Cas clinique · Vol. 21 Juin 2017

Les tumeurs neuroblastiques du médiastin de l’adulte : à propos de 2 cas

Ibrahim Issoufou1*, Layla Belliraj1, Sani Rabiou1, Fatmazahra Ammor1, Hicham Harmouchi1, Marouane Lakranbi1, Rachid Sani2,3, Yassine Ouadnouni1˒4, Mohamed Smahi1 Service de chirurgie thoracique, CHU Hassan II, Fès, Maroc. Service de chirurgie générale, HNN, Niamey, Niger. Faculté des sciences de la santé, université Abdou Moumouni, Niamey, Niger. Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, faculté de médecine et de pharmacie, Fès, Maroc. ⃰ Correspondance : alzoumib84@gmail.com DOI : 10.24399/JCTCV21-2-ISS Citation : Issoufou I, Belliraj L, Rabiou S, Ammor F, Harmouchi H, Lakranbi M, Sani R, Ouadnouni Y, Smahi M. Les tumeurs neuroblastiques du médiastin de l’adulte : à propos de 2 cas. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(2). doi: 10.24399/JCTCV21-2-ISS Résumé Les tumeurs des ganglions du système nerveux autonome sont des tumeurs essentiellement de l’enfant. Il s’agit du ganglioneurome, du ganglioneuroblastome et du neuroblastome. Ce dernier constitue la forme la plus maligne et sa prise en charge n’est pas encore codifiée. Chez l’adulte, ils restent exceptionnels. À travers deux observations de ganglioneurome et de neuroblastome, nous décrirons les variétés cliniques et paracliniques de ces tumeurs ainsi que les possibilités thérapeutiques et le pronostic de ces entités rares de l’adulte.   Abstract Neuroblastic tumors of the mediastinum in adults: a review of two cases Tumors of the ganglia of the autonomic nervous system are usually found in adolescents, and include ganglioneuroma, ganglioneuroblastoma and neuroblastoma. The latter is the most malignant and its management has not been codified. Neuroblastomas are relatively uncommon in adults. By observing single cases of ganglioneuroma and neuroblastoma, we describe the clinical and paraclinic types of these tumors, and therapeutic possibilities and prognosis. 1. Introduction Les tumeurs des ganglions du système nerveux autonome sont des tumeurs essentiellement de l’enfant [1]. Le Pediatric Oncology Group (POG) en distingue 3 types constituant un continuum anatomopathologique. Il s’agit du ganglioneurome, du ganglioneuroblastome et du neuroblastome [2]. Leur pronostic varie en fonction de la composition de la tumeur en cellules matures et de leurs degrés de différenciation. Le neuroblastome constitue la forme la plus maligne et sa prise en charge n’est pas encore codifiée. Chez l’adulte, ils restent exceptionnels. À travers deux observations de ganglioneurome et de neuroblastome, nous décrirons les variétés cliniques et paracliniques de ces tumeurs ainsi que les possibilités thérapeutiques et le pronostic de ces entités rares de l’adulte.   2. Observation 1 Patient de 41 ans sans antécédent notable consultant pour une symptomatologie évoluant depuis 6 mois associant dyspnée stade Sadoul I et douleurs thoraciques. Le patient est en bon état général. Une opacité paratrachéale cervicothoracique ronde et bien limitée est visualisée sur la radiographie thoracique [figure 1]. Il n’y avait pas de lyse costale, ni d’épanchement pleural homolatéral, ni d’ascension de la coupole diaphragmatique droite.   [caption id="attachment_3696" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Opacité paratrachéale droite arrondie avec signe cervicothoracique positif.[/caption]   [caption id="attachment_3697" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Masse extraparenchymateuse de la gouttière costovertébrale mesurant 8,5 x 5 x 3,5 cm.[/caption] Une masse extrapleurale de densité liquidienne sans rehaussement après injection de produit de contraste située dans la gouttière costovertébrale de T2 à T4 (8,5 x 5 x 3,5 cm) est visualisée sur la tomodensitométrie [figure 2]. Une IRM [figure 3] réalisée a montré une lésion tissulaire sans extension au canal rachidien.   [caption id="attachment_3698" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Lésion tissulaire sans extension au canal rachidien.[/caption]   Le diagnostic d’une tumeur nerveuse du médiastin postérieur a été retenu. Une thoracotomie postérolatérale droite à travers le 5e espace intercostal et conservatrice du muscle grand dorsal a été réalisée. L’exploration a trouvé une tumeur médiastinale postérieure aux dépens de la chaîne sympathique thoracique. Une exérèse tumorale complète a été réalisée. Les résultats anatomopathologiques sont en faveur d’un ganglioneurome. Il s’agissait d’une prolifération tumorale bien limitée par endroit par une capsule fibreuse. Elle était faite de cellules fusiformes disposées en faisceaux courts entrecroisés, leurs noyaux étaient fusiformes d’aspect sinueux et formaient parfois des aspects palissadiques. Il s’y associait des cellules ganglionnaires de grande taille au cytoplasme abondant éosinophile, au noyau central régulier avec nucléole proéminent d’aspect caractéristique. Les suites opératoires étaient simples, le patient était sorti à J+4. Le suivi pendant 20 mois n’avait pas objectivé de récidive ni de métastase.   3. Observation 2 Un patient de 28 ans, sans antécédents pathologiques notables, consultait pour des douleurs thoraciques droites isolées évoluant depuis 2 semaines. La radiographie thoracique [figure 4] montrait une volumineuse opacité occupant la presque totalité de l’hémichamp thoracique droit de contours nets, sans épanchement pleural ni lyse costal en regard. La TDM thoracique [figure 5] a mis en évidence une volumineuse tumeur de la gouttière costovertébrale droite calcifiée, refoulant le poumon et les structures médiastinales sans les envahir, et une composante à développement extrathoracique. Il n’y avait pas d’adénopathies médiastinales.   [caption id="attachment_3699" align="aligncenter" width="276"] Figure 4. Opacité occupant la presque totalité de l’hémichamp thoracique droit.[/caption]   [caption id="attachment_3700" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. Volumineuse masse de la gouttière costovertébrale droite calcifiée refoulant le poumon et les structures médiastinales sans les envahir, associée à une composante exothoracique.[/caption]   Un bilan d’extension comprenant une TDM cérébrale, abdominale et pelvienne était réalisé mais n’a pas objectivé de localisation secondaire. La décision d’une exérèse chirurgicale a été retenue. Une thoracotomie postérolatérale droite passant par la 5e côte réséquée a été réalisée. L’exploration trouvait une volumineuse tumeur de la gouttière costovertébrale refoulant le poumon en avant sans l’envahir, à point de départ intercostal, associée à une seconde tumeur à développement endo et extrathoracique au travers du 7e espace intercostal. Une exérèse complète de la volumineuse tumeur a été réalisée mais persistait un doute sur un prolongement endocanalaire à travers le trou de conjugaison de T7 repéré aux clips radio-opaques. Une deuxième exérèse complète de l’extension exothoracique a été réalisée emportant l’arc postérieur de la 7e cote et l’espace intercostal correspondant. L’exploration trouvait en outre des nerfs intercostaux hypertrophiés. Les résultats anatomopathologiques sont en faveur d’un neuroblastome. Il s’agissait d’une prolifération tumorale bien limitée par une capsule fibreuse. Les cellules tumorales sont arrondies, à cytoplasme peu abondant et à noyau arrondi, hyperchromatique et un nucléole peu visible. Dans certains foyers on notait la présence de cellules ganglionnaires. Il s’y associe une composante schwanienne ne dépassant pas 30 % de l’ensemble de la surface tumorale. Des remaniements hémorragiques, nécrotiques et calciques sont également notés. À l’immunohistochimie, les cellules tumorales exprimaient les anticorps neuroendocrines, à savoir l’anticorps anti-CD56, antisynaptophysine et antichromogranine. Le tissu osseux était indemne de toute prolifération tumorale. Une scintigraphie osseuse au technétium 99 et une IRM médullaire ont été réalisées en postopératoire. L’IRM montrait un prolongement endocanalaire, tandis que la scintigraphie osseuse a montré une hyperfixation intense intéressant le corps vertébral de D8 évoquant une métastase. Une biopsie osseuse sur D8 a ainsi été réalisée. Les résultats anatomopathologiques sont en faveur d’une localisation secondaire du neuroblastome. Une nouvelle TDM cérébrale, thoracique abdominale et pelvienne a été réalisée, montrant une récidive locale du neuroblastome associée à des localisations pleurales bilatérales et pulmonaire, ainsi qu’une nouvelle lésion hépatique d’allure secondaire sans adénopathies médiastinales. Le dossier discuté en RCP d’oncologie thoracique, la décision d’une chimiothérapie adjuvante a été retenue. Mais l’état général du patient s’est rapidement dégradé puis son décès est survenu avant le début du traitement adjuvant.   4. Discussion Le ganglioneurome, le ganglioneuroblastome et le neuroblastome sont des tumeurs naissant dans le système nerveux sympathique et provenant des cellules de la crête neurale [3]. Ils se développent le long de l’axe des ganglions sympathiques s’étendant du cou à la région pelvienne. Selon le POG, le ganglioneurome est défini par la présence de gangliocyte et d’un stroma mature, faisant de lui une tumeur bénigne [1]. Il peut naître de novo ou provenir d’une différenciation d’un neuroblastome ou d’un ganglioneuroblastome induite par une radio ou une chimiothérapie [4]. Il se localise dans le médiastin postérieur dans 40 % des cas [5]. Le ganglioneuroblastome lui est constitué de gangliocytes et de neuroblastes immatures, d’où sa malignité intermédiaire. Le neuroblastome quant à lui est très indifférencié et constitué uniquement de neuroblastes immatures [1]. C’est en 1863 que Virchow en fit la première description. Il s’agit d’une tumeur de haut grade de malignité. Les sites de prédilection par ordre décroissant sont les glandes surrénales dans 35 % des cas, le reste du rétropéritoine dans 30 à 35 % et le médiastin postérieur dans 20 % [3]. Sa fréquence diminue avec l’âge. Plus de 90 % des patients sont âgés de moins de 6 ans d’où sa rareté chez l’adulte [6]. La particularité de la localisation chez l’adulte est le risque plus élevé de métastase cérébrale et pulmonaire, une moindre extension médullaire et un pronostic particulièrement sombre [7]. Ce qui ne fut pas le cas chez notre patient qui a présenté une extension endocanalaire. Les tumeurs neuroblastiques bénignes peuvent rester asymptomatiques de révélation tardive ou de découverte fortuite, tandis que les formes malignes du fait de leur agressivité sont symptomatiques. Plus des 2/3 des patients sont métastatiques au moment du diagnostic [3]. Les signes cliniques sont liés à la compression locorégionale ou à l’extension métastatique. Chez notre patient la douleur thoracique était le seul signe révélateur. Une toux sèche, une dyspnée ou un syndrome de Claude Bernard-Horner peuvent également être retrouvés. Des syndromes paranéoplasiques ont été décrits tel le syndrome opsomyoclonique (ataxie, myoclonies lors des mouvements volontaires et secousses oculaires) ou une diarrhée aqueuse liée à la sécrétion tumorale de la VIP (Vaso-Active Intestinal Peptide) [3]. Dans les formes malignes comme bénignes, le bilan paraclinique comporte des examens biologiques et d’imagerie. Ces bilans biologiques comporteront d’abord une numération formule sanguine à la recherche d’une anémie ou d’une thrombopénie. Ces derniers seraient le témoin d’un envahissement médullaire. Puis le dosage urinaire des métabolites des catécholamines. Il s’agit de l’acide vanylmandélique (VMA) et homovanillique (HVA) dans les urines de 24 heures. Certains auteurs rapportent une valeur pronostique du rapport VMA/HVA. Un ratio supérieur à 1 serait témoin d’un pronostic favorable [3]. L’imagerie permet de localiser la tumeur et d’étudier ses rapports avec les structures adjacentes et de faire le bilan d’extension. La radiographie thoracique face/profil constitue le premier examen demandé et permet de préciser une opacité médiastinale postérieure avec parfois des signes de malignité tel une lyse costale ou un épanchement pleural associé. La TDM thoracique injectée permet de mieux caractériser cette opacité en précisant ses mensurations, la présence de calcifications, ces rapports avec les organes de voisinage et les vaisseaux ; elle recherche également la présence d’adénopathies. Bien que le scanner permette de suspecter une extension médullaire rachidienne, l’IRM reste l’examen de choix. Il apparaît un hyposignal relatif en T1 et un hypersignal en T2 de la moelle osseuse avec le classique aspect en sablier [8]. Cette IRM permet également d’éliminer les autres diagnostics différentiels des masses médiastinales postérieures, notamment une méningocèle ou un diverticule œsophagien, d’autant plus que la lésion est du côté droit. Chez nos patients, ce couple TDM-IRM thoracique a permis d’établir un bilan exhaustif de la tumeur, de même que le bilan d’extension. Ce dernier comportera aussi, dans les formes malignes, une scintigraphie au MIBG (méta-iodo-benzylguanidine). Elle permet de réaliser une véritable cartographie de la tumeur, toute fixation osseuse étant anormale [8]. Elle se base sur la concentration du MIBG dans les granules sécrétoires. Ainsi lorsque la tumeur est sécrétante (ce qui est le cas de près de 95 % des neuroblastomes mais moindre pour les ganglioneuromes), sa spécificité diagnostique rapproche les 100 % tandis qu’elle est de 90 % pour la détection des métastases [8]. Mais lorsque la tumeur ne fixe pas le MIBG, une scintigraphie osseuse au technétium 99 est réalisée pour la recherche de métastase osseuse. Cette dernière a permis chez notre patient de préciser une localisation osseuse secondaire sur D8. Cette scintigraphie doit être systématique et précéder toute chirurgie de résection. Les résultats du PET scan seraient comparables à ceux de la scintigraphie au MIBG ou légèrement supérieurs dans la détection des lésions primitives et des localisations secondaires [9]. Dans notre pratique, le bilan d’extension comportait une TDM cérébrale, abdominale et pelvienne, une IRM médullaire et une scintigraphie osseuse au technétium 99. Ce bilan doit être la pierre angulaire de la démarche diagnostique afin de déterminer la meilleure approche thérapeutique. La chirurgie reste la seule pratique curative de ces tumeurs nerveuses médiastinales. L’indication chirurgicale est retenue d’emblée devant la résécabilité de la tumeur et l’absence de métastase. Ce qui était le cas de nos deux patients malgré un volume tumoral important dans le cas du neuroblastome. Ainsi, à l’issue des résultats de la chirurgie et en fonction de la clinique et du bilan d’extension, le neuroblastome sera classé en fonction de l’International Neuroblastoma Staging System (INSS) [3]. Chez notre patient, la suspicion d’une extension endocanalaire a permis de classer la tumeur au stade IIA en postopératoire immédiat puis en stade IV après la mise en évidence de métastase à distance. L’association radiochimiothérapie semble améliorer le pronostic de ces patients, qui, malgré tout, reste péjoratif avec une survie à 3 ans de 15 % [3].   5. Conclusion Les tumeurs des ganglions sympathiques du médiastin sont des tumeurs rares de l’adulte. Leur prise en charge est essentiellement basée sur l’exérèse chirurgicale complète dans les formes localisées et constitue le seul garant d’un bon pronostic. Les formes malignes très agressives nécessitent un bilan d’extension exhaustif avant toute décision thérapeutique. La présence de métastases à distance au moment du diagnostic dans la majorité des cas de ces tumeurs sont responsables d’un pronostic très péjoratif.   Références Mordant P, Le Pimpec-Barthes F, Riquet M. Tumeurs nerveuses du médiastin de l'adulte. Rev Pneumol clin 2010;66:81-94. https://doi.org/10.1016/j.pneumo.2009.12.010 PMid:20207300 Joshi VV, Canfor AB, Attshuter G et al. Recommendations for modification of terminology of neuroblastic tumors and prognostic significance of Shimada classification. Cancer 1992;69:2183-2196. https://doi.org/10.1002/1097-0142(19920415)69:8<2183::AID-CNCR2820690828>3.0.CO;2-C Lonergan GJ, Schwab CM, Suarez ES et al. Neuroblastoma, ganglioneuroblastoma, and ganglioneuroma: radiologic-pathologic correlation. Radiographics 2002;22:911-34. https://doi.org/10.1148/radiographics.22.4.g02jl15911 PMid:12110723 Lin PC, Lin SH, Chou SH et al. Ganglioneuroma of posterior mediastinum in a 6-year-old girl: imaging for pediatric intrathoracic incidentaloma. Kaohsiung J Med Sci 2010;26:496-501. https://doi.org/10.1016/S1607-551X(10)70078-4 Hayat J, Ahmed R, Alizai S, et al. Giant ganglioneuroma of the posterior mediastinum. Interact Cardiovasc Thorac Surg 2011;13:344-345. https://doi.org/10.1510/icvts.2011.267393 PMid:21693453 Plantaz D, Pasquier D, Dyon JF et al. Neuroblastomes : aspects cliniques, biologiques et thérapeutiques actuels. Médecine nucléaire–Imagerie fonctionnelle et métabolique 2001;25:207-212. Franks LM, Bollen A, Seeger RC et al. Neuroblastoma in adults and adolescents an indolent course with poor survival. Cancer 1997;79:2028-35. https://doi.org/10.1002/(SICI)1097-0142(19970515)79:10<2028::AID-CNCR26>3.0.CO;2-V Aloui-Kasbi N, Felah S, Bellagha I et al. Le neuroblastome : apport de l'imagerie. Journal de pédiatrie et de puériculture 2004;17:28-33. https://doi.org/10.1016/j.jpp.2003.11.002 Kushner BH, Yeung HWD, Larson SM et al. Extending positron emission tomography scan utility to high-risk neuroblastoma: fluorine-18 fluorodeoxyglucose positron emission tomography as sole imaging modality in follow-up of patients. J Clin Oncol 2009 Mar 1; 27(7): 1041–1046. https://doi.org/10.1200/JCO.2008.17.6107 PMid:19171710 PMCid:PMC2667809 Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 20/12/2016. Acceptation : 28/02/2017.   
juin 2, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Abstracts 2017

T-09 – Intérêt du curage ganglionnaire dans la chirurgie d’exérèse des adénocarcinomes pulmonaires « en verre dépoli » : à propos d’une série de 192 cas

Youcef Lounes, Jean-Philippe Berthet, Charles-Henri Marty-Ane Service de chirurgie vasculaire et thoracique, hôpital universitaire Arnaud-de-Villeneuve, Montpellier   Objectif : Les nodules en verre dépoli purs et mixtes représentent une part de plus en plus importante des résections pulmonaires pour cancer. Le curage systématique est débattu pour ces lésions sans recommandations établies à ce jour. L’objectif était d’évaluer l’intérêt du curage ganglionnaire à partir des résultats du curage systématique dans la chirurgie d’exérèse de nodules en verre dépoli purs et mixtes. Méthode : Une étude monocentrique, rétrospective a été réalisée dans notre centre. Tous les patients ayant bénéficié d’une résection pulmonaire pour un nodule en verre dépoli pur ou mixte de 2005 à 2015 ont été inclus. Les lésions étaient classées en 3 catégories : verre dépoli pur (VDP), verre dépoli mixte avec partie en verre dépoli > 50 % (VDP > 50 %) et verre dépoli < 50 % (VDP < 50 %). Une comparaison de la survenue d’événements entre les patients avec et sans curage a été réalisée. Résultat : 192 patients ont été inclus, 172 avaient bénéficié d’un curage ganglionnaire. La moyenne d’âge était de 62,5 ± 10,4 ans, dont une majorité de femme : 58 % (n = 113) ; 69 % des patients avaient un antécédent de tabagisme. La majorité des lésions étaient des VDP (54 % n = 105). La taille moyenne était de 19,8 ± 13,1 mm. Cent quarante-sept (76,5 %) lobectomies, 33 résections atypiques (17,1 %) et 12 segmentectomies (6,2 %) ont été réalisées. Tous les curages étaient négatifs N0 = 100 % (n = 172). La mortalité opératoire était de 0 % (n = 0). La médiane de suivi était de 46,5 mois (21,4-65,7). La survie globale à 5 ans était de 94,6 %. Il n’y avait pas de différence en terme de survie globale (98 % vs 92 %) ou de survie sans récidive (99 % vs 94 %) entre les deux groupes (p = 0,74 et p = 0,39 respectivement). Conclusion : Cette étude semble confirmer l’absence de bénéfice du curage ganglionnaire pour les nodules en VDP (N0 = 100 %). Des études complémentaires sont nécessaires afin de déterminer les critères permettant de se dispenser de curage pour les lésions en verre dépoli mixtes.     Interest of lymph node dissection in ground glass opacity lung adenocarcinoma surgery: about a serie of 192 cases   Objectives: Ground glass opacity (GGO) are adenocarcinoma but less aggressive. With CT scan screening the number of GGO diagnosed is constantly growing. The gold standard for oncologic resection of GGO is lobectomy with systematic lymph nodes resection (SLNR).The aim of this study was to evaluate the interest of lymph nodes dissection in pure or mixed GGO. Methods: All patients with a GGO diagnosed between January 2005 and December 2015 at Montpellier University hospital were retrospectively included. CT-scan size, clinical findings, anathomopathology results and survival were analysed. Patients with lymph nodes dissection were compared with those without lymph nodes dissection. Results: One hundred ninety-two patients were included, 172 patients had SLNR. The mean age was 62.5±10.4 year-old with a majority of women 58% (n=113). The mean size of the GGO was 19.8±13.1 mm 6-100mm. Seventy-eight patients had pure GGO. Lymph nodes metastasis were found in none of patients N0=100% (n=172). The in-hospital mortality was 0%. The median follow-up was 46.5(21.4-65.7) months. The global survival at 5 years was 94.6%. They were no significant difference in global survey (98% vs 92%) or survey without recurrence (99% vs 94%) between the two group (p=0.74 et p=0.39 respectively). Conclusion: Systematic lymph nodes dissection may be useless for pure GGO (N0=100%). Concerning mixed GGO, further studies are required to evaluate the interest of SLNR. The size of the solid part and the pre-operative characteristic may relevant factors to consider lymph node resection in this case.   Séance : Communications libres thoracique - jeudi 8 juin - 8:30-10:00
mai 24, 2017
Vol. 20 JA2016 - thoracique

T-02 – Upstaging ganglionnaire pour les CBNPC cT1-T2 N0 : analyse de la nouvelle base Epithor

Laurence Solovei, Pierre Rabinel, Mathilde Cazaux, Claire Renaud, Jean Berjaud, Marcel Dahan, Laurent Brouchet Institution : Service de chirurgie thoracique, hôpital Larrey, CHU de Toulouse Objectif : Évaluer l’upstaging ganglionnaire des stades cT1-T2 N0 dans les techniques mini-invasives versus thoracotomie en analysant le registre national. Méthode : La seconde édition de la base de données Epithor, active depuis fin 2015, permet la comparaison des stades cTNM et pTNM des cancers bronchopulmonaires non à petites cellules (CBNPC). Nous avons analysé de façon rétrospective les données des CBNPC stade I opérés par thoracotomie (THOR) et techniques mini-invasives (thoracotomie vidéo-assistée : VA, vidéo-thoracoscopie : VATS et robotique : RATS). Les caractéristiques de population, les stades c et pTNM et les pourcentages d’upstaging ganglionnaire global, N1 et N2 ont été étudiés. Résultat : Entre décembre 2015 et septembre 2016, sur 1787 CBNPC cT1-T2 N0 traités chirurgicalement, 1399 lobectomies ont été recensées (78,3 %) : 644 (46 %) par thoracotomie (THOR), 143 (10,2 %) par thoracotomie vidéo-assistée (VA), 455 (32,5 %) par thoracoscopie (VATS) et 156 (11,2 %) par robotique (RATS). L’upstaging ganglionnaire global est de 12,4 %. Les taux d’upstaging ganglionnaire selon l’abord chirurgical THOR, VA, VATS et RATS sont de 12,6 / 16,1 / 11,9 et 10,3 % respectivement. Aucune différence significative entre ces chiffres n’a été constatée (p > 0,05). Un nombre identique d’upstaging cN0-pN1 et cN0-pN2 a été trouvé. Conclusion : L’upstaging ganglionnaire permet d’évaluer la qualité oncologique du geste chirurgical. De nombreuses études critiquent la VATS pour la qualité de son curage et des taux plus faibles d’upstaging par rapport à la thoracotomie et la RATS. D’après la base Epithor, les techniques mini-invasives ont des taux d’upstaging non significativement différents de la thoracotomie. Dans les autres centres experts, ces résultats sont retrouvés et les survies à long terme sont similaires et indépendantes des voies d’abord. À ce jour, le manque d’études randomisées ne permet pas de s’affranchir des biais de sélection inévitables pour conclure sur la supériorité d’un abord chirurgical par rapport à un autre.
novembre 29, 2016
Vol. 20 JA2016 - thoracique

T-15 – Caractéristiques cliniques et moléculaires de la maladie de Castleman médiastinale

Antoine Legras, Anne Talet, Audrey Didelot, Aurélie Cazes, Angela Hin, Raphaël Borie, Bruno Crestani, Yves Castier, Françoise Le Pimpec-Barthes, Marc Riquet, Hélène Blons, Pierre Mordant Institution : Service de chirurgie thoracique et vasculaire et transplantation pulmonaire, hôpital Bichat, Paris Objectif : La maladie de Castleman médiastinale unicentrique est très rare, et peu connue à cause du faible nombre de cas et de l’absence d’étude génomique. Nous avons cherché à caractériser les profils cliniques, radiologiques, histologiques et génomiques associés à cette maladie, dans le cadre d’une série chirurgicale. Méthode : Étude rétrospective issue des cas opérés dans deux centres français de chirurgie thoracique (1988-2012). Collecte des données cliniques, radiologiques, chirurgicales et pathologiques. Sur les blocs de paraffine disponibles, dépistage de mutations par séquençage massif (AmpliSeq™ Cancer Hotspot v2, Life Technologies) et étude immunohistochimique de la voie de signalisation AKT-mTOR. Résultat : Onze patients ont été inclus (âge moyen 41, range 17-69 ; sex-ratio 0,8). La voie d’abord chirurgicale était la thoracotomie (n = 6), la VATS (n = 1) ou la sternotomie (n = 4). Pour un patient, une bilobectomie a été réalisée et pour 2 patients, un curage médiastinal radical a été effectué. Une patiente a présenté une récidive locale sous forme d’un sarcome à cellules dentritiques folliculaires, suivie du décès. Sur 9 patients, 2 mutations ont été identifiées : VHL (p.F119L, 35 %, n = 1) et JAK3 (p.V718L, 53 %, n = 1). Les immunomarquages étaient négatifs pour phospho-AKT et phospho-mTOR. L’immunomarquage de phospho-S6K était positif dans 5 cas, majoritairement sur le cytoplasme des cellules interfolliculaires. Conclusion : Nous rapportons la plus large série de maladie de Castleman médiastinale unicentrique avec données génomiques et de signalisation cellulaire. Deux mutations driver potentielles ont été identifiées, ainsi qu’une activation de la voie phospho-S6K indépendante de la voie AKT-mTOR. Les connaissances sur cette maladie pourraient être améliorées par l’envoi systématique d’échantillons tissulaires à un centre de référence national unique.
novembre 29, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Abstract 2016

T-30 – Diversité mutationnelle des cancers bronchopulmonaires et de leurs ganglions lymphatiques – étude prospective chez 4 patients de stade IIIA-N2 opérés

Antoine Legras, Hélène Roussel, Laure Gibault, Ciprian Pricopi, Alex Arame, Alain Badia, Bertrand Grand, Arnaud Roussel, Elizabeth Fabre, Pierre Laurent-Puig, Hélène Blons, Françoise Le Pimpec-Barthes Service de chirurgie thoracique, service d’anatomie pathologique, service d’oncologie médicale, service de biochimie, hôpital européen Georges-Pompidou, AP-HP, université Paris-Descartes, Paris – Inserm U1147, université Paris-Cité-Sorbonne, Paris  Objectif La diversité mutationnelle des cancers bronchopulmonaires pourrait expliquer des profils métastasiants différents entre les tumeurs de même stade IIIA-N2 et avoir un impact pronostique. L’objectif de cette étude préliminaire prospective était d’identifier les mutations de la tumeur primitive et de les comparer à celles observées dans les nœuds lymphatiques (NL).  Méthode Quatre patients porteurs de cancer bronchique primitif (2 adénocarcinomes, 1 carcinome épidermoïde, 1 carcinome sarcomatoïde) avec extension ganglionnaire médiastinale limitée (cN2, une seule chaîne lymphatique), sans traitement néoadjuvant, ont été consécutivement sélectionnés avant résection chirurgicale. Pour chaque patient, une recherche de mutations a été effectuée sur la pièce opératoire par séquençage massivement parallèle (AmpliSeq™ Colon and Lung Cancer Panel, Life Technology), sur plusieurs échantillons de la tumeur primitive et sur chaque NL envahi. Chaque prélèvement contenait au moins 50 % de cellules tumorales.  Résultat Huit fragments de cancer bronchique primitif et 11 NL ont été analysés. Pour chaque cas, au moins 2 mutations ont été identifiées, avec des taux mutationnels (ratios alléliques) variant de 7 % à 60 %. Le profil mutationnel était hétérogène (considérant gène muté et ratio allélique) au sein d’une même tumeur primitive. Cette hétérogénéité était aussi observée au sein de chaque « couple » [tumeur - NL] d’un même patient. Ainsi, dans 3 cas, les mutations identifiées dans la tumeur primitive n’étaient pas observées dans les NL (ALK, FGFR3, MET). À l’inverse, une mutation KRAS, absente de la tumeur primitive, a été observée dans le NL de la station 11i chez un patient.  Conclusion Cette étude préliminaire prospective a montré la diversité mutationnelle intratumorale et ganglionnaire en ce qui concerne le gène muté, mais aussi le ratio allélique. Nous émettons l’hypothèse que certains sous-clones tumoraux porteurs de certaines mutations pourraient faciliter la dissémination lymphatique et donc la survenue de métastases. Des études complémentaires nous paraissent nécessaires pour valider ces hypothèses et établir des recommandations.     Mutational diversity of lung cancer and associated lymph nodes. A preliminary prospective study of 4 resected stage IIIA-N2 patients   Objectives Mutational diversity of lung cancer could explain different metastatic patterns within same stage tumours, and then could have a prognostic impact. This suggests that identification of subclonal mutations might influence management and potentially survival. The aim of this prospective preliminary study was to assess mutations in primitive tumour and to compare them with those observed in the involved lymph nodes (LN).  Methods Four patients with primitive lung carcinoma (2 adenocarcinomas, 1 squamous cell carcinoma, 1 sarcomatoid carcinoma) and single chain N2 mediastinal involvement, without preoperative chemotherapy, were consecutively selected before surgery and screened for somatic mutations by next generation sequencing, with AmpliSeq™ Colon and Lung Cancer Panel (Life Technology). For each patient, several fragments of the primitive tumour and a sample of each involved lymph node station were analyzed. All analyzed samples contained at least 50% of tumour cells.  Results Eight fragments of primitive lung cancer and 11 lymph node stations were analyzed. For each cancer, we found at least 2 mutations, with allelic ratios from 7% to 60%. Mutational patterns were heterogeneous (considering gene and allelic ratios) within primitive tumour. Such heterogeneity was also observed comparing each pair “tumour-LN” for a single patient. Thus, in 3 cases, mutations observed in primitive tumour were not found in LN metastases (ALK, FGFR3, MET). Inversely, in 1 case, we found a KRAS mutation in station 11i, which was absent in primitive tumour fragments.  Conclusion This preliminary prospective study showed the intra-tumour and LN mutational diversity, concerning both mutated gene but also allelic ratio. This suggests that some subclones with particular mutations may drive the lymphatic spread and metastases development. Complementary studies are necessary to validate such hypothesis and draw guidelines.
juin 10, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Abstract 2016

T-15 – Étude prospective comparative chez 159 patients opérés pour lobectomie ou segmentectomie par vidéo-chirurgie 3D versus 2D

Sophie Lafitte, Florence de Dominicis, Alex Fourdrain, Jules Iquille, Patrick Bagan, Elie Zogheib, Pascal Berna Service de chirurgie thoracique, CHU Amiens-Picardie, Amiens  Objectif Les systèmes de vidéo en trois dimensions (3D) sont de plus en plus utilisés en chirurgie. L’objectif de notre étude est d’étudier le bénéfice de l’utilisation des systèmes 3D lors des lobectomies et segmentectomies effectuées par VATS sur la durée d’intervention, le curage ganglionnaire et les suites opératoires.  Méthode Nous avons comparé l’utilisation des systèmes 3D versus 2D lors de la réalisation de résections anatomiques majeures effectuées par vidéo-chirurgie, par deux chirurgiens thoraciques, entre janvier 2014 et janvier 2016 dans notre centre. Un recueil prospectif de données a été réalisé et concernait notamment la durée d’intervention, l’évaluation de la qualité du curage ganglionnaire estimée par le taux d’envahissement ganglionnaire inattendu dans chaque groupe, ainsi que la morbi-mortalité per et postopératoire, particulièrement le nombre de conversions en thoracotomies, la durée de drainage et la durée d’hospitalisation.  Résultat 159 patients ont bénéficié d’une exérèse pulmonaire réglée par VATS sur la période étudiée : 89 ont bénéficié du système 3D et 70 ont bénéficié du système 2D. L’utilisation du système 3D réduisait en moyenne la durée d’intervention de 28 minutes (154 min [145,1 ; 163] contre 182 min [168,6 ; 185,3], p < 0,001). On observait également que le taux d’atteinte ganglionnaire inattendue semblait plus élevé dans le groupe 3D avec 9 N1 ou N2 inattendus dans le groupe 3D contre 2 dans le groupe 2D (11 % vs 2,8 %, p = 0,068). Il n’y avait pas de différence significative concernant les données de morbi-mortalité per et postopératoires. On notait la survenue de deux paralysies récurrentielles droites dans le groupe 3D.  Conclusion L’utilisation de systèmes de vidéo 3D lors d’exérèse pulmonaire permet une diminution de la durée d’intervention ainsi qu’un curage ganglionnaire plus complet, sans impact significatif sur la morbi-mortalité per et postopératoire.     A comparative prospective study of three-dimensional with two-dimensional video-assisted lobectomy and segmentectomy into 159 patients   Objectives Three-dimensional (3D) video-systems are more used in surgery. The aim of this study is to evaluate the benefit of the video-assisted thoracic surgery (VATS) lobectomy and segmentectomy complete with 3D video-systems, on the operating time, the lymphadenectomy and the postoperatives.  Methods We compared VATS major resection complete by two surgeons in our hospital between January 2014 and January 2016 with 3D and 2D video-systems. The prospective data collection concerned especially the operating time, the quality of lymphadenectomy estimated by the rate of N upstaging; and the peri-operative morbi-mortality particularly the rate of thoracotomy, drainage duration and hospital stay.  Results 159 patients underwent VATS lobectomy or segmentectomy during the study period: 89 with 3D and 70 with 2D video-system. The use of 3D system significantly reduced the surgical time of 28min (154 min [145.1; 163.0] against 182 min [168.6; 185.3], p<0.001). We also showed that the rate of upstaging was higher in the 3D group with 9 unexpected N1 or N2 into the 3D group against 2 into the 2D group (11% vs 2.8%, p=0.068). There was no significant difference between the two groups regarding the morbidity and mortality datas. We noted the occurrence of two right laryngeal paralysis into the 3D group.  Conclusion The use of 3D video-system during lung resections decrease the operating time and allows a more complete lymphadenectomy, without impact on peri operative morbidity and mortality.
juin 10, 2016