A la une · Pédagogie · Vol. 23 Décembre 2019

Myasthénie non thymomateuse : place de la thymectomie

Pascal Alexandre Thomas1,2*, Ilies Bouabdallah1, Bruno Pastène3, Delphine Trousse1, Shahram Attarian4, Xavier Benoît D’Journo1,2     Service de chirurgie thoracique, hôpital Nord, Aix-Marseille université et Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, Marseille. Laboratoire d’oncologie prédictive, centre de recherche en cancérologie de Marseille, Inserm UMR1068, CNRS UMR7258, Aix-Marseille université UM105, Marseille. Département d’anesthésie-réanimation, hôpital Nord, Aix-Marseille université et Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, Marseille. Centre de référence des maladies neuromusculaires et de la SLA, hôpital de la Timone, Aix-Marseille université & Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, Marseille.   * Auteur correspondant : pathomas@ap-hm.fr DOI : 10.24399/JCTCV23-4-THO Citation : Thomas PA, Bouabdallah I, Pastène B, Trousse D, Attarian S, D'Journo XB. Myasthénie non thymomateuse : place de la thymectomie. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(4). doi: 10.24399/JCTCV23-4-THO   Formation initiale : pathologies du thymus Formation continue/DPC : orientations prioritaires 2020 à 2022 : > orientation n° 65 : Récupération améliorée après chirurgie (RAAC) thoracique et cardio-vasculaire ; > orientation n° 66 : Amélioration de la qualité des soins délivrés en chirurgie thoracique et cardio-vasculaire avec l'utilisation des techniques mini-invasives 1. Introduction La myasthénie “grave” (myasthenia gravis) non thymomateuse (survenant en dehors du contexte d’un thymome) est une maladie auto-immune rare de la jonction neuromusculaire dont la prévalence est estimée de 0,5 à 12,5 pour 100000 [1]. Elle atteint dans 2/3 des cas une femme âgée de moins de 40 ans, et se manifeste cliniquement par une fatigabilité musculaire, fluctuante et non douloureuse, impliquant des groupes musculaires spécifiques. La myasthénie oculaire est la forme la plus fréquente, la plus précoce dans l’évolution de la maladie, et la plus classique. Elle se caractérise par une ptose asymétrique des paupières et une diplopie binoculaire. Au-delà de ces manifestations oculaires se définit la myasthénie généralisée. Ses formes bulbaires sont les plus graves par leur atteinte oropharyngée qui entraîne des troubles de la déglutition à l’origine de fausses routes respiratoires et celle des muscles respiratoires à l’origine d’asphyxie. L’atteinte prédominante des groupes musculaires proximaux des membres ou du tronc est rarement précoce ou isolée. La gravité des symptômes est évaluée en classes MGFA (Myasthenia Gravis Foundation of America) [tableau 1] et en scores myasthéniques. L’évolution est celle d’une maladie chronique, variable selon les individus, leur âge et l’ancienneté des symptômes, avec parfois de longues périodes de fluctuation de la symptomatologie qui égarent ou retardent le diagnostic. Toutefois, la plupart des patients se présentant initialement avec une forme oculaire développent une myasthénie généralisée dans les trois années suivant l’apparition du premier symptôme. D’une manière générale, la symptomatologie la plus sévère se voit dans les premières années. Des rémissions spontanées ou sous traitement médical seul surviennent dans 20-25% des cas, mais des récidives tardives sont fréquentes.   Tableau 1. Classification MGFA de la sévérité de la myasthénie. Classe I : myasthénie oculaire isolée. Classe II : déficit discret des muscles autres que les muscles oculaires. – IIa : affectant de façon prédominante les muscles des membres ou axiaux. – IIb : affectant de façon prédominante les muscles oropharyngés ou respiratoires. Classe III : déficit modéré des muscles autres que les muscles oculaires. – IIIa : affectant de façon prédominante les muscles des membres ou axiaux. – IIIb : affectant de façon prédominante les muscles oropharyngés ou respiratoires. Classe IV : déficit sévère des muscles autres que les muscles oculaires. – IVa : affectant de façon prédominante les muscles des membres ou axiaux. – IVb : affectant de façon prédominante les muscles oropharyngés ou respiratoires. Classe V : nécessité d’une intubation.   La myasthénie est la conséquence d’une réaction immune à médiation humorale dirigée contre la plaque motrice de la membrane post-synaptique de la jonction neuromusculaire. Elle est en effet associée dans 80% des cas à la présence d’anticorps dirigés principalement contre le récepteur à l’acétylcholine (AChR), ou plus rarement contre d’autres composants de la membrane post-synaptique tels que l’agrine et son récepteur, le complexe MuSK (“muscle specific kinase”)–LRP4 (“lipoprotein-related protein 4”), qui contribuent aussi au maintien de la jonction neuromusculaire et au regroupement des récepteurs de l’acétylcholine. La réaction immunitaire aboutit à la destruction de la membrane post-synaptique de la jonction neuromusculaire [figure 1]. Il existe cependant des formes dites “séronégatives” dont la prévalence relative n’est que de 10-15% [2]. Ces dernières peuvent refléter une sensibilité insuffisante des techniques de détection courantes, ou l’implication d’anticorps beaucoup plus rarement dirigés contre d’autres composants de la membrane post-synaptique [3]. Il convient de même de les distinguer du syndrome myasthénique de Lambert-Eaton qui est aussi une atteinte auto-immune mais présynaptique de la jonction neuromusculaire, liée à la présence d’anticorps anti-canaux calciques voltage-dépendants, survenant le plus souvent dans un contexte paranéoplasique et fréquemment associé à un cancer du poumon à petites cellules [4].   [caption id="attachment_4565" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Physiopathologie de la myasthénie à la jonction neuromusculaire (d’après Gilhus et al. [2]). [/caption] Les anticorps anti-récepteurs à l’acétylcholine (AChR) activent le complément, ce qui entraîne une destruction de la membrane post-synaptique de la jonction neuromusculaire via la production du complexe d’attaque membranaire (MAC). Les anticorps anti-AChR peuvent aussi réticuler les AChR, ce qui aboutit à leur internalisation et dégradation accélérées. Les anticorps anti-muscle specific kinase (MuSK) n’activent pas le complément mais inhibe l’interaction entre MuSK et LRP4 (lipoprotein related protein 4), ce qui perturbe le regroupement des AChR sur la membrane post-synaptique. Le mécanisme d’action des anticorps anti-LRP4 reste méconnu, comme celui des anticorps anti-collagène Q (Col Q). ACh : acétylcholine ; AChE : acétylcholinestérase.   La plupart des patients atteints de formes cliniques peu sévères de myasthénie sont contrôlés efficacement par des médications symptomatiques anticholinesthérasiques et/ou immunosuppressives. Plasmaphérèses et immunoglobulines sont utilisées en cas de maladie instable avec symptômes menaçants. Ces derniers induisent une réponse rapide mais transitoire. Chez les patients non répondeurs aux immunosuppresseurs usuels (stéroïdes, azathioprine, mycophénolate mofétil), ou chez qui les doses nécessaires exposent à des effets secondaires invalidants, des immunomodulateurs plus spécifiques peuvent être utilisés tels que le rituximab qui déplète les cellules B, ou l’eculizumab qui inhibe l’activation du complément [2]. Les formes graves et/ou résistantes aux traitements usuels ne représentent qu’environ 10-30% des patients. L’influence de la thymectomie sur l’histoire naturelle de la maladie a été supposée dès 1911 par Ernst Ferdinand Sauerbruch [5], et rapportée sur une courte série en 1941 par Alfred Blalock [6]. C’est avec la publication en 2016 dans le New England Journal of Medicine des résultats du “Myasthenia Gravis Thymectomy Trial” (MGTX), étude prospective randomisée, que ce rôle a été solidement affirmé [7,8].   2. Thymus et réponse immune Le système immunitaire est un réseau complexe de cellules et molécules “immunocompétentes” dont on distingue schématiquement les éléments thymo-indépendants, supports de l’immunité “innée”, des éléments thymodépendants, supports de l’immunité “adaptative”, mais qui interagissent de façon synergique dans tout réponse immunitaire [9]. L’immunité “innée” constitue le premier rempart de défense et est médiée par les macrophages tissulaires, les polynucléaires et les cellules dendritiques. Elle est mobilisée dès l’exposition antigénique. Une fois activés, macrophages et granulocytes sont à même de contrôler l’exposition antigénique par phagocytose, alors que les cellules dendritiques captent et transforment tout ou partie de l’antigène de façon à en exhiber, en conjonction avec leur complexe majeur d’histocompatibilité ou leurs molécules HLA, les zones qui vont être déterminantes pour la réaction immunitaire (les épitopes) en étant reconnues par la partie variable d’un anticorps ou d’un récepteur membranaire des lymphocytes (les paratopes). Cette “présentation de l’antigène” par les cellules dendritiques permet d’amorcer l’immunité “adaptative”. L’immunité adaptive est supportée par les lymphocytes T et B qui reconnaissent de façon spécifique certains antigènes, entraînant ainsi la production d’effecteurs, anticorps et cytokines, dont ceux procurant une mémoire immunologique sur le long terme. Les lymphocytes B et T dérivent de cellules progénitrices médullaires. Alors que les progéniteurs B maturent au niveau de la moelle osseuse, les cellules T immatures (thymocytes) se différencient dans la glande thymique. Le thymus permet en conditions physiologiques l’établissement de la tolérance centrale au soi par les interactions entre les cellules stromales thymiques (cellules épithéliales et mésenchymateuses) exprimant les antigènes du soi et les lymphocytes T en développement conduisant à l’élimination des cellules T autoréactives et à la différenciation des lymphocytes T tolérants au soi avant leur migration en périphérie.   3. Thymus et myasthénie L’existence d’une hyperplasie lymphofolliculaire est fréquente chez les patients myasthéniques [figure 2]. Elle traduit un développement anormal de centres germinatifs thymiques (sites de la prolifération et de la maturation des cellules B), et d’une glande morphologiquement hypertrophique, fonctionnellement active, contenant tous les composants nécessaires à la réponse auto-immune par la prolifération, différenciation et sélection des lymphocytes B produisant des anticorps anti-AChR. De fait, les meilleurs résultats cliniques de la thymectomie sont constatés chez les patients porteurs d’un “gros” thymus en rapport avec une forte hyperplasie lymphofolliculaire, et lorsque la thymectomie est réalisée précocement par rapport aux premières manifestations de la maladie [10]. Le rationnel repose sur l’exérèse du site principal de production des auto-anticorps anti-AChR. Toutefois, la diminution du taux des anticorps circulants n’est pas systématiquement observée. On peut alors incriminer la radicalité insuffisante de l’exérèse thymique et/ou la persistance de tissus thymiques ectopiques (c’est-à-dire, en dehors de la loge thymique), mais aussi la sanctuarisation de lymphocytes B à longue durée de vie dans les tissus périphériques [11]. Il est possible de schématiquement catégoriser la maladie selon l’âge du patient, son statut sérologique et l’histologie du thymus [tableau 2].   [caption id="attachment_4566" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Hyperplasie lympho-folliculaire du thymus.[/caption] Présentation typique d’une hyperplasie thymique lymphofolliculaire au début d’une myasthénie. Large centre germinatif au centre de l’image où les lymphocytes B matures et prolifèrent, et corpuscules de Hassal dans le coin inférieur gauche.     Tableau 2. Catégories de myasthénie non thymomateuse (d’après Gilhus et al. [2]). Sous-groupes Anticorps Âge Anomalies thymiques MG précoce AChR <50 ans Hyperplasie folliculaire MG tardive AChR >50 ans Thymus en involution adipeuse MG oculaire AChR, MuSK, LRP4 ou aucun Tout âge Thymus normal pour l’âge MG MuSK MuSK Tout âge Thymus normal pour l’âge MG LRP4 LRP4 Tout âge Thymus normal pour l’âge MG séronégative Aucun Tout âge Variable MG : myasthénie ; AchR : anticorps anti-acétylcholine ; MuSK : anticorps anti-muscle specific kinase ; LRP4 : anticorps anti-lipoprotein related protein 4.   4. Considérations chirurgicales historiques et techniques La technique de thymectomie utilisée par Sauerbruch en 1912 et rapportée par Schumacher et Roth était réalisée par voie transcervicale [5]. L’abord utilisé par Blalock dès 1939 était une cervicosternotomie [6], qui demeura le “standard” jusqu’aux travaux de Kirschner et al. publiés en 1969 réhabilitant la voie transcervicale avec le souci de limiter l’agression chirurgicale [12]. En 1977, Alfred Jaretzki rapporta une analyse critique des différentes voies d’abord, sous-tendue par le constat que l’exérèse la plus radicale possible du thymus, des extensions cervicales de la glande et de la graisse médiastinale environnante était un élément clé du succès de l’intervention [13]. Jaretzki démontra l’existence de variantes anatomiques multiples dans la disposition de la glande thymique, ainsi que la fréquence de tissus thymiques ectopiques dans le cou et le médiastin [13], confirmant les constatations précédentes de Masaoka [14]. Sur ces constats, il défendit la voie combinée cervico-trans-sternale longitudinale totale afin d’atteindre la radicalité maximale de la résection et, de fait, rapporta des taux de rémissions complètes jamais atteints jusqu’alors, d’environ 45% à 5 ans [13], résultats confirmés par l’expérience de Masaoka fondée sur une technique de résection étendue similaire [15]. Une approche intermédiaire par une incision en “T” de cervicomanubriotomie était parallèlement largement utilisée dans ce contexte avec un rapport bénéfices/risques à court terme comparable [16]. Joel Cooper réhabilita la voie transcervicale pure en 1988 après avoir développé un suspenseur manubriosternal permettant d’améliorer la vision du champ opératoire à l’étage médiastinal et de réaliser une exérèse dont la radicalité était prétendument comparable à celle d’une chirurgie trans-sternale, en alléguant des résultats cliniques à long terme équivalents [17]. Les années 1990 ont vu l’avènement de la chirurgie thoracoscopique vidéo-assistée, avec comme corollaire une réduction de la morbidité associée à la sternotomie, et surtout un avantage cosmétique évident, rendant peu à peu la chirurgie plus acceptable, en particulier par une population majoritairement constituée d’adultes jeunes. Une étude française, fondée sur l’analyse du registre national Epithor, démontre bien le changement des pratiques chirurgicales dans cette indication à partir de 2010, au profit de l’utilisation majoritaire de techniques thoracoscopiques vidéo- et robot-assistées [18]. Yim et al. ont rapporté en 1995 la première courte série de thymectomies non thymomateuses thoracoscopiques pour myasthénie, par un abord multitrocarts unilatéral droit [19]. De très nombreuses séries ont depuis été rapportées à propos d’abords thoracoscopiques droits, gauches ou bilatéraux, avec ou sans insufflation de CO2. Une étude cadavérique a montré la relative supériorité pour des raisons anatomiques d’un abord gauche pour obtenir une résection la plus complète possible du thymus en comparaison avec un abord droit [20], mais les études cliniques n’ont pas suggéré que cet avantage résultait en un bénéfice neurologique significativement supérieur en faveur des abords thoraciques gauches, voire même bilatéraux [21]. On trouve aussi dans la littérature quelques expériences de chirurgie thoracoscopique monotrocart, droite, gauche ou bilatérale. Les effectifs sont réduits, les cohortes mélangent myasthénies thymomateuses et non thymomateuses, et les résultats sont souvent limités à la période postopératoire immédiate, ou aux constats oncologiques. Les tentatives d’études comparatives avec la chirurgie conventionnelle sont méthodologiquement faibles et les conclusions peu convaincantes [22]. La chirurgie du thymus a été l’indication privilégiée de la chirurgie thoracoscopique robot-assistée au moment de l’essor de cette dernière [23], particulièrement en France [18]. Les données factuelles disponibles à partir de la dernière revue systématique et méta-analyse de la littérature suggèrent sa supériorité sur la chirurgie ouverte s’agissant des indicateurs de morbidité à court terme, et une équivalence à la chirurgie thoracoscopique vidéo-assistée [24]. Les résultats sur la maladie myasthénique ne sont par contre que très peu documentés et avec un recul encore très insuffisant. Les probabilités cumulées de rémission complète rapportées sont de l’ordre de 30% à 40% à 5 ans [25-29]. La voie thoracoscopique sous-xyphoïdienne pour aborder la loge thymique a été décrite dès 1999 par Kido [30], et a, par la suite, été déclinée en chirurgie robotique, en particulier par Suda [31]. Les abords combinés, associant une cervicotomie et une suspension sternale à un abord thoracoscopique bilatéral, et/ou sous-xyphoïdiens vidéo-assistés, sont d’introduction contemporaine et à mettre au crédit de Mantegazza et al. [32], puis Zieliński et al. [33]. Ils correspondent en fait à ce qui devrait toujours prévaloir dans le domaine de l’innovation technologique et des pratiques chirurgicales : les voies d’abord doivent s’adapter à la finalité du geste chirurgical, ici la radicalité de l’exérèse thymique, et non l’inverse.   5. Thymectomie pour myasthénie : évolution des concepts Le lien de causalité direct et fort entre l’étendue de la résection thymique et les résultats en termes de contrôle des symptômes et de durée de l’effet thérapeutique est parfaitement documenté depuis les travaux de Masaoka et de Jareski [14,15,35]. Même si une thymectomie incomplète peut être à même de produire une rémission complète et prolongée, cet événement est moins fréquent qu’après une thymectomie étendue. Ainsi, les adeptes des voies cervicales pures des années 1980, qui revendiquaient la thymectomie incomplète, ne rapportaient qu’approximativement 24% de rémissions complètes à 5 ans [35]. C’est pourquoi dans l’étude randomisée MGTX [7], la voie d’abord de référence trans-sternale totale a été choisie de façon à s’assurer de la résection en bloc du thymus et du tissu cervicomédiastinal pouvant contenir des contingents thymiques ectopiques, en excluant toute technique mini-invasive alternative. Afin d’homogénéiser les pratiques et limiter un possible “effet-centre”, les chirurgiens investigateurs n’ont été certifiés qu’après avoir visionné une vidéo détaillant la technique chirurgicale et répondu avec succès à un questionnaire dédié. Toutes les pièces opératoires étaient photographiées et les photos envoyées au chirurgien coordonnateur de l’essai afin de s’assurer de la radicalité de l’exérèse. Il existe 6 zones anatomiques dans lesquelles se trouvent fréquemment des foyers de tissu thymique ectopique [figure 3].   [caption id="attachment_4567" align="aligncenter" width="247"] Figure 3. Situation anatomique du thymus encapsulé et des foyers possibles de tissus thymiques ectopiques.[/caption]   1. La zone cervicale comprenant la graisse située entre la thyroïde et le détroit supérieur du thorax dans le plan de la lame thyrothymique, avec une incidence de 6% [36]. Son exérèse est possible par vidéothoracoscopie ou robotique facilitées par l’insufflation de CO2, mais est en pratique rarement réalisée. Elle expose cependant au risque récurrentiel bilatéral. L’abaissement des cornes thymiques et le contrôle des veines thymiques à leur abouchement dans le tronc veineux innominé gauche sont des étapes techniquement difficiles de l’intervention [vidéo 1]. L’adjonction d’une courte cervicotomie horizontale peut être justifiée et sécurise la résection en limitant le risque de blessure des nerfs récurrents.   [embed]https://youtu.be/G6vpZhRFltM[/embed]   2. La zone périthymique comprend le thymus proprement dit ainsi que la graisse du médiastin antérieur. La résection est menée classiquement “d’un nerf phrénique à l’autre”, du détroit supérieur du thorax au diaphragme. Il n’est pas rare qu’il existe un débordement de la glande en rétrophrénique qui doit être retiré en bloc, imposant une dissection du nerf avec le risque potentiel de paralysie. Cette manœuvre est aisée en cas d’abord mini-invasif transthoracique unilatéral du côté considéré [vidéo 2]), mais est plus délicate de l’autre côté. Elle est facilitée par un abord trans-thoracique bilatéral.   [embed]https://youtu.be/qWwQx-ppQ-w[/embed]   3. La zone inter-aorticocave en continuité avec la zone inter-trachéocave (loge de Baréty) dont l’évidement est justifié par une incidence de 17% de tissu thymique [33] [vidéo 3]. Elle n’est pas atteignable par un abord trans-thoracique gauche, contrairement aux abords trans-thoraciques droit ou bilatéral, transcervical ou sous-xyphoïdien.   [embed]https://youtu.be/ZBoqsJ3thVY[/embed]   4. La zone ou fenêtre aortopulmonaire est caractérisée par une incidence de 25% de tissu thymique [33]. Son évidement est donc nécessaire, même s’il expose au risque récurrentiel gauche [vidéo 4]. Il n’est pas réalisable par un abord trans-thoracique droit contrairement aux abords trans-thoraciques gauche ou bilatéral, ou sous-xyphoïdien.   [embed]https://youtu.be/EwA9TJ6Si_E[/embed]   5. La zone ou frange phrénopéricardique droite peut contenir du tissu thymique dans 10% des cas [33]. Sa résection doit impérativement épargner le nerf phrénique droit. Elle est définitivement impossible à réaliser par un abord trans-thoracique gauche ou cervical.   6. La zone ou frange phrénopéricardique gauche peut contenir aussi du tissu thymique avec une incidence de 10% [33]. Sa résection comporte le même risque pour le nerf phrénique. Elle n’est techniquement pas faisable par un abord trans-thoracique droit ou cervical [vidéo 5].   [embed]https://youtu.be/p-TUYRlAcR4[/embed]   La figure 4 illustre, par les pièces opératoires, les différences de radicalité selon un abord thoracoscopique droit [figure 4A], gauche [figure 4B], ou bilatéral [figure 4C]. L’existence de contingents thymiques ectopiques, dont la prévalence peut atteindre près de 40% [37], a été rapportée comme ayant un effet délétère sur les résultats neurologiques tardifs [37,38]. Ce constat est cependant remis en cause par des données récentes qui plaident en faveur d’un effet contraire, y compris en cas de présence simultanée de tissu thymique ectopique dans de multiples zones, mais à la condition d’une résection étendue maximale [33,39]. Enfin, on peut apporter à cette controverse l’argument du bénéfice de thymectomies “itératives” qui est aussi fortement suggéré par l’analyse de la littérature chez les patients porteurs de myasthénies réfractaires après thymectomie par voie transcervicale, en particulier lorsque du tissu thymique est histologiquement retrouvé à l’occasion de ces réinterventions [40].   [caption id="attachment_4575" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Pièces opératoires de thymectomies selon l’abord thoracoscopique.Thymectomie par vidéo-thoracoscopie droite (4A), gauche (4B), bilatérale (4C).[/caption]   Les résultats de l’étude MGTX vont certainement modifier les recommandations de prise en charge de la myasthénie généralisée au profit de la thymectomie. Néanmoins, il ne faut pas négliger deux éléments essentiels : la réticence des patients vis-à-vis du “standard” (la cervicosternotomie totale), appréhendé comme une chirurgie “lourde” et surtout source d’une rançon cicatricielle cosmétiquement handicapante, et la difficulté de reproduire une résection étendue maximale par des techniques mini-invasives dont la multiplicité reflète les limites. De l’analyse précédente, on peut raisonnablement conclure qu’une telle résection n’est techniquement atteignable ni par une voie cervicale, ni par un abord thoracoscopique vidéo- ou robot-assisté unilatéral.   6. Indications opératoires, anesthésie et chirurgie L’indication optimale de la thymectomie est représentée par les malades âgés de moins de 50 ans, atteints d’une myasthénie généralisée avec anticorps AChR, et dont la durée des symptômes est de moins de 5 ans au moment de la thymectomie. Pour les patients âgés de 50 à 65 ans, ceux chez qui la durée de la maladie est plus longue, ceux ayant une myasthénie en rémission pharmacologique sous inhibiteurs de la cholinestérase seuls, ceux porteurs d’une myasthénie oculaire isolée, l’indication n’est pas documentée par un niveau de preuve suffisant et doit donc être portée au cas par cas en tenant compte de l’imagerie anatomique (TDM et IRM) de la loge thymique [41] [figure 5], principalement pour éliminer un thymome car la distinction entre thymus hyperplasique ou thymus normal n’est pas très performante. L’imagerie métabolique (TEP) est prometteuse car le SUV est corrélé à la présence de centres germinatifs. Elle apporterait ainsi des arguments en faveur d’une hyperplasie folliculaire, et permettrait même d’identifier du tissu thymique ectopique [42] [figure 6].   [caption id="attachment_4576" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. Imagerie anatomique d’un thymus persistant chez une jeune adulte atteinte de myasthénie.Aspect tomodensitométrique (figure 5A) et par imagerie par résonance magnétique (figure 5B).[/caption]   [caption id="attachment_4573" align="aligncenter" width="300"] Figure 6. Tomodensitométrie à émission de positons.Foyer ectopique de tissu thymique hyperplasique au niveau de la frange péricardique droite.[/caption] La thymectomie n’est généralement pas recommandée chez les patients sans anticorps anti-AChR, et n’a aucun effet en cas d’anticorps anti-MuSK, anti-LRP4 ou anti-agrine. Enfin, l’effet de la thymectomie sur les formes totalement séronégatives n’est pas documenté. Il faut garder à l’esprit que la thymectomie ne guérit pas la myasthénie, et n’a aucun effet à long terme sur le taux d’anticorps. Elle n’est en aucun cas une alternative au traitement immunosuppresseur. La réalisation d’une thymectomie n’est jamais une urgence et ne doit être réalisée qu’avec une maladie myasthénique parfaitement stabilisée. L’indication et son moment sont décidés en coordination entre les équipes chirurgicale, d’anesthésie et de neurologie. Idéalement, le patient devrait être totalement asymptomatique au moment de la chirurgie, ce qui est un objectif parfois difficile à atteindre, en particulier au début de la maladie. L’évaluation préopératoire doit comprendre des épreuves fonctionnelles respiratoires et en particulier une spirométrie. Le tabagisme, s’il existe, doit être interrompu plusieurs semaines avant la chirurgie. Une préparation kinésithérapique respiratoire peut être nécessaire. Les patients sont classiquement sous inhibiteurs de la cholinestérase dont il convient de baisser la posologie autant que possible en préopératoire, tout en contrôlant les symptômes de la myasthénie, afin d’éviter un surdosage en périopératoire et la survenue d’une crise cholinergique aux effets muscariniques (hypersécrétion bronchique, intestinale, salivaire et sudorale) et nicotiniques (fasciculations, crampes musculaires). Le traitement de fond peut comprendre des corticostéroïdes à des doses ne compromettant pas la cicatrisation, ou d’autres immunosuppresseurs comme l’azathioprine ou le mycophénolate mofétil. Des échanges plasmatiques ou des cures d’immunoglobulines sont souvent réalisés en préopératoire dans les formes cliniquement sévères et instables, afin de prévenir la survenue d’une crise myasthénique postopératoire [11] mais n’ont pas d’intérêt dans les formes moins graves [43]. Une prémédication n’est pas recommandée. La prise en charge anesthésique peropératoire est difficile et hautement spécialisée, ce qui est d’autant plus vrai avec la pratique de techniques vidéo- et surtout robot-assistées dont les durées opératoires sont généralement plus longues à intervention équivalente que celles des chirurgies “ouvertes”. Elle nécessite l’utilisation de curares, classe médicamenteuse qui est classiquement contre-indiquée dans cette maladie, en choisissant un produit non dépolarisant à durée d’action courte possédant un agent décurarisant antagoniste spécifique et rapide d’action, et avec impérativement une monitorisation de la curarisation et de la sédation [44]. En effet, l’immobilité parfaite et prolongée du patient est un requis absolu, en particulier pour la chirurgie robotique sous peine d’accidents graves voire mortels par plaie des structures cardiovasculaires en cas de mouvements involontaires du malade. L’extubation est réalisée précocement en salle de surveillance post-interventionnelle dès que les conditions de température corporelle sont optimales. La surveillance postopératoire comprend classiquement un passage en unité de soins continus de par la crainte de la survenue de complications respiratoires asphyxiques liées à l’exacerbation de la maladie (crise myasthénique aiguë), à un traumatisme peropératoire des nerfs phréniques et/ou à des interactions médicamenteuses.   7. Techniques et résultats Les résultats de référence sont ceux rapportés dans l’étude MGTX [7,8]. Le MGTX est un essai multicentrique international randomisé comparant le bras expérimental (66 patients), thymectomie trans-sternale étendue plus prednisolone, au bras contrôle (60 patients), prednisolone seule chez des patients âgés de 18 à 65 ans, atteints d’une myasthénie généralisée sans thymome de classe MGFA II à IV au recrutement, traitée de façon appropriée par inhibiteurs de la cholinestérase avec ou sans prednisolone à l’exclusion de tout autre médication immunosuppressive, diagnostiquée depuis moins de 5 ans, et avec anticorps anti-AChR positifs. Le protocole de prednisolone était standardisé dans les deux bras avec des modifications à la hausse ou à la baisse des posologies par étapes prédéfinies de façon à maintenir un statut de symptomatologie minimale selon l’échelle MGFA. L’étude démontre qu’à 3 ans la thymectomie étendue associée au protocole de prednisolone bénéficiait significativement aux patients en comparaison à ceux traités par prednisolone seule, en termes d’amélioration clinique des symptômes myasthéniques, de besoins en prednisolone et en médications immunosuppressives supplémentaires au cours du suivi, d’hospitalisations liées à des exacerbations de la maladie et aux complications du traitement, et de qualité de vie [7]. Globalement, les patients du bras chirurgical voyaient leur maladie améliorée au cours du suivi dans 90% des cas, contre 60% environ des malades du bras contrôle. Une analyse ultérieure a montré que ces résultats se maintenaient à 5 ans, avec la même amplitude, et dans tous les trois sous-groupes prédéfinis selon l’âge, le sexe et l’existence ou non d’un traitement par prednisolone au moment de l’inclusion [8]. Il n’y eut aucun décès dans le bras chirurgical pendant la totalité du suivi et seul un patient a présenté une complication (non précisée) en rapport avec l’acte chirurgical. Avant toute extrapolation de ces résultats à la pratique quotidienne, il faut rappeler l’hypersélection des malades de cette étude dont l’effectif représentait moins de 2% des patients dépistés en vue de leur participation. Il faut ensuite tenter d’analyser le rapport bénéfices/risques des techniques minimalement invasives contemporaines sur la base des cohortes publiées, en l’absence totale d’étude randomisée. Il est en effet irréaliste de penser revenir à la voie transcervicosternale car la chirurgie ouverte ne correspond définitivement plus aux attentes des patients ni aux pratiques des chirurgiens. Pour autant, l’impératif d’éviter tout compromis avec la radicalité de l’exérèse thymique implique de focaliser cette analyse sur les techniques thoracoscopiques vidéo- et robot-assistées réalisées par un abord bilatéral et/ou médian (sous-xyphoïdien), associées ou non à une cervicotomie complémentaire, permettant d’effectuer une thymectomie étendue (VATET : video-assisted thoracoscopic extended thymectomy). Sera détaillée ici la technique de VATET par thoracoscopie bilatérale sans cervicotomie. L’installation est illustrée par la figure 7. La position opératoire est un décubitus dorsal avec un proclive marqué. Le(a) patient(e) est intubé(e) avec une sonde orotrachéale sélective permettant une ventilation unipulmonaire alternée. Cette installation permet une conversion facile en manubriotomie en cas de plaie vasculaire du TVIG, voire une sternotomie longitudinale. La rotation de la table facilite l’exposition et l’ergonomie opératoire. L’abord de chaque hémithorax est effectué par trois trocarts étanches dont la position est illustrée par la figure 4. L’utilisation d’une optique 30° et d’une insufflation de CO2 facilite l’accès au détroit supérieur du thorax et au cou. L’abord gauche premier permet de bien contrôler la dissection du bord gauche de la glande thymique et de préserver le nerf phrénique gauche dont les rapports avec la loge thymique sont plus étroits qu’à droite. Il expose aussi toute la longueur du TVIG qui est le danger vasculaire principal de l’intervention, et la première cause de conversion. Il permet enfin l’évidement de la zone aortopulmonaire, et de la zone phrénopéricardique gauche. L’abord droit complète l’exérèse, en particulier au niveau de la zone inter-aorticocave et inter-trachéocave, et de la zone phrénopéricardique droite. Un seul drain thoracique antérieur drainant les deux cavités pleurales est utilisé, et parfois retiré quelques heures après l’intervention en fonction de sa production et du contrôle radiographique.   [caption id="attachment_4574" align="aligncenter" width="300"] Figure 7. Installation de l’opéré(e).[/caption]   Les comparaisons directes des résultats neurologiques à long terme entre VATET et thymectomie étendue transternale dans le cadre de myasthénie non thymomateuse sont rares dans la littérature. Dans une étude comparative rétrospective historique, Zieliński et al. [33] ont trouvé un taux de rémission complète de 50% environ à 5 ans tant après thymectomie étendue trans-sternale (n=75) que VATET avec cervicotomie (n=291). Une étude rétrospective a comparé, après ajustement selon un score de propension, deux groupes de 61 patients et trouvait un taux de rémission complète/rémission pharmacologique de 68,9% à 2 ans après VATET soit exactement le double du taux observé après thymectomie étendue trans-sternale (34,4%) [45]. Enfin, une seule étude prospective non randomisée a comparé une technique de VATET sans cervicotomie (n=15) à un abord trans-sternal (n=16) [46]. Avec un recul moyen de 30 mois, le taux de rémission complète était de 35% environ dans les deux groupes. La morbidité de cette chirurgie en pratique quotidienne est au mieux renseignée par les données issues de bases nationales. Seules deux études de cette nature apportent quelques informations. L’analyse de la base française Epithor [18] a permis la comparaison de la morbidité associée aux thymectomies pour myasthénie non thymomateuse réalisées entre 2005 et 2013 selon la voie d’abord : sternotomie, cervicomanubriotomie et techniques thoracoscopiques mini-invasives vidéo- et robot-assistées. Il n’y avait eu aucun décès postopératoire. La durée opératoire moyenne était la plus faible chez les malades opérés par cervicomanubriotomie et aucune complication n’avait été colligée dans ce groupe dont l’effectif était le plus limité (n=31). La comparaison sans ajustement entre sternotomie (n=131) et techniques mini-invasives (n=116) révélait des différences statistiquement significatives : une durée opératoire plus longue pour ces dernières de 20%, mais un taux de complications postopératoires plus faible (5% vs13%). Les seules complications dans le groupe “mini-invasif” étaient de nature respiratoire avec une fréquence non différente à ce qui avait été observé dans le groupe “sternotomie”. Le taux de conversion n’était pas renseigné. La 2e étude a été effectuée sur la base nord-américaine “National Surgical Quality Improvement Program database” sur la période de 2005 à 2012, avec une comparaison des résultats à court terme selon les voies d’abord. Aucune mortalité opératoire n’était observée. Le taux global de complications, autour de 15%, était identique chez les 108 patients avec myasthénie non thymomateuse quelle qu’ait été la voie d’abord. Le taux de conversion n’était pas non plus renseigné [47].     Tableau 3. Classification de réponse au traitement. Classification MGFA de la réponse au traitement   Rémission complète stable Absence de symptômes ou signes de myasthénie pendant au moins une année sans traitement. Fatigabilité palpébrale isolée tolérée.   Rémission pharmacologique Mêmes critères que précédemment sous traitement immunosuppresseur seul (anticholinestérases exclus).   Manifestations minimes Aucun handicap fonctionnel mais fatigabilité constatée à l’examen clinique.   Amélioration Amélioration objective des symptômes prétraitements ou réduction substantielle de la charge thérapeutique.   Inchangée Absence d’amélioration objective des symptômes prétraitements ou réduction substantielle de la charge thérapeutique.   Aggravation Aggravation objective des symptômes prétraitements ou augmentation substantielle de la charge thérapeutique.   Exacerbation Rémission complète stable ou rémission pharmacologique ou manifestations minimes compliquées transitoirement de manifestations cliniques invalidantes.   Décès Décès liés aux manifestations de la myasthénie ou à des complications iatrogènes en rapport avec son traitement médical ou chirurgical.   Ce qu'il faut retenir • La thymectomie a acquis un rôle de premier plan dans le traitement de la myasthénie. Le moment de la chirurgie dans l’histoire de cette maladie chronique d’évolution fluctuante, la sélection et la préparation des opérés, ainsi que l’étendue de l’exérèse thymique sont des éléments déterminants dans l’obtention d’un résultat neuromusculaire optimal. • L’essai randomisé MGTX a démontré son intérêt majeur en cas de myasthénie généralisée non thymomateuse à anticorps anti-AChR positifs et de survenue récente. La thymectomie est possiblement intéressante dans d’autres groupes de patients, mais l’indication doit rester prudente, individualisée, soumise à une validation pluridisciplinaire et aidée de l’imagerie anatomique et métabolique du médiastin à la recherche d’arguments en faveur de l’existence d’un thymus en hyperplasie lymphofolliculaire. • L’avènement des techniques mini-invasives a amélioré l’acceptabilité de cette chirurgie par cette population de jeunes adultes atteints de la maladie en raison d’une rançon cicatricielle et d’une morbidité moindres que celles des voies d’abords trans-sternales. Aucun compromis ne doit cependant être fait avec la radicalité de l’exérèse thymique et des fréquents foyers de tissus thymiques ectopiques siégeant dans la graisse médiastinale environnante, radicalité qui peut être achevée par les techniques thoracoscopiques bilatérales et/ou sous-xyphoïdiennes vidéo- ou robot-assistées, éventuellement associées à un abord cervical. • La rareté de la maladie, la nécessité d’une approche multidisciplinaire et d’un traitement multimodal au mieux en lien avec un centre de référence en pathologie neuromusculaire, et l’intérêt d’un accès à un plateau chirurgical innovant, argumentent en faveur d’une référence à des centres experts de chirurgie thoracique.   Références Smith SV, Lee AG. Update on ocular myasthenia gravis. Neurol Clin 2017;35:115-23. https://doi.org/10.1016/j.ncl.2016.08.008 Gilhus NE, Tzartos S, Evoli A, Palace J, Burns TM, Verschuuren JJGM. Myasthenia gravis. 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décembre 10, 2019
Chirurgie factuelle · Vol. 23 Septembre 2019

Lobectomie ou résection infralobaire pour cancer pulmonaire de stade localisé ?

Pascal Alexandre Thomas 1,2* Service de chirurgie thoracique, hôpital Nord, Aix-Marseille Université & Assistance publique-hôpitaux de Marseille. Laboratoire d’oncologie prédictive, Centre de recherche en cancérologie de Marseille, Inserm UMR1068, CNRS UMR7258, Aix-Marseille Université UM105, Marseille.   * Correspondance : pathomas@ap-hm.fr DOI : 10.24399/JCTCV23-3-THO Citation : Thomas PA. Lobectomie ou résection infralobaire pour cancer pulmonaire de stade localisé ?  Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(3). doi: 10.24399/JCTCV23-3-THO   Depuis la publication du Lung Cancer Study Group en 1995, établissant la lobectomie comme l’exérèse de référence dans le traitement curatif des cancers broncho-pulmonaires primitifs localisés [1], tout ou à peu près tout a changé. L’épidémiologie d’abord, avec maintenant une large prédominance d’adénocarcinomes de topographie volontiers périphérique. Les patients ensuite avec le vieillissement de la population et en corollaire le terrain plus à risques de complications postopératoires du fait de co-morbidités respiratoires et cardiovasculaires liées au tabac qui sont en outre autant de causes compétitives de mortalité à moyen et long termes. Les méthodes de stadification de la maladie sont devenues très performantes avec l’imagerie en coupes de haute résolution incluant une imagerie cérébrale, la tomodensitométrie à émission de positons, et les méthodes d’évaluation du statut ganglionnaire par cytoponction sous contrôle écho-bronchoscopique. Enfin, le développement de programmes de dépistage individuels et/ou collectifs permet le diagnostic de cancers de petites tailles et de stades «précoces» dans une proportion substantielle de sujets à risque avec un vrai impact positif sur le pronostic. On pourrait ajouter l’importance donnée, à côté de la survie, à la qualité de vie comme objectif du traitement à intention curative. Ces changements ont alimenté une réflexion collective sur l’intérêt d’une chirurgie résolument économe en parenchyme pulmonaire, respectant la segmentation broncho-vasculaire du poumon, à même de préserver la fonction respiratoire et la qualité de vie des opérés et de limiter le risque opératoire, sans pour autant compromettre le pronostic oncologique.   Cette réflexion a abouti à l’initiation de deux larges essais randomisés : l’essai nord-américain (Alliance/CALGB 140503) en 2007 et l’essai japonais (JCOG0802/WJOG4607L) en 2009 qui tous deux testent l’hypothèse de non-infériorité oncologique des résections infralobaires par rapport aux lobectomies dans le traitement des tumeurs périphériques de petites tailles (< 2 cm) et sans atteinte ganglionnaire clinique (cN0). Ces deux essais sont maintenant clos, ayant atteint leurs objectifs d’inclusion de 697 et 1106 patients, respectivement en 2017 et 2014. Les résultats oncologiques (survie sans récidive pour l’essai nord-américain, survie globale pour l’essai japonais) devraient être disponibles en 2020-2022. Les résultats intermédiaires, en termes de morbidité et de mortalité, ont été récemment rapportés, et permettent d’établir de nouvelles valeurs de référence pour la pratique quotidienne. L’essai nord-américain a comparé 357 patients ayant eu une lobectomie à 340 patients ayant eu une résection infralobaire (cunéiforme dans 60% des cas, segmentectomie anatomique dans 40%). Une technique mini-invasive vidéo-assistée avait été utilisée dans 80% des cas, dans les deux groupes. Les taux de mortalité à 30 jours et à 90 jours ont été respectivement de 0,9% (1,1% vs. 0,6%), et de 1,4% (1,7% vs. 1,2%). Les taux de complications sévères (grade 3 et plus de la classification de Clavien – Dindo) étaient respectivement de 15% et 14%. Il n’y eut donc aucune différence entre les deux groupes vis à vis du risque chirurgical [2]. L’essai japonais a comparé 554 patients ayant eu une lobectomie à 552 patients ayant eu une résection infralobaire (segmentectomie anatomique dans 100% des cas). Une technique mini-invasive vidéo-assistée, mais incluant parfois une mini-thoracotomie, avait été utilisée dans 89% des cas, dans les deux groupes. La mortalité à 30 jours a été nulle dans les deux groupes. Les taux de complications sévères (grade 3 et plus de la classification de Clavien – Dindo) étaient très inférieurs à 1%. Il n’y eut aucune différence entre les deux groupes vis à vis du risque chirurgical, à l’exception de fuites aériennes prolongées plus fréquentes après segmentectomie (6,5% vs. 3,8%, p=0,04) [3].   Ces deux essais montrent qu’il est possible de conduire avec succès des études randomisées multicentriques de grandes tailles en atteignant les objectifs d’inclusion dans des délais raisonnables. Ils font état de résultats en termes de morbi-mortalité postopératoires des exérèse pulmonaires pour cancer particulièrement bas quelle qu’ait été l’étendue de la résection parenchymateuse. Aucun des deux essais ne fait cependant état de résultats concernant la qualité de vie ou la fonction respiratoire résiduelle dans cette population de patients initialement aptes à recevoir indifféremment une lobectomie ou une résection infralobaire. Le débat reste donc ouvert, et les résultats oncologiques seront particulièrement précieux pour départager ces deux types de résection pulmonaire dans le contexte de patients à risque chirurgical standard, de tumeur périphérique de petites tailles et de maladie de stade précoce.   Si tout a changé depuis l’essai pionnier du LCSG, l’équivalence des deux types de résection pulmonaire en termes de morbi-mortalité immédiate demeure bien d’actualité ! Il faudra encore un peu de patiente avant de finalement décider ou non d’un changement de «standard» dans les pratiques chirurgicales, voire même de recommandations de prise en charge dans le contexte concurrentiel introduit par l’avènement des techniques ablatives alternatives à la chirurgie.   Références Ginsberg RJ, Rubinstein LV. Randomized trial of lobectomy versus limited resection for T1 N0 non-small cell lung cancer. Lung Cancer Study Group. Ann Thorac Surg 1995;60:615-22.https://doi.org/10.1016/0003-4975(95)00537-U Altorki NK, Wang X, Wigle D, Gu L, Darling G, Ashrafi AS, Landrenau R, Miller D, Liberman M, Jones DR, Keenan R, Conti M, Wright G, Veit LJ, Ramalingam SS, Kamel M, Pass HI, Mitchell JD, Stinchcombe T, Vokes E, Kohman LJ. Perioperative mortality and morbidity after sublobar versus lobar resection for early-stage non-small-cell lung cancer: post-hoc analysis of an international, randomised, phase 3 trial (CALGB/Alliance 140503). Lancet Respir Med 2018;6:915-924.https://doi.org/10.1016/S2213-2600(18)30411-9 Suzuki K, Saji H, Aokage K, Watanabe SI, Okada M, Mizusawa J, Nakajima R, Tsuboi M, Nakamura S, Nakamura K, Mitsudomi T, Asamura H; West Japan Oncology Group; Japan Clinical Oncology Group. Comparison of pulmonary segmentectomy and lobectomy: Safety results of a randomized trial. J Thorac Cardiovasc Surg 2019;158:895-907.https://doi.org/10.1016/j.jtcvs.2019.03.090PMid:31078312
septembre 20, 2019
CNU · Vol. 23 Septembre 2019

La prime d’encadrement doctoral et recherche : comment l’obtenir ?

La prime d’encadrement doctoral et recherche (PEDR) est accordée aux enseignants chercheurs de tous statuts (professeur des universités [PU], maître de conférences des universités [MCU]) par leur université en raison d’une activité scientifique jugée d’un niveau élevé au regard notamment de leur production scientifique, de l’encadrement doctoral et scientifique, de la diffusion de leurs travaux et des responsabilités scientifiques exercées, d’une contribution exceptionnelle à la recherche, ou parce qu’ils ont été lauréats d’une distinction scientifique de reconnaissance nationale ou internationale. Cette prime est attribuée pour une période de quatre ans renouvelable. Le montant de la PEDR est variable selon les établissements universitaires ou de recherche. Il varie de fait d’un montant planché d’environ 3500 € à un montant plafond d’environ 15000 €. Les bénéficiaires d’une PEDR peuvent être autorisés à convertir, pour tout ou partie, leur prime en décharge de service d’enseignement, par décision du président de l’université, selon les modalités définies par le conseil d’administration. Le taux annuel maximum de la prime qui peut être attribuée aux personnels lauréats d’une distinction scientifique de niveau international ou national, conférée par un organisme de recherche ou aux personnels apportant une contribution exceptionnelle à la recherche, peut atteindre 25000 €. L’enveloppe budgétaire étant nationale et relativement stable, le nombre de PEDR attribuables chaque année est réparti au niveau de chaque section du Conseil national des universités (CNU) au prorata des candidatures déposées par les membres de cette section. Il est donc important d’encourager les candidatures issues de notre section 51, car cela permet mathématiquement d’augmenter les probabilités d’attribution à un de nos membres. Chaque année civile, la campagne de PEDR débute par une période pendant laquelle les candidatures à cette prime doivent être adressées, en général en février. Le dépôt des candidatures s’effectue via l’application GALAXIE du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Le dossier PEDR est entièrement dématérialisé. Il est composé des éléments suivants : des informations concernant la situation administrative du candidat fournies par l’établissement ; des renseignements complémentaires saisis par le candidat dans un écran formulaire, un document unique au format pdf rédigé par le candidat à partir d’une trame proposée selon les recommandations exprimées par les différentes sections sur le site de la CP-CNU. Ce document ne doit pas excéder 5 Mo. Il ne comporte pas de limitation du nombre de pages. Pour se connecter à l’application, il faut cliquer sur le lien «Accès PEDR» dans le domaine applicatif de GALAXIE (en haut à droite de l’écran). Lors de la toute première connexion, il est demandé de saisir le NUMEN qui constitue la clé d’identification de chaque enseignant/chercheur et un mot de passe qui est sa date de naissance, sous la forme JJ/MM/AAAA. Le NUMEN est le numéro d’identification de l’Éducation nationale. Il se compose de 13 caractères : deux chiffres, une lettre, sept chiffres, trois lettres. Pour des raisons de sécurité, ce mot de passe doit être changé après la première connexion.   L’évaluation des dossiers déposés par les universitaires est réalisée par la section du CNU Santé dont ils(elles) dépendent. Chaque dossier est expertisé par un membre de la sous-section dont ils(elles) dépendent et par un membre d’une autre sous-section de la section. Une synthèse est proposée par le président de la section sur la base de l’activité universitaire réalisée au cours des quatre précédentes années. Le critère qui a la plus forte pondération est l’encadrement doctoral. Ne sont prises en compte, pour les candidats PU, que les thèses d’université. Pour les candidats MCU, et seulement pour ce collège, l’encadrement des master 2 est aussi comptabilisé. L’avis de la section du CNU consiste en un classement des dossiers en 3 catégories : le dossier fait partie des 20% meilleurs dossiers déposés par un membre de la section («A»), des 30% suivants («B»), ou des 50% derniers («C»). Un calendrier harmonisé est fixé nationalement (dépôt des dossiers en février, processus d’examen par le CNU entre mars et septembre, selon les sections). La prime est allouée pour quatre ans. Le rôle du CNU se limite à la proposer alors que la décision finale revient aux seuls établissements universitaires. Toutefois, la plupart des universités fait en général le choix d’attribuer la PEDR à tous les candidats classés «A», les candidats classés B n’étant bénéficiaires de la prime qu’en fonction du budget restant disponible. Un dossier classé «C» doit être considéré comme un encouragement à le représenter lors de la campagne suivante de PEDR.
septembre 12, 2019
CNU · Vol. 23 Septembre 2019

Promotions universitaires : Avancements de grade

Conditions de promouvabilité Les conditions requises pour être promu sont pour l’essentiel les suivantes : – être en position d’activité ou de détachement (la promouvabilité cesse à la date où l’enseignant atteint sa limite d’âge) ; – remplir les conditions d’ancienneté requises au plus tard au 31/12 de l’année de promotion.   Pour les professeurs des universités : – aucune ancienneté nécessaire pour le passage à la 1re classe ; – 18 mois d’ancienneté à la 1re classe pour le passage à la classe exceptionnelle 1er échelon ; – 18 mois d’ancienneté au 1er échelon pour le passage à la classe exceptionnelle 2e échelon.   Pour les maîtres de conférences des universités : – avoir atteint le 2e échelon de la 2e classe pour le passage à la 1re classe ; – comptabiliser cinq années de fonctions effectives et avoir atteint le 4e échelon de la 1re classe pour le passage à la hors classe.   Pour que l’avancement soit pris en compte dans le calcul de la pension de retraite de l’enseignant, il est nécessaire que l’avancement soit prononcé au moins six mois avant la date de liquidation de la pension.   Procédures locale et nationale / Calendrier Chaque année universitaire est organisée une campagne d’avancement de grade des personnels hospitalo-universitaires titulaires. Chaque enseignant-chercheur potentiellement concerné par une promotion reçoit l’information de son université et se voit offrir l’opportunité de candidater. Si il(elle) en fait le choix, un dossier de demande d’avancement est dès lors constitué par le(la) candidat(e), lequel dossier est transmis au conseil de faculté. Le conseil de faculté émet alors un avis pour chaque enseignant-chercheur en position d’être promu : «sans avis» lorsque la personne concernée a fait le choix de ne pas transmettre de dossier ; «réservé», «favorable», «très favorable» dans le cas contraire. Concomitamment à cette procédure locale, l’avancement de grade des enseignants-chercheurs fait l’objet d’une proposition de la section compétente du Conseil national des universités (CNU) aux ministres chargés de l’Enseignement supérieur et de la Santé, sur chacun des enseignants remplissant les conditions requises pour être promus, à l’occasion de la session du mois de juin du CNU. Le nombre de promotions possibles pour l’année considérée pour chacune des sections est notifié au président de la section par le ministre chargé de l’Enseignement supérieur. Les membres de chaque section reçoivent la liste des enseignants promouvables, et une répartition par sous-section du nombre des promotions possibles pour chaque catégorie est réalisée par le président de section en concertation avec les présidents des sous-sections. L’avis émis par les conseils de faculté ou d’unité de formation et de recherche (UFR) leur est transmis, de même que l’éventuel dépôt d’un dossier. Ils désignent alors un enseignant-chercheur dans chaque sous-section concernée pour chacun des dossiers déposés qui est chargé de rapporter le dossier de l’enseignant promouvable par écrit puis en séance. Le dossier rempli par les candidat(e)s, qui ne présente aucun caractère réglementaire, est traditionnellement utilisé pour éclairer les conseils d’UFR et les sections du CNU. L’enseignant(e) qui n’a pas souhaité le transmettre demeure promouvable dès lors qu’il(elle) remplit les conditions prévues par son statut. Les propositions de promotions font l’objet d’un procès-verbal rédigé à l’issue d’un vote organisé à l’occasion de la session plénière de la section, soumise à quorum. Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche notifie alors à chaque établissement universitaire les propositions de promotion qui concernent leurs enseignants-chercheurs. Les promotions deviennent effectives au 1er septembre de la même année.   Critères d’évaluation La sous-section 51-03 utilise une grille d’évaluation réunissant de nombreux critères dans les 4 domaines d'exercice des professeurs des universités-praticien hospitalier (PU-PH) et maître de conférences des universités- praticien hospitalier (MCU-PH) que sont les soins, l’enseignement, la recherche et les responsabilités collectives et managériales. Pour faciliter cette évaluation et la rendre la plus factuelle possible, la section 51-03 a rédigé une trame de dossier de candidature proposée au téléchargement dans la rubrique CNU du site de la SFCTCV. L’expérience des années précédentes démontre en effet une très grande inégalité dans la qualité de la rédaction des dossiers de candidature. La sous-section 51-03 souhaite rappeler un certain nombre de points essentiels afin de faciliter la compréhension par toutes et par tous d’une procédure d’évaluation complexe : – Même si statistiquement, pour des enseignants-chercheurs recrutés autour de l’âge de 40 ans, la promotion à la 1re classe se fait habituellement vers l’âge de 50 ans, et celle à la classe exceptionnelle vers l’âge de 60 ans, l’ancienneté dans le grade n’est aucunement un critère d’évaluation. – L’avancement dans le grade est une procédure compétitive. Le rapport promus/ promouvables s’établit en effet depuis plusieurs années entre 15 et 20% pour chaque accession au grade supérieur. – Si l’ensemble d’une carrière est bien sûr pris en compte, l’évaluation du dossier de candidature porte principalement sur la période écoulée depuis le dernier avancement dans le grade. – La chirurgie thoracique et cardiovasculaire étant par nature une discipline clinique et chirurgicale, le domaine des soins est le préalable nécessaire à toute étape ultérieure de l’évaluation. La sous-section 5103 souhaite rappeler à ce propos que la participation aux registres de la Société française de chirurgie thoracique et cardiovasculaire/Conseil national professionnel de chirurgie thoracique et cardiovasculaire (SFCTCV/CNP-CTCV) est essentielle. – L’activité d’enseignement a fait l’objet récemment d’une mesure par un score (SIAPS) qui a pour but affiché de devenir l’équivalent du score bibliométrique SIGAPS utilisé pour l’évaluation de la production scientifique. À l’heure actuelle, son utilisation pour les concours de recrutement est à peine initiée, et il est donc prématuré de l’utiliser pour l’évaluation des dossiers de promotions. Par contre, le CNU 5103 souhaite réaffirmer toute l’importance qu’il attache à la participation effective et régulière aux enseignements du collège et à la production de matériel pédagogique pour la formation initiale, en particulier depuis la réforme du 3e puis du 2e cycle des études médicales, et la formation continue dont celle réalisée dans le cadre du développement professionnel continu. – L’évaluation d’une activité de recherche ne se limite pas à ce stade au seul score SIGAPS, même si la production scientifique reste bien sûr un critère majeur. L’adossement à une structure de recherche labellisée et l’encadrement (avec mention du pourcentage en cas de co-encadrement) de travaux de thèses d’universités, de master 2 et de thèses d’exercice sont essentiels, comme peuvent aussi l’être la capacité à conduire ou participer à des essais collaboratifs nationaux ou internationaux, ou la production de brevets. – L’évaluation des responsabilités collectives et managériales est d’autant plus importante que le grade d’avancement envisagé est élevé. Les capacités à animer une équipe et à en gérer les possibles conflits internes, à la rendre attractive pour les jeunes en formation initiale, ce qui peut être illustré par exemple par la fréquence des demandes de choix inter-CHU ou la réception de chirurgiens en mobilité universitaire, à en assurer la continuité par des recrutements et des promotions sont essentielles.  L’implication et les responsabilités dans l’institution hospitalière et/ou universitaire, dans les sociétés savantes et organisations professionnelles nationales, dans les sociétés européennes et internationales de la discipline sont attendues. Les responsabilités administratives nationales et les distinctions académiques de toutes natures sont bien entendu fortement valorisées.
septembre 12, 2019
CNU · Vol. 23 Juin 2019

Note d’information et recommandations concernant les auditions anticipées (“pré-CNU”)

Dispositions validées par les membres du CNU 51-03 “Chirurgie thoracique et cardiovasculaire” lors de la réunion du 12 avril 2019   Lionel Camilleri1, Alain Chapelier1, Pascal Leprince1, Gilbert Massard1, Philippe Menasché1, Jean-François Obadia1, Pascal Thomas1, Jean-Philippe Verhoye1, André Vincentelli1, Delphine Trousse2, Fabrice Vanhuyse2, Guillaume Lebreton2 Membres PU-PH de la sous-section 51-03. Membres MCU-PH de la sous-section 51-03.   Le Conseil national des universités (CNU) est une instance nationale qui contribue au recrutement et à la promotion des professeurs et des maîtres de conférence des universités. Il comprend 14 sections et 52 sous-sections. Chaque sous-section organise annuellement, sous l’égide du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, un concours destiné à placer les candidats sur une liste d’aptitude leur permettant ensuite de postuler à des fonctions hospitalo-universitaires dont la liste et la localisation sont publiées au Journal officiel au terme du processus de révision des effectifs local puis national. La sous-section 51-03, comme beaucoup d’autres, organise depuis plusieurs années une procédure d’évaluation anticipée en amont de ce concours d’aptitude. Cette procédure n’a rien de réglementaire, mais son intérêt en est illustré par l’importance qu’y attachent désormais les instances locales au cours de leurs processus de révision des effectifs : beaucoup de facultés de médecine en font un préalable à la transmission d’une candidature aux ministères. Il y a en règle générale deux sessions “pré-CNU” par an à l’occasion des événements de la Société française de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire (SFCTCV). Des auditions anticipées peuvent aussi être organisées lors des sessions d’avril et de juin du CNU, dévolues principalement aux concours de recrutement et aux promotions universitaires. Le but de cette audition anticipée est en effet de s’assurer avant le concours de la maturation des candidatures, des cursus, et des projets universitaires, en fonction de critères dont la base réglementaire a été au fil du temps implémentée par des requis établis par la discipline et qui sont régulièrement révisés et publiés dans notre journal (Journal de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire 2016;20(4)). La sous-section 51-03 a associé en amont de cette mission celle du repérage et du conseil des plus jeunes dans une optique positive et bienveillante. Cette démarche s’inscrit dans une volonté d’identifier de façon adéquate et anticipée notre vivier universitaire, de contribuer à son épanouissement et au succès de ses projets. Ce processus se veut précoce et déconnecté des opportunités locales de postes possibles ou probables. Ce repérage est possible dès la deuxième année de postinternat révolue et l’obtention d’un master 2. On constate en effet que le maintien de certains postes hospitalo-universitaires sur le territoire national passe déjà par des mobilités. La 51-03 s’est donc fixé comme objectif de conseiller et d’accompagner le parcours de ce vivier, et ce en lien avec les universitaires locaux et régionaux de la discipline. Aussi, une audition initiale est-elle organisée et complétée d’un suivi personnalisé qui est piloté par un rapporteur/tuteur désigné au sein de la sous-section.   La sous-section 51-03 est particulièrement attentive à ce que les cursus des futurs universitaires soient équilibrés. L’activité de soins est la première qui soit analysée, avec un cursus initial sanctionné par le diplôme qualifiant (DESC et bientôt DES de chirurgie thoracique et cardiovasculaire) et l’examen du Collège de chirurgie thoracique et cardiovasculaire. L’activité opératoire doit pouvoir être suivie qualitativement et quantitativement par une participation effective aux bases de données de la SFCTCV, et le(la) candidat(e) doit satisfaire aux obligations réglementaires de développement professionnel continu (DPC). Une visite sur site par le rapporteur peut éventuellement compléter cette évaluation. Les activités de recherche et d’enseignement sont suivies sur les bases détaillées encore récemment dans ce journal [2016;20(4)]. La cohérence et l’originalité de l’activité de recherche prévalent dans cette évaluation. La sous-section 51-03 souhaite rappeler à ce propos la prééminence du score CNU pour lequel des valeurs seuils ont été définies pour chaque emploi envisagé. Les scores SIGAPS, SIGREC et SIAPS ne sont consultés qu’à titre indicatif et ne sont en aucun cas considérés comme opposables. S’agissant des activités d’enseignement, une attention particulière est portée aux innovations pédagogiques portées par le(la) candidat(e), à la participation effective aux enseignements régionaux et nationaux du Collège, à l’accueil, l’encadrement et l’accompagnement des internes et étudiants du 3e cycle, et à la production de matériel pédagogique alimentant la plateforme SIDES pour les 2e et 3e cycles des études médicales, et les enseignements du DPC-CTCV. La pédagogie peut parfaitement représenter l’axe dominant d’un dossier universitaire. Les projets de mobilité clinique ou de recherche sont au mieux discutés en amont, puis validés par le président de la sous-section lorsqu’ils sont conformes à la réglementation en vigueur [arrêté du 23 juillet 2003 relatif aux conditions de mobilité exigées des candidats au concours de professeur des universités – praticien hospitalier des centres hospitaliers et universitaires] et à l’esprit de cette mobilité. La 51-03 souhaite, sur ce dernier point, rappeler qu’une mobilité clinique a pour but l’acquisition ou l’approfondissement de compétences cliniques/techniques particulières et la volonté de les développer localement. La 51-03 sera donc particulièrement attentive à la valorisation de ces acquis lors du retour du(de la) candidat(e) dans son CHU d’origine. Une mobilité recherche doit être en cohérence ou en complémentarité avec la thématique portée par le(la) candidat(e) et donner lieu à publications. Les capacités managériales représentent la 4e dimension évaluée chez le(la) candidat(e). En effet, les hospitalo-universitaires sont destinés à diriger des équipes cliniques et/ou de recherche. Il n’y a pour le moment aucun cursus défini dans cette dimension et l’évaluation est donc personnalisée. Elle repose sur l’investissement du(de la) candidat(e) dans des fonctions collectives dans sa structure hospitalière et/ou universitaire respective, la qualité des rapports humaines qu’il (elle) entretient avec les membres de son environnement local, son implication dans le monde associatif de notre discipline tant au niveau national (SFCTCV, Collège, CNP) qu’international (EACTS, ESTS, STS AATS, etc..) et/ou des formations diplomantes.   L’audition initiale comprend une présentation d’une vingtaine de minutes par le (la) candidat(e) de son cursus hospitalier et universitaire. Il s’agit de présenter la place actuelle et à venir qu’il (elle) occupe dans l’environnement hospitalier, en décrivant les particularités du service d’appartenance et les caractéristiques démographiques et organisationnelles locales de la discipline. Il s’agit surtout d’exposer les projets et ambitions du(de la) candidate et de l’équipe dans les domaines des soins, de l’enseignement et de la recherche. Il s’en suit un échange avec l’ensemble des membres de la sous-section, puis une discussion de la sous-section seule, principalement animée par le rapporteur. Le(la) candidat(e) est invité(e) à être auditionné(e) à nouveau chaque fois qu’il(elle), ou son rapporteur, l’estime nécessaire. Les évaluations “pré-CNU” font systématiquement l’objet d’un compte rendu écrit, qui est validé par tous les membres de la sous-section, adressé par son président à l’intéressé(e) et aux responsables hospitalo-universitaires concernés, et mis à la disposition, le cas échéant, des instances locales hospitalières et universitaires. Les auditions de suivi revêtent alors un caractère moins formel et consistent en un moment d’échanges qui donne toutefois lieu à une synthèse écrite. Lorsque l’interaction avec le pré-CNU a atteint le stade de l’évaluation, ce compte rendu prend la forme d’un avis. Il importe de souligner qu’un avis positif à l’issue d’une évaluation anticipée ne constitue en aucun cas un engagement quant à l’issue du concours.   Pr Pascal Alexandre Thomas Président de la sous-section 51-03 du CNU-Santé
juin 7, 2019
Éditorial · Vol. 20 Septembre 2016

Préparer l’avenir est l’affaire de toutes les générations

[caption id="attachment_2663" align="alignleft" width="150"] Hicham Masmoudi, président AJCTCV[/caption] [caption id="attachment_2664" align="alignleft" width="150"] Pascal-Alexandre Thomas, président SFCTCV[/caption] Le Conseil d’Administration de la Société Française de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire, élu en décembre 2015, a résolument renforcé ses actions en faveur de la formation des jeunes chirurgiens qui est l’axe prioritaire de sa stratégie. L’Association des Jeunes Chirurgiens Thoraciques et Cardio-Vasculaires participe aux travaux du CA et de ses comités dans lesquels elle siège de droit, conformément à la réforme des statuts votés en juin dernier en assemblée générale. La SFCTCV a lancé une large réflexion sur la nécessaire évolution de la formation initiale et continue de ses membres, en collaboration avec le Collège CTCV et l’ODPC. La réorganisation des enseignements prendra place progressivement, mais débutera en 2016. Un des projets fondateurs de cette politique est illustré par le soutien apporté à EPIFORM mis en place par l’AJCTCV. EPIFORM a pour ambition de devenir le compagnon de route de l’interne en formation et du chef de clinique. Depuis le 1er Janvier 2016, la participation active à EPIFORM a été rendue obligatoire par la SFCTCV et le Collège CTCV pour accéder au statut de membre Junior et présenter l’examen du Collège. Il se présente sous la forme d’un livret électronique offrant de très nombreuses possibilités. Il comprend plusieurs parties. Le « Clinical Log Book » qui permet à l’interne en formation ou « apprenant » de renseigner tous les gestes techniques qu’il a pu réaliser avec 4 niveaux d’autonomie : observation, partiellement réalisé, complètement réalisé et encadrement d’un junior. Chaque apprenant déclare un « tuteur » exerçant dans le même service chargé de valider les informations saisies. Le tuteur peut également apporter des commentaires libres. Il pourra de même accéder à une synthèse sous forme de graphique de l’ensemble des gestes techniques réalisés par son apprenant. L’« Academic Log Book » renseigne les informations personnelles, les différentes formations universitaires et professionnelles suivies (thèse, master, DU et DIU), les activités pédagogiques, la participation aux sessions du Collège, les publications orales et écrites (avec un calcul automatique des points attribués par le Conseil National des Universités), les distinctions reçues et permet de générer automatiquement un curriculum vitae. La « Communauté » offre un forum, un accès à une messagerie ainsi qu’à un annuaire permettant de partager des informations, de poser des questions mais également de suggérer des modifications de la plateforme. L’objectif, dès 2016, est de permettre aux coordonnateurs régionaux et inter-régionaux de suivre individuellement le cursus des internes en formation dont ils ont la charge. EPIFORM devient l’outil informatique de validation de chaque semestre. Il permettra enfin de suivre la qualité de la formation et des formateurs. Les formations cliniques permettent d’intégrer rapidement les innovations technologiques. Cette année sera la « saison 2 » du Tour de France « VATS » en partenariat avec la société Ethicon. Deux centres experts supplémentaires en chirurgie thoracique mini-invasive, les CHU de Rennes et Montpellier, viendront renforcer les cinq centres de la « saison 1 » : Paris (hôpital Tenon), Marseille, Rouen, Strasbourg et Toulouse. Cette formation permettra à dix nouveaux juniors (internes et chefs de clinique) répartis en binômes d’être en immersion pendant deux jours dans chacun de ces centres. Le partenariat financier permet de prendre en charge intégralement le transport et l’hébergement de chacun des participants dont la sélection relève exclusivement de la SFCTCV. Chaque année, AJCTCV et SFCTCV proposent de nombreuses journées de formation en chirurgie thoracique et cardiaque. Ces journées sont organisées soit à l’initiative d’équipes universitaires, soit en partenariat avec l’industrie. Ainsi, ont pu être proposées des journées de formation sur cadavres perfusés à Poitiers concernant la chirurgie de la paroi thoracique et la chirurgie cardiaque ; en chirurgie cardiaque congénitale à Lyon ; à l’École de chirurgie de Nancy avec un accès à un simulateur endovasculaire et à la chirurgie robotique sur animal vivant. Certains partenaires industriels ont organisé des enseignements sous la forme de « Master Class » aussi bien en chirurgie cardiaque qu’en chirurgie thoracique. La participation y a été active et les retours très favorables. Une politique de labellisation permet en outre de rassembler toutes les initiatives de formation de qualité au sein d’un curriculum « SFCTCV ». La recherche prépare l’avenir de notre spécialité. Un atelier d’aide à la conception des protocoles de recherche sera organisé à l’occasion des Journées d’Automne. Les bourses et prix délivrés par la SFCTCV sont en constante augmentation, et ciblent les profils académiques. Dès cette année, les bourses d’études « Marc Laskar » ont priorisé le financement des projets de recherche de Master 2, mais également les mobilités universitaires, qui représentent les deux « oubliés » des bourses institutionnelles. Le prix St-Jude continue grâce au soutien et à la fidélité de notre partenaire. Comme c’est devenu une tradition, les quatre meilleures communications orales présentées aux Journées Présidentielles ont été récompensées avec un prix. Ils sont maintenant réservés à des orateurs juniors, tout comme le nouveau venu en 2016, le prix Covidien, qui récompense la meilleure présentation dans le domaine de la chirurgie mini-invasive et a vocation à être pérennisé. Notre métier change au rythme des innovations technologiques. La formation et son financement doivent impérativement s’y adapter. C’est notre fil rouge.  
septembre 15, 2016
Éditorial · Vol. 20 Mars 2016

Notre discipline au centre de changements disruptifs

[caption id="attachment_2664" align="alignleft" width="283"] Pascal-Alexandre Thomas, président SFCTCV[/caption] Les innovations technologiques et les possibilités illimitées d’analyse des « big data » sont à l’origine de changements radicaux dans tous les domaines de la santé. Notre discipline est en première ligne de ces bouleversements. Qu’il s’agisse de la saisie continue de paramètres cliniques, de la capture des interfaces biomédicales, des données de l’analyse biomoléculaire des cancers, ou encore des progrès de l’imagerie médicale, nos pratiques professionnelles sont fondamentalement modifiées. Dans le même temps, l’intelligence artificielle investit nos blocs opératoires. La chirurgie de- vient mini-invasive, robot-assistée, et adopte une réalité « augmentée » par la vision 3D et l’imagerie de fusion. Ce contexte modifie l’architecture même de nos plateaux techniques devenus « hybrides », et traduit une prise en charge diagnostique et thérapeutique devenue de plus en plus multidisciplinaire et multiprofessionnelle. À ces changements spectaculaires – et donc bien visibles – s’ajoutent des évolutions sociétales et réglementaires plus subtiles dans leur perception et donc souvent mal appréhendées, souvent contournées, et parfois même publiquement contestées. On peut citer le développement professionnel continu (DPC), rendu particulièrement opaque par des changements réglementaires incessants et inaboutis, mais dont l’obligation faite à tout praticien a été une nouvelle fois réaffirmée par l’actuelle loi de santé. On peut aussi mentionner l’avènement inéluctable de la certification des individus et des équipes, et surtout de leur recertification, dans un contexte européen qui ne tardera pas à s’imposer aux états membres, comme il l’a fait avec la réforme des études médicales ou celle de la réglementation du temps de travail, véritables bombes à retardement tapies dans nos organisations.   Accueillir le changement, éviter le chaos Il n’y a pas d’autre option que celle d’accueillir ces changements et dans certains cas les anticiper. C’est en tout cas la responsabilité de la génération actuellement en place dans nos structures. Nous disposons d’un certain nombre d’atouts pour faire face à ces défis. Le premier d’entre eux est la cohérence de notre discipline, en dépit de l’hyperspécialisation croissante dans ses trois branches cardiaque, thoracique et vasculaire. Nous avons su préserver une base culturelle et de formation commune qui a permis l’appropriation rapide des techniques chirurgicales vidéo et robot-assistées, le développement de l’assistance dans toutes ses indications hémodynamiques et respiratoires, et le renouveau de la transplantation d’organes thoraciques. Le second est la cohésion de notre communauté, conséquence de sa modeste taille, qui nous permet de nous connaître tous individuellement, et favorise les actions solidaires. Depuis plus de soixante ans, forte de ces deux atouts, la Société Française de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire a pu suivre la stratégie du « guichet unique » qui a fait son succès. Tout ce qui concerne la formation, l’exercice professionnel et la diffusion des avancées scientifiques est coordonné par elle, grâce et parfois en dépit de l’émergence régulière de nouvelles entités ou structures comme le furent successivement le Collège de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire, les Syndicats, l’Organisme d’Accréditation (OA), le Conseil National Professionnel (CNP) et l’Organisme du Développement Professionnel Continu (ODPC). Cette stratégie s’est concrétisée par le succès, unique à ce jour, de nos bases de données Epithor® et Epicard®. Une des premières décisions du conseil d’administration que vous avez élu en décembre dernier a d’ailleurs été de renforcer encore ces outils qui nous permettent en temps réel de suivre le volume et la qualité de nos activités, capacité qui nous met en position de force dans nos rapports avec les tutelles. Le passage de nos bases sur Internet va grandement simplifier la participation à celles-ci, et nous permettre dans un avenir proche d’atteindre l’exhaustivité de la saisie de nos activités. Dans le même but, le développement des bases nationales dédiées à l’assistance mécanique et à la chirurgie des pathologies cardiaques congénitales est en cours de finalisation. Enfin, un accord se dessine avec nos partenaires chirurgiens vasculaires pour le développe- ment d’une base de données commune et développée sur le modèle Epithor®/Epicard® avec l’aide de la SFCTCV. Cette capacité à suivre quantitativement et qualitativement nos activités, tant au niveau des individus et des équipes qu’au plan national, n’a pas pour unique finalité l’évaluation des pratiques. Elle permet aussi d’anticiper les futurs besoins de santé dans notre discipline, aussi bien en termes de démographie médicale que de formation. Cette anticipation est le principal levier dont nous disposons pour éviter le chaos qui résulterait d’une formation basée quantitativement sur une filiarisation dictée principalement par la volonté de contrôler les dépenses de santé, et dissociée des évolutions épidémiologiques des pathologies que nous traitons et technologiques des procédures que nous effectuons.   Les enjeux et défis de la formation Pour la formation initiale, ces enjeux et défis sont conditionnés par la conjonction de la mise en place de façon effective de la Directive européenne sur le temps de travail des médecins en formation qui devrait réduire de près de la moitié le temps de présence des internes dans les services, et de la réforme du 3e cycle des études médicales qui prévoit la réduction à 6 années de la durée du cursus dans les disciplines chirurgicales, dont la nôtre. L’impact est doublement délétère. Ce contexte de pénurie va profondément perturber le fonctionnement des services hospitaliers, sans que ces changements aient été anticipés. Il pose clairement la question du transfert d’un certain nombre de tâches, aujourd’hui assurées par les internes, vers des personnels paramédicaux dont la durée de formation est moins longue et moins onéreuse. Ils impliquent de suivre de très près les trajectoires individuelles des internes de la filière afin de les amener à satisfaire les critères quantitatifs et qualitatifs de formation exigés par le Collège. À cet égard, nous avons soutenu financièrement l’initiative de l’Association des Jeunes Chirurgiens Thoraciques et Cardio-vasculaire (AJCTCV) de la plateforme numérique EPIFORM que nous souhaitons rendre obligatoire pour tout interne engagé dans le cursus. Ces changements imposent surtout de réinventer la pédagogie autour des pratiques interventionnelles avec le développement de la simulation et de la réalité virtuelle. D’un point de vue pragmatique, le temps d’apprentissage peut être au moins partiel- lement dissocié du temps hospitalier, ce qui pallie de facto la réduction du temps de présence hospitalier. La dématérialisation que représente la simulation en santé per- met aussi de satisfaire le paradigme éthique émergent, et pour le moins disruptif en chirurgie, du « Jamais la première fois chez le patient ». Elle permet surtout l’amélio- ration du savoir-faire, l’analyse et la modification des comportements des individus et des équipes, tout particulièrement en situation de crise, ce que l’on pensait jusque-là du domaine privilégié voire exclusif de l’urgence par la participation des internes aux gardes et astreintes. À l’évidence, l’intégration de ces outils est aussi nécessaire pour le DPC avec la dématérialisation de ses programmes, le développement de l’e-learning et des e-congrès, la certification ou la recertification des chirurgiens et des équipes et l’accréditation des centres au moyen de référentiels validés. Enfin, l’utilisation de nos bases de données interconnectées et capables de suivre la trajectoire des patients mais aussi des acteurs devient la clé de voûte de cette révolution. Il sera en effet possible de tracer tant le chirurgien que le formateur tout du long de leur carrière, de quantifier et évaluer la transmission du savoir, apportant ainsi une dimension factuelle à un domaine jusqu’alors très subjectif.   Hasards et nécessités Si le pire ou le meilleur ne sont jamais certains, le hasard ne profite qu’aux esprits préparés. À cet effet, la SFCTCV modifie sa configuration et proposera en conséquence une réforme de ses statuts au vote de l’assemblée générale de ses membres en juin prochain. Cette réforme transcrit la volonté de mettre tous les acteurs de ces changements disruptifs autour de la même table de réflexions et de décisions : toutes celles et tous ceux impliqués dans la formation initiale et continue, la certification, l’accréditation, les avancées scientifiques et technologiques, la représentation syndicale et la dimension académique de notre discipline. Des évolutions radicales dans le format de nos rencontres bisannuelles des Journées de Printemps et d’Automne vous seront proposées. Le « tout numérique » dominera notre environnement. Ainsi, à l’heure des engagements planétaires sur la solidarité climatique, le congrès de Nantes sera notre premier congrès « sans papier ». Les Journées d’Automne 2016 devraient proposer nos premiers e-évènements. Notre journal et le nouveau site Internet de la SFCTCV porteront aussi ces changements. Leur rythme sera soutenu, car nous souhaitons que vous en perceviez les effets dès cette année. Le succès de cette entreprise ambitieuse repose sur l’adhésion et la participation active de notre communauté au projet. Celles de nos jeunes sont d’ores et déjà acquises. Leur enthousiasme est communicatif. Ils sont notre avenir. L’ampleur de la tâche nécessite un appareil administratif renforcé, ce qui a été assuré par le recrutement d’un directeur exécutif adjoint en janvier 2016. Tout ceci a un coût, et les modifications réglementaires contraignant le financement par les industriels de la santé et qui devraient être appliquées en janvier 2018 offrent des perspectives il est vrai assez inquiétantes pour la pérennité de nos actions. Mais ces contraintes pour- raient finalement ne pas être un problème, mais plutôt la solution menant à un modèle économique innovant qu’il nous reste à inventer. Nul doute qu’avec cette nouvelle génération de chirurgiens thoraciques et cardio- vasculaires l’imagination soit au pouvoir.
mars 15, 2016