Chirurgie thoracique · Vol. 22 Décembre 2018

La chirurgie pulmonaire vidéo-assistée a-t-elle un impact sur les complications postopératoires chez les patients avec un antécédent de cancer des voies aérodigestives supérieures ?

Tchala Kassegne*, David Boulate, Myriam Ammi, Olaf Mercier, Elie Fadel Hôpital Marie-Lannelongue, Le Plessis-Robinson * Correspondance : kasstchala@hotmail.fr DOI : 10.24399/JCTCV22-4-KAS Citation : Kassegne T, Boulate D, Ammi M, Mercier O, Fadel E. La chirurgie pulmonaire vidéo-assistée a-t-elle un impact sur les complications postopératoires chez les patients avec un antécédent de cancer des voies aérodigestives supérieures ?. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2018;22(4). doi: 10.24399/JCTCV22-4-KAS   Résumé Les tumeurs des voies aérodigestives supérieures (VADS) et les tumeurs pulmonaires ont en commun les mêmes facteurs de risques. Leur association, synchrone ou métachrone, est fréquemment décrite. L’objectif de notre étude était d’établir le taux de complications postopératoires chez les patients avec un antécédent de tumeur des VADS et de déterminer si la chirurgie vidéo-assistée (VATS) diminue le risque de complications postopératoires chez ces patients. Nous avons également cherché à savoir si une prise en charge chirurgicale première de la tumeur pulmonaire avant celle de la tumeur des VADS, dans les présentations synchrones, diminuait significativement les complications postopératoires. Cette étude rétrospective monocentrique a été menée à l’hôpital Marie Lannelongue. Elle incluait les patients avec un antécédent de tumeur des VADS, opérés d’une tumeur pulmonaire entre 2010 et 2017. Nous avons établi deux groupes : un groupe de patients opérés par thoracotomie et un groupe de patients opérés par VATS. Nous avons comparé le taux de complications postopératoires des deux groupes. Il s’agissait de 121 patients (77% d’hommes), dont l’âge moyen était de 64,7±8,1 ans. 61% des patients (n=74) ont bénéficié d’une résection pulmonaire par thoracotomie et 39% (n=47) par VATS. Le taux global de complications postopératoires était de 57% (n=69), dont 3,3% de mortalité intrahospitalière (n=4). La VATS réduisait significativement le taux de pneumopathie infectieuse (43,2% vs 17%, p=0,003), ainsi que le taux de détresse respiratoire (21,6% vs 2,1%, p=0,003) comparé à la thoracotomie. Les troubles de la déglutition constituaient le facteur de risque de complication post-résection pulmonaire dans cette étude (OR=3,3 [1,1-10,7]). La prise en charge première de la tumeur pulmonaire n’a pas démontré de réduction significative des complications postopératoires. Le taux de complication post-résection pulmonaire des patients présentant un antécédent de tumeur des voies aérodigestives supérieures est important. La résection pulmonaire vidéo-assistée diminue le taux de pneumopathie postopératoire. La présence préopératoire de troubles de la déglutition est un facteur de risque de complication. Ceci doit être pris en compte dans la stratégie thérapeutique de ces patients.   Abstract Does video-assisted pulmonary surgery have an impact on postoperative complications in patients with previous head and neck cancer? Head and neck cancers (HNC) and lung tumors share the same risk factors, and their association, synchronous or metachronous, is frequently described. The aim of our study was to determine the postoperative complication rate in patients with a previous history of HNC, and to determine whether video-assisted thoracic surgery (VATS) decreases the risk of postoperative complications in these patients. We also investigated whether surgical management of the lung tumor before the HNC reduced the incidence of postoperative complications in synchronous presentations. This retrospective, single-center study was conducted at Marie Lannelongue Hospital. It included patients with a history of HNC who underwent a pulmonary resection between 2010 and 2017. We established two groups of patients, those operated by thoracotomy and those operated by VATS, and compared the postoperative complication rate between the two groups. There were 121 patients (77% men) with an average age of 64.7 ± 8.1 years. Of these patients, 61% (n = 74) underwent thoracotomy lung resection and 39% (n = 47) had VATS. The overall postoperative complication rate was 57% (n = 69), with 3.3% intrahospital mortality (n = 4). Use of VATS significantly reduced the rate of pneumonia (43.2% vs. 17%, p = 0.003) and respiratory distress syndrome (21.6% vs. 2.1%, p = 0.003) compared to thoracotomy. Swallowing disorders represented a risk factor for complications after pulmonary resection in this study (OR = 3.3 [1.1, 10.7]). Initial management of the pulmonary tumor did not significantly reduce the rate of postoperative complications. The complication rate after pulmonary resection in patients with a history of HNC is high. Video-assisted pulmonary resection reduces the rate of postoperative pneumonia. Swallowing disorders represent a risk factor for complications, and this must be taken into account in the management of these patients.   1. Introduction Les tumeurs des VADS (voies aérodigestives supérieures) et les tumeurs pulmonaires ont en commun la même population à risque. Le tabac est le principal facteur de risque commun à ces deux pathologies. Les tumeurs des VADS sont les tumeurs les plus fréquemment associées au cancer du poumon [1,2]. La prévalence d’un deuxième cancer pulmonaire chez les patients avec des antécédents de tumeur des VADS est de 6,9% [3]. En France, le type histologique le plus fréquent des cancers de VADS est le carcinome épidermoïde [4]. Les autres types histologiques sont représentés par les adénocarcinomes et les carcinomes non indifférenciés. Le larynx, la cavité buccale, le pharynx sont très fréquemment touchés. De plus les poumons représentent un site métastatique dans les cancers de VADS. La prise en charge des tumeurs des VADS peut porter atteinte aux fonctions respiratoires et de déglutition [5-9]. Lorsqu’une tumeur pulmonaire non à petites cellules survient chez un patient avec un antécédent de tumeur des VADS, la prise en charge de cette seconde tumeur peut être chirurgicale selon l’extension de la pathologie. La lobectomie reste une option thérapeutique majeure pour ces patients. Globalement on peut noter dans la littérature un taux de complication post-lobectomie autour de 16% pour les lobectomies par VATS (Video-assisted Thoracoscopic Surgery) et autour de 30% pour les lobectomies par thoracotomie [10]. Les facteurs de risque de complications postopératoires de résection pulmonaire décrits dans la littérature sont : l’âge, le tabac, la fonction respiratoire préopératoire, la durée d’intervention, le saignement peropératoire, le type de résection pulmonaire, les pathologies cardiovasculaires, la chimiothérapie préopératoire [11-18]. L’antécédent de tumeur de VADS est également un facteur de risque de complications postopératoires [19]. L’objectif de notre étude était d’établir le taux de complications postopératoires chez les patients avec un antécédent de tumeur des VADS et de déterminer si la VATS diminue le risque de complications postopératoires chez ces patients. Nous avons également cherché à savoir si une prise en charge première de la tumeur pulmonaire avant la tumeur ORL (dans les présentations synchrones) diminuait significativement les complications postopératoires. 2. Matériels et méthodes Cette étude rétrospective monocentrique a été menée entre janvier 2010 et décembre 2017 à l’hôpital Marie Lannelongue (HML). 2.1. Population Nous avons inclus tous les patients opérés d’une résection pulmonaire entre 2010 et 2017 et qui présentaient un antécédent de tumeur des VADS. Nous avons également inclus les patients ayant un diagnostic concomitant d’une tumeur pulmonaire et d’une tumeur des VADS et considéré que ces patients présentaient des tumeurs synchrones. Pour ces patients, la stratégie était celle de la prise en charge première de la tumeur pulmonaire afin de diminuer les risques d’infection pulmonaire liés aux troubles de déglutition que peut provoquer le traitement premier des tumeurs des VADS. En cas de critères d’intubation difficile, celle-ci était faite sous fibroscopie. Une trachéotomie était également réalisée en cas de difficulté d’intubation. Tous les dossiers des patients étaient présentés en réunion de concertation pluridisciplinaire et les indications chirurgicales étaient validées de façon collégiale. Une trachéotomie préventive était systématiquement réalisée en cas de troubles de déglutition pour protéger les poumons du risque d’inhalation. Elle est donc réalisée dans le même temps chirurgical que la résection pulmonaire. Il s’agit d’une trachéotomie temporaire. Nous avons défini deux populations de patients. Un groupe de patient dont la résection pulmonaire était faite par thoracotomie postérolatérale (TPL) et un second groupe par VATS. Les patients qui ne présentaient pas de tumeur des VADS et les patients qui ont présenté une tumeur des VADS après la chirurgie pulmonaire ont été exclus de l’étude. 2.2. Recueil de données Les données ont été recueillies à partir des dossiers papiers et informatisés des patients dans un tableur Excel. Les données démographiques regroupaient : l’âge, le sexe, les antécédents notables des patients, le stade de la tumeur pulmonaire. Nous avons également recueilli des données sur le bilan fonctionnel préopératoire, le traitement effectué pour la tumeur des VADS. La voie d’abord et le type de résection pulmonaire effectué pour le traitement du cancer du poumon non à petites cellules étaient recueillis. Nous avons relevé les différentes complications survenues au cours de l’hospitalisation et ainsi que les évènements jusqu’à la consultation postopératoire. 2.3. Analyse statistique Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel SPSS (SPSSTM Inc, Chicago, Illinois, États-Unis) version 15.0. Les variables continues sont décrites sous la forme de moyenne ± écart type, les variables qualitatives le sont par la fréquence de chaque classe. Les tests d’indépendance entre deux variables qualitatives ont été effectués par des tests du Chi2 et entre deux variables quantitatives par un test t de Student. La significativité statistique était déterminée par une valeur de p<0,05.   2.4. Avis du comité d’éthique Cette étude a été soumise au comité d’éthique de HML et a obtenu un avis favorable. Elle a été menée dans le respect des règles d’éthique et de la protection du secret médical. 3. Résultats   3.1. Population Deux mille cinq cent six résections pulmonaires ont été effectuées au HML pour cancer bronchopulmonaire entre 2010 et 2017. Nous avons donc recherché dans cette population les patients avec un antécédent de tumeur des VADS synchrone ou métachrone. Notre population d’étude comporte au final 121 patients. Quarante-sept patients (38,8%) dans le groupe VATS et 74 patients (61,2%) dans le groupe TPL. Le choix entre VATS et TPL était lié à l’expérience du chirurgien, aux facteurs anatomiques de la tumeur et à la période de chirurgie, sachant que la chirurgie vidéo-assistée s’est progressivement accrue au cours de l’étude, du fait de l’amélioration du matériel. On note 17 patients avec des tumeurs synchrones et 104 tumeurs métachrones. Le diagramme de flux est représenté par la figure 1.   [caption id="attachment_4181" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Diagramme de flux de la population de l’étude.[/caption]   Les caractéristiques démographiques sont résumées dans le tableau 1. On ne peut pas conclure à une différence significative entre les deux populations, sauf dans la sous-population des lobectomies. On a significativement plus de lobectomies dans le groupe TPL.   Tableau 1. Les caractéristiques démographiques.  Variables Données manquantes Patients VADS n=121 (%) Patients TPL n=74 (%) Patients VATS  n=47 (%) p Âge 0 64,7±8,1 64,6±8,6 64,8±7,4 0,92 Sexe 0 0,348   Hommes 0 93 (76,9) 59 (79,7) 34 (72,3)   Femmes 0 28 (23,1) 15 (20,3) 13 (27,7) IMC 1 23,5±4,8 23,3±3,9 23,7±6 0,67 Tabac actif 1 29 (24,2) 16 (21,6) 13 (28,3) 0,4 Tabac sevré 1 86 (71,7) 57 (77) 29 (63) 0,09 VEMS (%) 3 85±18 86±15 84±22 0,55 Stade cancer poumon 11 0,22    I 69 (62,7) 40 (58) 29 (69)    II 23 (20,9) 13 (19,1) 10 (23,8)    III 17 (15,5) 14 (20,6) 3 (7,1)    IV 1 (0,9) 1 (1,5) 0 (0) Type de résection pulmonaire   Wedge 0 16 (13,2) 7 (9,5) 9 (19,1) 0,12   Segmentectomie 0 3 (2,5) 1 (1,4) 2 (4,3) 0,32   Lobectomie 0 104 (86) 68 (91,9) 36 (76,6) 0,018   Bilobectomie 0 1 (0,8) 1 (1,4) 0 (0) 0,42   Pneumonectomie 0 3 (2,5) 2 (2,7) 1 (2,1) 0,84     3.2. VATS versus TPL Le taux de complication post-résection pulmonaire chez les patients avec un antécédent de tumeur des VADS est de 57%. Le taux de mortalité est de 3,3%. Nous n’avons pas trouvé d’association statistiquement significative entre la voie d’abord (TPL ou VATS) et les complications postopératoires au global (p=0,15). De manière significative, on observe plus de pneumopathie et détresse respiratoire (nécessitant une admission en réanimation) dans le groupe TPL. La durée de séjour hospitalier est également significativement augmentée dans le groupe TPL. Huit patients au total ont nécessité une ventilation prolongée avec une trachéotomie postopératoire. Il n’y a pas de différence significative concernant ce résultat dans les deux groupes. Le tableau 2 résume les différentes complications dans les deux groupes.   Tableau 2. Complications postopératoires en fonction de la voie d’abord. Complications Données manquantes Patients VADS n=121 (%) Patients TPL n=74 (%) Patients VATS  n=47 (%) p Décès 0 4 (3,3) 3 (4,1) 1 (2,1) 0,56 Complications 0 69 (57) 46 (62,2) 23 (48,9) 0,15 Pneumopathie 0 40 (33,1) 32 (43,2) 8 (17) 0,003 Détresse respiratoire 0 17 (14) 16 (21,6) 1 (2,1) 0,003 Ventilation non invasive 0 2 (1,7) 0 (0) 2 (4,3) 0,07 Encombrement bronchique 0 24 (19,8) 18 (24,3) 6 (12,8) 0,12 Fistule bronchopleurale 0 5 (4,1) 3 (4,1) 2 (4,3) 0,95 Bullage prolongé 0 8 (6,6) 4 (5,4) 4 (8,5) 0,5 Reprise chirurgicale 0 11 (9,1) 6 (8,1) 5 (10,6) 0,63 Embolie pulmonaire 0 1 (0,8) 1 (1,4) 0 (0) 0,8 ACFA 0 8 (6,6) 4 (5,4) 4 (8,5) 0,5 IDM 0 1 (0,8) 0 (0) 1 (2,1) 0,2 Hémothorax 0 2(1,7) 0(0) 2(4.3) 0.07 AVC 0 1(0,8) 1(1,4) 0(0) 0,42 Ventilation prolongée 0 8(6,6) 5(6,8) 3(6,4) 0.93 Séjour hospitalier (j) 0 15±19 18±19 11±17 0,04     3.3. Prise en charge chirurgicale première de la tumeur pulmonaire dans les tumeurs synchrones Nous n’avons pas relevé d’impact significatif de la prise en charge en première position de la tumeur pulmonaire sur les complications postopératoires. Le taux de bullage prolongé est proportionnellement plus élevé dans les tumeurs synchrones. Cette stratégie n’a pas d’influence sur le taux de pneumopathie ou de détresse respiratoire. Ces résultats sont présentés dans le tableau 3.   Tableau 3. Complications postopératoires des tumeurs synchrones. Complications Données manquantes Patients VADS n=121 (%) Tumeurs synchrones n=17 (%) Tumeurs métachrones  n=104 (%) p Décès 0 4 (3,3) 0 (0) 4 (3,8) 0,41 Complications 0 69 (57) 10 (58,8) 59 (56,7) 0,87 Pneumopathie 0 40 (33,1) 4 (23,5) 36 (34,6) 0,36 Détresse respiratoire 0 17 (14) 2 (11,8) 15 (14,4) 0,77 Ventilation non invasive 0 2 (1,7) 0 (0) 2 (1,9) 0,56 Encombrement bronchique 0 24 (19,8) 3 (17,6) 21 (20,2) 0,8 Fistule bronchopleurale 0 5 (4,1) 1 (5,9) 4 (3,8) 0,69 Bullage prolongé 0 8 (6,6) 3 (17,6) 5 (4,8) 0,04 Reprise chirurgicale 0 11 (9,1) 1 (5,9) 10 (9,6) 0,62 Embolie pulmonaire 0 1 (0,8) 0 (0) 1 (1) 0,68 ACFA 0 8 (6,6) 1 (5,9) 7 (6,7) 0,89 IDM 0 1 (0,8) 0 (0) 1 (1) 0,68 Hémothorax 0 2 (1,7) 0 (0) 2 (1,9) 0,56 AVC 0 1 (0,8) 0 (0) 1 (1) 0,68   3.4. Facteur de risque de complication postopératoire Lorsqu’on étudie les facteurs pouvant influencer le taux de complications postopératoires, seule la présence d’un trouble de la déglutition préopératoire augmente significativement le taux de complication  (OR=3,3 [1,1-10.7]). L’âge, le sexe, le tabac, le type de résection et le type de traitement ORL n’impactent pas significativement les complications postopératoires. Ces résultats sont présentés dans le tableau 4.   Tableau 4. Analyses univariées et multivariées des facteurs de risques. Analyse univariée  Analyse multivariée Variables Données manquantes Complications postopératoires n=69 (%) Pas de Complication n=52 (%) p OR [IC 95%] p Troubles de déglutition préopératoire 0 15 (21,7) 4 (7,7) 0,036 3,3 [1,1-10,7] <0,001 Trachéotomie préventive 0 8 (11,6) 2 (3,8) 0,12 0,002 Âge 0 65±8 63±7 0,12 0,911 IMC 1 23±4.5 24±5.2 0,34 Hommes 0 55 (79,7) 38 (73,1) 0,39 Tabac actif 1 17 (25) 12 (23,1) 0,8 VEMS (%) 3 83±15 87±21 0,27 Antécédent de trachéostomie 0 7 (10,1) 6 (11,5) 0,8 Type de résection pulmonaire   Wedge 0 7 (10,1) 9 (17,3) 0,25   Segmentectomie 0 2 (2,9) 1 (1,9) 0,72   Lobectomie 0 61 (88,4) 43 (82,7) 0,37       Bilobectomie 0 1 (1,4) 0 (0) 0,38   Pneumonectomie 0 1 (1,4) 2 (3,8) 0,4 Type de traitement de tumeur des VADS   Chirurgie 2 36 (53,7) 32 (61,5) 0,39   Radiothérapie 2 52 (77,6) 39 (75) 0,73   Chimiothérapie 3 40 (60) 28 (53) 0,46   4. Discussion Cette étude rapporte un taux de complications post-résection pulmonaire élevé chez les patients avec un antécédent de tumeur des VADS. Cet antécédent était bien identifié dans la littérature comme un facteur de risque de complications. Mais les taux de complications étaient peu étudiés. Une étude récente rétrospective de Briend et al. [19] rapportait un taux de complications de 42,4% et une mortalité de 8,5%. Notre taux de complications est plus élevé mais reste concordant lorsqu’on observe par exemple la complication la plus importante qui est la pneumopathie (33% dans notre étude et 32,1% dans l’étude de Briend et al.). La différence de taux de mortalité peut s’expliquer par une proportion de pneumonectomie plus élevée dans l’étude de Briend et al. (12% contre 2,5% dans notre étude). Ces résultats sont concordants avec la littérature [20,21]. Ces taux de complications élevés incitent à une prudence particulière dans la prise en charge des patients avec un antécédent de tumeur des VADS. 4.1. VATS versus TPL Nous n’avons pas établi que la VATS réduisait le risque global de complications post-résection pulmonaire dans notre population, et ceci malgré notre effectif important. Nous pouvons néanmoins conclure qu’il y a moins de pneumopathie et de détresse respiratoire dans le groupe VATS. La pneumopathie constitue la complication la plus fréquente dans notre population et les détresses respiratoires peuvent mettre en jeu le pronostic vital du patient. Ce résultat est donc cliniquement pertinent. La durée d’hospitalisation est également diminuée chez les patients opérés par VATS. Nous n’avons pas trouvé d’études comparant la VATS à la thoracotomie dans cette population. Les données que nous avons trouvées dans la littérature sur les lobectomies VATS versus thoracotomie dans la population générale vont dans le sens d’une diminution globale des complications postopératoires et de la durée de séjour hospitalier [10,22]. La réduction du risque de pneumopathie postopératoire n’a pas été rapportée dans ces études. 4.2. Prise en charge chirurgicale première de la tumeur pulmonaire dans les tumeurs synchrones Notre étude ne démontre pas que le fait de prendre en charge d’abord chirurgicalement la tumeur pulmonaire avant la tumeur des VADS réduit le risque de complication post-résection pulmonaire. Ceci peut s’expliquer par le manque de puissance avec un effectif faible de cette sous-population. Une autre explication peut se trouver dans le fait que 4 patients sur 17 avaient reçu une chimiothérapie néo-adjuvante pour la tumeur des VADS en attendant la chirurgie pulmonaire, or il a été démontré dans la littérature que la chimiothérapie augmentait le risque de complications postopératoires [14]. Une étude randomisée avec un effectif suffisamment important serait nécessaire pour démontrer cette hypothèse. 4.3. Facteur de risque significatif de complications postopératoires Le seul facteur de risque de complications que nous retrouvons est la présence de troubles de la déglutition préopératoire. Ce résultat va dans le sens des conclusions des études de Briend [19] et Herrera [21]. Même si certains facteurs comme le sexe masculin, le tabagisme actif, l’âge, le type de résection pulmonaire ont été identifiés dans la littérature comme facteurs de risque de complications, ceux-ci n’influencent pas le taux de complications dans notre étude [19,23]. La trachéotomie préventive pour réduire le risque d’inhalation et donc de pneumopathie postopératoire n’est pas une attitude clairement validée. Nos résultats suggèrent que cette attitude peut être adoptée chez les patients avec des troubles de la déglutition préopératoire. Nous justifions ceci par le fait que les troubles de la déglutition augmentent le risque de complications, or la trachéotomie préventive, qui n’est pas significative en analyse univariée, devient significative en analyse multivariée lorsqu’il est testé avec les troubles de la déglutition. La trachéotomie préventive peut constituer un facteur de confusion. Elle est significativement liée aux troubles de la déglutition. Ceci est la traduction du fait que dans notre centre la trachéotomie préventive est pratiquée préférentiellement chez les patients présentant des troubles de la déglutition. La trachéotomie préventive seule ne suffit pas à prévenir les pneumopathies postopératoires. 4.4. Limites Notre étude présente la principale limite d’être une étude rétrospective avec les biais qu’elle peut comporter avec des données manquantes. Nous n’avons pas fait de comparaison par score de propension parce que nous ne pensions pas que dans notre étude la différence du nombre de lobectomie entre les deux groupes (VATS et TPL) pouvait constituer un facteur de confusion. L’analyse univariée ne présentait pas la lobectomie comme facteur significativement associé aux complications post-résection pulmonaire. Notre étude apporte néanmoins de nouveaux renseignements sur la résection pulmonaire chez les patients avec un antécédent de tumeur des VADS. Une étude multicentrique randomisée serait nécessaire pour répondre définitivement à certaines questions, comme celle de l’indication de la trachéotomie préventive chez ces patients ou celle de la prise en charge première de la tumeur pulmonaire dans les tumeurs synchrones. 5. Conclusion La prise en charge des patients présentant une tumeur pulmonaire avec un antécédent de tumeur des VADS reste complexe et non consensuelle. Cette étude retrouve un taux de pneumopathie et de détresse respiratoire réduit avec la VATS. Elle établit également que la présence de troubles de la déglutition préopératoire est un facteur prédictif de complications postopératoires. La stratégie de prise en charge chirurgicale première du cancer bronchopulmonaire dans les tumeurs synchrones n’a pas montré de réduction des complications post-résection pulmonaire dans notre étude. Ces patients doivent être opérés par VATS si possible, et il faut rechercher et prendre en charge les troubles de la déglutition pour réduire les complications post-résection pulmonaire dans cette population.   Références Herranz González-Botas J, Varela Vázquez P, Vázquez, Barro C. Second primary tumours in head and neck cancer. 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décembre 3, 2018
Cas clinique · Vol. 22 Septembre 2018

Chirurgie thoracique pour extraction d’une épingle de voile inhalée : indication forcée

Ilham Maaroufi1*, Mohammed Bouchikh2, Abdellah Achir2 1. Service de chirurgie cardiovasculaire A, centre hospitalier Ibn Sina, Rabat, Maroc. 2. Service de chirurgie thoracique, centre hospitalier Ibn Sina, Rabat, Maroc. Correspondance : ilham.maaroufi11@gmail.com DOI : 10.24399/JCTCV22-3-MAA Citation : Maaroufi I, Bouchikh M, Achir A. Chirurgie thoracique pour extraction d’une épingle de voile inhalée : indication forcée. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2018;22(3). doi: 10.24399/JCTCV22-3-MAA   Résumé Avec l’émergence du voile dans notre pays, les femmes voilées ont acquis une habitude particulière pour utiliser des épingles servant à ajuster le voile, serrant l’épingle entre les dents ou entre les lèvres pendant l’ajustement. Nous présentons un cas de femme voilée qui a inhalé l’aiguille de fixation du voile lors de son ajustement. L’extraction par bronchoscopie a échoué. La chirurgie a été la seule alternative. D’autres cas ont été rapportés dans la littérature. Nous souhaitons sensibiliser cette tranche de la population générale à propos de ce problème critique.   Abstract With the emergence of veils in our country, veiled women acquired a particular attitude to the use of pins to fix the veil, squeezing the pin between their teeth or lips during adjustment. We present the case of veiled woman who inhaled a veil pin while adjusting it. Bronchoscopy failed to extract it, so surgery was the only alternative. Other cases have been reported in the literature. We wish to make this part of the population aware of this critically increasing problem.   Une jeune femme voilée, âgée de vingt ans, a été admise pour inhalation d’une épingle utilisée pour fixation du voile. Les radiographies du thorax répétées ont révélé la présence d’un corps étranger au niveau du segment postérolatéral du lobe inférieur droit et ont permis de détecter sa rapide migration [figure 1].   [caption id="attachment_4116" align="aligncenter" width="250"] Figure 1. Radiographie thoracique de face montrant une opacité linéaire du segment postérolatéral du lobe inférieur droit.[/caption]   La bronchoscopie a permis de localiser la tige de l’épingle au niveau d’une bronche segmentaire basale, sans permettre son extraction en raison d’un œdème bloquant le bout caudal arrondi. L’extraction chirurgicale a été la seule alternative. La voie d’abord a été une thoracotomie postérolatérale droite. Par pneumotomie, une bronchotomie en regard du relief du bout caudal arrondi a permis d’extraire l’épingle [figures 2 et 3]. Les suites opératoires ont été simples.   [caption id="attachment_4117" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Bout caudal arrondi de l’épingle, dévoilé par pneumotomie puis bronchotomie.[/caption] [caption id="attachment_4118" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Extraction de l’épingle.[/caption]   Les inhalations accidentelles des corps étrangers se produisent plus fréquemment chez les enfants que chez les adultes. L’inhalation d’épingles qui servent à fixer le voile augmente dans notre pays, probablement en raison de l’élévation du nombre de jeunes femmes voilées. Ces épingles sont métalliques, d’une longueur de 3 à 4 cm environ et présentent un bout en plastique arrondi radiotransparent. Lors de l’ajustement du voile, les femmes maintiennent l’épingle entre leurs lèvres ou leurs dents et l’aspiration se produit lors d’un rire, d’une toux ou de tout autre mouvement brusque. Le bout arrondi et le diamètre étroit de ce type d’épingles facilitent probablement la migration vers la distalité des bronches, essentiellement lors de la toux qui permet sa mobilisation. L’enchâssement de l’épingle dans la muqueuse bronchique peut entraîner une inflammation des tissus avoisinants, favorisant ainsi l’enclavement davantage et le risque de saignement lors de l’extraction. Son indication doit donc être précoce. L’extraction par bronchoscopie permet d’éviter l’anesthésie générale, d’explorer les voies aériennes distales et d’écourter la durée d’hospitalisation. En cas d’échec, l’extraction chirurgicale par thoracotomie est indiquée.   Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 30/05/2017. Acceptation : 10/08/2018.  
septembre 5, 2018
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Décembre 2017

Expérience initiale des 70 premières lobectomies vidéo-assistées au CHU d’Angers

Mickaël Daligault*, Myriam Ammi, Matthieu Péret, Gregory Dessertenne, Tchala Kassegne, Jean Picquet   Service de chirurgie cardiovasculaire et thoracique, CHU d’Angers, France. * Correspondance : Mickael.Daligault@chu-angers.fr DOI : 10.24399/JCTCV21-4-DAL Citation : Daligault M, Ammi M, Péret M, Dessertenne G, Kassegne T, Picquet J. Expérience initiale des 70 premières lobectomies vidéo-assistées au CHU d’Angers. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(4). doi: 10.24399/JCTCV21-4-DAL   Résumé Objectif : la chirurgie mini-invasive (VATS) pour lobectomies pulmonaires est une alternative à la thoracotomie. Le but de cette étude rétrospective était de rapporter les résultats de notre expérience initiale de lobectomies réalisées par VATS. Méthodes : nous rapportons nos suites opératoires et nos courbes d’apprentissage. Résultats : de 2014 à 2017, 70 lobectomies par VATS ont été réalisées chez 41 hommes (58,6 %) de 65,6 ± 9,8 ans d’âge moyen, pour 64 lésions malignes (91,4 %) dont 57 cancers bronchopulmonaires (89 %), 7 métastases (10,9 %) et 6 lésions bénignes (8,6 %). Notre taux de conversion était de 11,4 % (n = 8). Le temps opératoire moyen était de 154 ± 49,6 min et diminuait plus rapidement si l’opérateur était déjà expérimenté. Le nombre moyen de ganglions extirpés était de 15 ± 6. Les durées médianes de réanimation et d’hospitalisation étaient de 1 jour [0;10] et 6 jours [3;17]. Le taux de morbimortalité postopératoire s’élevait à 24,3 % comprenant 2 décès, 11 pneumopathies et 4 reprises chirurgicales.  Le taux de survie sans récidive était de 85,7 % et de survie globale de 95,7 % à 14,1 ± 7,7 mois. Conclusion : notre expérience initiale de lobectomies par VATS confirme les résultats déjà rapportés pour cette  technique en première intention pour des stades précoces. Ces bénéfices généraux tendent à élargir les indications de cette technique pour des stades plus avancés.   Abstract Early experience of the 70 first video assisted lobectomies Objective: Video assisted thoracic surgery (VATS) for pulmonary lobectomy is an alternative to thoracotomy. The aim of this retrospective study was to evaluate the results of our initial experience of lobectomies performed by VATS. Methods: We report our learning curve and postoperative data. Results: From 2014 to 2017, we performed 70 VATS lobectomies. Forty-one men (58.6%) of 65.6 ± 9.8 years of median age were treated for 64 malignant lesions (91.4%) including 57 broncho-pulmonary cancers (89%), 7 metastases (10.9%), and 6 benign lesions (8.6%). Our conversion rate was 11.4% (n = 8). Average operative duration was 154 ± 49.6 minutes and decreased the most when operators were already experienced. Median number of removed lymph nodes was 15 ± 6. The ICU and hospital median lengths were 1 [0; 10] and 6 days [3; 17], respectively. Postoperative morbi-mortality rate was 24.3% including 2 deaths, 11 pneumonias, and 4 iterative surgeries. Survival without disease and global survival rates were 85.7% and 95.7%, respectively, at 14.1 ± 7.7 months. Conclusion: Our early experience of VATS lobectomies confirms previously reported results of VATS in first intention for early stages. General benefits of VATS, aside, exploration of indications of this technique for more advanced stages is needed.   1. INTRODUCTION Les exérèses pulmonaires majeures effectuées par chirurgie mini-invasive vidéo-assistée (Video-Assisted Thoracoscopic Surgery [VATS]) existent depuis plus de 20 ans, la description de la première lobectomie vidéo-assistée ayant été rapportée en 1992 [1]. Au cours de la dernière décennie s’est progressivement installé un changement de pratique avec l’avènement de ces techniques mini-invasives au détriment de la thoracotomie considérée jusqu’ici comme la voie d’abord de référence. Initialement critiquée (sécurité, qualité des curages ganglionnaires, difficulté d’apprentissage, reproductibilité), celle-ci remplace désormais peu à peu les exérèses par thoracotomie pour les cancers bronchopulmonaires non à petites cellules (NSCLC) de stades précoces. Avec un développement moins rapide en Europe qu’aux États-Unis (14 % des lobectomies réalisées par VATS en Angleterre et en Irlande en 2010 contre 32 % en 2006 aux États-Unis [2]), elle se développe désormais en France avec 25 % des lobectomies effectuées en 2014 par VATS. La courbe d’apprentissage pour cette technique diffère pour les chirurgiens déjà expérimentés en chirurgie ouverte et les jeunes chirurgiens en formation, ou en fonction de l’expérience de la thoracoscopie et sa pratique sur simulateur ou modèle animal [3-6]. Son apprentissage est exigeant du fait de la complexité du geste et du risque particulier d’hémorragie. L’absence d’écartement costal qui permet de diminuer le traumatisme chirurgical pariétal tout en conservant l’efficacité du geste thérapeutique (qualité d’exérèse, taux de survie sans récidive, reproductibilité) en fait tout son intérêt. Plusieurs études ont ainsi démontré une diminution des douleurs postopératoires, une meilleure préservation de la fonction respiratoire immédiate, une durée de drainage et d’hospitalisation moindre [7-9] et une qualité de vie meilleure [10,11]. Le but de cette étude était de rapporter notre expérience initiale à propos des 70 premières lobectomies VATS effectuées au CHU d’Angers depuis 2014.   2. MATÉRIEL ET MÉTHODES   2.1. Recueil des patients L’ensemble des malades chez qui était planifiée une lobectomie pulmonaire par VATS au CHU d’Angers entre juin 2014 et mai 2017 ont été inclus dans cette étude rétrospective. Les dossiers des malades avaient préalablement tous été présentés en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) d’oncologie thoracique pour validation de la prise en charge chirurgicale. Concernant les cancers bronchopulmonaires (suspicion ou avérés en préopératoire), seuls les stades précoces étaient inclus (cTxN0 ou N1), les autres patients suspects d’une extension ganglionnaire homolatérale classés cTxN2 ou qui présentaient une extension pariétale étaient exclus de l’étude et opérés par thoracotomie conventionnelle. Les malades convertis secondairement par thoracotomie restaient inclus. Un malade classé en stade IV avait eu une métastasectomie cérébrale et était opéré de la lésion primitive pulmonaire. Les malades pouvant bénéficier de segmentectomies étaient exclus et opérés par thoracotomie conventionnelle. Les malades chez qui la lobectomie n’était pas réalisée (résultat de l’extemporané, découverte d’un N2 « de rencontre », découverte d’une carcinose pleurale, tumeur considérée comme inextirpable) étaient exclus de l’étude. Nous avons inclus également les malades qui avaient un antécédent de CBNPC opéré. Nous avons recueilli l’ensemble des données démographiques et cliniques pertinentes de ces malades (sexe, âge, poids, taille, tabagisme, exposition à l’amiante ou antécédents de cancer).     2.2. Bilan préopératoire Les malades de notre série étaient adressés par le service de pneumologie du CHU, l’Institut de cancérologie de l’ouest d’Angers ou, plus rarement,  directement à la consultation de chirurgie thoracique par les médecins traitants. Parmi les examens du bilan préopératoire, nous avons recueilli les résultats de la fibroscopie bronchique, du TEP scanner, les caractéristiques carcinologiques de la lésion bronchopulmonaire au scanner thoracique et la classification cTNM. Le bilan d’extension comprenant systématiquement au moins un scanner cérébral et un TEP de tous les malades opérés était négatif. Les résultats des explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) étaient recueillis.     2.3. Interventions chirurgicales Durant la période de recueil, six chirurgiens différents confirmés (« seniors ») ou en formation (« juniors ») ont réalisé les interventions.  Deux voix d’abord ont été effectuées, antérieure pour la plupart des malades, décrite par Mc Kenna puis Hansen [12], ou postérieure décrite par Walker [13]. Trois incisions dont une dite « de nécessité » pour l’extraction de la pièce opératoire étaient effectuées. L’analgésie périopératoire dépendant de l’anesthésiste consistait en la mise en place d’une rachianesthésie, d’une péridurale thoracique ou d’un bloc du nerf du grand dorsal. Un cathéter d’analgésie sous-pleural parachidien était posé par le chirurgien à la fin de la procédure avant la fermeture du malade [14]. Nous avons utilisé des optiques de 5 et 10 mm, à angulation fixe de 30° avec un écran HD. Le matériel utilisé par les opérateurs seniors et juniors était identique. Nous avons recueilli les durées opératoires totales, durée de lobectomie et durée du curage. Ces durées étaient comparées entre elles entre le début et la fin de notre expérience pour évaluer notre courbe d’apprentissage. Nous avons aussi comparé ces résultats en fonction du statut senior vs junior de l’opérateur principal. Celui-ci était qualifié de senior s’il avait une expérience des résections pulmonaires importante par thoracotomie (supérieure à 200) ou junior s’il était toujours en formation (chefs de clinique). Le type de résection effectuée, les caractéristiques anatomiques (lobe, nombre d’artère, présence de variation anatomique artère et/ou veine), les pertes sanguines, les difficultés rencontrées étaient notés. La survenue d’une conversion chirurgicale conventionnelle et ses causes ont été recherchées et analysées.     2.4. Période postopératoire précoce J0-J30 Durant cette période, on notait la durée de séjour en réanimation, la durée de drainage thoracique, la durée totale d’hospitalisation. Les complications postopératoires éventuelles comme les pneumopathies, les reprises chirurgicales, nouveaux drainages ou bullages prolongés, la nécessité de fibro-aspirations bronchiques étaient recherchées. Les caractéristiques radiologiques postopératoires étaient analysées et la variation d’hémoglobine pré et postopératoire était recueillie, ainsi que le syndrome inflammatoire (taux de GB et CRP) à J1, J2 et J3. Les causes de décès étaient notées ainsi que leur délai de survenue.     2.5. Consultation à 1 mois Tous les malades opérés étaient revus à un mois par leur chirurgien avec une radio thoracique de face. Les malades étaient examinés, nous avons recherché la présence de douleurs pariétales résiduelles (EVA), d’une toux persistante et nous avons noté la présence d’un pneumothorax résiduel ou d’épanchement liquidien sur la radiographie thoracique.     2.6. Analyse statistique Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel SPSS (SPSS Inc, Chicago, Illinois, États-Unis) version 15.0. Les variables continues étaient décrites sous la forme de moyenne plus ou moins écart type ou médiane plus ou moins extrême, les variables qualitatives l’étaient par la fréquence de chaque classe. Les tests d’indépendance entre deux variables qualitatives ont été effectués par des tests du Chi2 et de Mann-Whitney. La significativité statistique était déterminée par une valeur de p inférieure à 0,05.   3. RÉSULTATS   3.1. Données démographiques De juin 2014 à mai 2017, 70 malades ont bénéficié d’une lobectomie pulmonaire par VATS. Durant la même période, 342 lobectomies étaient réalisées par thoracotomie « conventionnelle » [figure 1]. Il s’agissait de 29 femmes (41,4 %) et 41 hommes (58,6 %) (sexe-ratio H/F = 1,41), de 65,6 +/- 9,8 ans. L’IMC médian était de 25 [16,8;34,81] kg/m2. Un antécédent de tabagisme existait pour 53 malades (75,7 %), 34 paquets/année de moyenne. Ce tabagisme était sevré au moment de la chirurgie pour 36 malades (87,8 %). Un antécédent d’exposition à l’amiante était retrouvé pour 7 malades (10 %) et un antécédent carcinologique pour 31 malades (40,8 %), comprenant une néoplasie digestive (7,1 %), du sein (7,1 %), de la sphère ORL (5,7 %), de la prostate (5,4 %), une hémopathie (4,3 %) et autre (11,2 %) (ovaire, rein, os, vessie, poumon, vessie, surrénale). Un malade présentant un antécédent de CBNPC déjà opéré du côté controlatéral était inclus. Aucun malade n’a été opéré dans deux côtés en VATS.     3.2. Évolution de nos pratiques. Proportion des résections pulmonaires majeures par thoracotomie versus VATS La première lobectomie VATS a été réalisée dans notre centre en juin 2014. Cent onze résections pulmonaires majeures ont été réalisées par thoracotomie ou par VATS en 2014, 129 en 2015, 125 en 2016 et 47 au 31 mai 2017. La proportion des lobectomies par VATS  était de 1 % (1/111) en 2014, 9,3 % (12/129) en 2015, 28 % (35/125) en 2016 et actuellement de 46,8 % (22/47) en 2017.   [caption id="attachment_3919" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Proportion des lobectomies VATS vs thoracotomie.[/caption]   3.3. Bilan préopératoire La fibroscopie bronchique était faite pour 53 malades (75,7 %) et considérée comme normale dans 86,8 % des cas. Elle n’était pas réalisée chez les 17 autres malades par choix du pneumologue du fait de la localisation très périphérique de la lésion. Les lésions parenchymateuses intéressaient 25 lobes supérieurs droits (LSD 36 %), 4 lobes moyens (LM 6 %), 17 lobes inférieurs droits (LID 24 %), 9 lobes supérieurs gauches (LSG 13 %) et 15 lobes inférieurs gauches (LIG 21 %). Le TEP retrouvait une fixation de la lésion dans 89,8 % des cas avec un SUV moyen de 7,2 ± 4,5. L’anatomopathologie de la lésion était disponible avant la chirurgie pour 11 malades (15,7 %) obtenue par ponction sous scanner (n = 8, 72,7 %), fibroscopie bronchique (n = 2, 1,8 %) ou l’exérèse d’une métastase cérébrale unique chez un malade (0,9 %). Seuls les patients présentant des stades carcinologiques localement précoces étant sélectionnés pour une VATS, les stades carcinologiques préopératoires (cTxNxM0) étaient les suivants : cT1aN0M0, n = 32 (45,7 %) ; cT1bN0M0, n = 16 (22,8 %) ; cT2aN0M0, n = 13 (18,5 %) ; cT2aN1M0, n = 2 (2,8 %) ; cT2bN1M0, n = 2 (2,8 %) ; cT3N0M0, n = 2 (2,8 %) et cT1bN0M1, n = 1 (1,4 %). Parmi ces lésions, on retrouvait 6 nodules en verres dépolis (n = 4 cT1aN0M0, n = 1 cT2aN0M0, n = 1 cT1bN0M0). En plus de ces lésions, on retrouvait un syndrome interstitiel et une métastase pulmonaire d’un sarcome périphérique. Quatre malades présentaient donc une stadification cN1 sur le TEP (5,7 %). La taille moyenne du nodule sur le scanner préopératoire était de 23,8 ± 12, 2 mm. Les EFR préopératoires retrouvaient un VEMS moyen de 2,44 ± 0,73 litres soit 92,52 ± 21,09 % de la théorique. Une rachianesthésie préopératoire immédiate était réalisée chez 45 malades (64,3 %) avec 5 échecs (7,1 %), une péridurale thoracique était posée (1,4 %) et 14 blocs du grand dorsal étaient réalisés (20 %).     3.4. Technique opératoire Soixante-sept malades ont été opérés par une approche antérieure (95,7 %) et 3 par une approche postérieure (4,3 %), avec 3 incisions pour chaque malade dont une dite « de nécessité », de 2 à 3 cm effectuée d’emblée dans le 4e espace intercostal pour les lobes supérieurs et moyens et dans le 5e espace intercostal pour les lobes inférieurs. La lobectomie était réalisée d’emblée pour 53 malades (75,7 %) ou au décours d’une résection atypique (wedge) pour vérification anatomopathologique extemporanée chez 17 malades (24,3 %). Tous les lobes supérieurs et moyens étaient opérés avec la technique fissureless, pour les lobes inférieurs l’artère pulmonaire scissurale était disséquée. Le caractère fermé ou ouvert des scissures n’a pas été recueilli.     3.5. Données anatomiques Le nombre médian d’artères agrafées et sectionnées était de 2 [1;7] tous lobes confondus. Le nombre médian d’artères pour chaque lobe est détaillé dans le tableau 1.   Tableau 1. Nombre d’artères pour chaque lobe. Lobes Nombre d'artères (médiane) Minimum Maximum LSD 2 1 3 LM 2 1 2 LID 2 1 4 LSG 4 3 7 LIG 2 1 3   Concernant les artères, on retrouvait 3 variations anatomiques (4,3 %) : une artère lingulaire émergeant du tronc artériel des basales, une artère lobaire moyenne émergeant du tronc artériel des basales et un malade qui présentait deux artères nelsonniennes. Concernant les veines, on retrouvait 8 variations anatomiques (11,4 %) résumées dans le tableau 2.   Tableau 2. Type de variation veineuse. Type variation veineuse n Côté Tronc commun VPS et VPI 3 G Veine du LM se drainant dans la VPI 3 D VPI et nelsonnienne distincte 2 G   Un curage ganglionnaire était effectué chez 66 malades (94,3 %) et non réalisé pour les 4 autres malades (5,7 %) chez qui la lésion était une métastase. Un cathéter d’analgésie sous-pleural était mis en place en fin d’intervention chez 69 malades (98,6 %).   3.6. Conversions Nous avons dû réaliser 8 conversions (11,4 %) par thoracotomie. Sept par thoracotomie antérolatérale par élargissement de l’incision de nécessité (10 %) et un malade par thoracotomie postérolatérale (1,4 %). Les causes de conversion sont résumées dans le tableau 3. Tableau 3. Cause de conversion par thoracotomie. Cause de conversion n Cause hémorragique 3 Adhérences pariétomédiastinales majeures 3 Causes oncologiques 1 Temps opératoire trop long 1     Les conversions pour causes hémorragiques comprenaient 2 plaies d’artères pulmonaires (une artère médiastinale à droite, une artère médiastinale à gauche) et une plaie veineuse pulmonaire inférieure gauche.   3.7. Opérateurs Six opérateurs différents, 2 « seniors » et 4 « juniors » ont réalisé les interventions. L’opérateur principal était un « senior » pour 43 interventions (61,4 %) et un « junior » pour  27 interventions (38,6 %).   3.8. Temps opératoire Tous les opérateurs confondus, le temps opératoire total moyen était de 154 ± 49,6 min, le temps moyen de la lobectomie de 102,5 ± 46,3 min et le temps moyen du curage ganglionnaire de 30 ± 14,7 min. On observait une décroissance des courbes de tendance du temps opératoire avec le nombre de procédures [figures 2, 3 et 4].   [caption id="attachment_3920" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Durée opératoire totale.[/caption]   [caption id="attachment_3921" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Durée de la lobectomie.[/caption]   [caption id="attachment_3922" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Durée du curage.[/caption] 3.8.1. Temps opératoire seniors vs juniors Pour les opérateurs seniors, le temps opératoire total moyen était de 136,2 ± 36,1 min contre 181,6 ± 53,4 min pour les opérateurs juniors (p < 0,0001), le temps moyen de la lobectomie était de 88,7 ± 39,6 min contre 123,6 ± 48,4 min (p = 0, 003), et le temps moyen du curage de 27,1 ± 10,3 min contre 34,2 ± 18,9 min (p = 0,168). On notait donc une différence significative entre « seniors » et « juniors » concernant le temps opératoire global, le temps de la lobectomie mais pas pour le temps du curage ganglionnaire [tableau 4].   Tableau 4. Temps opératoires. Opérateurs Temps opératoire total moyen (min) Temps moyen lobectomie (min) Temps moyen curage (min) Seniors 136,2 ± 38,1 88,7 ± 39,6 27,1 ± 10,3 Juniors 181,9 ± 53,4 123,6 ± 48,4 34,2 ± 18,9 p < 0,0001 0,003 0 ,168   3.8.2. Temps opératoires par lobe La durée opératoire des lobectomies supérieures droites était significativement plus longue que celle des autres lobectomies (p = 0,001). On ne retrouvait pas de différence significative pour la durée des autres lobectomies [tableau 5]. Tableau 5. Temps opératoires par lobe. Lobe Temps opératoire global moyen (min) Temps moyen lobectomie (min) Temps moyen curage (min) LSD 179,3 ± 52,7 133,3 ± 50,9 31,75 ± 17,2 LM 128,7 ± 30,6 88,7 ± 20,2 32,5 ± 12,6 LID 143,9 ± 53,8 81,8 ± 29,3 26,9 ± 13 LSG 151,1 ± 44,1 96,7 ± 51 28,3 ± 9,4 LIG 135,7 ± 32,2 90,6 ± 31 30,6 ± 16,9   3.8.3. Courbe d’apprentissage et durée d’intervention En différenciant les opérateurs seniors des opérateurs juniors, nous avons retrouvé une stabilisation du temps opératoire entre 6 et 10 procédures pour les seniors. Tous les opérateurs confondus, sur les 70 lobectomies effectuées, le temps opératoire global moyen concernant les 10 premières procédures était de 187,5 ± 34,2 minutes contre 131,5 ± 45 minutes pour les 10 dernières (p < 0,0001). Pour les opérateurs seniors qui ont pratiqué 43 interventions, le temps opératoire global moyen concernant les 10 premières procédures était de 152 ± 45,5 minutes contre 133 ± 55,8 minutes pour les 10 dernières (p = 0,03). Pour les opérateurs juniors qui ont pratiqué 27 interventions, le temps opératoire global moyen concernant les 10 premières procédures était de 190 ± 42,4 minutes contre 175 ± 44,6 minutes pour les 10 dernières  (p = 0,05).   3.9. Incidents peropératoires Sept incidents durant l’intervention étaient notés (10 %), il s’agissait de 6 problèmes hémorragiques (2 plaies de veines pulmonaires nécessitant une conversion, 3 plaies d’artères pulmonaires nécessitant 2 conversions et un suintement hémorragique diffus chez un malade sous antimitotiques). La bronche principale gauche était confondue avec la bronche lobaire supérieure gauche durant la réalisation d’une lobectomie supérieure gauche, heureusement celle-ci n’a pas été agrafée puisque détectée lors de l’épreuve de reventilation pulmonaire avant l’agrafage.   3.10. Période postopératoire précoce J0-J30 Deux malades (2,8 %) sont décédés au 10e jour postopératoire, des suites d’une plaie œsophagienne diagnostiquée à J7 pour le premier et qui était classé cT2aN0M0 en préopératoire, et de cause incertaine (sepsis ou embolie pulmonaire massive) pour le second.   3.10.1. Durée de séjour en réanimation, ventilation mécanique et non invasive La durée médiane de séjour en réanimation était de 1 jour [0;10]. Un malade (1,4 %) a été réintubé pour détresse respiratoire aiguë par ventilation mécanique. Six malades (8,6 %) ont bénéficié de VNI pendant 2,8 ± 2,3 jours en moyenne à visée prophylactique pour n = 3 malades, pneumopathie avec hypoxémie pour n = 1 malade, encombrement avec hypoxémie pour n = 1 malade et hypoxémie seule pour n = 1 malade.   3.10.2. Durée de séjour intrahospitalier La durée médiane de séjour était de 6 jours [3;17]. La durée de séjour restait stable avec le temps et ne diminuait pas avec l’expérience. On ne notait pas de différence significative pour la durée globale de séjour entre opérateurs seniors et juniors (p = 0,971).   3.10.3. Durée de drainage La durée médiane de drainage était de 4 jours [2;12]. On ne notait pas de différence significative pour la durée de drainage entre opérateurs seniors et juniors (p = 0,975). Seize malades (22,8 %) ont présenté un bullage persistant par le drain thoracique.   3.10.4. Biologie La variation du taux d’hémoglobine en postopératoire par rapport à la période préopératoire était en moyenne de 1,08 ±0,77 g/L. Deux patients (2,8 %) ont été transfusés. On ne notait pas de différence significative pour les pertes sanguines entre opérateurs seniors et opérateurs juniors (1,1 ± 0, 81 vs 1,14 ± 0, 82 p = 0,889).   3.10.5. Syndrome inflammatoire postopératoire Le taux moyen de globules blancs à J1 était de 12531 ± 10791 G/L. Le taux moyen de la CRP à J1 était de 62 ± 43, 102 ± 67 à J2 et de 105 ± 80 à J3. On ne notait pas de différence significative entre opérateurs seniors et juniors concernant le taux de globule blanc à J1 (p = 0,690) ou de CRP à J1 (p = 0,902), J2 (p = 0,869) et J3 (p = 0,970).   3.10.6. Pneumopathie Onze malades (15,7 %) ont présenté une pneumopathie postopératoire ayant nécessitée une antibiothérapie. Quatre (5,7 %) malades ont nécessité des fibro-aspirations bronchiques.   3.10.7. Reprises chirurgicales précoces Quatre malades (5,7 %) étaient repris au bloc opératoire à 5,7 ± 4,6 jours postopératoires en moyenne, 2 pour hémothorax (2,8 %), 1 pour aérostase (1,4 %) et 1 pour la résection d’un flap trachéal de la membraneuse provoqué par l’intubation. Pour le patient repris pour aérostase, il a été appliqué un Tachosilâ sur la fuite parenchymateuse scissurale identifiée. La patiente présentant un flap trachéal de la membraneuse a bénéficié d’une résection endoscopique de ce flap par les ORL.   3.10.8. Nouveau drainage On notait 6 drainages (8,6 %) itératifs chez 5 malades, 5 pour pneumothorax et 1 pour hémopneumothorax. Le délai moyen de ces drainages était de 9,3 ±4,2 jours postopératoires. Aucun malade n’a été drainé après 15 jours postopératoires.   3.10.9. Morbimortalité globale J0-J30 En comptant les pneumopathies (n = 11), les reprises chirurgicales (n = 4) et les décès postopératoires (n = 2), le taux global de morbimortalité était donc de 24,3 %. Notons que 2 (2,8 %) malades étaient réopérés tardivement, en moyenne au 47 ± 7e jour postopératoire, pour 2 hernies pariétales douloureuses (une sur l’incision de nécessité, une sur l’orifice de trocart postérieur). Il était réalisé à chaque fois une fermeture directe. Parmi les 8 malades convertis, on retrouvait 2 pneumopathies postopératoires (25 %), aucune reprise chirurgicale, pas de décès postopératoire et pas de nouveau drainage, soit un taux de morbimortalité pour ce groupe de 25 %. Cinq de ces malades avaient des douleurs persistantes à 1 mois (62,5 %) et 1 malade présentait des douleurs résiduelles en fin de suivi (12,5 %).     3.11. Anatomopathologie définitive L’examen anatomopathologique définitif des pièces opératoires objectivait 64 lésions bronchopulmonaires malignes (91,4 %) et 6 lésions bénignes (8,6 %). Les lésions bénignes (n = 6) comprenaient 2 pneumopathies interstitielles, 1 granulome épithélioïde et gigantocellulaire (maladie des griffes du chat), 1 inflammation granulomateuse nécrosante (mycobactérie ou sarcoïdose), 1 hamartochondrome et 1 adénome pleïomorphe. Les lésions malignes (n = 64) comprenaient 57 cancers bronchopulmonaires primitifs (89 %) et 7 métastases (10,9 %). Le classement des cancers bronchopulmonaires est reporté dans le tableau 6. Tableau 6. Classification des cancers bronchopulmonaires. Classification tumeur n % Stade I             pTisN0 1 1,7   79 %                              pT1aN0 17 29,8                          pT1bN0 9 15,9                          pT1aN1 1 1,7                          pT1bN0 2 3,5                          pT2aN0 11 19,4                          pT2bN0 4 7 Stade II            pT2aN1 3 5,3  7 %                          pT2bN1 1 1,7 Stade III           pT2N2 3 5,3 10,6 %                            pT3N0 3 5,3 Stade IV           pT2aN0M1b 1 1,7 3,4 %                            pT2aN2M1a 1 1,7     Concernant le statut ganglionnaire, on retrouvait donc 48 tumeurs classées N0 (84,2 %), 5 classées N1 (8,8 %) et 4 N2 (7%). Parmi les 57 cancers bronchopulmonaires, on notait 42 adénocarcinomes, 9 carcinomes épidermoïdes, 1 carcinome canalaire, 1 carcinome pleïomorphe, 3 tumeurs carcinoïdes et 1 carcinome à petites cellules. L’exérèse était complète pour 69 malades (98,6 %).   3.12. Curage ganglionnaire En moyenne, on retrouvait 15 ± 6 ganglions dans le curage avec 3 ± 1 sites curés. Pour les opérateurs seniors, 16 ± 6 ganglions pour 3 ± 1 sites curés contre 14 ± 7 ganglions pour 4 ± 1 sites curés pour les opérateurs juniors (p = 0,168). Le nombre de ganglions curés augmentait avec le nombre de procédures. Bien qu’on ne notait pas de différence significative entre opérateurs seniors et juniors concernant le nombre de ganglions curés, une différence en faveur des opérateurs seniors apparaissait pour le nombre de site curé (p = 0,043).   3.13. Curage ganglionnaire et courbe d’apprentissage Soixante-six curages ont été effectués, 39 par des opérateurs seniors et 27 par des opérateurs juniors. Tous les opérateurs confondus, sur les 66 curages, nous avons retrouvé pour les 33 premiers curages un nombre moyen de ganglions curés de 14,3 ± 5, 7 contre un nombre moyen de 15,8 ± 7,3 ganglions curés pour les 33 derniers (p = 0,554). Concernant les opérateurs seniors qui ont réalisé 39 curages, on retrouvait en moyenne 14,5 ± 5, 7 ganglions pour les 20 premiers malades contre 14,9 ± 7 ganglions pour les 19 derniers (p = 0,646). Concernant les opérateurs juniors qui ont réalisé 27 curages, on retrouvait en moyenne 14,2 ± 5, 7 ganglions pour les 14 premiers malades contre 16,1 ± 7, 3 ganglions pour les 13 derniers (p = 0,820).   3.14. Consultation à 1 mois   3.14.1. Douleur Vingt malades (28,6 %) se plaignaient spontanément de douleurs persistantes à 1 mois postopératoire avec une EVA moyenne de 2,5 ± 2.   3.14.2. Radiographie thoracique À un mois, on retrouvait 23 épanchements liquidiens résiduels (32,9 %), 1 pneumothorax minime (1,4 %), aucun nouveau drainage n’a été réalisé.   3.15. Suivi. Survie globale et sans récidive Au terme du suivi moyen de 14,1 ± 7, 7 mois, on notait 3 décès (4,3 %) dont 2 décès postopératoires précoces. Concernant les malades présentant des lésions malignes, le taux de survie globale était de 95,7 %, le taux de survie globale sans récidive était de 85,7 % (figure 5). Dix malades ont présenté une récidive locorégionale (n = 5) et/ou métastatique (n = 6).   [caption id="attachment_3923" align="aligncenter" width="300"] Figure 5.[/caption] Au terme du suivi, six malades (8,6 %) gardaient des douleurs pariétales, dont 1 (1,4 %) des douleurs invalidantes.     4. DISCUSSION   4.1. Expérience initiale dans notre centre Au décours de nos 70 premières lobectomies par VATS, nous avons noté une morbimortalité globale de 24,3 % (32,8 % avec les 6 drainages itératifs) et un taux de décès postopératoire de 2,8 %, ce qui est concordant avec les données de la littérature. Il semble que la courbe d’apprentissage soit plus rapide pour les opérateurs déjà expérimentés en chirurgie ouverte avec une stabilisation du temps opératoire à partir de 6 à 10 procédures pour les opérateurs seniors, ce qui est peu par rapport aux études publiées. Nous avons noté également que le nombre de ganglions extraits pendant le curage augmentait avec le nombre d’interventions déjà effectuées. Notre taux de survie globale (95,7 %) et de survie sans récidive (85,7 %) au terme de notre suivi moyen de 14,1 ± 7, 7 mois relativement court était concordant avec les données de la littérature pour ces cancers bronchopulmonaires de stade précoce, corroborant la qualité de la résection carcinologique par rapport aux lobectomies-curages réalisées par thoracotomie.     4.2. Historique VATS La première lobectomie par VATS a été décrite par Roviaro en 1992 prouvant la faisabilité technique du geste [1]. Cette technique n’a pas été adoptée d’emblée par la communauté chirurgicale thoracique pour le traitement du cancer bronchopulmonaire notamment pour le risque de ne pas respecter les principes oncologiques (résection en monobloc, qualité des curages ganglionnaires médiastinaux). Depuis les années 2000, l’apport de la VATS pour les lobectomies-curages s’est progressivement standardisé pour le cancer bronchopulmonaire de stade précoce. La Society Thoracic Surgeons (STS) rapporte en 2007 un taux de 29 % de l’ensemble des lobectomies faites par VATS pour cancer bronchopulmonaire non à petites cellules.     4.3. Indications et recommandations Depuis 2013, ces techniques mini-invasives sont validées et recommandées pour les cancers de stade précoce (stade I) par l’American College of Chest Physicians (ACCP). Elles ne sont actuellement pas recommandées pour les cancers de stade avancé. Certains auteurs ont proposé les indications suivantes : Pathologie bénigne nécessitant une résection pulmonaire anatomique, pathologie maligne avec une taille de la lésion inférieure à 6 cm, cancers bronchopulmonaires stades I et II, métastase pulmonaire unique ne pouvant être réséquée par wedge [14]. Ces auteurs proposaient les contre-indications absolues suivantes : ventilation unipulmonaire impossible et statut N2, et contre-indications relatives suivantes : antécédent de chirurgie thoracique, adhérences pleurales majeures, chimiothérapie néo-adjuvante, radiochimiothérapie néo-adjuvante, statut N1, absence de scissure.     4.4. Technique chirurgicale Il existe plusieurs approches pour la réalisation d’une lobectomie par VATS. Certains prônent la résection complètement endoscopique décrite par Gossot et Shigemura [15,16] ou le chirurgien opère à travers des trocarts et agrandit l’un des orifices pour l’extraction de la pièce opératoire en fin d’intervention. D’autre réalisent d’emblée une incision de 4 à 5 cm, dite de nécessité, permettant de passer plusieurs instruments, d’extraire la pièce opératoire et d’effectuer un tamponnement rapide en cas d’hémorragie [17]. Une variante postérieure fut décrite par Walker, l’opérateur étant placé dans le dos du patient [13]. Cette voie postérieure de distingue de la voie antérieure décrite par McKenna puis Hansen [18], où l’opérateur est placé dans le ventre du patient. Ses techniques ont été modifiées et améliorées pour aboutir à des procédures standardisées [12]. Enfin d’autres techniques ont plus récemment été décrites comme la technique antérieure à deux incisions [19,20] ou la technique avec une seule incision (single port) qu’affectionnent les chirurgiens asiatiques certaines études suggérant même que cette technique « single port » offrirait une diminution de la morbidité et de la douleur postopératoire par rapport à la traditionnelle VATS avec 3 incisions [22], même pour les stades avancés [23]. Notre voie de prédilection est la voie antérieure, approche nécessitant 3 incisions comme décrites par McKenna et Hansen, pratiquée sous anesthésie générale et sous intubation sélective. Le vidéothoracoscope est introduit au niveau du 8e espace intercostal sur la ligne axillaire antérieure ou moyenne, utilisée en fin d’intervention pour placer le drain thoracique. Une seconde incision de 3 à 5 cm (incision de nécessité) est pratiquée sur la ligne axillaire antérieure au niveau du 4e espace intercostal. Une troisième incision est placée sur la ligne axillaire postérieure au niveau du 8e espace intercostal. Nous préférons toutefois nous placer dans le 5e espace concernant l’incision de nécessité pour les lobes inférieurs (4e espace pour les lobes supérieurs et moyen) et dans le 5e espace pour l’incision postérieure. La séquence de dissection et l’ordre de section des structures anatomiques sont standardisés en fonction du lobe pulmonaire réséqué et en fonction de l’ouverture complète ou incomplète de la scissure pour les lobectomies inférieures. Notre préférence va pour la technique « fissurless » où la scissure n’est jamais disséquée pour les lobectomies supérieures et moyennes avec chronologiquement une dissection et section de la veine, des artères, de la bronche puis de la scissure, et avec dissection première de la scissure pour les lobes inférieurs. Le curage ganglionnaire médiastinal par VATS suit les mêmes principes que par voie ouverte : à droite la loge de Baréty (loge 4R), sous-carenaires (loge 7), paraœsophagiens et ligament triangulaire (loge 9), intertrachéobronchiques (10R). À gauche, les ganglions de la fenêtre aortopulmonaire (loge 5), préaortiques, intertrachéobronchiques, paraœsophagiens et ligament triangulaire. Nous utilisons des écarteurs d’Alexis pour les incisions et un endobag pour l’extraction de la pièce afin d’éviter le risque de contamination de la paroi.     4.5. Conversion Les causes de conversion sont multiples. Elles peuvent être oncologiques (N1 hilaire ou scissural, N2 extension tumorale scissurale, hilaire, médiastinale ou pariétale), technique (symphyse étendue, exclusion impossible, absence de scissure, difficulté de dissection) ou hémorragique. Si une conversion par thoracotomie est nécessaire, l’incision antérieure au 4e ou 5e espace peut être élargie réalisant ainsi une thoracotomie antérolatérale. On peut également réalisé une thoracotomie postérolatérale si besoin. Une attention particulière doit être prise pour les lobectomies supérieures avec le risque de plaie de l’artère médiastinale qui peut être difficilement contrôlable notamment à droite. La thoracotomie doit être réalisée rapidement et par conséquent une boîte de chirurgie ouverte avec des clamps vasculaires doit être à disposition en salle. Une analyse fine des scanners permet d’exclure les patients à risque (adénopathies adhérentes aux vaisseaux, antécédents de radiothérapie et chimiothérapie ancienne) et de reconnaître des variations anatomiques dangereuses.  La littérature rapporte des taux de conversion d’environ 8 % toutes séries confondues avec des causes très différentes dont moins de 1 % pour saignement non contrôlé. Le taux de conversion et les causes varient significativement au cours du temps et augmentent la morbidité opératoire (taux de complications 39,6 %), sans majorer la mortalité ou modifier l’étendue de la résection parenchymateuse. Notre étude corrobore ces résultats avec un taux de conversion de 11,4 % pour saignement dans 4 % des cas.     4.6. Courbe d’apprentissage La courbe d’apprentissage de la lobectomie par VATS est influencée par de nombreux facteurs dont la plupart dépendent du chirurgien : expérience des gestes mineurs par thoracoscopie, entraînement par simulation, visite de centres experts en thoracoscopie. L’environnement joue également un rôle déterminant : présence d’une équipe dédiée et de la supervision par un chirurgien senior, recrutement suffisant dans le centre. En 2012, Petersen et Hansen [24] ont publié une mise à jour de leurs données de 2009 où ils établissent des recommandations pour la création d’un programme de lobectomies par VATS : apprentissage initial de la lobectomie par une thoracotomie antérieure, acquérir une expérience d’au moins 100 interventions mineures en VATS, nécessité de visiter des centres experts en chirurgie thoracique VATS et de s’exercer sur simulateurs, sélection rigoureuse des malades (exclusion des malades avec antécédent de tuberculose ou autre pathologie inflammatoire, scissure incomplète), choisir une approche standardisée, soit antérieure, soit postérieure, réaliser au moins 25 lobectomies par VATS par an. Plusieurs études s’accordent à dire qu’il est nécessaire d’avoir effectué entre 30 et 100 lobectomies par VATS pour être performant. En 2014, Yan recommandait de réaliser au moins 50 interventions pour effectuer correctement une lobectomie par VATS, qu’un centre expert devait en effectuer 50 par an et un même chirurgien, 20 [25]. Une autre étude de 2014 publiée par Li concluait qu’un jeune chirurgien avait besoin d’une expérience de 100 à 200 lobectomies VATS pour acquérir la qualité, la radicalité oncologique et la reproductibilité du geste (durée d’intervention, durée de drainage et d’hospitalisation, nombre de ganglions et de stations prélevés, taux de complication et de conversion) [26]. Enfin, une autre étude publiée par Cheng toujours en 2014 analysait les premières 56 lobectomies par VATS et comparait les 28 premières avec les 28 suivantes et concluait qu’au-delà des 28 premières on observait une diminution significative de la durée opératoire, du drainage et de l’hospitalisation ainsi qu’une augmentation du nombre de ganglions prélevés dans le curage [27].     4.7. Simulation et formation Plusieurs études ont comparé différents modèles de dissection sur l’animal, le bloc cœur-poumon ou le modèle cadavérique. Cependant la simulation chirurgicale devient une piste d’avenir pour la formation de cette chirurgie [28-30]. L’entraînement sur des simulateurs permettrait de raccourcir la courbe d’apprentissage et fait actuellement partie des recommandations pour la formation à la lobectomie par VATS [24-25]. Plusieurs modèles sont en cours d’évaluation dans des centres experts. Une étude randomisée avait montré que le niveau technique atteint par un chirurgien en cours de formation entraîné par réalité virtuelle dépassait celui d’un chirurgien moyennement expert en laparoscopie [5]. La formation s’effectue également « en ligne », les supports de vidéos sur internet ayant considérablement augmenté ces dernières années. Plusieurs études ont évalué l’impact positif des programmes de formation en ligne sur le développement d’une technique chirurgicale [31,32]. Certains mentionnent cependant une réserve vis-à-vis de sites non contrôlés comme YouTube et préfèrent des sites placés sous la responsabilité d’une société savante ou d’une université. La SFCTCV et l’ESTS ont dans ce sens lancé un programme « ESTS  YouTube », le contenu étant soumis à une évaluation par des experts avant publication pour garantir une valeur éducative.     4.8. Résultats oncologiques L’inquiétude concernant l’efficacité oncologique de la lobectomie et du curage par VATS est restée longtemps un des principal obstacle à l’adoption plus large de ces techniques mini-invasives. Une étude prospective randomisée en 2000 comparait les résultats oncologiques de la lobectomie par VATS avec ceux de la lobectomie par thoracotomie [33]. Dans cette étude, Sugi ne retrouvait pas de différence de survie à 3 et 5 ans entre les deux groupes sur plus de 100 malades atteints d’un cancer bronchopulmonaire de stade IA. Ces résultats sont corroborés par plusieurs autres études rétrospectives. Actuellement la survie à 5 ans rapportée après lobectomie par VATS pour NSCLC des stade IA est d’environ 80 % et est donc similaire à celle de la lobectomie par thoracotomie pour le même stade tumoral [34,35]. Une revue systématique de 2008 publiée par Whitson incluait 39 études comparant la lobectomie par VATS versus par thoracotomie pour cancer pulmonaire précoce, les malades opérés par VATS présentaient une survie semblable à 1, 2, 3 et 5 ans [36]. Ces différentes études suggèrent que la lobectomie par VATS offre des résultats oncologiques équivalents à l’approche par thoracotomie. Certaines études récentes retrouvent également des suites postopératoires et des résultats oncologiques (survie sans récidive et globale à 3 et 5 ans) comparables à ceux des lobectomies effectuées par thoracotomie pour les cancers de stade avancé (II et IIIA) [37], y compris pour les stades avancés avec chimiothérapie néooadjuvante [38]. Cependant, face au nombre limité des patients inclus dans des études contrôlées et randomisées, une étude prospective comparant les résultats oncologiques des lobectomies par VATS versus par thoracotomie serait souhaitable pour confirmer ces résultats. Concernant notre série, nous notons un taux de survie globale de 95,7 % et un taux de survie globale sans récidive de 85,7 %, cependant au terme d’un suivi moyen relativement court de 14,1 ± 7, 7 mois, il est donc difficile de conclure sur le résultat oncologique concernant ces lésions de stades précoces.     4.9. Réponse immunitaire postopératoire Des avantages biologiques de la lobectomie par VATS par rapport à la lobectomie par voie ouverte ont été trouvé dans plusieurs études [39]. Ces études montrent que la réponse inflammatoire postopératoire est diminuée après lobectomie par VATS (taux de CRP et d’interleukine 6, 8 et 10). Dans notre étude, on retrouvait un taux moyen de la CRP à J1 de 62 ± 43, 102 ± 67 à J2 et de 105 ± 80 à J3.     4.10. Compliance au traitement adjuvant Deux études ont pu montrer une meilleure compliance au traitement adjuvant après lobectomie par VATS [40,41]. Le traitement peut être débuté plus tôt du fait de la meilleure tolérance à l’intervention après VATS. Cette meilleure récupération fonctionnelle doit être cependant pondérée, certaines études récentes ne retrouvant pas de bénéfices à 3 mois en terme de capacité respiratoire entre le groupe VATS et le groupe thoracotomie [42]. Aucun des malades de notre série n’a bénéficié de traitement néo-adjuvant. Dix malades (14,2 %) présentant une récidive locale et/ou générale ont eu une chimiothérapie adjudante et un malade a eu une radiothérapie locale sur une aire ganglionnaire inguinale, site d’une métastase ganglionnaire.   4.11. Complications postopératoires La morbidité de la lobectomie pour cancer bronchopulmonaire par thoracotomie se situe aux alentours de 35 % selon les séries avec une mortalité de 1 à 2 %. Les complications postopératoires les plus fréquemment décrites sont les pneumopathies (4-6 %), les fuites d’air prolongées (8 %) et les arythmies (10-15 %) [43,2]. Les complications postopératoires de la lobectomie par VATS ont été largement documentées dans différentes études rétrospectives démontrant un taux de complications postopératoires se situant entre 10 et 20 % et une mortalité entre 0 et 2 % [44,45]. La plus importante étude rétrospective regroupant 1100 malades, publiée en 2006, rapportait un taux de complications de 15,4 % et une mortalité de 0,8 %. Les complications les plus fréquemment observées étaient les fuites d’air prolongées (0,5 %), les pneumopathies (1,2 %) et les arythmies (2,9 %), se révélant donc moins fréquentes que les complications après thoracotomie [46]. La morbidité et la mortalité de la lobectomie par VATS versus thoracotomie ont aussi été comparées dans des études prospectives ainsi que dans une revue incluant 6000 malades [7,34,36,47-49]. Toutes ces études indiquent une morbidité inférieure en faveur de la lobectomie par VATS (10 à 30 %) par rapport à la thoracotomie (20 à 50 %) avec un taux de mortalité équivalent entre les deux approches. Dans notre centre, nous rapportons un taux de mortalité postopératoire de 2,8 % et un taux de complications globales de 32,8 % si on prenait en compte les pneumopathies (n = 11), les nouveaux drainages (n = 6), les reprises chirurgicales (n = 4) et les décès (n = 2).     4.12. Douleurs postopératoires Plusieurs études ont démontré la supériorité de la VATS pour les douleurs postopératoires. Une méta-analyse comportant 3 études randomisées et 33 études non randomisées (plus de 3600 malades) a conclu que bien que l’incidence globale des douleurs postopératoires n’ait pas été réduite, l’incidence des douleurs postopératoires sévères était significativement réduite [50]. La douleur postopératoire évaluée après la sortie et jusqu’à 1 an était significativement réduite dans le groupe VATS. De plus, la douleur postopératoire immédiate mesurée par une échelle visuelle de la douleur était réduite de 1 point au premier jour après l’intervention, de plus de 2 points après une semaine et de 1 point entre la 2e et la 4e semaine. Enfin, certaines études ont montré que l’incidence de la douleur chronique était réduite dans le groupe VATS par rapport au groupe thoracotomie [51,35]. Dans notre pratique, l’analgésie thoracique consiste en la mise en place d’une rachi-anesthésie pour la plupart des malades, rarement d’une péridurale thoracique. Le choix est apprécié par l’anesthésiste. Plus récemment un bloc du grand dorsal a été réalisé sous contrôle échographique. Ces procédures sont en cours d’évaluation. Dans notre centre, nous rapportons un taux de douleurs résiduelles à 1 mois de 28,6 % avec une EVA moyenne de 2,5, et un taux de 8,6 % en fin de suivi que nous pouvons qualifier de chronique.     4.13. Curage ganglionnaire Actuellement les recommandations de la SFCTCV ainsi que celles de la société européenne ESTS préconisent un curage radical avec cependant un bénéfice en termes de survie et de récurrence locorégionale qui n’est pas évident, comme le montre Zhang dans une revue de 2013 prenant en compte l’échantillonnage et le curage radical. Idéalement, la dissection ganglionnaire doit être effectuée en monobloc emportant tout le tissu lympho-adipeux médiastinal. Il est recommandé qu’au moins 3 stations lymphatiques médiastinales N2 (en incluant toujours la station sous-carénaire 7) soient emportées au minimum. La chirurgie mini-invasive a été critiquée pendant longtemps concernant la qualité de ses curages ganglionnaires, ceux-ci ont donc été étudiés avec précision et de nombreuses séries récentes montrent que les curages effectués par VATS ramènent un nombre de ganglions similaire à ceux pratiqués par thoracotomie avec des stations ganglionnaires similaires [52,33]. Palade confirme ces résultats dans une récente étude randomisée VATS versus thoracotomie. Cependant, dans une étude non randomisée de 2010, Denliger a montré un curage ganglionnaire moins efficace des 80 premiers cas opérés par VATS par rapport à une série ancienne de thoracotomie [53]. Cette étude souligne l’importance d’un respect scrupuleux de la technique opératoire et d’une potentielle courbe d’apprentissage avec la VATS. Enfin, les complications liées au curage semblent comparables pour les 2 techniques [54]. En résumé, de nombreuses études ont pu démontrer des résultats comparables concernant la qualité du curage ganglionnaire médiastinal, néanmoins de nombreux chirurgiens considèrent que la mise en évidence de métastases ganglionnaires N1 ou N2 lors du bilan préopératoire reste une contre-indication à la lobectomie par VATS, ce que nous pensons également. Dans notre série, le nombre moyen de ganglions curés était de 15 ± 6 ganglions avec 3 ± 1 sites curés. Pour les opérateurs seniors, 16 ± 6 ganglions pour 3 ± 1 sites curés contre 14 ± 7 ganglions pour 4 ± 1 sites curés pour les opérateurs juniors (p > 0,005). Yang, dans sa série de 2015 (1086 cas), rapporte un nombre moyen de ganglions curés de 13 ± 2 avec 3,4 ± 0, 8 stations [55].     4.14. Variations anatomiques vasculaires et/ou bronchiques. De l’importance de l’angioscanner thoracique préopératoire Nous accordons une attention particulière à la réalisation d’un angioscanner préopératoire pour dépister d’éventuelles variations anatomiques vasculaires ou bronchiques. Celles-ci ne sont pas rares, nous retrouvons dans notre série un taux de 11,4 % de variations du drainage veineux, la plus fréquemment observée  étant le drainage du lobe moyen dans la veine pulmonaire inférieure. Cette variation était retrouvée chez 11,53 % des cas dans la série de Rajeshwari et dans 20 % des cas dans la série de Hunsuke [56,57]. Ces variations doivent être recherchées sur le scanner afin de ne pas réaliser accidentellement un infarcissement pulmonaire. Dans la littérature, la variation anatomique veineuse la plus fréquente est la présence d’un tronc veineux commun à gauche, avec une prévalence de 10 à 79 % et la présence de 3 veines distinctes à droite avec une prévalence de 0 à 31 % [58-60]. Fourdrain en 2016 retrouvait 36 % d’anomalie veineuse dans une série de plus de 100 malades opérés d’une lobectomie par VATS, 25 % à droite et 11 % à gauche [61]. Les variations artérielles sont plus rares, retrouvées dans 4,3 % des cas dans notre série et concernait les artères du lobe moyen ou l’artère lingulaire à gauche, ce que corroborait Subotich en 2009, qui retrouvait 2,8 % d’artère du lobe moyen naissant du tronc artériel des artères basales et 5 % d’anomalie des artères lingulaires (artère lingulaire naissant du tronc artériel des basales dans 2,1 % des cas) [62]. Enfin les variations bronchiques existent également avec une prévalence de 1à 12 % selon les séries [63]. Le scanner thoracique injecté doit donc faire partie intégrante du bilan préopératoire pour la réalisation d’une lobectomie planifiée en VATS. 5. CONCLUSION La lobectomie pulmonaire par VATS peut être recommandée pour des patients présentant un cancer pulmonaire de stade précoce. Elle permet de diminuer les douleurs postopératoires, les complications postopératoires dans leur globalité ainsi que la durée d’hospitalisation en comparaison avec la thoracotomie considérée jusqu’à présent comme le gold standard. Les résultats oncologiques à 5 ans en termes de survie et de récidive locorégionale semblent comparables entre les deux techniques, bien que de nouvelles données prospectives soient fortement souhaitables. Son apprentissage, permis par la visite de centres experts, par la simulation et par le « e-learning », est exigeant étant donné le risque de complication hémorragique majeure. L’analyse de notre expérience concernant les 70 premières lobectomies par VATS réalisées au CHU d’Angers nous a permis de confirmer que cette technique est fiable et efficace sur la qualité de la résection carcinologique. Les temps opératoires diminuent et le nombre de ganglions prélevés dans le curage augmente avec l’expérience, plus rapidement si l’opérateur est déjà expérimenté. Les résultats à long terme de cette technique doivent être évalués et comparés à ceux des nouvelles techniques émergentes (single port, chirurgie robotique [RATS]). Enfin, constatant les bons résultats de cette technique pour le cancer bronchopulmonaire de stade précoce, les lobectomies par VATS devront être évaluées pour les stades localement plus avancés.   Références Roviaro G, Rebuffat C, Varoli F, Vergani C, Mariani C, Maciocco M. Videoendoscopic pulmonary lobectomy for cancer. Surg Laparosc Endosc 1992 Sep;2(3):244–7. PMid:1341539 Boffa DJ, Allen MS, Grab JD, Gaissert HA, Harpole DH, Wright CD. 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décembre 8, 2017
Cas clinique · Vol. 21 Juin 2017

Les tumeurs neuroblastiques du médiastin de l’adulte : à propos de 2 cas

Ibrahim Issoufou1*, Layla Belliraj1, Sani Rabiou1, Fatmazahra Ammor1, Hicham Harmouchi1, Marouane Lakranbi1, Rachid Sani2,3, Yassine Ouadnouni1˒4, Mohamed Smahi1 Service de chirurgie thoracique, CHU Hassan II, Fès, Maroc. Service de chirurgie générale, HNN, Niamey, Niger. Faculté des sciences de la santé, université Abdou Moumouni, Niamey, Niger. Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, faculté de médecine et de pharmacie, Fès, Maroc. ⃰ Correspondance : alzoumib84@gmail.com DOI : 10.24399/JCTCV21-2-ISS Citation : Issoufou I, Belliraj L, Rabiou S, Ammor F, Harmouchi H, Lakranbi M, Sani R, Ouadnouni Y, Smahi M. Les tumeurs neuroblastiques du médiastin de l’adulte : à propos de 2 cas. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(2). doi: 10.24399/JCTCV21-2-ISS Résumé Les tumeurs des ganglions du système nerveux autonome sont des tumeurs essentiellement de l’enfant. Il s’agit du ganglioneurome, du ganglioneuroblastome et du neuroblastome. Ce dernier constitue la forme la plus maligne et sa prise en charge n’est pas encore codifiée. Chez l’adulte, ils restent exceptionnels. À travers deux observations de ganglioneurome et de neuroblastome, nous décrirons les variétés cliniques et paracliniques de ces tumeurs ainsi que les possibilités thérapeutiques et le pronostic de ces entités rares de l’adulte.   Abstract Neuroblastic tumors of the mediastinum in adults: a review of two cases Tumors of the ganglia of the autonomic nervous system are usually found in adolescents, and include ganglioneuroma, ganglioneuroblastoma and neuroblastoma. The latter is the most malignant and its management has not been codified. Neuroblastomas are relatively uncommon in adults. By observing single cases of ganglioneuroma and neuroblastoma, we describe the clinical and paraclinic types of these tumors, and therapeutic possibilities and prognosis. 1. Introduction Les tumeurs des ganglions du système nerveux autonome sont des tumeurs essentiellement de l’enfant [1]. Le Pediatric Oncology Group (POG) en distingue 3 types constituant un continuum anatomopathologique. Il s’agit du ganglioneurome, du ganglioneuroblastome et du neuroblastome [2]. Leur pronostic varie en fonction de la composition de la tumeur en cellules matures et de leurs degrés de différenciation. Le neuroblastome constitue la forme la plus maligne et sa prise en charge n’est pas encore codifiée. Chez l’adulte, ils restent exceptionnels. À travers deux observations de ganglioneurome et de neuroblastome, nous décrirons les variétés cliniques et paracliniques de ces tumeurs ainsi que les possibilités thérapeutiques et le pronostic de ces entités rares de l’adulte.   2. Observation 1 Patient de 41 ans sans antécédent notable consultant pour une symptomatologie évoluant depuis 6 mois associant dyspnée stade Sadoul I et douleurs thoraciques. Le patient est en bon état général. Une opacité paratrachéale cervicothoracique ronde et bien limitée est visualisée sur la radiographie thoracique [figure 1]. Il n’y avait pas de lyse costale, ni d’épanchement pleural homolatéral, ni d’ascension de la coupole diaphragmatique droite.   [caption id="attachment_3696" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Opacité paratrachéale droite arrondie avec signe cervicothoracique positif.[/caption]   [caption id="attachment_3697" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Masse extraparenchymateuse de la gouttière costovertébrale mesurant 8,5 x 5 x 3,5 cm.[/caption] Une masse extrapleurale de densité liquidienne sans rehaussement après injection de produit de contraste située dans la gouttière costovertébrale de T2 à T4 (8,5 x 5 x 3,5 cm) est visualisée sur la tomodensitométrie [figure 2]. Une IRM [figure 3] réalisée a montré une lésion tissulaire sans extension au canal rachidien.   [caption id="attachment_3698" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Lésion tissulaire sans extension au canal rachidien.[/caption]   Le diagnostic d’une tumeur nerveuse du médiastin postérieur a été retenu. Une thoracotomie postérolatérale droite à travers le 5e espace intercostal et conservatrice du muscle grand dorsal a été réalisée. L’exploration a trouvé une tumeur médiastinale postérieure aux dépens de la chaîne sympathique thoracique. Une exérèse tumorale complète a été réalisée. Les résultats anatomopathologiques sont en faveur d’un ganglioneurome. Il s’agissait d’une prolifération tumorale bien limitée par endroit par une capsule fibreuse. Elle était faite de cellules fusiformes disposées en faisceaux courts entrecroisés, leurs noyaux étaient fusiformes d’aspect sinueux et formaient parfois des aspects palissadiques. Il s’y associait des cellules ganglionnaires de grande taille au cytoplasme abondant éosinophile, au noyau central régulier avec nucléole proéminent d’aspect caractéristique. Les suites opératoires étaient simples, le patient était sorti à J+4. Le suivi pendant 20 mois n’avait pas objectivé de récidive ni de métastase.   3. Observation 2 Un patient de 28 ans, sans antécédents pathologiques notables, consultait pour des douleurs thoraciques droites isolées évoluant depuis 2 semaines. La radiographie thoracique [figure 4] montrait une volumineuse opacité occupant la presque totalité de l’hémichamp thoracique droit de contours nets, sans épanchement pleural ni lyse costal en regard. La TDM thoracique [figure 5] a mis en évidence une volumineuse tumeur de la gouttière costovertébrale droite calcifiée, refoulant le poumon et les structures médiastinales sans les envahir, et une composante à développement extrathoracique. Il n’y avait pas d’adénopathies médiastinales.   [caption id="attachment_3699" align="aligncenter" width="276"] Figure 4. Opacité occupant la presque totalité de l’hémichamp thoracique droit.[/caption]   [caption id="attachment_3700" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. Volumineuse masse de la gouttière costovertébrale droite calcifiée refoulant le poumon et les structures médiastinales sans les envahir, associée à une composante exothoracique.[/caption]   Un bilan d’extension comprenant une TDM cérébrale, abdominale et pelvienne était réalisé mais n’a pas objectivé de localisation secondaire. La décision d’une exérèse chirurgicale a été retenue. Une thoracotomie postérolatérale droite passant par la 5e côte réséquée a été réalisée. L’exploration trouvait une volumineuse tumeur de la gouttière costovertébrale refoulant le poumon en avant sans l’envahir, à point de départ intercostal, associée à une seconde tumeur à développement endo et extrathoracique au travers du 7e espace intercostal. Une exérèse complète de la volumineuse tumeur a été réalisée mais persistait un doute sur un prolongement endocanalaire à travers le trou de conjugaison de T7 repéré aux clips radio-opaques. Une deuxième exérèse complète de l’extension exothoracique a été réalisée emportant l’arc postérieur de la 7e cote et l’espace intercostal correspondant. L’exploration trouvait en outre des nerfs intercostaux hypertrophiés. Les résultats anatomopathologiques sont en faveur d’un neuroblastome. Il s’agissait d’une prolifération tumorale bien limitée par une capsule fibreuse. Les cellules tumorales sont arrondies, à cytoplasme peu abondant et à noyau arrondi, hyperchromatique et un nucléole peu visible. Dans certains foyers on notait la présence de cellules ganglionnaires. Il s’y associe une composante schwanienne ne dépassant pas 30 % de l’ensemble de la surface tumorale. Des remaniements hémorragiques, nécrotiques et calciques sont également notés. À l’immunohistochimie, les cellules tumorales exprimaient les anticorps neuroendocrines, à savoir l’anticorps anti-CD56, antisynaptophysine et antichromogranine. Le tissu osseux était indemne de toute prolifération tumorale. Une scintigraphie osseuse au technétium 99 et une IRM médullaire ont été réalisées en postopératoire. L’IRM montrait un prolongement endocanalaire, tandis que la scintigraphie osseuse a montré une hyperfixation intense intéressant le corps vertébral de D8 évoquant une métastase. Une biopsie osseuse sur D8 a ainsi été réalisée. Les résultats anatomopathologiques sont en faveur d’une localisation secondaire du neuroblastome. Une nouvelle TDM cérébrale, thoracique abdominale et pelvienne a été réalisée, montrant une récidive locale du neuroblastome associée à des localisations pleurales bilatérales et pulmonaire, ainsi qu’une nouvelle lésion hépatique d’allure secondaire sans adénopathies médiastinales. Le dossier discuté en RCP d’oncologie thoracique, la décision d’une chimiothérapie adjuvante a été retenue. Mais l’état général du patient s’est rapidement dégradé puis son décès est survenu avant le début du traitement adjuvant.   4. Discussion Le ganglioneurome, le ganglioneuroblastome et le neuroblastome sont des tumeurs naissant dans le système nerveux sympathique et provenant des cellules de la crête neurale [3]. Ils se développent le long de l’axe des ganglions sympathiques s’étendant du cou à la région pelvienne. Selon le POG, le ganglioneurome est défini par la présence de gangliocyte et d’un stroma mature, faisant de lui une tumeur bénigne [1]. Il peut naître de novo ou provenir d’une différenciation d’un neuroblastome ou d’un ganglioneuroblastome induite par une radio ou une chimiothérapie [4]. Il se localise dans le médiastin postérieur dans 40 % des cas [5]. Le ganglioneuroblastome lui est constitué de gangliocytes et de neuroblastes immatures, d’où sa malignité intermédiaire. Le neuroblastome quant à lui est très indifférencié et constitué uniquement de neuroblastes immatures [1]. C’est en 1863 que Virchow en fit la première description. Il s’agit d’une tumeur de haut grade de malignité. Les sites de prédilection par ordre décroissant sont les glandes surrénales dans 35 % des cas, le reste du rétropéritoine dans 30 à 35 % et le médiastin postérieur dans 20 % [3]. Sa fréquence diminue avec l’âge. Plus de 90 % des patients sont âgés de moins de 6 ans d’où sa rareté chez l’adulte [6]. La particularité de la localisation chez l’adulte est le risque plus élevé de métastase cérébrale et pulmonaire, une moindre extension médullaire et un pronostic particulièrement sombre [7]. Ce qui ne fut pas le cas chez notre patient qui a présenté une extension endocanalaire. Les tumeurs neuroblastiques bénignes peuvent rester asymptomatiques de révélation tardive ou de découverte fortuite, tandis que les formes malignes du fait de leur agressivité sont symptomatiques. Plus des 2/3 des patients sont métastatiques au moment du diagnostic [3]. Les signes cliniques sont liés à la compression locorégionale ou à l’extension métastatique. Chez notre patient la douleur thoracique était le seul signe révélateur. Une toux sèche, une dyspnée ou un syndrome de Claude Bernard-Horner peuvent également être retrouvés. Des syndromes paranéoplasiques ont été décrits tel le syndrome opsomyoclonique (ataxie, myoclonies lors des mouvements volontaires et secousses oculaires) ou une diarrhée aqueuse liée à la sécrétion tumorale de la VIP (Vaso-Active Intestinal Peptide) [3]. Dans les formes malignes comme bénignes, le bilan paraclinique comporte des examens biologiques et d’imagerie. Ces bilans biologiques comporteront d’abord une numération formule sanguine à la recherche d’une anémie ou d’une thrombopénie. Ces derniers seraient le témoin d’un envahissement médullaire. Puis le dosage urinaire des métabolites des catécholamines. Il s’agit de l’acide vanylmandélique (VMA) et homovanillique (HVA) dans les urines de 24 heures. Certains auteurs rapportent une valeur pronostique du rapport VMA/HVA. Un ratio supérieur à 1 serait témoin d’un pronostic favorable [3]. L’imagerie permet de localiser la tumeur et d’étudier ses rapports avec les structures adjacentes et de faire le bilan d’extension. La radiographie thoracique face/profil constitue le premier examen demandé et permet de préciser une opacité médiastinale postérieure avec parfois des signes de malignité tel une lyse costale ou un épanchement pleural associé. La TDM thoracique injectée permet de mieux caractériser cette opacité en précisant ses mensurations, la présence de calcifications, ces rapports avec les organes de voisinage et les vaisseaux ; elle recherche également la présence d’adénopathies. Bien que le scanner permette de suspecter une extension médullaire rachidienne, l’IRM reste l’examen de choix. Il apparaît un hyposignal relatif en T1 et un hypersignal en T2 de la moelle osseuse avec le classique aspect en sablier [8]. Cette IRM permet également d’éliminer les autres diagnostics différentiels des masses médiastinales postérieures, notamment une méningocèle ou un diverticule œsophagien, d’autant plus que la lésion est du côté droit. Chez nos patients, ce couple TDM-IRM thoracique a permis d’établir un bilan exhaustif de la tumeur, de même que le bilan d’extension. Ce dernier comportera aussi, dans les formes malignes, une scintigraphie au MIBG (méta-iodo-benzylguanidine). Elle permet de réaliser une véritable cartographie de la tumeur, toute fixation osseuse étant anormale [8]. Elle se base sur la concentration du MIBG dans les granules sécrétoires. Ainsi lorsque la tumeur est sécrétante (ce qui est le cas de près de 95 % des neuroblastomes mais moindre pour les ganglioneuromes), sa spécificité diagnostique rapproche les 100 % tandis qu’elle est de 90 % pour la détection des métastases [8]. Mais lorsque la tumeur ne fixe pas le MIBG, une scintigraphie osseuse au technétium 99 est réalisée pour la recherche de métastase osseuse. Cette dernière a permis chez notre patient de préciser une localisation osseuse secondaire sur D8. Cette scintigraphie doit être systématique et précéder toute chirurgie de résection. Les résultats du PET scan seraient comparables à ceux de la scintigraphie au MIBG ou légèrement supérieurs dans la détection des lésions primitives et des localisations secondaires [9]. Dans notre pratique, le bilan d’extension comportait une TDM cérébrale, abdominale et pelvienne, une IRM médullaire et une scintigraphie osseuse au technétium 99. Ce bilan doit être la pierre angulaire de la démarche diagnostique afin de déterminer la meilleure approche thérapeutique. La chirurgie reste la seule pratique curative de ces tumeurs nerveuses médiastinales. L’indication chirurgicale est retenue d’emblée devant la résécabilité de la tumeur et l’absence de métastase. Ce qui était le cas de nos deux patients malgré un volume tumoral important dans le cas du neuroblastome. Ainsi, à l’issue des résultats de la chirurgie et en fonction de la clinique et du bilan d’extension, le neuroblastome sera classé en fonction de l’International Neuroblastoma Staging System (INSS) [3]. Chez notre patient, la suspicion d’une extension endocanalaire a permis de classer la tumeur au stade IIA en postopératoire immédiat puis en stade IV après la mise en évidence de métastase à distance. L’association radiochimiothérapie semble améliorer le pronostic de ces patients, qui, malgré tout, reste péjoratif avec une survie à 3 ans de 15 % [3].   5. Conclusion Les tumeurs des ganglions sympathiques du médiastin sont des tumeurs rares de l’adulte. Leur prise en charge est essentiellement basée sur l’exérèse chirurgicale complète dans les formes localisées et constitue le seul garant d’un bon pronostic. Les formes malignes très agressives nécessitent un bilan d’extension exhaustif avant toute décision thérapeutique. La présence de métastases à distance au moment du diagnostic dans la majorité des cas de ces tumeurs sont responsables d’un pronostic très péjoratif.   Références Mordant P, Le Pimpec-Barthes F, Riquet M. Tumeurs nerveuses du médiastin de l'adulte. 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juin 2, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Abstracts 2017

T-39 – Fistule biliobronchique iatrogène : résection pulmonaire et reconstruction biliaire. À propos d’un cas de biliptysie

Simon Rouze, Katheleen Tuner, Erwen Flecher, Karim Boudjema, Jean-Philippe Verhoye, Bertrand Richard de Latour Service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire, service de chirurgie hépatobiliaire, CHRU Pontchaillou, Rennes   Objectif : La mise en place d’endoprothèse biliaire dans les sténoses biliaires néoplasiques est une technique courante. Nous rapportons le cas rare d’une complication d’endoprothèse biliaire ayant entraîné une fistule biliobronchique grave. Méthode : Un homme de 70 ans, vivant à domicile, présentait une fistule biliobronchique depuis 3 mois l’obligeant à vivre demi-assis. Depuis 9 ans il était suivi pour un carcinome hépatocellulaire sur cirrhose. Il avait été traité par chimio-embolisation et radiofréquence du segment 4 hépatique. Un biliome est apparu, nécessitant un drainage réalisé par voie transcutané et avec mise en place d’une prothèse biliaire par voie rétrograde. Un an après, une fistule biliobronchique est mise en évidence, cliniquement et par scanner thoraco-abdominal. Résultat : Une chirurgie combinée thoracique et hépatique a été réalisée par une double voie d’abord. Une thoracotomie posterolatérale a permis une décortication pulmonaire et segmentectomie de la pyramide basale avec wedge du lobe moyen. La fistule avait détruit toute la pyramide basale et la moitié du lobe moyen. La plaie diaphragmatique a été refermée et l’endoprothèse retirée. À l’étage abdominal, une voie d’abord sous-costale a permis un évidement du segment 4 et une anastomose biliodigestive avec une anse en Y sur la convergence biliaire principale. Dix mois après, le patient est à domicile avec une bonne qualité de vie. Conclusion : La fistule biliobronchique iatrogéne est exceptionnelle. Une chirurgie combinée conventionnelle permet une fermeture et une reconstruction de la dérivation biliaire, au prix d’une résection pulmonaire parfois majeure.     Iatrogenic bilio-bronchial fistula: pulmonary resection and biliary reconstruction in a case of biliptysy   Objectives: The biliary stent implementation in neoplastic biliary stenosis is now a common technique in many centers. We report the rare case of a complication of biliary endoprosthesis leading to a major, disabling bilio-bronchial fistula. Methods: A 70-year-old man was living at home mainly sitted for the last 3 months due to a bilio bronchial fistula. He previous medical history consisted in a hepatocellular carcinoma appeared 9 years ago on cirrhosis. He has been treated by chemio embolization and radiofrequency. He developed a biliome requiring drained. drainage that was performed percutaneously and using a biliary prosthesis by retrograde route. One year after a bilio-bronchial fistula developed which was clinically evident and well seen on the thoraco abdominal scan. Results: A combined thoracic and hepatic surgery was performed. A postero lateral thoracotomy allowed pulmonary decortication and segmentectomy of the basal pyramid associated to a wedge of the middle lobe. The fistula had destroyed the whole basal pyramid and half the middle lobe. The diaphragmatic wound was closed and the endoprosthesis removed.In the abdominal stage, all the segment 4 of the liver was removed and a bilio-digestive anastomosis with a bend in Y on the main biliary convergence was performed.Ten months after the patient is at home with a satisfactory quality of life. Conclusion: Iatrogenic biliobronchial fistula is exceptional. Conventional combined surgery may allow closure and reconstruction of the biliary conduct at the cost of major pulmonary resection.   Séance : Posters thoracique 2 - vendredi 9 juin - 12:15-13:45
mai 24, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Abstracts 2017

T-09 – Intérêt du curage ganglionnaire dans la chirurgie d’exérèse des adénocarcinomes pulmonaires « en verre dépoli » : à propos d’une série de 192 cas

Youcef Lounes, Jean-Philippe Berthet, Charles-Henri Marty-Ane Service de chirurgie vasculaire et thoracique, hôpital universitaire Arnaud-de-Villeneuve, Montpellier   Objectif : Les nodules en verre dépoli purs et mixtes représentent une part de plus en plus importante des résections pulmonaires pour cancer. Le curage systématique est débattu pour ces lésions sans recommandations établies à ce jour. L’objectif était d’évaluer l’intérêt du curage ganglionnaire à partir des résultats du curage systématique dans la chirurgie d’exérèse de nodules en verre dépoli purs et mixtes. Méthode : Une étude monocentrique, rétrospective a été réalisée dans notre centre. Tous les patients ayant bénéficié d’une résection pulmonaire pour un nodule en verre dépoli pur ou mixte de 2005 à 2015 ont été inclus. Les lésions étaient classées en 3 catégories : verre dépoli pur (VDP), verre dépoli mixte avec partie en verre dépoli > 50 % (VDP > 50 %) et verre dépoli < 50 % (VDP < 50 %). Une comparaison de la survenue d’événements entre les patients avec et sans curage a été réalisée. Résultat : 192 patients ont été inclus, 172 avaient bénéficié d’un curage ganglionnaire. La moyenne d’âge était de 62,5 ± 10,4 ans, dont une majorité de femme : 58 % (n = 113) ; 69 % des patients avaient un antécédent de tabagisme. La majorité des lésions étaient des VDP (54 % n = 105). La taille moyenne était de 19,8 ± 13,1 mm. Cent quarante-sept (76,5 %) lobectomies, 33 résections atypiques (17,1 %) et 12 segmentectomies (6,2 %) ont été réalisées. Tous les curages étaient négatifs N0 = 100 % (n = 172). La mortalité opératoire était de 0 % (n = 0). La médiane de suivi était de 46,5 mois (21,4-65,7). La survie globale à 5 ans était de 94,6 %. Il n’y avait pas de différence en terme de survie globale (98 % vs 92 %) ou de survie sans récidive (99 % vs 94 %) entre les deux groupes (p = 0,74 et p = 0,39 respectivement). Conclusion : Cette étude semble confirmer l’absence de bénéfice du curage ganglionnaire pour les nodules en VDP (N0 = 100 %). Des études complémentaires sont nécessaires afin de déterminer les critères permettant de se dispenser de curage pour les lésions en verre dépoli mixtes.     Interest of lymph node dissection in ground glass opacity lung adenocarcinoma surgery: about a serie of 192 cases   Objectives: Ground glass opacity (GGO) are adenocarcinoma but less aggressive. With CT scan screening the number of GGO diagnosed is constantly growing. The gold standard for oncologic resection of GGO is lobectomy with systematic lymph nodes resection (SLNR).The aim of this study was to evaluate the interest of lymph nodes dissection in pure or mixed GGO. Methods: All patients with a GGO diagnosed between January 2005 and December 2015 at Montpellier University hospital were retrospectively included. CT-scan size, clinical findings, anathomopathology results and survival were analysed. Patients with lymph nodes dissection were compared with those without lymph nodes dissection. Results: One hundred ninety-two patients were included, 172 patients had SLNR. The mean age was 62.5±10.4 year-old with a majority of women 58% (n=113). The mean size of the GGO was 19.8±13.1 mm 6-100mm. Seventy-eight patients had pure GGO. Lymph nodes metastasis were found in none of patients N0=100% (n=172). The in-hospital mortality was 0%. The median follow-up was 46.5(21.4-65.7) months. The global survival at 5 years was 94.6%. They were no significant difference in global survey (98% vs 92%) or survey without recurrence (99% vs 94%) between the two group (p=0.74 et p=0.39 respectively). Conclusion: Systematic lymph nodes dissection may be useless for pure GGO (N0=100%). Concerning mixed GGO, further studies are required to evaluate the interest of SLNR. The size of the solid part and the pre-operative characteristic may relevant factors to consider lymph node resection in this case.   Séance : Communications libres thoracique - jeudi 8 juin - 8:30-10:00
mai 24, 2017
Chirurgie cardiaque congénitale et pédiatrique · Vol. 21 Abstracts 2017

P-03 – Voie d’abord et techniques chirurgicales dans la coarctation de l’aorte : à propos de 72 cas

Rym Bourezak, Mourad Aouiche, Hakim Himeur, Abderrezak Moussaoui, Lamsa Laraba, Azzedeine Hamzaoui, Dalila Djermal, Lamia Masmoudi, Salah Eddine Bourezak Service de chirurgie cardiovasculaire, EHS Mohamed-Abderrahmani, Alger, Algérie   Objectif : La coarctation de l’aorte représente 5 à 7,5 % des cardiopathies congénitales, souvent diagnostiquée dans l’enfance. Certains patients sont découverts à l’âge adulte suite à des complications. Nous décrivons dans notre travail la coarctation à tout âge incluant les formes vieillies compliquées d’autres cardiopathies et la stratégie opératoire pour chaque cas. Méthode : Nous avons opéré 72 patients entre janvier 2000 et décembre 2016, avec une moyenne d’âge de 20 ans (3 mois-61 ans) dont 42 hommes. 70 % étaient des adultes de plus de 15 ans, 49 patients souffraient d’hypertension. Douze patients avaient une hypoplasie aortique, 7 adultes un anévrysme de l’aorte ascendante et 6 enfants une dysfonction du VG. Le diagnostic était échographique, confirmé par l’angioscanner. Tous nos patients ont été opérés par thoracotomie postérieure gauche, 57 ont bénéficié d’une intervention de Crawford, 5 d’une plastie de l’aorte, 12 de greffons prothétiques et 4 ont eu une chirurgie en deux temps, traitement de la coarctation dans un premier temps puis de l’anévrisme de l’aorte ascendante. Résultat : Un décès peropératoire par défaillance cardiaque sévère a été déploré. Les pressions artérielles se sont normalisées chez 25 patients (37 %) dans les suites opératoires. Les résultats à long terme sont bons avec absence de recoarctation. Conclusion : L’abord chirurgical par thoracotomie postérieure ou postérolatérale chez l’adulte comme chez l’enfant est une excellente voie qui permet l’exposition directe de l’aorte thoracique et la cure chirurgicale des coarctations de l’isthme. La résection totale du tissu ductal avec anastomose directe termino-terminale est la technique de choix et est réalisable dans 74 % des cas. Seuls les cas avec hypoplasie de l’isthme de l’aorte de 3 à 7cm de long ont bénéficié d’une interposition de prothèse.     Surgical approach and operative techniques in coarctation of aorta: about 72 cases   Objectives: Coarctation of the aorta accounts for 5-7.5% of congenital heart disease, often diagnosed and managed in childhood. Some patients are discovered in adulthood due to the complications caused by the disease. We describe in our work coarctation at different ages including aged shapes complicated of other heart disease and surgical strategy for each case. Methods: We operated 72 patients between January 2000 and December 2016, with an average age of 20 years (3 months-61 years) of which 42 men. 70% (n=50) were adults over 15 years old, 49 patients had hypertension, 12 had aortic hypoplasia, 7 adults had ascending aortic aneurysms, and 6 children had left ventricular dysfunction. The ETT allowed the diagnosis confirmed by the angioscanner. All our patients were operated on by left posterolateral or posterior thoracotomy, 57 of them benefited from Crawford intervention, 5 have had a aorta plasty, 12 a prosthetic grafts, and 4 underwent surgery in two stages, coarctation in first time and then surgery of the ascending aorta aneurysm. Results: One peroperative death due to severe heart failure. Blood pressures were normalizing in 25 patients (37%) in the postoperative. Long-term results are excellent with no recoarctation. Conclusion: Surgical approach by posterior or posterolateral left thoracotomy in adult as in child allows direct exposure of the thoracic aorta and the surgical repair of isthmus coarctations. Total resection of ductal tissu with direct end-to-end anastomosis is the technique of choice and is feasible in 74% of cases. Only patients with hypoplasia of thoracique aorta of 03 to 07cm long had a prosthesis interposition.   Séance : Communications libres congénital - vendredi 9 juin - 08:00-10:00
mai 24, 2017
Chirurgie cardiaque · Vol. 21 Abstracts 2017

C-56 – Les facteurs prédictifs de morbi-mortalité après chirurgie du kyste hydatique du foie ouvert dans le thorax

Hazem Zribi, Amina Abdelkbir, Sami Sassi, Mahdi Abdennadher, Sarra Zairi, Adel Marghli Service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire, hôpital Abderrahmen-Mami, Ariana, Tunisie   Objectif : Le kyste hydatique (KH) reste un problème majeur de santé qui sévit à l’état endémique sous nos cieux. Les complications constituent un motif de consultation fréquent et nécessitent une prise en charge différente avec un taux élevé de morbi-mortalité. Le but de notre travail était de rapporter les particularités de la prise en charge des KH du foie ouverts dans le thorax ainsi que les facteurs de morbi-mortalité afin d’améliorer les suites opératoires et d’éviter les récidives à long terme. Méthode : De janvier 1992 à décembre 2016, nous avons pris en charge 86 kystes hydatiques du foie ouverts dans le thorax. L’étude était rétrospective et les facteurs de morbidité et de mortalité ont été analysés par une étude multivariée. Résultat : Cette complication touchait essentiellement des femmes jeunes (54,6 %) avec un sex-ratio de 0,8 et un âge moyen de 48 ans (13 à 85). Dix-neuf patients (22,1 %) ont été admis en urgence. La symptomatologie était dominée par les douleurs thoraciques dans 58 cas (67,4 %), la toux (n = 25 [29,06 %]), la dyspnée (n = 37 [43,02 %]) et la fièvre (n = 47 [54,65 %]). Le geste chirurgical principal était la kystectomie associée à un lagrot sur le foie dans 50 cas. Deux patients ont eu une segmentectomie, 2 une bilobectomie et 12 ont eu une lobectomie. Vingt-trois patients ont eu une décortication. La mortalité globale était de 3,48 % alors que la morbidité était de 23,5 %. Les facteurs prédictifs de morbidité étaient essentiellement l’âge avancé (p = 0,03), les kystes de plus de 7 cm (p = 0,04), les kystes à contenu bilieux (p = 0,03), les kystes de type II, III et IV dans la classification échographique (p = 0,02), les patients opérés tardivement par rapport à la rupture (p = 0,04) et les patients qui ont eu une décortication ou un geste de résection associé (p = 0,01). Conclusion : Le KH du foie ouvert dans le thorax constitue une complication majeure de la maladie hydatique avec une morbi-mortalité qui n’est pas négligeable, liée essentiellement au type du kyste et à la prise en charge. Une meilleure connaissance des facteurs prédictifs permettrait au chirurgien de choisir la technique la plus appropriée pour diminuer la morbi-mortalité.     Predictive factors of morbidity and mortality after surgical treatment of hepatic hydatid cyst with rupture into thorax   Objectives: Hydatid disease remains a serious health problem in Mediterranean countries. Complicated forms are frequent and require a complex management with significant morbidity and mortality rates. Thoracic rupture of hydatid liver cyst is rare and a lifethreatening complication. The purpose of this work was to report the specific management of hydatid cyst of the liver with thoracic involvement and specify morbidity and mortality factors in order to improve postoperative course and avoid long-term recurrences. Methods: This is a retrospective study extending over a period of 24 years from 1 January 1992 to December 2016 and investigating cases with hydatid cysts of the liver with thoracic rupture, treatment modalities, and factors of morbidity and mortality analyzed by a multivariate analytical study. Results: Forty seven women and 39 men with a sex ratio of 0.8, the mean age was 48 years with the age ranging from 13 to 85 years . nineteen patients (22.1%) were admitted in emergency. The most common symptom was chest pain occurring in 58 cases (67.4%); the other findings were cough-sputum [n:25 (29.06%)], dyspnea [n:37 (43.02%)] and fever [n:47 (54.65%)]. The main pocedure was kystectomy with “Lagrot” on the liver in 50 case. Two patients underwent segmentectomy, two bilobectomy et 12 underwent lobectomy. Twenty three patients had a decortication. The overall mortality rate was 3.48% while the overall morbidity rate was 23.5%. Predictors of morbidity included advanced age (p=0.03), cysts larger than 7 cm (p=0.04), cysts with bilious contents (p=0.03), type II, III and IV on ultrasound classification (p=0.02) and patients operated lately (p=0.04), patients who underwent decortication or lobectomy (p=0.01). Conclusion: The hepatic hydatid cyst with rupture into thorax is a major complication of the hydatid cyst with a high morbidity and mortality. A better understanding of the predictive factors allows the surgeon to choose the appropiate surgical technique that is associated with less morbidity.   Séance : Posters cardiaque 2 - vendredi 9 juin - 12:15-13:45
mai 24, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Mars 2017

Les adénomes parathyroïdiens ectopiques de localisation médiastinale

Sani Rabiou1*, Yassine Ouadnouni1,4, Sani Aminou2,5, Layla Belliraj1, Ibrahim Issoufou1, Fatima Z. Ammor1, Jamal Ghalimi1, Souaf Ihsane3, Marwane Lakranbi1, Mohamed Smahi1,4   1. Service de chirurgie thoracique CHU Hassan II, Fès (Maroc). 2. Service de médecine interne, endocrinologie et diabétologie, HNN, Niamey (Niger). 3. Laboratoire de cytologie et d’anatomie pathologique El Yosr, Fès (Maroc). 4. Faculté de médecine et de pharmacie, université Sidi Mohamed Ben-abdellah, Fès (Maroc). 5. Faculté de médecine et de pharmacie, université Abdou Moumouni de Niamey (Niger). *Correspondance : rabiousani2@icloud.com DOI : 10.24399/JCTCV21-1-RAB Citation : Rabiou S, Ouadnouni Y, Aminou S, Belliraj L, Issoufou I, Ammor FZ, Ghalimi J, Ihsane S, Lakranbi M, Smahi M. Les adénomes parathyroïdiens ectopiques de localisation médiastinale. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(1). doi: 10.24399/JCTCV21-1-RAB Résumé Introduction : Les adénomes parathyroïdiens ectopiques sont rares et leur localisation médiastinale l’est encore plus. Les auteurs rapportent les observations de 3 patientes qui avaient consulté suite à un trouble de métabolisme phosphocalcique, chez qui le diagnostic d’un adénome parathyroïdien ectopique avait été évoqué sur la base des investigations radiocliniques. Matériels et méthodes : Il s’agissait de 3 patientes de sexe féminin âgées respectivement de 54 ans, 68 ans et 70 ans, toutes adressées par le service d’endocrinologie. Le tableau clinique était caractérisé par des signes cliniques et/ou biologiques d’hypercalcémie en rapport avec une hyperparathyroïdie. La présence d’une masse médiastinale était constante chez toutes les patientes. La localisation était intrathymique dans 2 cas et rétrotrachéale dans 1 cas. La prise en charge consistait en une résection chirurgicale complète avec confirmation de diagnostic après étude anatomopathologique de la pièce d’exérèse. Les suites postopératoires étaient satisfaisantes avec normalisation du bilan phosphocalcique. Conclusion : Les adénomes parathyroïdiens ectopiques à localisation médiastinale sont rares. Ils sont souvent asymptomatiques, et le diagnostic peut être évoqué devant la persistance des troubles du métabolisme phosphocalcique. La prise en charge est une exérèse chirurgicale sans délai permettant d’apporter une guérison sans récidive chez la majorité des patients. Abstract Mediastinal ectopic parathyroid adenoma Introduction: ectopic parathyroid adenomas are rare and those in a mediastinal location are even more so. The authors report the observations of three patients who were consulted following a phosphate metabolism disorders, in whom the diagnosis of an ectopic parathyroid adenoma was discussed on the basis of radio-clinical investigations. Material and Methods: This study included 3 female patients aged 54, 68 and 70 years, all of whom were treated by the Department of Endocrinology. The clinical picture was characterized by clinical and biological signs or hypercalcemia associated with hyperparathyroidism. The presence of a mediastinal mass was constant in all patients. The location was intrathymique in 2 cases and retro-tracheal in 1 case. The support consisted of complete surgical resection with confirmatory diagnosis after histological examination of the surgical specimen. The postoperative course was satisfactory with the normalization of calcium and phosphate. Conclusion: Ectopic parathyroid adenomas with mediastinal localization are rare. Often asymptomatic, the diagnosis is suggested at the persistence of the phosphate metabolism disorders. The management is surgical excision without delay to bring a cure without recurrence in the majority of patients.   1. Introduction 80 % des hyperparathyroïdies primaires sont liées à un adénome parathyroïdien. Plus rarement, il peut s’agir d’une hyperplasie et exceptionnellement d’un carcinome de la glande parathyroïde [1]. Habituellement, cette tumeur se développe au niveau des parathyroïdes inférieures. Sa localisation ectopique au sein du parenchyme thymique est exceptionnelle [2,3]. À travers 3 cas cliniques, les auteurs soulignent l’importance d’un bilan topographique précis afin de minimiser le risque de récidive et la survenue des complications métaboliques souvent dramatiques.   2. Patients et méthodes L’étude est rétrospective et concerne 3 localisations médiastinales ectopiques des adénomes parathyroïdiens durant la période allant de janvier 2015 à mars 2016. À travers une fiche d’exploitation, nous avons recueilli les données suivantes pour chaque patiente : l’âge, le sexe, la provenance, les antécédents, les signes cliniques, biologiques et radiologiques, la localisation exacte de la lésion, le geste réalisé ainsi que les éventuelles complications péri et postopératoires, et enfin l’évolution.   3. Résultats 3.1. Patiente 1 Mme A., 55 ans, suivie pour lithiase rénale depuis 2007, consultait pour douleur thoracolombaire gauche évolutive. L’état général était conservé et la TA était à 140/80 mmHg avec une Fc à 89 battement/min. L’examen somatique était sans particularité et l’électrocardiogramme montrait un rythme sinusal, sans trouble de conduction ni de repolarisation. La calcémie corrigée était à 126 mg/l avec un taux de PTH à 749,4 pg/ml. Après réalisation d’une échographie cervicale qui était normale, la tomodensitométrie thoracique avait découvert une masse tissulaire du médiastin antérosupérieur, hypervascularisée [figure 1].   [caption id="attachment_3091" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Tomodensitométrie thoracique qui objective une masse tissulaire du médiastin antérosupérieur, hypervascularisée.[/caption]   Devant la notion de lithiase rénale et les résultats des examens biologiques et radiologiques, le diagnostic d’un adénome parathyroïdien ectopique avec hyperparathyroïdie primitive avait été évoqué. Après une sternotomie médiane verticale, l’exploration avait trouvé une masse bien encapsulée, de siège intrathymique. Une résection en bloc avec le thymus était nécessaire. Le contrôle de la parathormonémie une heure après la résection était à 100,3 pg/ml, soit une baisse de plus de 80 % par rapport à la valeur initiale. Le suivi postopératoire consistait au dosage de la parathormonémie-calcémie à J+1, J+3 et à une semaine. L’évolution était favorable en dehors d’une hypocalcémie biologique corrigée par simple supplémentation par du calcium par voie orale. L’étude histologique de la pièce opératoire était revenue en faveur d’un adénome parathyroïdien intrathymique [figures 2A et B].   [caption id="attachment_3092" align="aligncenter" width="300"] Figure 2.A. Pièce opératoire après résection de la masse.B. Adénome parathyroïdien : double population cellulaire, à cellules claires et à cellules oxyphiles (x40).[/caption]   3.2. Patiente 2 Mme F. est une patiente âgée de 68 ans qui nous a été adressée pour masse du médiastin antérosupérieure. Elle se plaignait de douleurs osseuses suite à une fracture spontanée du fémur gauche pour laquelle elle avait bénéficié d’un enclouage centromédullaire 7 jours auparavant. Le reste de l’examen physique était normal. Le bilan biologique révélait une calcémie à 11 mg/dl avec une phosphoremie 2,4 mg/dl. La parathormone sérique était à 45,3 pg/dl. La tomodensitométrie thoracique avait montré une lésion tissulaire du médiastin antérosupérieure venant au contact de la veine cave supérieure sans l’envahir. Sur une scintigraphie au technetium 99 (99m Tc–MIBI), cette hyper masse fixait de façon intense le traceur radioactif évoquant ainsi un adénome parathyroïdien à localisation médiastinale [figure 3].   [caption id="attachment_3093" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Scintigraphie au technetium 99 (99m Tc–MIBI) qui montre une hyperfixation du traceur radioactif de façon intense par la masse.[/caption]   Après une exploration par manubriotomie, la masse était localisée au niveau du lobe droit du thymus qui avait été réséqué complètement. L’analyse histologique de la pièce opératoire avait confirmé le diagnostic de l’adénome parathyroïdien intrathymique. L’évolution postopératoire était satisfaisante et la patiente était sortie à J+5 avec une normocalcémie à 8,4 mg/dl et un taux de parathormone également normal à 1,5 pg/dl. Revue en consultation 6 mois après, on ne notait aucun trouble phosphocalcique chez la patiente. 3.3. Patiente 3 Mme KI. est une patiente âgée de 70 ans, hypertendue sous Aténolol et opérée pour un cancer du sein il y a 10 ans. Elle nous a été adressée par le service d’endocrinologie suite à une découverte fortuite d’une masse médiastinale dans le cadre du bilan étiologique d’une hypercalcémie maligne. Elle était asthénique avec une notion d’amaigrissement estimée à 20 kg en 2 ans. La TA était à 150/95 mmHg avec une Fc à 117 battement/min et l’électrocardiogramme montrait un espace Qt corrigé à 333 ms. L’examen physique notait la présence des arthralgies diffuses sans limitation de mobilité passive et active. La palpation de la région cervicale trouvait une masse basicervicale, mobile à la déglutition. La calcémie corrigée était à 138 mg/l avec un taux de PTH à 3 fois la normale. La tomodensitométrie thoracique avait permis de découvrir une masse tissulaire médiastinale postérieure, rétrotrachéale, rehaussée après injection de produit de contraste [figure 4].   [caption id="attachment_3094" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Tomodensitométrie thoracique qui objective une masse tissulaire du médiastin postérieur, hypervascularisée.[/caption]   Devant les douleurs articulaires et les résultats biologique et radiologique, l’indication d’une scintigraphie au technetium 99 (99m Tc–MIBI) avait été posée. Elle avait permis de découvrir une hyperfixation de la masse rétrotrachéale évoquant un adénome parathyroïdien ectopique. Après normalisation de la calcémie, la patient était conduite au bloc opératoire ou une thoracotomie postérolatérale droite avait permis de découvrir une masse hypervascularisée médiastinale postérieure venant au contact de la trachée sans l’envahir. L’étude anatomopathologie de la pièce d’exérèse avait conclu en faveur d’un adénome parathyroïdien. Les suites opératoires étaient simples avec normalisation des paramètres biologiques. 4. Discussion L’incidence des adénomes parathyroïdiens intrathymiques est variable selon les auteurs [3,4]. Phitayakorn et McHenry, dans une série de 231 patients opérés pour hyperparathyroïdies, avaient retrouvé 16 % de lésions ectopiques parmi lesquelles 3 % étaient intrathymiques [5]. Les autres localisations possibles sont paraœsophagiennes, rétrotrachéales, basilinguales, etc. En effet, les parathyroïdes inférieures et le thymus ont une origine embryologique commune à partir de la 3e poche branchiale, avant leur migration respective au niveau cervicale et médiastinale [6]. C’est cette migration qui explique la possibilité de parathyroïde surnuméraire et ectopique, notamment intra-thoracique. L’hyperparathyroïdie primaire est le mode révélateur le plus fréquent. En général, les symptômes sont caractérisés par une lithiase rénale à répétition, des signes en rapport avec des troubles du métabolisme phosphocalciques à type d’hypercalcémie, une fatigabilité musculaire, des troubles du rythme cardiaque voire des fractures spontanées des os comme c’est le cas chez une de nos patientes [7]. Devant un patient qui présente des symptômes en rapport avec des troubles de métabolisme phosphocalcique, l’exploration clinique et radiologique de la région cervicale doit chercher une éventuelle tuméfaction cervicale en rapport avec un adénome parathyroïdien. Malheureusement comme le cas de nos 2 patientes, l’examen clinique et l’échographie de la région cervicale étaient sans particularité. Devant la persistance des signes d’hypercalcémie clinique et biologique, nous avons complété le bilan par une tomodensitométrie thoracique injectée qui nous a permis de découvrir une masse médiastinale de la loge thymique évoquant un adénome parathyroïdien. Pour étayer le diagnostic, une scintigraphie au technetium 99 montrait une hyperfixation intense du traceur radioactif par la masse médiastinale chez une patiente. En effet, la scintigraphie est actuellement considérée comme la technique de choix puisqu’elle présente une sensibilité de l’ordre de 95 % et offre une meilleure qualité d’image que la tomodensitométrie avec une irradiation plus faible [8,9]. D’après Mitchell, cet examen a permis d’identifier 16 adénomes parmi 17 cas et 19 hyperplasies glandulaires parmi 21 cas [10]. Dans le cas précis de notre patiente, la scintigraphie a permis de bien spécifier la lésion évitant ainsi la réalisation d’une cervicotomie « blanche ». Devant un adénome parathyroïdien, la résection chirurgicale du tissu hypersécrétant est la technique de référence. La tendance actuelle est de proposer une chirurgie à tous les patients chez qui le diagnostic d’hyperparathyroïdie primitive est posé, ce qui inclut les patients asymptomatiques, sans limite d’âge [11,12]. En effet, plusieurs études ont montré les effets indésirables de l’hyperparathyroïdie : augmentation du risque de décès prématuré, hypertension artérielle, hypertrophie myocardique, perte osseuse en particulier chez la femme âgée [13-15]. Chez les patients symptomatiques, la parathyroïdectomie normalise la biochimie et accroît la densité osseuse [16]. Les modalités chirurgicales sont encore controversées. La sternotomie ou la thoracotomie est la voie d’abord classique pour les adénomes parathyroïdiens ectopiques de localisation médiastinale. En 1994, une alternative par thoracoscopie vidéo-assistée a été proposée dans le but de réduire l’extension de la voie d’abord classique et de diminuer sa morbidité [17,18]. Cet abord vidéo-assisté permet une bonne visualisation de la lésion au sein du médiastin. Ses inconvénients sont l’absence de vision en 3 dimensions et la perte de dextérité du chirurgien en comparaison à la chirurgie conventionnelle [19]. La chirurgie robotique offre un excellent confort chirurgical pour des équipes entraînées à cette technique. L’hypocalcémie est la complication postopératoire la plus constante. Son absence met en doute la résection complète du tissu tumoral. Les signes cliniques les plus fréquents sont une excitabilité neuromusculaire avec des paresthésies, des crampes et/ou des crises de tétanie. À un stade plus évolué apparaissent des troubles de conscience, des crises convulsives et des bronchospasmes ou laryngospasmes [20]. Elle est en règle modérée chez les patients opérés pour hyperparathyroïdie primitive. Elle ne doit être traitée que si elle devient symptomatique puisque la calcémie se normalise en règle au 4e ou 5e jour. En dessous de 1,9 mmol l–1 et avec des symptômes musculaires ou électrocardiographiques, des perfusions de calcium sont administrées durant 24 à 48 heures (gluconate de calcium 100 mg en 15 minutes puis 1 à 2 mg/kg/h). La persistance de l’hypocalcémie au-delà est due le plus souvent à une avidité de l’os pour le calcium nécessitant une supplémentation phosphocalcique et une vitaminothérapie D [21]. 5. Conclusion Les adénomes parathyroïdiens ectopiques sont rares et leur localisation médiastinale intrathymique l’est encore plus. Ces adénomes sont souvent asymptomatiques, et le diagnostic peut être évoqué devant la persistance des troubles du métabolisme phosphocalcique avec une tomodensitométrie thoracique montrant une masse du médiastin antérieur et supérieur. La prise en charge est une exérèse chirurgicale sans délai permettant d’apporter une guérison sans récidive chez la majorité des patients.   Références Ruda J M, Hollenbeak C S, Stack B C. Asystematic reviewof the diagnosis and treatment of primary hyperparathyroidism from 1995 to 2003. Otolaryngol Head Neck Surg 2005;132: 359-72. https://doi.org/10.1016/j.otohns.2004.10.005 PMid:15746845 Wang CA. The anatomical basis of parathyroid surgery. Ann Surg 1976;183:271-75. https://doi.org/10.1097/00000658-197603000-00010 PMid:1259483 PMCid:PMC1344236 Peeler B B, Martin W H, Sandler M P. Sestamibi parathyroid scanning and preoperative localization studies for patients with recurrent/persistent hyperparathyroidism: development of an optimal localization strategy. Am Surg 1997;63:37- 46. PMid:8985069 Hamaloglu E, Fani Bozkurt M, Dogan R. Unexpected Detection of an Intrathymic Parathyroid Adenoma by Tc-99m-MIBI Scintigraphy: The role of scintigraphy in planning surgical treatment. The Endocrinologist 2005;15:366–69. https://doi.org/10.1097/01.ten.0000185155.58515.58 Phitayakorn R, McHenry C R. Incidence and location of ectopic abnormal parathyroid glands. 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mars 1, 2017
Cas clinique · Vol. 20 Décembre 2016

Hydatidose multivésiculaire : une localisation rare au niveau pulmonaire

Ibrahim Issoufou, Sani Rabiou,Layla Belliraj, Ammor Fatmazahra, Hicham Harmouchi, Marouane Lakranbi, Yassine Ouadnouni,Mohamed Smahi   Service de chirurgie thoracique, CHU Hassan II, Fès, Maroc. Correspondance : alzoumib84@gmail.com     Résumé La multivésiculation du kyste hydatique est rarement rencontrée au niveau pulmonaire. Une patiente âgée de 15 ans, opérée dix ans auparavant d’un kyste hydatique hépatique, est présentée à notre service pour prise en charge d’un kyste hydatique multiloculaire du poumon droit. Notre travail consiste à présenter à travers cette observation et une revue de la littérature, les particularités physiopathologiques et la prise en charge de l’hydatidose pulmonaire multivésiculaire.   Abstract Multilocular hydatid cysts are rarely encountered in the lung. A 15-year-old female with past medical history of hepatic hydatid cyst operated on 10 years earlier was presented to our institution with multilocular hydatid cyst of the right lung. Our goal is to present through this case presentation and literature review the pathogenesis and management of multilocular lung hydatid disease.   1. INTRODUCTION  L’échinococcose ou maladie hydatique est une anthropozoonose provoquée par le développement chez l’homme de la forme larvaire d’un cestode de l’espèce Echinococcus granulosus. La multivésiculation du kyste est rarement rencontrée au niveau pulmonaire. Notre travail consiste à présenter à travers une observation et une revue de la littérature les particularités physiopathologiques et la prise en charge de l’hydatidose pulmonaire multivésiculaire.   2. OBSERVATION  Mlle L. S, âgée de 15 ans, opérée d’un kyste hydatique hépatique dix ans plus tôt est présentée à notre service pour des épisodes de toux productive. L’examen clinique a retrouvé une cicatrice de laparotomie sous costale droite. La radiographie thoracique a objectivé une ascension de la coupole diaphragmatique droite [figure 1]. La TDM thoracoabdominale [figure 2] a mis en évidence une image kystique multivésiculaire du segment postérobasal du poumon droit, une image excavée du culmen et plusieurs kystes hydatiques hépatiques dont un était multivésiculaire. Une échographie abdominale confirmait la présence de kystes hydatiques au niveau du dôme hépatique, du segment VII et du segment IV qui lui était multivésiculaire. Une thoracotomie postérolatérale droite conservatrice passant par le 7e espace intercostal était réalisée. L’exploration retrouvait un kyste hydatique plein au niveau du segment postérobasal droit comprimant le diaphragme [figure 3]. Une énucléation selon la technique d’Ugon permettait l’ablation de ce kyste [figure 4]. Les suites opératoires ont été simples, la patiente est sortie à J+4 du postopératoire. Elle a été adressée en service de chirurgie viscérale pour la prise en charge des kystes hydatiques hépatiques.   [caption id="attachment_2941" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Radiographie thoracique montrant une ascension de la coupole diaphragmatique droite.[/caption] [caption id="attachment_2942" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Doubles kystes hydatiques multivésiculaires dont l’un au niveau du segment postérobasal du poumon droit et l’autre au niveau du foie droit.[/caption] [caption id="attachment_2943" align="aligncenter" width="257"] Figure 3. Kyste hydatique du segment postérobasal du lobe inférieur droit.[/caption] [caption id="attachment_2944" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Kyste hydatique contenant des vésicules proligères.[/caption]   3. DISCUSSION La particularité de cette observation réside dans la multivésiculation du kyste hydatique pulmonaire. En effet, si cette dernière est rencontrée dans la majorité des kystes hydatiques médiastinaux primitifs décrit par Zidi et al. [1], elle reste très rare au niveau pulmonaire. Elle est presque toujours synonyme d’une localisation extrapulmonaire [2]. Au cours de son expansion, le kyste hydatique s’épanouit dans le sens de moindre résistance. Il garde une structure univésiculaire comme dans la majorité des kystes hydatiques pulmonaires en raison de la souplesse du parenchyme pulmonaire [3]. La multivésiculation survient lorsque le kyste rencontre un obstacle lors de sa croissance. Dans notre observation, le kyste étant de localisation basale, la multivésiculation est due à la contrainte exercée par le diaphragme faisant obstacle à la croissance du kyste. Cette contrainte expose à la rupture spontanée du kyste et à la contamination de la cavité pleurale, le risque majeure étant la survenue d’une hydatidose pleurale secondaire [4]. Ce risque est accru lorsque le kyste est multivésiculaire. En effet ces vésicules sont de véritables capsules proligères et constituent ainsi des nids de scolex [5]. Le traitement chirurgical est la règle. Il doit permettre l’exérèse du kyste en évitant toute contamination du champ opératoire. Plusieurs techniques ont été décrites [6]. L’énucléation selon la technique d’Ugon nous semble mieux indiqué lorsque le kyste est multivésiculaire. Elle consiste à réaliser, après protection du champ opératoire, une incision entre le périkyste et la membrane hydatique sans ouvrir le kyste. Cette incision sera faite prudemment au bistouri froid pour éviter de léser le kyste. On réalise ensuite une expulsion ou accouchement du kyste. Cette manœuvre est facilitée par une réexpansion pulmonaire réalisée par l’anesthésiste, par insufflations manuelles itératives [6]. Le kyste sera alors réséqué en monobloc évitant ainsi toute dissémination pleurale.   4. CONCLUSION Le kyste hydatique pulmonaire multivésiculaire est une entité rare. Des facteurs mécaniques sont la cause de cette multivésiculation. La résection chirurgicale sera réalisée en monobloc pour éviter une contamination pleurale.   RÉFÉRENCES Zidi A, Zannad-Hantous S, Mestiri I et al. Kyste hydatique primitif du médiastin : 14 cas. J Radiol 2006;87:1869-74. Zidane A, Arsalane A, Atoini F, Kabiri EH. Les kystes hydatiques thoraciques extra-pulmonaires. Rev Pneumol Clin 2006;62:386-389. El Khattabi W, Aichane A, Riah A, Jabri H, Afif H, Bouayad Z. Analyse de la sémiologie radioclinique du kyste hydatique pulmonaire. Rev Pneumol Clin 2012;68:329-337. Bouchikh M, Achir A, Maidi M, Ouchen F, Fenane H, Benosman A. La rupture intrapleurale des kystes hydatiques pulmonaires. Rev Pneumol clin 2014;70:203-207. Riquet M et Souilamas R. Kyste hydatique pulmonaire. Indications thérapeutiques. Encycl Méd Chir (Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Pneumologie 6-003-M-10, 2000, 6 p. Avaro J.-P., Djourno X.-B., Kabiri El.-H., Bonnet P.-M., Charpentier R., Doddoli C., Thomas P. Traitement chirurgical des kystes hydatiques du poumon. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales-Thorax 42-432, 2007. Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 07/07/2016. Acceptation : 07/11/2016.   
décembre 8, 2016