Chirurgie thoracique · Vol. 22 Juin 2018

L’endométriose thoracique : une expérience à propos de 27 cas opérés

Raphaël Ouede1*, Blaise Demine1, Maurice Kouacou1, Landry Kohou-Kone2, Joseph Kouame2, Édouard N’Guessan3, B. Ahui4, Ngoran Koffi4, Flavien Kendja1, Simplice Anongba3, Yves Tanauh1 Service de chirurgie thoracique, institut de cardiologie, Abidjan, Côte d’Ivoire. Service d’anesthésie et de réanimation, institut de cardiologie, Abidjan, Côte d’Ivoire. Service de gynécologie, centre hospitalier et universitaire, Treichville, Côte d’Ivoire. Service de pneumologie, centre hospitalier et universitaire, Cocody, Côte d’Ivoire. * Correspondance : oued70raphael@yahoo.fr   DOI : 10.24399/JCTCV22-2-OUE Citation : Ouede R, Demine B, Kouacou M, Kohou-Kone L, Kouame J, N'Guessan E, Ahui B, Koffi N, Kendja F, Anongba S, Tanauh Y. L’endométriose thoracique : une expérience à propos de 27 cas opérés. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2018;22(2). doi: 10.24399/JCTCV22-2-OUE Résumé Objectif : rapporter notre expérience de la prise en charge chirurgicale de l’endométriose thoracique en décrivant  notre approche diagnostique, thérapeutique et les résultats obtenus. Patients et méthodes : il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique sur 22 ans concernant 27 patientes âgées en moyenne de 32 ans (19 à 49 ans) opérées pour une endométriose thoracique reparties en 2 groupes en fonction de l’attitude chirurgicale. Le groupe 1, de janvier 1994 à juin 2006, comprenait 6 patientes et le groupe 2 de juillet 2006 à décembre 2016, comprenait 21 patientes. Les paramètres cliniques, paracliniques, thérapeutiques et évolutifs ont été étudiés. Résultats : dans le groupe 1, 5 patientes présentaient un pneumothorax cataménial et une avait un hémothorax cataménial. Dans le groupe 2, il y avait 13 cas de pneumothorax cataménial, 7 cas d’hémothorax cataménial et un cas avec pseudotumeur pulmonaire hémoptoïsante. Toutes les patientes, sauf celle qui avait la pseudotumeur pulmonaire, étaient nullipares avec des antécédents de dysménorrhée et 6 avaient une endométriose pelvienne confirmée. Vingt-deux  patientes étaient au moins à leur troisième récidive. La radiographie standard du thorax a été systématique, complétée par un  scanner thoracique dans 12 cas. Les lésions étaient droites (n = 24), bilatérales (n = 2). La pseudotumeur siégeait dans le lobe supérieur gauche. L’exploration chirurgicale dans le groupe 1 a été faite par minithoracotomie dans tous les cas, dont 5 fois pendant la période des menstrues, tandis que dans le groupe 2 la chirurgie a été faite par minithoracotomie (n = 19) et vidéothoracoscopie (n = 2) pendant les menstrues. Des plaques d’endométriose diaphragmatique ont été observées dans 22 cas et des blebs dans 6 cas. Les gestes chirurgicaux ont consisté dans le groupe 1 en une résection-suture des plaques d’endométriose dans les 6 cas, complétée par une résection-suture des blebs dans 4 cas et une pleurodèse par abrasion. Dans le groupe 2, il a été réalisé une phrénoplastie de recouvrement des fenestrations diaphragmatiques 16 fois, associée à une résection-suture des blebs 2 fois, une pleurodèse par abrasion (n = 2) ou par talcage (n = 19). Une lobectomie supérieure gauche a été faite pour la pseudotumeur, les lésions bilatérales ont été opérées avec 7 mois d’intervalle en moyenne. L’endométriose a été confirmée à l’examen anatomopathologique 14 fois, pour les autres cas le diagnostic a été retenu sur la base des antécédents gynécologiques, la coïncidence des signes cliniques avec les menstrues, la découverte peropératoire des plaques d’endométriose. Une hormonothérapie complémentaire de 6 mois (triptoréline) a été prescrite. L’évolution a été bonne chez 19 patientes. Cinq récidives (3 dans le groupe 1 et 2 dans le groupe 2) ont été notées. Les 3 premières ont été reprises. La mortalité était nulle dans les 2 groupes. Conclusion : la chirurgie, réalisée à la phase des menstruations, par recouvrement prothétique des fenestrations diaphragmatiques et symphyse pleurale au talc, associée à une hormonothérapie suppressive immédiate, a permis d’obtenir un faible taux de récidive, un meilleur confort et une mortalité nulle.   Abstract Thoracic Endometriosis: Our Experience of Operating on 27 Cases Objective: To report our experience in the surgical management of thoracic endometriosis, describing our diagnostic and therapeutic approach and the results obtained. Patients and methods: This was a monocentric, 22-year retrospective study of 27 patients with an average age of 32 years (range 19 to 49 years) who were operated on for thoracic endometriosis. These patients were divided into 2 groups according to the surgical approach taken. Group 1, from January 1994 to June 2006, consisted of 6 patients and Group 2, from July 2006 to December 2016, consisted of 21 patients. Clinical, para-clinical, therapeutic and evolutionary parameters were studied Results: In Group 1, 5 patients had catamenial pneumothorax and 1 had catamenial hemothorax. In Group 2, there were 13 cases of catamenial pneumothorax, 7 cases of catamenial hemothorax and 1 case with a hemoptysic pulmonary pseudotumor. All patients except one (presenting with the pulmonary pseudotumor) were nulliparous with a history of dysmenorrhea. Twenty-two patients were suffering at least their third recurrence and six of them had confirmed pelvic endometriosis. The standard radiograph of the thorax was systematic. A thoracic CT scan was performed in 12 cases. Lesions were right (n = 24) or bilateral (n = 2). The pseudotumor sat in the upper left lobe. Surgical exploration in Group 1 was performed by mini thoracotomy in all cases, including 5 times during menstruation, while in Group 2 the surgery was performed by mini thoracotomy (n = 19) and videothoracoscopy (n = 2) during menstruation. Diaphragmatic endometriosis plaques were observed in 22 cases and blebs in 6 cases. The surgical procedures in Group 1 consisted of a resection-suture of the plaques of endometriosis in 6 cases, completed by a resection-suture of the blebs in 4 cases, and a pleurodesis by abrasion. In Group 2, a phrenoplasty of diaphragmatic fenestration was performed 16 times, associated in two cases with resection of the blebs, and pleurodesis by abrasion (n = 2) or talcage (n = 19). An upper left lobectomy was performed in the case of the pseudotumor, bilateral lesions were performed at an average of 7 month intervals. Endometriosis was confirmed on pathologic examination 14 times, in other cases the diagnosis was based on gynecological history, the coincidence of the clinical signs with the menses, or the peroperative discovery of endometriosis plaques. A 6-month complementary hormone therapy (triptoreline) was prescribed. The outcome was good in 19 patients. Five recurrences (3 in Group 1 and 2 in Group 2) were noted. The first three were resumed. Mortality was nil in both groups. Conclusion: The surgery, by overlapping diaphragmatic fenestrations and pleurodesis, when performed during menstruation and in combination with immediate suppressive hormone therapy, resulted in a low rate of recurrence, better comfort and nil mortality.   1. INTRODUCTION L’endométriose se caractérise par le développement du tissu endométrial normal en dehors de la cavité utérine [1,2]. Quelle que soit sa localisation, le tissu endométrial garde les mêmes propriétés que l’endomètre intra-utérin, il va donc subir les mêmes modifications cycliques mensuelles en réponse aux stimuli hormonaux [1-4]. Les localisations thoraciques les plus fréquentes sont : la plèvre, le parenchyme pulmonaire et l’arbre trachéobronchique [2-6]. La présence de tissu endométrial dans le thorax et les modifications cycliques qui en résultent vont entraîner des manifestations cliniques et radiologiques désignées sous le thème de syndrome d’endométriose thoracique [2-4]. Ce syndrome regroupe quatre entités cliniques bien reconnues : le pneumothorax (73 % des cas), l’hémothorax (14 % des cas), l’hémoptysie (7 % des cas) et le nodule (6 % des cas). Leurs points communs sont d’une part la répétition des symptômes lors des règles et d’autre part leur fréquente association à une endométriose pelvienne et à une infertilité [3,4,6]. Le traitement de l’endométriose thoracique est médical et chirurgical [2-4]. Le but de cette étude était de rapporter notre expérience de la prise en charge chirurgicale de l’endométriose thoracique en décrivant  notre approche diagnostique, thérapeutique et les résultats obtenus.   2. PATIENTS ET MÉTHODES Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique sur 22 ans, allant de janvier 1994 à décembre 2016 concernant 27 patientes âgées en moyenne de 32,8 ans (19 à 49 ans), opérées pour une endométriose thoracique. Le tableau clinique se composait de pneumothorax (n = 18, soit 66,67 %), d’hémothorax (n = 8, soit 29,62 %) et de pseudotumeur pulmonaire (n = 1, soit 3,70 %). Ces patientes étaient réparties en 2 groupes en fonction de notre attitude chirurgicale vis-à-vis des lésions diaphragmatiques. Le groupe 1, de janvier 1994 à juin 2006, comprenait les 6 patientes opérées avant l’introduction de la prothèse diaphragmatique dans notre arsenal thérapeutique et le groupe 2, de juillet 2006 à décembre 2016, comprenait 21 patientes opérées après. Les paramètres cliniques, paracliniques, thérapeutiques et évolutifs ont été étudiés.   3. RÉSULTATS Dans le groupe 1, 5 patientes présentaient un pneumothorax cataménial et une avait un hémothorax cataménial. Le groupe 2 comportait  13 cas de pneumothorax cataménial, 7 cas d’hémothorax cataménial et un cas de pseudotumeur pulmonaire avec hémoptysie cataméniale. Ces patientes avaient toutes des antécédents de dysménorrhée et de nulliparité sauf celle qui avait la pseudotumeur, 6 patientes avaient une endométriose pelvienne confirmée [tableau 1].   Tableau 1. Les antécédents retrouvés chez les patientes opérées d’endométriose thoracique Nature des antécédents Effectif Pourcentage (%) Thoracique Douleur thoracique cataméniale 18 66,67 – pseudo asthme cataménial 4 14,81 Gynécologique – Multipare (G10P10/pseudotumeur) 1 3,7  – Nullipare 26  96,30 – Dysménorrhée 26 96,30 – Interruption volontaire de grossesse  2 7,41  – Kystectomie ovarienne  2  7,41 – Insufflation tubaire 2 7,41 – Endométriose pelvienne 6 22,22 – Myomectomie 1 3,7 Autres – Appendicectomie 1 3,7 – Cure herniaire ombilicale 2 7,41 – Thyroïdectomie 1 3,7 – Amygdalectomie 1 3,7   À l’admission, 4 patientes étaient à leur premier épisode et  23 à leur troisième récidive au moins, celle qui avait la pseudotumeur pulmonaire avait une aménorrhée non gravidique, mais elle présentait une hémoptysie minime à ses périodes prévues de menstrues. Le cas de la pseudotumeur pulmonaire et 3 cas d’hémothorax  avaient été traités initialement comme une tuberculose pendant 5 mois sans succès. Le liquide pleural dans l’hémothorax était exsudatif stérile avec de nombreuses hématies, une hyper-lymphocytose (dans 3 cas) sans cellule endométriale, l’hémothorax était associé à une ascite hémorragique (4 cas) et à des hémoptysies (1 cas). En plus de la radiographie standard systématique du thorax, le scanner thoracique réalisé 12 fois (dont 3 dans le groupe 1) a confirmé l’épanchement pleural et la pseudotumeur et a objectivé des blebs (6 fois) et une pachypleurite (5 fois). L’atteinte était bilatérale (n = 2), droite (n = 23) et gauche (la pseudotumeur pulmonaire). Une échographie thoracoabdominale dans 3 cas d’hémothorax et une fibroscopie bronchique dans les 2 cas d’hémoptysie n’ont pas objectivé de plaque d’endométriose. L’indication opératoire a été posée devant le caractère récidivant et/ou cataménial des symptômes et les antécédents gynécologiques. Un drainage (4 fois) et une ponction pleuraux (2 fois) ont été nécessaires en préopératoire pour des épanchements dyspnéisants. L’exploration chirurgicale dans le groupe 1 a été faite par minithoracotomie dans tous les cas, dont 5 fois pendant la période des menstrues, tandis que dans le groupe 2 elle a été faite par minithoracotomie (n = 19) et vidéothoracoscopie (n = 2) pendant les menstrues (sauf le cas de la pseudotumeur). Des plaques d’endométriose diaphragmatique ont été observées dans 22 cas [figure 1] et des blebs dans 6 cas.   [caption id="attachment_4052" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Image peropératoire des fenestrations diaphragmatiques dans un de nos cas de pneumothorax cataménial.[/caption]   Les gestes chirurgicaux ont consisté dans le groupe 1 en une résection-suture des plaques d’endométriose diaphragmatique dans les 6 cas complétée par une résection-suture des blebs dans 4 cas et une pleurodèse par abrasion. Dans le groupe 2, il a été réalisé une lobectomie supérieure gauche (la pseudotumeur), une phrénoplastie de recouvrement des fenestrations diaphragmatiques 16 fois [figure 2] associée à une résection-suture des blebs 2 fois, une pleurodèse par abrasion (n = 2) ou par talcage (n = 18).   [caption id="attachment_4053" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Image peropératoire d’une phrénoplastie à la prothèse synthétique dans un de nos cas de pneumothorax cataménial.[/caption]   Les côtés gauches des lésions bilatérales ont été opérés avec 7 et 9 mois d’intervalle et aucune lésion n’a été retrouvée, une pleurodèse par abrasion et par talcage a été effectuée. Le séjour hospitalier postopératoire moyen était de 9,32 jours (6 à 27 jours). L’endométriose a été confirmée à l’examen anatomopathologique 14 fois (le cas du nodule pulmonaire, 3 cas d’hémothorax et 10 cas de pneumothorax), il s’agissait en microscopie de glande de type endométrial entourée de chorion cytogène (13 cas) ou non (1 cas). Dans les autres cas, le diagnostic a été retenu sur la base des antécédents gynécologiques, la coïncidence des signes cliniques avec les menstrues, la découverte peropératoire des plaques d’endométriose. Une hormonothérapie suppressive (tryptoréline) complémentaire de 6 mois a été prescrite en postopératoire après un avis gynécologique dans le groupe 1 et systématiquement dans le groupe 2. Elle a été effective chez 20 patientes dont 4 du groupe 1, 3 l’ont refusée pour des raisons financières et 4 patientes l’ont abandonnée à 4 mois à cause des effets secondaires. Deux patientes ont été perdues de vue à 3 mois et 5 mois. Après un suivi moyen de 2 ans (3 mois à 11 ans), l’évolution est bonne chez 19 patientes qui n’ont aucune gêne thoracique, 5 récidives dont 3 dans le groupe 1 ont été notées  à 1 semaine, 3 mois, 4 mois, 8 mois et 6 ans [tableau 2], une réintervention a été effectuée 3 fois. Trois patientes continuent de présenter des dyspnées cataméniales minimes sans récidive radiologique.  La mortalité était nulle dans les 2 groupes.   Tableau 2. Récapitulatif des caractéristiques cliniques thérapeutiques et évolutives des 27 patientes opérées d’endométriose thoracique   N0/ age (ans) Présentations cliniques Lésions observées Gestes réalisés Hormonothérapie Résultat anapath Durée de suivi (mois) Évolution G1 1/27 PNO PD R-S + abras Oui Négatif 16 Bonne 2/29 HémoTh PD + pachyP R-S + décor + abras Oui Glande + ch 3 PDV 3/24 PNO PD + blebs R-S + abras Refus Glande + ch 11 Bonne 4/25 PNO PD R-S + abras Refus Négatif 123 2 récidives 5/32 PNO PD + blebs R-S + abras Oui Glande + ch 6 Récidive 6/19 PNO Blebs R-S blebs + abras Oui Glande + ch 18 Bonne G2 7/31 PNO PD Plastie + abras Oui Négatif 26 Bonne 8/37 PNO PD Plastie + abras 4 mois Glande + ch 64 Récidive 9/49 Ptumeur Ptumeur Lobectomie SG Refus Glande + ch 17 Bonne 10/29 HémoTh PD Plastie + talc Oui Négatif 20 Bonne 11/25 PNO PD Plastie + talc Oui Glande + ch 9 Bonne 12/45 PNO PD Plastie + talc 4 mois Négatif 48 Dyspnée +/- 13/25 HémoTh PD Plastie + talc Oui Glande + ch 15 Bonne 14/41 Hémoth PD Plastie + talc Oui négatif 8 Bonne 15/36 PNO PD Plastie + talc Oui Glande + ch 16 Bonne 16/27 PNO PD + blebs Plastie + R-S blebs + talc Oui Négatif 15 Bonne 17/30 HémoTh PachyP Décor + talc 4 mois Glande 5 Récidive + PDV 18/36 Hémoth PD Plastie + talc Oui Négatif 16 Bonne 19/32 PNO PD Plastie + talc Oui Négatif 24 Bonne 20/37 PNO PD + pachyP Décor+ plastie + talc Oui Glande + ch 36 Dyspnée +/- 21/33 PNO blebs R-S blebs + talc 4 mois Glande + ch 8 Bonne 22/38 PNO PD Plastie + talc Oui Glande + ch 48 Dyspnée +/- 23/30 PNO PD Plastie +talc Oui Négatif 28 Bonne 24/34 HémoTh PD Plastie + talc Oui Négatif 22 Bonne 25/38 PNO PD Plastie + talc Oui Glande + ch 24 Bonne 26/44 PNO PD Plastie + talc Oui Négatif 16 Bonne 27/32 HémoTh Néant Talc Oui Négatif 8 Bonne G1 : groupe 1; G2 : groupe 2; PNO : pneumothorax; HémoTh : hémothorax ; PD : perforation diaphragmatique ; Ptumeur : pseudotumeur ; pachyP : pachypleurite ; R-S : resection-suture ; abras : abrasion ; Lobectomie SG : lobectomie supérieure gauche ; Talc : talcage ; décor : decortication ; PDV : perdue de vue ; plastie : plastie diaphragmatique de recouvrement ; Glande + ch : glande et chorion cytogène.   4. DISCUSSION L’endométriose est une affection bénigne chronique œstrogénodépendante décrite pour la première fois en 1860 par Von Rokitanski [1, 2]. Le premier cas d’endométriose thoracique a été décrit en 1953 par Barnes [7], plusieurs cas ont été décrits dans le monde [8] mais l’incidence actuelle reste imprécise faute d’étude multicentrique récente. En Afrique, seuls des cas isolés sont décrits [9,10], notre série en est la  plus importante à notre connaissance. Il s’agit d’une pathologie de la femme en âge de procréer et l’âge moyen de survenue est de 35 ans [2]. Le mécanisme pathogénique de l’endométriose thoracique accepte actuellement trois théories [1-6] : la théorie de la menstruation rétrograde ou le reflux tubaire de sang menstruel fait passer les cellules endométriales dans la cavité abdominale puis thoracique à travers les pores diaphragmatiques congénitales ou acquises, la théorie de la micro-embolisation et la théorie de la métaplasie de l’épithélium cœlomique. Des facteurs intrinsèques, génétiques, environnementaux, immunitaires et hormonaux assureraient la survie du tissu endométrial lors de sa migration, son adhésion et son développement au niveau du tissu hôte [3,4,6]. Le tissu endométrial thoracique provoquerait des  symptômes respiratoires selon divers mécanismes en réponse aux variations hormonales [2]. Les mécanismes évoqués pour le pneumothorax sont : la rupture spontanée des bulles, des blebs ou des alvéoles périphériques sous l’effet des prostaglandines F2 alpha, la destruction alvéolaire périphérique par l’implant endométriosique et le passage transdiaphragmatique d’air provenant du tractus génital.  Pour l’hémothorax et l’hémoptysie, selon Alifano [2], le saignement proviendrait directement des implants endométriosiques ou de l’érosion du tissu hôte créée par la destruction de ces implants. Mais certains de nos cas d’hémothorax (ceux qui étaient associés à une ascite) laissent suggérer aussi un passage transdiaphragmatique de liquide hémorragique d’origine péritonéal. Quant  au nodule, l’implant endométrial responsable est purement parenchymateux et circulaire formant d’abord une micropoche qui s’agrandit progressivement au fil des menstrues [2]. Le diagnostic de l’endométriose thoracique est difficile, il est évoqué devant l’histoire clinique, la relation entre les symptômes et les menstrues et l’amendement de ses symptômes sous hormonothérapie [11]. La radiographie thoracique, l’IRM couplée au scanner thoracique,  l’angiographie thoracique et la bronchoscopie (en cas d’hémoptysie) aident au diagnostic en cartographiant les lésions et peuvent guider la thoracoscopie et la thoracotomie exploratrice [12]. Pour augmenter leur sensibilité, ces examens ainsi que l’exploration chirurgicale doivent être réalisés pendant les menstrues où le tissu endométrial est le plus expressif [3,4,8,11]. Les analyses cytologique, anatomopathologique et immunohystochimique peuvent confirmer le diagnostic [13,14] mais, aussi bien dans notre étude que dans la littérature, le tissu endométrial n’est retrouvé que dans 30 à 50 % des cas d’exploration chirurgicale [4]. Sans être spécifique ni fiable, le marqueur tumoral CA 125 est souvent élevé dans l’endométriose thoracique, il doit être dosé en pré et postopératoire pour le suivi [15]. Le traitement médical est la première étape du traitement de l’endométriose thoracique, il vise le blocage de l’action des estrogènes sur l’endomètre et sur les implants ectopiques, pour cela, il utilise plusieurs molécules : les progestatifs et la contraception orale qui bloquent l’ovulation, le danazol et les analogues de la GnRH qui bloquent la fabrication des gonadotrophines. Le taux de récidive sous ce traitement médical seul atteint 50 % à 6 mois d’où l’intérêt d’un  traitement chirurgical [2,3]. Le traitement chirurgical consiste à réparer et renforcer le diaphragme et/ou réséquer les nodules ou les bulles, complété par une pleurodèse, ceci justifie la multiplicité des gestes chirurgicaux réalisés dans notre étude ainsi que dans la littérature [1-4,6,8,11,14,16]. La vidéothoracoscopie que nous avons pratiquée pour nos derniers cas est actuellement la technique chirurgicale de choix grâce à la vision directe des implants endométriosiques qu’elle offre, mais la chirurgie conventionnelle (thoracotomie ou minithoracotomie) garde encore sa place dans les phrénoplastie [1-4,6,8,11,14,16]. Concernant la résection des implants endométriosiques, si pour les bulles et les nodules les gestes allant de la wedge-résection à la lobectomie sont unanimement retenus, il n’y a pas de consensus pour les lésions diaphragmatiques. Plusieurs techniques ont été pratiquées vis-à-vis de ces lésions diaphragmatiques : au départ c’était les resection-suture comme dans le groupe 1, agrafage ou plicature, mais les récidives étaient fréquentes [2,3,8,17,18]. La tendance actuelle est l’utilisation de patch prothétique comme chez nos patientes du groupe 2, elle  favorise la fibrose  ou renforce le diaphragme et prend en compte les lésions occultes, les résultats en sont meilleurs [10,13,19,20]. Pour les implants superficiels et intrabronchiques, le traitement au laser, à l’argon, au CO2, à la source d’énergie bipolaire est décrit dans la littérature [12,21]. Le taux de récidive avec le traitement chirurgical  seul avoisine 5 %, il est donc recommandé dans la littérature de lui associer une hormonothérapie concomitante de 6 à 12 mois [2-4,8,22], de même que le traitement d’une endométriose abdomino-pelvienne qui y est  présente dans 33 à 48 % des cas [1-5,11].   5. CONCLUSION L’endométriose thoracique est une pathologie de la femme en âge de procréer, elle est peu fréquente. Elle se présente principalement sous forme de pneumothorax et d’hémothorax. Le diagnostic de certitude est difficile, les antécédents gynécologiques et le caractère récidivant cataménial font poser l’indication d’une exploration chirurgicale qui retrouve souvent les plaques d’endométriose diaphragmatiques qui sont pathognomoniques de cette affection. Le protocole thérapeutique associant le recouvrement diaphragmatique prothétique, le talcage  et l’hormonothérapie additive immédiate permet d’obtenir un faible taux de récidive, un meilleur confort et une mortalité nulle.   RÉFÉRENCES Linda C, Giudice MD, Lee C Kao. Endometriosis. Lancet 2004;364:1789-99. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(04)17403-5 Alifano M, Trisolini R, Cancellieri A, Regnard JF. Thoracic endometriosis: current knowledge. Ann Thorac Surg 2006;81:761-9. https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2005.07.044 PMid:16427904 Nunes H, Bagan P, Kambouchner M, Martinod E. Endométriose thoracique. Rev Mal Respir 2007;24:1329-40. https://doi.org/10.1016/S0761-8425(07)78510-8 Johnson MM. 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juin 24, 2018
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Abstracts 2017

T-19 – L’endométriose thoracique : une expérience à propos de 27 cas opérés

Raphaël Ouede1, Blaise Demine1, Maurice Kouacou1, Landry Kohou-Kone2, Joseph Kouame2, Édouard N’Guessan, Brou Ahui, Koffi N’Goran, Flavien Kendja1, Simplice Anongba, Yves Tanauh1 1. Service de chirurgie thoracique, Institut de cardiologie d’Abidjan, Côte-d’Ivoire 2. Service d’anesthésie et de réanimation, Institut de cardiologie d’Abidjan, Côte-d’Ivoire   Objectif : Rapporter les aspects diagnostiques, thérapeutiques et les résultats chirurgicaux de l’endométriose thoracique. Méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective sur 22 ans concernant 27 patientes de 32 ans en moyenne opérées d’endométriose thoracique réparties en 2 groupes en fonction de l’attitude chirurgicale. Le groupe 1, de janvier 1994 à juin 2006, comprenait 6 patientes et le groupe 2, de juillet 2006 à décembre 2016, comprenait 21 patientes. Les paramètres cliniques, paracliniques, thérapeutiques et évolutifs ont été étudiés. Résultat : Dans le groupe 1, 5 patientes présentaient un pneumothorax cataménial et 1 avait un hémothorax cataménial. Dans le groupe 2, il y avait 13 cas de pneumothorax cataménial, 7 cas d’hémothorax cataménial et 1 cas avec nodule pulmonaire hémoptoïsant. Toutes les patientes sauf une étaient nullipares avec des antécédents de dysménorrhée, 6 avaient une endométriose pelvienne. Les lésions étaient droites (n = 24), bilatérales (n = 2), le nodule siégeait à gauche. L’exploration chirurgicale du groupe 1 a été faite par minithoracotomie systématiquement dont 3 fois pendant les menstrues tandis que celle du groupe 2 a été faite par minithoracotomie (n = 19) et vidéothoracoscopie (n = 2) pendant les menstrues. Des plaques d’endométriose diaphragmatique ont été observées 22 fois et des blebs 6 fois. Les gestes chirurgicaux ont consisté dans le groupe 1 en une résection-suture des plaques d’endométriose et des blebs complétée par une pleurodèse par abrasion et dans le groupe 2, une phrénoplastie de recouvrement des fenestrations diaphragmatiques 16 fois une résection-suture des blebs, associée à une pleurodèse par abrasion (n = 2) ou par talcage (n = 19). L’endométriose a été confirmée à l’examen anatomopathologique 14 fois. Pour les autres cas, le diagnostic s’est basé sur les antécédents gynécologiques, la symptomatologie cataméniale, la découverte des plaques d’endométriose. Une hormonothérapie (triptoreline) a été prescrite. L’évolution a été bonne chez 19 patientes. Cinq patientes (3 dans le groupe 1 et 2 dans le groupe 2) ont récidivé. Les 3 premières ont été reprises. La mortalité était nulle. Conclusion : La phrénoplastie et la pleurodèse réalisées lors des menstruations associées à une hormonothérapie, a permis d’obtenir un faible taux de récidive, et une mortalité nulle.     Thoracic endometriosis: an experience about 27 cases operated   Objectives: To report the diagnostic and therapeutic aspects and the surgical results of thoracic endométriosis Methods: 22-year retrospective study concerning 27 patients with an average age of 32 years operated for thoracic endometriosis. These patients were divided into 2 groups according to the surgical attitude : Group 1, from January 1994 to June 2006, consisted of 6 patients and group 2 from July 2006 to December 2016, consisted of 21 patients. Clinical, para-clinical, therapeutic and evolutionary parameters were studied Results: In group 1, 5 patients had catamenial pneumothorax and 1 had catamenial hemothorax. In group 2, there were 13 cases of catamenial pneumothorax, 7 cases of catamenial haemothorax and 1 case with haemoptysic pulmonary nodule. All patients except one (The one with the pulmonary nodule) were all nulliparous with a history of dysmenorrhea, six of them had confirmed pelvic endometriosis. Lesions were right (n=24), bilateral (n=2), the nodule sat in the left. Surgical exploration in group 1 was performed by mini thoracotomy including 3 times during menstruation while in group 2 by mini thoracotomy (n=19) and videothoracoscopy (n=2) during menstruation. Diaphragmatic endometriosis plaques were observed in 22 cases and blebs in 6 cases. The surgical gestures consisted in group 1 in a resection-suture of the plaques of endometriosis and the blebs and a pleurodesis by abrasion. In Group 2, a phrenoplasty of diaphragmatic fenestration was performed 16 times associated with twice resection of the blebs, and pleurodesis by abrasion (n=2) or talcage (n=19). Endometriosis was confirmed on the pathologic examination 14 times, in other cases the diagnosis was based on the gynecological history, the catamenial signs, the discovery of the endometriosis plaques. Hormon (triptoreline) was prescribed. Outcome was good in 19 patients. Five patients (3 in group 1 and 2 in group 2) recurred. The first three were resumed. Mortality was zero. Conclusion: Phrenoplasty and pleurodesis carried out during menstruation, combined with suppressive hormone therapy, resulted in a low rate of recurrence, and zero mortality   Séance : Communications libres thoracique - vendredi 9 juin - 8:00-10:00
mai 24, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Décembre 2016

La vidéochirurgie thoracique par abord unique : quel avenir pour cette voie ? Expérience monocentrique sur 452 patients

Hicham Masmoudi, Harry Etienne, Raphaëlle Sylvestre, Diane Evrard, Raphaël Ouede, Marielle Le Roux, Mihaela Giol, Jalal Assouad   Service de chirurgie thoracique et vasculaire de l’hôpital Tenon, Paris, France. Correspondance : hicham.masmoudi@aphp.fr   Résumé Objectifs : la vidéochirurgie thoracique exclusive (cVATS en anglais) est réalisée dans la majorité des équipes par plusieurs trocarts. Cependant, la cVATS par trocart unique décrite depuis plus de 10 ans ne trouve pas son essor actuellement. Nous proposons de décrire notre expérience de cVATS par trocart unique et de discuter de son avenir. Matériel et méthodes : entre novembre 2009 et avril 2016, nous avons réalisé une étude prospective sur 452 patients opérés par cVATS à trocart unique. À travers une incision de 2 cm, un optique de 30°-10 mm ainsi que 2 instruments étaient introduits. En fin d’intervention, le drain thoracique était extériorisé par la même incision. Résultats : l’âge moyen à la date opératoire était de 34,1 ± 14,8 ans. Les indications chirurgicales étaient principalement : pneumothorax, nodules pulmonaires et biopsies pulmonaires. La durée moyenne de drainage était de 4,6 ± 3,6 jours. À J30, 63,9 % des patients étaient asymptomatiques. Le taux de récidive des pneumothorax était de 3,6 %. 85 % des patients étaient satisfaits d’avoir une cicatrice unique. Conclusion : la cVATS par trocart unique est faisable, efficace et sans danger. La morbimortalité est similaire à la chirurgie par plusieurs trocarts ainsi qu’à la thoracotomie. Le taux de récidive des pneumothorax est également similaire.   Abstract Uniportal (single port) video-assisted thoracic surgery (VATS): why is it not yet widely used? A single institution experience in 452 consecutive patients Objectives: Videothoracoscopy is usually performed using three ports. Uniportal-VATS surgery hasn’t been widely developed yet. We report our single institution experience in uniportal-VATS used for the surgical management of 452 consecutive patients. Methods: Between November 2009 and April 2016, we conducted a prospective study in 452 patients treated mainly for pneumothorax, wedge resections, pleural biopsy and pleural empyema using uniportal-VATS. Through a 2 cm incision at the sixth intercostal space, a 30° 10 mm optic and two instruments were introduced. A single chest tube was introduced through the single incision. Results: The average age was 34.1 ± 14.8 years. Surgical indications were mainly pneumothorax, wedge resections, pleural biopsy and pleural empyema. There was no operative mortality. The average time to chest tube removal was 4.6 ± 3.6 days. Seventy-six patients presented complications (16.8%). At the 30-day control, 63.9% of patients were asymptomatic; 85% of patients were satisfied with the single small scar. The recurrence rate of pneumothorax was 3.6% at 24 ± 13 months. Conclusion: Uniportal-VATS is feasible, safe and reproducible. Morbi-mortality is similar to multiport VATS surgery. The recurrence rate of pneumothorax is comparable with the best results after multiport VATS or thoracotomy approaches. Patients were satisfied with the single small scar.   1. INTRODUCTION La vidéochirurgie thoracique ou chirurgie thoracique vidéo-assistée (cVATS) par plusieurs trocarts demeure la technique de référence pour le traitement de plusieurs pathologies fréquentes tel que le pneumothorax, les biopsies pulmonaires, exérèse de nodules pulmonaires [1]. Comparativement à la thoracotomie, elle présente de nombreux avantages : durée de drainage thoracique et d’hospitalisation plus courte [1]. Par ailleurs, elle semble engendrer moins de douleurs postopératoires ; notamment moins de douleurs de désafférentation [2]. Elle est habituellement réalisée par plusieurs trocarts [1]. Leur placement a pour objectif de reproduire un positionnement naturel pour le chirurgien en réalisant une triangulation : un trocart optique au centre ainsi que 2 trocarts opérateurs de part et d’autre. Depuis plus de 10 ans, la cVATS par trocart unique a été décrite par Rocco et al. dans différentes indications [3,4]. Certains auteurs en ont fait une pratique courante avec la réalisation de gestes de plus en plus complexes [5,6]. Cependant, malgré un engouement initial pour cette approche, nous constatons un manque de développement. Nous proposons de décrire notre expérience monocentrique de cVATS par abord unique utilisé pour 452 patients dans différentes indications. Nous détaillerons dans cet article la technique chirurgicale, les suites opératoires ainsi que les résultats à long terme.   2. Matériel et méthodes 2.1. Patients Entre novembre 2009 et avril 2016, 452 patients ont été opérés par cVATS à trocart unique dans le service de chirurgie thoracique de l’hôpital Tenon. Les indications chirurgicales étaient : a) pneumothorax ; b) exérèse d’un nodule pulmonaire ; c) biopsie pulmonaire ; d) pleurésie purulente ; e) hamartochondrome ; f) hémothorax ; g) chylothorax ; h) fibrome pleural ; i) fenêtre pleuropéricardique. Concernant le traitement chirurgical des pneumothorax, les indications retenues étaient : a) premier épisode de pneumothorax avec bullage persistant pendant plus de 7 jours ou défaut de réexpansion du parenchyme pulmonaire ; b) première récidive homolatérale en fonction du désir du patient ou de ses contraintes professionnelles ; c) deuxième ou troisième récidive homolatérale ; d) pneumothorax à bascule ; e) premier épisode de pneumothorax spontané secondaire sur poumon pathologique ; f) pneumothorax compressif ou hémopneumothorax ; g) désir du patient dès le premier épisode ; h) antécédent de chirurgie de symphyse pleurale homolatérale. Nous avons considéré comme parenchyme pulmonaire pathologique la présence d’un emphysème pulmonaire ou de kystes pulmonaires. Ont été exclus de notre étude les patients présentant de volumineuses dystrophies bulleuses apicales sur les clichés de radiographie thoracique ou scannographiques. En effet, ces patients ont été opérés par cVATS à plusieurs trocarts ou par minithoracotomie.   2.2. Caractéristiques cliniques Pour chaque patient, nous avons colligé les données suivantes : âge à la date opératoire, sexe, indication chirurgicale, durée opératoire moyenne, durée moyenne de drainage thoracique, durée moyenne d’hospitalisation, le nombre de conversions chirurgicales, la douleur postopératoire, les complications, l’évaluation de la douleur lors de la consultation postopératoire à J30, ainsi que le taux de récidive des pneumothorax. Nous avons considéré comme conversion chirurgicale l’ajout d’un ou plusieurs trocarts ou la réalisation d’une minithoracotomie.   2.3. Évaluation préopératoire Pour les patients opérés de pneumothorax, de novembre 2009 à janvier 2013, la tomodensitométrie (TDM) thoracique était réalisée uniquement pour les patients de plus de 40 ans, dont la consommation tabagique était évaluée à plus de 15 paquets-année (PA) ou dont la radiographie thoracique était pathologique. De février 2013 à avril 2016, une TDM thoracique « low-dose » était systématique pour tous les patients. Pour toutes les autres indications chirurgicales, la TDM thoracique était systématiquement réalisée dans le cadre de l’évaluation préopératoire.   2.4. Technique anesthésique peropératoire Les interventions ont été réalisées sous anesthésie générale avec une ventilation mécanique assurée par une sonde d’intubation double lumière. Aucune intervention n’a été réalisée sous anesthésie locorégionale. Aucun cathéter d’analgésie paravertébrale ou péridurale n’a été posé en périopératoire.   2.5. Technique chirurgicale Les patients étaient installés en décubitus latéral. Une incision de 1,5-2 cm était réalisée sur la ligne axillaire moyenne en regard du 6e espace intercostal. La dissection des différents plans était effectuée sans aucune section musculaire. Après ouverture du fascia serratothoracique, l’espace intercostal était largement ouvert de part et d’autre de l’incision cutanée afin d’optimiser l’accès à la cavité thoracique [figure 1]. À travers un écarteur autostatique de type AlexisÒ (écarteur de paroi, XS 1-3 cm, Applied Medical, Rancho Santa Margarita, Californie, États-Unis), étaient ensuite introduits un optique de 30°-10 mm ainsi que 2 pinces fenêtrées.   [caption id="attachment_2970" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. L’incision cutanée est représentée par la courte flèche rouge. L’ouverture de l’espace intercostal est schématisée par la longue flèche noire. Afin d’optimiser l’accès à la cage thoracique, il est nécessaire que l’ouverture de l’espace intercostal soit nettement plus large que l’incision cutanée.[/caption]   Pour toutes les indications chirurgicales, la première étape consistait en une exploration exhaustive de la cavité thoracique. En cas d’adhérences, ces dernières étaient libérées à l’aide de différentes énergies : bipolaire, monopolaire, ultrasons. Pour le traitement des pneumothorax, la 2e étape reposait sur l’identification des dystrophies bulleuses apicales. Afin de procéder à leurs exérèses, nous avons introduit simultanément l’optique, ainsi que la pince fenêtrée [figure 2]. Les dystrophies apicales étaient saisies à l’aide de la pince fenêtrée afin de faciliter leur exposition et leur résection. Ensuite, la pince autocoupante parenchymateuse était introduite en position incurvée afin de sectionner directement le parenchyme pulmonaire présenté par la pince fenêtrée.   [caption id="attachment_2971" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Le vidéothoracoscope de 30°-10 mm, la pince autocoupante parenchymateuse articulée ainsi que la pince fenêtrée sont introduits par la même incision. L’articulation de la pince autocoupante ainsi que les 30 degrés de l’optique permettent de reproduire la triangulation (schéma de gauche, l’étoile bleue représentant la cible à réséquer).[/caption]   La technique de symphyse pleurale a évolué au cours de notre expérience pour des raisons indépendantes de la voie d’abord. De novembre 2009 à mai 2014, nous avons opté pour la réalisation simultanée d’une pleurectomie partielle et d’une abrasion. La délimitation de la zone de résection se faisait à l’aide du crochet coagulateur entre le 2e et le 5e espace intercostal. La pleurectomie était ensuite effectuée par enroulement à l’aide d’une pince à biopsie ou d’une pince fenêtrée. Le reste de la plèvre pariétale était traité par abrasion mécanique au tampon monté d’une plaque de Vicryl® (treillis incolore résorbable, 13,5 x 11 cm, Johnson-Johnson International, Diegem, Belgique). De juin 2014 à avril 2016, la symphyse pleurale se faisait par pulvérisation de 2 flacons de talc chirurgical (Novatech®). Pour les biopsies pulmonaires et les exérèses de nodules pulmonaires, la section du parenchyme pulmonaire était effectuée à l’aide de pinces autocoupantes parenchymateuses en utilisant autant de recharges que nécessaire. Pour les autres indications chirurgicales, nous avons utilisé les instruments habituels de cVATS : pinces fenêtrées, crochet coagulateur, pince monopolaire, pinces à biopsie, aspirateur. Après vérification finale de l’hémostase et sous contrôle visuel de la réexpansion pulmonaire, un drain thoracique siliconé 24 Fr était introduit à travers le même orifice cutané. Un cliché de radiographie thoracique était effectué quotidiennement jusqu’au retrait du drain thoracique. La durée opératoire moyenne a été calculée de l’incision cutanée jusqu’à l’étape de fixation du drain introduit au travers de l’unique incision. Tous les patients de cette série ont été opérés par l’ensemble des chirurgiens de notre équipe : des jeunes chefs de clinique aux chirurgiens seniors.   2.6. Analgésie postopéraoire L’analgésie postopératoire a été débutée durant l’intervention chirurgicale par voie parentérale intraveineuse et maintenue jusqu’à J1 : paracétamol 1000 mg 4 fois par jour ; tramadol 100 mg à libération prolongée 2 fois par jour ; néfopam 20 mg jusqu’à 6 fois par jour à la demande si l’échelle visuelle numérique (EVN) [7] était supérieure à 3/10. Le relais par voie orale était effectué à partir de J2. En cas d’analgésie insuffisante, une pompe à morphine était mise en place jusqu’au retrait du drain thoracique. Un traitement par prégabaline pouvait être initié à la dose de 75 mg 2 fois par jour si le patient présentait des douleurs à caractéristiques neuropathiques (à type de brûlures ou de décharges électriques).   2.7. Soins postopératoires La douleur en postopératoire était évaluée quotidiennement toutes les 8 heures par l’échelle visuelle numérique (EVN) sur une échelle de 1 à 10. Nous avons retenu cette valeur à la 48e heure comme référence pour évaluation de la douleur. Nous avons également calculé à la 48e heure la dose cumulée de morphine consommée pour les patients ayant bénéficié d’une pompe à morphine. Nous avons défini comme fuite d’air prolongé la présence d’un bullage persistant au niveau du drain thoracique pendant plus de 7 jours. Une réexpansion incomplète du parenchyme pulmonaire sur la radiographie thoracique était considérée comme un pneumothorax persistant ou un décollement du parenchyme pulmonaire. Tous les patients ont été revus en consultation de contrôle chirurgicale à J30 avec un cliché de radiographie thoracique. Lors de cette consultation, une évaluation clinique de la douleur était effectuée à la recherche de paresthésies résiduelles postchirurgicales ou de douleurs à caractéristiques neuropathiques (douleurs à type de brûlures ou de décharges électriques). Afin de compléter notre base de données de pneumothorax et d’obtenir des données de récidive postchirurgicale, nous avons contacté les patients opérés de pneumothorax par SMS. Nous avons posé trois questions simples : Avez-vous présenté un nouvel épisode de pneumothorax du côté opéré ? ; Êtes-vous satisfait d’avoir une seule cicatrice ? ; Si vous étiez fumeur au moment de la chirurgie, avez-vous arrêté votre tabagisme ? En l’absence de réponse par SMS, nous avons contacté les patients par courrier avec un questionnaire présentant les trois mêmes questions. Enfin, en l’absence de réponse par courrier, les patients ont été contactés directement par téléphone. L’ensemble de ces données a été colligé de manière prospective. L’ensemble des patients contactés a donné son aval pour être joint par téléphone. Cette base de données a fait l’objet d’une déclaration à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).   3. RÉSULTATS  Nous n’avons eu aucun perdu de vue. Nous présentons nos résultats sur l’ensemble des 542 patients. Par contre, parmi les 371 patients opérés de pneumothorax, uniquement 163 ont pu être contactés pour les données de suivi, notamment la récidive et nous avons obtenu 138 réponses. Par conséquent, le taux de récidive, la satisfaction des patients ainsi que l’arrêt du tabagisme ont été calculés sur ces 138 réponses.   3.1. Patients Concernant l’ensemble des indications chirurgicales, nous avons opéré 452 patients qui se décomposaient de la manière suivante : 341 hommes (75,5 %) et 111 femmes (24,5 %). L’âge moyen à la date opératoire était de 34,1 ± 14,8 ans.   3.2. Indications chirurgicales Les indications chirurgicales sont résumées dans le tableau 1 : pneumothorax (n = 371), exérèse d’un nodule pulmonaire (n = 42), biopsie pulmonaire (n = 15), pleurésie purulente (n = 10), hamartochondrome (n = 7), hémothorax (n = 4), chylothorax (n = 1), fibrome pleural (n = 1) et fenêtre pleuropéricardique (n = 1).   Tableau 1. Résumé des indications chirurgicales des 452 patients opérés par cVATS à trocart unique. Indication chirurgicale Effectif (n = 452) Pneumothorax 371 Exérèse de nodule 42 Biopsie pulmonaire 15 Pleurésie purulente 10 Hamartochondrome 7 Hémothorax 4 Chylothorax 1 Fibrome pleural 1 Fenêtre pleuropéricardique 1 cVATS : complete video-assisted thoracic surgery.   Durant la période d’inclusion, nous avons opéré 465 pneumothorax. Trois cent soixante et onze patients ont été opérés par cVATS à abord unique. Quatre-vingt-quatorze patient n’étaient pas éligibles à cette voie d’abord compte tenu des données d’imagerie préopératoire [tableau 2]. La symphyse pleurale a été effectuée par pleurectomie partielle associée à une abrasion mécanique pour 231 patients, par talcage uniquement pour 131 patients et enfin par abrasion mécanique seule pour 9 patients. Parmi les patients opérés de pneumothorax par cVATS à abord unique, 269 ont bénéficié d’une TDM thoracique en préopératoire.   Tableau 2. Résumé des 857 pneumothorax pris en charge dans notre service durant la période d’inclusion. Type de traitement Total (n = 857) cVATS par trocart unique cVATS par plusieurs trocarts ou mini thoracotomie Traitement chirurgical 465 371 94 Traitement médical 392 cVATS : complete video-assisted thoracic surgery.   Concernant le traitement chirurgical des pneumothorax, les indications retenues étaient : premier épisode de pneumothorax avec bullage persistant pendant plus de 7 jours ou défaut de réexpansion du parenchyme pulmonaire (n = 94), première récidive homolatérale en fonction du désir du patient ou de ses contraintes professionnelles (n = 124), deuxième ou troisième récidive homolatérale (n = 59), pneumothorax à bascule (n = 60), premier épisode de pneumothorax spontané secondaire sur poumon pathologique (n = 18), pneumothorax compressif ou hémopneumothorax (n = 13), désir du patient dès le premier épisode (n = 2), antécédent de chirurgie de symphyse pleurale homolatérale (n = 1) [tableau 3]. La durée opératoire moyenne était de 63,4 ± 26,9 minutes. Le délai moyen avant le retrait du drain thoracique était de 4,6 ± 3,6 jours.   Tableau 3. Indications chirurgicales pour le traitement des pneumothorax. Indication chirurgicale Effectif (n = 371) Bullage persistant > 7 jours 94 1re récidive homolatérale de PSP 124 2e ou 3e récidive homolatérale de PSP 59 Pneumothorax à bascule 60 PSS sur poumon pathologique 18 Pneumothorax compressif ou hémopneumothorax 13 Désir du patient dès le 1er épisode de PSP 2 Antécédent de chirurgie de symphyse pleurale homolatérale 1 PSP : pneumothorax spontané primaire ; PSS : pneumothorax spontané secondaire.   Une conversion a été nécessaire dans 28 cas : nous avons utilisé un second trocart dans 16 cas en raison d’adhérences (n = 11), de difficultés pour visualiser le nodule (n = 2), d’endométriose (n = 1), de thorax étroit (n = 1), d’emphysème pulmonaire (n = 1). La conversion a consisté en une mini-thoracotomie dans 12 cas en raison d’endométriose (n = 11) ou d’adhérences (n = 1) [tableau 4].   Tableau 4. Causes et types de conversions effectuées. Causes de conversions Second trocart (n = 16) Minithoracotomie (n = 12) Adhérences 11 1 Endométriose 1 11 Visualisation du nodule pulmonaire 2 Emphysème pulmonaire 1 Thorax étroit 1   3.3. Soins postopératoires Cent quatre-vingt-onze patients (42,2 %) avaient une pompe à morphine. À la 48e heure postopératoire, la dose cumulée consommée de morphine était de 36,1 ± 25,7 mg. La valeur moyenne de l’EVN était de 2 ± 1,8. Au 30e jour postopératoire, à la consultation de contrôle chirurgicale, 63,9 % des patients étaient asymptomatiques, 27,4 % décrivaient des paresthésies homolatérales à la chirurgie et 8,7 % présentaient des douleurs neuropathiques. Ces dernières étaient traitées par de la prégabaline 75 ou 100 mg au rythme de 2 fois par jour.   3.4. Morbimortalité Nous n’avons recensé aucun décès périopératoire. Soixante-seize patients ont présenté des complications (16,8 %) [tableau 5] qui se décomposent ainsi : pneumothorax résiduel postchirurgie (n = 25) ; bullage prolongé supérieur à 7 jours (n = 24) ; hémothorax (n = 7) ; pyothorax (n = 7) ; pneumopathie (n = 5) ; abcès de paroi (n = 4) ; chylothorax (n = 2) ; épanchement pleural (n = 1) ; hématome intraparenchymateux (n = 1).   Tableau 5. Résumé des 76 complications survenues en postopératoire. Complications Effectif (n = 76) Nombre de réinterventions (n = 14) Pneumothorax résiduel 25 1 Bullage > 7 jours 24 3 Hémothorax 7 7 Pyothorax 7 3 Pneumopathie 5 0 Abcès de paroi 4 0 Chylothorax 2 0 Épanchement pleural 1 0 Hématome intraparenchymateux 1 0   Quatorze patients ont nécessité une reprise chirurgicale au cours de la même hospitalisation pour les raisons suivantes : hémothorax (n = 7) ; bullage prolongé postchirurgie de pneumothorax (n = 3) ; pyothorax (n = 3) ; pneumothorax résiduel postcure de pneumothorax (n = 1). La voie d’abord utilisée pour la reprise chirurgicale était : une minithoracotomie (n = 8) ; cVATS par plusieurs trocarts (n = 5) ; cVATS par trocart unique (n = 1) [tableau 5]. Un nouveau drain thoracique a été posé en cas de pneumothorax résiduel postcure chirurgicale de pneumothorax (n = 10), de pyothorax (n = 4) (associé à un traitement par antibiothérapie), ou de fuites d’air persistantes (n = 2). Le drain thoracique mis en place durant la chirurgie a été conservé de manière prolongé en cas de : fuites d’air persistantes (n = 19), pneumothorax résiduel postcure chirurgicale de pneumothorax (n = 14), chylothorax (n = 2) (associé à un régime sans triglycérides à chaînes lourdes) et d’épanchement pleural (n = 1). Les abcès de paroi (n = 4) et les pneumopathies (n = 5) ont été traités médicalement ainsi que l’hématome intrapulmonaire.   3.5. Suivi à long terme Parmi les 371 patients opérés pour pneumothorax, nous en avons contacté 163 et avons collecté 138 réponses qui se décomposent de la manière suivante : 55 par SMS, 45 par courrier et 38 après contact téléphonique [tableau 6]. Le délai moyen entre la chirurgie et les données de suivi était de 24 ± 13 mois. 85 % des patients ont déclaré être satisfaits de la cicatrice unique (9 patients n’ont pas répondu à cette question). Parmi les patients qui ont déclaré être fumeurs au moment de la chirurgie, 29,5 % ont rapporté un sevrage de leur tabagisme (n = 21) et 12,6 % une diminution de leur consommation (n = 9).   Tableau 6. Répartition des 138 réponses de suivi obtenues pour les 163 patients contactés pour le taux de récidive des pneumothorax Patients inclus pour le calcul du taux de récidive des pneumothorax Effectif (n = 163) Réponses obtenues après SMS 55 Réponses obtenues après envoi du questionnaire 45 Réponses obtenues après échange téléphonique 38 Patients sans réponse 25   3.6. Récidive Le taux de récidive des pneumothorax dans notre étude est de 3,6 %. Cinq patients ont présenté une récidive homolatérale après chirurgie. Trois patients ont été traités par surveillance et 2 ont nécessité une nouvelle intervention chirurgicale par minithoracotomie.   4. DISCUSSION D’après notre revue de la littérature, notre étude inclut le plus grand nombre de patients opérés par cVATS à trocart unique pour des indications autres que la réalisation de biopsies pleurales et de talcage dans le cadre d’épanchements pleuraux néoplasiques ; ces interventions étant réalisées dans la plupart des équipes par une incision unique. Il s’agit d’une chirurgie faisable, efficace et sans danger dans différentes indications. Notre taux de complication est similaire à celui des différentes études publiées sur la cVATS par plusieurs trocarts. Concernant la chirurgie des pneumothorax, notre taux de récidive est similaire à celui habituellement observé par vidéochirurgie thoracique à trocarts multiples. Par ailleurs, 85 % des patients sont satisfaits d’avoir une cicatrice unique. En 2004, Rocco et al. [3] ont publié leur première expérience de cVATS par trocart unique dans différentes indications. Ils ont également publié en 2013 une série de 644 patients témoignant de leur expérience sur 10 ans [4]. Cette voie d’abord a été utilisée pour la réalisation de biopsies pleurales, de biopsies pulmonaires, l’exérèse de nodules ainsi que le traitement de pneumothorax. En 2011, Gonzales-Rivas et al. ont décrit la première résection pulmonaire anatomique majeure par trocart unique [5]. Depuis de nombreuses publications ont été effectuées sur cette thématique avec la réalisation de gestes de plus en plus complexes tels que des résections parenchymateuses pulmonaires bronchoplastiques et/ou angioplastiques [5,6]. Cependant, les publications concernant les résections non anatomiques, les biopsies ganglionnaires et la chirurgie pleurale sont moins nombreuses. Elles sont souvent effectuées sur des effectifs moins importants : 84 patients pour Migliore et al. en 2015 [8]. On constate donc l’absence d’essor dans la pratique quotidienne des équipes chirurgicales de cette voie d’abord depuis sa description en 2004. Certains auteurs ont proposé cette approche dans le cadre de la chirurgie de l’hyperhydrose [9] ou bien en chirurgie pédiatrique pour le traitement de pyothorax [10]. Ce manque de développement nécessite d’être analysé. Afin d’être reproductible, toute nouvelle technique de vidéochirurgie a besoin d’être aussi simple que possible et surtout de permettre aux chirurgiens de reproduire les gestes élémentaires de la vidéochirurgie à plusieurs trocarts en toute sécurité. Rocco et al. [3] ont insisté sur la nécessité d’utiliser des instruments articulés. En effet, les auteurs préconisent de croiser l’extrémité de chaque instrument thoracoscopique dans un plan sagittal. De ce fait, en utilisant comme axe de rotation l’optique, cela permet de reproduire la triangulation habituelle. Cependant, cette gestuelle ne nous paraît pas confortable et difficilement reproductible. Cela pourrait être une des explications de l’absence de développement de cette technique. En effet, même si la finalité est identique, notre approche est totalement différente. Nous utilisons des instruments classiques de vidéochirurgie thoracique. Un des éléments essentiels repose sur l’utilisation combiné d’un optique de 30°-10 mm ainsi que de pinces autocoupantes parenchymateuses articulées, ce qui permet de reproduire la triangulation (comme illustré sur la figure 2). Par ailleurs, le second point clé de notre approche réside dans l’ouverture de l’espace intercostal beaucoup plus large que l’incision cutanée. Cet aspect permet d’optimiser l’accès à la cavité thoracique et ainsi d’obtenir un angle d’attaque beaucoup plus large. Cela permet d’introduire simultanément plusieurs instruments à travers une petite incision. Il en résulte une absence de croisement des mains et une gestuelle beaucoup plus intuitive. Nous pensons donc que notre technique est facilement reproductible avec une courbe d’apprentissage relativement courte du fait de la réalisation de gestes proches de la chirurgie conventionnelle. Dans notre service, tous les chirurgiens réalisent quotidiennement ce type de chirurgie pour le traitement des pneumothorax, la réalisation des biopsies pleurales, des biopsies pulmonaires ainsi que l’exérèse de nodules. La clé de notre technique repose donc dans l’ouverture de l’espace intercostal largement de part et d’autre de l’incision cutanée. La réalisation de la voie d’abord est une étape cruciale pour la réussite de cette chirurgie car elle conditionne l’accès et le confort ultérieur du chirurgien. Dans notre étude, nous avons retenu une seule contre-indication à la cVATS par trocart unique : la présence de volumineuses dystrophies bulleuses apicales sur la radiographie thoracique ou la TDM thoracique. En effet, dans le cadre du traitement des pneumothorax, afin de favoriser la symphyse pleurale, nous avons considéré que ces patients devaient bénéficier d’un remodelage de l’apex pulmonaire avec un drainage double. De ce fait, ils ont été opérés par vidéochirurgie à plusieurs trocarts ou par minithoracotomie. Dans notre série, le taux de complication est de 16,8 %. Ce taux est similaire à celui observé dans la chirurgie à trocart unique : 14 % de complications pour Migliore et al. sur une série de 84 patients [8]. Il existe également des études concernant uniquement la chirurgie des pneumothorax par trocart unique mais uniquement sur de faibles effectifs [2,11]. Notre taux de complications est également similaire à la cVATS par plusieurs trocarts : de 5,7% pour Cardillo sur 333 patients [12] à 27,4 % pour Lang-Lazdunski sur 182 patients [13]. Ces données nous permettent de considérer que la cVATS par trocart unique est une procédure efficace et sans danger. Dans notre étude, à la 48e heure, l’EVA moyenne état de 2 ± 1,7. Chen et al. ont comparé l’EVA à la 48e heure entre 10 patients opérés par cVATS à trocart unique et 10 patients par plusieurs trocarts [14]. La valeur moyenne de l’EVA était respectivement de 4,20 ± 0,78 et 4,25 ± 0,58. Dans un essai randomisé, Freixinet et al. ont évalué la douleur moyenne par EVA à 2,9 ± 1,7 dans le groupe cVATS par plusieurs trocarts et 3 ± 1,3 dans le groupe thoracotomie [15] [tableau 7].   Tableau 7. Principales caractéristiques des études et résultats.   Randomisation Effectif (n) Voie d’abord Taux de récidive (%) cVATS   Thoracotomie Complications (%) CVATS Complications Thoracotomie Douleurs chroniques (%; uniqument pour la cVATS) Paresthésies (%; uniqument pour la cVATS) Matsuzoe et al. (1999) [19] Non 343 3-VATS et Th 11,5 % 2,9 % ND ND ND ND Lang-Lazdunski et al. (2003) [13] Non 182 3-VATS 3 % 27,4 10,7 % ND Sihoe et al. (2004) [16] Non 52 cVATS par plusieurs trocarts ND ND ND ND ND 52,9 % Jutley et al. (2005) [2] Non 16 cVATS par trocart unique 0 % / ND / 14 % ND Salati et al. (2008) [11] Non 28 cVATS par trocart unique 10% / ND / ND 35 % Pagès et al. (2015) [18] Non 7396 cVATS par plusieurs trocarts vs Th 3,8 % 1,8 % 8 % 12 % ND ND Freixinet et al. (2004) [15] Oui 90 cVATS par plusieurs trocarts vs Th (46/44) 4,3 % 0 % 13 % 6,8 % ND ND cVATS : complete video-assisted thoracic surgery ; 3-VATS: chirurgie thoracique vidéoassistée par 3 trocarts ; Th : thoracotomie ; vs : versus ; ND : information non disponible dans l’article original.   Nos données confirment cette tendance où la vidéochirurgie par trocart unique semble moins douloureuse que la chirurgie par plusieurs trocarts ou la thoracotomie. Cependant, lors de la consultation chirurgicale postopératoire à J30, 27,4 % des patients décrivaient des paresthésies homolatérales à la chirurgie et 8,7 % des douleurs neuropathiques. Les douleurs pariétales ainsi que les douleurs chroniques sont habituellement décrites après cVATS par trocart unique ou multiple. Elles sont de l’ordre de 14 à 35 % après vidéochirurgie par trocart unique [2,11]. Sihoe et al. ont rapporté jusqu’à 52,9 % de douleurs chroniques postvidéochirurgie par plusieurs trocarts [16]. Les données de notre étude sont similaires à celles décrites précédemment en termes de paresthésies et de douleurs chroniques. La réalisation de pleurectomies élargies comme technique de symphyse dans le traitement des pneumothorax durant la première période de notre étude peut expliquer ce taux de douleurs ; elles représentent une des raisons pour lesquelles nous avons modifié notre technique de symphyse et opté pour le talcage. Rush et al. ont émis l’hypothèse que l’usage de multiples trocarts pourrait être une source majeure de paresthésies en postopératoire [17]. En effet, chaque incision supplémentaire expose le patient à un nouveau traumatisme du nerf intercostal comparativement à une incision unique selon Jutley [2]. Pour éviter ce traumatisme, Rocco préconise d’utiliser des instruments articulés et de les positionner le long du bord supérieur de la côte [3]. Selon notre expérience, il nous paraît plus judicieux d’utiliser un écarteur autostatique qui a plusieurs avantages : a) protéger le nerf intercostal ; b) optimiser l’accès à la cavité thoracique ; c) éviter un bras de levier excessif des instruments sur l’espace intercostal ; d) éviter le suintement continu de sérosités sur la lentille de l’optique. La faible valeur d’EVA observée dans notre étude pourrait être en partie liée à l’utilisation de cet écarteur. Elle pourrait également être expliquée par l’ouverture large de l’espace intercostal et l’utilisation de talc comme méthode de symphyse pleurale pour une partie des patients traités pour pneumothorax. Cependant, nous pensons que les douleurs postopératoires (paresthésies et douleurs neuropathiques) ont une origine multifactorielle. Elles peuvent être liées au nombre de trocart utilisé mais également à la technique de symphyse pleurale. En effet, la pleurectomie partielle associée à une abrasion mécanique nous paraît plus douloureuse que le talcage simple. Cela pourrait être dû au traumatisme de nombreux nerfs intercostaux avec la pleurectomie et l’abrasion, contrairement au talcage. Les taux de récidive des pneumothorax dans la littérature après chirurgie sont colligés dans le tableau 7. Ils varient de 0 à 10 % pour la vidéochirurgie par trocart unique [2,11] ; de 3 à 11,5 % pour la vidéochirurgie par plusieurs trocarts [13,18,19] et enfin de 1,8 à 2,9 % pour la thoracotomie [18,19] [tableau 7]. Dans la méta-analyse de Barker et al. en 2007 [20], le taux global de récidive était de 5,4 % pour la cVATS par plusieurs trocarts et de 1,1 % pour la thoracotomie. Dans notre étude, le taux de récidive est de 3,6 %, ce qui est comparable aux différents taux précédemment cités. Ce taux a été calculé sur les 138 patients qui ont répondu à notre enquête de suivi. Même s’il ne concerne pas l’ensemble des patients opérés pour pneumothorax, nous considérons cet effectif comme suffisamment conséquent pour être interprétable. Cela nous permet d’affirmer que la chirurgie par trocart unique est efficace. Un bénéfice supplémentaire de la chirurgie par trocart unique est l’aspect esthétique. En effet, il s’agit d’un aspect insuffisamment pris en compte dans notre pratique quotidienne mais source de satisfaction pour les patients. Dans notre étude, 85 % des patients contactés sont satisfaits d’avoir une cicatrice unique. Cela pourrait être un des arguments de développement de cette chirurgie notamment chez une population jeune comme les patients traités pour pneumothorax. Enfin, pour obtenir les données de suivi, nous avons contacté les patients par SMS. Il s’agit d’une méthode innovante et relativement simple qui nous a permis d’obtenir 33,7 % de réponses. Elle pourrait être généralisée afin de collecter de manière plus aisée les informations concernant le suivi des patients. Concernant le tabagisme, nous avons constaté qu’uniquement 29,5 % des patients ont stoppé leur addiction et que 12,6 % ont déclaré avoir diminué leur consommation. Cela permet de souligner l’importance de la prévention et de la sensibilisation sur le tabagisme dès la prise en charge du premier épisode de pneumothorax. L’avenir de la cVATS par abord unique passe peut-être par le développement de la chirurgie ambulatoire dans le cadre des résections pulmonaires parenchymateuses anatomiques et non anatomiques. Elle s’intègre parfaitement dans le processus de récupération améliorée après chirurgie (RAAC), notamment du fait de la diminution des douleurs en période postopératoire.   5. CONCLUSION Notre expérience de cVATS par trocart unique montre qu’il s’agit d’une chirurgie faisable, efficace et sans danger dans différentes indications. La morbimortalité est comparable à la vidéochirurgie par plusieurs trocarts. Concernant la chirurgie des pneumothorax, nos données de suivi montrent un taux de récidive comparable à la vidéochirurgie par plusieurs trocarts ainsi qu’à la thoracotomie. Par ailleurs, les patients contactés ont témoigné être satisfaits d’avoir une cicatrice unique. Cependant, le manque d’expansion de cette approche mérite d’être analysé. Enfin, pour confirmer nos données, une étude randomisée comparant la cVATS à trocart unique et par plusieurs trocarts est nécessaire.   RÉFÉRENCES Inderbitzi RG, Leiser A, Furrer M, Althaus U. Three years’ experience in video-assisted thoracic surgery (VATS) for spontaneous pneumothorax. J Thorac Cardiovasc Surg 1994;107:1410-5. Jutley RS, Khalil MW, Rocco G. Uniportal vs standard three-port VATS technique for spontaneous pneumothorax: comparison of post-operative pain and residual paraesthesia. Eur J Cardio-Thorac Surg Off/J Eur Assoc Cardio-Thorac Surg 2005;28:43-6. 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Acceptation : 15/06/2016. Pré-publication : 12/08/2016.  
décembre 8, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Septembre 2016

Existe-t-il une relation entre pollution atmosphérique et survenue des pneumothorax spontanés dans la ville de Caen ? Analyse rétrospective de 403 cas entre le 1er janvier 2009 et le 30 juin 2015

Maxime Heyndrickx1, Rémy Morello2, Christophe Le Grand3, Olivier Cantat4, Alexandre Masson1, Jean-Philippe Le Rochais1 Service de chirurgie thoracique, CHU de Caen, France. Service de biostatistiques, CHU de Caen, France. Physicochimiste, laboratoire Air COM, Hérouville-Saint-Clair, France. Climatologue, laboratoire LETG-Caen Géophen, UMR 6554 CNRS, université de Caen-Normandie, Caen, France. Correspondance : heyndrickx-m@chu-caen.fr   Résumé Objectifs : rechercher une corrélation entre le niveau de divers polluants atmosphériques et la survenue d’épisodes de pneumothorax spontanés (PS). Méthodes : analyse rétrospectives des PS observés au CHU de Caen entre janvier 2009 et juin 2015 (2372 jours consécutifs). Les interventions chirurgicales programmées, les pneumothorax traumatiques et les cas diagnostiqués en dehors de la ville de Caen ont été exclus. Les données atmosphériques et de pollution (ozone, dioxyde d’azote (NO2), particules de taille ≤ 10 µm et ≤ 2,5 µm) étaient relevées quotidiennement. Les jours sans et avec PS ont été comparés par le test t de Student. Résultats : l’âge moyen était de 35.6 ans chez les 403 cas de PS retrouvés (66 % âge < 35 ans), 79,4 % des PS ont été admis dans un Cluster ≤ 3 jours. Aucun paramètre météorologique ou de pollution atmosphérique ne semble influencer la survenue de PS. Les jours appartenant à un Cluster sont significativement plus humides (p = 0,004), moins ensoleillés (p = 0,016), avec une concentration moyenne de NO2 plus élevée (p = 0,022), et des concentrations moyennes et maximales d’Ozone plus faibles (p = 0,0001 et p = 0,003 respectivement). Conclusion : une grande majorité de pneumothorax spontanés apparaissent durant des Clusters ≤ 3 jours, avec des concentrations moyennes de NO2 plus élevés et des concentrations moyennes et maximales d’Ozone plus faibles.   Abstract Is there a relationship between air pollution and occurrence of spontaneous pneumothorax in Caen? Retrospective analysis of 403 cases between January 1st, 2009 and June 30th, 2015 Objectives: Search for a correlation between levels of various air pollutants and occurrence of spontaneous pneumothorax (SP). Methods: Retrospective analysis of SP observed at Caen University Hospital between January 2009 and June 2015 (2372 consecutive days). Scheduled surgeries, traumatic pneumothorax and cases diagnosed outside the city of Caen were excluded. Atmospheric data and pollution (ozone, nitrogen dioxide, particles sized ≤10μm and ≤2.5μm) were recorded daily. Days without and with SP were compared by the Student’s t-test. Results: The mean age among 403 cases of SP was 35.6 years (66% age <35 years). 79.4% of SP were admitted in a Cluster ≤ 3 days. No meteorological parameter or air pollution seems to influence the occurrence of SP. Days inside Cluster are significantly wetter (p=0.004), less sunny (p=0.016), with higher average concentration of NO2 (p=0.022), and lower average and maximum concentrations of ozone (p=0.0001 and p=0.003, respectively). Conclusions: A large majority of spontaneous pneumothorax appears during Cluster ≤3 days, in which average concentrations of NO2 were higher, and average and maximum concentrations of ozone were lower.   1. INTRODUCTION Le pneumothorax spontané (PS) est défini comme la survenue spontanée d’un épanchement pleural gazeux. Le pneumothorax est dit primaire (PSP) s’il apparaît chez des patients ne présentant pas de pathologies pulmonaires sous-jacentes. Celui-ci est secondaire (PSS) lorsqu’il existe de l’emphysème pulmonaire, une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), ou toute autre pathologie pulmonaire. Le PSP touche principalement des patients jeunes et de morphotype marfanoïde. Les autres facteurs de risque connus sont le sexe masculin, le tabagisme, la consommation de cannabis [1]. La survenue de PS, en particulier de PSP, ne suit pas une distribution normale. Plusieurs études montrent qu’une majorité des cas surviennent dans des périodes de quelques jours rapprochés, dit « Clusters ». Cet effet a été attribué à des modifications de pression atmosphérique par plusieurs auteurs [2-5]. Cependant deux études ont retrouvé une influence de la pollution atmosphérique dans la survenue de PS [6-7]. Le but de ce travail est de rechercher une corrélation entre niveau de divers polluants atmosphériques et survenue d’épisodes de PS dans une région géographique limitée.   2. MATÉRIEL ET MÉTHODE Le Comité de protection de personnes Nord-Ouest III (CPP Nord-Ouest III) a approuvé cette étude rétrospective. Les cas de pneumothorax observés et traités dans le service de chirurgie thoracique ou de pneumologie du CHU de Caen entre le 1er janvier 2009 et le 30 juin 2015 (2372 jours consécutifs) ont été rétrospectivement collectés. La présélection des patients a été réalisée par la recherche des codes PMSI (de la Classification internationale des maladies, version 10) J930 (pneumothorax spontané avec pression positive), J931 (autres pneumothorax spontanés), J938 (autres pneumothorax) et J939 (pneumothorax, sans précision) sur les unités de chirurgie thoracique et de pneumologie durant la période de l’étude ; puis par relecture de l’ensemble des dossiers patients. Le recueil de données a été réalisé entre le 1er juillet et le 31 août 2015. Le diagnostic de pneumothorax a toujours été porté sur une radiographie pulmonaire en inspiration, suite à une consultation pour dyspnée, toux ou douleur thoracique. Le jour retenu de survenue du pneumothorax a été le jour des premiers symptômes, et pas le jour du diagnostic radiologique. D’après l’étude épidémiologique de Gupta et al. [8], nous avons décidé de considérer que seuls les patients âgés de 15 à 35 ans devraient être considérés comme des PS idiopathiques ou primaires (PSP), avec une faible probabilité de pathologie pulmonaire sous-jacente. Les patients âgés de plus de 35 ans, ou présentant une pathologie pulmonaire ont été classés comme PS secondaires (PSS). Les interventions chirurgicales programmées, les pneumothorax traumatiques et les pneumothorax iatrogènes ont été exclus. Pour s’assurer que l’ensemble des patients aient expérimenté les mêmes conditions climatiques, les patients diagnostiqués en dehors de la ville de Caen (111 000 habitants, superficie de 25,7 km² [9]), et ensuite référés dans notre service, ont aussi été exclus de cette étude.   2.1. Prise en charge des patients Les PS ont été traités soit par surveillance simple, soit par drainage thoracique, en général par Pleurocath® Seldinger 10 French (Plastimed, Italie), ou bien par drainage conventionnel par trocart de Monod 24 F. Une intervention chirurgicale était proposée et pratiquée, comme recommandé par la British Thoracic Society [10] et l’European Task Force [1], s’il existait un des critères suivants : Un bullage supérieur à 5 jours après drainage thoracique. En cas de professions à risque (pilotes, marins, etc.). Une récidive (homo ou controlatérale) de pneumothorax. Lorsqu’une intervention était réalisée, celle-ci consistait en une résection atypique limitée de l’apex pulmonaire, associée à un avivement pleural au tampon monté, par vidéothoracoscopie.   2.2. Données météorologiques Pour chacun des jours de la période de l’étude, les données météorologiques ont été obtenues par l’observatoire météorologique de Caen-Carpiquet de Météo-France. Les données suivantes ont été relevées : Température minimale, maximale et moyenne. Pression atmosphérique minimale, et moyenne. Tension de vapeur d’eau. Vitesse moyenne et maximale du vent. Pourcentage d’ensoleillement (pourcentage du temps de soleil sur la durée de jour). Précipitation. Humidité relative minimale, maximale et moyenne.   2.3. Données sur la pollution atmosphérique Les données de pollution atmosphérique ont été collectées et traitées par Air COM, association certifié ISO 9001, chargée de la production de données de mesures de la qualité de l’air pour l’information du public et le déclenchement des procédures d’alerte à la pollution atmosphérique. Les données quotidiennes mesurées sur la ville de Caen des polluants suivants ont été relevées pour chacun des jours de l’étude : Pic et concentration moyenne de PM10 (particules de taille inférieure à 10 µm). Pic et concentration moyenne de PM2.5 (particule de taille inférieure à 2,5 µm). Pic et concentration moyenne ozone (O3) en µg/m3. Pic et concentration moyenne dioxyde d’azote (NO2) en µg/m3.   2.4. Clusters Un Cluster a été défini comme une période ≤ 3 jours entre deux épisodes de PS [2-4]. Tous les jours compris entre le premier épisode et le dernier épisode de pneumothorax d’un Cluster appartiennent à ce Cluster.   2.5. Analyse statistique Les comparaisons des groupes de variables qualitatives ont été effectuées par le test du Chi2 ou le test exact de Fischer pour les petits effectifs. Les comparaisons des variables quantitatives ont été effectuées par le test t de Student. Une valeur de p inférieure à 0,05 a été considérée comme significative.   3. RÉSULTATS Il y a eu 798 cas de pneumothorax traités dans notre service durant la période de l’étude (2372 jours). Quatre cent trois cas de PS, chez 309 patients (228 hommes, représentant 289 cas, et 81 femmes, représentant 112 cas ; sexe ratio de 2,81) remplissaient les critères d’inclusions et représentent la population de l’étude. La figure 1 représente le flow-chart de l’étude. L’âge moyen était de 35,6 ans (min 15,8 ans, max 91,6 ans), 70 % des patients avaient moins de 35 ans et 7,9 % plus de 70 ans. La distribution des âges est représentée par la figure 2. [caption id="attachment_2527" align="aligncenter" width="300"] Figure 1 : Flow-chart de l'étude.[/caption] [caption id="attachment_2528" align="aligncenter" width="228"] Figure 2 : Distribution des âges.[/caption]   Les patients ont été traités par 365 drainages thoraciques et 38 surveillances. Au total, 108 interventions chirurgicales ont été réalisées lors de la même hospitalisation. Les 403 patients ont été admis sur 366 jours distincts dont 35 jours avec l’admission de plus d’un cas de PS par jour. Trois cent vingt cas de PS ont été admis dans 99 Clusters ≤ 3 jours (79,4 %), regroupant un total de 514 jours.   3.1. Données météorologiques Les données moyennes, minimales et maximales de chacun des paramètres météorologiques testés sont regroupées dans le tableau 1.   Variable (données quotidiennes) Moyenne Minimum Maximum Température moyenne (C°) 10,9 - 4,2 25,4 Précipitations (mm) 1,9 0 48,2 Insolation (%) 41,1 0 96 Pression atmosphérique moyenne (hPa) 1016,1 972,8 1041,5 Vitesse du vent (m/s) 4,18 1 12,6 Humidité relative moyenne (%) 81,8 52 100 Orages (occurrence) 67 jours : 2,82 % des jours Brouillards (occurrences) 318 jours : 13,4 % des jours Tableau 1. Résultats des principales données météorologiques sur les 2372 jours de l’étude.   3.2. Données de pollution atmosphérique Les principaux résultats des données de pollution atmosphérique sont regroupés dans le tableau 2. Les normes de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) ont été ajoutées, à titre indicatif [11]. Les données ont été disponibles dans la majorité des jours (entre 92,1 et 99,5 % des jours de l’étude) en raison de panne d’appareils de mesures.   Polluant Unité Norme OMS quotidienne Nombre de jours disponibles Moyenne quotidienne Minimum Maximum Ozone (O3) µg/m3 300 µg/m3 2360 (99,5 %) 50,4 2 122 PM 10 µg/m3 50 µg/m3 2269 (95,7 %) 20,8 4 91 PM 2,5 µg/m3 25 µg/m3 2185 (92,1 %) 13,8 0 79 Dioxyde d'azote (NO2) µg/m3 40 µg/m3 2325 (98,0 %) 18,4 1 66 Tableau 2. Résultats des principales données de pollution atmosphériques.   3.3. Analyse univariée Il n’existait pas de relation entre jours de brouillard (p = 0,73) ou jours d’orages (p = 0,252) et jours de survenue des pneumothorax.   3.3.1. Analyse des jours de pneumothorax Les tableaux 3 et 4 représentent les résultats de l’analyse univariée, comparant les jours de survenue d’un pneumothorax (366 jours), aux jours sans survenue de pneumothorax. Aucun paramètre météorologique ou de pollution atmosphérique ne semble influencer la survenue de pneumothorax spontané.   Variable Unité Jour avec PS Nombre de jours Moyenne Écart type p Température minimale C° oui 366 7,10 5,33 0,968 non 2006 7,09 5,03 Température maximale C° oui 366 14,93 6,42 0,397 non 2006 15,24 6,41 Température moyenne C° oui 366 10,75 5,42 0,473 non 2006 10,97 5,32 Précipitations mm oui 366 1,92 3,89 0,991 non 2006 1,92 4,02 Insolation journalière % du jour oui 366 38,60 29,63 0,086 non 2006 41,58 30,71 Pression atmosphérique minimale hPa oui 360 1013,03 10,44 0,941 non 1967 1013,07 10,67 Pression atmosphérique moyenne hPa oui 366 1016,03 9,67 0,773 non 2006 1016,19 9,72 Variation de la pression atmosphérique moyenne sur 24 h hPa oui 366 -,21 5,78 0,459 non 2005 ,032 5,69 Variation de la pression atmosphérique moyenne sur 48 h hPa oui 366 -,27 8,60 0,527 non 2004 ,042 8,77 Variation de la pression atmosphérique moyenne sur 72 h hPa oui 366 -,09 10,16 0,875 non 2003 ,005 10,35 Vitesse moyenne du vent m/s oui 366 4,20 1,82 0,832 non 2006 4,18 1,78 Vitesse maximale du vent m/s oui 366 11,51 4,35 0,730 non 2006 11,43 4,15 Tension de vapeur d’eau hPa oui 366 10,89 3,51 0,775 non 2006 10,94 3,42 Humidité relative minimale % oui 366 61,30 13,45 0,686 non 2006 60,98 14,11 Humidité relative maximale % oui 366 94,75 3,76 0,545 non 2006 94,88 3,71 Humidité relative moyenne % oui 366 81,51 7,37 0,369 non 2006 81,12 7,70 Tableau 3. Comparaison des paramètres météorologiques selon la survenue de pneumothorax.     Variable Unité Jour avec PS Nombre de jours Moyenne Écart type p Concentration moyenne d’ozone µg/m3 oui 364 49,32 17,43 0,206 non 1996 50,56 17,23 Concentration maximale d’ozone µg/m3 oui 366 73,48 20,77 0,593 non 2005 74,12 21,01 Concentration moyenne de PM10 µg/m3 oui 355 21,39 13,20 0,326 non 1914 20,70 12,06 Concentration maximale de PM10 µg/m3 oui 361 33,98 20,30 0,183 non 1975 32,53 18,82 Concentration moyenne de PM2,5 µg/m3 oui 343 14,03 11,29 0,709 non 1842 13,80 10,44 Concentration maximale de PM2,5 µg/m3 oui 356 23,21 17,33 0,501 non 1911 22,58 16,08 Concentration moyenne de NO2 µg/m3 oui 356 19,06 10,99 0,166 non 1969 18,22 10,46 Concentration maximale de NO2 µg/m3 oui 361 41,13 21,83 0,262 non 1989 39,77 21,02 Tableau 4. Comparaison des données de pollution atmosphériques selon la survenue de pneumothorax. 3.3.2. Analyse des jours de Cluster Les tableaux 5 et 6 montrent les résultats des analyses comparant les jours appartenant à un Cluster aux autres journées, pour les données météorologiques et pour les données de pollution atmosphérique.   Variable Unité Jour appartenant à un Cluster Nombre de jours Moyenne Écart type p Température minimale C° oui 514 7,05 4,96 0,847 non 1858 7,10 5,11 Température maximale C° oui 514 14,86 5,99 0,162 non 1858 15,29 6,52 Température moyenne C° oui 514 10,71 5,08 0,261 non 1858 10,99 5,40 Précipitations mm oui 514 2,04 4,10 0,426 non 1858 1,88 3,97 Insolation journalière % du jour oui 514 38,24 30,03 0,016 non 1858 41,92 30,67 Pression atmosphérique minimale hPa oui 506 1013,38 10,55 0,453 non 1821 1012,98 10,65 Pression atmosphérique moyenne hPa oui 514 1016,36 9,82 0,605 non 1858 1016,11 9,68 Variation de la pression atmosphérique moyenne sur 24 h hPa oui 514 -0,36 5,63 0,115 non 1857 0,09 5,72 Variation de la pression atmosphérique moyenne sur 48 h hPa oui 514 -0,36 8,80 0,301 non 1856 0,09 8,73 Variation de la pression atmosphérique moyenne sur 72 h hPa oui 514 -0,21 10,32 0,616 non 1855 0,05 10,32 Vitesse moyenne du vent m/s oui 514 4,12 1,73 0,349 non 1858 4,20 1,80 Vitesse maximale du vent m/s oui 514 11,20 4,12 0,125 non 1858 11,52 4,20 Tension de vapeur d’eau hPa oui 514 10,89 3,37 0,723 non 1858 10,95 3,45 Humidité relative minimale % oui 514 62,01 13,37 0,065 non 1858 60,76 14,17 Humidité relative maximale % oui 514 95,02 3,53 0,300 non 1858 94,82 3,77 Humidité relative moyenne % oui 514 82,05 7,31 0,004 non 1858 80,94 7,72 Tableau 5. Comparaison des données météorologiques entres jours appartenant à un Cluster de pneumothorax.     Variable Unité Jour appartenant à un Cluster Nombre de jours Moyenne Ecart type p Concentration moyenne d’ozone µg/m3 oui 510 47,74 17,38 0,0001 non 1850 51,10 17,18 Concentration maximale d’ozone µg/m3 oui 514 71,55 20,62 0,003 non 1857 74,70 21,03 Concentration moyenne de PM10 µg/m3 oui 495 20,88 12,08 0,879 non 1774 20,78 12,30 Concentration maximale de PM10 µg/m3 oui 507 33,06 19,33 0,683 non 1829 32,67 18,99 Concentration moyenne de PM 2,5 µg/m3 oui 481 13,65 10,43 0,660 non 1704 13,89 10,62 Concentration maximale de PM 2,5 µg/m3 oui 498 22,79 16,74 0,860 non 1769 22,65 16,16 Concentration moyenne de NO2 µg/m3 oui 497 19,31 10,88 0,022 non 1828 18,09 10,44 Concentration maximale de NO2 µg/m3 oui 507 41,50 21,60 0,068 non 1843 39,56 21,01 Tableau 6. Comparaison des paramètres de pollution entres jours appartenant à un Cluster de pneumothorax.   Les jours de Cluster sont significativement des jours plus humides (p = 0,004) et moins ensoleillés (p = 0,016) que les jours n’appartenant pas à un Cluster. Les concentrations moyennes de NO2 sont plus élevées dans les jours de Cluster (p = 0,022). Il existe une tendance à une concentration maximale de NO2 plus élevée aussi les jours de Cluster de PS (p = 0,068). Les concentrations moyennes et maximales d’ozone sont plus faibles les jours de Cluster de PS (p = 0,0001 et p = 0,003 respectivement).   3.3.3. Période en amont des Clusters Lorsque l’on compare le premier jour d’un Cluster (J0) à la veille de ce jour (J-1) sur l’ensemble des paramètres météorologiques ou de pollution atmosphérique, seul deux paramètres sont significatifs. Les taux de NO2 moyen et maximal sont plus faibles à J-1 qu’à J0 : respectivement p = 0,023 (17,2 versus 20,55 µg/m3) et p = 0,032 (37,86 versus 44,43 µg/m3) Lorsque l’on effectue la même analyse entre le premier jour d’un Cluster (J0) et l’avant-veille de ce jour (J-2), les deux mêmes paramètres sont significatifs. Les taux de NO2 moyen et maximal sont plus faibles à J-2 qu’à J0 : respectivement p = 0,033 (17,38 versus 20,55 µg/m3) et p = 0,032 (37,3 versus 44,43 µg/m3).   4. DISCUSSION   4.1. Âge et incidence des pneumothorax L’âge de survenue des PS suit une répartition bimodale, avec un pic de PSP entre 15 et 35 ans et un deuxième pic de PSS après 55 ans [8]. Nous retrouvons le pic d’hospitalisation avant 35 ans (66 % des cas), mais sans forte recrudescence de cas après 55 ans (15,6 % des cas). L’incidence dans l’hypothèse où le bassin de population serait exclusivement la ville de Caen serait de 40,05/an/100 000 habitants par an pour les hommes et de 15,52 cas/an/100 000 habitants chez les femmes. Ces chiffres sont probablement surestimés car nos patients, bien que diagnostiqués dans la ville de Caen, n’y résident pas tous, mais plutôt dans l’agglomération caennaise, qui représente, non pas 111 000 habitants, mais plutôt 236 000 habitants (en se basant sur la population de la communauté d’agglomération de Caen-la-Mer [9]). On obtiendrait alors des incidences de PS de 18,83 cas/an/100 000 habitants pour les hommes et de 7,30 cas/an/100 000 habitants chez les femmes. Ces chiffres semblent cohérents avec ceux de Bense et al. [12], retrouvant un taux de PSP de 18/an/100 000 habitants pour les hommes et de 6/an/100 000 habitants pour les femmes.   4.2. Analyse des Clusters Selon la définition communément utilisée, il s’agit d’une période ≤ 3 jours durant lesquels sont admis au moins deux cas de PS. Haga et al. [4], sur 1051 cas, trouvaient une proportion de 87,8 % de PS arrivant dans ces Clusters. Dans cette étude, la zone géographique de survenue des pneumothorax était toutefois beaucoup plus grande que la nôtre (rayon de 50 km soit une surface de 7850 km², contre 25,7 km² dans notre série). Alifano et al. [3] retrouvaient une proportion de PS dans un Cluster de ≤ 3 jours de 84 %. Il utilisait toutefois des données de la CMI 10, et pas les données cliniques des patients. Smit et al. [2] décrivaient 73 % de PS admis dans un Cluster ≤ 3 jours, mais ne prenaient en compte que des PSP. Bertolaccini et al. en 2010 retrouvaient des proportions similaires de 85 % des cas dans des Clusters de 3 jours ou moins [6].   Auteur Année Nombre de cas de PS % de cas de PS dans un Cluster ≤ 2 jours ≤ 3 jours ≤ 4 jours Haga [4] 2012 1051 ND 87.8 ND Özpolat [5] 2009 669 ND 70.5 ND Alifano [3] 2007 294 ND 84 ND Smit [2] 1999 115 61 73 83 Bulajich [13] 2004 659 53.4 68.9 76.3 Bertolaccini [6] 2010 591 81 85 ND Série actuelle 2016 403 70.2 79.4 83.9 Tableau 7. Comparaison des répartitions en Cluster de la survenue des pneumothorax dans la littérature.   Dans notre série, 79,4 % des cas de PS arrivaient dans ces Clusters. Ce chiffre semble comparable aux données connues de la littérature, résumées dans le tableau 7, et confirme l’impression clinique de la survenue des pneumothorax en « mini-épidémies » [1]. Cette donnée est à la base de la recherche d’un facteur déclenchant environnemental commun à une grande partie des pneumothorax spontanés.   4.3. Données météorologiques Les données météorologiques confirment que la région de Caen est située dans un climat océanique, avec une température moyenne élevée et de faibles variations de température et de pression atmosphérique au fil des saisons. L’humidité y est élevée (humidité relative moyenne de 81,2 %), avec une insolation faible (41 % d’insolation quotidienne) et des précipitations peu intenses mais régulières (en moyenne moins de 2 mm par jour).   4.3.1. Pression atmosphérique La pression atmosphérique a été un des paramètres les plus étudiés dans les diverses études de la littérature. Plusieurs séries suggèrent qu’une variation de pression atmosphérique pourrait être un facteur explicatif de PS. Les principales données disponibles sont résumées dans le tableau 8.   Auteur Nombre de cas de PS Résultats sur les variations de pression atmosphériques Alifano [3] 294 Chute de la pression atmosphérique moyenne entre le jour D et le jour D-1 (la veille) : -1,2 (± 4,1) hPa le premier jour du Cluster. 0 (± -4,4) hPa les autres jours. Özpolat [5] 669 Différence de pression atmosphérique moyenne entre le jour D et le jour D-1 (la veille) (p = 0,003) : + 0,2 hPa en cas de PS. - 0,4 hPa en l’absence de PS. Haga [4] 1051 Différence de pression atmosphérique moyenne entre le jour D et le jour D-1 (la veille) (p = 0,015) : - 0,4 hPa en cas de PSP. +0,2 hPa en l’absence de PSP. Tableau 8. Variation de pression atmosphériques et pneumothorax spontanés dans la littérature.   Cependant ces données ne sont pas retrouvées constamment dans les études, certains auteurs ne retrouvent pas de différences de variation de pression atmosphérique [2,13] entre les jours de pneumothorax et les autres jours de leurs périodes d’études. Dans notre série, il n’existait pas de variation significative de pressions atmosphériques concomitantes à la survenue de PS. Cette notion de variation de pression atmosphérique est possiblement un facteur confondant et participe peut-être à la survenue de pneumothorax, mais ne doit probablement pas être un facteur principal. En effet, les différences de pression atmosphériques relevées dans les diverses séries de la littérature sont souvent inférieures à 1 hPa entre les jours de survenue de PS et les autres journées. Un hPa correspond à la variation de pression atmosphérique pour une monté de 10 m soit environ 3 étages. Or bon nombre de personnes subissent des variations de pression atmosphérique beaucoup plus importantes dans leur vie de tous les jours (par exemple : vie en montagne, travail en altitude/building, personnel naviguant, travail en atmosphère contrôlée/pressurisée, etc.), sans que ces situations n’aient jamais été incriminées comme étant plus pourvoyeuses de pneumothorax.   4.3.2. Orages L’influence des orages sur la survenue de PS a été étudiée par Smit, qui retrouvait une augmentation du risque relatif de PS le lendemain d’un orage (RR = 1,64, IC95 % [1,009-2,665]) et le surlendemain d’un orage (RR = 1,67, IC95 % [1,039-2,694]) [2]. Alifano retrouvait quant à lui une forte corrélation entre ses 48 jours d’orages (sur 1461 jours de période d’étude) et survenue de PS : 26/267 en cas de PS versus 22/1146 en l’absence de PS (p < 0,0001) [3]. Obuchi retrouvait aussi une surreprésentation des cas de PS un et deux jours après orages [14]. Il n’existait pas de relation entre jours d’orages et jours de survenue des pneumothorax (p = 0,252) dans notre série, et ce même dans les analyses de sous-groupe (premier/récidive épisode de PS ou PSPg/PSS). Néanmoins la prévalence d’orages est faible dans notre région d’étude avec seulement 67 jours d’orages sur plus de 2300 jours.   4.4. Pollution atmosphérique Plusieurs séries ont étudié l’effet de divers polluants atmosphériques sur les taux d’admission en urgence ou de décès, en particulier sur des pathologies cardiovasculaires ou respiratoires.   4.4.1. Taux de PM10 et PM2,5 Nous n’avons pas retrouvé d’association entre PS et taux de particules fines (PM 10 ou PM2,5) en suspension, que cela soit pour les jours de survenue de PS ou bien les périodes de Clusters. Nous avons étudié ces paramètres car il existe de nombreuses données relatives à l’exposition aiguë ou chronique aux particules fines. Des niveaux élevés de PM10 étaient associés à un risque relatif plus élevé d’exacerbation d’asthme [15]. Une méta-analyse de Fan et al en 2015 [16] retrouvait une augmentation du risque relatif de crise d’asthme de 1,5 % (IC95 % [1,2 %-1,7 %]) pour chaque augmentation de 10µg/m3 de PM2,5. Une étude de cohorte récente montrait une baisse significative du VEMS d’environ 7 % pour chaque augmentation de 5 µg/m3 de PM2,5 [17]. Perez et al. [18] sur une étude couvrant 10 ans en Suisse retrouvaient qu’une augmentation de PM10 de 10 µg/m3 entraînait une augmentation des hospitalisations pour urgences cardiovasculaires de 0,43 % (IC95 % [0,12 %-0,73 %]).   4.4.2. Taux de NO2 Les oxydes d’ozone (NOx) et en particulier le dioxyde d’azote sont des marqueurs de pollution atmosphérique. Le NO2 est principalement produit par la combustion des énergies fossiles. Nous n’avons pas trouvé de différence significative de taux moyen ou maximal de NO2 entre les jours sans et les jours avec survenue de PS. Par contre, le taux de NO2 moyen était significativement plus élevé lors des périodes de Clusters (p = 0,022). Dans une étude suisse récente de 2015 [18], une augmentation du taux de NO2 de 10 µg/m3 avait pour conséquence une augmentation du taux de décès de causes respiratoires de 2,7 % (IC95 % [0,5 %-5,0 %]), et du taux de décès de motifs cardiovasculaires de 0,7 % (IC95 % [0,1%-1,3 %]).   4.4.3. Taux d’ozone L’ozone de basse atmosphère est formé par la réaction : NO2 → NO + O, puis O + O2 → O3 Cette réaction se fait grâce à l’absorption de photons et nécessite donc un ensoleillement relatif ainsi que la présence de catalyseurs. Ainsi le taux d’ozone n’est pas directement proportionnel à la pollution atmosphérique, mais dépend aussi des conditions climatiques. Il existe donc souvent une relation inversement proportionnelle entre taux de NO2 et taux d’O3 Les taux moyens et de pic d’ozone lors des périodes de Clusters se sont révélés plus faibles que hors de ces périodes dans notre série (p = 0,0001 et p = 0,003 respectivement). Paradoxalement, dans l’étude de Kim et al. [19] des taux élevés d’ozone étaient corrélés à des crises d’asthme plus fréquentes.   4.4.4. Survenue des pneumothorax Le rôle de la pollution atmosphérique dans la survenue des PS n’a été étudié que par un seul auteur sur deux études, l’une conduite à Turin [6] et l’autre à Cuneo [7] en Italie. La première étude portait sur 591 cas de pneumothorax, regroupé en 363 jours, sur une période d’étude de 1918 jours dans la ville de Turin. Celle-ci retrouvait une distribution anormale de la survenue des pneumothorax, accréditant le concept de Cluster. Concernant les données de pollution atmosphérique, il existait une augmentation du nombre d’admissions pour PS lors des augmentations de taux de moyen de NO2 et lors des baisses des concentrations moyennes et minimales d’ozone [6]. Dans la deuxième étude de Bertolaccini, celui-ci analysait la répartition de 451 PSP répartis sur 2557 jours d’étude dans la ville de Cuneo. Les variables qui avaient la plus grande influence sur la survenue des PSP étaient les anomalies de températures, la vitesse du vent, les concentrations minimales d’ozone et les concentrations maximales de NO2 [7]. Dans ces deux études, Bertolaccini ne s’était pas intéressé aux Clusters, mais à l’ensemble des cas de PS [6,7]. Il retrouve cependant comme dans notre série des relations positives entre survenue de PS et taux de NO2 élevé d’une part, et PS et taux faible d’ozone d’autre part. Nous retrouvons les mêmes constatations, mais seulement lors des périodes de Clusters et pas lors de l’ensemble des cas de PS. L’analyse des deux jours en amont des Clusters (J-1 et J-2) montre que le taux de NO2 (moyen et maximal) est plus faible durant ces jours que lors du premier jour d’un Cluster (J0). L’intérêt de cette étude des jours en Cluster est qu’il existe probablement de multiples causes à la survenue de pneumothorax. En étudiant les Clusters plutôt que tous les épisodes de pneumothorax, nous pouvons espérer mettre en avant un facteur environnement commun plutôt que des facteurs individuels. Par exemple, un facteur de risque individuel de PS connu est un morphotype longiligne [1]. Cela est possiblement dû à des causes biomécaniques, entraînant un « stress » de l’apex pulmonaire [20]. Un facteur de risque de survenue d’un PS connu est la consommation de tabac [1]. Il est prouvé que la combustion du tabac dégage de forts taux de NO2. Il est donc logique de retrouver ce polluant atmosphérique comme un facteur associé aux PS, même si la physiopathologie de la survenue des PS n’est pas clairement élucidée. Concernant le taux d’ozone, celui-ci varie de façon inverse au taux de NO2. Il est donc aussi logique de retrouver des taux d’ozone bas lors des pics de NO2 et donc lors des Clusters de PS. Des études fondamentales sur le rôle du NO2 et de l’ozone sur le tissu pulmonaire doivent être réalisées afin de comprendre les liens physiopathologiques entre PS et NO2/ozone.   5. LIMITES   5.1. Limites de l'étude Les principales limites de cette étude sont : Son design rétrospectif. L’existence de quelques données météorologiques et de pollution manquantes, dues à des pannes d’appareils de mesures. La possibilité que certains patients n’aient pas été adressés dans notre service. Le risque que certains patients aient été traités en ambulatoire ou n’aient pas consultés, ce qui est une possibilité dans les pneumothorax de faible abondance. Le manque de données concernant le tabagisme et la consommation de cannabis. Le manque de données concernant l’indice de masse corporelle des patients. Ces biais, en limitant le nombre de patients, ou en excluant des possibles facteurs confondants, réduisent la puissance de l’étude.   5.2. Points forts de l'étude Cependant notre étude possède plusieurs points forts : Proximité géographique et exclusion des cas diagnostiqués en dehors de la ville de Caen. Ces critères d’inclusion stricts ont permis de s’assurer que l’ensemble des patients ont expérimenté les mêmes conditions climatiques et de pollution. Une période d’étude de plus de 6 ans (2372 jours), l’une des plus longues de la littérature sur le sujet. Les données météorologiques collectées par Météo-France, et les données de pollution atmosphérique collectées par une association certifiée ISO 9001 (Air COM) sont d’une grande précision.   6. CONCLUSION Notre étude confirme une incidence de PS plus élevée chez les hommes (18,83 cas/an/100 000 habitants) que chez les femmes (7,30 cas/an/100 000 habitants). Nous confirmons le fait qu’une grande majorité de pneumothorax spontanés apparaissent durant des Clusters de 3 jours ou moins : 79,4 % des cas, regroupé dans 99 Clusters représentant 514 jours soit dans 21,7 % des jours. Durant ces périodes de Clusters, les jours sont moins ensoleillés et plus humides. Il n’existe pas de différence de variation de pression atmosphérique entre les jours de survenue d’un pneumothorax, ou encore lors des épisodes de Clusters par rapport aux autres jours de la période de l’étude. Lors des épisodes de Clusters, il existe des concentrations moyennes de NO2 plus élevées que durant les autres jours. A contrario, les concentrations moyennes et maximales d’ozone sont moins élevées durant les Clusters que durant les autres jours de notre période d’étude. D’autres études sur diverses régions doivent confirmer ces données, et expliquer les liens physiopathologiques entre ces niveaux de polluants et la survenue de PS.   RÉFÉRENCES Tschopp JM, Bintcliffe O, Astoul P et al. ERS task force statement: diagnosis and treatment of primary spontaneous pneumothorax. Eur Respir J 2015;46(2):321-35. Smit HJ, Devillé WL, Schramel FM, Schreurs JM, Sutedja TG, Postmus PE. Atmospheric pressure changes and outdoor temperature changes in relation to spontaneous pneumothorax. Chest 1999;116(3):676-81. Alifano M, Forti Parri SN, Bonfanti B et al. Atmospheric pressure influences the risk of pneumothorax: beware of the storm! Chest 2007;131(6):1877-82. Haga T, Kurihara M, Kataoka H, Ebana H. 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Acceptation : 03/05/2016. Pré-publication : 17/06/2016  
septembre 15, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Abstract 2016

T-41 – Validation d’un algorithme d’identification du pneumothorax spontané primaire à partir de données clinico-administratives

Eric Fréchette, Keegan Guidolin, Ayman Seyam, Yun-Hee Choi, Sarah Jones, Andrew McClure, Jennifer Winick-Ng, Blayne Welk, Richard A. Malthaner London Health Sciences Centre, Western University, London, Ontario, Canada  Objectif Le pneumothorax spontané primaire (PSP) est souvent rencontré dans la pratique de la chirurgie thoracique. Il touche principalement de jeunes individus auparavant en bonne santé. Les principes de prise en charge et de traitement sont différents de ceux du pneumothorax secondaire (PS) et varient de la simple observation à la bullectomie avec pleurodèse. Bien qu’étant fréquents, les PSP n’ont que rarement fait l’objet d’études populationnelles permettant de guider les indications chirurgicales, conséquence en partie de l’absence de code spécifique au PSP dans la Classification Internationale de Maladies (CIM-10). L’objectif de cette étude est de valider la précision d’un algorithme permettant l’identification des cas de PSP à partir des données clinico-administratives.  Méthode Les dossiers de 150 patients consécutifs évalués au département d’urgence d’un centre hospitalier universitaire canadien avec un diagnostic principal de pneumothorax furent révisés par deux médecins indépendants pour déterminer le type de pneumothorax. Les données clinico-administratives correspondantes enregistrées dans les bases de données hospitalières furent ensuite utilisées pour déterminer le type de pneumothorax à partir de l’algorithme proposé. Les résultats furent comparés entre deux groupes d’âges différents.  Résultat Bien que 6 patients ne présentaient aucune évidence de pneumothorax, 96 % des dossiers étaient codés correctement. Le code J939 (pneumothorax, non spécifié) était le plus fréquemment utilisé (57 % des dossiers), et 90 patients présentaient un épisode de PSP. La précision diagnostique de l’algorithme pour l’identification des cas de PSP incluait des valeurs plus élevées de sensibilité (97 % vs 81 %) et des valeurs prédictives positives (87 % vs 46 %) chez les patients de moins de 40 ans comparativement au groupe de patients plus âgés.  Conclusion L’algorithme proposé dans cette étude permet une identification adéquate des cas de PSP chez les patients appartenant au groupe d’âge classiquement associé à cette pathologie. Cet outil ouvre la porte aux études populationnelles de grande échelle qui permettront notamment de mieux définir les indications chirurgicales chez ces patients.     Identifying primary spontaneous pneumothorax from administrative databases- a validation study   Objectives Primary spontaneous pneumothorax (PSP) is a disorder commonly encountered in healthy young individuals. The recommended treatment varies from simple observation to surgical resection of lung bullae. Its etiology, pathophysiology, and principles of treatment are different than those of secondary pneumothorax (SP) that results from chronic disease or acute medical condition. There is no differentiation between PSP and SP in the current version of the International Classification of Diseases (ICD-10). This absence of a specific diagnostic code complicates the conduct of large-scale epidemiological and clinical studies on the subject. The objective of this study is to validate the accuracy of an algorithm that identifies cases of PSP from administrative databases.  Methods The charts of 150 patients who consulted the emergency room (ER) with a recorded main diagnosis of pneumothorax were reviewed by two independent physicians to define the type of pneumothorax that occurred. The corresponding hospital administrative data collected during previous hospitalizations and ER visits were processed through the proposed algorithm. The results were compared over two different age groups.  Results There were 144 cases of pneumothorax correctly coded (96%). The code J939 (pneumothorax, unspecified) was the most commonly used (in 57% of the charts). The chart review identified 90 patients with PSP. The results obtained from the PSP algorithm demonstrated a significantly higher sensitivity (97% vs. 81%, p=0.038) and positive predictive value (87% vs. 46%, p<0.001) in patients under 40 years of age than in older patients.  Conclusion The proposed algorithm is adequate to identify cases of PSP from administrative databases in the age group classically associated to the disease. This makes possible its utilization in large population-based studies.
juin 10, 2016