Chirurgie thoracique · Vol. 21 Abstracts 2017

T-37 – Le taux de citrate dans les cellules cancéreuses : un indicateur de l’agressivité cellulaire et une cible thérapeutique potentielle ?

Philippe Icard1, Jean-Marc Steyaert2, Hubert Lincet3 1. Inserm, UMR 1199, Biologie et thérapies innovantes des cancers localement agressifs (BioTICLA), Caen ; université de Normandie, Caen ; service de chirurgie thoracique, hôpital Pasteur, Nice 2. École polytechnique, laboratoire d’informatique (LIX), Palaiseau 3. ISPB, université de Lyon, faculté de Pharmacie, Lyon ; Inserm U1052, CNRS UMR 5286, centre de recherche en cancérologie de Lyon   Objectif : Comprendre si le citrate inhibe la prolifération cancéreuse et accroît l’effet de drogues cytotoxiques car le changement de métabolisme qui survient chez les cellules cancéreuses (augmentation de la glycolyse et production d’acide lactique, même en présence d’O2) s’accompagne d’une baisse de la production mitochondriale de citrate. Méthode : Des lignées humaines cancéreuses (plèvre, estomac, ovaire, sein) ont été cultivées en présence de citrate (5, 10, 20 mM). La croissance et la mort cellulaire (expression des protéines BcL2, caspases, DAPI…) ont été étudiées. Résultat : Le citrate arrête la prolifération des cellules, généralement à partir de 10 mM, réduit fortement l’expression de la protéine anti-apoptotique Mcl-1. Il sensibilise au cisplatine et/ou à l’acide lipoïque des cellules (ovaire, mésothéliome…) résistantes à la chimiothérapie. Conclusion : L’administration de citrate inhibe la prolifération de cellules cancéreuses diverses d’une manière dose-dépendante. Principal donneur d’acétyle dans la cellule, sa baisse favorise la déacétylation des protéines histones et non-histones, induisant un métabolisme délétère, et des modifications épigénétiques sources de phénotypes cellulaires nouveaux, dédifférentiés, résistants à la chimiothérapie et l’hypoxie. L’augmentation du citrate intracellulaire, induit par l’inhibition de l’ATP citrate-lyase (ACLY), s’accompagne d’une redifférenciation de cellules de cancer du poumon. Son administration intrapéritonéale réduit de façon importante la taille de tumeurs gastriques chez la souris. Les stratégies visant à accroître son taux dans les cellules cancéreuses devraient être testées en clinique, en utilisant particulièrement des molécules peu toxiques (compléments alimentaires), comme l’acide lipoïque et l’hydroxycitrate (un inhibiteurs de l’ACLY). La mesure du citrate intratissulaire pourrait servir de marqueur de l’agressivité tumorale (comme cela a été montré pour le cancer de la prostate), et/ou de la réponse au traitement.     The concentration of citrate in cancer cells: an indicator of cancer aggressiveness and a possible therapeutic target?   Objectives: To investigate whether the administration of citrate inhibits cell proliferation? Proliferative cells increase their glycolysis and produce lactic acid even in the presence of O2 (Warburg effect). We hypothesized that the decrease of the mitochondrial production of citrate associated with this change in metabolism, stimulated in turn glycolysis and proliferation. Methods: Citrate was tested at increasing concentrations (5, 10, 20 mM) to assess its effects on cell proliferation of various human cancer lines (pleura, stomach, ovary, and breast). Growth and apoptosis (expression of proteins of the BcL2 family, caspases, DAPI staining…) were studied. Results: Citrate arrested the proliferation of cultured cells (generally from 10 mM), decreased strongly the expression of the key anti-apoptotic protein Mcl-1. Citrate strongly increased the sensitivity of cisplatin-resistant mesothelioma cells and the cytotoxicity of lipoic acid on resistant chemotherapy cells. Conclusion: Citrate inhibits the proliferation of various cancer cells lines in a dose-dependent manner. Citrate is the main donor of acetyl groups in the cell, and thus, its decrease resulting from the Warburg effect, favors a deacetylating state of histone and non-histone proteins. This cellular state induces deleterious biochemical cycles and epigenetic changes which promote the emergence of new cell phenotypes (robust, de-differentiated, and resistant to hypoxia and radio-chemotherapy. Conversely, the raise of citrate concentration secondary to inhibition of ATP citrate lyase (ACLY) increases differentiation of lung cancer cells, while the intraperitoneal administration of citrate greatly reduces the size of gastric tumors in mice. Strategies which increase citrate in cancer cells should be clinically tested, particularly those using low-toxicity molecules such as dietary supplements (lipoic acid and/or ACLY inhibitor such as hydroxycitrate). Measurement of intra-tissular citrate could serve as an indicator of tumor aggressiveness (as shown for prostate cancer, and/or as a biomarker to assess response to therapy.   Séance : Posters thoracique 2 - vendredi 9 juin - 12:15-13:45
mai 24, 2017
Anesthésie · Vol. 21 Abstracts 2017

A-03 – Intérêt du dosage plasmatique de l’Endocan dans la survenue d’une pneumopathie en postopératoire de chirurgie cardiaque : étude Endolung

Andrea Perrotti, Camille Chenevier-Gobeaux, Fiona Ecarnot, Benoît Barrucand, Guillaume Flicoteaux, Philippe Lassalle, Sidney Chocron Service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire, CHU Jean-Minjoz, Besançon   Objectif : Suite aux résultats de l’étude pilote présentée au congrès de Nantes (2016), nous avons évalué la valeur prédictive du dosage de l’Endocan dans la survenue d’une pneumopathie postopératoire en chirurgie cardiaque. Méthode : Cent cinquante-cinq patients programmés pour une chirurgie cardiaque élective avec circulation extracorporelle ont été inclus. Cinq prélèvements sanguins sont été effectués pour le dosage d’Endocan (préopératoire, 6, 24, 48 et 72 heures après la fin de la chirurgie). La PCT et la protéine C-réactive (CRP) ont également été mesurées (24 et 72 heures). Les facteurs prédictifs indépendants de la pneumopathie postopératoire (PPO) ont été identifiés par régression logistique. Les valeurs de seuil de l’Endocan prédictives de PPO ont été déterminées par l’utilisation de courbes ROC. Résultat : Dix-sept patients ont développé une pneumopathie postopératoire. Une valeur d’Endocan > 3,7 ng/ml avant l’induction de l’anesthésie, ou > 12,1 ng/ml 6 heures après la chirurgie ; un BMI > 27, ainsi que la durée d’intervention étaient des facteurs prédictifs indépendants de la survenue d’une pneumopathie postopératoire. À l’induction de l’anesthésie, une valeur d’Endocan supérieure à 3,7 ng/ml avait une sensibilité de 65 % et une spécificité de 72 % ; tandis qu’à 6 heures, la valeur seuil était de 12,1 ng/ml avec une sensibilité de 71 % et une spécificité de 75 %. Le diagnostic de pneumopathie par le dosage de l’Endocan permet un gain de temps moyen de 96 ± 60 heures par rapport au diagnostic clinique. Conclusion : L’Endocan apparaît être un marqueur précoce de la pneumopathie postopératoire en chirurgie cardiaque.     Is Endocan a diagnostic marker for pneumonia after cardiac surgery? The Endolung Study   Objectives: Postoperative pneumonia (POP) following heart operation may be life-threatening. This study aimed to evaluate the interest of Endocan plasma levels in predicting pulmonary infection after cardiac surgery. Methods: The authors prospectively included 155 patients scheduled to undergo elective cardiac surgery with cardiopulmonary bypass. Serum level of Endocan, was measured at 5 timepoints (preoperative, and 6, 24, 48 and 72 hours after the end of surgery). PCT and C-reactive protein (CRP) were collected at 24 and 72 hours. The preoperative and postoperative characteristics of the patients were recorded. Independent predictors of postoperative pneumonia were identified by logistic regression. Predictive threshold values of Endocan for POP were determined using receiver operating characteristic curve analysis. Results: Seventeen patients (11%) developed postoperative pneumonia. Endocan >3.7 ng/mL before general anesthesia, or >12.1 ng/mL 6 hours after surgery, BMI >27, and duration of the operation were independent predictors of POP. At induction of anesthesia, an Endocan cut-off value of 3.7 ng/mL had a 65% sensitivity and a 72% specificity; while at 6 hours, these values were 71% and 75% respectively, with a cut-off value of 12.1 ng/mL. The time saved by Endocan dosage compared to clinical diagnosis of postoperative pneumonia was 96±60 hours. Conclusion: This study showed that Endocan is an early marker of postoperative pneumonia in patients following cardiac surgery.   Séance : Communications libres anesthésie - vendredi 9 juin - 8:00-10:00
mai 24, 2017
Chirurgie cardiaque · Vol. 20 Abstract 2016

C-44 – NGAL plasmatique et urinaire – seuils associés à une sensibilité maximale pour prédire la survenue d’une dysfonction rénale aiguë après PAC

Ambre Tiepolo, Aurélien Bataille, Tiphaine Robert, Anne Boutten, Véronique Giraudeaux, Monique Dehoux, Dan Longrois, Sophie Provenchère Département d’anesthésie réanimation chirurgicale, département de biochimie métabolique et nutrition, département de biochimie clinique, hôpital Bichat, Paris – Unité de biochimie et biologie moléculaire, hôpital Lariboisière, Paris  Objectif La dysfonction rénale aiguë (DRA) après chirurgie cardiaque est une complication fréquente. Le Neutrophil Gelatinase Associated Lipocalin (NGAL) est proposé comme biomarqueur précoce de DRA, mais sa performance diagnostique varie selon les situations cliniques et la fonction rénale préopératoire. Notre objectif était de définir des seuils de sensibilité maximale de NGAL plasmatique (p) et urinaire (u) pour prédire une DRA dans les suites immédiates d’un pontage aortocoronaire chez des patients avec un débit de filtration glomérulaire (DFG) de 30 à 90 ml/min/1,73 m2.  Méthode Après accord du CEERB et consentement écrit, 103 patients ont été inclus. NGALp et NGALu étaient mesurés à 7 temps : induction, après clampage aortique (H2), aux 1re (H1) et 4e (H4) heures en réanimation et aux 1er (J1), 2e (J2) et 7e jours. La DRA était définie selon KDIGO ou δ créatinine plasmatique > 0 (δ = valeur à J1 - valeur à l’induction). Les valeurs étaient exprimées en médianes [Q1-Q3]. Après calcul de l’aire des courbes ROC (AUC), des valeurs seuil de NGALp et NGALu étaient proposées pour une sensibilité > 85 %.  Résultat 29 patients (28 %) ont présenté une DRA selon KDIGO et 75 (73 %) patients ont présenté un δ créatinine plasmatique > 0. Les AUC et les seuils de sensibilité maximale de NGAL proposés pour la prédiction d’une DRA dès le retour en réanimation sont présentés dans le tableau suivant. Ces seuils s’accompagnaient d’une faible spécificité. La normalisation des valeurs de NGALp par la protidémie permettait d’augmenter la sensibilité. NGALp R1 (mg/l) NGALp/protidémie R1 (mg/g) NGALu R1 (mg/l) NGALu/CreatU R1 (mg/mmol) DRA selon KDIGO AUC ROC 0,501 0,531 0,675 0,670 Seuil de NGAL proposé 122 5,2 5 0,78 Sensibilité 0,88 [0,75 ; 1] 0,88 [0,71 ; 1] 1 [0,86 ; 1] 0,88 [0,72 ; 1] Spécificité 0,23 [0,13 ; 0,33] 0,34 [0,22 ; 0,46] 0 [0 ; 5,2] 0,31 [0,21 ; 0,42] DRA selon δ créatinine ≥ 0 AUC ROC 0,475 0,546 0,597 0,708 Seuil de NGAL proposé 101 2,21 5 0,67 Sensibiité 0,87 [0,77 ; 0,94] 0,87 [0,78 ; 0,94] 1 [0,95 ; 1] 0,86 [0,77 ; 0,93] Spécificité 0,17 [0,04 ; 0,37] 0,17 [0,04 ; 0,35] 0 [0 ; 0,14] 0,35 [0,17 ; 0,57]  Conclusion Nous proposons des seuils de NGALp et NGALu associés à une sensibilité élevée pour la prédiction précoce de DRA après PAC sous CEC chez des patients à risque. Des travaux complémentaires seront nécessaires pour les valider.     Plasma and urine NGAL- thresholds associated with maximum sensitivity to predict acute kidney injury after CABG   Objectives The Neutrophil gelatinase-associated lipocalin (NGAL) is a biomarker proposed for early detection of acute kidney injury (AKI), but its diagnostic performance depends on the clinical situation and on preoperative renal function. Our goal was to define NGAL thresholds associated with high sensitivity to predict AKI after coronary artery bypass graft surgery (CABG).  Methods After IRB approval and informed consent, we included patients with a glomerular filtration rate of 30 to 90 ml.min-1.1.73m-2, scheduled for a CABG under cardiopulmonary bypass. Plasma (pNGAL) and urine (uNGAL) NGAL were determined : at anesthesia induction, after aortic clamping (H2), at first (H1) and fourth (H4) hour in the ICU and 1st, 2nd and 7th postoperative days. AKI was defined according to KDIGO criteria or by a plasma creatinine δ>0 (δ= value day 1 - value at induction). Values are expressed as medians [IQR]. After calculating the area of ROC curves (AUC), pNGAL and uNGAL thresholds were proposed for a sensitivity > 85%.  Results AKI was present in 29 patients (28%) according to the KDIGO criteria and in 76 patients (75%) according to plasma creatinine δ. Results are presented in table. NGALp R1 (mg/l) NGALp/prot R1 (mg/g) NGALu R1 (mg/l) NGALu/CreatU R1 (mg/mmol) KDIGO criteria AUC ROC 0.501 0.531 0.675 0.670 NGAL threshold 122 5.2 5 0.78 Sensitivity 0.88 [0.75; 1] 0.88 [0.71; 1] 1 [0.86; 1] 0.88 [0.72; 1] Specificity 0.23 [0.13; 0.33] 0.34 [0.22; 0.46] 0 [0; 5.2] 0.31 [0.21; 0.42] Plasma créatinine δ ≥0 AUC ROC 0.475 0.546 0.597 0.708 NGAL threshold 101 2.21 5 0.67 Sensitivity 0.87 [0.77; 0.94] 0.87 [0.78; 0.94] 1 [0.95; 1] 0.86 [0.77; 0.93] Specificity 0.17 [0.04; 0.37] 0.17 [0.04; 0.35] 0 [0; 0.14] 0.35 [0.17; 0.57]  Conclusion We propose thresholds of pNGAL and uNGAL associated with high sensitivity to predict AKI after CABG in patients with moderate preoperative alteration of glomerular filtration. These thresholds offer low specificity. Normalization did not increase diagnostic performance.
juin 10, 2016