Chirurgie thoracique · Vol. 23 Juin 2019

Kyste hydatique du poumon : chirurgie conservatrice ou résection radicale ?

Rachid Marouf*, Ihsan Alloubi Service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire, CHU Mohammed VI, Oujda, Maroc. * Correspondance : rachidmarouf@yahoo.fr   DOI : 10.24399/JCTCV23-2-MAR Citation : Marouf R, Alloubi I. Kyste hydatique du poumon : chirurgie conservatrice ou résection radicale ?. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(2). doi: 10.24399/JCTCV23-2-MAR RÉSUMÉ Introduction : l’échinococcose humaine est une zoonose causée par des parasites, les ténias du genre Echinococcus. C’est une maladie endémique dans la région méditerranéenne, en Amérique du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande, elle sévit dans les régions rurales où l’élevage des ovins et caprins est répandu, et constitue un véritable problème de santé publique. Objectif : l’objectif de notre travail est d’analyser le rôle du traitement chirurgical dans la prise en charge du kyste hydatique pulmonaire, les différentes techniques chirurgicales conservatrices et radicales, et d’évaluer l’incidence des complications postopératoires. Méthodes : nous rapportons les résultats chirurgicaux d’un travail rétrospectif sur l’atteinte pulmonaire par la maladie hydatique à propos de 200 cas colligés au centre hospitalier universitaire d’Oujda, Maroc, entre janvier 2008 et avril 2018. Résultats : la moyenne d’âge était de 36 ans, on notait une prédominance masculine avec une sexe-ratio de 1,5. Le bilan radiologique avait montré plusieurs aspects de kystes, la forme la plus fréquemment rencontrée étant celle du kyste hydatique simple dans 104 cas (52%). Le kyste hydatique était compliqué, soit rompu ou fissuré dans 96 cas (48%). La localisation droite était la plus fréquente, elle a concerné 58% des cas. Le traitement conservateur représente 95% des cas (190 patients). La ponction évacuation a été réalisée chez 154 cas (77%), une périkystectomie dans 14 cas (7%), une kystectomie dans 18 cas (9%) et un capitonnage de la cavité résiduelle dans 180 cas (90%), les kystes associés à un épaississement pleural ont bénéficié d’une décortication dans 4 cas (2%). Par ailleurs, un traitement radical basé sur une résection réglée n’a été réalisé que dans 10 cas (5%). Le pronostic a changé au cours des dernières années, et les résultats sont maintenant communément satisfaisants. Les complications les plus fréquentes sont l’atélectasie et la pneumopathie postopératoire. La mortalité opératoire n’a pas excédé 1%. Conclusion : le traitement du kyste hydatique pulmonaire est essentiellement chirurgical. La prophylaxie est nécessaire pour l’éradication complète de cette maladie.   ABSTRACT Hydatid cyst of the lung: conservative surgery or radical resection? Introduction: Human echinococcosis is a parasitic disease caused by tapeworms of the genus Echinococcus. It is an endemic disease in the Mediterranean region, South America, Australia and New Zealand. It is also rampant in rural areas where ovine and caprine breeding is widespread and constitutes a real public health problem.  Objective: The objective of our work is to analyze the role of surgical treatment in the management of the pulmonary hydatid cysts, assess the different surgical techniques and evaluate the incidence of postoperative complications. Methods: We retrospectively analyzed 200 patients with lung hydatid cysts collected at the university hospital center of Oujda, Morocco, between January 2008 and April 2018. Results: The average age is 36 years, there is a male predominance with a sex ratio of 1.5. There are a variety of radiographic images. A simple cyst was the most commonly observed lesion, in 104 cases (52%). Complicated forms were noted in 96 patients (48%) and the right lung was more frequently affected than the left (58%). Conservative treatment accounted for 95% of cases; cystotomy was carried out in 154 cases (77%), peri-kystectomy in 14 cases (7%), cyst removal with capitonnage by Ugon's method in 18 cases (9 %), capitonnage in 180 cases (90%) and cysts associated with pleural thickening have undergone decortications in 4 cases (2%). However, radical treatment was carried out in only 5% of our interventions (10 cases). The prognosis has changed during the last few years, and results are now usually satisfactory. The most frequent complications are postoperative atelectasis and pneumonia. Operative mortality does not exceed 1%. Conclusion: The treatment of the pulmonary hydatid cysts is essentially surgical. Prophylaxis is necessary to eradicate the disease completely.   1. Introduction L’hydatidose est une anthropozoonose cosmopolite causée par l’Echinococcus granulosus. Elle sévit en mode endémique au Maroc et constitue un problème majeur de santé publique, surtout en zones rurales où l’élevage et l’agriculture sont les principales sources de vie [1].    2. Objectif Rôle du traitement chirurgical dans le traitement du kyste hydatique pulmonaire. Comparaison entre les différentes techniques chirurgicales : conservatrice versus radicale. Évaluation de l’incidence des complications en fonction de la technique chirurgicale.   3. Matériels et méthodes Nous rapportons les résultats chirurgicaux d’un travail rétrospectif sur l’atteinte pulmonaire par la maladie hydatique à propos de 200 cas colligés au centre hospitalier universitaire d’Oujda, Maroc, entre janvier 2008 et avril 2018.   4. Résultats   4.1. Aspects cliniques et radiologiques Il s’agissait de 120 hommes (60%) et de 80 femmes (40%) avec un sexe-ratio de 1,5. La notion de contact avec les chiens a été retrouvée dans 66% des cas (132 cas). Les symptômes cliniques qui amenaient les patients à consulter étaient principalement : la toux dans 136 cas (68%), les douleurs thoraciques dans 124 cas (62%), l’hémoptysie dans 90 cas (45%), la dyspnée d’effort dans 46 cas (23%), la vomique hydatique dans 30 cas (15%) et les expectorations récurrentes dans 30 cas (15%). L’examen clinique été normal dans 71% des cas, a trouvé un syndrome d’épanchement liquidien dans 21% des cas et un syndrome de condensation dans 8% des cas.   [caption id="attachment_4414" align="aligncenter" width="300"] Figure A. Aspect radiologique d’une opacité intraparenchymateuse gauche, ronde bien limitée.[/caption]   [caption id="attachment_4415" align="aligncenter" width="300"] Figure B. Aspect radiologique d’une opacité excavée avec niveau hydroaérique régulier, basale gauche.[/caption]   [caption id="attachment_4416" align="aligncenter" width="300"] Figure C. Aspect scanographique d’un kyste hydatique pulmonaire sain droit.[/caption]   [caption id="attachment_4417" align="aligncenter" width="300"] Figure D. Aspect scanographique d’un kyste hydatique pulmonaire gauche rompu dans les bronches.[/caption]   Le bilan radiologique fait de radiographie thoracique complétée par une tomodensitométrie (TDM) thoracique avait trouvé [tableau 1] :   Tableau 1. Les différents aspects radiologiques du kyste hydatique pulmonaire. Aspect radiologique % Nombre de patients Opacité ronde bien limitée 52% 104 Opacité hétérogène mal limitée 15% 30 Opacité excavée avec un niveau hydroaérique régulier 10% 20 Aspect de rupture du kyste hydatique parenchymateux avec une membrane d’endocyste retenue et affaissée (rétention membranaire) 10% 20 Hydropneumothorax 5% 10 Opacités multiples 5% 10 Pleurésie 3% 6   Les lésions du poumon droit étaient présentes dans 116 cas (58%), alors que celles du poumon gauche l’étaient dans 70 cas (35%) et des lésions bilatérales étaient visibles dans 14 cas (7%). La bronchoscopie a été réalisée dans 100 cas (50%) et a confirmé le diagnostic dans 40 cas (20%) en visualisant la membrane hydatique. La sérologie hydatique (Elisa et immunoélectrophorèse) a été réalisée chez 164 patients (82%) et a été positive dans 130 cas (65%).   4.2. Traitement chirurgical [tableau 2] L’intubation par une sonde sélective à double courant type Robertshaw a été réalisée chez tous nos patients, elle a permis d’éviter l’inondation de l’arbre bronchique controlatéral en cas de rupture et l’obstruction bronchique par des fragments de membrane. Une analgésie péridurale thoracique, qui est l’élément clé du traitement de la douleur postopératoire, a été positionnée chez 180 de nos patients (90%). La voie d’abord a été une thoracotomie postérolatérale dans 100 cas (50 %), une thoracotomie latérale avec conservation musculaire dans 70 cas (35%). Un abord par vidéothoracoscopie (VATS) a été réalisé dans 30 cas (15 %), qui sont majoritairement des jeunes entre 15 et 25 ans et ayant un kyste hydatique du poumon sain à localisation périphérique et de taille ≤6 cm. Par cette voie, les patients ont été placés en position de décubitus latéral. Le chirurgien et l’assistant se tiennent devant ou derrière le patient, en fonction de la localisation du kyste. Trois trocarts ont été placés sur le côté atteint d’une manière triangulaire en fonction de la localisation de la lésion, l’un de ces trocarts étant situé à l’aplomb du kyste [figure 1]. Le principe de la thoracoscopie est de suivre les mêmes étapes que la chirurgie ouverte qui comprend la stérilisation du kyste avec un agent scolicide, l’ablation complète de la membrane hydatique et la fermeture des fistules bronchiques, si elles sont présentent.   [caption id="attachment_4408" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Ponction évacuation d’un kyste hydatique périphérique sous thoracoscopie.[/caption]   Le premier temps opératoire était l’adhésiolyse des adhérences pleuroparenchymateuses avec exposition du kyste hydatique, puis protection du champ opératoire par injection directe dans la cavité pleurale du sérum salé hypertonique à 10% qu’on utilise comme solution scolicide. Le traitement conservateur a concerné 95% des patients. Une kystectomie ou énucléation [figure 2] selon la technique d’Ugon a été réalisée dans 18 cas (9%). La ponction évacuation a été réalisée dans 154 cas (77%). Après avoir exposé le kyste, une grosse seringue est introduite en son sein pour vider le liquide sous tension. Puis la partie éminente est ouverte, un grand tube d’aspiration est introduit immédiatement à travers la même ouverture pour évacuer le reste matériel kystique. La membrane germinative était alors enlevée avec une pince, la cavité résiduelle irriguée avec une solution saline et les fistules bronchiques suturées [figures 3,4]. Dans les situations où le périkyste est en atélectasie ou fibrose, une résection de ce périkyste est faite.   [caption id="attachment_4409" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Kystectomie ou énucléation.[/caption]   [caption id="attachment_4410" align="aligncenter" width="300"] Figures 3-4. Après évacuation du kyste hydatique du poumon et lavage de la cavité par du sérum salé hypertonique, on ferme les fistules bronchiques par des points en X.[/caption]   La cavité résiduelle est fermée au moyen de sutures à partir du niveau le plus profond (capitonnage). La suture des fistules bronchiques et la fermeture de la cavité résiduelle sont faites avec du fil résorbable. La périkystectomie [figure 5] a été réalisée dans 14 cas (7%).   [caption id="attachment_4411" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. Pièce opératoire d’une périkystectomie emportant le parasite et sa gangue inflammatoire.[/caption]   Les patients ayant un épaississement pleural associé, en plus de la kystotomie et du capitonnage, ont bénéficié d’une décortication pour faciliter l’expansion du poumon dans 4 cas (2%). Dans les quatorze cas (7%) de polykystoses bilatérales retrouvés dans notre série, on a préféré opérer les patients en deux temps avec un intervalle d’un à trois mois entre les interventions, tout en commençant d’abord par la localisation symptomatique ou la plus volumineuse ou la plus menaçante ou celle qui contenait le plus de kystes.   Tableau 2. Traitement chirurgical du kyste hydatique pulmonaire.   Traitement conservateur   Kystectomie 18 cas (9%)     190 cas (95%) Ponction évacuation 154 cas (77%) Périkystectomie 14 cas (7%) Décortication pleurale 4 cas (2%) Capitonnage de la cavité résiduelle   180 cas (90%) Traitement radical Lobectomie Bilobectomie 8 cas 2 cas 10 cas (5%)    Par ailleurs, un traitement radical sous forme de résection réglée a été conçu pour 10 patients (5%) pour les raisons suivantes : kyste hydatique détruisant à plus de 50% le lobe dans 6 cas [figure 6] ; kyste avec suppuration pulmonaire sévère persistante dans 2 cas ; kyste hydatique avec fibrose et hépatisation de tout le lobe dans 2 cas [figure 7].   [caption id="attachment_4412" align="aligncenter" width="300"] Figure 6. Lobectomie inférieure droite pour un kyste hydatique détruisant presque tout le lobe.[/caption]   [caption id="attachment_4413" align="aligncenter" width="300"] Figure 7. Lobectomie moyenne pour kyste hydatique avec un lobe fibrosé et hépatisé.[/caption]   4.3. Évolution et surveillance La durée moyenne d’hospitalisation a été de 6 jours. On a recensé aucun décès. Nous avons surveillé régulièrement nos patients après leur sortie du service en consultation. Cette surveillance est fondée essentiellement sur la radiographie thoracique au rythme de 15 jours, 3 mois, 6 mois, 1 an, puis chaque année, demandée essentiellement pour l’étude du parenchyme pulmonaire et l’état de la cavité résiduelle. La surveillance sérologique est demandée chaque fois qu’elle est possible à 6 mois puis 1 an après le geste chirurgical. La TDM est réservée aux cas douteux de récidive ou de complication. Les suites ont été compliquées chez 21 patients (10,5%) [tableau 3].   Tableau 3. Les complications du traitement chirurgical du kyste hydatique pulmonaire. Complication Nombre de cas Prise en charge Atélectasie du poumon sous-jacent 6 cas Kinésithérapie respiratoire Bronchoaspiration Pneumopathie postopératoire 4 cas Antibiothérapie Anémie postopératoire 5 cas Transfusion Pyothorax 2 cas Antibiothérapie à large spectre et lavage avec système d’irrigation Persistance d’une cavité résiduelle par lâchage de sutures après capitonnage (fond de la cavité capitonnée très inflammatoire) 2 cas 1 cas : reprise chirurgicale avec résection réglée après infection de la cavité 1 cas : surveillance Bullage prolongé 2 cas Drainage thoracique prolongé   Dans notre série, seulement un patient a eu une récidive de kyste hydatique rompu dans la plèvre à 3 ans de distance de sa première opération, justifiant une reprise chirurgicale. Le faible taux de récidive démontre et valorise l’excellence de la chirurgie conservatrice dans la prise en charge des kystes hydatiques pulmonaires.   5. Discussion L’hydatidose est une parasitose qui sévit toujours en mode endémique au Maroc. Elle constitue un problème majeur de santé publique. Son incidence est de 12/100000 habitants [1]. Les lésions kystiques évoluent très lentement, de sorte que les symptômes peuvent ne pas apparaître et la maladie ne peut être diagnostiquée qu’après plusieurs années. La chirurgie est le seul traitement radical. Tous les kystes doivent être opérés, qu’ils soient symptomatiques ou pas [2]. Le but de la chirurgie dans le kyste hydatique pulmonaire est de [2,3] : supprimer le parasite et ses annexes ; éviter la dissémination ; conserver autant que possible le maximum de parenchyme pulmonaire fonctionnel ; réséquer les lésions pulmonaires irréversibles ; rétablir l’anatomie et la fonction pulmonaire normale : décortication pour faciliter la réexpansion. De ces impératifs découlent plusieurs techniques chirurgicales qu’on peut schématiser en techniques conservatrices ou radicales [3] [tableau 4]. Le choix de la technique chirurgicale est, le plus souvent, influencé par l’état du malade, l’état du kyste et du parenchyme pulmonaire adjacent et celui de la fonction respiratoire [4]. En règle générale, le parenchyme pulmonaire doit être préservé autant que possible chez les patients atteints de cette pathologie pulmonaire bénigne et d’évolution lente [5]. Le traitement du parasite se fait par la protection du champ opératoire par des compresses imbibées d’une solution scolicide tel le sérum salé hypertonique, par la manipulation douce du kyste en peropératoire et par la stérilisation du kyste par la solution scolicide qui permet d’éviter la dissémination du germe, ainsi que le risque de récidive [5]. Le traitement du périkyste peut se faire selon deux méthodes, conservatrice ou radicale. La chirurgie conservatrice comprend les techniques [3,5-7] : d’énucléation ; de kystectomie après aspiration ; de périkystectomie. La kystectomie ou énucléation selon la technique d’Ugon est réalisée pour les kystes hydatiques pulmonaires périphériques de petite taille, entre 3 et 5 cm, avec un faible risque de rupture. Elle consiste, après incision du périkyste, en l’accouchement du kyste. Cette manœuvre est facilitée par l’application d’une ventilation à pression positive intrabronchique. Les gros kystes ne doivent pas être traités avec cette méthode car il existe un risque de rupture. La ponction évacuation est la plus fréquemment réalisée pour les kystes sains et/ou rompus mais non infectés et/ou en présence d’un périkyste fin. Cette technique consiste d’abord à inonder le champ opératoire par du sérum salé hypertonique afin de protéger la plèvre de toute souillure parasitaire, puis on repère le dôme saillant du kyste et on aspire par ponction le liquide hydatique à l’aide d’une grosse aiguille ou d’un trocart. La partie proéminente du kyste est ensuite ouverte, suivie de l’extraction de la membrane hydatique. Le fond de la cavité kystique est lavé minutieusement par la solution scolicide. La périkystectomie selon la méthode de Perez-Fontana a été proposée en 1953. Elle implique l’excision du kyste hydatique et emporte le tissu pulmonaire réactionnel au kyste en suturant, au fur et à mesure de leur rencontre, les vaisseaux et les bronches érodés, le rapprochement du parenchyme pulmonaire sain au pourtour de la lésion est obligatoire. Cette technique reste réservée pour les kystes hydatiques rompus et infectés et/ou aux périkystes épais. Traitement de la cavité résiduelle : ces procédures conservatrices sont associées à la fermeture élective des fistules bronchiques qui sont suturées par des points en X. La persistance d’une fistule bronchique expose au bullage important et peut conduire à une réintervention. Pour effacer au maximum la cavité résiduelle, le capitonnage est une attitude classique, mais n’est pas systématique. Il existe deux méthodes pour la gestion de la cavité résiduelle du kyste [3,8] : Le capitonnage qui est la fermeture de la cavité, après avoir vidé son contenu et aveuglé les fistules bronchiques. C’est une attitude classique, mais qui n’est pas systématique. La deuxième est la fermeture des orifices bronchiques tout en laissant la cavité ouverte.    Nous partageons l’opinion de nombreux auteurs selon laquelle le capitonnage est utile et efficace. L’utilisation de ce procédé a fait diminuer nettement la morbidité parce qu’il permet d’éviter au maximum la persistance d’une cavité résiduelle et aussi de réduire le risque d’infection de la cavité, des fuites aériques postopératoires et la formation d’un hématome ainsi que d’empyème intracavitaire [3,5,8]. Sonmez et al. [9] concluent que le capitonnage permet de diminuer la durée de drainage, le séjour hospitalier et la morbidité. Pour les kystes hydatiques géants, la gestion de la cavité résiduelle pose un problème par sa taille énorme et par la présence de grosses fistules bronchiques (on admet qu’un kyste est énorme quand sa taille dépasse 10 cm). Dans cette situation, le capitonnage s’avère difficile et risque de ficeler le parenchyme pulmonaire adjacent, d’entraver sa fonction et d’exposer aux risques de complications [2,3].   Tableau 4. Comparaison de la fréquence du traitement conservateur versus chirurgie radicale dans la littérature. Série Nombre de cas Nombre de cas de chirurgie conservatrice Nombre de cas de chirurgie radicale Doğan R et al. [3] 1055 91% 9% Kemal Salih O et al. [5] 405 96,4%   3,6% Dakak M et al. [10] 422 98% (413 cas)  2% (9 cas) Hasdiraz L et al. [11] 107 100% 0% Merini MF [12]     313 97,8% 2,2% Marouf et al. 200 95% (195 cas) 5% (10 cas)   En cas de rupture intrapleurale du kyste hydatique, le traitement est d’abord du kyste et de sa cavité, suivi d’une décortication. Pour ces kystes périphériques rompus dans la plèvre, les fistules bronchiques sont souvent de petit calibre et facilement traitées [13]. La voie d’abord par vidéothoracoscopie est destinée à des kystes hydatiques sains, de siège périphérique, et de taille ≤6 cm. Cette technique ne peut pas être adaptée aux kystes volumineux en raison du risque de dissémination pleurale et de la difficulté de la fermeture des fistules souvent localisées au fond de la cavité et dans des replis au contact des vaisseaux sanguins. Il en est de même pour les kystes rompus en rapport avec la symphyse pleurale, le calibre des fistules bronchiques et la friabilité du périkyste et du parenchyme adjacent. La chirurgie thoracique vidéoassistée peut être une alternative intermédiaire entre la thoracoscopie et la chirurgie conventionnelle malgré les risques de complications [13-16]. Le principe de la chirurgie thoracoscopique est de reproduire les mêmes gestes que la chirurgie ouverte qui comprend : la stérilisation du kyste avec un agent scolicide, l’extraction complète de la membrane hydatique et la fermeture des fistules bronchiques, si elles sont présentes. Il est nécessaire d’assurer une bonne aérostase par le contrôle des fistules bronchiques et la gestion de la cavité résiduelle pour éviter les complications opératoires. Quant à la place de la vidéothoracoscopie dans le traitement radical des kystes hydatiques, elle a ses limites et le risque de conversion reste élevé, par la présence fréquente des adhérences pleurales et la symphyse sur le médiastin et le diaphragme, les scissures qui sont souvent fermées, les ganglions inflammatoires, parfois calcifiés, saignotants et adhérents sur les structures vasculaires et bronchiques [12-14]. Le traitement percutané par vidange et stérilisation du kyste sans intervention chirurgicale n’est jamais proposé dans notre pratique de la chirurgie de kyste hydatique pulmonaire, car nous considérons que cette technique est dangereuse et expose au risque de choc anaphylactique et de dissémination, avec impossibilité de l’extraction de la membrane hydatique et de la fermeture des fistules bronchiques [15].   La résection réglée ou traitement radical du kyste hydatique pulmonaire (segmentectomie, lobectomie ou pneumonectomie) est justifiée pour les raisons suivantes [3,5,6,10,16] : Kyste hydatique énorme ou multiples kystes au sein du parenchyme et détruisant à plus de 50% le lobe ou le poumon adjacent. Kyste hydatique avec grande poche de suppuration et inflammation pulmonaire sévère et persistante ou encore kyste hydatique de siège centrolobaire, ou proche du hile. Complications liées au kyste hydatique : bronchiectasie, fibrose pulmonaire ou hémorragie sévère. Cependant, selon certains auteurs [12,13,17], la grande souplesse du tissu pulmonaire chez l’enfant et surtout les possibilités de récupération du parenchyme pulmonaire endommagé après traitement incitent les chirurgiens à être très économes en matière d’hydatidose pulmonaire. Le drainage postérieur et antérieur de la cavité pleurale libre assure une bonne réexpansion du parenchyme pulmonaire sous couverture d’une kinésithérapie postopératoire immédiatement commencée dès les premières heures qui suivent l’intervention chirurgicale. Les complications postopératoires sont rarement graves, dominées par les atélectasies nécessitant une kinésithérapie respiratoire et un traitement antalgique efficace. Les autres complications tels les décollements pulmonaires, les bronchopneumopathies, les empyèmes et les cavités résiduelles source de greffe aspergillaire, de surinfection et d’hémoptysies sont rares et souvent évitées par un effacement progressif de la cavité et un bon capitonnage [15]. Kuzucu et al. [8] ont prouvé dans leur étude que les kystes hydatiques pulmonaires compliqués sont associés avec une morbidité postopératoire plus élevée que les kystes simples, avec une augmentation significative de la fréquence de décortication et de séjour d’hospitalisation (p<0,05). Le taux de récidive après chirurgie conservatrice pour kyste hydatique pulmonaire est faible, témoignant de la fiabilité de ce procédé, cela a été appuyé par plusieurs études [3,5,6,8]. Dans la série de Doğan et al [3], sur 1055 kystes hydatiques pulmonaires traités chirurgicalement, seulement 8 cas ont eu une récidive dont 7 cas avaient un kyste hydatique compliqué avant chirurgie. Le traitement médical repose sur les imidazolés (mébendazole ou albendazole) à la dose de 10 à 15 mg/kg par jour pendant une durée de 3 à 6 mois avec un contrôle régulier de la fonction hépatique. Ce traitement s’intègre dans la stratégie non chirurgicale et représente un complément thérapeutique avant et/ou après chirurgie. Les indications du traitement médical du kyste hydatique pulmonaire inclus [3,5,19,20] : Les cas de contre-indication opératoire avec un taux de morbimortalité élevé ou refus de la chirurgie par le patient. En présence d’hydatidose multiple au sein du même organe ou dans des organes différents anatomiquement inaccessibles à une chirurgie. Pour prévenir une récidive après une intervention chirurgicale et ce d’autant plus impérativement qu’existent des facteurs de risque d’échinococcose secondaire ou de dissémination du liquide hydatique en peropératoire.  Surveillance : un patient opéré pour kystes hydatiques du poumon doit être surveillé régulièrement, dans les suites immédiates ou à long terme [18]. Cette surveillance est fondée essentiellement sur la radiographie thoracique au rythme de 3 mois, 6 mois, 1 an, demandée essentiellement pour l’étude de la nature et l’état de la cavité résiduelle. La surveillance sérologique s’impose chaque fois qu’elle est possible [19]. Cette sérologie est faite 6 mois puis 1 an après le geste chirurgical. La TDM est réservée aux cas douteux de récidive et pour la surveillance des grandes cavités résiduelles.   6. Conclusion La chirurgie reste le seul traitement efficace du kyste hydatique du poumon. La procédure chirurgicale peut être conservatrice ou radicale. La chirurgie conservatrice reste le traitement de choix dans la gestion du kyste hydatique pulmonaire. C’est une procédure simple, sûre, efficace, et qui permet, en plus, de préserver autant que possible le parenchyme pulmonaire fonctionnel. Cependant, la résection chirurgicale radicale reste réservée pour des patients bien sélectionnés avec des indications spécifiques.  La vidéothoracoscopie semble être une méthode fiable et prometteuse.   Références Derfoufi O, Ngoh E, Aissam A, Elmostafa E, Hicham M, Mohamed E, Aouf LS. Profil épidémiologique de l'hydatidose au Maroc de 1980 à 2008. Annales de biologie clinique 2012; 70(4):457-61. Avaro JP, Djourno XB, Kabiri EH, Bonnet PM, Doddoli C, Thomas P. Traitement chirurgical des kystes hydatiques du poumon. Le traité EMC, Techniques chirurgicales-Thorax. Doi: 10.1016/S1241-8226(07)45704-8: 432-42 Doğan R, Yüksel M, Cetin G, Süzer K, Alp M, Kaya S, Unlü M, Moldibi B. Surgical treatment of hydatid cysts of the lung: report on 1055 patients. Thorax 1989;44:192-199.https://doi.org/10.1136/thx.44.3.192PMid:2705149 PMCid:PMC461752 Bisson A, Leroy M. Traitement chirurgical des kystes hydatiques pulmonaires. EMC Techniques chirurgicale-Thorax 1995;42:432. 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juin 7, 2019
Cas clinique · Vol. 23 Mars 2019

Kyste hydatique costal : à propos d’un cas et revue de la littérature

Rachid Marouf*, Ihssan Alloubi   Service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire, CHU Mohammed VI, Oujda, Maroc. * Correspondance : rachidmarouf@yahoo.fr   DOI : 10.24399/JCTCV23-1-MAR Citation : Marouf R, Alloubi I. Kyste hydatique costal : à propos d’un cas et revue de la littérature. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(1). doi: 10.24399/JCTCV23-1-MAR   Résumé L’hydatidose est une affection endémique au Maroc. Les localisations hépatiques et pulmonaires sont les plus fréquentes. L’atteinte osseuse est rare et se situe entre 1 et 4%. Le siège costal reste exceptionnel (0,18 à 1,21%). Nous rapportons un cas en soulignant les aspects étiopathogéniques, épidémiologiques, diagnostiques de l’hydatidose costale, tout en insistant sur l’approche thérapeutique adéquate de cette localisation à la lumière d’une revue de la littérature.   Abstract Cystic Hydatidosis of the Rib: A Case Report and Review of the Literature Hydatid disease is endemic in Morocco. Hepatic and pulmonary localizations are the most frequent. The involvement of the bones is a relatively rare condition and is seen in only 1–4% of cases. The ribs localization is exceptional (0.18 to 1.21%). We report a case by highlighting the etiopathogenic, epidemiological and diagnostic features of Cystic Hydatidosis of the Rib, while insisting on the adequate therapeutic approach of this localization in the light of a review of the literature.   1. Introduction Malgré l’état endémique de la maladie hydatique dans les pays du Maghreb, l’hydatidose osseuse reste une affection rare (1 à 4%). La localisation costale reste exceptionnelle, représentant 0,18 à 1,21% de l’ensemble des localisations hydatiques [1,2]. Le diagnostic est souvent tardif par manque de spécificité et latence clinique qui caractérisent cette affection. Son évolution est insidieuse et son pronostic dépend de la qualité de la prise en charge médicochirurgicale et du suivi post-thérapeutique [2].   2. Cas clinique Patient âgé de 27 ans, d’origine rurale, agriculteur de profession, contact avec les chiens, opéré à l’âge de 10 ans pour un kyste hydatique pulmonaire sain, de siège lobaire moyen, par thoracotomie droite ; ayant eu un traitement conservateur par ponction, évacuation du kyste après protection du champ opératoire par une solution scolicide (sérum salé hypertonique), puis aveuglement de 3 fistules bronchiques et capitonnage de la cavité résiduelle, avec une bonne évolution clinicoradiologique. À l’âge de 20 ans, et lors d’un bilan de contrôle pour une douleur sourde de l’hypochondre droit, l’échographie de ce patient a mis en évidence la présence d’un kyste hydatique hépatique type II, qui a été pris en charge par une résection du dôme saillant par une incision sous-costale. Six ans plus tard, le patient se présente pour une tuméfaction pariétale basithoracique droite, d’évolution insidieuse pendant 6 mois, douloureuse à la palpation, rénitente [figure 1].   [caption id="attachment_4269" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Tuméfaction pariétale basithoracique droite.[/caption]   La radiographie thoracique face montre un aspect d’ascension de la coupole diaphragmatique droite, une soufflure et une érosion de l’arc latéral de la 8e cote [figure 2]. Le scanner thoracoabdominal objective un aspect de kyste hydatique pariétal thoracique de siège latérobasal droit, envahissant les parties molles et l’arc latéral de la 8e côte, sans atteinte hépatique [figure 3].   [caption id="attachment_4270" align="aligncenter" width="288"] Figure 2. Radiographie thoracique face montrant un aspect d’ascension de la coupole diaphragmatique droite, une soufflure et une érosion de l’arc latéral de la 8e cote.[/caption]   [caption id="attachment_4274" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Scanner thoracoabdominal montrant un aspect de kyste hydatique pariétal thoracique de siège latérobasal droit, de 5 cm de gros diamètre, envahissant les parties molles et l’arc latéral de la 8e côte, sans atteinte hépatique.[/caption]   Un traitement chirurgical radical a été réalisé : exérèse totale du kyste hydatique pariétal avec résection de l’arc latéral de la 8e côte et des muscles intercostaux voisins et lavage à l’eau oxygénée, le foie semblait être normal à l’exploration [figures 4, 5, 6]. Les suites postopératoires ont été simples. Un traitement médical antiparasitaire (albendazole à raison de 800 mg/J) pour une durée de 6 mois a été instauré. L’évolution était favorable avec un recul de 12 mois.   [caption id="attachment_4272" align="aligncenter" width="300"] Figures 4, 5. Exérèse totale du kyste hydatique pariétal emportant en monobloc l’arc latéral de la 8e côte et des muscles intercostaux voisins.[/caption]   [caption id="attachment_4273" align="aligncenter" width="245"] Figure 6. Pièce de résection chirurgicale.[/caption]   3. Discussion La maladie hydatique est l’une des plus importantes zoonoses présentes au Maroc. C’est une maladie parasitaire due au développement de la forme larvaire d’un ténia du chien (Echinococcus granulosus). C’est une affection cosmopolite qui frappe essentiellement les populations rurales des régions d’élevage des ovins : bassin méditerranéen, Australie et Amérique du Sud. Les localisations hépatiques et pulmonaires sont prédominantes. L’échinococcose osseuse reste rare et représente 1 à 4% des cas. Le siège costal est entre 0,18 et 1,21% [1-3]. La contamination osseuse est primitive, rarement secondaire, se faisant par voie hématogène, l’embryon hexacanthe passe du tube digestif dans le système porte et traverse successivement les filtres hépatique et pulmonaire avant de pouvoir se fixer dans le squelette, réalisant l’échinococcose osseuse primitive. Ceci explique la rareté des localisations osseuses par rapport à celles du foie et des poumons [1]. L’atteinte secondaire survient à la suite d’une rupture spontanée ou peropératoire d’un kyste hydatique pulmonaire ou médiastinal [1]. La membrane parasitaire repose directement sur le tissu osseux. Le développement d’Echinococcus granulosus se fait par bourgeonnement multidiverticulaire, à partir de la vésicule initiale, sans aucun enkystement, réalisant une infiltration microvésiculaire de l’os. Face à cette agression, l’os ne réagit pas. Il n’y a pas d’ostéocondensation ni de réaction périostée [4,5]. En raison de la lenteur de l’évolution de la maladie, la symptomatologie clinique est insidieuse et non spécifique, et le diagnostic est souvent tardif. Les symptômes sont variables. Les kystes hydatiques costaux peuvent se manifester par des douleurs thoraciques chroniques parfois légères et intermittentes, une tuméfaction pariétale de la région concernée, une fistule cutanée, des fractures costales pathologiques, ou même par des manifestations neurologiques type névralgie intercostale ou compression médullaire, surtout pour la localisation costovertébrale. La rupture du kyste peut entraîner une dissémination parasitaire dans les organes voisins et un choc anaphylactique [5]. Le bilan biologique est caractérisé par la présence d’une hyperéosinophilie. Les tests immunologiques : l’immunoglobuline E totale et spécifique (IgE), le dosage immunoenzymatique (ELISA), le Western Blot, l’immunoprécipitation, le test d’hémagglutination indirecte (IHT) sont positifs au stade d’invasion ou lorsque le kyste hydatique est remanié ou fissuré.  Ils permettent aussi le suivi post-thérapeutique. Un résultat négatif n’exclut pas le diagnostic [6]. La radiographie du thorax peut être aspécifique ou montrer une opacité arrondie ou polylobée, des lésions costales à type de soufflure, d’érosions ou de fractures. L’échographie thoracique est spécifique pour les collections liquidiennes avec décollement de membrane ou image kystique à tonalité hydrique cloisonnée, et elle permet aussi de rechercher d’autres localisations viscérales [7]. La tomodensitométrie est l’examen de choix car elle permet une analyse fine des lésions osseuses, d’étudier l’extension vertébrale, intracanalaire et aux parties molles des vésicules hydatiques [7,8]. Toutefois, l’imagerie par résonance magnétique prend sa place pour les kystes hydatiques costovertébraux, elle permet de mieux apprécier l’extension de la maladie hydatique aux structures avoisinantes, notamment les tissus mous et le rachis+++ [9]. Le diagnostic différentiel de la localisation costale des kystes hydatiques sur l’imagerie comprend les tumeurs osseuses malignes, en particulier les plasmocytomes, les métastases et les tumeurs bénignes, telles que les kystes anévrysmaux, les neurofibromes ou les tumeurs à cellules géantes. Malgré des techniques de laboratoire et d’imagerie avancées, dans certaines situations, un diagnostic précis ne peut pas être établi avant une intervention chirurgicale [1]. Le traitement de choix des formes osseuses est chirurgical et nécessite une résection d’emblée radicale complète quasi carcinologique de(s) côte(s) atteinte(s) et des muscles intercostaux voisins, tout en passant par des marges saines. En cas de résection costale étendue, l’utilisation d’un matériau prothétique pour combler le défect osseux est nécessaire [1,5,6]. Afin d’éviter la dissémination parasitaire en cas de rupture peropératoire du kyste, des agents scolicides, tels que le chlorure de sodium hypertonique ou l’eau oxygénée, doivent être appliqués sur le site opératoire [1]. Le traitement médical à base d’albendazol à la dose de 10–15 mg/kg/j pour une durée de 6-9 mois est utilisé en adjuvant à la chirurgie pour prévenir le risque élevé de récidive, en particulier dans les cas d’invasion osseuse, mais aussi pour les formes d’hydatidoses disséminées ou inopérables [1,2]. L’évolution du kyste hydatique à localisation costale est variable et dépend du geste chirurgical initial. Le risque de récidive augmente surtout en cas de résection incomplète [5]. Les complications liées à la chirurgie concernent principalement les fractures pathologiques, la surinfection, la fistulisation, l’atteinte vertébrale ou la compression médullaire [3,6]. Le traitement préventif demeure essentiel pour éviter les récidives et repose sur l’abattage des chiens errants, le dépistage des chiens parasités et l’éducation sanitaire des personnes exposées [9].   5. Conclusion L’hydatidose à localisation costale est une affection rare, caractérisée par une latence clinique. L’imagerie est essentielle au diagnostic et trouve sa place pour le bilan d’extension à l’os, au rachis et à la moelle épinière. Le traitement est chirurgical et doit être d’emblée radical pour éviter les récidives et les complications notamment neurologiques. Le meilleur traitement du kyste hydatique reste la prévention.   Références Roman A, Georgiu C, Nicolau D, Sabha W, Surariu M, Precup D. Cystic Hydatidosis of the Rib–Case Report and Review of the Literature. 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Maalej S, Belhabib D, Hantous S, et al. Hydatidose costo-vertébrale : intérêt de l'IRM. Rev Mal Respir 2003;20:614-7. Abi F, El Fares F, Khaiz D, Bouzidi A. Les localisations inhabituelles du kyste hydatique. J Chir 1989;126n5:307-312.   Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared.  Date de soumission : 07/09/2018. Acceptation : 19/11/2018    
mars 19, 2019
Cas clinique · Vol. 22 Décembre 2018

Localisation exceptionnelle du kyste hydatique cardiopéricardique au niveau des vaisseaux de la base du cœur avec rare association rénale

I. Maaroufi1*, Y. Moutakillah2, M. Drissi2, H.G. Abdedaim2, M. Aït Houssa2, A. Boulahya2 1. Service de chirurgie cardiovasculaire A, centre hospitalier Ibn Sina, Rabat, Maroc. 2. Service de chirurgie cardiovasculaire, hôpital militaire d’instruction Mohamed V, Rabat, Maroc. * Correspondance : ilham.maaroufi11@gmail.com   DOI : 10.24399/JCTCV22-4-MAA Citation : Maaroufi I, Moutakillah Y, Drissi M, Abdedaim HG, Aït Houssa M, Boulahya A. Localisation exceptionnelle du kyste hydatique cardiopéricardique au niveau des vaisseaux de la base du cœur avec rare association rénale. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2018;22(4). doi: 10.24399/JCTCV22-4-MAA   Résumé L’hydatidose est une pathologie rare, bien que la maladie sévisse de façon endémique dans certains pays, dont ceux du bassin méditerranéen. Elle reste inhabituelle dans les pays occidentaux développés. La localisation cardiaque est rare et la forme cardiopéricardique est la plus souvent rencontrée. Le siège du kyste hydatique au niveau des vaisseaux de la base du cœur reste exceptionnel. Nous rapportons l’observation d’un patient âgé de 58 ans, tabagique chronique, admis pour une douleur thoracique d’allures clinique et électrique coronarienne chez qui le diagnostic d’hydatidose cardiaque multifocale a été posé avec localisation exceptionnelle au niveau de l’aorte ascendante, secondaire à la rupture d’un kyste hydatique du ventricule gauche et rare association avec un kyste rénal. L’échocardiographie transthoracique est l’outil de choix pour le diagnostic et le suivi postopératoire. La tomodensitométrie et l’imagerie par résonance magnétique jouent un rôle important dans le diagnostic des formes atypiques et le bilan d’extension. La résection chirurgicale sous circulation extracorporelle avec clampage aortique est nécessaire pour éviter le risque de dissémination.   Abstract Hydatid disease is endemic in sub-tropical and tropical regions, including the Mediterranean basin, but remains uncommon in developed Western countries. Its cardiac localization is rare, and the cardio-pericardial is most frequently affected. Infestation of the vessels at the base of the heart is exceptionally rare. We report the case of a 58-year-old patient who was originally admitted for symptoms of coronary insufficiency. The patient, who was a chronic smoker, was diagnosed with multifocal cardiac development consisting of an exceptionally rare hydatid cyst on the aorta secondary to the rupture of a hydatid cyst on the left ventricle, with rare association with a renal hydatid cyst. Transthoracic echocardiography is typically used in the diagnosis and postoperative follow-up of hydatid disease. For the diagnosis of atypical cases, computed tomodensitometry and magnetic resonance imaging are powerful tools, and are useful for staging. Resection under cardiopulmonary bypass with aorta cross clamping is necessary when there is a risk of dissemination.   1. Introduction L’hydatidose est due au développement tissulaire de la forme larvaire d’Echinococcus Granulosus, parasite adulte de l’intestin grêle des canidés. Bien que rarement retrouvée dans les pays occidentaux développés, elle sévit de façon endémique dans le bassin méditerranéen, le Moyen-Orient, l’Amérique du Sud, l’Afrique et l’Australie [1]. La localisation cardiaque du kyste hydatique, souvent asymptomatique, reste rare : 0,03 à 1,1% des localisations de l’hydatidose selon l’Organisation mondiale de la santé [1,2]. Nous rapportons l’observation d’un patient âgé de 58 ans admis pour une douleur thoracique d’allure coronarienne et qui a présenté une localisation exceptionnelle du kyste hydatique au niveau de l’aorte secondaire à la rupture d’un kyste du ventricule gauche (VG), ainsi qu’une association rare avec une localisation rénale. Le but de ce cas clinique est de présenter un aspect exceptionnel de l’hydatidose, aussi bien dans sa localisation rare au niveau des vaisseaux de la base du cœur que dans son association rénale inhabituelle, notamment dans les pays occidentaux désormais exposés à cette pathologie en raison de la mondialisation et des flux migratoires de masse.   2. Observation Un patient âgé de 58 ans, tabagique chronique, a été admis pour douleur thoracique d’allure coronarienne. L’examen cardiovasculaire a retrouvé un assourdissement des bruits du cœur sans signes d’insuffisance cardiaque droite. L’examen abdominal a noté une masse au niveau du flanc droit. Le bilan biologique a décelé une hyper éosinophilie à 15%. L’électrocardiogramme a montré des troubles de repolarisation à type d’ischémie sous épicardique en territoire apicolatéral. L’échocardiographie transthoracique (ETT) a révélé la présence d’un processus tumoral multivésiculaire, d’aspect hydatique, siégeant au niveau de la paroi latérale du ventricule gauche, prenant toute l’épaisseur des segments moyen et apical. Des troubles de la contractilité de la région occupée par la masse ont été retrouvés ainsi qu’un épanchement péricardique de moyenne abondance. La tomodensitométrie thoraco-abdominale (TDM) a confirmé la présence d’un kyste hydatique fissuré sur la face latérale du VG et a révélé la présence d’un kyste rénal droit [figures 1,2]. [caption id="attachment_4189" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Kystes hydatiques des faces antérieure et latérale de l’aorte.[/caption] [caption id="attachment_4190" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Membranes proligères après évacuation du liquide hydatique.[/caption]   Ce patient a bénéficié d’une résection des kystes hydatiques sous circulation extracorporelle. À l’ouverture du péricarde, plusieurs kystes de petites tailles ont été retrouvés au niveau de la partie latérale droite de l’aorte ascendante [figure 3]. [caption id="attachment_4191" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Kyste latéro-VG fissure.[/caption]   Après clampage aortique, le liquide hydatique a été aspiré et du sérum salé hypertonique a été injecté. Les kystes et les dômes saillants ont été réséqués. D’autres kystes épicardopéricardiques de tailles variables retrouvés au niveau de la paroi latérale du VG, dont un mesurant 7-5 cm, ont été réséqués à la suite de l’aspiration du liquide hydatique, de l’injection intrakystique de sérum salé hypertonique et de l’ablation des vésicules filles et des membranes proligères. Du tissu périkystique fortement adhérant à la paroi latérale du VG a été respecté. Le péricarde a été soigneusement lavé avec une solution de peroxyde d’hydrogène. L’examen anatomopathologique a confirmé l’hydatidose. Les suites opératoires ont été simples. Le patient a été mis sous albendazole et transféré pour le traitement du kyste rénal et pour le suivi.   [caption id="attachment_4192" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Kyste rénal droit.[/caption]   3. Discussion Les larves de l’E. Granulosus arrivent au cœur par voie veineuse transhépatique, puis par le système cave. Elles parviennent à l’oreillette gauche en passant par un foramen ovale perméable ou en traversant le filtre pulmonaire. Elles arrivent au myocarde par la circulation coronaire. La croissance dans le myocarde est lente comparativement à celle dans le parenchyme pulmonaire. L’importante masse musculaire et la riche vascularisation du VG expliqueraient la fréquence de la localisation à son niveau. Son régime à haute pression est à l’origine du siège sous-épicardique et non sous-endocardique ou endocavitaire comme c’est le cas pour les kystes du ventricule droit où règne un régime à basse pression [1]. La localisation péricardique est secondaire à la rupture d’un kyste du VG ou par irritation directe du péricarde par les kystes sous-épicardiques [1]. Dans la littérature, l’atteinte hydatique au niveau des vaisseaux de la base du cœur est exceptionnelle. Dans notre cas, l’originalité est la localisation au niveau de l’aorte ascendante. Chez l’être humain, les organes les plus souvent atteints sont le foie et le poumon [2]. L’atteinte cardiaque est rare et le VG est la localisation la plus souvent rapportée (46%), suivie par le ventricule droit (21%), le septum interventriculaire (19,3%), l’oreillette droite (9,7%), l’oreillette gauche (1,6%) et le sinus de Valsalva (1,6%) [2]. Dans notre cas, la fissuration du kyste ventriculaire gauche est à l’origine de l’atteinte péricardique et de la racine de l’aorte par contiguïté. L’association avec la localisation rénale est également inattendue. Dans la littérature, l’hydatidose cardiaque, souvent isolée, peut s’associer à d’autres localisations, essentiellement hépatique et pulmonaire [1]. Nous pensons que les larves ont emprunté la circulation systémique pour arriver à l’artère rénale droite et se développer au niveau du rein droit. Leur développement au sein du rein était probablement concomitant à celui au niveau du VG, puis du péricarde et de la racine de l’aorte. La symptomatologie peut varier selon le nombre, la taille, le siège et l’intégrité des kystes [1]. Le tableau clinique peut prêter à confusion simulant comme dans notre cas un syndrome coronarien clinique et électrique chez un patient porteur de facteurs de risque cardiovasculaire, par compression des petites branches coronaires par le processus tumoral. Les complications peuvent être fatales, à type de syndrome ischémique et arythmies par compression des petits vaisseaux coronaires et du tissu de conduction, insuffisance cardiaque, embolie pulmonaire, systémique et choc anaphylactique par rupture intracardiaque des kystes, tamponnade par réaction exsudative du péricarde [1]. Il n’existe pas de test biologique spécifique de l’hydatidose cardiaque. Les tests sérologiques positifs représentent un signe de présomption d’hydatidose, des tests négatifs n’éliminant pas le diagnostic car certaines réponses immunitaires peuvent échapper à ces tests [1,4]. L’ETT, non invasive et facilement reproductible, reste un outil fiable de diagnostic des kystes hydatiques à aspect échocardiographique liquidien typique et pour le suivi postopératoire des patients [3,5]. L’imagerie en coupe (TDM et IRM) joue un rôle important dans le diagnostic des formations kystiques atypiques, les rapports avec les structures adjacentes et le bilan d’extension de la maladie hydatique au niveau de tous les organes [3]. La stratégie chirurgicale, voie d’abord et canulation, dépend de la localisation des kystes et des éventuelles associations pulmonaires [tableau 1]. Si la thoracotomie droite permet l’excision des kystes pulmonaires associés, la sternotomie reste la voie d’abord idéale car seule garante d’un bilan myocardique et péricardique complet. La résection chirurgicale du kyste hydatique cardiaque doit se faire sous circulation extracorporelle (CEC), en raison du grand risque de dissémination et d’embolie systémique. De plus, le clampage aortique permet une exploration optimale des cavités cardiaques. Certains auteurs préconisent le double clampage de l’aorte et de l’artère pulmonaire (en cas de kyste cardiaque droit) pour prévenir les redoutables complications emboliques systémiques et pulmonaires [5].   Tableau 1. Voies d’abord et traitement chirurgical selon la localisation des kystes.   AUTEUR   LOCALISATION DES KYSTES   TRAITEMENT   SUIVI M. KAPLAN 2001 Kystes de OG, OD et du VD, embolie pulmonaire. Sternotomie, CEC, cystectomie, artériotomie pulmonaire pour résection. Pas de récidive à un an. M. KAPLAN 2001 Kyste de la voie de chasse du VD. Sternotomie, CEC, cystectomie par ventriculotomie droite. Décès. A. ABID 2003 Kyste OD et pulmonaires bilatéraux. Thoracotomie antérolatérale droite, cystectomie par atriotomie droite et cystectomies pulmonaires Pas de récidive. A. ABID 2003 Kyste VD, du SIV et muscle papillaire tricuspide latéral. Sternotomie, CEC, cystectomie par ventriculotomie droite et réimplantation du muscle papillaire tricuspide latéral. Pas de récidive. F. SABZI 2015 Kyste thrombotique de l'apex du VG. Sternotomie, CEC, cystectomie par ventriculotomie associée à une thrombectomie. Pas de récidive à 6 mois. A. L'AARJE 2017 Kyste de la paroi libre du VD. Sternotomie, CEC, cystectomie. _   A. BOGDANOVIC 2017 Kyste péricardique en regard de la face latérale du VG. Thoracotomie antérieure, cystectomie. Pas de récidive à un an. I. MAAROUFI 2017 Multiples kystes cardiopéricardiques et au niveau de la face antérolatérale de l'aorte. Sternotomie, CEC, cystectomies. Pas de récidive à un an. OD : oreillette droite, OG : oreillette gauche, VD : ventricule droit, VG : ventricule gauche, CEC : circulation extracorporelle, SIV : septum interventriculaire. 4. Conclusion Malgré sa rareté, l’hydatidose cardiaque, désormais retrouvée dans tous les pays du monde en raison d’une circulation mondiale plus facile des personnes, est un diagnostic qu’il faut évoquer devant un tableau clinique déroutant. L’ETT garde une place de choix dans le diagnostic et le suivi postopératoire en raison de son innocuité, de sa facilité d’utilisation et de son coût faible. La TDM et l’IRM permettent de conforter le diagnostic mais présentent des limites. La résection des kystes sous CEC avec clampage aortique est indiquée pour des raisons de sécurité et pour se mettre à l’abri de toute dissémination et embolie systémique [5].   Références Yasim A, Ustunsoy H, Gokaslan G, Hafız E, Arslanoglu Y. Cardiac Echinococcosis: A Single-Centre Study with 25 Patients. Heart, Lung and Circulation 2017;26(2):157–163. https://doi.org/10.1016/j.hlc.2016.05.122 PMid:27526976 Oncel D, Oncel G. A rare right atrial mass: Hydatid cyst. European Journal of Radiology Extra 2007;61(3)87–90. https://doi.org/10.1016/j.ejrex.2006.12.006 Kar SK, Ganguly T. Current concepts of diagnosis and management of pericardial cysts. Indian Heart Journal 2017;69(3):364–370. https://doi.org/10.1016/j.ihj.2017.02.021 PMid:28648435 PMCid:PMC5485391 Naeem SN, Burhan H, Khan G. Hydatid cyst of the cardiac interventricular septum. Asian Cardiovascular & Thoracic Annals 2013;11:23(3). Ben Jmaa H, Abdennadher M, Dammak A, Kallel S, Abid L, Msaad S, Masmoudi S, Frikha I. Traitement chirurgical d'un kyste hydatique du septum inter-auriculaire. Journal de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire 2012;16(2):118-120. Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 30/05/2017. Acceptation : 24/09/2018.   
décembre 3, 2018
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Abstracts 2017

T-33 – Traitement chirurgical du kyste hydatique du poumon : quelle est la stratégie chirurgicale optimale ?

Rachid Marouf, Ihssan Alloubi Service de chirurgie thoracique, CHU Mohammed-VI, Oujda, Maroc   Objectif : L’échinococcose humaine est une zoonose transmise à l’homme par l’animal. Causée par des parasites, les ténias du genre Echinococcus, c’est une maladie endémique au Maroc. Elle sévit dans les régions rurales où l’élevage des ovins et caprins est répandu, et constitue un véritable problème de santé publique. L’objectif de notre travail est d’analyser le rôle du traitement chirurgical dans la prise en charge du kyste hydatique pulmonaire, ainsi que les différentes techniques chirurgicales, et d’évaluer l’incidence des complications postopératoires. Méthode : Nous rapportons les résultats chirurgicaux d’un travail rétrospectif sur l’atteinte pulmonaire par la maladie hydatique à propos de 120 cas colligés au centre hospitalier universitaire d’Oujda, Maroc, entre janvier 2010 et décembre 2016. Résultat : La moyenne d’âge est de 38 ans. On notait une prédominance masculine avec un sexe ratio de 1,5. Le bilan radiologique a montré plusieurs aspects de kystes. La forme la plus fréquemment rencontrée était celle du kyste hydatique simple, soit 81 lésions. Le kyste hydatique était rompu ou fissuré dans 39 lésions. La localisation droite était la plus fréquente (58 % des cas). Le traitement conservateur représente 94,17 % des cas, une ponction évacuation avec capitonnage a été réalisée dans 102 cas (85 %), une péri-kystectomie dans 7 cas (5,83 %) et une énucléation selon la technique d’Ugon dans 4 cas (3,34 %). Par ailleurs, un traitement radical basé sur une résection réglée n’a été réalisé que dans 7 cas (5,83 %). Le pronostic a changé au cours des dernières années, et les résultats sont maintenant communément satisfaisants. Les complications les plus fréquentes sont l’atélectasie et la pneumopathie postopératoire. La mortalité opératoire n’excède pas 1 %. Conclusion : Le traitement du kyste hydatique pulmonaire est essentiellement chirurgical. La prophylaxie est nécessaire pour l’éradication complète de cette maladie.     Surgical treatment of the hydatid cyst of the lung: what is the optimal surgical strategy?   Objectives: Human echinococcosis is a parasitic disease caused by tapeworms of the genus Echinococcus. It is an endemic disease in Morocco. It is rampant in rural areas where ovine and caprine breeding is widespread, and constitutes a real public health problem. The objective of our work is to analyze the role of surgical treatment in the management of the pulmonary hydatid cyst, the different surgical techniques and to evaluate the incidence of postoperative complications. Methods: We retrospectively analyzed 120 patients with lung hydatid cysts collected at the university hospital center of Oujda, Morocco, between January 2010 and December 2016 Results: The average age is 38 years, there is a male predominance with a sex ratio of 1.5, There are a variety of radiographic images, A simple cyst was the most commonly observed lesion (81 cysts). Complicated forms were noted in 39 cases. The right lung was more frequently affected than the left (58%). Conservative treatment accounted for 94.17% of cases, Cystotomy and capitonnage were carried out in 102 cases (85%), peri-kystectomy in 7 cases (5.83%), and cyst removal with capitonnage by Ugon’s method In 4 cases (3.34%). However, radical treatment was carried out in only 5.83% of our interventions. The prognosis has changed during the last few years, and results are now commonly satisfactory. The most frequent complications are postoperative atelectasis and pneumonia. Operative mortality does not exceed 1%. Conclusion: The treatment of the pulmonary hydatid cyst is essentially surgical. Prophylaxis is necessary to eradicate the disease completely.   Séance : Posters thoracique 1 - vendredi 9 juin - 12:15-13:45
mai 24, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Abstracts 2017

T-32 – Étude analytique des facteurs de risque après chirurgie du kyste hydatique du poumon : à propos de 271 cas

Zied Chaari, Abdesslem Hentati, Walid Abid, Ben Hlima Ghassen, Elleuch Nizar, Imed Frikha Service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire, CHU Habib-Bourguiba, Sfax, Tunisie   Objectif : Le traitement chirurgical du kyste hydatique du poumon (KHP) est corrélé à une morbi-mortalité de 10 à 20 %. Les facteurs de risques ont été peu étudiés dans la littérature. Méthode : À travers une étude rétrospective et analytique, nous avons étudié les facteurs de mortalité et de morbidité après chirurgie des KHP, sur une période totale de 10 ans (entre janvier 2005 et décembre 2015). Résultat : Deux-cent-soixante et onze patients ont été opérés pour KHP, avec un sexe ratio de 0,77 et un âge moyen de 32 ans. Le traitement du KHP a inclus une kystectomie (76,4 %) et un capitonnage de la cavité résiduelle (78 %). Les suites opératoires étaient compliquées dans 17 % des cas : bullage prolongé (6 %), empyème (5 %), atélectasie (3 %), hémorragie (1,5 %). Sept patients sont décédés, soit un taux de mortalité globale de 2,6 %. Les facteurs de risque de morbidité ont été : tabac (p = 0,01), non-protection du champ opératoire (p < 0,001), non-traitement de la cavité résiduelle (p = 0,001), nombre de kystes > 5 (p = 0,019), présence de pachypleurite (p < 0,001), réalisation de décortication (p < 0,001), durée de drainage > 7 jours (p < 0,001), et la présence d’épanchement pleural associé (p < 0,001). Les facteurs de mortalité ont été : rupture dans la plèvre (p = 0,002), nombre de kystes > 5 (p < 0,001), score ASA ≥ 3 (p < 0,001), score PS ≥ 2 (p < 0,001) et diabète (p = 0,023). Conclusion : La connaissance des facteurs de risque de complications après chirurgie de KHP permettrait une meilleure prise en charge postopératoire des patients.     Analytical study of risk factors of hydatid cyst after lung surgery: about 271 cases   Objectives: Surgical treatment of hydatid cyst of the lung (KHP) is correlated with morbidity and mortality from 10 to 20%. Risk factors have been little studied in literature. Methods: Through a retrospective and analytical study, we studied the factors of mortality and morbidity after surgery KHP, over a total period of 10 years (between January 2005 and December 2015). Results: Two hundred and seventy patients were operated for KHP, with a sex ratio of 0.77 and an average age of 32 years. Treatment of KHP included cystectomy (76.4%), and padding of the residual cavity (78%). The postoperative course was complicated in 17% of cases: prolonged bubbling (6%), empyema (5%), atelectasis (3%), hemorrhage (1.5%). Seven patients died either with an overall mortality rate of 2.6%. Morbidity risk factors were: Tobacco (p=0.01), non-protection of the operating field (p<0.001), non-treatment of the residual cavity (p=0.001), cyst number >5 (p=0.019) , presence of pleural thickening (p<0.001), achieving decortication (p<0.001), drainage duration >7 days (p<0.001) and the presence of associated pleural effusion (p<0.001). Mortality factors were: rupture in the pleura (p=0.002), number of cysts >5 (p<0.001), ASA score ≥3 (p<0.001), PS score ≥2 (p<0.001) and diabetes (p=0.023). Conclusion: Knowledge of the risk factors for complications after surgery KHP would take better post-operative care of surgical patients.   Séance : Posters thoracique 1 - vendredi 9 juin - 12:15-13:45
mai 24, 2017
Chirurgie cardiaque · Vol. 21 Abstracts 2017

C-56 – Les facteurs prédictifs de morbi-mortalité après chirurgie du kyste hydatique du foie ouvert dans le thorax

Hazem Zribi, Amina Abdelkbir, Sami Sassi, Mahdi Abdennadher, Sarra Zairi, Adel Marghli Service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire, hôpital Abderrahmen-Mami, Ariana, Tunisie   Objectif : Le kyste hydatique (KH) reste un problème majeur de santé qui sévit à l’état endémique sous nos cieux. Les complications constituent un motif de consultation fréquent et nécessitent une prise en charge différente avec un taux élevé de morbi-mortalité. Le but de notre travail était de rapporter les particularités de la prise en charge des KH du foie ouverts dans le thorax ainsi que les facteurs de morbi-mortalité afin d’améliorer les suites opératoires et d’éviter les récidives à long terme. Méthode : De janvier 1992 à décembre 2016, nous avons pris en charge 86 kystes hydatiques du foie ouverts dans le thorax. L’étude était rétrospective et les facteurs de morbidité et de mortalité ont été analysés par une étude multivariée. Résultat : Cette complication touchait essentiellement des femmes jeunes (54,6 %) avec un sex-ratio de 0,8 et un âge moyen de 48 ans (13 à 85). Dix-neuf patients (22,1 %) ont été admis en urgence. La symptomatologie était dominée par les douleurs thoraciques dans 58 cas (67,4 %), la toux (n = 25 [29,06 %]), la dyspnée (n = 37 [43,02 %]) et la fièvre (n = 47 [54,65 %]). Le geste chirurgical principal était la kystectomie associée à un lagrot sur le foie dans 50 cas. Deux patients ont eu une segmentectomie, 2 une bilobectomie et 12 ont eu une lobectomie. Vingt-trois patients ont eu une décortication. La mortalité globale était de 3,48 % alors que la morbidité était de 23,5 %. Les facteurs prédictifs de morbidité étaient essentiellement l’âge avancé (p = 0,03), les kystes de plus de 7 cm (p = 0,04), les kystes à contenu bilieux (p = 0,03), les kystes de type II, III et IV dans la classification échographique (p = 0,02), les patients opérés tardivement par rapport à la rupture (p = 0,04) et les patients qui ont eu une décortication ou un geste de résection associé (p = 0,01). Conclusion : Le KH du foie ouvert dans le thorax constitue une complication majeure de la maladie hydatique avec une morbi-mortalité qui n’est pas négligeable, liée essentiellement au type du kyste et à la prise en charge. Une meilleure connaissance des facteurs prédictifs permettrait au chirurgien de choisir la technique la plus appropriée pour diminuer la morbi-mortalité.     Predictive factors of morbidity and mortality after surgical treatment of hepatic hydatid cyst with rupture into thorax   Objectives: Hydatid disease remains a serious health problem in Mediterranean countries. Complicated forms are frequent and require a complex management with significant morbidity and mortality rates. Thoracic rupture of hydatid liver cyst is rare and a lifethreatening complication. The purpose of this work was to report the specific management of hydatid cyst of the liver with thoracic involvement and specify morbidity and mortality factors in order to improve postoperative course and avoid long-term recurrences. Methods: This is a retrospective study extending over a period of 24 years from 1 January 1992 to December 2016 and investigating cases with hydatid cysts of the liver with thoracic rupture, treatment modalities, and factors of morbidity and mortality analyzed by a multivariate analytical study. Results: Forty seven women and 39 men with a sex ratio of 0.8, the mean age was 48 years with the age ranging from 13 to 85 years . nineteen patients (22.1%) were admitted in emergency. The most common symptom was chest pain occurring in 58 cases (67.4%); the other findings were cough-sputum [n:25 (29.06%)], dyspnea [n:37 (43.02%)] and fever [n:47 (54.65%)]. The main pocedure was kystectomy with “Lagrot” on the liver in 50 case. Two patients underwent segmentectomy, two bilobectomy et 12 underwent lobectomy. Twenty three patients had a decortication. The overall mortality rate was 3.48% while the overall morbidity rate was 23.5%. Predictors of morbidity included advanced age (p=0.03), cysts larger than 7 cm (p=0.04), cysts with bilious contents (p=0.03), type II, III and IV on ultrasound classification (p=0.02) and patients operated lately (p=0.04), patients who underwent decortication or lobectomy (p=0.01). Conclusion: The hepatic hydatid cyst with rupture into thorax is a major complication of the hydatid cyst with a high morbidity and mortality. A better understanding of the predictive factors allows the surgeon to choose the appropiate surgical technique that is associated with less morbidity.   Séance : Posters cardiaque 2 - vendredi 9 juin - 12:15-13:45
mai 24, 2017