Françoise Le Pimpec-Barthes, Présidente du Comité pédagogique de la SFCTCV. Service de chirurgie thoracique et transplantation pulmonaire, HEGP, Paris
Pascal Dumont, Directeur du Collège de la SFCTCV. Unité de chirurgie thoracique, hôpital Trousseau, Tours
La SFCTCV, par l’intermédiaire de son Collège, a pour mission de veiller à la formation théorique et pratique des jeunes chirurgiens thoraciques et cardiovasculaires, en maintenant le niveau d’excellence de notre discipline afin de garantir des conditions optimales d’installation et d’exercice.
Les modalités de cette formation, avec sa validation finale par l’examen du DESC lors des séances du collège, ont très peu évolué depuis une vingtaine d’années.
Le constat est qu’actuellement il existe une certaine hétérogénéité du niveau de formation sur le territoire français. Cela a motivé une réflexion interne au sein de la SFCTCV, puis la réalisation d’un état des lieux des pratiques en France, en Europe et dans d’autres pays anglo-saxons. Celui-ci a été réalisé par le groupe des jeunes chirurgiens thoraciques et cardiovasculaires (AJCTCV) sous la direction de leur président, Charles-Henri David. Par cet éditorial, la SFCTCV remercie ce groupe de jeunes chirurgiens qui a fait un travail très précis, qui contribuera à l’amélioration à venir de notre système de formation. D’autre part ce travail est particulièrement important et bienvenu dans le contexte actuel car nous sommes en pleine réforme de l’internat.
Cet état des lieux a été associé à une enquête de satisfaction auprès de nos jeunes afin d’évaluer leur ressenti concernant la formation telle qu’elle leur est proposée durant l’internat et le clinicat.
Ces deux enquêtes relèvent d’importantes lacunes : manque d’information sur les enseignements disponibles ou informations données trop tardivement dans le cursus de l’interne, difficultés pour assister aux séances de formations théoriques du Collège dans certaines régions, hétérogénéité d’investissement des PU-PH dans la formation théorique et pratique, et bien d’autres points signalés dans l’article publié dans les pages qui suivent.
Le manque d’information précoce délivrée aux jeunes est en grande partie dû à l’absence de lien entre le Collège et les universités des régions fournissant les autorisations d’inscription dans les spécialités. Cela se traduit par une incapacité pour le Collège d’identifier de façon exhaustive le nombre et l’identité des internes en cours de formation. Il est alors difficile de les informer des formations recommandées et disponibles à débuter le plus tôt possible dans leur cursus. Ce retard dans l’accès aux outils de formation peut pour certains internes déboucher sur un sentiment d’isolement et d’absence de réelle appartenance à un groupe de futurs spécialistes.
En ce qui concerne les cours du Collège, il s’agit d’une formation théorique mise au point il y a plus de vingt ans, privilégiant un enseignement commun aux trois spécialités, cardiaque, thoracique et vasculaire. Les avantages de cette formule sont l’acquisition par les internes d’une culture générale dans les trois disciplines, mais avec comme inconvénient une réduction du volume d’enseignement par spécialité. La présence aux séances du Collège n’étant pas obligatoire et l’enseignement non validé par une évaluation des connaissances, il s’avère aujourd’hui impossible de garantir que chaque jeune ait acquis le socle de base nécessaire dans l’ensemble des domaines de la spécialité. En fait, il suffit d’une simple présence et de quelques présentations lors de quelques séances du Collège pour accéder à l’examen final basé sur un travail dans un seul domaine et au titre de chirurgien thoracique et cardiovasculaire. Avec un tel système, il est aisé de comprendre l’hétérogénéité finale de formation qui en résulte. Bien sûr, de nombreux enseignements parallèles existent, mais ceux-ci ont un coût important pour certains et parfois ne peuvent être suivis dans leur intégralité pour des raisons de disponibilité de l’interne.
Tous ces points, et d’autres, qui sont détaillés dans l’article, expliquent probablement la satisfaction très mitigée exprimée par les jeunes concernant la formation théorique délivrée par le Collège (56,8 %), voire même leur insatisfaction (36,4 %).
Concernant la formation pratique, elle aussi hétérogène selon les centres, la tenue d’un cahier d’activité de l’interne « Epiform » devrait pouvoir assurer un suivi individuel et continu en cours de formation. Cet outil devrait permettre dans l’avenir de s’assurer d’un apprentissage chirurgical régulier au cours de l’internat. Il reste à définir les modalités pratiques de son utilisation.
Les modes de formations en dehors du territoire français sont aussi différents selon les pays. Là encore, l’article de l’AJCTCV fait une revue détaillée des pratiques au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Suisse. L’hétérogénéité est de mise entre tous ces pays, allant d’un encadrement extrêmement précis, rigoureux avec entretien individuel et sélection des candidats pour l’entrée dans la spécialité, à l’inscription sur simple dossier et CV. Ces données serviront pour alimenter la réflexion de la SFCTCV sur les changements nécessaires dans la formation initiale impliquant tous les acteurs depuis les enseignants jusqu’aux jeunes eux-mêmes.
C’est la raison principale pour laquelle le nouveau président de la SFCTCV, Pascal Thomas, a souhaité créer un Comité pédagogique qui sera le pivot central entre les différentes instances impliquées dans la formation et l’enseignement. Ce comité, composé de 15 membres, aura comme tâches de réformer les modalités d’enseignements lors des séances du Collège, de proposer un contrôle des connaissances, d’obtenir une régulation plus claire d’accès à la spécialité, d’effectuer un suivi plus personnalisé du cursus de chaque interne, et d’autres missions en lien avec les universités, les autres sociétés savantes et les organismes de formation continue.
Ce projet doit pouvoir permettre à tous les internes de notre discipline d’avoir un accès à une formation complète théorique et pratique de haut niveau, intégrée dans un programme connu dès l’inscription dans la spécialité et validée individuellement selon des modalités qui seront définies dans un avenir proche.