traitement de la forme simple (<3 mm) [26]. Plusieurs auteurs ont abordé le sujet du traitement de l’obstacle sous-aortique, Jou, Barkhordarian et Ruzmetov rapportent des résultats à long terme de ce type de chirurgie [17,19,21]. Parry et Hirata soulèvent l’intérêt d’associer une myectomie à la résection de l’obstacle [2,25]. Karamlou soulève la problématique du gradient à partir duquel on doit opérer les enfants [23]. Geva, Serraf et Dodge-Khatami abordent le sujet des facteurs de risques [1,5,18]. Oliver et Van der Linde se sont intéressés à la chirurgie de l’obstacle à l’âge adulte [14,16,29]. Jahangiri s’est intéressée à la chirurgie des formes complexes [22]. D’autres auteurs ont évalué les résultats des différentes techniques dans les formes complexes, ainsi Tabatabaie (procédure Konno-Rastan) [9], Roughneen et Caldarone (procédure Konno modifiée) [8,20]. La chirurgie est largement acceptée comme le moyen thérapeutique pour la levée de l’obstacle et pour éviter les complications évolutives (l’hypertrophie du VG, la régurgitation aortique et endocardite). Certains auteurs préconisent la dilatation percutanée pour une population ciblée d’obstacle sous-valvulaire (forme fibreuse) [26]. Certains préconisent la chirurgie à un âge précoce afin de minimiser la récurrence. Ceci a été infirmé dans la série de Geva et al. où le risque de récurrence est corrélé significativement à l’âge précoce de la levée de l’obstacle [1]. D’autres ont évoqué le bénéfice de la chirurgie à un âge précoce sur la fréquence de la récurrence [2]. Brauner et al. avancent l’argument d’une morbimortalité basse et préconisent la chirurgie au moment du diagnostic de l’obstacle. Ce qui permet d’améliorer les résultats tardifs (de réduire l’hypertrophie ventriculaire et le risque d’une greffe bactérienne et surtout d’éviter les lésions de la valve aortique). Néanmoins, cette attitude ne prévient pas la récurrence de l’obstacle. Ce qui a conduit les auteurs à conclure que le moment de l’indication opératoire est difficile à déterminer [24]. Concernant le geste chirurgical, si la résection de l’obstacle sous-aortique fait l’unanimité, le débat persiste quant à l’intérêt de la myotomie ou de la myomectomie. Certains auteurs la préconisent dans la perspective de réduire la récurrence de l’obstacle ainsi que la réopération [2]. Par contre, d’autres mettent en avant le risque de bloc auriculoventriculaire et l’effet minime sur la récurrence [16,18]. Car en matière d’indication opératoire, les recommandations sont claires (ESC guidelines 2010 et ACC/AHA guidelines) [30.31]. L’indication opératoire est formelle devant un gradient significatif :   ESC [31] Symptomatic patients (spontaneous or on exercise test) with a mean Doppler gradient ≥50 mmHg or severe AR should undergo surgery (Class I Level C).   ACC/AHA [30] Surgical intervention is recommended for patients with SubAS and a peak instantaneous gradient of 50 mm Hg or a mean gradient of 30 mm Hg on echocardiography- Doppler. (Class I Level of Evidence: C). Surgical intervention is recommended for SubAS with less than a 50-mm Hg peak or less than a 30-mm Hg mean gradient and progressive AR and an LV dimension at end-systolic diameter of 50 mm or more or LV ejection fraction less than 55%. (Class I Level of Evidence: C).   L’indication opératoire est différente en fonction des séries rapportées ; ainsi Barkhordarian et al. préconisent 40 mmHg chez le patient asymptomatique et 30 mmHg en cas de symptomatologie clinique [19]. Caldarone et al. posent l’indication opératoire au-delà de 30 mmHg ou en cas d’aggravation de la régurgitation aortique quel que soit le gradient [20]. Karamlou et al. retiennent un gradient >30 mmHg qui est corrélé à une progression de l’obstruction sous-aortique et à la majoration de la régurgitation [23]. Serraf et al. posent l’indication à partir d’un gradient 50 mmHg [5]. Brauner et al. retiennent une limite de 40 mmHg pour indiquer la chirurgie [24]. L’autre indication est posée lorsque il existe une régurgitation aortique importante même en présence d’un gradient inférieure à 50 mmHg [5,17]. Pour Oliver et al. [14], l’indication opératoire ne doit pas seulement tenir de la présence de l’obstacle organique mais de plusieurs paramètres (l’évaluation clinique, le degré d’hypertrophie, la fonction systolique du ventricule gauche, la sévérité de l’obstacle et de l’importance de la régurgitation) et selon les auteurs, la réparation de l’obstacle en bas âge ne prévient pas l’aggravation de la régurgitation arrivée à l’âge adulte [14]. Suárez de Lezo et al. retiennent comme indication un gradient supérieur à 50 mmHg associé à des symptômes (dyspnée, angine ou syncope) ou des signes électriques [26]. Karamlou et al. constatent un puissant lien entre l’indication opératoire et un gradient initial élevé (p<0,001), un anneau aortique large (p=0,005), une surface corporelle petite (p<0,001) et un anneau mitral de petite taille (p=0,003) [23]. Marasini et al. retiennent un gradient moyen ≥25 mmHg (série de 45 patients avec obstacle sous-aortique fibreux ou fibromusculaire dont 14 avec anomalie de la valve mitrale) [28]. Dans une méta-analyse de Van der Linde et al., 41 patients sur un total de 149 ont été opérés. Les auteurs incriminent les facteurs suivants dans cette évolution : un gradient moyen de base ≥50 mmHg, une progression rapide du gradient dans le temps et l’association d’une régurgitation aortique modérée à sévère [29]. Notre série : patients opérés à un stade avancé : 52,43% des patients avaient un gradient moyen >70 mm Hg et 82,92% un gradient >50 mmHg. L’obstacle sous-valvulaire aortique était une forme simple, en additif à la résection de l’obstacle sous-valvulaire, une résection musculaire agressive a été associée (52/82 patients), afin d’éviter les récidives mais au risque de voir des complications telles qu’un BAV, complication qui a été soulevée par Jou et al. [17]. Concernant la valve aortique, un remplacement aortique a été effectué chez 22 patients (une insuffisance aortique de grade II à IV, une maladie aortique et un rétrécissement aortique), et une plastie aortique chez 10 patients. Quarante-huit patients avaient une insuffisance mitrale, 2 ont bénéficié d’un remplacement valvulaire et de 2 plasties mitrales. Deux patients avaient une maladie mitrale, un patient a bénéficié d’un remplacement valvulaire. Pour les lésions associées, il a été pratiqué une fermeture de la CIV par patch en Dacron chez 5 patients.   5.10. Limites de notre étude Il s’agit d’une étude rétrospective, avec un nombre limité de patients (128) ; d’autre part, la lésion principalement traitée est la membrane de la chambre de chasse du ventricule gauche.   6. Conclusion Les sténoses sous-valvulaires représentent 8 à 30% des rétrécissements aortiques congénitaux et 5 à 6% de l’ensemble des cardiopathies congénitales. Le diagnostic positif précoce, grâce aux progrès de l’imagerie médicale, et la chirurgie permettent d’obtenir de bons résultats sur le plan fonctionnel et hémodynamique. L’amélioration de la morbidité et du confort du patient exige une chirurgie conservatrice pratiquée à un stade plus précoce. Malgré l’âge tardif des patients au moment de la correction, nos résultats sont favorables. Un suivi à long terme nous permettra de juger de l’évolution (hypertrophie, régurgitation aortique, récidive). D’où l’intérêt d’un diagnostic précoce : hygiène scolaire, suivi échographique rigoureux. Le traitement conservateur est rarement définitif et le malade doit être prévenu d’une éventuelle réintervention (récidive, régurgitation aortique).   Références Geva A, McMahon CJ, Gauvreau K, Mohammed L, Del Nido PJ, Geva T. Risk Factors for Reoperation After Repair of Discrete Subaortic Stenosis in Children. 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European Heart Journal 2010;31:2915-29570. https://doi.org/10.1093/eurheartj/ehq249 PMid:20801927   Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared.  Date de soumission : 21/02/2018. Acceptation : 28/01/2019.    
mars 19, 2019
Chirurgie cardiaque congénitale et pédiatrique · Vol. 22 Mars 2018

Assistance ventriculaire pédiatrique et Berlin Heart Excor : 11 ans d’expérience

Angèle Boët*, Mohamedou Ly, Lucile Houyel, Emir Mokhfi, Michel Hamann, Serge Demontoux, Régine Roussin, Emmanuel Le Bret, Jurgen Horer Pôle des cardiopathies congénitales, centre chirurgical Marie-Lannelongue, Le Plessis-Robinson, France.   *Correspondance : angele.boet@hotmail.fr   DOI : 10.24399/JCTCV22-1-BOE Citation : Boët A, Ly M., Houyel L, Mokhfi E, Hamann M, Demontoux S, Roussin R, Le Bret E, Horer J. Assistance ventriculaire pédiatrique et Berlin Heart Excor : 11 ans d’expérience. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2018;22(1). doi: 10.24399/JCTCV22-1-BOE   Résumé Introduction : le Berlin Heart Excor® (BHE) est un système d’assistance ventriculaire (VAD) externe pneumatique utilisable du nouveau-né à l’adulte. Méthode : de 2006 à 2016, 16 enfants ont été implantés dans notre institution (âge, poids médians de 8,2 ans et 22,5 kg). Le but était d’étudier cette cohorte et l’efficacité du protocole d’anticoagulation d’Edmonton. Résultats : 75 % présentaient une cardiomyopathie et 69 % avait eu une ECMO préalablement. Dix patients ont été transplantés et une sevrée. Deux patients sont décédés après la greffe et la patiente sevrée est décédée subitement 4 mois plus tard. La survie hospitalière est de 75 % et à long terme de 62,5 %. Les complications hémorragiques postimplantation et thromboemboliques à distance touchent 14/16 patients. On retrouve une tendance (p > 0,05) à l’augmentation des épisodes thromboemboliques en présence d’un ventricule de taille inadaptée. Enfin, un montage de Fontan défaillant a été assisté en mono-VAD puis greffé avec succès. Le BHE a permis d’autonomiser tous les patients en prégreffe. Conclusion : le BHE permet d’attendre la transplantation dans de bonnes conditions. Le risque de complications persiste, principalement en cas d’ECMO préalable, de VAD de taille inadaptée et de poids inférieur à 10 kg. Le taux de complications hémorragiques et thrombo-embolique souligne la nécessité de réadapter le protocole d’anticoagulation actuellement utilisé.   Abstract Pediatric ventricular assistance device: 11 years of experience with the Berlin Heart Excor Introduction: The Berlin Heart Excor is a pneumatic ventricular assistance device used in newborns through to adulthood. The goal of the current study was to evaluate pediatric cohort characteristics and outcomes, and to assess Edmonton anticoagulation protocol efficiency. Methods: Implanted children were retrospectively included from 2006 to 2016. The results are expressed as median and percentage and comparisons were performed by Fisher’s exact test. Results: A total of 16 children were included (63% females, 22.5 kg, 8.2 years old), 10 of whom were transplanted and one weaned. Of these children, 75% had cardiomyopathies and 69% had ECMO support before Excor. The long-term hospital survival rates were 75% and 62.5%, respectively. Post-implantation hemorrhage complications and late thromboembolic events occurred in 14 out of 16 patients. We observed a trend (p > 0.05) toward an increased rate of thromboembolic events in cases of inadequate ventricle size. One patient with failing Fontan was successfully assisted with monoventricular then transplanted. Conclusion: Excor permitted children awaiting a graft to do so in better condition, with a survival rate between 60% and 90%. The probability of adverse effects remains important, mainly in cases with preimplanted ECMO, inadequate ventricular size or a body weight below 10 kg. The Edmonton protocol needs to be updated and adapted to different subsets of the population.   1. Introduction Entre janvier et décembre 2015, parmi les 471 transplantations cardiaques réalisées en France, on dénombrait seulement 17 enfants de moins de 18 ans contre 24 en 2014 (agence biomédecine), dont 60 % étaient greffés pour cardiomyopathie dilatée ou restrictive et 35 % pour cardiopathie congénitale. Le délai d’attente de 2,5 à 5 mois (en fonction du poids) et la pénurie de greffons (deux patients en attente pour un greffon) rendent la mise en place d’une assistance circulatoire souvent indispensable en cas d’insuffisance cardiaque terminale. Même si l’attente des enfants est en moyenne moins élevée que chez l’adulte, les équipes se retrouvent confrontées à des problèmes de pénurie dynamique : les greffons, peu nombreux, ne sont pas forcément disponibles au moment où des receveurs sont sur liste. Là encore, le recours à l’assistance est souvent inévitable. Enfin, si l’utilisation du levosimendan permet d’améliorer ponctuellement l’état des enfants et le recours aux autres catécholamines en cas de défaillance aiguë (étude LIDO), la durée d’hospitalisation et le taux de mortalité n’en sont pas modifiés, particulièrement chez les patients chroniques au stade terminal de défaillance [1]. En revanche, son utilisation a permis pour certains patients de différer voire d’éviter le retour à l’assistance circulatoire mécanique en attente de greffe et de ce fait limiter la survenue de complications liées à celle-ci (études REVIVE et SURVIVE). Différents types d’assistances circulatoires existent : on utilise les assistances par ECMO (Extra Corporeal Membrane Oxygenation) ou les assistances dites lourdes, souvent de façon complémentaire ou en relais. Les ECMO sont des systèmes temporaires de débit continu dans leur très grande majorité qui ont pour avantage la rapidité de leur mise en place, d’où leur intérêt dans le cadre de l’extrême urgence. L’ECMO était pendant longtemps le seul moyen d’assistance utilisable chez l’enfant, et la durée d’assistance était limitée à quelques jours voire quelques semaines. Actuellement, en cas de nécessité d’assistance prolongée, l’ECMO peut être convertie en assistance ventriculaire externe (Ventricular Assistance Device, VAD) comme le Berlin Heart Excor (Berlin Heart GmbH, Berlin, Allemagne) (BHE), qui est le seul système utilisable chez l’enfant. Il s’agit d’un système uni ou biventriculaire d’assistance pulsatile pneumatique avec des volumes de ventricules débutant à 10 ml (jusqu’à 80 ml) et des diamètres de canules débutant à 6 mm (jusqu’à 16 mm), permettant ainsi d’assister des enfants à terme dès la naissance. Le taux de survie des enfants sous ECMO en attente de transplantation n’est que de 50 % [2]. Ce taux atteint 70 % sous BHE [3]. Le débit pulsé, plus physiologique, diminue le syndrome d’augmentation de perméabilité capillaire. Il est également diminué du fait d’un contact sang/surfaces synthétiques moindre. L’autonomisation est plus facile, ce qui améliore l’état du patient en attente de greffe, sa réhabilitation et son devenir. De plus, une étude de 2006 de Blume examinant les résultats de 99 cas pédiatriques assistés avec du matériel adulte souligne les mauvais résultats obtenus et donc la nécessité d’un matériel adapté à l’enfant. Cependant le BHE pédiatrique n’a été autorisé par l’US Food and Drug Administration qu’en 2011 suite à l’étude de Fraser [4]. Par ailleurs, le taux de complication de ces systèmes d’assistance par VAD demeure important, malgré les innovations technologiques et les progrès de la réanimation [5-6]. Les risques d’hémorragies ou de complications thromboemboliques sont les plus fréquents, et ce malgré l’utilisation du protocole d’Edmonton [tableau 1], recommandé par Berlin Heart. Celui-ci consiste en l’application de traitements anti-agrégants et anticoagulant appliqués dès que les saignements initiaux sont contrôlés.   Tableau 1. Protocole d’anticoagulation et anti-agrégation d’Edmonton. Moins de 1 an 1 an ou plus Aucun traitement anticoagulant ou anti-agrégant pendant les 24 premières heures Héparine non fractionnée (HNF) 24h après chirurgie, une fois saignement contrôlé et plaquettes > 20 000 Début : 15UI/kg/h jusqu’à 28 UI/kg/h après 6h si pas de saignement (maximum 35) Cible : antiXa 0,35-0,7 UI/mL et substitution d’antithrombine pour AT III > 70 % 24h après chirurgie, une fois saignement contrôlé et plaquettes > 20 000 Début : 10UI/kg/h jusqu’à 20 UI/kg/h après 6h si pas de saignement (maximum 28) Cible : antiXa 0,35-0,7 UI/mL et substitution d’antithrombine pour AT III > 70 % Héparine de bas poids moléculaire/HBPM, uniquement enoxaparine Conversion HNF en HBPM 48h après la fin des saignements, si patient stable Début : 1,5 mg/kg (moins de 2 mois) ou 1 mg/kg (plus de 2 mois) toutes les 12h. Maximun 3 et 2 mg/kg toutes les 12h. Cible : antiXa 0,6-1 Cible ATIII > 75 % - Anti-vitamine K AVK, coumadine - Conversion HNF en AVK 48h après la fin des saignements, si patient stable Début : 0,2 mg/kg/j po (maximum 5mg) Cible : INR 2,7-3,5 Si INR< 2,7 : couvrir par HNF. Si instabilité ou inefficacité durable : convertir par HBPM   Dipyridamole, persantine 48h post-implantation, saignement arrêté, patient stable, plaquettes > 40000 Début : 4 mg/kg/j po en 4 prises (max 15 mg/kg/j) Cible : cartographie plaquettaire : suppression ADP > 80 % Idem Aspirine, ASA Débuté 96h après implantation, une fois tous les drains retirés (maximum J7). Début : 1 mg/kg/j po en 2 doses (maximum 3mg/kg/j) Cible : cartographie plaquettaire : AA suppression > 80 % Idem   L’objectif principal de notre travail est de reprendre la série pédiatrique composée de 16 des 18 patients implantés par BHE depuis 2006 dans notre centre, afin d’étudier les caractéristiques des patients, les indications d’implantation ainsi que leur devenir. Le second objectif est de déterminer l’efficacité de la mise en application systématique du protocole d’anticoagulation d’Edmonton et anti-agrégation proposé par la société Berlin Heart en relation avec les complications constatées dans notre cohorte.   2. Patients et méthodes Pour cette étude monocentrique observationnelle rétrospective sur dossiers, nous avons inclus tous les patients âgés de moins de 18 ans ayant bénéficié d’une implantation de BHE entre janvier 2006 et avril 2016. Les informations concernant le patient, sa pathologie, ses antécédents, sa clinique, sa biologie, les complications et son devenir jusqu’au 31 décembre 2016 inclus, sont relevées et anonymisées. Elles sont résumées dans la flow-chart sur la figure 1.   [caption id="attachment_3970" align="aligncenter" width="262"] Figure 1. Flow-chart résumant les patients inclus et leur devenir.[/caption]   Les tailles des ventricules pneumatiques des enfants ont été classées en 3 catégories : adaptée (30-50 mL/m²), trop large (> 50 mL/m²) ou trop petite (< 30 mL/m²), comme le recommande la société Berlin Heart et Miera [7]. Les statistiques ont été réalisées grâce au logiciel IBM SPSS Statistics version 20. Les comparaisons entre les groupes sont réalisées grâce au test exact de Fisher. La survie des patients est exprimée par des courbes de Kaplan-Meier. L’étude a été menée dans le respect de la législation des études cliniques et approuvée par le comité d’éthique local. Pendant la période d’inclusion, 2 % des patients ont eu besoin d’une assistance circulatoire dont 11,7 % ont bénéficié d’une implantation de BHE, soit 18 patients dont 16 âgés de moins de 18 ans. L’application du protocole d’anticoagulation et d’anti-agrégation d’Edmonton était la règle pour l’ensemble de la cohorte.   3. Résultats 3.1. Détail des patients Les caractéristiques des patients composant notre cohorte, leur devenir, la prise en charge dont ils ont bénéficié et les traitements reçus ainsi que les complications survenues sont détaillées dans les tableaux 2 à 4.   Tableau 2. Caractéristiques générales de la population. Population Nombre (%) ou médiane de la cohorte pédiatrique Interquartile n enfants 16 Âge (années) 8,25  [5,4-9,6] Sexe M F   6 (38 %) 10 (63 %) Poids (kg) 22,5  [19-26,5] Etiologie Cardiopathie congénitale Cardiomyopathie Défaillance primaire de greffon   3 (19 %) 12 (75 %) 1 (6 %) ECMO préimplantation Nombre Durée (J)   11 (69 %) 8-8     [5-10,5] Type de VAD (Ventricule Assistance Device) Mono-VAD Bi-VAD   3 (19 %) 13 (81 %) Durée implantation (J) 36,5  [20-67] Durée USI (J) 63,5  [39-81] Hospitalisation (J) 84  [36-102]     Tableau 2bis. Prise en charge globale de la population. Population Nombre (%) ou médiane de la cohorte pédiatrique Interquartile Nutrition Début nutrition parentérale Début nutrition entérale   1 5   [1-3] [2-8] Début Anticoagulation (J) Héparine non fractionnée Dipirydamole Anti-vitamine K Acide acetylsalicylique   1 2 9 5   [1-1] [2-3] [6-14] [3-12] Durée ventilation mécanique (heures) 216 [120-768] Transplantation cardiaque 10     Tableau 3. Tableau des caractéristiques et devenir des patients sous  BHE. Patient Âge admission (années) Poids admission (kg) Taille (cm) Cardiopathie congénitale (CC) /cardiomyopathie (CM) ECMO pré-BH Durée ECMO pré-BH (jours) Cure levosimendan Mono-VAD gauche (L-VAD) ou Bi-VAD Durée BH (j) Greffe cardiaque Décès hospitalier Durée USI (j) 1 8,5 27 135 CM 1 1 non Bi-VAD 17 1 1 33 2 6,8 21 122 CM 1 3 non Bi-VAD 139 1 0 261 3 6,5 15.3 102 CM 1 8 non Bi-VAD 31 0 (greffe avant BHE) 1 37 4 8,6 20 125 CM 1 36 non Bi-VAD 13 1 0 59 5 5,5 16 104 CC 1 8 non L-VAD 115 1 0 133 6 8 22 127 CM 1 11 oui Bi-VAD 60 1 0 78 7 12 34 158 CM 0 0 oui Bi-VAD 70 1 0 75 8 13,3 50 158 CC 0 0 non L-VAD 36 1 0 80 9 11,5 26 137 CM 0 0 non Bi-VAD 37 1 0 40 10 16 45 156 CM 1 12 non Bi-VAD 16 0 1 18 11 7,5 25 155 CC 1 10 oui Bi-VAD 0,2 0 1 60 12 0,8 8,6 73 CM 1 6 non Bi-VAD 31 0 0 59 13 5,1 20 122 CM 1 4 oui Bi-VAD 104 0 1 109 14 2,3 11 90 CM 0 0 non Bi-VAD 30 0 1 35 15 11,9 57 162 CM 1 8 oui L-VAD 48 1 0 67 16 9 23 132 CM 0 0 oui Bi-VAD 81 1 0 85     Tableau 3 bis. Récapitulatif des patients décédés. Patient Âge admission (années) Poids admission (kg) ECMO pré-BH Durée BH (j) Greffe cardiaque Cause décès 1 8,5 27 1 17 1 Défaillance primaire greffon 2 6,8 21 1 139 1 Décès à 11 mois post-greffe de complications de son encéphalopathie 3 6,5 15,3 1 31 0 Fonte purulente cœur, médiastinite 10 16 45 1 16 0 Mort cérébrale (préimplantation probable), AVC massif 11 7,5 25 1 0,2 0 Hémorragie massive 12 0,8 8.6 1 31 0 Décès à 4 mois post-sevrage, mort subite à domicile 13 5,1 20 1 104 0 Accident vasculaire cérébral massif à J109 sous BHE 14 2,3 11 0 30 0 Accident vasculaire cérébral massif à J35 sous BHE   Tableau 4. Tableau des traitements et prise en charge des patients sous BHE. Patient Date de début (J) Durée d’intubation (h) Oxygénateur Hémodialyse HNF Dipyri-damole Acétylsalicylate de DL-lysine Anti-vitamine K Nutrition parentérale Nutrition entérale 1 1 2 3 7 14 240 2 1 12 1 44 2160 3 1 - - 3 23 + 4 1 11 3 10 0 4 96 5 1 13 12 1 6 1056 6 1 2 5 14 1 7 1200 7 1 2 2 3 3 120 8 1 2 4 6 2 5 192 9 1 3 5 5 2 192 10 1 2 1 + + 11 - - - - - - - 12 1 2 5 23 1 8 384 13 1 2 35 27 4 2 768 + + 14 1 2 17 7 1 2 4 15 1 2 2 9 1 2 14 16 1 2 - 3 3 5 9     3.2. Mortalité Parmi ces 16 enfants appareillés, dont le devenir est résumé dans la figure 1 et les tableaux 2 et 2bis, le taux de survie hospitalier dans notre cohorte était de 75 %. Deux patients supplémentaires sont décédés après la transplantation cardiaque (un en réanimation et un à distance d’une complication de son encéphalopathie, figure 1). Les causes de décès sous BHE étaient le saignement, l’accident vasculaire cérébral hémorragique et l’infection. La seule patiente sevrée de l’assistance après récupération est décédée subitement 4 mois après le sevrage [figure 1, tableau 3bis]. Le suivi des survivants de notre cohorte est en moyenne de 41 mois [SD : 24-58] à la date du 31 décembre 2016 avec des extrêmes allant de 7 à 68 mois. Le taux de survie lors du suivi à moyen terme est de 62,5 %. Notre cohorte comprend deux périodes particulièrement à risque de décès. La première est précoce : la première semaine postimplantation, où le risque est essentiellement hémorragique. La seconde période est plus à distance et le risque majeur est thromboembolique, dont les AVC, souvent massifs et létaux. La figure 2 illustre l’évolution et le devenir au cours du temps des patients implantés. La figure 3 quant à elle compare le devenir des patients sous assistance par BHE à celui des patients transplantés cardiaques.   [caption id="attachment_3971" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Nombre de patients sous assistance ventriculaire (VAD), de patients ayant bénéficié d’une transplantation cardiaque orthotopique (OCT), de patients décédés sous assistance et de patients sevrés avec succès.[/caption]   [caption id="attachment_3972" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Estimation de la survie sous assistance (gauche) et après transplantation cardiaque postassistance par BHE (droite).[/caption]   En date du 31 décembre 2016, la totalité des patients sont suivis et en bon état général, sans anomalie cardiaque détectée au niveau clinique ou échographique.   3.3. Complications Si on compare les complications hémorragiques précoces (< 7 jours) entre patients atteints de cardiopathies congénitales (n = 2/3) ou de cardiomyopathies (n = 4/13), on ne retrouve pas de différence significative entre les 2 groupes. Les complications et interventions spécifiques à chaque patient sont résumées dans le tableau 5. À noter que 4 patients ont nécessité une dialyse et 3 un oxygénateur (la totalité de ces patients sont décédés). Dans notre série, on retrouve un montage de Fontan assisté en mono-VAD et transplanté avec succès. Les 2 causes principales de complications sous BH étaient l’infection (13/16 patients) et les troubles de la coagulation, thromboemboliques ou hémorragiques (14/16 patients).   Tableau 5. Principales complications rencontrées chez les patients sous Berlin Heart Excor. Patient Hémodynamique Infectieux Hémorragique Thrombotique 1 Décaillotage J5 2 Hémoculture, canule et cathéter : Staphylocoque coagulase négative  (SCN) et Stenotrophomonas maltophilia J10 Saignement majeur Décaillotage J8 3 TRALI et TACO (Transfusion-Related Acute Lung Injury et Transfusion Associated Circulatory Overload) SCN Médiastinite dépassée Transfusions massives 4 Streptococcus pneumoniae bronches J1 5 J24: colonisation E. coli BLSE rectum J0 : S. pneumoniae bronches J40 : Neisseria gonorrhoeae bronches J47 : S. Aureus cathéter central jugulaire droit 6 Œdème aigu pulmonaire (OAP) à J18 et J34 J3 : Pseudomonas aeruginosa et Candida albicans bronches. J18 : Pneumopathie (PNP) P. aeruginosa Hématurie Aspiration bronchiques sanglantes AVC ischémique 7 Tachycardie ectopique dès J3 Fibrillation ventriculaire (FV) itérative avec choc électrique externe (CEE) (AVC J5) Amiodarone de J0 à J61 Portage S. pneumoniae trachée traité Sepsis SCN J9 J34: P. aeruginosa KTC et S. aureus canules J5 : AVC (déficit G) évolution favorable J21 : changement VD J51 : changement des 2 ventricules 8 TV et FV jusqu’à J6 ECMO post-greffe PNP C. albicans pré-BHE (21j antifongiques) Thrombus canule entrée VG : thrombolyse => hémorragie drains 9 J7 : Écoulement pus cicatrice (Staphylocoque epidermidis) : ATB et reprise J9 J16 : collection sous-diaphragmatique G : reprise PNP : reintubé J22-27 2 reprises pour hémorragie 10 FV d'emblée E. coli urines pré-BH C. albicans J13 urines AVC 11 BAV complet Hémorragie massive Suspicion allergie HNF per-ECMO 12 J2 réouverture pour changement canules Sang selles J0 13 Tachycardie : propanolol Hémoculture : SCN J10 arrivée Fonte purulente médiastin AVC hémorragique 1 vomissement sanglant 1 épistaxis Hématomes aux points de perfusion 14 S. aureus bronches AVC hémorragique EP à J30 : DC 15 Amiodarone J0 à 20 E. faecalis liquide péricardique et drain 16 Tamponnade Reprise pour tamponnade J3     Patient Neurologique Berlin Heart 1 Caillot 2 Décaillotage 5 Refus parole et alimentation 6 Micro-emboles cérébrales sans séquelles Clonies gauches: AVC ischémique frontopariétal droit avec parésie bras gauche EEG normal Scanners de contrôle J35 et 55 : légère dilatation ventriculaire isolée 7 J5 (toujours FV) : trouble vigilance, Scanner J6 : AVC confirmé Déficit G, EEG normal Récupération complète 3 changements V pour dépôt (dépôts à partir J2) 8 Dépôts des J2 : thrombus canule aspiration VG 10 AVC 11 AVC 12 Repositionnement canules J2 13 AVC J58 : léger dépôt canule D (9) J90 : ombre noire pompe G : changement canule G J91 : erreur mesure pression: changement console 14 Hémorragie parenchymateuse D, effet masse Dépôt entrée VD J5 et J12 : VD++ et VG sur valve sortie 15 1er dépôt J5 16 Micro dépôt fibrine sortie VAD droit Changement console pour défaut batterie     3.4. Taille des ventricules implantés Comme le montre le tableau 6, 9 des 16 patients (56 %) ont été appareillés avec au moins un VAD de taille inadaptée (trop petit ou trop grand pour le gabarit de l’enfant). Parmi eux, 4/9 (44 %) ont présenté une complication thromboembolique contre 0/7 chez les patients ayant un VAD de taille adaptée. Même si cette différence n’est pas statistiquement significative, cette tendance dans notre cohorte de taille modeste est à prendre en compte.   Tableau 6. Taille des ventricules en fonction de la surface cutanée des patients. Patients Volume d’au moins 1 des pompes Décès AVC TE 1 Trop petit 0 0 0 2 Adapté  0 0 0 3 Adapté  1 1 0 4 Trop petit 1 1 0 5 Trop large  0 0 0 6 Trop petit   1 0 0 7 Adapté  1 1 0 8 Adapté  1 0 0 9 Adapté 1 1 0 10 Trop large  0 1 1 11 Trop petit  0 1 1 12 Adapté 0 0 0 13 Trop petit  0 0 0 14 Adapté  1 0 0 15 Trop petit   0 1 1 16 Trop large 1 0 1 < 30 mL/m2 : trop petit ; 30-50  mL/m2 : adapté ; > 50 mL/m2 : trop large Survenue (1) ou non (0) des évènements indésirables décès ; AVC : accidents vasculaires cérébraux (AVC) ; TE : thromboemboliques.   3.5. Cas particuliers   3.5.1. Montage de Fontan défaillant Le patient 8 est le seul patient de notre cohorte qui était porteur d’un ventricule unique avec un montage de type Fontan défaillant (ventricule unique [VU] à double entrée de morphologie droite). Dans les suites d’une réintervention pour plastie des valves auriculoventriculaires (VAV), principalement la droite pour fuite massive, 6 ans et demi ans après la dérivation cavopulmonaire totale (DCPT), la fonction du ventricule droit (VD) s’était dégradée massivement avec aggravation de la fuite cette fois-ci gauche. Il a été repris à J6 de la chirurgie pour plastie de la VAV et de l’anneau gauche. L’évolution a été compliquée d’une endocardite à Staphylocoque aureus, et l’enfant sera réopéré pour remplacement des deux VAV par bioprothèse. Devant la persistance d’une dysfonction ventriculaire sévère, il a été placé sous assistance monoventriculaire systémique (BHE) 5 semaines après la première plastie valvulaire. L’évolution a été marquée initialement par un thrombus au niveau de la canule d’aspiration traitée par thrombolyse et d’une pneumopathie à Candida albicans. L’enfant a pu être transplanté à J36 avec mise en place d’une ECMO en postopératoire immédiat pour défaillance de greffon et hémorragie massive avec une très bonne récupération par la suite. Il est à ce jour asymptomatique.   3.5.2. Suppléance d’autres organes Trois patients ont nécessité une hémodialyse durant la période d’assistance par BHE dont 2 ont également nécessité la mise en place d’un oxygénateur sur le circuit. Ces 3 patients sont décédés sous BHE.   4. Discussion 4.1. Indication de l’implantation et moment de l’implantation Le choix du meilleur moment pour implanter le BHE reste encore difficile. Dans notre série, la décision de mise en place d’un BHE a toujours été concomitante d’une indication de transplantation cardiaque. La majorité des patients (69 %) ont été implantés en relais de l’ECMO, cette dernière ayant dû être posée en urgence. En ce qui concerne les assistances de type ECMO, les différentes études recommandent une mise en place la plus rapide possible, quel que soit l’âge et la pathologie y compris lors d’arrêt cardiorespiratoire (ACR). Par ailleurs l’âge, le poids, le sexe, le pH, le site de canulation, la nécessité d’hémofiltration et l’extubation rapide ne sont pas des facteurs prédictifs de mortalité lors de mise en place d’ECMO. En revanche, une augmentation des lactates, une physiologie circulatoire non biventriculaire et une insuffisance rénale aiguë sont prédictives de mortalité. La mise en place d’une ECMO avant le BHE n’entraîne pas plus d’évènements neurologiques que la pose du BHE d’emblée [8]. Dans notre série, l’insuffisance rénale aiguë est également de très mauvais pronostic après pose de BHE, puisque tous les patients dialysés sont décédés. Concernant l’utilisation d’assistance périopératoire, toutes les études concordent pour affirmer qu’il n’y a pas de différence de morbimortalité post-greffe pour les enfants placés en prétransplantation sous assistance circulatoire de type ECMO ou VAD d’emblée [9], mais la mise en place d’une ECMO pré-VAD augmente la mortalité [10] du fait des conditions d’implantation parfois mauvaises (arrêt cardiaque), mais surtout de la présence d’anticoagulant rendant la pose du BHE à haut risque hémorragique. Dans notre cohorte, certains patients ont été mis initialement en ECMO du fait du délai plus long de la mise en place d’un BHE. Ceci n’a pas été démontré dans notre série mais le facteur limitant reste le faible nombre de patients. De plus les enfants en attente de greffe sont facilement placés sous VAD devant des délais d’attente longs et la meilleure physiologie obtenue. Depuis quelques années seulement, l’enfant de petit poids peut avoir accès à tous les types d’assistance circulatoire mécanique grâce au développement de ventricules extracorporels de taille adaptée. Cependant, en urgence, l’ECMO reste de réalisation plus facile et plus rapide. Une fois l’assistance débutée se pose la question de la durée de celle-ci. La plupart des études s’accordent à dire qu’il faut installer des systèmes VAD pour des assistances prolongées, de plus de 7 jours. Pour les ECMO, les durées d’assistance moyennes sont selon les études entre 3 et 7 jours. Les dispositifs d’assistance de type VAD sont implantés pour des durées plus longues, entre 20 et 44 jours selon les séries. Les VAD assurent une meilleure hémodynamique avec un flux pulsatile, une bonne décharge ventriculaire, moins d’hémolyse et cytolyse et moins de complications hémorragiques que les ECMO. Enfin, notre centre, avec des premières implantations datant d’il y a 10 ans, a majoritairement implanté en biventriculaire, en accord avec BH : on retrouve dans notre cohorte une majorité de défaillances cardiaques terminales sévères et bilatérales. Seuls les cœurs de physiologie univentriculaire et un patient de défaillance gauche isolée ont reçu un mono-VAD.   4.2. Survie Dans notre cohorte pédiatrique, la survie globale est de 62,5 %. Une autre série récente de 2015, celle de Sandica [21], rapporte un excellent taux de survie avec 90 % d’évolution favorable, par greffe ou récupération. La série anglaise de Cassidy en 2013 [12] retrouve un taux global de survie de 81 % sur une cohorte de 102 enfants. La série allemande de Miera publiée en 2014 [7] retrouve un taux de survie plus bas de 69 %, proche de celui de notre cohorte, avec une tendance à la diminution chez les patients de faible surface cutanée et plus jeune (p = 0,078). La série australienne de 2015 [10] porte sur une expérience de 15 ans d’implantation des VAD. Il s’agit d’une série de 64 assistances ventriculaires dont 11 (17 %) de BHE. Cette série a permis elle aussi de mettre en évidence une augmentation de la mortalité chez les patients ayant été mis sous ECMO avant l’implantation de l’assistance ventriculaire. La série décrit 27 % d’AVC, 14 % de changement d’assistance ventriculaire pour thrombose du ventricule pneumatique et 6 patients sur 64 explantés pour récupération de leur fonction ventriculaire. La survie à 5 ans dans cette cohorte est de 69 % et 61 % à 10 ans avec une survie excellente des patients ayant été greffés post-VAD à 91 %, l’essentiel de la mortalité étant survenue pendant la période d’assistance elle-même. Ainsi les résultats obtenus dans notre série sont comparables aux résultats des centres précédemment décrits.   4.3. Complications Les complications sont particulièrement fréquentes sous assistance. On retrouve le plus souvent des complications hémorragiques nécessitant la plupart du temps une hémostase chirurgicale [10]. Ceci est également responsable de transfusions massives fréquentes. L’autre risque majeur est le risque thromboembolique, surtout lors des premiers jours post-VAD chez l’enfant, du fait du lavage insuffisant des pompes à chaque systole. Cependant, ce risque reste réel malgré l’adaptation du matériel et est lié au maniement des anticoagulants. Ces 2 types de complications sont aussi responsables d’effets secondaires neurologiques de fréquence très variable selon les séries, surtout chez les adolescents, et menant parfois au décès. Concernant les complications neurologiques, Jordan [12] dénombre en 2015, sur une série américaine portant sur 204 cas de Berlin Heart dans 47 centres, la survenue de 73 problèmes neurologiques chez 59 patients, soit 29 % de la cohorte. La majorité survient avant J14 et la mortalité de ces patients est de 42 % contre 18 % pour le reste de la cohorte (il s’agit de la principale cause de mortalité relevée). Dans notre série, le taux de complications neurologiques est de 38 %, avec une mortalité de 18 %, malgré l’application systématique du protocole d’Edmonton.  Ce protocole détaille la séquence de mise en place des anticoagulants et anti-agrégants (héparine, puis dipyridamole, aspirine et AVK) en fonction de l’âge de l’enfant (plus ou moins 1 an) et de sa clinique. Malgré l’application systématique dans notre série du protocole d’Edmonton, le taux de complications thromboemboliques reste très important. Il en est de même dans d’autres grands centres nord-américains qui de ce fait ont modifié leurs protocoles de prise en charge des VAD, avec une prise en charge plus personnalisée comprenant une anti-agrégation et une anticoagulation plus agressive [13,14]. Cela renforce la nécessité d’un travail multicentrique de réévaluation des pratiques et d’adaptation de ce protocole, qui est actuellement en cours. Une autre classe de complications fréquemment décrite est celle des infections [11]. Sont décrites des pneumopathies dues à la ventilation mécanique prolongée et des médiastinites. Les autres complications sont l’insuffisance rénale sur bas débit ou/et secondaire à la lyse cellulaire et des décès par défaillance multiviscérale et décanulation accidentelle.   4.4. Facteur de risque de complication Les différentes séries rapportent plusieurs principaux facteurs de risque de complications. La série américaine de Zafar en 2015 [15] met en évidence 3 facteurs de mauvais pronostic concernant les patients sous assistance biventriculaire : l’insuffisance rénale, l’utilisation de pompes de 10 ml et la réalisation par un centre ayant eu moins de 5 cas au total. De Rita [16] souligne que les principaux facteurs de risque d’évolution défavorable sont un poids en dessous de 10 kg et la succession du nombre de modes d’assistance. Ainsi, la série de Conway en 2015 [17], portant sur des patients de moins de 10 kg bénéficiant d’une assistance par BHE, montre un taux de survie beaucoup plus bas de 57 %, avec comme facteurs de risque principaux de mortalité le fait que l’enfant soit porteur d’une cardiopathie congénitale et présente un taux de bilirubine augmenté. La série allemande de Miera publiée en 2014 retrouve également un taux de survie plus bas chez les patients implantés de moins de 10 kg [7]. Outre les facteurs de risque cliniques ou biologiques de mortalité, cette équipe s’est intéressée sur une cohorte de 80 enfants (âge moyen 2,2 ans, surface corporelle 0,5m²) à la relation entre la survie et la taille des pompes ventriculaires. En effet une taille de pompe inadaptée entraîne plus de complications, particulièrement en cas de ventricules surdimensionnés par augmentation du risque thromboembolique. Cela a également été bien montré par Cassidy et Sandica [11-21]. Nous avons également retrouvé une tendance importante à l’augmentation du nombre de complications principalement thromboemboliques en cas de présence d’au moins une pompe de taille inadaptée dans notre série (44 % vs 0 %, p = ns), même si, du fait du faible nombre de patients, la différence n’est pas statistiquement significative. Miera détermine une taille de ventricule adéquate entre 30 et 50 ml/m² [12,17]. Il est à noter que Berlin Heart a de ce fait produit depuis des ventricules de taille intermédiaire (15 ml) pour les jeunes enfants afin de limiter ces complications [18]. La série anglaise de Cassidy en 2013 [11] souligne également que les petits enfants de moins de 20 kg sont assistés plus longtemps. De plus, le pronostic des patients atteints de cardiopathie congénitale et assistés demeure moins bon que celui des cardiomyopathies, différence non retrouvée dans notre série de patients, comportant seulement 3 patients porteurs d’une cardiopathie congénitale dont 1 décédé pour 5 décès sur 13 cardiomyopathies (p = ns).   4.5. Suivi et devenir des patients sous Berlin Heart Nous avons dans notre série un cas de ventricule unique assisté par BHE : défaillance du montage de type Fontan par fuite des valves auriculoventriculaires. Ce cas fait partie des rares cas décrits [19] de « Failing Fontan » assistés puis greffés avec succès, en l’occurrence ici en mono-VAD de fonction systémique. Par ailleurs, concernant l’utilisation du levosimendan dans notre service, 6 des patients ont reçu une cure préalable sans modification de leur évolution. L’expérience générale de notre centre concernant son utilisation n’a pas modifié notre fréquence et notre type de population d’implantation. Cela est également dû au profil de notre centre, de référence mais aussi de dernier recours, les patients arrivant en défaillance terminale, stade pour lequel le levosimendan à le moins de bénéfices prouvés. Une autre stratégie pouvant être discutée est le recours aux systèmes d’assistance ventriculaires « temporaires » dits de moyenne durée. Des publications récentes rapportent leur supériorité à l’ECMO dans certains cas, notamment pour des utilisations de 15 jours en moyenne. Cependant ces systèmes sont pour le moment plus comparés aux ECMO, pour des enfants plutôt grands, ayant des défaillances aiguës et modérées à sévères [20]. En effet, ces systèmes gardent comme inconvénients d’être temporaires, de débit continu et de provoquer une hémolyse importante (comme pour l’Impella [Abiomed Inc, Danvers, Massasuchetts, Etats-Unis], non disponible pour l’enfant, mais pouvant parfois être utilisé en plus d’un autre système d’assistance au titre de décharge gauche chez l’adolescent ou adulte). Même s’ils sont prometteurs, ils ne sont pas encore pour le moment utilisés dans notre centre. Par ailleurs, il est à noter que tous les enfants de notre cohorte greffés sous BHE et rentrés à domicile ont actuellement une fonction cardiaque normale. Pour le moment, le suivi est relativement court (41 mois [SD 24-58]), ainsi il est encore nécessaire d’avoir plus de recul, notamment pour comparer ce taux de survie avec celui des patients transplantés à long terme qui est de 50 % à 15 ans. Enfin, un des derniers challenges est d’optimiser l’autonomisation de ces patients afin de pouvoir envisager à terme un transfert dans les services d’hospitalisation, voire un retour à domicile en attente du greffon.   5. Conclusion Le Berlin Heart Excor® est un système d’assistance efficace, qui, utilisé en attente de transplantation cardiaque, permet à un patient autonomisé d’attendre un greffon dans des conditions cliniques et psychologiques plus favorables. Le nombre de complications et d’évènements indésirables reste cependant important. Les principales complications restent les évènements hémorragiques ou thromboemboliques et les infections. Le protocole d’anticoagulation d’Edmonton reste encore appliqué mais ne paraît plus être adapté à la totalité des patients. Les risques, notamment hémorragiques, semblent différents entre les patients chroniques avec troubles de l’hémostase et les patients aigus sans antécédents, de même qu’entre les patients implantés d’emblée et ceux ayant eu une ECMO au préalable. Ainsi un groupe de travail Berlin Heart a été mis en place dans notre institution, et une cohorte prospective test est en cours afin de mieux cibler besoins et difficultés pour réadapter ce protocole.   Références Suominen P, Mattila N, Nyblom O, Rautiainen P, Turanlahti M, Rahkonen O. The Hemodynamic Effects and Safety of Repetitive Levosimendan Infusions on Children With Dilated Cardiomyopathy. World J Pediatr Congenit Heart Surg 2017 Jan;8(1):25-31. https://doi.org/10.1177/2150135116674466 Paden ML, Conrad SA, Rycus PT, Thiagarajan RR; ELSO Registry. Extracorporeal Life Support Organization Registry Report 2012. ASAIO J 2013 May-Jun;59(3):202-10. https://doi.org/10.1097/MAT.0b013e3182904a52 Almond CS, Morales DL, Blackstone EH et al. 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Ventricular Assist Device in Single-Ventricle Heart Disease and a Superior Cavopulmonary Anastomosis. Artif Organs 2016 Feb;40(2):180-4. https://doi.org/10.1111/aor.12531 Yarlagadda VV, Maeda K, Zhang Y, Chen S, Dykes JC, Gowen MA, Shuttleworth P, Murray JM, Shin AY, Reinhartz O, Rosenthal DN, McElhinney DB, Almond CS. Temporary Circulatory Support in U.S. Children Awaiting Heart Transplantation. J Am Coll Cardiol 2017 Oct 31;70(18):2250-60. https://doi.org/10.1016/j.jacc.2017.08.072 Sandica E, Blanz U, Mime LB, et al. Long-Term Mechanical Circulatory Support in Pediatric Patients.Artif Organs. 2016 Mar;40(3):225-32. https://doi.org/10.1111/aor.12552   Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 25/08/2017. Acceptation : 02/01/2018.  
mai 17, 2018
Chirurgie cardiaque congénitale et pédiatrique · Vol. 21 Juin 2017

Anomalie de connexion de l’artère coronaire droite au sinus postérogauche avec trajet inter-aorticopulmonaire : technique de réimplantation directe sans aortotomie transverse

Julia Mitchell¹*, Roland Henaine¹,², Nouredine Atmani¹, Olivier Metton¹, Sylvie Di Fillipo³, Jean Ninet¹ Service de chirurgie des cardiopathies congénitales, hôpital cardiologique Louis Pradel, Lyon, France. Université Claude Bernard, laboratoire de physiologie INSERM, unité 1060, CarMen, Cardioprotection, Lyon, France. Service de cardiologie pédiatrique, hôpital cardiologique Louis Pradel, Lyon, France. * Correspondance : julia.mitchell@chu-lyon.fr DOI : 10.24399/JCTCV21-2-MIT Citation : Mitchell J, Henaine R, Atmani N, Metton O, Di Fillipo S, Ninet J. Anomalie de connexion de l’artère coronaire droite au sinus postérogauche avec trajet inter-aorticopulmonaire : technique de réimplantation directe sans aortotomie transverse. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(2). doi: 10.24399/JCTCV21-2-MIT Résumé Introduction : l’anomalie de connexion de l’artère coronaire droite dans le sinus postérogauche associe un trajet inter-aorticopulmonaire, un trajet intramural et des anomalies ostiales. Elles sont reconnues pour être une cause de mort subite chez les athlètes. Il n’existe aucune recommandation concernant l’attitude thérapeutique. La prise en charge chirurgicale notamment chez l’adulte est très controversée. Matériels et méthode : il s’agit d’une étude rétrospective, unicentrique de 30 cas opérés dans notre centre entre janvier 2003 et décembre 2016. Résultats : Seize patients avaient moins de 18 et 10 plus de 30 ans. Quatorze patients pratiquaient du sport. 86,6 % des patients étaient symptomatiques avec 5 morts subites. Le délai moyen entre le diagnostic et l’intervention était de 18,5 mois (0,5-179). Tous les patients ont bénéficié d’un coroscanner et d’une réimplantation en position anatomique. Le délai moyen de suivi était de 25,6 mois (1-701) avec un décès à 3 mois postopératoires. À la date des dernières nouvelles, 92,8 % des patients étaient NYHA I et 60 % avaient repris une activité physique. Conclusion : seule la réimplantation permet de restaurer l’anatomie coronaire et d’autoriser la reprise d’activité physique. L’évolution ou l’apparition à long terme d’une coronaropathie sur cette coronaire droite réimplantée doivent être évaluées.   Abstract Anomalous connection of the right coronary artery to the opposite aortic sinus with interarterial course: technique of direct re-implantation without transverse aortotomy Introduction: Anomalous connection of the right coronary artery to the opposite coronary sinus is associated with an inter-arterial course, an intramural course and ostia anomalies. They are known to cause sudden death in athletes. However, no recommendation for therapy is available, and the surgical treatment is very controversial, especially in adults. Material and method: A retrospective study of 30 patients who underwent operations in our center between January 2003 and December 2016. Results: Sixteen patients were under 18 years of age, and 10 were over 30 years. Fourteen patients practiced sport. Of the cases, 86.6 % were symptomatic with five sudden deaths. The average time between diagnosis and intervention was 18.5 months (range: 0.5 –179). All patients benefited from a coroscanner and re-implantation in anatomical position. The average time of follow-up was 25.6 months (range: 1–701), with a death at 3 post-operative months. When patients were informed of their condition, 92.8% were classified as NYHA I, and 60% returned to physical activity. Conclusion: Only re-implantation allows the restoration of coronary anatomy and enables patients to practice sports safely. The evolution, or long-term appearance, of a coronaropathy on the right re-implanted coronary artery needs further investigation. 1. Introduction La connexion anormale d’une artère coronaire dans le sinus opposé (Anomalous Aortic Connexion of a Coronary Artery, AACCA) peut concerner l’artère coronaire gauche (Anomalous Left Coronary Artery, ALCA) comme l’artère coronaire droite (Anomalous Right Coronary Artery, ARCA). L’ARCA peut alors être associée à une anomalie de trajet [1] entre l’aorte et l’artère pulmonaire (Inter-Arterial Course, IAC) depuis le sillon auriculoventriculaire droit. On considère que 0,1 % à 0,3 % de la population est concerné par ces anomalies. L’exacte prévalence des AACCA dans la population générale reste difficile à déterminer et a longtemps été estimée sur des séries autopsiques ou des séries de cas [2]. Les AACCA sont reconnues pour être la deuxième cause de décès par mort subite chez les athlètes [3]. L’amélioration des techniques de dépistage et d’imagerie a considérablement augmenté la prévalence de ces anomalies ces dix dernières années [4]. Il n’existe cependant aucune recommandation concernant l’attitude thérapeutique, et la prise en charge chirurgicale systématique reste débattue. Plusieurs techniques chirurgicales ont été décrites. Si la nécessité absolue de la prise en charge chirurgicale des ALCA avec IAC est bien connue, celle des ARCA avec IAC, notamment chez l’adulte, est très controversée [5]. Nous décrivons une série de 30 patients opérés dans notre centre entre janvier 2003 et décembre 2016, par réimplantation directe d’une ARCA avec IAC dont 27 patients opérés sans aortotomie transverse.   2. Patients et méthodes Nous avons constitué une cohorte de patients opérés d’une ARCA avec IAC par une technique de réimplantation directe entre janvier 2003 et décembre 2016, à partir de notre base de données. Notre étude est une étude rétrospective, unicentrique. Il s’agit d’une étude de cas. Nous avons constitué un fichier anonyme et obtenu l’accord du centre d’investigation clinique. Le suivi s’est fait en postopératoire immédiat et à la date des dernières nouvelles sur les données des comptes rendus des consultations. L’amélioration clinique des survivants a été évaluée sur la présence ou non de symptôme, la reprise d’une activité physique et l’absence de signes ischémiques à l’électrocardiogramme ou au holter-ECG. La réimplantation coronaire a été évaluée en échographie cardiaque transthoracique à 2 dimensions couplée au doppler ainsi qu’au coroscanner et/ou en coronarographie. La fonction du ventricule gauche a été évaluée en échographie cardiaque transthoracique à 2 dimensions sur la fraction de raccourcissement. L’évolution ou l’apparition d’une ischémie myocardique postopératoire a été évaluée, soit par une épreuve d’effort, soit par une scintigraphie myocardique au thallium.   2.1. Statistiques Calculs de moyenne, de médiane et écarts types avec un intervalle de confiance à 0,25. Des tests non paramétriques de Wilcoxon ont été réalisés sur séries appariées pour les comparaisons de moyenne. Réalisation de tests de Fisher pour les comparaisons de proportion quand les effectifs étaient inférieurs à 5. P significatif si < à 0,05.   2.2. Population Entre janvier 2003 et décembre 2016, 30 patients ont bénéficié d’une chirurgie pour une ARCA avec IAC. Parmi ces 30 patients, 16 avaient moins de 18 ans et 10 plus de 30 ans à l’intervention (0,18-52) [figure 1].   [caption id="attachment_3713" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Répartition par âge à l’intervention (nombre/an) des patients opérés d’une ARCA (Anomalous Right Coronary Artery) avec IAC (Inter-Arterial Course).[/caption]   Le sexe ratio H/F était de 4. Le poids moyen à l’intervention était de 58 kilogrammes (3,6-118). 20 % des patients avaient au moins un facteur de risque cardiovasculaire. Deux patients étaient tabagiques actifs, 3 en surpoids (BMI > 27), 1 présentait une HTA chronique dans le cadre d’un hyperaldostéronisme primaire, 1 une HTA essentielle et 1 un diabète non insulino-dépendant. Aucun antécédent familial d’anomalie coronaire n’a été retrouvé, mais la mère d’une patiente est décédée dans le cadre d’une maladie de Uhl. Cinq patients (16,6 %) présentaient une pathologie chronique associée (1 Kawasaki sans atteinte coronaire, 1 épilepsie, 1 spondylarthrite ankylosante, 1 maladie de Fabry, 1 maladie de Guillain Barré). Aucun patient n’était syndromique. Sept patients (23,3 %) présentaient une malformation cardiaque associée (1 coarctation de l’aorte, 1 communication interventriculaire [CIV] périmembraneuse, 1 atrésie pulmonaire sans CIV [avec CIA résiduelle], 2 communications interatriales [CIA], 1 bicuspidie aortique et 1 non-compaction du VG). Quatorze patients (46,6 %) pratiquaient du sport de manière régulière et 7 en compétition (23,3 %).   2.3. Présentation clinique 86,6 % des patients étaient symptomatiques avec 5 patients (16,6 %) ayant présenté une mort subite récupérée. Un seul de ces patients avait des prodromes et un suivi cardiologique régulier avant l’épisode de mort subite. Six patients ont présenté 1 ou plusieurs épisodes de syncope (20 %), 20 présentaient des douleurs thoraciques (66,6 %). Dans 63,3 % des cas les douleurs sont notées au cours ou au décours immédiat d’un effort. Pour 3 patients, un contexte infectieux associé à des douleurs thoraciques atypiques a conduit à un bilan cardiologique permettant le diagnostic. Deux patients ont été diagnostiqués dans le cadre du suivi d’un souffle cardiaque et 1 au cours du suivi pour maladie de Fabry. Une ARCA a été découverte dans les suites d’un bilan pour ACFA aiguë mal tolérée [tableau 1].   Tableau 1. Présentation clinique pré et postopératoire des patients.   Sexe Age à l’intervention (ans) Signes cliniques Sport (1=oui  0=non) Facteurs de risque   Malformation associée Délais intervention (mois) Geste associé NYHA postopératoire DDN 1 M 17 douleurs tho 1 4 I 2 M 52 douleurs tho 0 6 I 3 M 11 douleurs tho 1 107 I 4 M 32 douleurs tho 0 tabac 1 I douleurs tho 5 F 51 douleurs tho 0 1 II douleurs tho 6 M 48 passage ACFA 0 Bicuspidie Ao 28 RVA I 7 M 10 syncope douleurs tho 1 14 I 8 M 11 douleurs tho 1 2 I 9 F 40 mort subite 1 3 I 10 M 10 douleurs tho 0 CIV opérée 19 I 11 M 23 douleurs tho 0 9 I 12 M 16 douleurs tho 0 3 I 13 M 9 0 0 5 I 14 M 5 souffle 0 35 I 15 F 52 douleurs tho 0 DNID 5 II 16 F 7 syncope douleurs tho 1 Coarctation opérée 43 I 17 M 0,18 mort subite TDR in utero 0 FOP 2 FOP II DCD 18 M 24 douleurs tho 1 HTA 3 I 19 M 23 mort subite 1 HTA Non compaction VG 0,5 I 20 M 17 mort subite 0 1 I 21 M 17 douleurs tho 1 CIA 5 CIA Pdv Pdv 22 M 15 douleurs tho 0 APSI CIA résiduelle 179 CIA RVP II douleurs tho 23 F 17 mort subite prodromes 0 3 I syncope défibrillateur 24 M 19 souffle 1 2 I 25 M 46 douleurs tho 1 2 I douleurs tho 26 M 14 syncope douleurs tho 1 13 I 27 M 7 syncope douleurs tho 1 10 I 28 M 34 douleurs tho 1 tabac 2 I 29 F 51 syncope douleurs tho 0 46 I 30 M 38 syncope douleurs tho 0 2 I Douleurs tho : douleurs thoraciques, Ao : aortique, DNID : diabète non insulinodépendant, HTA : hypertension artérielle, CIV : communication interventriculaire, FOP : foramen ovale perméable, CIA : communication interatriale, VG ventricule gauche, APSI : atrésie pulmonaire à septum intacte, DCD : décédé, Pdv : perdu de vue. 2.4. Bilan préopératoire   Tous les patients ont bénéficié d’un ECG, d’une radiographie du thorax de face, d’une échographie cardiaque transthoracique à 2 dimensions couplée au doppler et d’un coroscanner [figure 2].   [caption id="attachment_3714" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Série d’images scannographiques d’ARCA (flèche) avec trajet inter-aorticopulmonaire en coupes transverses et coronales.[/caption] À l’ECG, 3 patients avaient une onde Q séquellaire et 7 une onde T négative dans le territoire inférieur. Cinq patients avaient un bloc de branche droit incomplet. Quatre patients ont eu un holter-ECG non contributif. L’échographie cardiaque transthoracique à 2 dimensions couplée au doppler a permis d’établir le diagnostic dans 83 % des cas [figure 3].   [caption id="attachment_3715" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. ETT montrant le trajet inter-aorticopulmonaire d’une ARCA.[/caption]   Un malade a bénéficié d’une échographie transœsophagienne. La fraction de raccourcissement moyenne était de 39 %. Sept patients ont eu une imagerie par résonnance magnétique dont 2 pour suspicion de myocardite, 3 afin d’éliminer une dysplasie arythmogène du VD et 1 permettant de faire le diagnostic d’une non-compaction du VG. De même, 7 patients, tous adultes, ont bénéficié d’une coronarographie. Quatorze patients ont pu bénéficier d’une épreuve d’effort dont 4 positives électriquement (3 sous-décalages du segment ST en V1, V2 et V3 et 1 ESV soutenus) et 2 positives cliniquement avec récidive douloureuse. Cinq patients ont eu une exploration par scintigraphie myocardique au thallium mais une seule a mis en évidence des séquelles d’ischémie myocardique. 10 % des patients présentaient une coronaropathie mais non significative (sténose < 50 %) sur le réseau droit ou gauche.   2.5. Technique opératoire Le délai moyen entre le diagnostic et l’intervention était de 18,5 mois (0,5-179). L’âge moyen à l’intervention était de 24,2 ans (2,2 mois-52 ans). Depuis 2003, le nombre de patients adressé en chirurgie progresse avec un maximum de 8 patients opérés en 2015 [figure 4].   [caption id="attachment_3716" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Répartition des patients opérés par an. Courbe de tendance (moyenne/3 ans).[/caption]   Tous les patients ont été opérés sous CEC par sternotomie médiane. Deux patients avaient déjà bénéficié d’une sternotomie médiane dont 1 patient ayant déjà bénéficié de 2 sternotomies (1 fermeture de CIV, 1 valvulotomie pulmonaire puis shunt systémicopulmonaire) et un patient d’une thoracotomie gauche pour cure de coarctation. Ces anomalies étaient passées inaperçues. Le temps moyen de CEC était de 52 minutes (32-108) et le temps moyen de clampage aortique de 29 minutes (16-68). Il y a eu 5 gestes associés : 1 remplacement de la valve aortique par prothèse mécanique ; 1 remplacement de la valve pulmonaire par bioprothèse avec plastie d’élargissement du tronc de l’artère pulmonaire et 3 fermetures de CIA (1 directe et 2 par patch). Tous les patients ont bénéficié d’une réimplantation directe de l’ARCA en position anatomique. Toutes les réimplantations ont été associées à une plastie ostiale soit par refend postérieur soit par patch d’élargissement (3 patients). 90 % des patients ont bénéficié d’une réimplantation directe sans aortotomie transverse selon une technique développée dans notre centre.   2.5.1. Technique de réimplantation directe sans aortotomie transverse [figure 5] [caption id="attachment_3717" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. Technique de réimplantation directe en position anatomique sans aortotomie transverse. A : mobilisation de la coronaire droite et de la branche infundibulaire (flèche montrant l’ARCA) ; B : aortotomie à l’emporte-pièce de 4 mm de diamètre ; C : réimplantation directe en palette par un monosurjet continu ; D : aspect aorte declampée de la coronaire droite en position anatomique.[/caption] Sous CEC, en normothermie. Mobilisation de l’artère coronaire droite dans ses premiers centimètres avant sa connexion dans le mur aortique à cœur battant (A). Clampage aortique et réalisation d’une cardioplégie antérograde grâce à une solution cristalloïde. Transsection de l’artère coronaire au niveau de sa connexion dans le mur aortique. Fermeture de l’orifice d’entrée aortique par un monosujet « aller-retour ». Réalisation d’une aortotomie circulaire à l’emporte-pièce (B). Recoupe de l’artère coronaire « à bonne longueur ». Réalisation d’une contre-incision à sa face postérieure afin de réaliser une réimplantation « en palette » (C). Réimplantation de l’artère coronaire sur l’artériotomie aortique par un monosurjet (D).   2.5.2. Technique de réimplantation directe avec aortotomie transverse Dans les mêmes conditions opératoires, la coronaire est réimplantée de manière directe dans la paroi aortique après confection d’une « logette » et réalisation d’un refend antérieur permettant un élargissement de l’ostium à l’aide d’un patch de péricarde autologue comme cela a pu être décrit par Gaudin et al. [10].   2.6. Résultat postopératoire Il n’y a eu aucune complication peropératoire. Aucun malade n’a bénéficié d’une assistance circulatoire de type ECMO postopératoire. Le délai moyen d’extubation était de 5 heures (2-48), la durée d’hospitalisation moyenne en réanimation de 1,1 jour (1-4). On ne dénombre aucun décès postopératoire à 30 jours. Il y a eu 5 complications : 2 pneumopathies traitées par antibiothérapie, 1 épanchement pleural ayant nécessité un drainage, 1 défaillance cardiaque postopératoire nécessitant un support aminergique de plus de 2 jours et une médiastinite nécessitant une reprise opératoire. La durée moyenne d’hospitalisation était de 7,5 jours (5-20).   2.7. Follow-up Le délai moyen de suivi était de 25,6 mois (1-101), avec un décès à 3 mois postopératoires et 1 perdu de vue. À la date des dernières nouvelles, 26 patients étaient NYHA I soit 92,8 %. Quatre patients conservaient des douleurs thoraciques. 60 % des patients avaient repris une activité physique. Seize patients prenaient un traitement médicamenteux dont 68,7 % un traitement par B-bloquants. Tous les patients ont reçu un traitement par aspirine pendant 3 mois postopératoires. Trois patients conservaient une onde T négative à l’ECG et sur les 8 patients ayant bénéficié d’un holter-ECG, aucun trouble de la conduction ou du rythme n’a été mis en évidence. Une échographie cardiaque transthoracique 2D couplée au doppler a été réalisée à chaque consultation. La fraction de raccourcissement moyenne était de 37 % à la DDN, la coronaire droite était visualisée en position anatomique dans 96 % des cas avec un flux antérograde. Tous les patients ont bénéficié d’un coroscanner postopératoire. Au scanner de contrôle, 3 patients présentaient un aspect grêle de la coronaire droite réimplantée dont une mesurée à 2,5 mm de diamètre. Pour un patient, l’évolution s’est faite vers une sténose ostiale complète de l’artère coronaire droite réimplantée. Il s’agit du patient présentant une atrésie pulmonaire opéré d’une réimplantation de l’ARCA, associée à un remplacement de la valve pulmonaire et d’une fermeture de CIA résiduelle. En peropératoire l’artère coronaire droite était décrite comme grêle avec un diamètre dans son trajet inter-aorticopulmonaire n’excédant pas 2 mm de diamètre. Les suites opératoires avaient été simples. L’ETT postopératoire montrait une coronaire réimplantée perméable et bien perfusée, un TAPSE VD à 18 mm, un bon fonctionnement de la bioprothèse et une absence de shunt résiduel. Deux ans après la chirurgie, le patient a présenté un malaise syncopal associé à des douleurs thoraciques d’effort. Le bilan alors réalisé (ECG, holter-ECG, troponines, ETT, épreuve d’effort) s’est révélé négatif. Le coroscanner montrait un ostium grêle mais perméable. Malheureusement le patient, alors âgé de 18 ans, a présenté le même tableau clinique 18 mois après, ce qui a conduit à la réalisation d’une coronarographie [image 4]. Celle-ci a révélé un réseau gauche dominant, une sténose ostiale complète de la coronaire droite réimplantée avec une collatéralité reprenant le réseau droit. Il n’y a pas eu de récidive douloureuse depuis.   [caption id="attachment_3718" align="aligncenter" width="300"] Figure 6. Coronarographie sélective de la CD en vue latérale gauche : sténose ostiale complète, valve pulmonaire biologique en place.[/caption]   Cinq patients ont eu une scintigraphie myocardique et 3 une coronarographie postopératoire. Une scintigraphie montrait des séquelles d’ischémie myocardique mais celles-ci existaient en préopératoire. 75 % des patients ont eu une épreuve d’effort postopératoire. Trois étaient sous-maximales. Il n’y a eu aucune réintervention. Mais une patiente a bénéficié d’une pose d’un défibrillateur automatique implantable pour syncopes itératives à l’emporte-pièce, dans le cadre d’une dysplasie arythmogène du ventricule droit (mutation RYR2 positive) sans qu’aucun trouble du rythme n’ait été objectivé.   2.8. Mortalité Il y a eu un décès à 3 mois postopératoires. Il s’agit du patient le plus jeune, opéré à 2 mois de vie, à 3,6 kg. Cet enfant était suivi depuis la période anténatale pour des troubles du rythme in-utero et le diagnostic d’ARCA a été posé à la naissance par échographie. Aucune autre lésion n’était associée en dehors d’un foramen ovale persistant. Il a alors été décidé un traitement médical à visée anti-arythmique, l’enfant a cependant présenté une mort subite à domicile et a été opéré en urgence d’une réimplantation directe avec fermeture de CIA [figure 7].   [caption id="attachment_3719" align="aligncenter" width="300"] Figure 7. Images peropératoires montrant l’ostium de l’ARCA dans le sinus postérogauche et sa réimplantation en palette en position anatomique après aortotomie transverse par un double surjet arrêté.[/caption] 3. Discussion Les mécanismes exacts physiopathologiques des manifestations cliniques et des morts subites des ARCA sont mal connus [6]. Plusieurs hypothèses ont été développées dans la littérature afin d’expliquer l’ischémie myocardique et les troubles du rythme résultant des ARCA avec IAC [7]. Les symptômes apparaissent le plus souvent à l’acmé d’un effort ou dans les suites immédiates et sont vraisemblablement la conséquence d’une compression externe de l’artère coronaire droite dans sa portion inter-aorticopulmonaire [8]. Cependant, la pression dans l’artère pulmonaire reste inférieure, même au cours d’un effort prolongé et intense, à celle dans l’artère coronaire. De plus, dans une étude en 2003, Angelini et al. ont démontré que le trajet reste « comprimé » même dans les phases du cycle cardiaque où le tronc de l’artère pulmonaire est à distance [9]. Il semble que le trajet intramural soit le véritable responsable de la symptomatologie. Plusieurs études ont démontré que la portion intramurale a une circonférence intra-luminale moindre. Hors à l’effort, la tension pariétale sur l’aorte augmente et par ce mécanisme le trajet intramural se trouve comprimé, en particulier lors de la systole. Ceci est d’autant plus vrai en regard de la commissure valvulaire [10]. Dans une ARCA, la coronaire droite se connecte toujours selon un angle non orthogonal dans la paroi aortique. Cet angle peut être plus ou moins aigu et associé à un « king-king ». L’ostium lui-même est le plus souvent en « bec de flûte ». Il peut également être sténotique, voire punctiforme. Parfois on retrouve une membrane faisant obstruction. De même, l’appareil valvulaire aortique peut partiellement obturer cet ostium, en particulier quand celui-ci est paracommissural [10]. Si les premières descriptions sont des séries autopsiques [11], de plus en plus d’études tentent de déterminer la prévalence exacte des AACCA et donc des ARCA, soit à partir de séries coronarographiques, soit radiologiques. Les ARCA semblent donc concerner 0,06 à 0,9 % de la population. En 2013, Angelini publiait une étude de dépistage par IRM sur une population de jeunes adultes où il retrouvait 0,6 % d’ARCA [12]. Les ARCA sont 6 à 10 fois plus fréquentes que les ALCA mais sont le plus souvent asymptomatiques et les ALCA sont responsables de près de 85 % des morts subites dans les AACCA [13]. Dans leur série Maron et al. estimaient à 0,61 pour 100000 personnes/année le risque de mort subite chez les athlètes de haut niveau, avec 17 % attribués aux AACCA [3]. Brothers et al, par une analyse similaire, avec une prévalence dans la population générale des AACCA de 0,6 % et considérant les ARCA 6 fois plus fréquentes que les ALCA, arrivaient à la conclusion que le risque de mort subite, chez les patients présentant une ARCA, était de 0,004 % [7]. Ce risque a été décrit comme 80 fois plus élevé chez les athlètes que dans la population générale et les athlètes porteurs d’une AACCA ont été exclus des compétitions. Enfin, la corrélation entre anomalie coronaire et coronaropathie est incertaine mais la présence d’une coronaropathie pourrait être un facteur aggravant des AACCA. A contrario, une AACCA augmenterait le risque de coronaropathie [14]. Cependant aucun facteur de risque prédictif de mort subite n’a pu être mis en évidence et il paraît impossible de déterminer le risque de mort subite dans la population générale. Le seul facteur de risque admis est l’âge inférieur à 30 ans au diagnostic. La symptomatologie des ARCA est souvent frustre et non spécifique. Beaucoup de malades sont diagnostiqués à l’occasion d’une mort subite récupérée. La plupart se déclarent alors asymptomatiques avant l’épisode qui survient le plus souvent à l’effort. Certains malades sont diagnostiqués de manière fortuite bien que la motivation de la réalisation des examens ayant conduit au diagnostic pose la question d’une réelle asymptomatologie. Communément, des douleurs thoraciques non spécifiques, des palpitations, des malaises ou des syncopes sont décrits [1]. L’électrocardiogramme et les holter-ECG sont généralement normaux ou dans les limites de la normale. On peut cependant retrouver des ondes T amples en V1, V2 et V3. Pour certains, les troubles du rythme permettent le diagnostic (fibrillation ventriculaire, tachycardie ventriculaire). De même, les épreuves d’effort sont négatives électriquement et cliniquement, moins de 10 % des patients opérés, dans la littérature, avaient une épreuve d’effort positive [7]. Le diagnostic est essentiellement fait sur l’échographie cardiaque 2 dimensions couplée au doppler couleur. Elle met en évidence : l’anomalie de connexion, le trajet intramural et inter-aorticopulmonaire. L’échographie permet aussi de quantifier la fonction ventriculaire. Afin de confirmer le diagnostic, le coroscanner est l’examen de choix, il permet de déterminer la longueur du trajet inter-aorticopulmonaire, le trajet intramural et l’anatomie ostiale. Les dernières générations permettent de diminuer au maximum l’irradiation en particulier dans la population pédiatrique [15]. L’IRM offre l’avantage d’évaluer la viabilité et l’ischémie myocardique et d’éliminer le diagnostic différentiel de myocardite [4]. Certains auteurs suggèrent qu’elle permettrait de mettre en évidence une fibrose myocardique signe d’une ischémie chronique répétée et qui pourrait être le signe prédictif de troubles du rythme ventriculaire [16]. La coronarographie n’est quasiment plus pratiquée à visée diagnostique. La scintigraphie myocardique ayant pour objectif de démasquer les lésions d’ischémie est bien souvent peu contributive. Devant les incertitudes physiopathologiques et diagnostiques qu’engendrent les AACCA la prise en charge thérapeutique est plus que débattue. Si les ALCA semblent obtenir un consensus quant à leur prise en charge chirurgicale, il n’en est pas de même pour les ARCA. De plus, l’âge au diagnostic d’une ARCA semble pour certaines équipes être un facteur décisionnel de prise en charge chirurgicale ou non [17]. Les traitements médicamenteux par B-bloquants ou inhibiteurs de l’enzyme de conversion ont été rapportés comme protecteurs du risque de mort subite. Par ailleurs, la plupart des équipes contre-indiquent la pratique du sport. Cependant la restriction d’activité physique semble difficile à obtenir dans la population pédiatrique et peut avoir des conséquences physique (surpoids) et psychologique sur le patient et sa famille [18]. À ce jour, un patient non opéré est suivi dans notre centre. Il s’agit d’une jeune fille de 14 ans porteuse d’une maladie d’Ebstein. Le diagnostic d’ARCA a été porté à l’âge de 5 ans en ETT et confirmé par un coroscanner. Elle n’a jamais présenté de douleurs thoraciques ou de troubles du rythme. À l’ECG, il existe un bloc de branche droit incomplet. L’épreuve d’effort s’est révélée négative. L’échographie montre une dysfonction ventriculaire droite en rapport avec la maladie d’Ebstein. Une contre-indication au sport a été mise en place. Dans notre centre, nous posons une contre-indication à la pratique du sport en compétition pour tous les malades présentant une AACCA non opérée ; les patients et leur famille sont informés des signes devant faire consulter en urgence et un suivi médical régulier. On peut trouver dans la littérature des séries de quelques cas d’ARCA traitées par cathétérisme interventionnel. Il s’agit le plus souvent d’ARCA sans IAC avec sténose ostiale. Différentes techniques chirurgicales ont été proposées dans la prise en charge des ARCA avec IAC. Afin de pallier la compression externe par le tronc de l’artère pulmonaire, certains ont proposé de procéder à une translocation latérale ou antérieure du tronc de l’artère pulmonaire. Certains auteurs y associent une ostioplastie [19,20]. Pour les patients adultes, le pontage coronarien peut être proposé avec ligature proximale afin de supprimer un flux compétitif. Lorsqu’une coronaropathie est associée, ceci peut se justifier davantage mais cette technique sur l’adulte jeune sans coronaropathie est controversée car le réseau distal est alors entièrement dépendant de la qualité et de la pérennité du pont. L’utilisation de l’artère thoracique interne est préférée car elle préserve un potentiel de croissance et résisterait mieux au développement de l’athérosclérose. Cependant la réalisation de pontage chez l’enfant pose différents problèmes dont celui de la reprise chirurgicale. La technique de « unroofing » est la plus répandue, elle a été décrite par Mustafa et al. en 1981 et consiste à exciser la paroi du segment intramural. La difficulté se situe lorsque le segment intramural est long et rétro-commissural, certains auteurs procèdent alors à un détachement de la commissure mais cela peut conduire à long terme à une insuffisance aortique. C’est pourquoi la création d’un néo-ostium a pu être proposée. Malheureusement, bien que très prometteuse, cette technique a montré des cas d’insuffisance aortique à long terme et d’ischémie résiduelle. La réimplantation directe en position anatomique est la seule technique permettant de s’affranchir du trajet inter-aorticopulmonaire, du trajet intramural et des anomalies ostiales. Elle consiste à sectionner l’artère coronaire au niveau de son abouchement dans la paroi aortique et de la réimplanter en position anatomique. Bien souvent il y est associé une ostioplastie afin d’élargir celui-ci soit par un refend postérieur soit par une technique d’élargissement par patch. Dans notre centre, nous avons développé une technique de réimplantation directe sans aortotomie transverse avec de très bons résultats postopératoires. La principale difficulté réside dans la détermination du site de réimplantation que nous repérons avant le clampage aortique et la réalisation de la cardioplégie. Aucun malade opéré selon cette technique n’a présenté d’insuffisance aortique secondaire et n’a subi une réintervention. Il est difficile d’établir le résultat à long terme des procédures chirurgicales, la littérature ne rapportant que des séries avec peu de malades, ne bénéficiant pas tous de la même technique opératoire et avec absence parfois de distinction entre les ALCA et les ARCA. Aucun décès immédiat n’a été cependant rapporté. Les complications postopératoires décrites sont celles de toute chirurgie cardiaque (saignement postopératoire, épanchement péricardique, pneumopathie…) et sont généralement inférieures à 20 %. Toutefois, ces chirurgies sont le plus souvent pratiquées sur des patients jeunes sans comorbidité. Il en est de même dans notre série. Le seul décès survenu concernait en effet un nourrisson avec des troubles du rythme in utero ayant présenté une dysfonction biventriculaire préopératoire (FR 21 %) après une mort subite récupérée. Les réinterventions décrites concernent les patients présentant une insuffisance aortique, le plus souvent dans les suites d’une technique par unroofing avec réimplantation de la commissure [20]. Aucun patient de notre série n’a été repris chirurgicalement. Pour le patient présentant une sténose ostiale une technique de reperméabilisation par procédure interventionnelle se discute car la sténose est relativement courte et le réseau d’aval perméable, repris par la coronaire gauche. Le bilan de viabilité myocardique effectué dans ce sens montre une absence de signe ischémique. Il faut rappeler que ce patient a un réseau gauche dominant. On peut noter que le traitement chirurgical a supplanté ces dernières années le traitement médical et que l’attitude thérapeutique n’est pas la même dans les centres ayant une solide expérience en chirurgie congénitale. Nous avons vu progresser le nombre de patients adressés pour chirurgie au fil des années. Tous les patients vus en consultation ont accepté la prise en charge chirurgicale, la plupart d’entre eux exprimant clairement des angoisses, voire un syndrome anxiodépressif quant au risque de mort subite. Chez l’adulte, une coronarographie préopératoire est plus facilement réalisée. La technique la plus souvent choisie est le pontage et souvent une procédure est associée. La durée d’hospitalisation est souvent plus longue. Le seul facteur de risque de mort subite des AACCA communément admis est l’âge inférieur à 30 ans. Dans notre étude, 10 patients avaient plus de 30 ans à l’intervention soit un tiers de la population. Ils étaient tous symptomatiques avec un tableau de mort subite. Six patients avaient bénéficié d’une coronarographie préopératoire avec une coronaropathie non significative. Le délai d’intervention n’était que de 9,6 mois contre 22,9 mois pour les moins de 30 ans. Il y a eu 1 perdu de vue. La durée moyenne de suivi a été de 26,9 mois. À la DDN, 2 patients étaient NYHA II. Cinq avaient repris une activité physique et 3 se plaignaient de douleurs thoraciques récidivantes. Huit patients ont eu une épreuve d’effort à la DDN dont une sous-maximale pour sous-décalage du segment ST. Tableau 2. Comparaison entre les patients opérés avant et après 30 ans.   < 30 ans (n = 20) >30 ans (n = 10) p-value H/F 18/2 = 9 6/4 = 1,5 Poids moyen (kg) 48,6 77,8 Activité sportive 12 2 Mort subite 4 1 Épreuve d’effort 8 6 Délai intervention (mois) 22,9 9,6 p = 0,01 Durée CEC 52,4 51,7 p = 0,46 Durée clampage 30,1 28,7 p = 0,40 Geste associé 4 (3 CIA, 1 RVP) 1 (RVA) Durée hospitalisation (jours) 7,5 7,6 p = 0,58 Complications postopératoires < 30 jours 3 2 Follow-up (mois) 24,9 26,9 p = 0,45 NYHA I à la DDN 17 (n = 19) 7 (n = 9) B-bloquants à la DDN 11 (n = 19) 6 (n = 9)     Si l’on compare les 2 populations [tableau 2], on remarque que le nombre de morts subites est plus élevé chez les moins de 30 ans. Or 1 seul patient de moins de 10 ans a présenté une mort subite récupérée comme chez les patients de plus de 30 ans, on peut donc considérer l’âge à risque entre 10 et 30 ans. Le délai entre le diagnostic et l’intervention est plus court chez les plus de 30 ans. En effet nous avons été davantage attentistes chez les plus jeunes avec une mise en place d’une restriction des activités physiques et une contre-indication au sport associées à un suivi régulier jusqu’à la réalisation des examens paracliniques (coroscanner, épreuve d’effort) dans de bonnes conditions techniques. Il n’y a pas de différence significative entre ces deux groupes et les suites opératoires sont superposables, chez les plus de 30 ans la disparition de l’angoisse quant au diagnostic semble améliorer la qualité de vie des patients et les patients se trouvent en meilleure santé mais cela est probablement en rapport avec le suivi médical régulier. Certains d’entre eux se plaignent cependant de douleurs thoraciques mais celles-ci sont décrites comme différentes des douleurs préopératoires (douleurs pariétales). Une seule patiente a été hospitalisée à plusieurs reprises pour angor mais cette patiente est diabétique, hypertendue et en surpoids. Elle présentait en préopératoire une coronaropathie avec une sténose non significative du réseau droit. Celle-ci a évolué vers une coronaropathie droite et gauche sans nécessité autre qu’un traitement médical. Le suivi à distance annuel est a minima avec la réalisation d’un coroscanner et d’un holter-ECG en postopératoire immédiat puis un suivi échographique régulier. La reprise d’une activité physique et du sport en compétition est autorisé à 6 mois postopératoires. Plusieurs équipes ont proposé un algorithme décisionnel pour la prise en charge des AACCA, le plus abouti est celui de l’équipe du Texas Children’s Hospital [19]. Les ARCA avec IAC doivent donc être traitées chirurgicalement quand : il existe des symptômes ou des signes ischémiques au bilan paraclinique ; il existe un trajet intramural ou des anomalies ostiales ; il existe un retentissement psychologique du diagnostic sur la qualité de vie du patient et de sa famille.   4. Conclusion La prise en charge chirurgicale des ARCA avec IAC reste controversée en particulier chez l’adulte de plus de 30 ans, notre étude montre un bon résultat chirurgical de la réimplantation aortique et décrit les résultats de la technique de réimplantation sans aortotomie transverse. Nous pensons que seule la réimplantation directe permet de restaurer de manière pérenne l’anatomie coronaire et d’autoriser la reprise d’activité physique même en compétition. Les ARCA avec IAC sont toujours associées à un trajet intramural et à des anomalies ostiales. En ce sens, en dehors des rares cas de découvertes fortuites chez le sujet de plus de 50 ans pouvant accepter le risque faible mais non nul de mort subite et de restreindre ses activités physiques, tout patient diagnostiqué dans notre centre est adressé au chirurgien. Cette étude est une étude rétrospective monocentrique de 30 patients opérés par une réimplantation directe ces 15 dernières années dont les résultats nous confortent dans la nécessité de la prise en charge chirurgicale de ces patients, l’évolution à long terme doit être cependant évaluée notamment en ce qui concerne l’évolution ou l’apparition d’une coronaropathie sur cette coronaire droite réimplantée. En effet, toute coronaire opérée et ce quelle que soit la technique ou la cause présente un risque évolutif « pour son propre compte » et doit être surveillée.   Références Angelini P, Velasco JA, Flamm S. Coronary anomalies: incidence, pathophysiology and clinical relevance. Circulation 2002;105:2449-54. https://doi.org/10.1161/01.CIR.0000016175.49835.57 PMid:12021235 Davis JA, CecchinF, JonesTK et al. Major coronary artery anomalies in a pediatric population: incidence and clinical importance. 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Acceptation : 10/05/2017.     
juin 2, 2017
Chirurgie cardiaque congénitale et pédiatrique · Vol. 21 Juin 2017

Management du canal atrioventriculaire avec double orifice de la valve atrioventriculaire gauche

Célia Gran*, Fédoua El Louali, Caroline Ovaert, Virginie Fouilloux, Loïc Mace   Service médicochirurgical de cardiologie pédiatrique, hôpital la Timone enfant, CHU Marseille, France. *Correspondance : celia.gran@ap-hm.fr DOI : 10.24399/JCTCV21-2-GRA Citation : Gran C, El Loual F, Ovaert C, Fouilloux V, Mace L. Management du canal atrioventriculaire avec double orifice de la valve atrioventriculaire gauche. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(2). doi: 10.24399/JCTCV21-2-GRA   Résumé Objectif : comparer l’évolution postopératoire de la population de canal atrioventriculaire (CAV) avec double orifice de la valve atrioventriculaire gauche (VAVG) à un groupe témoin de CAV appariés. Méthodes : onze patients, opérés entre 2008 et 2016, et ayant un CAV avec double orifice de la VAVG (groupe 1) ont été comparés à 11 patients témoins (groupe 2), appariés sur l’âge, le poids et le type de CAV. Résultats : la durée médiane de séjour en réanimation était significativement plus élevée dans le groupe 1 (p = 0,038). La mortalité post opératoire était de 18,2 % dans le groupe 1 versus 0 % dans le groupe 2 ( p < 0,0001). Dans le groupe 1, la fermeture totale de la cleft n’était pas plus à risque de sténose. Il y avait davantage de fuite significative en cas de fermeture partielle ou de non-fermeture de la cleft. La principale indication de réintervention était une insuffisance de la VAVG. Conclusion : la présence d’un double orifice de la VAVG est un facteur de risque de mortalité et de réintervention. La fermeture totale de la cleft est un facteur permettant de limiter l’évolution vers une fuite de la VAVG, sans risque de sténose.   Abstract Management of atrioventricular septal defects with double orifice of the left atrioventricular valve Aim: To compare the post-operative results of patients with atrioventricular septal defect (AVSD) and double orifice of the left atrioventricular valve (LAVV), to a matched control group. Methods: A retrospective matched cohort study to compare 11 patients with AVSD and LAVV double orifice (group 1), with 11 control patients (group 2), matched by weight, age and AVSD type. Native LAVV double orifice or those after Alfieri-plasty, were included. All patients underwent operations between 2008 and 2016. Results: The median stay in the intensive care unit was significantly higher in the first group (p=0.038). There were two deaths in group 1 and none in group 2 (p<0.0001). The subgroup analysis of double orifice showed that total cleft closure was not a risk factor for LAVV stenosis. More significant regurgitation was evident when the cleft was left open or when it was partially closed. The main indication for reoperation was the occurrence of significant LAVV regurgitation. Conclusion: For patients with AVSD, double orifice of LAVV is a risk factor for death and reoperation. The total cleft closure appears to limit regurgitation, without being associated with stenosis.   1. Introduction Le double orifice de la valve atrioventriculaire gauche (VAVG) est une anomalie cardiaque rare. Elle peut être isolée ou associée à d’autres cardiopathies, la plus fréquente étant le canal atrioventriculaire (CAV) [1,2]. Bien que les résultats de la correction chirurgicale des CAV aient progressé ces dernières années, la présence de particularités anatomiques au niveau de la VAVG peut complexifier sa réparation. Le double orifice de la VAVG est reconnu comme facteur de risque de mortalité et de réintervention [3]. Les techniques de plastie à utiliser dans ce cadre, comme la gestion de l’orifice accessoire et la fermeture de la cleft, sont encore débattues. La crainte d’une sténose postopératoire fait habituellement préférer des plasties moins agressives, majorant ainsi le risque de fuite résiduelle. L’objectif de notre étude est d’analyser et de comparer la population de CAV avec double orifice de la VAVG à un groupe témoin apparié, afin de déterminer les moyens d’améliorer l’évolution postopératoire de ces patients à risque.   2. Patients et méthodes 2.1. Patients Il s’agit d’une étude rétrospective, cas témoin, appariée, monocentrique, portant sur les patients ayant bénéficié d’une réparation biventriculaire de canal atrioventriculaire, dans le service de chirurgie cardiaque pédiatrique de l’hôpital de la Timone à Marseille, France. La période d’inclusion s’étend du 1er janvier 2008 à fin janvier 2016. L’analyse portait sur l’évolution des patients présentant un double orifice de la valve atrioventriculaire gauche (groupe 1, n = 11), soit natif, soit créé lors de l’intervention selon la technique d’Alfieri [4]. Ils ont été comparés à 11 patients témoins (groupe 2), appariés sur le poids, l’âge, le type de CAV (partiel, intermédiaire ou complet).   2.2. Recueil des données Les données ont été recueillies à partir des dossiers archivés dans le service. Les détails anatomiques du CAV et de la VAVG ainsi que la technique chirurgicale étaient détaillés dans le compte rendu opératoire. Toutes les échographies cardiaques réalisées en préopératoire et en postopératoire immédiat ont été relues par le même cardiologue du service. La fuite de la VAVG était classée en 4 stades : triviale, minime, modérée ou sévère. Un gradient moyen sur la VAVG supérieur à 5 mmHg était considéré comme sténosant [5].   2.3 Technique opératoire Toutes les interventions ont été réalisées par sternotomie médiane. Le péricarde était soit ouvert, soit prélevé et conservé, selon les préférences de l’opérateur. La circulation extracorporelle était mise en route entre les 2 veines caves et l’aorte ascendante. Le tronc artériel brachiocéphalique était canulé de manière sélective en cas d’hypoplasie de l’arche aortique associée, afin de réaliser la plastie de l’arche sous circulation cérébrale sélective. Une hypothermie modérée a été instaurée sauf pour 3 patients (2 dans le groupe double orifice et 1 dans le groupe témoin), chez qui une hypothermie profonde à 20 °C a été nécessaire (plastie de l’arche ou retour veineux pulmonaire trop important). Après clampage aortique et injection de la solution de cardioplégie (au sang froid potassique toutes les 18 minutes), l’atriotomie droite, parallèle au sillon atrioventriculaire, a été pratiquée afin d’évaluer l’anatomie du CAV. La technique chirurgicale utilisée variait selon l’anatomie du patient, à la discrétion du chirurgien. On distingue : la technique à un patch de Rastelli [6], la technique à 2 patchs [7] ou la technique selon Wilcox Nunn [8] pour les CAV complets. Pour les CAV intermédiaires, la technique de Nunn a été réalisée. Pour les CAV partiels, la CIA ostium primum a été fermée à l’aide d’un patch. Le sinus coronaire était laissé soit à droite, soit à gauche, en fonction des préférences de l’opérateur. La plastie de la VAVG pouvait inclure : une fermeture de la cleft (partielle ou totale), une ou des commissuroplasties, une annuloplastie, la fermeture d’un orifice accessoire, la fermeture d’une cleft accessoire, la résection d’une membrane supravalvulaire ou la création d’un double orifice selon Alfieri [4]. La VAVG pouvait être laissée telle quelle en cas d’absence de fuite au test d’hyperpression à l’eau et/ou de potentiel risque de sténose postplastie (par exemple pilier unique ou piliers rapprochés/fusionnés).   2.4. Statistiques Les données sont exprimées soit en moyenne et écart type, soit en médiane et extrêmes. Les variables continues et discontinues ont été analysées par des tests non paramétriques (respectivement tests de Mann-Whitney et de Chi2). Le seuil de significativité a été fixé à 0,05. La courbe de survie sans réintervention a été construite à l’aide des courbes de Kaplan-Meier. Les analyses statistiques ont été réalisées en utilisant le logiciel IBM SPSS version 10.0 (IBM Inc, New York, États-Unis).   3. Résultats 3.1. Description de la population Sur les CAV ayant bénéficié d’une réparation biventriculaire entre janvier 2008 et janvier 2016, 9 présentaient un double orifice de la VAVG et 2 ont bénéficié d’une plastie selon Alfieri sur la VAVG. Un total de 11 patients a été analysé dans l’étude (groupe 1). Ces patients ont été appariés sur le poids, l’âge et le type de CAV à 11 autres patients ayant bénéficié d’une réparation biventriculaire de CAV durant la même période (groupe 2 témoins). Il n’y avait pas de différence significative entre les 2 populations [tableau 1].   Tableau 1. Caractéristiques des patients et comparaison cas/témoins. Double orifice de la VAVG N (%) Groupe témoin N (%) p Âge médian (mois) (min-max) 2,7 (0,7-45,5) 3,4 (0,9-48,2) 0,43 Poids médian (kg) (min-max) 5,5 (3,2-13) 5,3 (3,1-14) 0,417 Sexe Masculin Féminin   6 (54,5) 5 (45,5)   3 (27,3) 8 (72,7) 0,523 Diagnostic anténatal 8 (72,7) 8 (72,7) 1 Trisomie 21 3 (27,3) 5 (45,5) 0,266 Autres malformations extracardiaques 2 (18,2) 2 (18,2) 1 Traitement préopératoire Anti-congestif Ventilation mécanique Amines   8 (72,7) 3 (27,3) 2 (18,2)   8 (72,7) 0 (0) 0 (0)   1 0,001 0,01 Type de CAV Partiel Intermédiaire Complet   3 (27,3) 1 (9,1) 7 (63,6)   3 (27,3) 1 (9,1) 7 (63,6) 1 CAV équilibré 8 (72,7) 9 (81,8) 1 HTAP préopératoire 7 (63,6) 9 (81,8) 0,052 Malformation cardiaque associée 3 (27,3) 4 (36,4) 0,189 Fuite VAVG ≥ modérée 3 (27,3) 5 (45,5) 0,28 Technique opératoire 1 patch Rastelli 1 patch Nunn 2 patchs 1 patch CIA   2 (18,2) 6 (54,5) 0 (0) 3 (27,3)   3 (27,3) 2 (18,2) 2 (18,2) 4 (36,4) 0,30 CAV : canal atrioventriculaire, HTAP : hypertension artérielle pulmonaire, CIA : communication atrioventriculaire   3.2. Description des patients ayant un double orifice Trois patients (27 %) étaient atteints de trisomie 21 (patients 1, 7 et 11). Seuls 2 patients ne présentaient pas de signes d’insuffisance cardiaque et n’ont donc pas nécessité de traitement préopératoire. Trois patients étaient ventilés en préopératoire et 2 étaient sous traitement aminergique. 63,6 % (n = 7) présentaient une HTAP préopératoire. Un patient, atteint d’une hypoplasie de l’arche avec coarctation aortique, était sous prostaglandine. Aucune intervention n’a été réalisée avant la réparation biventriculaire (ni cerclage, ni cure de coarctation). On compte 7 CAV complets (4 de type A et 3 de type C selon la classification de Rastelli), 1 CAV intermédiaire et 3 CAV partiels. Trois patients présentaient un CAV déséquilibré aux dépens des cavités gauches, sans que cela contre-indique une réparation biventriculaire. Trois patients présentaient une autre anomalie cardiaque : sténose pulmonaire dans un cas, coarctation aortique avec hypoplasie de l’arche dans un cas et cœur triatrial avec veine cave supérieure gauche et canal artériel persistant dans le dernier cas. En préopératoire, la VAVG était le siège d’une fuite minime dans 6 cas sur 11, modérée dans 3 cas et était continente dans 2 cas. Aucun ne présentait de fuite sévère en préopératoire. Le siège de la fuite se situait sur la cleft dans 6 cas, centrale dans 1 cas et mixte dans 2 cas. Deux patients avaient des piliers rapprochés et un avait un pilier fusionné avec cordages courts. Sur les 9 patients ayant un double orifice natif de la VAVG, 2 avaient un double orifice équilibré, 6 avaient un orifice accessoire postérieur et 1 présentait un aspect de triple orifice [tableau 2]. Tableau 2. Caractéristiques anatomiques de la VAVG dans le groupe double orifice. Type CAV Rastelli Caractéristique orifice accessoire Piliers Caractéristiques appareil sous-valvulaire Valve murale étroite Autres 1 CAVc A postérieur 2 Dystrophie valvulaire 2 CAVp - équilibré 2 Cordages courts, fusion pilier valve murale sur orifice antérieur Oui 3 CAVp - postérieur 2 Déviation antérieure 4 CAVc équilibré 2 Cordages courts 5 CAVi - postérieur 2 6 CAVc C postérieur 2 7 CAVc A Alfieri 2 Pilier postéromédian rudimentaire Déviation postérieure Oui 8 CAVc A Triple orifice 2 Déviation antérieure Fusion pointe composant mural avec bords de la cleft 9 CAVc C Alfieri 2 Déviation postérieure 10 CAVp - postérieur 2 Piliers rapprochés Dysplasie bords de la fente mitrale 11 CAVc C postérieur 2 CAV : canal atrioventriculaire ; c : complet, i : intermédiaire, p : partiel L’âge moyen lors de l’intervention était de 11,1 ± 13,3 mois. Le poids moyen était de 6,4 ± 2,9 kg. Deux patients sur 11 avaient un poids < 3,5 kg et 5/11 étaient âgés de moins de 2,5 mois. L’âge médian de correction du CAV complet était de 2,5 mois (0,7-14,4). Dans 54,5 %, la technique de Nunn a été utilisée. La technique à un patch de Rastelli a été utilisée dans 2 cas. Les 3 autres patients, ayant tous un CAV partiel, ont bénéficié d’une fermeture de CIA ostium primum par patch. La plastie de la VAVG comprenait : fermeture totale de la cleft dans 7 cas, partielle dans 3 cas, la cleft a été laissée ouverte dans 1 cas, annuloplastie dans 1 cas, commissuroplastie dans 2 cas, fermeture partielle d’un orifice accessoire dans un cas et création d’un double orifice selon la technique d’Alfieri dans 2 cas. Un geste chirurgical supplémentaire a été nécessaire chez 4 patients. On compte : une plastie pulmonaire, une résection anastomose de type Crafoord avec plastie d’élargissement de l’arche aortique, une résection de cloison dans le cadre d’un cœur triatrial et une pose d’ECMO jugulocarotidienne. Les durées moyennes de CEC et de clampage aortique étaient respectivement de 172,2 ± 38,1 minutes et 105,5 ± 37,2 minutes.   3.3. Évolution postopératoire   3.3.1. Suites postopératoires immédiates [tableau 3] La durée médiane de séjour en réanimation était de 6 jours (1-68) dans le groupe 1 et 4 jours (1-16) dans le groupe 2 (p = 0,038). Cinq patients (45,5 %) dans chaque groupe ont présenté des complications en réanimation : 3 complications septiques, 2 dysfonctions ventriculaires gauches, 1 bloc auriculoventriculaire de 3e degré, 1 fuite sévère de la VAV droite, 1 hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) dans le groupe 1 et 4 HTAP, 2 tachycardies supraventriculaires dans le groupe 2. Les ETT postopératoires immédiates retrouvaient : 5 VAVG non fuyantes : 2 dans le groupe 1 et 3 dans le groupe 2 ; 11 fuites minimes : 4 dans le groupe 1 et 5 dans le groupe 2 ; 6 fuites modérées : 4 dans le groupe 1 et 2 dans le groupe 2 ; 2 fuites sévères dans le groupe 1. Il n’y avait pas de différence significative entre le groupe double orifice et le groupe témoin. Deux patients (18,2 %) présentaient une sténose de la VAVG en postopératoire immédiat dans le groupe 1 contre 1 patient (9,1 %) dans le groupe 2 (gradient moyen à 8 mmHg dans les 3 cas). Tableau 3. Comparaison de l'évolution postopératoire immédiate double orifice vs témoins. Double orifice de la VAVG N (%) Groupe témoin N (%) p Fuite VAVG ≥ modérée 5 (45,5) 3 (27,3) 0,33 Sténose VAVG 2 (18,2) 1 (9,1) 0,2 Shunt résiduel 2 (18,2) 3 (27,3) 0,5 Durée ventilation mécanique (jours) 4 (0,5-68) 1 (0,5-14) 0,084 Durée de réanimation (jours) 6 (1-68) 4 (1-16) 0,038 Durée d’hospitalisation (jours) 20 (7-68) 13 (6-74) 0,169 Complication postopératoire 5 (45,5) 5 (45,5) 0,83 VAVG : valve atrioventriculaire gauche   3.3.2. Évolution postopératoire à moyen terme Le suivi moyen était de 31,2 mois (3-90,2) pour le groupe 1 et 34,2 mois (4,2-84,9) pour le groupe 2. La mortalité postopératoire était de 18,2 % dans le groupe 1 versus 0 % dans le groupe 2 (p < 0,0001). Sur les 2 patients décédés, on retrouve 1 décès à 3 mois postopératoire dans un contexte de dysfonction ventriculaire gauche (patient 11) [tableau 4] et 1 décès à 1 an postopératoire, suite à une thrombose de valve tricuspide chez une patiente ayant bénéficié d’une implantation de valve biologique tricuspide en position supra-annulaire pour fuite sévère de la VAV droite (patient 7). Tableau 4. Comparaison de l'évolution postopératoire tardive double orifice versus témoins. Double orifice de la VAVG N (%) Groupe témoin N (%)  p Fuite VAVG ≥ modérée 4 (36,4) 4 (36,4) 0,11 Sténose VAVG 1 (9,1) 3 (27,3) 0,004 Stade NYHA > 1 2 (18,2) 0 (0) 0,0001 Traitement postopératoire 7 (63,6) 4 (36,4) 0,39 Réopération 5 (45,5) 3 (27,3) 0,286 Réopération pour fuite VAVG 3 (27,3) 2 (18,2) 0,5 Décès 2 (18,2) 0 (0) 0,0001 VAVG : valve atrioventriculaire gauche Les ETT réalisées à distance retrouvaient : 3 VAVG non fuyantes : 2 dans le groupe 1 et 1 dans le groupe 2 ; 11 fuites minimes : 5 dans le groupe 1 et 6 dans le groupe 2 ; 7 fuites modérées : 3 dans le groupe 1 et 4 dans le groupe 2 ; 1 fuite sévère dans le groupe 1. Une sténose de la VAVG était présente dans 3 cas : 1 cas dans le groupe 1 (gradient moyen à 16 mmHg) et 2 cas dans le groupe 2 (6,5 et 9 mmHg). L’évolution du gradient moyen sur la VAVG est représentée sur la figure 1. Il y avait significativement plus de sténose postopératoire tardive dans le groupe témoin (p = 0,004). [caption id="attachment_3674" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Évolution du gradient moyen de la VAVG (en mmHg) chez les patients présentant une sténose postopératoire immédiate (à gauche) et/ou tardive (à droite).[/caption] La fermeture totale de la cleft n’était pas plus à risque de sténose chez les patients présentant un double orifice : sur 7 patients ayant eu une fermeture totale de la cleft, seul un présentait une sténose postopératoire immédiate contre ¼ dans le sous-groupe non-fermeture ou fermeture partielle (p = 0,035). Cette tendance se confirme à long terme, où aucun des patients ayant eu une fermeture totale de cleft n’a eu de sténose. Par contre, il y avait davantage de fuite significative en cas de fermeture partielle ou de non-fermeture de la cleft (75 % versus 28,6 % ; p = NS) [tableaux 5 et 6]. Dans le groupe 1 double orifice, les patients atteints de trisomie 21 développaient statistiquement moins de sténose mitrale en postopératoire (p = 0,007) et présentaient moins d’insuffisance de la VAVG (p = NS) [tableau 7]. Tableau 5 : Analyse en sous groupe (double orifice n=11) : effet de la fermeture complète de la cleft sur la sténose et la fuite de la VAVG en post opératoire immédiat Fermeture totale de la cleft p OUI n (%) NON n (%) Sténose de la VAVG 0,035      OUI 1 (14,3) 1 (25)      NON 6 (85,7) 3 (75) Fuite de la VAVG ≥ modérée 0,24      OUI 2 (28,6) 3 (75)      NON 5 (71,4) 1 (25) VAVG : valve atrioventriculaire gauche   Tableau 6 : Analyse en sous groupe (double orifice n=11) : effet de la fermeture complète de la cleft sur la sténose en post opératoire tardif Fermeture totale de la cleft p OUI n (%) NON n (%) Sténose de la VAVG 0,012      OUI 0 (0) 1 (25)      NON 7 (100) 3 (75) VAVG : valve atrioventriculaire gauche Tableau 7 : analyse de l'évolution post opératoire tardive des patients trisomique 21 dans le groupe double orifice Trisomie 21 p OUI n (%)   NON n (%) Sténose de la VAVG 0,007      OUI 0 (0) 1 (12,5)      NON 3 (100) 7 (87,5) Fuite de la VAVG ≥ modérée 0,366      OUI 0 (0) 4 (50)      NON 3 (100) 4 (50) VAVG : valve atrioventriculaire gauche   3.4. Réopération Cinq patients (45,5 %) ayant un double orifice ont bénéficié de 7 reprises chirurgicales. Le délai moyen entre la réparation chirurgicale et la première réintervention était de 3 mois (0,26-77,48). La courbe de survie sans événement (décès ou réintervention sur la VAVG) est visible en figure 2. L’indication de réintervention sur la VAVG était, dans chaque cas, pour fuite sévère. On compte 3 reprises pour plastie de la VAVG dans le groupe 1 et 2 dans le groupe 2 (p = 0,5). Aucune reprise pour sténose de la VAVG n’a été indiquée à ce jour. Les caractéristiques des patients réopérés dans le groupe double orifice sont résumées dans le tableau 8.   [caption id="attachment_3677" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Survie sans événement (décès et réopération sur la valve atrioventriculaire gauche).[/caption] Tableau 8. Caractéristiques des patients ayant nécessité une ou plusieurs réintervention(s). CAV : canal atrioventrivulaire ; CIA : communication atrioventrioventriculaire ; VAVG : valve atrioventriculaire gauche ; VAVD : valve atrioventriculaire droite ; BAV : bloc auriculoventriculaire ; RVT : remplacement valvulaire tricuspide.   4. Discussion La présence d’un double orifice sur la valve atrioventriculaire gauche est une malformation rare. Elle peut s’associer à d’autres anomalies cardiaques, la plus fréquente étant le CAV. Dans ce cadre, la présence d’une anomalie sur la VAVG et, plus précisément un double orifice, est un facteur de risque de mortalité et de réintervention [9].   4.1. Double orifice de la VAVG : facteur de risque La présence d’un double orifice de la VAVG est clairement un facteur de gravité. Dans notre étude, 3 patients avec un CAV complet étaient dans un état clinique instables en préopératoire avec une insuffisance cardiaque sévère ayant nécessité une ventilation mécanique, voire un traitement aminergique. Ainsi, dans notre population de CAV complet avec double orifice, l’âge à l’intervention est abaissé avec un âge médian à 2,7 mois, en comparaison avec la population globale de CAV complet [10]. Outre ces critères de gravité préopératoire, ces enfants ont des suites plus défavorables. La durée de réanimation est significativement plus élevée dans le groupe double orifice que dans le groupe témoin apparié sur l’âge, le poids et le type de CAV. De même pour la mortalité, qui atteint 18,2 % contre 0 % dans le groupe témoin. Cette surmortalité est également retrouvée dans de nombreuses études qui montrent un taux de décès postopératoire allant de 20 et 50 % selon les équipes [2,11]. À l’inverse, Hoohenkerk et Ando concluent à l’absence de surmortalité en cas de double orifice [9,13]. Concernant l’évolution à moyen terme, le risque de réintervention global et de reprise chirurgicale de la VAVG est lui aussi plus élevé en cas de double orifice [12,13]. Cette différence n’est pas significative dans notre étude, probablement du fait d’un faible effectif. La principale indication de réintervention est une VAVG régurgitante. La fuite se situe dans la majorité des cas au niveau de la cleft, et le facteur de risque reconnu est l’absence de fermeture de celle-ci ou sa fermeture partielle [11-13].   4.2. Technique de plastie de la VAVG et évolution La compétence de la VAVG avec double orifice est variable. Elle peut être le siège d’une fuite, en général sur l’orifice principal, dont l’intensité peut aller de triviale à sévère. L’orifice accessoire, lui, est plus souvent continent ou peu fuyant [2,13]. En conséquence, les techniques opératoires proposées sont multiples. La réparation de la VAVG va de l’abstention (valve peu ou pas fuyante avec appareil sous-valvulaire peu favorable) à une plastie simple ou complexe. Le management de l’orifice accessoire est encore controversé. La majorité des équipes le laissent intact s’il est compétent, limitant ainsi le risque de sténose postopératoire [12-14]. Par contre, la création d’un orifice unique par section du pont fibreux est largement reconnue comme pourvoyeuse de fuite sévère et à fort risque de mortalité, et doit donc être évitée [12-14]. La non-fermeture de la cleft dans les CAV est un facteur de risque de mortalité, de progression d’insuffisance de la VAVG et de réintervention, retrouvé dans diverses études [12,14]. La majorité des équipes a tendance à laisser plus fréquemment la cleft ouverte en cas de double orifice de la VAVG, du fait du risque de sténose qu’une fermeture pourrait engendrer. Ainsi, la préférence irait plus vers une fuite résiduelle que vers une sténose. Or, à ce jour, aucune étude n’a démontré que la fermeture totale de la cleft était associée à un risque de sténose postopératoire. L’équipe de la Mayo Clinic [15] et Hoohenkerk [13] prônent la fermeture totale de la cleft dès que l’anatomie sous-valvulaire le permet (absence de pilier unique ou valve murale dysplasique), sans que cela soit associé à une majoration du risque sténotique. Ceci est en accord avec nos résultats mais dans toutes les études, l’effectif n’est pas assez important pour le démontrer. À l’instar de ces études, Macé [16] montre que la création d’un double orifice associée à la fermeture de la cleft n’est pas à risque de sténose. Cependant, au-delà de la taille du composant mural, l’appareil sous-valvulaire doit être bien analysé, comme la taille des piliers et la longueur des cordages.   4.3. Perspective d’amélioration Notre série rapporte un taux de mortalité et de réintervention non négligeable. Cela peut s’expliquer autant par le sur-risque que présente le double orifice de la VAVG que par le jeune âge à l’intervention de certains des patients. En effet, les 2 patients décédés ont été opérés avant 2,5 mois de vie. Si d’une manière générale, la tendance actuelle est vers une réparation précoce des CAV avant l’âge de 6 mois, il existe peu d’études sur les patients opérés entre 1 et 3 mois. Certaines études montrent qu’un poids < 3,5 kg et un âge < 2,5 mois sont associés à un risque de décès intrahospitalier, une augmentation de la durée de ventilation mécanique et de la durée de séjour, ainsi qu’à une augmentation du taux de complication [10]. Cela s’explique d’une part du fait de l’état clinique plus grave de ces patients, mais aussi par la fragilité des tissus valvulaires. Ainsi, chez les patients en grande insuffisance cardiaque, la réparation précoce n’est pas toujours idéale. Un moyen de différer la réparation chirurgicale chez ces patients à risque serait de réaliser un cerclage du tronc de l’artère pulmonaire. Cela permet d’améliorer l’état clinque du patient avant la correction chirurgicale, limiter la morbimortalité liée au petit poids, au jeune âge et à l’HTAP. Cependant, le cerclage ne peut être réalisé qu’en cas de VAV peu fuyante afin qu’il ne devienne pas délétère. Plus récemment, Corno [17] a démontré l’intérêt du cerclage ajustable chez des nourrissons ayant une anatomie non favorable ou avec des comorbidités associées. Nakano [12] montre qu’il y a moins de fermeture de la cleft réalisée chez les patients opérés avant l’âge de 1 an. Cela sous-tend aussi l’idée du bénéfice d’attendre, afin de réaliser une plastie la plus complète possible. À l’opposé, Makoto [9] ne retrouve pas de bénéfice au cerclage préopératoire, mais la population est plus âgée, avec un âge moyen à l’intervention de 7,1 mois. Ainsi, le cerclage devrait, dans ces cas difficiles et à risque du fait du double orifice, être envisagé chez des patients sélectionnés. Le deuxième enjeu dans la prise en charge de ces patients est d’améliorer le taux de réintervention à moyen terme. Comme dans les CAV classiques, la principale indication est la fuite résiduelle de la VAVG. La réparation de la VAVG doit donc être optimisée. En préférant garder une fuite devant le potentiel risque de sténose, on s’expose au risque de majoration des lésions. En effet, la fuite de la VAVG va exacerber la surcharge de volume du ventricule gauche, conduisant à une dilatation progressive de l’anneau. Il y a donc augmentation de la fuite par défaut de coaptation et altération de la fonction ventriculaire gauche. Le risque de reprise chirurgicale est donc augmenté, d’autant que les forces de traction vont s’exercer sur la cleft, pouvant amener à une déchirure secondaire. L’équipe de Boston de Padala [18] a proposé un modèle in vitro recréant une anatomie de VAVG de CAV. L’effet de la fermeture de la cleft, de la dilatation ou de la réduction de l’anneau a été testé. Ainsi, il conclut que la dilatation de l’anneau a un rôle significatif dans l’évolution de la fuite, d’autant plus si la cleft n’est que partiellement fermée. Le sous-taillage de l’anneau lors de la réparation présenterait 3 avantages : la diminution de la dilatation valvulaire, l’augmentation de la coaptation et la restauration de la compétence valvulaire. Ainsi, cette stratégie améliorerait la morbidité et diminuerait le taux de réintervention. L’analyse de Alghamdi et Caldarone [19] sur la plastie mitrale conclut qu’une sténose mitrale modérée est préférable à une fuite, même minime. Physiologiquement, si on se réfère au nomogramme de Rowlatt [20], l’évolution du diamètre théorique de la valve mitrale n’est pas proportionnelle à la surface corporelle. Le débit cardiaque indexé à la surface corporelle diminue avec l’âge. On peut donc supposer qu’une sténose modérée générée lors de la réparation biventriculaire ne se majorera pas avec le temps, voire même aurait tendance à régresser. De même, on remarque que les patients ayant bénéficié d’une plastie selon Alfieri ont des gradients stables avec le temps, révélant un potentiel de croissance [16]. Ainsi, si on transpose cela au double orifice, il serait intéressant d’évaluer le bénéfice d’une plastie plus agressive, quitte à réduire l’aire de l’orifice effectif de la VAVG.    4.4. Avantages et limites de l’étude Le principal inconvénient de cette étude est son caractère rétrospectif et monocentrique. L’étude rétrospective expose au risque de données manquantes. Puisque le double orifice de la VAVG dans le CAV est une anomalie rare, il est difficile d’obtenir un nombre de patients suffisant pour réaliser une analyse adéquate. De plus, une étude prospective nécessiterait une durée d’inclusion très longue. Une étude pluricentrique serait donc un moyen d’améliorer la puissance de l’étude. L’appariement sur l’âge, le poids et le type de CAV est un réel avantage permettant d’analyser spécifiquement l’effet de la présence du double orifice. Afin de diminuer la variabilité interindividuelle inhérente au caractère opérateur dépendant de l’échographie, toutes les échocardiographies ont été relues par le même cardiologue. Cela a permis une meilleure reproductibilité des mesures.   5. Conclusion La présence d’un double orifice de la VAVG est un facteur de risque de mortalité et de réintervention. La crainte de sténose post-plastie conduit à un risque de fuite de la VAVG. La fermeture totale de la cleft est un facteur permettant de limiter l’évolution vers une fuite de la VAVG, sans risque de sténose. L’utilisation de techniques de plastie plus agressive serait un autre moyen d’améliorer les suites, quitte à induire une légère sténose.   Références Trowitzsch E, Bano-Rodrigo A, Burger BM, Colan SD, Sanders SP. 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The Quantitative Anatomy of Cyanotic Tetralogyof Fallot. Circulation 1964 Oct;30:531–8. https://doi.org/10.1161/01.CIR.30.4.531 PMid:14211814 Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Cet article est issu d’un mémoire de DESC. Date de soumission : 02/10/2016. Acceptation : 23/03/2017. Pré-publication : 05/04/2017.  
juin 2, 2017
Chirurgie cardiaque congénitale et pédiatrique · Vol. 21 Abstracts 2017

P-12 – Remplacement pulmonaire après réparation de la tétralogie de Fallot chez les enfants de moins de 16 ans

Carine Pavy, Olivier Ghez, Alain Fraisse Service de chirurgie cardio-pédiatrique, Royal Brompton Hospital, Londres, Royaume-Uni   Objectif : Étudier le devenir des remplacements de la voie pulmonaire chez les patients de moins de 16 ans ayant eu une réparation de tétralogie de Fallot. Méthode : Il s’agit d’une étude monocentrique rétrospective de janvier 2000 à juillet 2017 où nous avons inclu tous les patients de moins de 16 ans ayant eu un remplacement valvulaire de la voie pulmonaire soit par une homogreffe aortique (groupe Ao) soit une homogreffe pulmonaire (groupe AP) après réparation d’une tétralogie de Fallot. Résultat : Au total, 37 patients ont été inclus, 21 dans le groupe Ao et 16 dans le groupe AP. La moyenne d’âge de réparation de tétralogie de Fallot était de 1 + 2,1ans. Le groupe AP a eu sa mise en place d’homogreffe à un âge moindre (5 + 3,7 ans) que le groupe Ao (9,16 + 3,2 ans ; p = 0,0019) avec respectivement une taille plus petite (groupe AP : 19,9 + 2,9 mm ; groupe Ao : 21,2 + 2,8mm ; p = 0,0977). Le suivi moyen à long terme a été de 8,3 + 4,4 ans, sans décès. Au total, il y a eu 5 (13 %) réinterventions après remplacement valvulaire pulmonaire, 2 (9,5 %) pour sténose de l’homogreffe et une (4,7 %) pour endocardite dans le groupe Ao ; contre 2 (11,7 %) pour sténose de l’homogreffe dans le groupe AP. Parmi ces réinterventions, il y a eu un remplacement par tube de Hancock, 3 valves biologiques prothétiques, et une mise en place d’une Melody. La durée de vie moyenne de l’homogreffe pulmonaire était plus longue (9,6 + 0,7 ans) que l’homogreffe aortique (6,2 + 3,1 ans) mais de manière non significative (p = 0,0959). La plus petite durée de vie de l’homogreffe aortique était de 3 ans contre 9 ans pour l’homogreffe pulmonaire. Conclusion : Le taux de reprise des homogreffes reste faible à 8 ans, que ce soit pour les homogreffes pulmonaires ou aortiques avec une tendance à une longévité plus longue pour les homogreffes pulmonaires.     Pulmonary valve replacement under 16 year-old after tetralogy of Fallot repair   Objectives: To study the fate of pulmonary valve replacements in patients under 16 year-old who underwent Tetralogy of Fallot repair. Methods: It is a retrospective monocentric study from January 2000 to July 2017 where all patients under 16 year-old who had a complete repair of Tetralogy of Fallot underwent a pulmonary valvar replacement either by an aortic homograft (Ao group) or by a pulmonary homograft (PA group). Results: A total of 37 patients were included, 21 in the Ao group and 16 in the PA group. The average age of Tetralogy of Fallot repair was 1+2.1 years. The PA group had its homograft implantation at an earlier age (5+3.7 years) than the Ao group (9.16±3.2 years, p=0.0019), with respectively smaller size (PA group: 19.9+2.9 mm, Ao group: 21.2+2.8 mm, p=0.0977). The average long-term follow-up was 8.3+4.4 years, without any deaths. In total, there were 5 (13%) re-interventions after pulmonary valve replacement, 2 (9.5%) for homograft stenosis and one (4.7%) for endocarditis in group Ao; compared with 2 (11.7%) for homograft stenosis in the PA group. Among these re-interventions, there were one Hancock tube, 3 prosthetic biological valves replacements, and a Melody implantation. The mean lifespan of the pulmonary homograft was longer (9.6±0.7 years) than the aortic homograft (6.2±3.1 years) but not significantly (p=0.0959). The shortest lifespan of the aortic homograft was 3 years compared with 9 years for the pulmonary homograft. Conclusion: The homograft re-replacement operations rate remains low at 8 years for both pulmonary and aortic homografts with a longer longevity trend for pulmonary homografts   Séance : Congénital - France Angleterre - vendredi 9 juin - 15:30-17:00
mai 24, 2017
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P-11 – ECMO pédiatrique en France et au Royaume-Uni

Amandine Martin, Nicola Viola, Vanessa Stanley, Hélène Foulgoc, Erwan Flécher, Jean-Philippe Verhoye, Bernard Kreitmann, François Roubertie Service de chirurgie cardiovasculaire, CHU Haut-Lévêque, Pessac Chirurgie thoracique et cardiovasculaire, CHU Pontchaillou, Rennes Wessex Cardiac Center, Southampton University Hospital, Southampton, Royaume-Uni Service de réanimation des cardiopathies congénitales, CHU Haut-Lévêque, Pessac   Objectif : Analyser les différences d’activité et d’utilisation de l’ECMO (Extracorporeal Membrane Oxygenation) pédiatrique entre un centre français et britannique. Méthode : Étude rétrospective des ECMO réalisées (< 18 ans) entre 2010 et 2016 dans 2 centres tertiaires français (FR) et britannique (GB), avec un bassin de population comparable. Résultat : 102 patients (FR = 53, GB = 49) ont eu 109 ECMO (FR = 59, GB = 50), dont 5 second runs (FR = 4, GB = 1, ns) et 2 changements de type d’assistance (FR = 2, GB = 0, ns). Les patients anglais étaient plus jeunes (âge médian GB = 30 j [0-13,6 ans] vs FR = 190 j [0-17 ans], p = 0,005). Les indications d’ECMO étaient l’arrêt cardiaque (GB = 38 %, FR = 12 %), les difficultés de sevrage de CEC (GB = 20 %, FR = 36 %), le bas débit cardiaque (GB = 28 %, FR = 25 %) et la détresse respiratoire aiguë (GB = 14 %, FR = 27 %) (p = 0,006). Les causes retenues étaient : une défaillance post-cardiotomie immédiate (FR = 43 %, GB = 22 %) ou différée (FR = 15 %, GB = 34 %), une défaillance cardiaque hors chirurgie (FR = 20 %, GB = 28 %), une étiologie respiratoire (FR = 20 %, GB = 16 %) ou un choc septique (FR = 2 %, GB = 0 %) (p = 0,04). Les types d’assistance étaient : GB = 49 artério-veineuses et 1 veino-veineuse ; FR = 42 artério-veineuses, 10 veino-veineuses et 7 gauche-gauches (p < 0,001). Une décharge gauche était utilisée pour 31 % cas (GB) vs 21 % (FR) (ns). Les durées médianes d’assistance étaient GB = 4,08 j (0,25 j-21 j) et FR = 4,54 j (0,08 j-18 j) (p = 0,68), avec un taux d’accidents neurologiques respectif de 28 % et 32 % (ns). Le taux de sevrage d’ECMO et la survie hospitalière étaient de respectivement 64 % et 52 % (FR) vs 67 % et 45 % (GB) (ns). Conclusion : L’usage de l’ECMO dans ces centres diffère sur plusieurs aspects avec des résultats cependant proches, montrant la cohérence interne de chaque système.     Pediatric EMO in France and United Kingdom   Objectives: Analysing differences of activity and uses in pediatric ECMO (extracorporeal membrane oxygenation) between a French and a British centre. Methods: This retrospective study included patients under 18 which underwent ECMO between 2010 and 2016 in a French (FR) centre and a British (GB), both tertiary hospitals with similar population pool. Results: 102 patients (FR=53, GB=49) had 109 ECMO (FR=59, GB=50), included 5 second runs (FR=4, GB=1, ns) and 2 ECMO switchs (FR=2, GB=0, ns). British patients were younger (median age GB=30D [0-13.6Y] vs FR=190D [0-17Y], p=0.005). ECMO indications were cardiac arrest (GB=38%, FR=12%), failure to separate from cardiopulmonary bypass (GB=20%, FR=36%), low cardiac output (GB=28%, FR=25%), acute respiratory distress (GB=14%, FR=27%)(p=0.006). Etiologies were immediate (FR=43%, GB=22%) or delayed (FR=15%, GB=34%) postcardiotomy failure, non surgical heart failure (FR=20%, GB=28%), respiratory cause (FR=20%, GB=16%) and septic shock (FR=2%, GB=0%) (p=0.04). Types of ECMO were : GB=49 veno-arterials and 1 veno-venous ; FR=42 veno-arterials, 10 veno-venous and 9 left mechanical support (p<0.001). Left venting was established for 31% patients (GB) vs 21% (FR) (ns). Median durations of ECMO were GB=4.08D (0.25D-21D) and FR=4.54D (0.08D-18D) (p=0.68), with neurological incidents level of 28% and 32% respectively. Rate of withdrawal ECMO and hospital survival were respectively 64% and 52% (FR) vs 67% and 45% (GB) (ns). Conclusion: Many points differentiate ECMO in these two centres, however, outcomes are similar that demonstrates an internal consistency.   Séance : Congénital - France Angleterre - vendredi 9 juin - 15:30-17:00
mai 24, 2017
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P-10 – Résultats à court terme des procédures de shunt systémique-pulmonaire chez les patients pédiatriques : expérience d’un centre tertiaire

Olivier Ghez, Margarita Bartsota, Precylia Fernandes, Rajarshi Pal, Anke Furck, Michael L. Rigby, Guido Michielon, Imran Saeed, Zdenek Slavik Royal Brompton Hospital, Londres, Royaume-Uni   Objectif : Les shunts d’artère systémique à pulmonaire sont des interventions chirurgicales palliatives initiales dans une grande variété de défauts cardiaques congénitaux avec une physiologie biventriculaire (BV) ou univentriculaire (UV). La morbidité et la mortalité associées à ces procédures ne sont pas négligeables et elles varient considérablement selon les institutions et les bases de données examinées. Méthode : Entre janvier 2011 et décembre 2015, 101 patients (53 hommes, 53 %) ont subi 125 opérations de shunt systémique-pulmonaire dans un centre cardiaque pédiatrique tertiaire. Nous avons évalué la mortalité et la morbidité postopératoires précoces et identifié les facteurs de risque qui influent sur les résultats. Résultat : Cinquante-sept patients (56 %) avaient une physiologie BV et 44 (44 %) une physiologie UV. Quarante-sept patients (46 %) avaient exclusivement un flux sanguin pulmonaire dépendant du shunt et 54 (54 %) avaient une alimentation sanguine pulmonaire supplémentaire. L’âge médian à l’opération était de 64 jours (1- 2623 jours) et le poids médian était de 4,3 kg (1,6 - 18,7 kg). La taille médiane du shunt était de 4 mm (3 à 5 mm) et la durée médiane de séjour postopératoire à l’unité de soins intensifs (UCI) était de 5 jours (de 1 à 164 jours). Il y avait 8 (7,9 %) décès hospitaliers ; 1 (1,7 %) décès dans le groupe BV et 7 (15,9 %) décès dans le groupe UV. Il y avait 2 (3,7 %) décès dans le groupe avec l’écoulement pulmonaire additionnel et 6 (12,8 %) décès dans les patients exclusivement shunt-dépendants. Seulement 2 (1,9 %) patients ont développé une entérocolite nécrosante postopératoire (tant dans le groupe UV que dans le groupe dépendant du shunt). Le coefficient de corrélation de Spearman entre l’âge au moment de l’insertion du shunt ou le poids au moment du shunt et la durée du séjour à l’unité de soins intensifs était de -0,25 et -0,27, respectivement. Conclusion : La mortalité à court terme après un shunt systémique-pulmonaire était nettement plus faible chez les patients souffrant de physiologie biventriculaire et/ou de source pulmonaire supplémentaire dans notre établissement. Des facteurs dépendants du patient autres que l’impact de la perméabilité du shunt précoce ont une influence sur la mortalité postopératoire précoce dans notre série. Ces résultats serviront de point de repère pour les procédures d’endoprothèses canalaires actuellement utilisées.     Short term outcome of systemic-to-pulmonary artery shunt procedures in paediatric patients: single tertiary centre contemporary experience   Objectives: Systemic-to-pulmonary artery shunts are initial palliative surgical procedures in wide variety of congenital heart defects with biventricular (BV) or univentricular (UV) physiology. Morbidity and mortality associated with these procedures are not insignificant and they vary widely among institutions and databases reviewed. Methods: Between January 2011 and December 2015, 101 patients (53 males, 53%) underwent 125 systemic-to-pulmonary artery shunt operations in tertiary paediatric cardiac centre. We assessed early post-operative mortality and morbidity and identified risk factors that influence outcome. Results: Fifty-seven patients (56%) had BV physiology and 44 (44%) with UV physiology. Forty-seven patients (46%) had exclusively shunt-dependent pulmonary blood flow and 54 (54%) had additional pulmonary blood supply. Median age at operation was 64 days (1 2623 days) and median weight 4.3 kg (1.6-18.7 kg). Median size of the shunt was 4mm (3-5 mm) and median post-operative length of stay in the intensive care unit (ICU) was 5 days (range: 1-164 days). There were 8 (7.9%) in-hospital deaths; 1 (1.7%) death in the BV group and 7 (15.9%) deaths in the UV group. There were 2 (3.7%) deaths in group with additional pulmonary flow and 6 (12.8%) deaths in exclusively shunt-dependent patients. Only 2 (1.9%) patients developed necrotising enterocolitis post-operatively (both in the UV and shunt-dependent group). Spearman’s correlation coefficient between age at the time of shunt insertion or weight at the time of shunt and length of stay in ICU was -0.25 and -0.27, respectively. Conclusion: Short-term mortality following systemic-to-pulmonary artery shunt was markedly lower in patients with biventricular physiology and/or additional pulmonary flow source in our institution. Patient dependent factors other than early shunt patency impact on early postoperative mortality in our series. These findings will serve as a benchmark for currently used transcatheter ductal stenting procedures.   Séance : Congénital - France Angleterre - vendredi 9 juin - 15:30-17:00
mai 24, 2017
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P-09 – Précision de la TDM pour la détection des sténoses des grands vaisseaux avant une connexion cavopulmonaire supérieure

Olivier Ghez, Laura Vazquez-Garcia, Monther Obeidat, Winston Banya, Giovanni di Salvo, Guido Michielon, Elly Castellano, Michael Rubens, Tom Semple, Ed Nicol, Zdenek Slavik, Michael L. Rigby, Alain Fraisse, Sylvia Krupickova Royal Brompton Hospital, Londres, Royaume-Uni   Objectif : Étudier l’exactitude diagnostique et la sécurité de la tomodensitométrie (TDM) dans l’évaluation des sténoses/hypoplasies des gros vaisseaux avant une connexion cavopulmonaire bidirectionnelle supérieure (DCPS) par rapport au cathétérisme cardiaque et aux résultats chirurgicaux. Méthode : Vingt-sept patients (37 % après l’intervention de Norwood) ont subi une TDM avant la DCPS (16 patients ont également eu un cathétérisme) entre janvier 2010 et juin 2016. Résultat : Au moment de la DCPS, l’âge médian était de 229 jours et le poids médian 8,3 kg. Les artères pulmonaires proximales et distales, l’isthme aortique et l’aorte abdominale ont été mesurés. Neuf artères pulmonaires droites et 11 gauches ont été agrandies au moment de la chirurgie. La précision de la TDM dans la détection de la sténose/hypoplasie des artères pulmonaires était de 99,7 %. Aucune coarctation de l’aorte n’a été détectée par la tomodensitométrie et aucune évaluation formelle lors de la chirurgie n’a été effectuée. Pour les mesures absolues des vaisseaux et leurs Z scores, il existait une excellente concordance entre la tomodensitométrie et le cathétérisme (r = 0,98 pour les deux), un biais très faible (0,71 mm, 0,48, respectivement) et des limites d’accord cliniquement acceptables (- 0,9 à + 2,3 mm, - 0,7 à + 1,7 respectivement). Les patients ont reçu une dose de rayonnement significativement plus élevée à la cathétérisation que la tomodensitométrie (médiane 2,7 mSv, IQR 1.7,3.6 contre 1,2 mSv médiane, IQR 1.0,1.9 ; p < 0,040). Quatre patients (25 %) ont souffert de complications mineures par cathétérisme et aucun suite à une tomodensitométrie. Aucune sédation n’a été nécessaire pour un TDM. Conclusion : La TDM peut remplacer le cathétérisme cardiaque pour l’identification des sténoses/hypoplasies des gros vaisseaux avant DCPS quand il n’y a aucune preuve de la necessité d’une intervention par cathéterisme avant la chirurgie. La TDM nécessite moins de rayonnement, porte moins de morbidité et peut être effectuée sans sédation.     Accuracy of computed tomography for detecting great vessel stenosis prior to superior bidirectional cavopulmonary connection   Objectives: To investigate the diagnostic accuracy and safety of computed tomography (CT) in assessing great vessel stenosis/hypoplasia prior to superior bidirectional cavopulmonary connection (BCPC) compared with cardiac catheterisation and surgical findings. Methods: Twenty-seven patients (37% after Norwood operation) underwent CT prior to BCPC (16 patients also had catheterisation) between January 2010 and June 2016. Results: At the time of BCPC, median age was 229 days and median weight 8.3kg. Proximal and distal pulmonary arteries, aortic isthmus and abdominal aorta were measured. Nine right and 11 left pulmonary arteries were enlarged at the time of surgery. The accuracy of CT in detecting stenosis/hypoplasia of either pulmonary artery was 99.7%. No coarctation of aorta was detected by CT and formal assessment at surgery was not made. For absolute vessel measurements and their Z-scores, there was excellent agreement between CT and catheterisation (r=0.98 for both), very low bias (0.71mm, 0.48; respectively), and clinically acceptable limits of agreement (-0.9 to +2.3mm, -0.7 to +1.7; respectively). Patients received significantly higher radiation dose at catheterisation than CT (median 2.7mSv, IQR 1.7,3.6 versus median 1.2mSv, IQR 1.0,1.9; respectively; p<0.040). Four patients (25%) suffered minor complications from catheterisation and there were no complications from CT. No sedation was required for any CT. Conclusion: CT can replace cardiac catheterisation for identification of great vessel stenosis/hypoplasia before BCPC when there is no suspicion of the requirement for intervention prior to surgery. CT requires less radiation, carries less morbidity and can be performed without sedation.   Séance : Congénital - France Angleterre - vendredi 9 juin - 15:30-17:00
mai 24, 2017
Chirurgie cardiaque congénitale et pédiatrique · Vol. 21 Abstracts 2017

P-08 – Indications et résultats de la chirurgie de la tétralogie de Fallot et des agénésies pulmonaires au Sénégal : à propos de 40 cas

Momar Sokhna Diop, Amadou Gabriel Ciss, Pape Adama Dieng, Papa Salmane Ba, Souleymane Diatta, Magaye Gaye, Ndeye F. Sow, Pape Amath Diagne, Mouhamadou N’Diaye Service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire, CHU de Fann, Dakar, Sénégal   Objectif : Préciser les indications de la tétralogie de Fallot et étudier les résultats de la chirurgie. Méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective et descriptive sur une période allant d’octobre 2004 à décembre 2012 (8 ans) portant sur 40 malades opérés pour tétralogie de Fallot. Résultat : L’âge moyen au moment de l’intervention était de 7 ans (11 mois-18 ans). La prédominance était masculine (26 garçons pour 14 filles) avec un sex ratio de 1,9. Le délai moyen de consultation était de 20 mois. La cure complète était réalisée chez 36 patients (90 %) et une anastomose systémico-pulmonaire type Blalock chez 10 %. La voie d’abord était une sternotomie médiane chez tous les patients. La cardioplégie était sanguine dans 72 % des cas et cristalloïde dans 25 % des cas. Le gradient moyen entre le ventricule droit (VD) et l’artère pulmonaire (AP) après la cure était de 16 mmHg (3-30 mmHg). La durée moyenne de la CEC était de 114 minutes (49-276 minutes). La durée moyenne du clampage aortique était de 65 minutes (32-123 minutes). La mortalité globale était de 22,5 %. La mortalité opératoire était nulle. La mortalité postopératoire était de 22,5 % (n = 9) chez les patients ayant bénéficié d’une cure complète. On notait un cas de mortalité tardive (2,5 %). La durée moyenne du suivi était de 49 mois ± 29,44 (9-92 mois). Conclusion : La mortalité postopératoire reste élevée après cure complète. L’amélioration des résultats passe par une chirurgie précoce et une meilleure prise en charge en soins intensifs.     Indications and results of tetralogy of Fallot and pulmonary agenesia surgery in Senegal: about 40 cases   Objectives: To make clear surgical indications and outcomes of surgery for tetralogy of Fallot in a population of children aged 7 years on average. Methods: This is a retrospective and descriptive study over a period from October 2004 to December 2012 (8 years) involving 40 patients operated for tetralogy of Fallot. Results: The mean age at surgery was 7 years [11 months - 18 years]. The prevalence was male [26 boys 14 girls] with a sex ratio of 1.9. The mean time to consultation was 20 months. The complete cure was achieved in 36 patients (90%) and systemic-pulmonary anastomosis kind Blalock in 10%. The incision was a median sternotomy in all patients. The average gradient between the right ventricle (RV) and pulmonary artery (PA) after the treatment was 16 mm Hg [3-30 mmHg]. Overall mortality was 22.5%. The operative mortality was zero. Postoperative mortality was 22.5% (n=9) in patients who received a full course. We noted one case of late mortality (2.5%). The average follow-up was 49 months ±29.44 [9-92 months]. Conclusion: Postoperative mortality remains high after complete cure. Improving outcomes should be done through early surgery and better care.   Séance : Communications libres congénital - vendredi 9 juin - 08:00-10:00
mai 24, 2017