Ilham Maaroufi1*, Mohammed Bouchikh2, Abdellah Achir2
1. Service de chirurgie cardiovasculaire A, centre hospitalier Ibn Sina, Rabat, Maroc.
2. Service de chirurgie thoracique, centre hospitalier Ibn Sina, Rabat, Maroc.
Correspondance : ilham.maaroufi11@gmail.com
DOI : 10.24399/JCTCV22-3-MAA
Citation : Maaroufi I, Bouchikh M, Achir A. Chirurgie thoracique pour extraction d’une épingle de voile inhalée : indication forcée. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2018;22(3). doi: 10.24399/JCTCV22-3-MAA
Résumé
Avec l’émergence du voile dans notre pays, les femmes voilées ont acquis une habitude particulière pour utiliser des épingles servant à ajuster le voile, serrant l’épingle entre les dents ou entre les lèvres pendant l’ajustement. Nous présentons un cas de femme voilée qui a inhalé l’aiguille de fixation du voile lors de son ajustement. L’extraction par bronchoscopie a échoué. La chirurgie a été la seule alternative. D’autres cas ont été rapportés dans la littérature. Nous souhaitons sensibiliser cette tranche de la population générale à propos de ce problème critique.
Abstract
With the emergence of veils in our country, veiled women acquired a particular attitude to the use of pins to fix the veil, squeezing the pin between their teeth or lips during adjustment. We present the case of veiled woman who inhaled a veil pin while adjusting it. Bronchoscopy failed to extract it, so surgery was the only alternative. Other cases have been reported in the literature. We wish to make this part of the population aware of this critically increasing problem.
Une jeune femme voilée, âgée de vingt ans, a été admise pour inhalation d’une épingle utilisée pour fixation du voile. Les radiographies du thorax répétées ont révélé la présence d’un corps étranger au niveau du segment postérolatéral du lobe inférieur droit et ont permis de détecter sa rapide migration [figure 1].

La bronchoscopie a permis de localiser la tige de l’épingle au niveau d’une bronche segmentaire basale, sans permettre son extraction en raison d’un œdème bloquant le bout caudal arrondi. L’extraction chirurgicale a été la seule alternative. La voie d’abord a été une thoracotomie postérolatérale droite. Par pneumotomie, une bronchotomie en regard du relief du bout caudal arrondi a permis d’extraire l’épingle [figures 2 et 3]. Les suites opératoires ont été simples.


Les inhalations accidentelles des corps étrangers se produisent plus fréquemment chez les enfants que chez les adultes. L’inhalation d’épingles qui servent à fixer le voile augmente dans notre pays, probablement en raison de l’élévation du nombre de jeunes femmes voilées. Ces épingles sont métalliques, d’une longueur de 3 à 4 cm environ et présentent un bout en plastique arrondi radiotransparent. Lors de l’ajustement du voile, les femmes maintiennent l’épingle entre leurs lèvres ou leurs dents et l’aspiration se produit lors d’un rire, d’une toux ou de tout autre mouvement brusque. Le bout arrondi et le diamètre étroit de ce type d’épingles facilitent probablement la migration vers la distalité des bronches, essentiellement lors de la toux qui permet sa mobilisation.
L’enchâssement de l’épingle dans la muqueuse bronchique peut entraîner une inflammation des tissus avoisinants, favorisant ainsi l’enclavement davantage et le risque de saignement lors de l’extraction. Son indication doit donc être précoce. L’extraction par bronchoscopie permet d’éviter l’anesthésie générale, d’explorer les voies aériennes distales et d’écourter la durée d’hospitalisation. En cas d’échec, l’extraction chirurgicale par thoracotomie est indiquée.
Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared.
Date de soumission : 30/05/2017. Acceptation : 10/08/2018.