Chirurgie thoracique · Vol. 21 Décembre 2017

Expérience initiale des 70 premières lobectomies vidéo-assistées au CHU d’Angers

Mickaël Daligault*, Myriam Ammi, Matthieu Péret, Gregory Dessertenne, Tchala Kassegne, Jean Picquet   Service de chirurgie cardiovasculaire et thoracique, CHU d’Angers, France. * Correspondance : Mickael.Daligault@chu-angers.fr DOI : 10.24399/JCTCV21-4-DAL Citation : Daligault M, Ammi M, Péret M, Dessertenne G, Kassegne T, Picquet J. Expérience initiale des 70 premières lobectomies vidéo-assistées au CHU d’Angers. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(4). doi: 10.24399/JCTCV21-4-DAL   Résumé Objectif : la chirurgie mini-invasive (VATS) pour lobectomies pulmonaires est une alternative à la thoracotomie. Le but de cette étude rétrospective était de rapporter les résultats de notre expérience initiale de lobectomies réalisées par VATS. Méthodes : nous rapportons nos suites opératoires et nos courbes d’apprentissage. Résultats : de 2014 à 2017, 70 lobectomies par VATS ont été réalisées chez 41 hommes (58,6 %) de 65,6 ± 9,8 ans d’âge moyen, pour 64 lésions malignes (91,4 %) dont 57 cancers bronchopulmonaires (89 %), 7 métastases (10,9 %) et 6 lésions bénignes (8,6 %). Notre taux de conversion était de 11,4 % (n = 8). Le temps opératoire moyen était de 154 ± 49,6 min et diminuait plus rapidement si l’opérateur était déjà expérimenté. Le nombre moyen de ganglions extirpés était de 15 ± 6. Les durées médianes de réanimation et d’hospitalisation étaient de 1 jour [0;10] et 6 jours [3;17]. Le taux de morbimortalité postopératoire s’élevait à 24,3 % comprenant 2 décès, 11 pneumopathies et 4 reprises chirurgicales.  Le taux de survie sans récidive était de 85,7 % et de survie globale de 95,7 % à 14,1 ± 7,7 mois. Conclusion : notre expérience initiale de lobectomies par VATS confirme les résultats déjà rapportés pour cette  technique en première intention pour des stades précoces. Ces bénéfices généraux tendent à élargir les indications de cette technique pour des stades plus avancés.   Abstract Early experience of the 70 first video assisted lobectomies Objective: Video assisted thoracic surgery (VATS) for pulmonary lobectomy is an alternative to thoracotomy. The aim of this retrospective study was to evaluate the results of our initial experience of lobectomies performed by VATS. Methods: We report our learning curve and postoperative data. Results: From 2014 to 2017, we performed 70 VATS lobectomies. Forty-one men (58.6%) of 65.6 ± 9.8 years of median age were treated for 64 malignant lesions (91.4%) including 57 broncho-pulmonary cancers (89%), 7 metastases (10.9%), and 6 benign lesions (8.6%). Our conversion rate was 11.4% (n = 8). Average operative duration was 154 ± 49.6 minutes and decreased the most when operators were already experienced. Median number of removed lymph nodes was 15 ± 6. The ICU and hospital median lengths were 1 [0; 10] and 6 days [3; 17], respectively. Postoperative morbi-mortality rate was 24.3% including 2 deaths, 11 pneumonias, and 4 iterative surgeries. Survival without disease and global survival rates were 85.7% and 95.7%, respectively, at 14.1 ± 7.7 months. Conclusion: Our early experience of VATS lobectomies confirms previously reported results of VATS in first intention for early stages. General benefits of VATS, aside, exploration of indications of this technique for more advanced stages is needed.   1. INTRODUCTION Les exérèses pulmonaires majeures effectuées par chirurgie mini-invasive vidéo-assistée (Video-Assisted Thoracoscopic Surgery [VATS]) existent depuis plus de 20 ans, la description de la première lobectomie vidéo-assistée ayant été rapportée en 1992 [1]. Au cours de la dernière décennie s’est progressivement installé un changement de pratique avec l’avènement de ces techniques mini-invasives au détriment de la thoracotomie considérée jusqu’ici comme la voie d’abord de référence. Initialement critiquée (sécurité, qualité des curages ganglionnaires, difficulté d’apprentissage, reproductibilité), celle-ci remplace désormais peu à peu les exérèses par thoracotomie pour les cancers bronchopulmonaires non à petites cellules (NSCLC) de stades précoces. Avec un développement moins rapide en Europe qu’aux États-Unis (14 % des lobectomies réalisées par VATS en Angleterre et en Irlande en 2010 contre 32 % en 2006 aux États-Unis [2]), elle se développe désormais en France avec 25 % des lobectomies effectuées en 2014 par VATS. La courbe d’apprentissage pour cette technique diffère pour les chirurgiens déjà expérimentés en chirurgie ouverte et les jeunes chirurgiens en formation, ou en fonction de l’expérience de la thoracoscopie et sa pratique sur simulateur ou modèle animal [3-6]. Son apprentissage est exigeant du fait de la complexité du geste et du risque particulier d’hémorragie. L’absence d’écartement costal qui permet de diminuer le traumatisme chirurgical pariétal tout en conservant l’efficacité du geste thérapeutique (qualité d’exérèse, taux de survie sans récidive, reproductibilité) en fait tout son intérêt. Plusieurs études ont ainsi démontré une diminution des douleurs postopératoires, une meilleure préservation de la fonction respiratoire immédiate, une durée de drainage et d’hospitalisation moindre [7-9] et une qualité de vie meilleure [10,11]. Le but de cette étude était de rapporter notre expérience initiale à propos des 70 premières lobectomies VATS effectuées au CHU d’Angers depuis 2014.   2. MATÉRIEL ET MÉTHODES   2.1. Recueil des patients L’ensemble des malades chez qui était planifiée une lobectomie pulmonaire par VATS au CHU d’Angers entre juin 2014 et mai 2017 ont été inclus dans cette étude rétrospective. Les dossiers des malades avaient préalablement tous été présentés en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) d’oncologie thoracique pour validation de la prise en charge chirurgicale. Concernant les cancers bronchopulmonaires (suspicion ou avérés en préopératoire), seuls les stades précoces étaient inclus (cTxN0 ou N1), les autres patients suspects d’une extension ganglionnaire homolatérale classés cTxN2 ou qui présentaient une extension pariétale étaient exclus de l’étude et opérés par thoracotomie conventionnelle. Les malades convertis secondairement par thoracotomie restaient inclus. Un malade classé en stade IV avait eu une métastasectomie cérébrale et était opéré de la lésion primitive pulmonaire. Les malades pouvant bénéficier de segmentectomies étaient exclus et opérés par thoracotomie conventionnelle. Les malades chez qui la lobectomie n’était pas réalisée (résultat de l’extemporané, découverte d’un N2 « de rencontre », découverte d’une carcinose pleurale, tumeur considérée comme inextirpable) étaient exclus de l’étude. Nous avons inclus également les malades qui avaient un antécédent de CBNPC opéré. Nous avons recueilli l’ensemble des données démographiques et cliniques pertinentes de ces malades (sexe, âge, poids, taille, tabagisme, exposition à l’amiante ou antécédents de cancer).     2.2. Bilan préopératoire Les malades de notre série étaient adressés par le service de pneumologie du CHU, l’Institut de cancérologie de l’ouest d’Angers ou, plus rarement,  directement à la consultation de chirurgie thoracique par les médecins traitants. Parmi les examens du bilan préopératoire, nous avons recueilli les résultats de la fibroscopie bronchique, du TEP scanner, les caractéristiques carcinologiques de la lésion bronchopulmonaire au scanner thoracique et la classification cTNM. Le bilan d’extension comprenant systématiquement au moins un scanner cérébral et un TEP de tous les malades opérés était négatif. Les résultats des explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) étaient recueillis.     2.3. Interventions chirurgicales Durant la période de recueil, six chirurgiens différents confirmés (« seniors ») ou en formation (« juniors ») ont réalisé les interventions.  Deux voix d’abord ont été effectuées, antérieure pour la plupart des malades, décrite par Mc Kenna puis Hansen [12], ou postérieure décrite par Walker [13]. Trois incisions dont une dite « de nécessité » pour l’extraction de la pièce opératoire étaient effectuées. L’analgésie périopératoire dépendant de l’anesthésiste consistait en la mise en place d’une rachianesthésie, d’une péridurale thoracique ou d’un bloc du nerf du grand dorsal. Un cathéter d’analgésie sous-pleural parachidien était posé par le chirurgien à la fin de la procédure avant la fermeture du malade [14]. Nous avons utilisé des optiques de 5 et 10 mm, à angulation fixe de 30° avec un écran HD. Le matériel utilisé par les opérateurs seniors et juniors était identique. Nous avons recueilli les durées opératoires totales, durée de lobectomie et durée du curage. Ces durées étaient comparées entre elles entre le début et la fin de notre expérience pour évaluer notre courbe d’apprentissage. Nous avons aussi comparé ces résultats en fonction du statut senior vs junior de l’opérateur principal. Celui-ci était qualifié de senior s’il avait une expérience des résections pulmonaires importante par thoracotomie (supérieure à 200) ou junior s’il était toujours en formation (chefs de clinique). Le type de résection effectuée, les caractéristiques anatomiques (lobe, nombre d’artère, présence de variation anatomique artère et/ou veine), les pertes sanguines, les difficultés rencontrées étaient notés. La survenue d’une conversion chirurgicale conventionnelle et ses causes ont été recherchées et analysées.     2.4. Période postopératoire précoce J0-J30 Durant cette période, on notait la durée de séjour en réanimation, la durée de drainage thoracique, la durée totale d’hospitalisation. Les complications postopératoires éventuelles comme les pneumopathies, les reprises chirurgicales, nouveaux drainages ou bullages prolongés, la nécessité de fibro-aspirations bronchiques étaient recherchées. Les caractéristiques radiologiques postopératoires étaient analysées et la variation d’hémoglobine pré et postopératoire était recueillie, ainsi que le syndrome inflammatoire (taux de GB et CRP) à J1, J2 et J3. Les causes de décès étaient notées ainsi que leur délai de survenue.     2.5. Consultation à 1 mois Tous les malades opérés étaient revus à un mois par leur chirurgien avec une radio thoracique de face. Les malades étaient examinés, nous avons recherché la présence de douleurs pariétales résiduelles (EVA), d’une toux persistante et nous avons noté la présence d’un pneumothorax résiduel ou d’épanchement liquidien sur la radiographie thoracique.     2.6. Analyse statistique Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel SPSS (SPSS Inc, Chicago, Illinois, États-Unis) version 15.0. Les variables continues étaient décrites sous la forme de moyenne plus ou moins écart type ou médiane plus ou moins extrême, les variables qualitatives l’étaient par la fréquence de chaque classe. Les tests d’indépendance entre deux variables qualitatives ont été effectués par des tests du Chi2 et de Mann-Whitney. La significativité statistique était déterminée par une valeur de p inférieure à 0,05.   3. RÉSULTATS   3.1. Données démographiques De juin 2014 à mai 2017, 70 malades ont bénéficié d’une lobectomie pulmonaire par VATS. Durant la même période, 342 lobectomies étaient réalisées par thoracotomie « conventionnelle » [figure 1]. Il s’agissait de 29 femmes (41,4 %) et 41 hommes (58,6 %) (sexe-ratio H/F = 1,41), de 65,6 +/- 9,8 ans. L’IMC médian était de 25 [16,8;34,81] kg/m2. Un antécédent de tabagisme existait pour 53 malades (75,7 %), 34 paquets/année de moyenne. Ce tabagisme était sevré au moment de la chirurgie pour 36 malades (87,8 %). Un antécédent d’exposition à l’amiante était retrouvé pour 7 malades (10 %) et un antécédent carcinologique pour 31 malades (40,8 %), comprenant une néoplasie digestive (7,1 %), du sein (7,1 %), de la sphère ORL (5,7 %), de la prostate (5,4 %), une hémopathie (4,3 %) et autre (11,2 %) (ovaire, rein, os, vessie, poumon, vessie, surrénale). Un malade présentant un antécédent de CBNPC déjà opéré du côté controlatéral était inclus. Aucun malade n’a été opéré dans deux côtés en VATS.     3.2. Évolution de nos pratiques. Proportion des résections pulmonaires majeures par thoracotomie versus VATS La première lobectomie VATS a été réalisée dans notre centre en juin 2014. Cent onze résections pulmonaires majeures ont été réalisées par thoracotomie ou par VATS en 2014, 129 en 2015, 125 en 2016 et 47 au 31 mai 2017. La proportion des lobectomies par VATS  était de 1 % (1/111) en 2014, 9,3 % (12/129) en 2015, 28 % (35/125) en 2016 et actuellement de 46,8 % (22/47) en 2017.   [caption id="attachment_3919" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Proportion des lobectomies VATS vs thoracotomie.[/caption]   3.3. Bilan préopératoire La fibroscopie bronchique était faite pour 53 malades (75,7 %) et considérée comme normale dans 86,8 % des cas. Elle n’était pas réalisée chez les 17 autres malades par choix du pneumologue du fait de la localisation très périphérique de la lésion. Les lésions parenchymateuses intéressaient 25 lobes supérieurs droits (LSD 36 %), 4 lobes moyens (LM 6 %), 17 lobes inférieurs droits (LID 24 %), 9 lobes supérieurs gauches (LSG 13 %) et 15 lobes inférieurs gauches (LIG 21 %). Le TEP retrouvait une fixation de la lésion dans 89,8 % des cas avec un SUV moyen de 7,2 ± 4,5. L’anatomopathologie de la lésion était disponible avant la chirurgie pour 11 malades (15,7 %) obtenue par ponction sous scanner (n = 8, 72,7 %), fibroscopie bronchique (n = 2, 1,8 %) ou l’exérèse d’une métastase cérébrale unique chez un malade (0,9 %). Seuls les patients présentant des stades carcinologiques localement précoces étant sélectionnés pour une VATS, les stades carcinologiques préopératoires (cTxNxM0) étaient les suivants : cT1aN0M0, n = 32 (45,7 %) ; cT1bN0M0, n = 16 (22,8 %) ; cT2aN0M0, n = 13 (18,5 %) ; cT2aN1M0, n = 2 (2,8 %) ; cT2bN1M0, n = 2 (2,8 %) ; cT3N0M0, n = 2 (2,8 %) et cT1bN0M1, n = 1 (1,4 %). Parmi ces lésions, on retrouvait 6 nodules en verres dépolis (n = 4 cT1aN0M0, n = 1 cT2aN0M0, n = 1 cT1bN0M0). En plus de ces lésions, on retrouvait un syndrome interstitiel et une métastase pulmonaire d’un sarcome périphérique. Quatre malades présentaient donc une stadification cN1 sur le TEP (5,7 %). La taille moyenne du nodule sur le scanner préopératoire était de 23,8 ± 12, 2 mm. Les EFR préopératoires retrouvaient un VEMS moyen de 2,44 ± 0,73 litres soit 92,52 ± 21,09 % de la théorique. Une rachianesthésie préopératoire immédiate était réalisée chez 45 malades (64,3 %) avec 5 échecs (7,1 %), une péridurale thoracique était posée (1,4 %) et 14 blocs du grand dorsal étaient réalisés (20 %).     3.4. Technique opératoire Soixante-sept malades ont été opérés par une approche antérieure (95,7 %) et 3 par une approche postérieure (4,3 %), avec 3 incisions pour chaque malade dont une dite « de nécessité », de 2 à 3 cm effectuée d’emblée dans le 4e espace intercostal pour les lobes supérieurs et moyens et dans le 5e espace intercostal pour les lobes inférieurs. La lobectomie était réalisée d’emblée pour 53 malades (75,7 %) ou au décours d’une résection atypique (wedge) pour vérification anatomopathologique extemporanée chez 17 malades (24,3 %). Tous les lobes supérieurs et moyens étaient opérés avec la technique fissureless, pour les lobes inférieurs l’artère pulmonaire scissurale était disséquée. Le caractère fermé ou ouvert des scissures n’a pas été recueilli.     3.5. Données anatomiques Le nombre médian d’artères agrafées et sectionnées était de 2 [1;7] tous lobes confondus. Le nombre médian d’artères pour chaque lobe est détaillé dans le tableau 1.   Tableau 1. Nombre d’artères pour chaque lobe. Lobes Nombre d'artères (médiane) Minimum Maximum LSD 2 1 3 LM 2 1 2 LID 2 1 4 LSG 4 3 7 LIG 2 1 3   Concernant les artères, on retrouvait 3 variations anatomiques (4,3 %) : une artère lingulaire émergeant du tronc artériel des basales, une artère lobaire moyenne émergeant du tronc artériel des basales et un malade qui présentait deux artères nelsonniennes. Concernant les veines, on retrouvait 8 variations anatomiques (11,4 %) résumées dans le tableau 2.   Tableau 2. Type de variation veineuse. Type variation veineuse n Côté Tronc commun VPS et VPI 3 G Veine du LM se drainant dans la VPI 3 D VPI et nelsonnienne distincte 2 G   Un curage ganglionnaire était effectué chez 66 malades (94,3 %) et non réalisé pour les 4 autres malades (5,7 %) chez qui la lésion était une métastase. Un cathéter d’analgésie sous-pleural était mis en place en fin d’intervention chez 69 malades (98,6 %).   3.6. Conversions Nous avons dû réaliser 8 conversions (11,4 %) par thoracotomie. Sept par thoracotomie antérolatérale par élargissement de l’incision de nécessité (10 %) et un malade par thoracotomie postérolatérale (1,4 %). Les causes de conversion sont résumées dans le tableau 3. Tableau 3. Cause de conversion par thoracotomie. Cause de conversion n Cause hémorragique 3 Adhérences pariétomédiastinales majeures 3 Causes oncologiques 1 Temps opératoire trop long 1     Les conversions pour causes hémorragiques comprenaient 2 plaies d’artères pulmonaires (une artère médiastinale à droite, une artère médiastinale à gauche) et une plaie veineuse pulmonaire inférieure gauche.   3.7. Opérateurs Six opérateurs différents, 2 « seniors » et 4 « juniors » ont réalisé les interventions. L’opérateur principal était un « senior » pour 43 interventions (61,4 %) et un « junior » pour  27 interventions (38,6 %).   3.8. Temps opératoire Tous les opérateurs confondus, le temps opératoire total moyen était de 154 ± 49,6 min, le temps moyen de la lobectomie de 102,5 ± 46,3 min et le temps moyen du curage ganglionnaire de 30 ± 14,7 min. On observait une décroissance des courbes de tendance du temps opératoire avec le nombre de procédures [figures 2, 3 et 4].   [caption id="attachment_3920" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Durée opératoire totale.[/caption]   [caption id="attachment_3921" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Durée de la lobectomie.[/caption]   [caption id="attachment_3922" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Durée du curage.[/caption] 3.8.1. Temps opératoire seniors vs juniors Pour les opérateurs seniors, le temps opératoire total moyen était de 136,2 ± 36,1 min contre 181,6 ± 53,4 min pour les opérateurs juniors (p < 0,0001), le temps moyen de la lobectomie était de 88,7 ± 39,6 min contre 123,6 ± 48,4 min (p = 0, 003), et le temps moyen du curage de 27,1 ± 10,3 min contre 34,2 ± 18,9 min (p = 0,168). On notait donc une différence significative entre « seniors » et « juniors » concernant le temps opératoire global, le temps de la lobectomie mais pas pour le temps du curage ganglionnaire [tableau 4].   Tableau 4. Temps opératoires. Opérateurs Temps opératoire total moyen (min) Temps moyen lobectomie (min) Temps moyen curage (min) Seniors 136,2 ± 38,1 88,7 ± 39,6 27,1 ± 10,3 Juniors 181,9 ± 53,4 123,6 ± 48,4 34,2 ± 18,9 p < 0,0001 0,003 0 ,168   3.8.2. Temps opératoires par lobe La durée opératoire des lobectomies supérieures droites était significativement plus longue que celle des autres lobectomies (p = 0,001). On ne retrouvait pas de différence significative pour la durée des autres lobectomies [tableau 5]. Tableau 5. Temps opératoires par lobe. Lobe Temps opératoire global moyen (min) Temps moyen lobectomie (min) Temps moyen curage (min) LSD 179,3 ± 52,7 133,3 ± 50,9 31,75 ± 17,2 LM 128,7 ± 30,6 88,7 ± 20,2 32,5 ± 12,6 LID 143,9 ± 53,8 81,8 ± 29,3 26,9 ± 13 LSG 151,1 ± 44,1 96,7 ± 51 28,3 ± 9,4 LIG 135,7 ± 32,2 90,6 ± 31 30,6 ± 16,9   3.8.3. Courbe d’apprentissage et durée d’intervention En différenciant les opérateurs seniors des opérateurs juniors, nous avons retrouvé une stabilisation du temps opératoire entre 6 et 10 procédures pour les seniors. Tous les opérateurs confondus, sur les 70 lobectomies effectuées, le temps opératoire global moyen concernant les 10 premières procédures était de 187,5 ± 34,2 minutes contre 131,5 ± 45 minutes pour les 10 dernières (p < 0,0001). Pour les opérateurs seniors qui ont pratiqué 43 interventions, le temps opératoire global moyen concernant les 10 premières procédures était de 152 ± 45,5 minutes contre 133 ± 55,8 minutes pour les 10 dernières (p = 0,03). Pour les opérateurs juniors qui ont pratiqué 27 interventions, le temps opératoire global moyen concernant les 10 premières procédures était de 190 ± 42,4 minutes contre 175 ± 44,6 minutes pour les 10 dernières  (p = 0,05).   3.9. Incidents peropératoires Sept incidents durant l’intervention étaient notés (10 %), il s’agissait de 6 problèmes hémorragiques (2 plaies de veines pulmonaires nécessitant une conversion, 3 plaies d’artères pulmonaires nécessitant 2 conversions et un suintement hémorragique diffus chez un malade sous antimitotiques). La bronche principale gauche était confondue avec la bronche lobaire supérieure gauche durant la réalisation d’une lobectomie supérieure gauche, heureusement celle-ci n’a pas été agrafée puisque détectée lors de l’épreuve de reventilation pulmonaire avant l’agrafage.   3.10. Période postopératoire précoce J0-J30 Deux malades (2,8 %) sont décédés au 10e jour postopératoire, des suites d’une plaie œsophagienne diagnostiquée à J7 pour le premier et qui était classé cT2aN0M0 en préopératoire, et de cause incertaine (sepsis ou embolie pulmonaire massive) pour le second.   3.10.1. Durée de séjour en réanimation, ventilation mécanique et non invasive La durée médiane de séjour en réanimation était de 1 jour [0;10]. Un malade (1,4 %) a été réintubé pour détresse respiratoire aiguë par ventilation mécanique. Six malades (8,6 %) ont bénéficié de VNI pendant 2,8 ± 2,3 jours en moyenne à visée prophylactique pour n = 3 malades, pneumopathie avec hypoxémie pour n = 1 malade, encombrement avec hypoxémie pour n = 1 malade et hypoxémie seule pour n = 1 malade.   3.10.2. Durée de séjour intrahospitalier La durée médiane de séjour était de 6 jours [3;17]. La durée de séjour restait stable avec le temps et ne diminuait pas avec l’expérience. On ne notait pas de différence significative pour la durée globale de séjour entre opérateurs seniors et juniors (p = 0,971).   3.10.3. Durée de drainage La durée médiane de drainage était de 4 jours [2;12]. On ne notait pas de différence significative pour la durée de drainage entre opérateurs seniors et juniors (p = 0,975). Seize malades (22,8 %) ont présenté un bullage persistant par le drain thoracique.   3.10.4. Biologie La variation du taux d’hémoglobine en postopératoire par rapport à la période préopératoire était en moyenne de 1,08 ±0,77 g/L. Deux patients (2,8 %) ont été transfusés. On ne notait pas de différence significative pour les pertes sanguines entre opérateurs seniors et opérateurs juniors (1,1 ± 0, 81 vs 1,14 ± 0, 82 p = 0,889).   3.10.5. Syndrome inflammatoire postopératoire Le taux moyen de globules blancs à J1 était de 12531 ± 10791 G/L. Le taux moyen de la CRP à J1 était de 62 ± 43, 102 ± 67 à J2 et de 105 ± 80 à J3. On ne notait pas de différence significative entre opérateurs seniors et juniors concernant le taux de globule blanc à J1 (p = 0,690) ou de CRP à J1 (p = 0,902), J2 (p = 0,869) et J3 (p = 0,970).   3.10.6. Pneumopathie Onze malades (15,7 %) ont présenté une pneumopathie postopératoire ayant nécessitée une antibiothérapie. Quatre (5,7 %) malades ont nécessité des fibro-aspirations bronchiques.   3.10.7. Reprises chirurgicales précoces Quatre malades (5,7 %) étaient repris au bloc opératoire à 5,7 ± 4,6 jours postopératoires en moyenne, 2 pour hémothorax (2,8 %), 1 pour aérostase (1,4 %) et 1 pour la résection d’un flap trachéal de la membraneuse provoqué par l’intubation. Pour le patient repris pour aérostase, il a été appliqué un Tachosilâ sur la fuite parenchymateuse scissurale identifiée. La patiente présentant un flap trachéal de la membraneuse a bénéficié d’une résection endoscopique de ce flap par les ORL.   3.10.8. Nouveau drainage On notait 6 drainages (8,6 %) itératifs chez 5 malades, 5 pour pneumothorax et 1 pour hémopneumothorax. Le délai moyen de ces drainages était de 9,3 ±4,2 jours postopératoires. Aucun malade n’a été drainé après 15 jours postopératoires.   3.10.9. Morbimortalité globale J0-J30 En comptant les pneumopathies (n = 11), les reprises chirurgicales (n = 4) et les décès postopératoires (n = 2), le taux global de morbimortalité était donc de 24,3 %. Notons que 2 (2,8 %) malades étaient réopérés tardivement, en moyenne au 47 ± 7e jour postopératoire, pour 2 hernies pariétales douloureuses (une sur l’incision de nécessité, une sur l’orifice de trocart postérieur). Il était réalisé à chaque fois une fermeture directe. Parmi les 8 malades convertis, on retrouvait 2 pneumopathies postopératoires (25 %), aucune reprise chirurgicale, pas de décès postopératoire et pas de nouveau drainage, soit un taux de morbimortalité pour ce groupe de 25 %. Cinq de ces malades avaient des douleurs persistantes à 1 mois (62,5 %) et 1 malade présentait des douleurs résiduelles en fin de suivi (12,5 %).     3.11. Anatomopathologie définitive L’examen anatomopathologique définitif des pièces opératoires objectivait 64 lésions bronchopulmonaires malignes (91,4 %) et 6 lésions bénignes (8,6 %). Les lésions bénignes (n = 6) comprenaient 2 pneumopathies interstitielles, 1 granulome épithélioïde et gigantocellulaire (maladie des griffes du chat), 1 inflammation granulomateuse nécrosante (mycobactérie ou sarcoïdose), 1 hamartochondrome et 1 adénome pleïomorphe. Les lésions malignes (n = 64) comprenaient 57 cancers bronchopulmonaires primitifs (89 %) et 7 métastases (10,9 %). Le classement des cancers bronchopulmonaires est reporté dans le tableau 6. Tableau 6. Classification des cancers bronchopulmonaires. Classification tumeur n % Stade I             pTisN0 1 1,7   79 %                              pT1aN0 17 29,8                          pT1bN0 9 15,9                          pT1aN1 1 1,7                          pT1bN0 2 3,5                          pT2aN0 11 19,4                          pT2bN0 4 7 Stade II            pT2aN1 3 5,3  7 %                          pT2bN1 1 1,7 Stade III           pT2N2 3 5,3 10,6 %                            pT3N0 3 5,3 Stade IV           pT2aN0M1b 1 1,7 3,4 %                            pT2aN2M1a 1 1,7     Concernant le statut ganglionnaire, on retrouvait donc 48 tumeurs classées N0 (84,2 %), 5 classées N1 (8,8 %) et 4 N2 (7%). Parmi les 57 cancers bronchopulmonaires, on notait 42 adénocarcinomes, 9 carcinomes épidermoïdes, 1 carcinome canalaire, 1 carcinome pleïomorphe, 3 tumeurs carcinoïdes et 1 carcinome à petites cellules. L’exérèse était complète pour 69 malades (98,6 %).   3.12. Curage ganglionnaire En moyenne, on retrouvait 15 ± 6 ganglions dans le curage avec 3 ± 1 sites curés. Pour les opérateurs seniors, 16 ± 6 ganglions pour 3 ± 1 sites curés contre 14 ± 7 ganglions pour 4 ± 1 sites curés pour les opérateurs juniors (p = 0,168). Le nombre de ganglions curés augmentait avec le nombre de procédures. Bien qu’on ne notait pas de différence significative entre opérateurs seniors et juniors concernant le nombre de ganglions curés, une différence en faveur des opérateurs seniors apparaissait pour le nombre de site curé (p = 0,043).   3.13. Curage ganglionnaire et courbe d’apprentissage Soixante-six curages ont été effectués, 39 par des opérateurs seniors et 27 par des opérateurs juniors. Tous les opérateurs confondus, sur les 66 curages, nous avons retrouvé pour les 33 premiers curages un nombre moyen de ganglions curés de 14,3 ± 5, 7 contre un nombre moyen de 15,8 ± 7,3 ganglions curés pour les 33 derniers (p = 0,554). Concernant les opérateurs seniors qui ont réalisé 39 curages, on retrouvait en moyenne 14,5 ± 5, 7 ganglions pour les 20 premiers malades contre 14,9 ± 7 ganglions pour les 19 derniers (p = 0,646). Concernant les opérateurs juniors qui ont réalisé 27 curages, on retrouvait en moyenne 14,2 ± 5, 7 ganglions pour les 14 premiers malades contre 16,1 ± 7, 3 ganglions pour les 13 derniers (p = 0,820).   3.14. Consultation à 1 mois   3.14.1. Douleur Vingt malades (28,6 %) se plaignaient spontanément de douleurs persistantes à 1 mois postopératoire avec une EVA moyenne de 2,5 ± 2.   3.14.2. Radiographie thoracique À un mois, on retrouvait 23 épanchements liquidiens résiduels (32,9 %), 1 pneumothorax minime (1,4 %), aucun nouveau drainage n’a été réalisé.   3.15. Suivi. Survie globale et sans récidive Au terme du suivi moyen de 14,1 ± 7, 7 mois, on notait 3 décès (4,3 %) dont 2 décès postopératoires précoces. Concernant les malades présentant des lésions malignes, le taux de survie globale était de 95,7 %, le taux de survie globale sans récidive était de 85,7 % (figure 5). Dix malades ont présenté une récidive locorégionale (n = 5) et/ou métastatique (n = 6).   [caption id="attachment_3923" align="aligncenter" width="300"] Figure 5.[/caption] Au terme du suivi, six malades (8,6 %) gardaient des douleurs pariétales, dont 1 (1,4 %) des douleurs invalidantes.     4. DISCUSSION   4.1. Expérience initiale dans notre centre Au décours de nos 70 premières lobectomies par VATS, nous avons noté une morbimortalité globale de 24,3 % (32,8 % avec les 6 drainages itératifs) et un taux de décès postopératoire de 2,8 %, ce qui est concordant avec les données de la littérature. Il semble que la courbe d’apprentissage soit plus rapide pour les opérateurs déjà expérimentés en chirurgie ouverte avec une stabilisation du temps opératoire à partir de 6 à 10 procédures pour les opérateurs seniors, ce qui est peu par rapport aux études publiées. Nous avons noté également que le nombre de ganglions extraits pendant le curage augmentait avec le nombre d’interventions déjà effectuées. Notre taux de survie globale (95,7 %) et de survie sans récidive (85,7 %) au terme de notre suivi moyen de 14,1 ± 7, 7 mois relativement court était concordant avec les données de la littérature pour ces cancers bronchopulmonaires de stade précoce, corroborant la qualité de la résection carcinologique par rapport aux lobectomies-curages réalisées par thoracotomie.     4.2. Historique VATS La première lobectomie par VATS a été décrite par Roviaro en 1992 prouvant la faisabilité technique du geste [1]. Cette technique n’a pas été adoptée d’emblée par la communauté chirurgicale thoracique pour le traitement du cancer bronchopulmonaire notamment pour le risque de ne pas respecter les principes oncologiques (résection en monobloc, qualité des curages ganglionnaires médiastinaux). Depuis les années 2000, l’apport de la VATS pour les lobectomies-curages s’est progressivement standardisé pour le cancer bronchopulmonaire de stade précoce. La Society Thoracic Surgeons (STS) rapporte en 2007 un taux de 29 % de l’ensemble des lobectomies faites par VATS pour cancer bronchopulmonaire non à petites cellules.     4.3. Indications et recommandations Depuis 2013, ces techniques mini-invasives sont validées et recommandées pour les cancers de stade précoce (stade I) par l’American College of Chest Physicians (ACCP). Elles ne sont actuellement pas recommandées pour les cancers de stade avancé. Certains auteurs ont proposé les indications suivantes : Pathologie bénigne nécessitant une résection pulmonaire anatomique, pathologie maligne avec une taille de la lésion inférieure à 6 cm, cancers bronchopulmonaires stades I et II, métastase pulmonaire unique ne pouvant être réséquée par wedge [14]. Ces auteurs proposaient les contre-indications absolues suivantes : ventilation unipulmonaire impossible et statut N2, et contre-indications relatives suivantes : antécédent de chirurgie thoracique, adhérences pleurales majeures, chimiothérapie néo-adjuvante, radiochimiothérapie néo-adjuvante, statut N1, absence de scissure.     4.4. Technique chirurgicale Il existe plusieurs approches pour la réalisation d’une lobectomie par VATS. Certains prônent la résection complètement endoscopique décrite par Gossot et Shigemura [15,16] ou le chirurgien opère à travers des trocarts et agrandit l’un des orifices pour l’extraction de la pièce opératoire en fin d’intervention. D’autre réalisent d’emblée une incision de 4 à 5 cm, dite de nécessité, permettant de passer plusieurs instruments, d’extraire la pièce opératoire et d’effectuer un tamponnement rapide en cas d’hémorragie [17]. Une variante postérieure fut décrite par Walker, l’opérateur étant placé dans le dos du patient [13]. Cette voie postérieure de distingue de la voie antérieure décrite par McKenna puis Hansen [18], où l’opérateur est placé dans le ventre du patient. Ses techniques ont été modifiées et améliorées pour aboutir à des procédures standardisées [12]. Enfin d’autres techniques ont plus récemment été décrites comme la technique antérieure à deux incisions [19,20] ou la technique avec une seule incision (single port) qu’affectionnent les chirurgiens asiatiques certaines études suggérant même que cette technique « single port » offrirait une diminution de la morbidité et de la douleur postopératoire par rapport à la traditionnelle VATS avec 3 incisions [22], même pour les stades avancés [23]. Notre voie de prédilection est la voie antérieure, approche nécessitant 3 incisions comme décrites par McKenna et Hansen, pratiquée sous anesthésie générale et sous intubation sélective. Le vidéothoracoscope est introduit au niveau du 8e espace intercostal sur la ligne axillaire antérieure ou moyenne, utilisée en fin d’intervention pour placer le drain thoracique. Une seconde incision de 3 à 5 cm (incision de nécessité) est pratiquée sur la ligne axillaire antérieure au niveau du 4e espace intercostal. Une troisième incision est placée sur la ligne axillaire postérieure au niveau du 8e espace intercostal. Nous préférons toutefois nous placer dans le 5e espace concernant l’incision de nécessité pour les lobes inférieurs (4e espace pour les lobes supérieurs et moyen) et dans le 5e espace pour l’incision postérieure. La séquence de dissection et l’ordre de section des structures anatomiques sont standardisés en fonction du lobe pulmonaire réséqué et en fonction de l’ouverture complète ou incomplète de la scissure pour les lobectomies inférieures. Notre préférence va pour la technique « fissurless » où la scissure n’est jamais disséquée pour les lobectomies supérieures et moyennes avec chronologiquement une dissection et section de la veine, des artères, de la bronche puis de la scissure, et avec dissection première de la scissure pour les lobes inférieurs. Le curage ganglionnaire médiastinal par VATS suit les mêmes principes que par voie ouverte : à droite la loge de Baréty (loge 4R), sous-carenaires (loge 7), paraœsophagiens et ligament triangulaire (loge 9), intertrachéobronchiques (10R). À gauche, les ganglions de la fenêtre aortopulmonaire (loge 5), préaortiques, intertrachéobronchiques, paraœsophagiens et ligament triangulaire. Nous utilisons des écarteurs d’Alexis pour les incisions et un endobag pour l’extraction de la pièce afin d’éviter le risque de contamination de la paroi.     4.5. Conversion Les causes de conversion sont multiples. Elles peuvent être oncologiques (N1 hilaire ou scissural, N2 extension tumorale scissurale, hilaire, médiastinale ou pariétale), technique (symphyse étendue, exclusion impossible, absence de scissure, difficulté de dissection) ou hémorragique. Si une conversion par thoracotomie est nécessaire, l’incision antérieure au 4e ou 5e espace peut être élargie réalisant ainsi une thoracotomie antérolatérale. On peut également réalisé une thoracotomie postérolatérale si besoin. Une attention particulière doit être prise pour les lobectomies supérieures avec le risque de plaie de l’artère médiastinale qui peut être difficilement contrôlable notamment à droite. La thoracotomie doit être réalisée rapidement et par conséquent une boîte de chirurgie ouverte avec des clamps vasculaires doit être à disposition en salle. Une analyse fine des scanners permet d’exclure les patients à risque (adénopathies adhérentes aux vaisseaux, antécédents de radiothérapie et chimiothérapie ancienne) et de reconnaître des variations anatomiques dangereuses.  La littérature rapporte des taux de conversion d’environ 8 % toutes séries confondues avec des causes très différentes dont moins de 1 % pour saignement non contrôlé. Le taux de conversion et les causes varient significativement au cours du temps et augmentent la morbidité opératoire (taux de complications 39,6 %), sans majorer la mortalité ou modifier l’étendue de la résection parenchymateuse. Notre étude corrobore ces résultats avec un taux de conversion de 11,4 % pour saignement dans 4 % des cas.     4.6. Courbe d’apprentissage La courbe d’apprentissage de la lobectomie par VATS est influencée par de nombreux facteurs dont la plupart dépendent du chirurgien : expérience des gestes mineurs par thoracoscopie, entraînement par simulation, visite de centres experts en thoracoscopie. L’environnement joue également un rôle déterminant : présence d’une équipe dédiée et de la supervision par un chirurgien senior, recrutement suffisant dans le centre. En 2012, Petersen et Hansen [24] ont publié une mise à jour de leurs données de 2009 où ils établissent des recommandations pour la création d’un programme de lobectomies par VATS : apprentissage initial de la lobectomie par une thoracotomie antérieure, acquérir une expérience d’au moins 100 interventions mineures en VATS, nécessité de visiter des centres experts en chirurgie thoracique VATS et de s’exercer sur simulateurs, sélection rigoureuse des malades (exclusion des malades avec antécédent de tuberculose ou autre pathologie inflammatoire, scissure incomplète), choisir une approche standardisée, soit antérieure, soit postérieure, réaliser au moins 25 lobectomies par VATS par an. Plusieurs études s’accordent à dire qu’il est nécessaire d’avoir effectué entre 30 et 100 lobectomies par VATS pour être performant. En 2014, Yan recommandait de réaliser au moins 50 interventions pour effectuer correctement une lobectomie par VATS, qu’un centre expert devait en effectuer 50 par an et un même chirurgien, 20 [25]. Une autre étude de 2014 publiée par Li concluait qu’un jeune chirurgien avait besoin d’une expérience de 100 à 200 lobectomies VATS pour acquérir la qualité, la radicalité oncologique et la reproductibilité du geste (durée d’intervention, durée de drainage et d’hospitalisation, nombre de ganglions et de stations prélevés, taux de complication et de conversion) [26]. Enfin, une autre étude publiée par Cheng toujours en 2014 analysait les premières 56 lobectomies par VATS et comparait les 28 premières avec les 28 suivantes et concluait qu’au-delà des 28 premières on observait une diminution significative de la durée opératoire, du drainage et de l’hospitalisation ainsi qu’une augmentation du nombre de ganglions prélevés dans le curage [27].     4.7. Simulation et formation Plusieurs études ont comparé différents modèles de dissection sur l’animal, le bloc cœur-poumon ou le modèle cadavérique. Cependant la simulation chirurgicale devient une piste d’avenir pour la formation de cette chirurgie [28-30]. L’entraînement sur des simulateurs permettrait de raccourcir la courbe d’apprentissage et fait actuellement partie des recommandations pour la formation à la lobectomie par VATS [24-25]. Plusieurs modèles sont en cours d’évaluation dans des centres experts. Une étude randomisée avait montré que le niveau technique atteint par un chirurgien en cours de formation entraîné par réalité virtuelle dépassait celui d’un chirurgien moyennement expert en laparoscopie [5]. La formation s’effectue également « en ligne », les supports de vidéos sur internet ayant considérablement augmenté ces dernières années. Plusieurs études ont évalué l’impact positif des programmes de formation en ligne sur le développement d’une technique chirurgicale [31,32]. Certains mentionnent cependant une réserve vis-à-vis de sites non contrôlés comme YouTube et préfèrent des sites placés sous la responsabilité d’une société savante ou d’une université. La SFCTCV et l’ESTS ont dans ce sens lancé un programme « ESTS  YouTube », le contenu étant soumis à une évaluation par des experts avant publication pour garantir une valeur éducative.     4.8. Résultats oncologiques L’inquiétude concernant l’efficacité oncologique de la lobectomie et du curage par VATS est restée longtemps un des principal obstacle à l’adoption plus large de ces techniques mini-invasives. Une étude prospective randomisée en 2000 comparait les résultats oncologiques de la lobectomie par VATS avec ceux de la lobectomie par thoracotomie [33]. Dans cette étude, Sugi ne retrouvait pas de différence de survie à 3 et 5 ans entre les deux groupes sur plus de 100 malades atteints d’un cancer bronchopulmonaire de stade IA. Ces résultats sont corroborés par plusieurs autres études rétrospectives. Actuellement la survie à 5 ans rapportée après lobectomie par VATS pour NSCLC des stade IA est d’environ 80 % et est donc similaire à celle de la lobectomie par thoracotomie pour le même stade tumoral [34,35]. Une revue systématique de 2008 publiée par Whitson incluait 39 études comparant la lobectomie par VATS versus par thoracotomie pour cancer pulmonaire précoce, les malades opérés par VATS présentaient une survie semblable à 1, 2, 3 et 5 ans [36]. Ces différentes études suggèrent que la lobectomie par VATS offre des résultats oncologiques équivalents à l’approche par thoracotomie. Certaines études récentes retrouvent également des suites postopératoires et des résultats oncologiques (survie sans récidive et globale à 3 et 5 ans) comparables à ceux des lobectomies effectuées par thoracotomie pour les cancers de stade avancé (II et IIIA) [37], y compris pour les stades avancés avec chimiothérapie néooadjuvante [38]. Cependant, face au nombre limité des patients inclus dans des études contrôlées et randomisées, une étude prospective comparant les résultats oncologiques des lobectomies par VATS versus par thoracotomie serait souhaitable pour confirmer ces résultats. Concernant notre série, nous notons un taux de survie globale de 95,7 % et un taux de survie globale sans récidive de 85,7 %, cependant au terme d’un suivi moyen relativement court de 14,1 ± 7, 7 mois, il est donc difficile de conclure sur le résultat oncologique concernant ces lésions de stades précoces.     4.9. Réponse immunitaire postopératoire Des avantages biologiques de la lobectomie par VATS par rapport à la lobectomie par voie ouverte ont été trouvé dans plusieurs études [39]. Ces études montrent que la réponse inflammatoire postopératoire est diminuée après lobectomie par VATS (taux de CRP et d’interleukine 6, 8 et 10). Dans notre étude, on retrouvait un taux moyen de la CRP à J1 de 62 ± 43, 102 ± 67 à J2 et de 105 ± 80 à J3.     4.10. Compliance au traitement adjuvant Deux études ont pu montrer une meilleure compliance au traitement adjuvant après lobectomie par VATS [40,41]. Le traitement peut être débuté plus tôt du fait de la meilleure tolérance à l’intervention après VATS. Cette meilleure récupération fonctionnelle doit être cependant pondérée, certaines études récentes ne retrouvant pas de bénéfices à 3 mois en terme de capacité respiratoire entre le groupe VATS et le groupe thoracotomie [42]. Aucun des malades de notre série n’a bénéficié de traitement néo-adjuvant. Dix malades (14,2 %) présentant une récidive locale et/ou générale ont eu une chimiothérapie adjudante et un malade a eu une radiothérapie locale sur une aire ganglionnaire inguinale, site d’une métastase ganglionnaire.   4.11. Complications postopératoires La morbidité de la lobectomie pour cancer bronchopulmonaire par thoracotomie se situe aux alentours de 35 % selon les séries avec une mortalité de 1 à 2 %. Les complications postopératoires les plus fréquemment décrites sont les pneumopathies (4-6 %), les fuites d’air prolongées (8 %) et les arythmies (10-15 %) [43,2]. Les complications postopératoires de la lobectomie par VATS ont été largement documentées dans différentes études rétrospectives démontrant un taux de complications postopératoires se situant entre 10 et 20 % et une mortalité entre 0 et 2 % [44,45]. La plus importante étude rétrospective regroupant 1100 malades, publiée en 2006, rapportait un taux de complications de 15,4 % et une mortalité de 0,8 %. Les complications les plus fréquemment observées étaient les fuites d’air prolongées (0,5 %), les pneumopathies (1,2 %) et les arythmies (2,9 %), se révélant donc moins fréquentes que les complications après thoracotomie [46]. La morbidité et la mortalité de la lobectomie par VATS versus thoracotomie ont aussi été comparées dans des études prospectives ainsi que dans une revue incluant 6000 malades [7,34,36,47-49]. Toutes ces études indiquent une morbidité inférieure en faveur de la lobectomie par VATS (10 à 30 %) par rapport à la thoracotomie (20 à 50 %) avec un taux de mortalité équivalent entre les deux approches. Dans notre centre, nous rapportons un taux de mortalité postopératoire de 2,8 % et un taux de complications globales de 32,8 % si on prenait en compte les pneumopathies (n = 11), les nouveaux drainages (n = 6), les reprises chirurgicales (n = 4) et les décès (n = 2).     4.12. Douleurs postopératoires Plusieurs études ont démontré la supériorité de la VATS pour les douleurs postopératoires. Une méta-analyse comportant 3 études randomisées et 33 études non randomisées (plus de 3600 malades) a conclu que bien que l’incidence globale des douleurs postopératoires n’ait pas été réduite, l’incidence des douleurs postopératoires sévères était significativement réduite [50]. La douleur postopératoire évaluée après la sortie et jusqu’à 1 an était significativement réduite dans le groupe VATS. De plus, la douleur postopératoire immédiate mesurée par une échelle visuelle de la douleur était réduite de 1 point au premier jour après l’intervention, de plus de 2 points après une semaine et de 1 point entre la 2e et la 4e semaine. Enfin, certaines études ont montré que l’incidence de la douleur chronique était réduite dans le groupe VATS par rapport au groupe thoracotomie [51,35]. Dans notre pratique, l’analgésie thoracique consiste en la mise en place d’une rachi-anesthésie pour la plupart des malades, rarement d’une péridurale thoracique. Le choix est apprécié par l’anesthésiste. Plus récemment un bloc du grand dorsal a été réalisé sous contrôle échographique. Ces procédures sont en cours d’évaluation. Dans notre centre, nous rapportons un taux de douleurs résiduelles à 1 mois de 28,6 % avec une EVA moyenne de 2,5, et un taux de 8,6 % en fin de suivi que nous pouvons qualifier de chronique.     4.13. Curage ganglionnaire Actuellement les recommandations de la SFCTCV ainsi que celles de la société européenne ESTS préconisent un curage radical avec cependant un bénéfice en termes de survie et de récurrence locorégionale qui n’est pas évident, comme le montre Zhang dans une revue de 2013 prenant en compte l’échantillonnage et le curage radical. Idéalement, la dissection ganglionnaire doit être effectuée en monobloc emportant tout le tissu lympho-adipeux médiastinal. Il est recommandé qu’au moins 3 stations lymphatiques médiastinales N2 (en incluant toujours la station sous-carénaire 7) soient emportées au minimum. La chirurgie mini-invasive a été critiquée pendant longtemps concernant la qualité de ses curages ganglionnaires, ceux-ci ont donc été étudiés avec précision et de nombreuses séries récentes montrent que les curages effectués par VATS ramènent un nombre de ganglions similaire à ceux pratiqués par thoracotomie avec des stations ganglionnaires similaires [52,33]. Palade confirme ces résultats dans une récente étude randomisée VATS versus thoracotomie. Cependant, dans une étude non randomisée de 2010, Denliger a montré un curage ganglionnaire moins efficace des 80 premiers cas opérés par VATS par rapport à une série ancienne de thoracotomie [53]. Cette étude souligne l’importance d’un respect scrupuleux de la technique opératoire et d’une potentielle courbe d’apprentissage avec la VATS. Enfin, les complications liées au curage semblent comparables pour les 2 techniques [54]. En résumé, de nombreuses études ont pu démontrer des résultats comparables concernant la qualité du curage ganglionnaire médiastinal, néanmoins de nombreux chirurgiens considèrent que la mise en évidence de métastases ganglionnaires N1 ou N2 lors du bilan préopératoire reste une contre-indication à la lobectomie par VATS, ce que nous pensons également. Dans notre série, le nombre moyen de ganglions curés était de 15 ± 6 ganglions avec 3 ± 1 sites curés. Pour les opérateurs seniors, 16 ± 6 ganglions pour 3 ± 1 sites curés contre 14 ± 7 ganglions pour 4 ± 1 sites curés pour les opérateurs juniors (p > 0,005). Yang, dans sa série de 2015 (1086 cas), rapporte un nombre moyen de ganglions curés de 13 ± 2 avec 3,4 ± 0, 8 stations [55].     4.14. Variations anatomiques vasculaires et/ou bronchiques. De l’importance de l’angioscanner thoracique préopératoire Nous accordons une attention particulière à la réalisation d’un angioscanner préopératoire pour dépister d’éventuelles variations anatomiques vasculaires ou bronchiques. Celles-ci ne sont pas rares, nous retrouvons dans notre série un taux de 11,4 % de variations du drainage veineux, la plus fréquemment observée  étant le drainage du lobe moyen dans la veine pulmonaire inférieure. Cette variation était retrouvée chez 11,53 % des cas dans la série de Rajeshwari et dans 20 % des cas dans la série de Hunsuke [56,57]. Ces variations doivent être recherchées sur le scanner afin de ne pas réaliser accidentellement un infarcissement pulmonaire. Dans la littérature, la variation anatomique veineuse la plus fréquente est la présence d’un tronc veineux commun à gauche, avec une prévalence de 10 à 79 % et la présence de 3 veines distinctes à droite avec une prévalence de 0 à 31 % [58-60]. Fourdrain en 2016 retrouvait 36 % d’anomalie veineuse dans une série de plus de 100 malades opérés d’une lobectomie par VATS, 25 % à droite et 11 % à gauche [61]. Les variations artérielles sont plus rares, retrouvées dans 4,3 % des cas dans notre série et concernait les artères du lobe moyen ou l’artère lingulaire à gauche, ce que corroborait Subotich en 2009, qui retrouvait 2,8 % d’artère du lobe moyen naissant du tronc artériel des artères basales et 5 % d’anomalie des artères lingulaires (artère lingulaire naissant du tronc artériel des basales dans 2,1 % des cas) [62]. Enfin les variations bronchiques existent également avec une prévalence de 1à 12 % selon les séries [63]. Le scanner thoracique injecté doit donc faire partie intégrante du bilan préopératoire pour la réalisation d’une lobectomie planifiée en VATS. 5. CONCLUSION La lobectomie pulmonaire par VATS peut être recommandée pour des patients présentant un cancer pulmonaire de stade précoce. Elle permet de diminuer les douleurs postopératoires, les complications postopératoires dans leur globalité ainsi que la durée d’hospitalisation en comparaison avec la thoracotomie considérée jusqu’à présent comme le gold standard. Les résultats oncologiques à 5 ans en termes de survie et de récidive locorégionale semblent comparables entre les deux techniques, bien que de nouvelles données prospectives soient fortement souhaitables. Son apprentissage, permis par la visite de centres experts, par la simulation et par le « e-learning », est exigeant étant donné le risque de complication hémorragique majeure. L’analyse de notre expérience concernant les 70 premières lobectomies par VATS réalisées au CHU d’Angers nous a permis de confirmer que cette technique est fiable et efficace sur la qualité de la résection carcinologique. Les temps opératoires diminuent et le nombre de ganglions prélevés dans le curage augmente avec l’expérience, plus rapidement si l’opérateur est déjà expérimenté. Les résultats à long terme de cette technique doivent être évalués et comparés à ceux des nouvelles techniques émergentes (single port, chirurgie robotique [RATS]). Enfin, constatant les bons résultats de cette technique pour le cancer bronchopulmonaire de stade précoce, les lobectomies par VATS devront être évaluées pour les stades localement plus avancés.   Références Roviaro G, Rebuffat C, Varoli F, Vergani C, Mariani C, Maciocco M. Videoendoscopic pulmonary lobectomy for cancer. Surg Laparosc Endosc 1992 Sep;2(3):244–7. PMid:1341539 Boffa DJ, Allen MS, Grab JD, Gaissert HA, Harpole DH, Wright CD. 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décembre 8, 2017
Chirurgie cardiaque · Vol. 21 Décembre 2017

Comparaison entre la cardioplégie chaude et la cardioplégie froide basée sur la cinétique des cytokines

K. Taamallah1*, W. Braham1, W. Ghodbane1, M. Ben Azeiz², H. Messaoudi3,  M. Ferjani3, S. Chenik1   1. Service de chirurgie cardiaque, hôpital militaire de Tunis, Tunisie. 2. Service d’immunologie, hôpital militaire de Tunis, Tunisie. 3. Service de réanimation, hôpital militaire de Tunis, Tunisie. Correspondance : taamallahkarima@gmail.com DOI : 10.24399/JCTCV21-4-TAA Citation : Taamallah K, Braham W, Ghodbane W, Ben Azeiz M, Messaoudi H, Ferjani M, Chenik S. Comparaison entre la cardioplégie chaude et la cardioplégie froide basée sur la cinétique des cytokines. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(4). doi: 10.24399/JCTCV21-4-TAA   Résumé Introduction :  la cardioplégie sanguine est une des techniques les plus employées pour la chirurgie coronarienne. Néanmoins le débat persiste quant à la température à utiliser pour obtenir une protection myocardique optimale. Le but de notre travail était de comparer d’une part l’efficacité sur la protection myocardique pour les deux températures de solutions de cardioplégie sanguine (chaude et froide) et d’autre part d’étudier les différentes réponses inflammatoires postcirculation extracorporelle (CEC). Méthodes : il s’est agi d’un travail prospectif et randomisé ayant inclus 30 patients (deux groupes : groupe cardioplégie froide [cp froide] de 15 patients et groupe cardioplégie chaude [cp chaude] de 15 patients), candidats à une chirurgie coronarienne réglée et isolée menée entre mars 2012 et février 2013. Toutes les données cliniques et biologiques (troponine Ic, interleukines [IL-1, IL-6, IL-8, IL-10] et TNFα) pré, per et postopératoires ont été collectées. Résultats : les patients des deux groupes étaient comparables quant aux données démographiques, cliniques, biologiques, échographiques et angiocoronarographiques préopératoires. Il n’y avait aucune différence significative entre les deux groupes concernant les temps de CEC (p = 0,736), le nombre de cardioplégie (p = 0,65), le nombre de revascularisation (p = 0,593) et le type de greffons utilisés (p = 0,426). La qualité de la protection myocardique était identique dans les deux groupes, et cette qualité de protection restait identique dans les sous -groupes (diabétique, dysfonction ventriculaire gauche, lésion du tronc commun et tritronculaire). Le type de cardioplégie ne semblait influencer ni le taux ni la cinétique postopératoire des interleukines et le TNFα entre les groupes. Conclusion : la température de la cardioplégie sanguine ne semblait pas modifier la qualité de la protection myocardique. La réponse inflammatoire immunomédiée post-CEC n’était pas influencée par le type de cardioplégie utilisée.   Abstract Comparison of warm and cold cardioplegia based on cytokine kinetics Introduction: Cytokines play an important role in the inflammatory response associated with cardiopulmonary bypass (CPB) and may contribute to postoperative complications. The aim of our work was to compare the efficacy of myocardial protection of two blood temperatures (warm and cold) on myocardial protection and to study the different inflammatory responses following CPB. Methods: Our prospective, randomized study involving 30 patients (2 groups: cold cardioplegia [ccp] group [n = 15 patients] and warm cardioplegia [wcp] group [n = 15 patients]) undergoing complete revascularization with coronary artery bypass grafting between March 2012 and February 2013. All clinical and biological data (troponin Ic, interleukins [IL-1, IL-6, IL-8, IL-10], and TNF-α) were collected before and after surgery in order to compare the blood concentrations and the kinetics of five cytokines (TNF-α, IL-1, IL-6, IL-8, and IL-10) in these two groups of patients. Results: There were no differences between the 2 groups in terms of age, sex ratio, clinical data, echocardiographic and angiographic findings, number of grafts, and duration of CPB and aortic cross-clamping. The quality of myocardial protection was identical in both groups, and this quality of protection remained identical in the subgroups (i.e., diabetic, left ventricular dysfunction, tri-troncular coronary lesions, and patients with stenosis of the main left coronary). Conclusion: The type of cardioplegia did not seem to influence the postoperative levels and kinetics of interleukins and TNF-α between the two groups. Thus, our data suggest that the use of warm blood cardioplegia or cold crystalloid cardioplegia is followed by the same inflammatory response to CPB.   1. Introduction Malgré la multiplicité des solutions et des voies d’administration de la cardioplégie, aucune d’entre elles n’a prouvé sa supériorité sur le critère de mortalité opératoire, ce qui explique l’absence de recommandations et de consensus poussant à utiliser l’une ou l’autre. Le choix de la cardioplégie reste donc souvent une question d’habitudes propres à chaque équipe chirurgicale plus qu’une conviction scientifique [1]. La chirurgie cardiaque sous CEC entraîne, par ailleurs, un syndrome de réponse inflammatoire systémique (SRIS) qui apparaît dans les premières 24 heures postopératoires et qui peut entraîner des manifestations cliniques pouvant aboutir aux signes les plus graves de défaillance multiviscérale. Ce SRIS est induit par différents facteurs notamment le contact du sang avec des surfaces artificielles du circuit extracorporel, les lésions d’ischémie-reperfusion, l’activation du complément et l’endotoxémie. Certaines cytokines classées pro-inflammatoires, comme l’interleukine (IL) IL-6, IL-8, le tumor necrosis factor (TNF)α et l’IL-1β, sont synthétisées dans la période postopératoire précoce et transforment une réaction immune locale en générale. Le but principal de notre travail était de comparer l’efficacité sur la protection myocardique de deux solutions de cardioplégie sanguine : une chaude à 37 °C et une froide à 4 °C et ceci en nous basant sur la cinétique des troponines Ic postopératoires, la cinétique périopératoire de certaines cytokines (IL-1, IL-6, IL-8 et IL-10 et TNFα).   2. Patients et méthodes Notre étude est prospective et randomisée incluant 30 patients candidats à une chirurgie de revascularisation myocardique réglée et isolée et non redux sur une période d’un an allant du 1er mars 2012 au 28 février 2013. On n’a pas inclus dans cette étude les patients âgés de plus de 80 ans, ayant un infarctus de myocarde (IDM) récent (< 30 jours), une chirurgie combinée, une chirurgie urgente, une chirurgie coronaire redux, une infection en cours, une  insuffisance hépatique, une insuffisance rénale (clairance de la créatinine < 30 ml/min) ou une dialyse préopératoire, ayant une dysfonction immunitaire connue, une pathologie inflammatoire connue, une allergie en poussée, une dysfonction du système nerveux central, ou ayant une néoplasie connue en cours d’évolution, les patients sous traitement hormonal exogène ou un traitement par corticoïdes ou AINS. Trente patients ont été randomisés en deux groupes avant l’intervention : un groupe de 15 patients ayant reçu une cardioplégie froide (groupe cp froide) et un groupe de 15 patients ayant reçu une cardioplégie chaude (groupe cp chaude). Le tirage au sort s’est effectué le matin même de l’intervention par une personne indépendante, toutes les données périopératoires ont été prospectivement collectées en totalité et chez tous les patients. Des données pré, per et périopératoires ont été récoltées. La toponines Ic, les interleukines et le TNFα ont été récoltés. La cardioplégie qu’elle soit froide ou chaude a été réalisée de la même façon, la CEC s’est déroulée en normothermie dans les deux groupes. La cardioplégie a été induite par voie antérograde par la racine aortique chez tous les patients et a été réitérée toutes les 20 minutes. Concernant les cytokines, les prélèvements sanguins ont été réalisés et ont été faits à 4 temps différents : T1 : avant l’induction, T2 : cinq minutes après le déclampage aortique, T3 : quatre heures après le déclampage aortique, T4 : vingt-quatre heures après le déclampage aortique. Le dosage des cytokines est fait par méthode IMMULITE. L’étude a été menée dans le respect de la législation des études cliniques et approuvée par un comité d’éthique.   2.1. Analyses statistiques L’analyse statistique des données a été réalisée par le logiciel SPSS. Les variables quantitatives ont été exprimées en valeur moyenne ± déviation standard et les variables qualitatives en pourcentage. Nous avons utilisé pour la comparaison des moyennes le test T de Student (quand la loi est normale) et celui de Mann-Whitney (quand la loi n’est pas normale). Concernant la comparaison des proportions nous avons utilisé le test de Chi2. On a utilisé le test d’Anova pour comparer les moyennes en cas de dosages répétés dans le temps. Quand la probabilité p de signification du test est < 0,05, le résultat est considéré comme statistiquement significatif.   3. Résultats Aucune différence significative entre les deux groupes concernant les données démographiques, le terrain, la classe fonctionnelle de la NYHA et la moyenne des fractions d’éjection du ventricule gauche (FEVG). Les statuts coronaires étaient similaires avec une prédominance d’atteintes tritronculaires. La diffusion des lésions coronaires ainsi que leur complexité étaient comparables dans les deux groupes comme l’atteste leur score Syntax. Autant de patients dans chaque groupe ont bénéficié au préalable d’une procédure interventionnelle avec pose de stent [tableau 1].   Tableau 1. Profil des patients dans chaque groupe. Données démographiques Total Moyenne N (%) Gp cp chaude Moyenne N (%) Gp cp froide Moyenne N (%) P Âge (années) 62,53 ± 9,47 63,46 ± 8,86 61,60 ± 10,28 0,598 Sexe (féminin) 6 (20 %) 4 (26,66 %) 2 (13,33 %) 0,361   Facteurs de risque cardiovasculaire HTA   14 (46,66 %) 6 (40 %) 8 (53,33 %) 0,361 Diabète   17 (56,66 %) 8 (53,33 %) 9 (60 %) 0,713 Tabac   8 (26,66 %) 5 (32,33 %) 3 (20 %) 0,338 Dyslipidémie   13 (43,33 %) 7 (46,66 %) 6 (40 %) 0,713 BPCO/Asthme 2 (6,66 %) 2 (13,33 %) 0 (0 %) 0,143 ATCD familiaux de coronaropathie 5 (16,66 %) 2 (13,33 %) 3 (20 %) 0,624 BMI 25,86 ± 2,93 25,52 ± 3,48 26,20 ± 2,32 0,533   NYHA III-IV   6 (20 %) 3 (20 %) 3 (20 %) 0,554 Moyenne FEVG 55 ± 10,6 52,6 ± 11,4 57,4 ± 9,46 0,221 FEVG < 50 %     15 (50 %) 9 (60 %) 6 (40 %) 0,273 Statut coronaire Monotronculaire   2 (6,66 %) 0 (0 %) 2 (13,33) 0,143 Bitronculaire   3 (10 %) 2 (13,33 %) 1 (6,66 %) 0,543 Tritronculaire   25 (83,33 %) 13 (86,66 %) 12 (80 %) 0,624 TCG + TC   5 (16,66 %) 4 (26,66 %) 1 (6,66 %) 0,142 Score Syntax 30,77 ± 15,61 29,83 ± 16,32 31,70 ± 15,38 0,749 Angioplastie antérieure 5 (16,66 %) 3 (20 %) 2 (13,33 %) 0,781 BPCO : bronchopneumopathie obstructive ; ATCD : antécédents ; FEVG : fraction d’éjection ; TCG : tronc coronaire commun. La revascularisation des artères coronaires était similaire dans les deux groupes (nombre d’anastomose, choix des greffons). la revascularisation était tout artérielle dans 23,5 % des cas et exclusivement bimammaire dans 16,5 %. Les paramètres de la CEC ainsi que le nombre de cardioplégies passées sont comparables dans les deux groupes. Il n’y avait pas de différence significative quant aux transfusions peropératoires de culots globulaires, aucun patient n’a eu de transfusion de plaquettes. La qualité du sevrage de la CEC était comparable dans les deux groupes. La durée moyenne de la ventilation postopératoire était de 6,77 ± 2,77 heures, le taux d’IDM postopératoire et le taux de décès d’origine cardiaque étaient similaires entre les deux groupes. Pas de différence entre les durées de ventilation et le saignement postopératoire. Les complications postopératoires sont résumées dans le tableau 2, et il n’existe pas de différence significative entre les deux groupes. Le taux de mortalité prédite par l’EuroSCORE II était à 1,74 ± 1,56 %, elle était similaire dans les deux groupes (Gp cp chaude : 1,77 ± 1,9 %, Gp cp froide : 1,75 ± 1,56 %, p = 0,96). La mortalité globale était de 3,3 % (1 patient), pas de différence significative entre les deux groupes (Gp cp chaude : 0 %, Gp cp froide : 1 patient, soit 6,7 %,  p = 0,309).   Tableau 2.  Complications  postopératoires. Événement Total N (%) Gp cp chaude N (%) Gp cp froide N (%) P Troubles du rythme 6 (20 %) 4 (26,66 %) 2 (13,33 %) 0,311 ·       FA 5 (16,66 %) 4 (26,66 %) 1 (6,66 %) ·       Autres 1 (3,33 %) 0 1 (6,66 %) Troubles de la conduction 1 (3,33 %) 0 1 (6,66 %) 0,309 Sepsis 8 (26,66 %) 5 (33,33 %) 3 (20 %) 0,409 ·       Pneumopathie 2 (6,66 %) 2 (13,33 %) 0 ·       ISO 2 (6,66 %) 1 (6,66 %) 1 (6,66 %) ·       Origine indéterminée   4 (13,33 %)   2 (13,33 %)   2 (13,33 %) IDM 2 (13,3 %) 0 (0 %) 2 (13, 3%) 0,143 BCPIA 1 0 1 (6,6 %) 0,309 Décès d’origine cardiaque 1 0 1 (6,6 %) 0,309 Complication neurologique  0 0 0 - Insuffisance rénale aiguë (IRA)  0 0 0 - Dialyse  0 0 0 -   Il n’avait aucune différence statistiquement significative concernant les pics de troponines et leur cinétique. Ces résultats sont détaillés dans le tableau 3.   Tableau 3. Cinétique des troponines en postopératoire. Données Gp cp chaude Moyenne  N (%) Gp cp froide Moyenne   N (%) P Pic de troponines Ic 2,22 ± 1,33 3,41 ± 3,08 0,179 Taux de Tn Ic H6 1,78 ± 1,01 2,32 ± 0,81 0,118 Taux de Tn Ic H12 1,61 ± 0,94 2,48 ± 1,98 0,138 Taux de Tn Ic H24 1,54 ± 1,37 2,49 ± 3,44 0,327 Taux de Tn Ic J3 0,83 ± 1,04 1,43 ± 2,78 0,443 Taux de Tn Ic J6 0,44 ± 0,66 0,69 ± 1,36 0,526 Taux de Tn Ic J9 0,22 ± 0,53 0,28 ± 0,62 0,779   Les différents taux, les pics et les cinétiques des différentes cytokines ainsi que le taux du TNF aux 4 temps de prélèvement (T1, T2, T3, T4) ont été étudiés. Aucune différence significative n’a été constatée entre les deux groupes. Les différents résultats sont exposés dans le tableau 4 et les figures 1 et 2.   Tableau 4. Moyennes des taux d’IL et du TNF aux 4 temps de prélèvement. Cytokine Gp cp chaude Moyenne Gp cp froide Moyenne P IL-1 max 5,04 ± 0,17 6,23 ± 3,18 0,645 IL-1 T1 5 5,96 ± 2,91 0,681 IL-1 T2 5 5,41 ± 1,54 0,63 IL-1 T3 5,04 ± 0,17 5,31 ± 1,22 0,859 IL-1 T4 5 5,13 ± 0,51 0,704 IL-6 max 237,20 ± 225,35 338,24 ± 325 0,331 IL-6 T1 4,40 ± 3,31 6,14 ± 4,81 0,259 IL-6 T2 57,14 ± 29,27 81,75 ± 183,54 0,612 IL-6 T3 226,40 ± 233,60 321,81 ± 310,14 0,349 IL-6 T4 93,95 ± 52,41 144,64 ± 204,02 0,359 IL-8 max 64,44 ± 34,76 96,88 ± 163,38 0,458 IL-8 T1 5,88 ± 1,92 7,54 ± 4,84 0,227 IL-8 T2 43,05 ± 36,23 68,50 ± 169,04 0,573 IL-8 T3 53,58 ± 30,38 64,36 ± 47,81 0,479 IL-8 T4 11,17 ± 4,84 10,62 ± 3,64 0,729 IL-10 max 70,75 ± 75,88 58,70 ± 63,24 0,645 IL-10 T1 6,16 ± 2,47 6,65 ± 3,75 0,681 IL-10 T2 70,42 ± 76,06 57,78 ± 63,75 0,63 IL-10 T3 7,31 ± 6,05 7,72 ± 5,96 0,859 IL-10 T4 7,46 ± 8,36 8,78 ± 9,97 0,704 TNFα max 522,34 ± 438,41 660,32 ± 446,55 0,817 TNFα T1 128,16 ± 199,65 206,16 ± 410,85 0,526 TNFα T2 15,07 ± 4,54 26,56 ± 38,90 0,266 TNFα T3 105,11 ± 261,24 135,27 ± 275,18 0,76 TNFα T4 432,06 ± 468,51 474,57 ± 508,89 0,817   [caption id="attachment_3909" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Cinétique des troponines Ic et TNFα aux 4 temps.[/caption]   [caption id="attachment_3910" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Cinétique de l’IL1 (A), IL6 (B), IL8 (C) et IL10 (D) aux 4 temps.[/caption]   4. Discussion Plusieurs auteurs ont étudié la qualité de la protection myocardique, entre cardioplégies sanguines chaude et froide au cours de la chirurgie coronarienne. Les critères de jugement d’efficacité de la protection myocardique diffèrent d’une étude à l’autre. Certains auteurs se sont fixés comme critère de jugement la mortalité opératoire, d’autres les événements cardiovasculaires majeurs postopératoires (mortalité, IDM, bas débit cardiaque, troubles du rythme ventriculaire majeurs) [2,3], mais peu d’entre eux se sont basés sur la cinétique postopératoire des enzymes cardiaques comme les CPK-MB ou mieux les troponines Ic [4,5], qui semblent mieux refléter les dommages myocardiques induits par la cardioplégie. Nous avons utilisé comme critères de jugement aussi bien les troponines Ic et les marqueurs de l’inflammation que les événements cardiaques majeurs postopératoires. Certaines études sont en faveur d’une meilleure protection myocardique en utilisant une cardioplégie sanguine chaude au cours de la chirurgie de revascularisation coronarienne [6-11]. D’autres études, comme la nôtre, concluent que la qualité de la protection myocardique est similaire pour les deux solutions de cardioplégie. Ainsi, dans Warm Heart Investigators [12], un essai randomisé sur 1732 patients (860 patients recevant une cardioplégie sanguine chaude et 872 patients recevant une cardioplégie sanguine froide), les auteurs n’ont objectivé aucune différence significative entre les deux groupes concernant la mortalité dans les 30 jours postopératoires, le taux d’AVC et le taux de réopération. Par contre ils ont noté un plus faible taux d’enzymes cardiaques et une moindre fréquence de survenue de bas débit cardiaque en postopératoire avec la cardioplégie sanguine chaude. Fremes et al. [13] ont randomisé 1732 patients en deux groupes (un groupe de cardioplégie sanguine chaude et l’autre froide) et ont observé un plus faible taux de mortalité dans le groupe cardioplégie sanguine chaude mais sans que cela soit statistiquement significatif. Bical et al. [14] ont mené un essai randomisé sur 30 patients candidats à une revascularisation coronarienne chirurgicale (15 dans chaque groupe de cardioplégie) et ont conclu que les résultats cliniques ainsi que les paramètres hémodynamiques étaient similaires dans les deux groupes. La cardioplégie chaude paraissait, par ailleurs, provoquer moins d’acidose et de lésions myocardiques. Landymore et al. [15] ont effectué un essai randomisé sur 40 patients en deux groupes de cardioplégie (chaude et froide) et ont conclu que les 2 solutions de cardioplégie donnaient des résultats satisfaisants et identiques. Pelletier et al. [16] ont réalisé un essai randomisé sur 200 patients et ont conclu que les résultats cliniques (mortalité, IDM, retour en rythme sinusal) étaient identiques entre les deux groupes, mais que la cardioplégie froide était responsable d’une élévation plus significative des CPK MB et des troponines Ic. En comparant les deux groupes de cardioplégie, nous n’avons noté aucune différence statistiquement significative concernant les pics de troponines Ic (p = 0,179), leurs cinétiques à H6, H12, H24, J3, J6 et J9, le taux d’IDM postopératoire (p = 0,143) et le taux de décès d’origine cardiaque (p = 0,309). Ainsi, la qualité de la protection myocardique était identique dans les deux groupes, cette qualité de protection reste identique dans les sous-groupes de patients diabétiques, ayant des lésions du tronc commun gauche, les patients ayant des lésions coronaires tritronculaires et les patients ayant une dysfonction VG. Flack et al. [17] se sont intéressés aux patients candidats à une chirurgie de revascularisation myocardique isolée et ayant une dysfonction VG (FEVG < 36 %). Ils ont noté que la cardioplégie chaude donnait 10 % de dysfonction VD postopératoire contre 25 % pour la cardioplégie froide Ils ont conclu qu’il n’y avait pas de différence significative entre les deux solutions de cardioplégie sanguine concernant leur objectif primaire (la mortalité), par contre un taux plus élevé de dysfonction VD était observé après une cardioplégie froide. De même, une meilleure protection du VD avec la cardioplégie chaude a été rapportée par Christakis et al. [9,10]. Ces mêmes auteurs ont montré que le taux d’une atteinte du VD après une cardioplégie froide était de 30 % si la cardioplégie froide était suivie d’une reperfusion chaude (p = 0,004). Concernant cette technique de cardioplégie, Pichon et al. [18] ont démontré que la cardioplégie sanguine froide suivie d’une reperfusion chaude était meilleure au point de vue de la protection myocardique que la cardioplégie cristalloïde froide. Par contre Chocron et al. [19] n’ont pas pu montrer une différence statistiquement significative entre cardioplégie cristalloïde suivie d’une reperfusion chaude, cardioplégie sanguine froide suivie d’une reperfusion chaude et cardioplégie sanguine froide sans reperfusion chaude chez des patients coronariens ayant un pontage aortocoronaire. Nombreuses sont les études qui se sont intéressées à la relation étroite entre la CEC et la libération de cytokines mais l’influence du type de cardioplégie sur la libération de cytokines reste peu étudiée. Liebold et al. [20] trouvent que les taux d’IL-6 à 1H, 6H et 12H post-CEC étaient significativement plus élevés dans le groupe de cardioplégie cristalloïde froide comparés au groupe de cardioplégie sanguine chaude et que l’index cardiaque postopératoire, le sevrage du respirateur et le taux de saignement étaient meilleurs dans le groupe de cardioplégie chaude. Wan et al. [21] rapportent que l’utilisation de la cardioplégie sanguine chaude réduit la réponse inflammatoire post-CEC. Ces données suggèrent un effet moins inflammatoire de la cardioplégie sanguine chaude comparée à la cardioplégie cristalloïde froide. Nous avons trouvé que le type de cardioplégie ne semble pas influencer le taux et la cinétique des interleukines (p > 0,05 aux 4 temps de prélèvement pour IL-1, IL-6, IL-8, IL-10) et du TNFα (p > 0,05 aux 4 temps de prélèvement) au cours de la période postopératoire. L’élévation des taux des IL-6 et 8 démarre dès le déclampage aortique avec des pics atteints entre 4 et 6 heures postdéclampage. L’élévation des taux de l’IL-10 était immédiate après le déclampage aortique et son pic était atteint en quelques minutes ; ce pic était atteint en moyenne 2 heures après le clampage dans la série de Wan et al. [21]. L’IL-6 est corrélée à la sévérité du SRIS généré par la CEC, l’ischémie myocardique postopératoire ainsi que les lésions tissulaires et le développement d’un état de bas débit cardiaque [22]. Dans notre série, l’IL-6 était plus marquée lors de nombreuses complications postopératoires comme la mortalité d’origine cardiaque, l’IDM et les troubles conductifs, mais le faible échantillon ne rend pas possible une étude statistique fiable. Les pics d’IL-8 sont corrélés au degré de dysfonction VG, à la durée du support inotrope postopératoire requis et à la durée de la ventilation mécanique [22]. Dans notre série, une élévation marquée du taux de l’IL-8 était observée chez les patients ayant une complication cardiaque tel que l’IDM postopératoire et les troubles conductifs, et chez les patients décédés d’une complication cardiaque et les patients ayant un sepsis. Une étude statistiquement fiable n’est pas possible compte tenu du faible échantillon. IL-10 est une interleukine anti-inflammatoire et immunosuppressive qui inhibe l’activation des monocytes/macrophages et régule la biosynthèse de TNFα et IL-1β, tout en empêchant leur action biologique via une régulation de l’IL-1ra. L’IL-10 diminue également l’adhésion leucocytaire et réduit leur migration vers les sites d’inflammation [23]. Ensemble, ces médiateurs servent à limiter les effets potentiellement préjudiciables des réactions inflammatoires excessives et notamment post-CEC [24]. Plusieurs études récentes ont montré que l’administration thérapeutique précoce d’IL-10 est efficace pour prévenir la montée initiale de TNFα, observée après le choc hémorragique et traumatique [25] et également pour réduire le SRIS observé au cours des chocs septiques et au cours des lésions induites par le syndrome d’ischémie reperfusion [26]. Dans notre série, le taux de l’IL-10 était plus élevé en cas de décès d’origine cardiaque et plus particulièrement après IDM postopératoire, la survenue de troubles conductifs et de saignement. Les taux de TNFα de base étaient élevés, chez la quasi-totalité de nos patients, et sa cinétique était marquée par une élévation dès le déclampage aortique avec des pics tardifs, contrairement à ceux rapportés par d’autres auteurs qui trouvent des pics beaucoup plus précoces entre 4 et 6 heures postdéclampage. Selon certains auteurs, un taux de base élevé du TNFα serait corrélé à un syndrome de réponse inflammatoire systémique plus sévère en post-CEC. En effet, E. Hill et al. [27] ont évalué le taux de sTNF-R (récepteur soluble de TNFα) en période préopératoire qui renseigne sur le taux de TNFα sérique de base. Ils ont conclu que si ces taux sont élevés à l’état de base, ils pourraient influencer négativement l’évolution postopératoire en exposant les malades à des complications et qu’un taux élevé de sTNF-R est considéré comme facteur indépendant prédicteur de complications tout en tenant compte des autres marqueurs, de l’âge et de l’EuroSCORE. Des taux élevés de TNFα sont associés à la survenue postopératoire de dysfonction contractile VG non attribuable ni à l’âge ni aux autres comorbidités [22]. Dans notre série, le taux du TNFα était élevé chez les patients décédés d’une complication cardiaque, chez les patients ayant présenté une fibrillation auriculaire et des troubles de la conduction postopératoires. Le tableau 5 résume l’impact du type de la cardioplégie et le médiateur de l’inflammation sur l’état clinique des patients.   Tableau 5. Impact clinique des différents marqueurs de l’inflammation. Cardioplégie froide (cf) Cardioplégie chaude (cc) Effet sur la fonction contractile du ventricule gauche TNFα IL-8 [22] TNFα IL-8 [22] Effet sur la fonction contractile du ventricule droite Effet délétère [9,10,17]   Effet protecteur [9,10] Durée ventilation mécanique IL-8 [22] IL-8 [22] Durée de nécessité d’un support inotrope Bas débit post-CEC IL-6 [22] IL-6 [22], - [12] Taux de saignement IL-6 [20] Difficulté de sevrage de respirateur IL-6 [20] Lésions myocardiques, acidose Plus marquée [14] Mortalité Faible taux par rapport cf sans être statistiquement significatif [13] En rouge : constatation d’un taux élevé (effet délétère) ; [ ] : référence bibliographique.   L’étude et la compréhension des mécanismes physiopathologiques du SRIS aideront à apporter des thérapeutiques plus ciblées afin de prévenir ces défaillances systémiques pendant et après la CEC. Diverses études ont examiné différentes méthodes (pharmacologiques et non pharmacologiques) pour réduire cette réponse inflammatoire en postchirurgie cardiaque sous CEC, plusieurs molécules ont été testées tel que les corticostéroïdes [28-31], l’aprotinine [32-36], la milrinone [37-39], la kétamine [40-43], les statines [44,45] et la pentoxifylline [46]. Les données de ces études ne peuvent pas être comparées compte tenu de la multitude des techniques de cardioplégie utilisées, mais la majorité semble montrer un bénéfice non seulement biologique (taux de cytokines) mais aussi clinique (morbidité postopératoire). Bourbon et al. [29] ont démontré une diminution de la réaction inflammatoire en postchirurgie sous CEC après l’administration en préopératoire d’un bolus de méthylprednisolone à la dose de 10 mg/kg. Liakopoulos et al. [31] ont montré un effet protecteur a la corticothérapie préopératoire à base de méthylprednisolone donnée à la dose de 15 mg/kg en bolus. Les mêmes auteurs ont démontré un effet cardioprotecteur des statines avec baisse post-CEC des taux de l’IL-6 et IL-10 [45]. Later et al. [36] ont montré une baisse de la procalcitonine et de l’IL-6 chez les patients mis sous aprotinine. Iskesen I et al. [47] ont démontré un effet cardioprotecteur du pentoxifylline administré par voie orale en préopératoire en inhibant les cytokines pro-inflammatoires. Une baisse des cytokines pro-inflammatoires a été aussi notée par Gong et al. [38] après inhalation en pré-CEC de milrinone. Hayashida et al. [39] ont démontré une baisse de l’IL-6 sous milrinone en baissant l’adénosine monophosphate cyclique. Concernant l’effet de la kétamine sur la réaction inflammatoire post-CEC, Bartoc et al. [42] ont démontré une baisse de l’IL-6 et de l’IL-10 sous faible dose de kétamine (0,25 mg/kg). Roytblat et al. [43] ont démontré une baisse de l’IL-6 sous kétamine à la dose de 0,25 mg/kg. Cao et al. [44] ont démontré une baisse de l’IL-6 et IL-8 sous kétamine. Le tableau 6 résume l’effet de ces différentes molécules sur le taux des interleukines. Tableau 6. Impact des différentes molécules sur le taux des marqueurs de l’inflammation.   Marqueur biologique/ traitement   Troponine CRP IL-1 IL-3 IL-6 IL-8 IL-10 TNFα Corticothérapie     + [31]       + [29-31]   + [31]   + [30] - [31] + [29,30]   Statines + [46] - [46] ↗ [46] - [46] Pentoxyphilline + [47] + [47] + [47] Milrinone + [39] + [38,39] +(38) Kétamine + [42] + [42] + [40] + [43] + [44] - [42] + [40] + [42] ↗ [40] Aprotinine    + [35,36]   + : effet bénéfique (taux diminué) ; - : effet négatif ; ↗ : augmentation du taux ; [ ] : référence bibliographique. Bien qu’il s’agisse d’une étude prospective et randomisée, notre faible échantillon de 15 patients dans chaque groupe (avec un pouvoir statistique de l’étude ß = 0,49) limite nos conclusions dans leurs applications et limite l’analyse dans les sous-groupes. D’autre part, les cytokines sériques ne représentent que « la partie visible de l’iceberg » et des techniques de biologie moléculaire étudiant l’expression des gènes des cytokines seraient plus appropriées.  Notre étude est, à notre connaissance, une des premières menées dans le domaine de la chirurgie cardiaque tunisienne, la validation de nos conclusions requiert des confirmations par l’étude d’effectifs plus larges.   5. Conclusion À l’instar de plusieurs études, aucune différence significative n’a été constatée chez les patients opérés pour revascularisation coronaire par pontage aortocoronaire en utilisant une cardioplégie chaude ou froide, en ce qui concerne la mortalité hospitalière, les complications postopératoires et le SRIS, en se basant sur le dosage des médiateurs de l’inflammation (les interleukines et le TNF) et le dosage de la troponine comme marqueur myocardique.   Références Gerardin Marais M, Allorent S, Maupetit JC, Furic I, Duveau D. Le point sur les solutés de cardioplégie utilisés en chirurgie cardiaque. Pharm Hosp 2006;41:209-16. https://doi.org/10.1016/S0768-9179(06)75396-2 Mallidi HR, Sever J, Tamariz M et al. The short-term and long-term effects of warm or tepid cardioplegia. J Thorac Cardiovasc Surg 2003;125:711-20. https://doi.org/10.1067/mtc.2003.105 PMid:12658215 Flack JE 3rd, Hafer J, Engelman RM, Rousou JA, Deaton DW, Pekow P. Effect of normothermic blood cardioplegia on postoperative conduction abnormalities and supraventricular arrhythmias. Circulation 1992;86:385-92. Fan Y, Zhang AM, Xiao YB, Weng YG, Hetzer R. Warm versus cold cardioplegia for heart surgery: a meta-analysis. Eur J Cardiothorac Surg 2010;37:912-9. https://doi.org/10.1016/j.ejcts.2009.09.030 PMid:19850490 Bical OM, Fromes Y, Paumier D, Gaillard D, Foiret JC, Trivin F. Does warm antegrade intermittent blood cardioplegia really protect the heart during coronary surgery? 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décembre 8, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Décembre 2017

Lancement d’un programme de chirurgie thoracique robot-assistée : étude de la sécurité des soins et de la qualité dans le cadre de la courbe d’apprentissage

Henri de Lesquen* (recueil des données, écriture, statistiques), Ilies Bouabdallah (recueil des données), Diane Mège (Statistiques), Charles-Henri David (recueil des données), Joséphine Chenesseau (recherche bibliographique), Lucile Gust (relecture), Geoffrey Brioude (relecture), Delphine Trousse (relecture), Xavier Benoît D’journo (relecture), Christophe Doddoli (opérateur, relecture), Pascal Alexandre Thomas (directeur, opérateur, relecture)   Service de chirurgie thoracique, maladies de l’œsophage et transplantation pulmonaire. APHM * Correspondance : henridelesquen@gmail.fr DOI : 10.24399/JCTCV21-4-DEL Citation : De Lesquen H, Bouabdallah I, Mège D, David CH, Chenesseau J, Gust L, Brioude G, Trousse D, D'Journo XB, Doddoli C, Thomas PA. Lancement d’un programme de chirurgie thoracique robot-assistée : étude de la sécurité des soins et de la qualité dans le cadre de la courbe d’apprentissage. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(4). doi: 10.24399/JCTCV21-4-DEL Résumé Objectif : comparer l’expérience initiale de chirurgie robotique (RATS) avec celle d’un programme de chirurgie vidéo-assistée (VATS) établi. Méthodes : les résultats précoces de 76 patients opérés d’une lobectomie pour cancer selon une technique VATS par le chirurgien le plus expérimenté ont été comparés aux résultats de 87 patients opérés avec une technique RATS par un seul chirurgien pendant 24 mois. Résultats : le temps opératoire était plus long dans le groupe RATS (moyennes : 134,5 ± 37,7 min vs 154,2 ± 47,3 min ; p = 0,004). La morbidité globale était similaire (43,4 % vs 39,1 %, p = 0,57). Cinq patients dans le groupe VATS ont nécessité des transfusions sanguines et 1 dans le groupe RATS (p = 0,12). Les taux de réadmission à 90 jours étaient similaires (3,9 % vs 6,9 % ; p = 0,38). Les taux de mortalité à 90 jours étaient de 2,6 % et 0 % (p = 0,12). Un plus grand nombre de ganglions N2 étaient prélevés dans le groupe VATS (moyennes : 9,92 ± 5,41 vs 6,24 ± 5,584 ; p < 0,0001). La proportion d’une réévaluation à la hausse du stade ganglionnaire était similaire dans les deux groupes (16 % vs 13 % ; p = 0,65). Conclusion : la technique RATS dès ses débuts semble être aussi sûre et efficace que la technique VATS pour la période postopératoire de 90 jours.   Abstract Launching a successful robotic thoracic surgery program: a focus on safety and quality in a learning curve setting  Introduction: The purpose of this study was to compare our initial experience with RATS pulmonary lobectomy with that of our well-established VATS program. Methods: We compared the early outcomes of those 81 patients having had a 3-port full thoracoscopic lobectomy performed by the most experienced VATS surgeon with those 91 patients having had a 3-arm RATS lobectomy performed by a single surgeon during a 24-month period. Results: Operative time was longer in the RATS group (mean: 134.5 ± 154.2 minutes vs. 37.7 ± 47.3 minutes; p = 0.004). Overall morbidity was similar (43.4% vs. 39.1%; p = 0.57). Five patients in the VATS group required blood transfusions and only one in the RATS group (p = 0.12). Readmission rates at 90 days were similar (3.9% vs. 6.9%; p = 0.38). The 90-day mortality rates were 2.6% and 0% (p = 0.12). More N2 nodes were removed in the VATS group (mean: 9.92 ± 5.41 vs. 6.24 ± 5.584; p < 0.0001). The proportion of lymph node upstaging was similar in both groups (16% vs. 13%; p = 0.65). Conclusions: Our early experience of pulmonary lobectomy by RATS appears to be as safe and more mature than VATS, with  regards to the 90-day postoperative period.   1. Introduction La chirurgie thoracique robot-assistée est en plein essor : aux États-Unis, entre 2008 et 2010, elle a permis la réalisation de 0,2, 1,2 % puis 3,4 % des lobectomies. En 2011, la Haute Autorité de santé recensait en France 39 centres équipés d’un robot, alors que cinq ans plus tard 99 établissements en étaient dotés. Cette étude s’inscrit dans le cadre de l’évaluation de nos pratiques cliniques. Ainsi, il est apparu opportun d’évaluer le programme de chirurgie robotique débuté en 2013. Notre service compte quatre chirurgiens seniors certifiés, deux chirurgiens VATS (Video-Assisted Thoracic Surgery) et deux chirurgiens RATS (Robot-Assisted Thoracic Surgery), et illustre un programme de chirurgie minimalement invasive à maturation avec la réalisation de 2013 à 2015 de 459 lobectomie dont quasiment les 2/3 par voie minimalement invasive (chirurgie ouverte : n = 166, soit 36 % ; VATS : n = 179, soit 39 % ; RATS : n = 114, soit 25 %, données de la base locale EPITHOR). L’objectif de cette étude est d’évaluer la qualité et la sécurité accordées par l’utilisation de cette technique minimalement invasive, appelée ici RATS, en comparant la cohorte de lobectomies pour cancer opérée par le premier chirurgien RATS du service dès ses débuts, aux procédures effectuées par l’opérateur VATS le plus expérimenté sur la même période.   2. Patients et méthodes Ce protocole a été soumis au Comité d’éthique de la Société français de chirurgie thoracique et cardiovasculaire (référence : CERC-SFCTCV-2016-9-14-16-29-31-deHe).   2.1. Dessin de l’étude Il s’agit d’une étude monocentrique, rétrospective basée sur un renseignement prospectif des données dans la base locale EPITHOR®. La période d’inclusion débute en octobre 2013, date de la première lobectomie RATS à la suite de l’installation d’un robot DaVinci Si® (Intuitive Surgical, Inc., Sunnyvale, Californie, États-Unis) au CHU Marseille-Nord et se termine en octobre 2015. Tous les patients opérés d’une lobectomie élective pour une suspicion de cancer pulmonaire par une technique minimalement invasive par les deux chirurgiens (PT et CD) ont été inclus. (PT, n = 76 ; CD, n = 87). Il s’agissait de patients porteurs de lésions secondaires ou primitives de stade cIA-B et en cas de comorbidités respiratoires de lésions de stade cIIA, voire cIIB-IIIa pour lesquels une évaluation ganglionnaire médiastinale préopératoire avait éliminé une situation N2. La technique vidéo-assistée utilisait, par une approche postérieure, 3 trocarts en triangulation axillaire de 10,5 mm, 11,5 mm postérieur et 25 mm sans écartement costal, et un optique 30°. La dissection était faite au dissecteur ultrasonique. La progression « fissure less » ou « fissure first » était choisie en fonction des constatations anatomiques peropératoires. La technique robot-assistée employait 3 bras en alignement avec une légère triangulation, un trocart « assistant » de 12 mm et un optique de 30°. Le docking s’effectuait par le haut du chariot patient. La dissection était faite à l'aide d'un ciseau monopolaire et d'une pince fenêtrée bipolaire. Une pince à préhension fenêtrée pouvait être utilisée. Par le trocart assistant, l’utilisation d’une Endo Clinch facilitait l'exposition par mobilisation des lobes et permettait l’utilisation d’agrafeuse mécanique linéaire par le chirurgien habillé. Une progression « fissure first » était toujours réalisée. Le choix de la réalisation d’un curage ou d’un échantillonnage ganglionnaire systématique était à la discrétion du chirurgien. Le curage radical médiastinal était réalisé en bloc dans les deux techniques   2.2. Population Les données démographiques renseignées concernaient l’âge, le sexe, l’indice de masse corporel, la date de la procédure et les dates d’hospitalisation. Les comorbidités recherchées étaient pour chaque patient : les antécédents de broncho-pneumopathie chronique obstructive, d’hypertension artérielle, d’artérite oblitérante des membres inférieurs, de coronaropathie, de diabète, d’insuffisance cardiaque congestive, d’insuffisance rénale chronique. Les évènements étudiés concernaient la morbidité et la mortalité intrahospitalières jusqu’à J90 et extrahospitalières jusqu’à un an de suivi. Les complications postopératoires ont été classées en complications respiratoires (pneumopathie, pleurésie, pneumothorax nécessitant un drainage thoracique, atélectasie, exacerbation de bronchite chronique), cardiovasculaires (fibrillation atriale, syndrome coronarien aigu, maladie thromboembolique veineuse), infectieuses (abcès de paroi, infection urinaire) et iatrogènes (hémothorax, fuites aériennes pulmonaires > 5J, rétention aiguë d’urine nécessitant un sondage vésical, paralysie récurrentielle identifiée par un spécialiste).   2.3. Méthodologie statistique Il s’agit d’une étude descriptive observationnelle. Pour la saisie des données, le logiciel Filemaker Pro Advanced 12.0 v3® (Filemaker Inc., Santa Clara, Californie, États-Unis) a été utilisé afin d’extraire les données de la base EPITHOR® locale. La collection et l’analyse des données ont été réalisées au moyen du logiciel Excel : Mac 2011® (Microsoft® Corp., Remington, Washington, États-Unis). Les variables quantitatives étudiées sont l’âge, l’IMC, le tabagisme, le VEMS, le DLCO, le temps opératoire et le temps d’occupation de salle. Elles sont exprimées en moyennes et écarts types. Les variables qualitatives étudiées sont la tranche d’âge (18-55, 56-64-> 65 ans), l’histoire tabagique (jamais fumé, sevré depuis > 1 an, sevré depuis > 5 semaines, non sevré ou sevré depuis < 5 semaines), les comorbidités (HTA, AOMI, diabète, coronaropathie, insuffisance cardiaque, insuffisance rénale, BPCO), le score ASA (1 à 3), le PS (0 à 2), le stade TNM, la localisation de la tumeur, les complications (respiratoires, cardiovasculaires, infectieuses, iatrogènes), le score de Clavien-Dindo (0 à 5) associé, les taux de mortalité et les réadmissions. Elles sont exprimées en valeur binaire. Pour la comparaison des deux groupes, le test de Chi2 ou le test de Fisher, le cas échéant, ont été utilisés pour comparer les variables qualitatives. Les analyses statistiques ont été réalisées avec la version du logiciel IBM SPSS Statistics 20.0.0. (IBM Corp. in Armonk, New York, États-Unis).   3. Résultats Il n’est pas retrouvé de différence significative entre les deux groupes en ce qui concerne les caractéristiques de la population et des tumeurs [tableaux 1 et 2]. la sécurité du patient, la morbimortalité retrouvée est équivalente dans les deux groupes [tableau 3]. Une conversion en thoracotomie a dû être réalisée pour 9 patients (5,5 %), 6 (7,9 %) dans le groupe VATS et 3 (3,5 %) dans le groupe RATS (p = 0,22), en raison de plaies vasculaires (1 [1,3 %] vs 2 [2,3%]), de problèmes techniques (2 [2,6 %] vs 1 [1,1 %]), de symphyse (2 [2,6 %] vs 0) ou de progression oncologique (1 [1,3%] vs 0). Les pertes sanguines reportées sont statistiquement inférieures dans le groupe RATS associées à un moindre recours à l’acte transfusionnel [tableau 4]. Enfin, 6 (8,3 %) patients du groupe RATS contre 1 (1,3 %) dans le groupe VATS ont eu une lobectomie pour une lésion bénigne (p = 0,12).   Tableau 1. Caractéristiques de la population. Tous (n=163) VATS (n=76) RATS (n=87) p Âge (moyenne, écart type), an 63,9 ± 10,9 64,9 ± 11,6 63,1 ± 10,2 0,309 Tranche d'âge 18-55 ans 30 (18 %) 10 (13 %) 20 (23 %) 0,249 56-64 ans 57 (35 %) 27 (36 %) 30 (35 %) >65 ans 76 (47 %) 39 (51 %) 37 (43 %) Sexe Homme 88 (54 %) 38 (50 %) 50 (58 %) 0,376 Femme 74 (45 %) 38 (50 %) 36 (41 %) Indice de Masse Corporelle (moyenne, écart type) kg/m2 25,1 ± 4,1 25,0 ± 4,5 25,2 ± 3,8 0,687 Tabagisme (moyenne, écart type) PA 32,0 ± 26,3 31,0 ± 26,2 33,0 ± 26,5 0,63 Historique Jamais fumé 40 (32 %) 24 (32 %) 16 (18 %) 0,254 Sevré depuis > 1 an 60 (37 %) 24 (32 %) 36 (41 %) Sevré depuis > 5 semaines 22 (14 %) 10 (13 %) 12 (14 %) Non sevré ou sevré < 5 semaines 41 (256 %) 18 (24 %) 23 (26 %) Comorbidités HTA 61 (37 %) 33 (43 %) 28 (32 %) 0,139 AOMI 24 (15 %) 14 (18 %) 10 (12 %) 0,213 Diabète 16 (10 %) 7 (9 %) 9 (10 %) 0,808 Coronaropathie 15 (9 %) 8 (11 %) 7 (8 %) 0,585 Insuffisance cardiaque 2 (1 %) 1 (1 %) 1 (1 %) 0,923 Insuffisance rénale 19 (12 %) 7 (9 %) 12 (14 %) 0,363 BPCO 37 (23 %) 15 (20 %) 22 (25 %) 0,399 Chimiothérapie antérieure 28 (17 %) 10 (13 %) 18 (21 %) 0,192 VEMS (moyenne, écart type) % 90,5 ± 20,3 88,5 ± 21,7 92,2 ± 19,0 0,246 DLCO (moyenne, écart type) % 64,55 ± 19,4 66,8 ± 17,1 62,4 ± 21,3 0,157 ASA 1 13 (8 %) 6 (8 %) 7 (8 %) 0,192 2 117 (72 %) 50 (66 %) 67 (77 %) 3 33 (20 %) 20 (26 %) 13 (15 %) PS 0 144 (88 %) 67 (88 %) 77 (89 %) 0,364 1 17 (10 %) 9 (12 %) 8 (9 %) 2 2 (1 %) 0 (0 %) 2 (-2 %)   Tableau 2. Caractéristiques des tumeurs. tous (n = 163) VATS (n = 76) RATS (n = 87) p Stade cTNM cT1aN0 87 53 % 42 55 % 45 52 % 0,705 cT1bN0 34 21 % 15 20 % 19 22 % cT2aN0 24 15 % 8 11 % 16 18 % cT2bN0 2 1 % 1 1 % 1 1 % cT3N0 9 6 % 5 7 % 4 5 % cT4N0 1 1 % 1 1 % 0 0 % cT1aN1 4 3 % 3 4 % 1 1 % cT2aN1 2 1 % 1 1 % 1 1 % Évaluation ganglionnaire préalable 7 4 % 4 5 % 3 4 % 0,325 Localisation Lobe supérieur 96 59 % 45 59 % 51 59 % 0,721 Lobe inférieur 51 31 % 25 33 % 26 30 % Lobe moyen 16 10 % 6 8 % 10 12 % Latéralité Droit 105 64 % 52 68 % 53 61 % 0,318 Gauche 58 36 % 24 32 % 34 39 %   Tableau 3. Morbimortalité intrahospitalière. tous (n = 163) VATS (n = 76) RATS (n = 87) p Mortalité À J30 0 0 % 0 0 % 0 0 % À J90 0 0 % 2 3 % 0 0 % 0,125 Complications Toutes 67 41 % 33 43 % 34 39 % 0,574 Complications respiratoires Toutes 25 15 % 12 16 % 13 15 % 0,881 Atélectasie 6 4 % 4 5 % 2 2 % Défaillance respiratoire 1 1 % 0 0 % 1 1 % Exacerbation de BPCO 2 1 % 0 0 % 2 2 % Fistule bronchique 1 1 % 0 0 % 1 1 % Épanchement pleural 3 2 % 2 3 % 1 1 % Pneumopathie 11 7 % 6 8 % 5 6 % Pneumothorax 1 1 % 0 0 % 1 1 % Complications cardiovasculaires Toutes 11 7 % 4 5 % 7 8 % 0,48 Accident vasculaire cérébral 1 1 % 0 0 % 1 1 % Embolie pulmonaire 1 1 % 0 0 % 1 1 % Fibrillation atriale 9 6 % 4 5 % 5 6 % Complications infectieuses Toutes 6 4 % 3 4 % 3 3 % 0,866 Infection urinaire 2 1 % 1 1 % 1 1 % Abcès de paroi 4 2 % 1 1 % 3 3 % Complications iatrogènes Toutes 42 26 % 23 30 % 19 22 % 0,22 Œdème laryngée 1 1 % 0 0 % 1 1 % Hémothorax 3 2 % 2 3 % 1 1 % Paralysie récurrentielle 7 4 % 3 4 % 4 5 % Fuite aérienne prolongée 12 7 % 8 11 % 10 11 % Rétention aiguë d'urine 17 10 % 7 9 % 4 5 % Ulcère gastroduodénal hémorragique 1 1 % 1 1 % 0 0 % Insuffisance rénale aiguë 1 1 % 1 1 % 0 0 % Grade Clavien-Dindo 0 91 56 % 40 53 % 51 59 % 0,224 1 20 12 % 11 15 % 9 10 % 2 37 23 % 14 18 % 23 26 % 3 7 4 % 5 7 % 2 2 % 4 6 4 % 4 5 % 2 2 % 5 2 1 % 2 3 % 0 0 % Réadmission J30 5 3 % 2 3 % 3 3 % 0,763 J90 9 6 % 3 4 % 6 7 % 0,381 Tableau 4. Conversions et pertes. tous (n = 163) VATS (n = 76) RATS (n = 87) Drainage à  J1 Quantité 419,4 ± 222,6 438,3 ± 218 403,4 ± 227,0 Flow 112,9 ± 335,0 131,1 ± 363,9 96,2 ± 307,3 Conversion Problème technique 3 2 % 2 3 % 1 1 % Symphyse 2 1 % 2 3 % 0 0 % Plaie vasculaire 3 2 % 1 1 % 2 2 % Progression oncologique 1 1 % 1 1 % 0 0 % Pertes sanguines < 200 mL 136 83 % 52 68 % 84 97 % 200-500 mL 19 12 % 18 24 % 1 1 % > 500 mL 7 4 % 5 7 % 2 2 % Transfusion 6 4 % 5 7 % 1 1 %   Concernant la qualité oncologique des exérèses, les patients ont été suivis par l’équipe chirurgicale pendant une durée moyenne de 17,1 ± 7,1 mois dans le groupe VATS contre 14,6 ± 8,6 mois dans le groupe RATS. Les résultats oncologiques sont présentés dans le tableau 5. Il est noté une tendance en faveur de la réalisation d’échantillonnage ganglionnaire dans le groupe RATS, ainsi qu’une différence significative pour le nombre de sites N2 et de ganglions N2 prélevés lors de la lymphadénectomie en faveur du groupe VATS. Tous les patients avec une suspicion d’envahissement ganglionnaire cN1 ou cN2 ont eu une évaluation ganglionnaire invasive préopératoire. Une proportion similaire de réévaluation à la hausse du stade ganglionnaire après chirurgie est retrouvée dans les deux groupes. Le taux de progression de la maladie néoplasique était identique à 1 an dans les deux groupes. Tableau 5. Résultats oncologiques. tous (n = 163) VATS (n = 76) RATS (n = 87) p Lésion Tumeur primitive 143 88 % 69 91 % 74 85 % 0,15 Tumeur secondaire 12 7 % 6 8 % 6 7 % Lésion bénigne 8 5 % 1 1 % 7 8 % Lymphadénectomie Nombre de site N2 (moyenne ± écart type) 3,56 ± 1,28 4,25 ± 1,18 2,95 ± 1,03 0,0001 Nombre de ganglions N2 (moyenne ± écart type) 7,94 ± 5,78 9,92 ± 5,41 6,24 ± 5,58 0,0001 Nombre de ganglion N1 (moyenne ± écart type) 6,24 ± 3,94 6,92 ± 4,213 5,66 ± 3,608 0,041 Curage Curage radical 136 83 % 68 89 % 68 78 % 0,054 Sampling 26 16 % 7 9 % 19 22 % Aucun curage 1 1 % 1 1 % 0 0 % Upstaging Aucun 140 86 % 64 84 % 76 87 % 0,95 N0-> N1 8 5 % 4 5 % 4 5 % N0-> N2 11 7 % 6 8 % 5 6 % N1> N2 4 2 % 2 3 % 2 2 % Statut évolutif à 1 an Non évolutif 154 94 % 70 92 % 84 97 % 0,215 Évolutif 9 6 % 6 8 % 3 3 %   Par ailleurs, il est montré également une augmentation significative dans le groupe RATS de la durée opératoire moyenne (134,5 ± 37,7 min vs 154,2 ± 47,3 min, p = 0,004) et du temps d’occupation de salle moyen (250,3 ± 47 min vs 281,6 ± 56,1 min, p < 0,0001). Il existe en revanche une tendance à une diminution de la durée moyenne de séjour dans le groupe RATS (8,2 ± 7,2 jours vs 6,7 ± 2,5 jours, p = 0,07) associée à une tendance à une réduction de la durée moyenne de drainage dans ce même groupe (4,4 ± 4,7 jours vs 3,4 ± 2,0 jours, p = 0,08).   4. Discussion En termes de risque encouru par le patient, aucune étude de registre ni aucune méta-analyse n’a mis en évidence de différence à propos de la morbidité associée à ces deux techniques [1-4]. Certains auteurs montrent une tendance à une diminution de la mortalité, de la durée de séjour et du recours aux transfusions sanguines en cas de lobectomie RATS [5,6]. Nous avons observé une tendance similaire. D’autres rapportent au contraire une augmentation significative des saignements et des complications cardiovasculaires dans le groupe RATS [7]. Intuitivement, le phénomène de la courbe d’apprentissage peut expliquer ces différences. C’est pourquoi nous avons conduit cette étude afin d’apprécier l’impact que pouvait avoir le démarrage d’un programme robotique sur les résultats d’une équipe académique et de haut volume d’activité, faisant état d’une expérience de plus de 20 ans en chirurgie thoracique mini-invasive [12]. Nos résultats démontrent principalement que la morbidité propre à l’introduction de la RATS a été maîtrisée. Cette notion est retrouvée dans la littérature. En effet la courbe d’apprentissage de la technique RATS est plus rapide que celle de la VATS : de l’ordre de 15-20 lobectomies RATS contre 30-40 lobectomies VATS [8,9]. Cette rapidité d’apprentissage s’explique par l’existence d’une formation standardisée et pertinente en RATS (clinical observation, proctoring) alors qu’elle est centre dépendant en VATS, et également par le confort apporté par le robot : vision 3D, précision et reproduction fidèle de la technique de chirurgie ouverte. Toutefois cette courbe d’apprentissage semble varier en fonction de l’habilité et de l’expérience en chirurgie minimalement invasive du chirurgien [10,11]. Il est intéressant de noter qu’ici, le chirurgien RATS n’avait qu’une expérience personnelle limitée de la lobectomie VATS, mais a bénéficié en revanche d’une expérience d’équipe conséquente. En effet, ce programme s’inscrit dans un cadre historique de la chirurgie oncologique mini-invasive [12]. Depuis les travaux de R. Giudicelli, jusqu’à la pratique quotidienne de la lobectomie totalement VATS, 20 ans d’expérience de centre ont été mis à profit pour le développement de ce programme de chirurgie robotique. En 1993, dans cette même équipe, les durées médianes de séjour pour une lobectomie vidéo-assistée était de 8 et 12 jours contre 10 et 15 jours pour une lobectomie par thoracotomie latérale [12]. En 2013, ces chiffres ont été divisés par trois, illustrant la pratique « fast track » au quotidien [12]. D’un point de vue oncologique, le pronostic des lésions de stade localisé tient principalement au statut ganglionnaire. R. Cerfolio suggère que le curage ganglionnaire est plus aisé par technique RATS [11], ce que nos résultats ne confirment pas puisque l’évaluation ganglionnaire médiastinale semble avoir été plus approfondie par VATS que par RATS. Dans les séries reportées précédemment, malgré une évaluation ganglionnaire médiastinale dans près de 85 % des cas, il existe une sous-évaluation du stade ganglionnaire préopératoire dans près de 8 % pour les tumeurs de stade cI [5]. Avec une moyenne de ganglions prélevés comparable aux précédentes séries, les curages réalisés par VATS ou RATS ont répondu aux recommandations actuelles de 3 sites N2 et 3 ganglions N1 dans la grande majorité des cas [13]. Dans la mesure où il s’agit de 2 chirurgiens différents et non d’un panel d’opérateurs, on peut affirmer que les ganglions ont été réséqués pour l’essentiel en bloc tant en VATS qu’en RATS. D’un point de vue chirurgical, la prévalence des lobectomies « blanches » retrouvant au final une lésion bénigne (4,9 %) est en deçà des différentes expériences rapportées dans la littérature, comprises entre 9 et 12 % [14,15]. Elle a été cependant plus élevée dans le groupe RATS sans autre explication évidente que l'absence de palpation possible et donc de décision de lobectomie d’emblée en cas de suspicion de cancer selon l’information donnée au patient. Le taux de conversion retrouvé ici est en ligne avec les données de la littérature avec un taux de 4,7 %-10 % pour la RATS et 0 %-15 % pour la VATS [15–17]. Il est cependant probable que la gestion du saignement peropératoire dépend de l’expérience du chirurgien, de la gestion de l’équipe et de la mémoire du centre en ce domaine. En dépit de l’homogénéité des 2 groupes soumis à comparaison, il persiste un risque de biais qui reste la limite inhérente à toute étude monocentrique rétrospective, même si elle a été basée sur un recueil prospectif des données, comme c’est le cas dans la nôtre. Dans cette étude comparative non randomisée sur deux traitements, les deux groupes comparés sont équilibrés sur leurs caractéristiques initiales principales [tableaux 1 et 2]. Les indications de traitement par lobectomie VATS ou RATS ayant été identiques, le risque de biais semblait suffisamment contrôlé pour éviter une méthode statistique d’appariement. À l’homogénéité des populations de patients comparés s’est ajoutée l’homogénéité des techniques chirurgicales : un seul chirurgien, approche postérieure et 3 trocarts dans le groupe VATS, un seul chirurgien et technique 3 bras dans le groupe RATS. L’analyse de la littérature est en effet bien difficile en raison de la multitude de variantes décrites tant en VATS qu’en RATS.   5. Conclusion L’utilisation du robot dans notre spécialité est en plein essor mais demeure pour l’instant limitée à quelques centres, pour la plupart académiques et de hauts volumes d’activité. La sécurité pour le patient et la qualité oncologique associée à cette technique semblent tout à fait comparables à celles issues de la technique VATS. L’intérêt médiatique, la pression commerciale et l’attrait de l’innovation pour le chirurgien et le patient sont actuellement les moteurs principaux de la diffusion de cette technologie. Il est très probable que les évolutions technologiques en améliorent l’ergonomie et participent de la maîtrise des coûts. Le défi supplémentaire à relever est indiscutablement celui de l’enseignement et de l’apprentissage de cette chirurgie. Et dans ces domaines, la RATS dispose d’atouts majeurs, pour l’heure absents en VATS : la simulation sur modèles virtuels et la double console.   Références Adams RD, Bolton WD, Stephenson JE, Henry G, Robbins ET, Sommers E. Initial multicenter community robotic lobectomy experience: comparisons to a national database. Ann Thorac Surg juin 2014;97(6):1893-1898; discussion 1899-1900. Swanson SJ, Miller DL, McKenna RJ, Howington J, Marshall MB, Yoo AC et al. Comparing robot-assisted thoracic surgical lobectomy with conventional video-assisted thoracic surgical lobectomy and wedge resection: results from a multihospital database (Premier). J Thorac Cardiovasc Surg mars 2014;147(3):929-37. https://doi.org/10.1016/j.jtcvs.2013.09.046 PMid:24210834 Kent M, Wang T, Whyte R, Curran T, Flores R, Gangadharan S. Open, video-assisted thoracic surgery, and robotic lobectomy: review of a national database. 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Doddoli déclare percevoir des honoraires pour des missions d’expertise et de mentorat pour Intuitive Surgery®. P. Thomas et C. Doddoli déclarent percevoir des honoraires pour des missions d’expertise et de conseil pour Medtronic® et Ethicon®. Cet article est issu d’un mémoire de DESC. Date de soumission : 01/10/2016. Acceptation : 02/10/2017. Prépublication : 02/10/2017.     
décembre 8, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Décembre 2017

La perfusion pulmonaire ex-vivo : un atout pour l’appariement donneur-receveur des patients hyperimmunisés en transplantation pulmonaire

J. de Wolf1*, M. Glorion1, P. Puyo1, P. Bonnette1, S. Abou Taam1, A. Roux2, M. Le Guen3, F. Parquin1, A. Chapelier1, E. Sage1 et le groupe de transplantation pulmonaire de l’hôpital Foch.     1. Service de chirurgie thoracique et transplantation pulmonaire, hôpital Foch, Suresnes, France. 2. Service de pneumologie, hôpital Foch, Suresnes, France. 3. Service d’anesthésie, hôpital Foch, Suresnes, France. * Correspondance : juliendewolf@gmail.com   DOI : 10.24399/JCTCV21-4-DEW Citation : De Wolf J, Glorion M, Puyo P, Bonnette P, Abou Taam S, Roux A, Le Guen M, Parquin F, Chapelier A, Sage E et le groupe de transplantation pulmonaire de l’hôpital Foch. La perfusion pulmonaire ex-vivo : un atout pour l’appariement donneur-receveur des patients hyperimmunisés en transplantation pulmonaire. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(4). doi: 10.24399/JCTCV21-4-DEW   Résumé Objectifs : en transplantation pulmonaire, la réalisation et l’attente du résultat d’un crossmatch prospectif, comme réalisé systématiquement en transplantation rénale, pourraient diminuer le risque de rejet hyperaigu chez les patients hyperimmunisés. Nous rapportons trois cas d’utilisation de la perfusion pulmonaire ex-vivo (PPEV) logistique afin d’optimiser la préservation d’organe en attendant le résultat du crossmatch. Méthodes : trois patients hyperimmunisés ont bénéficié à l’hôpital Foch d’une PPEV selon la technique décrite par l’équipe de transplantation pulmonaire de Toronto. Résultats : les patients étaient âgés de 29, 47 et 49 ans. Deux patients étaient en attente de transplantation pour mucoviscidose et un pour emphysème. La durée moyenne de PPEV et la durée totale de préservation étaient respectivement de 3 heures et 40 minutes et de 14 heures. Deux patients ont eu une transplantation bipulmonaire et un patient a bénéficié d’une transplantation bilobaire. Un patient a été extubé immédiatement au bloc opératoire, pour les autres la durée de ventilation post-transplantation était de 5 et 7 jours. La durée de séjour en réanimation a été de 15, 16 et 6 jours et la durée d’hospitalisation de 27, 26 et 25 jours. Au cours du suivi, aucun argument en faveur d’un rejet (cellulaire ou humoral) n’a été détecté pour les trois patients. Le C4d était systématiquement négatif. Les trois patients sont vivants 3 ans après la transplantation. Conclusion : l’utilisation à but « logistique » de la PPEV a permis d’attendre, sans sur-risque pour le greffon, le résultat du crossmatch prospectif et ainsi de donner accès à la transplantation avec de bons résultats à des patients hyperimmunisés qui avaient jusqu’alors un accès extrêmement restreint à la transplantation pulmonaire.   Abstract Objectives: Nowadays, prospective crossmatch is routinely performed for matching donor and recipient in kidney transplantation. Transplantation is decided only in case of a negative result. The practice leads us to think that a hyperimmunized lung transplantation candidate should also get a negative prospective crossmatch result before transplantation. We implemented a strategy for transplanting hyperimmunized patients using ”logistic” ex-vivo lung perfusion (EVLP) in order to safely extend preservation time while waiting for the prospective result of the crossmatch. Methods: We used EVLP as described by the Toronto Lung Transplantation team for 3 hyperimmunized patients at Foch Hospital. Results: Patients were 29, 47, and 49 years old, respectively. Two patients were awaiting lung transplantation for cystic fibrosis and one patient for emphysema. Mean EVLP length was 3 hours and 40 minutes with a total preservation time of 14 hours. Two patients had bilateral lung transplantation and one patient bilateral lobar transplantation. One patient was extubated in the operating room, while two others were extubated 5 and 7 days after transplantation, respectively. The mean ICU and hospital lengths of stay were 12 days and 25 days, respectively. During follow-up, no argument for antibody-mediated rejection or chronic allograft dysfunction was detected for the 3 patients. C4d was systematically negative. All patients are alive and well 3 years after transplantation. Conclusion: These 3 cases highlight “logistic” EVLP as suitable and safe for allowing lung transplantation in hyperimmunized patients.   1. Introduction La présence d’anticorps anti-HLA (human leukocyte antigen) chez le receveur avant une transplantation pulmonaire est associée à une majoration du risque de rejet aigu chronique et diminue la survie à moyen et long termes [1]. De surcroît, le manque de greffon pulmonaire rend encore plus difficile l’accès des patients hyperimmunisés à la transplantation [2,3]. La réalisation d’un crossmatch prospectif comme cela est systématiquement le cas en transplantation rénale pourrait améliorer l’appariement entre le receveur et son greffon et donner ainsi accès à la transplantation pulmonaire aux patients hyperimmunisés sans risque de rejet hyperaigu. Une telle stratégie conduirait cependant à une augmentation de l’ischémie du greffon pulmonaire majorant le risque de dégradation de ce dernier. L’expérience acquise lors du reconditionnement ex-vivo des greffons pulmonaires à critères élargis [4] nous a permis d’envisager l’utilisation d’une telle technique à but « logistique ». Nous rapportons ici trois cas d’utilisation de la perfusion pulmonaire ex-vivo (PPEV) à but logistique, afin d’optimiser la période de préservation des greffons, en attendant le résultat du crossmatch prospectif.   2. Matériel et méthodes Trois patients hyperimmunisés ont bénéficié d’une PPEV « logistique » à l’hôpital Foch [5]. La recherche d’anticorps anti-HLA était réalisée comme chez tous les patients par LABScreen Single Antigen. L’hyperimmunisation était définie comme une réaction contre plus de 75 % d’un panel d’antigènes HLA (calculated panel reactive antibody, cPRA > 75 %) dont l’intensité (Mean fluorescence intensity [MFI]) était supérieure à 1000 (scores 6 et 8). L’inclusion dans ce protocole était décidée pour les patients hyperimmunisés au moment de l’inscription sur la liste de transplantation pulmonaire. En France, les greffons pulmonaires étant alloués à une équipe de transplantation et non à un patient et afin de ne pas perdre les greffons en cas de crossmatch prospectif positif, nous convoquions systématiquement dans le même temps un second patient non immunisé. La transplantation pulmonaire était réalisée chez le patient hyperimmunisé si le crossmatch prospectif était négatif, dans le cas contraire c’est le patient non immunisé qui était transplanté.   2.1. Perfusion pulmonaire ex-vivo Nous avons utilisé la technique décrite par l’équipe de Toronto [6] et que nous avions déjà rapportée dans notre série de reconditionnement des greffons à critères élargis [4]. La durée de préservation était scindée en trois périodes distinctes : la première ischémie froide correspondant au délai entre le clampage aortique du donneur et la mise en route de la PPEV, la durée de PPEV et enfin la deuxième ischémie froide correspondant au délai entre la fin de la PPEV et le déclampage de l’artère pulmonaire sur le receveur. La durée totale de préservation correspondant à la somme de ces trois périodes en prenant en compte la deuxième ischémie froide la plus longue (deuxième côté).   2.2. Protocole de désensibilisation périopératoire spécifique aux patients hyperimmunisés Avant la transplantation pulmonaire, les patients hyperimmunisés recevaient une induction spécifique associant une plasmaphérèse et un bolus de méthylprednisolone 500 mg. Une immunothérapie classique consistant en une association de stéroïdes, d’anticalcineurine et d’inhibiteur de la purine était débutée après la transplantation, suivie d’une plasmaphérèse quotidienne 5 jours de suite. Au 7e jour, le protocole de désensibilisation périopératoire était clos par une association de Rituximab et d’immunoglobuline.   2.3. Surveillance Comme pour tous les patients transplantés pulmonaires de notre groupe, une surveillance par biopsie transbronchique avec recherche systématique du C4d était réalisée à J7, M1, 2, 3, 4, 5, 6, 9, 12 puis tous les 6 mois et à chaque suspicion clinique de rejet. À cette surveillance histologique était associée une évaluation clinique et radiologique par épreuves fonctionnelles respiratoires à 1,3, 6 et 12 mois puis tous les 6 mois.   3. Résultats À ce jour, 3 patients ont bénéficié d’une PPEV « logistique » [tableau 1]. Tableau 1. Caractéristiques des patients hyperimmunisés transplantés avec une PPEV « logistique ». Patient 1 Patient 2 Patient 3 Données préopératoires Âge 47 49 29 Pathologie pulmonaire Emphysème Mucoviscidose Mucoviscidose Groupe sanguin A+ AB+ A+ Crossmatch virtuel (cPRA %) 98 98 76 Données opératoires (min) 1re ischémie froide 215 280 185 Durée de la PPEV 460 405 280 2e ischémie froide (1er côté/2e côté) 60/246 108/277 61/168 Durée totale de conservation 921 962 633 Données per et postopératoires Geste chirurgical Transplantation bipulmonaire Transplantation bilobaire   Transplantation bipulmonaire   Assistance peropératoire Oui (VA-ECMO) Oui (VA-ECMO) Oui (VA-ECMO) Assistance postopératoire (j) 3 (VA-ECMO) 3 (VV-ECMO) Non DPG3 à 72 h Oui Oui Non Durée du séjour en réanimation (j) 15 16 6 Durée du séjour hospitalier (j) 27 26 25 VA-ECMO : assistance extracorporelle artérioveineuse ; VV-ECMO assistance extracorporelle veinoveineuse ; DPG3 à 72h : défaillance primaire de greffon à 72 h. 3.1. Cas 1 Une femme de 47 ans de groupe A hyperimmunisée avec un crossmatch virtuel à 98 % était inscrite sur liste de transplantation pour un emphysème. La durée d’attente sur liste de transplantation pour cette patiente a été de 19 semaines. La durée de la première ischémie froide a été de 215 min. La durée de PPEV a été de 460 min, permettant d’attendre le crossmatch prospectif qui s’est avéré négatif. La durée de la deuxième ischémie froide a été de 60 et 246 min respectivement pour le premier et le deuxième côtés. Soit une durée de préservation totale de 921 min. La transplantation bipulmonaire a été réalisée sous assistance extracorporelle (ECMO) veinoartérielle (VA) périphérique au niveau des vaisseaux fémoraux droit, devant l’apparition d’une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) au clampage de l’artère pulmonaire du premier côté. Cette dernière a été maintenue pour un support hémodynamique pendant 72 heures. La durée du séjour en réanimation a été de 15 jours, et la patiente est sortie de l’hôpital à J27. Le volume expiratoire maximale par seconde (VEMS) était respectivement de 93 %, 102 %, 105 %, 103 % et 100 % à 1, 6, 12, 24 et 36 mois.   3.2. Cas 2 Une femme de 43 ans, atteinte de mucoviscidose, de groupe AB hyperimmunisée avec un crossmatch virtuel à 98 % était inscrite sur liste de transplantation. La durée d’attente sur liste de transplantation pour cette patiente a été de 7 semaines. La durée de la première ischémie froide a été de 280 min. La durée de PPEV a été de 405 min, permettant d’attendre le crossmatch prospectif qui s’est avéré négatif. La durée de la deuxième ischémie froide du premier et du deuxième côtés a été respectivement de 108 et 277 min. Une transplantation pulmonaire bilobaire a été réalisée sous assistance de type VA-ECMO maintenue pendant 72 heures pour défaillance primaire du greffon. La durée du séjour en réanimation a été de 16 jours, et la patiente est sortie de l’hôpital à J26. Les VEMS était respectivement de 81 %, 96 %, 109 %, 109 % et 109 % à 1, 6, 12, 24 et 36 mois.   3.3. Cas 3 Une femme de 29 ans, atteinte de mucoviscidose, de groupe A hyperimmunisée avec un crossmatch virtuel à 76 % était inscrite sur liste de transplantation. La durée d’attente sur liste de transplantation pour cette patiente s’est limitée à 12 jours. La durée de la première ischémie froide a été de 185 min La durée de PPEV a été de 280 min, au terme de laquelle le crossmatch prospectif était négatif. La durée de la deuxième ischémie froide du premier et du deuxième côtés a été respectivement de 61 et 168 min Soit une durée de conservation totale de 633 min. La transplantation bipulmonaire a été réalisée sous assistance de type VA-ECMO, mise en place devant une HTAP survenue lors du clampage de l’artère pulmonaire du premier côté. Cette dernière a pu être sevrée en fin de transplantation. La durée du séjour en réanimation a été de 6 jours, et la patiente est sortie de l’hôpital à J25. Les VEMS était respectivement de 82 %, 109 %, 114 %, 114 % et 107 % à 1, 6, 12, 24 et 36 mois. Au cours du suivi, aucun argument histologique, immunohistochimique ou clinique en faveur d’un rejet cellulaire ou humorale n’a été mis en évidence chez les trois patients. Tous les patients sont en vie à 3 ans après la transplantation.   4. Discussion L’appariement greffon-receveur est un des objectifs les plus importants en transplantation, et ce d’autant plus que les patients sont hyperimmunisés. L’équipe de transplantation pulmonaire de Toronto a montré la possibilité de réaliser une transplantation pulmonaire chez des patients immunisés (cPRA > 30 %) et présentant des anticorps anti-HLA dirigés contre le greffon après désensibilisation périopératoire. Les résultats à long terme obtenus dans cette étude étant comparables à ceux de patients non immunisés [7], il pourrait sembler inutile de réaliser un crossmatch prospectif en transplantation pulmonaire. Cependant d’autres études ont montré que la présence d’anticorps anti-HLA dirigés contre le greffon représente un facteur de risque de dysfonction primaire du greffon par un mécanisme de rejet hyperaigu [8,9] et augmente la mortalité postopératoire [10,11]. C’est donc dans un contexte où la prise en charge des patients immunisés n’est pas encore standardisée et afin d’éviter tout rejet hyperaigu chez des patients hyperimmunisés que nous avons évalué la possibilité de réaliser un crossmatch prospectif avant transplantation pulmonaire. La réalisation d’un crossmatch prospectif nécessite une durée d’environ 4 heures, majorant d’autant l’ischémie d’un greffon en cas d’attente de son résultat. En transplantation rénale, la réalisation et l’attente du résultat d’un crossmatch prospectif sont la règle. En effet, le rein est un organe pouvant supporter des durées d’ischémie froide prolongée, sans altérer les résultats de la transplantation. Ainsi,  seul un résultat négatif de ce dernier permet d’envisager la transplantation rénale entre le binôme donneur-receveur [12]. Cependant le greffon pulmonaire est un organe beaucoup plus sensible à l’ischémie froide que le rein. En effet, il a été démontré qu’une ischémie froide de plus de 6 heures en transplantation pulmonaire majorait les risques de défaillance primaire du greffon [13]. Tenant compte de notre expérience acquise en reconditionnement ex-vivo des greffons pulmonaires à critères élargis, nous avons décidé d’utiliser la PPEV à but « logistique » afin d’optimiser la période de préservation préimplantatoire. Dans notre série de PPEV, la durée de préservation totale moyenne des greffons était de 11 heures [4]. Ce délai nous a permis d’envisager sereinement une réorganisation de la prise en  charge préopératoire du receveur hyperimmunisé permettant d’attendre le résultat du crossmatch prospectif et ainsi d’optimiser l’appariement donneur/receveur. L’intérêt d’attendre systématiquement le résultat du crossmatch prospectif comme décrit dans le rein devrait être évalué par une étude sur un effectif plus large. En conclusion, l’expérience acquise lors du reconditionnement ex-vivo des greffons à critères élargis nous a permis de rendre cette technique fiable et reproductible. Son utilisation à but « logistique » nous a permis de contrôler le risque immunologique initial chez des patients hyperimmunisés et ainsi de leur donner accès à la transplantation avec de bons résultats.   Références Lobashevsky AL. Methodological aspects of anti-human leukocyte antigen antibody analysis in organ solid transplantation. World J Transplant 2014;4:153-167. https://doi.org/10.5500/wjt.v4.i3.153 PMid:25346888 PMCid:PMC4208078 Organ procurement and transplantation network (OPTN) and scientific registry of transplant récipients (SRTR). OPTN/SRTR 2011 Annual Data Report. Rockville, MD, 2012. Cecka J M. Calculated PRA (CPRA): the new measure of sensitization for transplant candidates. Am J Transplant 2010;10:26-29. https://doi.org/10.1111/j.1600-6143.2009.02927.x PMid:19958328 Sage E, Mussot S, Trabbia G et al. Lung transplantation from initially rejected donors after ex vivo lung reconditioning : the French expérience. Eur J Cardiothorac Surg 2014;46:794-9. https://doi.org/10.1093/ejcts/ezu245 PMid:25061219 De Wolf J, Puyo P, Bonnette P et al. Logistic ex Vivo Lung Perfusion for Hyperimmunized patients. Ann Thorac Surg 2016;102:e205-e206. https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2016.01.081 PMid:27549543 Cypel M, Yeung JC, Hirayama S et al. Technique for prolonged normothermic ex vivo lung perfusion. 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Puyo, E. Sage, A. Chapelier. Pneumologues : B. Douvry, S. De Miranda, D. Grenet, A. Hamid, C. Picard, A. Roux, M. Stern. Anesthésistes : V. Dumans-Nizard, J.-L. Dumoulin, S. Jacquemin, M. Le Guen, N. Liu, J-Y. Marandon, M. Michel-Cherqui, O. Pruszkowski, B. Rives, B. Szekely, B. Vandenbunder, N. Verroust, M. Fischler. Réanimateurs : F. Parquin, E. Cuquemelle, J. Devaquet, A-G Si Larbi, A. Soummer, G. Trebbia, C. Cerf. Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Cet article a reçu le prix de la communication orale au congrès SFCTCV de Nantes (2016) Date de soumission : 13/07/2017. Acceptation : 07/11/2017.   
décembre 8, 2017
Chirurgie thoracique · Vol. 21 Décembre 2017

Traitement des fistules bronchopleurales par épiplooplastie en première intention

Axel Plaisant*, Sebastian Sandu, Gonzague Delepine, Maud-Emmanuelle Olivier, Vito-Giovanni Ruggieri   Service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire, hôpital Robert Debré, CHU Reims, France. *Correspondance : aplaisant@chu-reims.fr   DOI : 10.24399/JCTCV21-4-PLA Citation : Plaisant A, Sandu S, Delepine G, Olivier ME, Ruggieri VG. Traitement des fistules bronchopleurales par épiplooplastie en première intention. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(4). doi: 10.24399/JCTCV21-4-PLA   Résumé Objectif : la fistule bronchopleurale est une complication rare dont la prise en charge reste complexe. Nous partageons notre expérience dans le traitement des fistules bronchopleurales par épiplooplastie en première intention, c’est-à-dire sans thoracostomie. Méthodes : entre avril 2007 et septembre 2015, 12 patients avec une fistule bronchopleurale et ayant été opérés par épiplooplastie ont été inclus rétrospectivement. Le traitement consistait à réaliser dans la même intervention le débridement de la cavité pleurale par thoracotomie, suivi du prélèvement du grand épiploon par une courte laparotomie. L’épiplooplastie du moignon bronchique était réalisée avant fermeture du thorax. Résultats : sur 12 patients (âge moyen 62 ans), 9 ont été traités avec succès. Deux patients ont présenté une récidive de la fistule et ont été traités secondairement par thoracostomie. Un patient est décédé d’un choc septique. La durée moyenne d’hospitalisation a été de 25 jours. Conclusion : l’épiplooplastie en première intention offre des résultats satisfaisants pour le traitement des fistules bronchopleurales en évitant les désagréments de la thoracostomie. Elle peut être proposée à tous les patients sans antécédent de chirurgie abdominale et dans un contexte septique maîtrisé. En cas d’échec, la thoracostomie doit cependant être réalisée sans délai.   Abstract Treatment of bronchopleural fistula by first-line omentoplasty Objective: Bronchopleural fistula is an uncommon complication whose management remains a clinical challenge. We’d like to share our experience in the treatment of bronchopleural fistula by omentoplasty as first-line treatment (i.e., without open window thoracostomy). Methods: From April 2007 to September 2015, 12 patients with bronchopleural fistula who were operated on by omentoplasty were retrospectively included. The treatment was to perform (at the same time) the debridement of the pleural space by thoracotomy and then to take an omental flap by medial laparotomy. Reconstructive omentoplasty was performed before closing the thorax. Results: From our 12 patients (median age 62 years), 9 were successfully controlled. Two patients had recurrence of the fistula and were treated secondarily by an immediate open window thoracostomy. One patient died of septic shock. The median hospitalization time was 25 days. Conclusion: First-line omentoplasty is an effective method for the treatment of bronchopleural fistula and avoids open window thoracostomy in most cases. All patients without a history of abdominal surgery and whose septic condition is previously controlled can be eligible for this method. In case of failure, the open window thoracostomy must be carried out without delay.   1. Introduction La fistule bronchopleurale (FBP) postchirurgie d’exérèse est une complication peu fréquente et grave. Son incidence a baissé de façon significative au cours du temps, en raison d’une meilleure connaissance des facteurs de risque et d’une prise en charge adaptée [1]. En cas de chirurgie à haut risque comme la pneumonectomie droite, de lobectomie ou de pneumonectomie bronchoplastique, de radiothérapie préopératoire ou de diabète, des mesures préventives sont à mettre en œuvre et font d’ailleurs l’objet de recommandations [2]. Malgré cela, il persiste un faible nombre de FBP postchirurgicales ou d’origine septique dont le traitement reste complexe. L’objectif n’est pas seulement la fermeture de l’orifice fistuleux, il a aussi pour but de protéger les voies aériennes et de contrôler l’infection. Il est ainsi possible d’avoir recours à diverses techniques endoscopiques et chirurgicales, seule ou en association, sans qu’aucun schéma n’ait montré la preuve de sa supériorité. Parmi les différentes approches possibles, l’épiplooplastie a déjà fait l’objet de plusieurs travaux encourageants. Le grand épiploon possède en effet des qualités immunologiques et angiogéniques remarquables dans ce contexte. Il est ainsi utilisé pour la réalisation d’épiplooplastie de couverture du moignon bronchique ou encore de comblement après thoracostomie. Nous rapportons notre expérience dans le traitement des fistules bronchopleurales par épiplooplastie en première intention, c’est-à-dire sans traitement chirurgical préalable et notamment sans thoracostomie. L’objectif de cette étude était de juger l’efficacité d’une telle approche.   2. Patients et méthodes Entre avril 2007 et septembre 2015, nous avons inclus rétrospectivement 12 patients âgés de 38 à 79 ans (moyenne 62 ans) qui ont bénéficié d’une épiplooplastie de couverture pour le traitement d’une FBP à l’hôpital Robert Debré du centre hospitalier universitaire de Reims. Sur les 12 patients, aucun geste chirurgical visant à la fermeture de la fistule n’a été réalisé avant l’épiplooplastie et notamment aucune thoracostomie. Trois (25 %) patients ont cependant été traités préalablement et sans succès par endoscopie : 2 fistules persistantes après nitratage et 1 après encollage biologique. Les douze patients étaient tous de sexe masculin. Onze patients présentaient un cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) et un patient présentait une FBP compliquant une pleuropneumopathie gauche à Streptococcus pneumoniae. Parmi les onze CBNPC, on retrouvait 6 (55 %) carcinomes épidermoïdes et 5 (45 %) adénocarcinomes. Selon la classification TNM/AJCC de 2009, les patients étaient répartis de la façon suivante : 1 patient stade IA, 3 stades IB, 3 stades IIB et 4 stades IIIA. Parmi eux, 5 (45 %) patients avaient été opérés d’une pneumonectomie droite dont 4 de totalisation, 2 (18 %) patients d’une pneumonectomie gauche dont 1 de totalisation, 3 (27 %) patients d’une lobectomie inférieure droite et 1 (9 %) patient d’une bilobectomie inférieure et moyenne. Ces patients avaient tous été opérés par thoracotomie postérolatérale épargnant le muscle dentelé antérieur et avec un curage radical. Un lambeau de couverture du moignon bronchique avait été réalisé chez tous les patients opérés d’une pneumonectomie droite : 3 lambeaux de muscle intercostal, 1 lambeau de plèvre médiastinale et 1 lambeau de la crosse de la veine azygos. Concernant les facteurs de risque de FBP rapportés dans la littérature, dans notre série, 9 (75 %) patients ont été opérés du côté droit et 7 (58 %) d’une pneumectomie. Cinq (42 %) patients étaient tabagiques actifs, 3 (25 %) patients étaient diabétiques et 6 (50 %) patients avaient été traités préalablement par chimiothérapie dont 1 en néoadjuvant et 5 en adjuvant. Il s’agissait toutes de fistules classiques ou intermédiaires selon la classification modifiée de Le Brigand avec un délai d’apparition compris entre le 7e et le 26e jour postopératoire. Toutes les fistules étaient symptomatiques. Le diagnostic a été suspecté sur des signes de sepsis pour 8 patients et parmi eux 2 ont présenté un choc septique préopératoire et 1 patient a présenté une insuffisance respiratoire aiguë. La FBP a été diagnostiquée pour 3 autres patients dans les suites d’une hémoptysie, d’un emphysème sous-cutané et d’une vomique pleurale. La fibroscopie bronchique a été réalisée systématiquement avant chaque épiplooplastie excepté dans un cas, celui du patient ayant présenté la vomique pleurale. Cet examen a permis de montrer la visualisation directe de la fistule pour 7 patients, des signes indirects à type de bullage pour 1 patient et uniquement des sécrétions purulentes pour les 3 autres. Dans plus de la moitié des cas, c’est-à-dire 7 patients, l’épiplooplastie a été réalisée le jour même du diagnostic. Pour les autres, les interventions ont eu lieu à 4, 8, 9, 27 et 37 jours après le diagnostic. Une intervention a été retardée de 8 jours après évolution favorable d’un choc septique et pour les trois valeurs les plus élevées, ils s’agissaient des patients traités initialement par endoscopie [tableau 1].   Tableau 1. Caractéristiques des patients.                 Délai après chir. initiale (jours) Patient Âge Diagnostic Côté Chirurgie initiale Couverture pTNM Endosc. Diagnostic Épiplooplastie 1 47 Adénocarcinome D Pneumonectomie (T) PM IIIA Colle bio 13 50 2 67 Épidermoïde D Lobectomie inférieure / IIIA / 15 23 3 59 Épidermoïde D Pneumonectomie (T) CVA IIB Nitratage 26 53 4 70 Adénocarcinome G Pneumonectomie / IB Nitratage 13 22 5 79 Épidermoïde D Lobectomie inférieure / IB / 7 7 6 38 Pleurésie purulente G / 7 73 Épidermoïde G Pneumonectomie (T) / IB / 10 10 8 65 Adénocarcinome D Bilobectomie inf. et moy. / IIB / 18 18 9 64 Adénocarcinome D Pneumonectomie (T) MIC IIIA / 10 14 10 59 Adénocarcinome D Lobectomie inférieure / IA / 9 9 11 61 Épidermoïde D Pneumonectomie MIC IIB / 19 19 12 63 Épidermoïde D Pneumonectomie (T) MIC IIIA / 12 12 T : de totalisation ; PM : plèvre médiastinale ; CVA : crosse de veine azygos ; MIC : muscle intercostal ; Endosc : traitement endoscopique.   2.1. Technique chirurgicale L’intervention consistait à reprendre la thoracotomie postérolatérale afin de réaliser le débridement complet de la cavité, que ce soit après lobectomie ou pneumonectomie. Dans un deuxième temps, une courte laparotomie médiane susombilicale permettait l’abord de la cavité abdominale et la réalisation du lambeau de grand épiploon selon les techniques déjà décrites [3]. Le lambeau était laissé pédiculé sur une seule artère gastroépiploïque droite ou gauche, choisie en fonction du calibre des artères et du côté de la fistule. Le lambeau était ensuite mobilisé dans la cavité pleurale à travers une phrénotomie. L’incision diaphragmatique était suffisamment large pour ne pas compromettre la vascularisation et suffisamment étroite pour éviter tout risque herniaire. Le lambeau était alors suturé soit directement aux berges du moignon bronchique et de la fistule, soit au tissu péribronchique adjacent réalisant ainsi une épiplooplastie de couverture.   3. Résultats Le geste chirurgical par épiplooplastie comme décrit précédemment a été réalisé intégralement sur l’ensemble des 12 patients. Chez 9 (75 %) patients, l’épiplooplastie en première intention a permis la fermeture de la fistule sans geste chirurgical supplémentaire et aucune récidive n’a été constatée. Pour 2 (17 %) patients, il a été réalisé secondairement une thoracostomie pour une récidive de la fistule. Enfin 1 patient est décédé le lendemain de l’intervention dans les suites d’un choc septique, il s’agit du seul décès observé dans les 30 jours postopératoires. Les patients 8 et 11 ont présenté une récidive de la FBP respectivement au 28e et au 7e jour après l’épiplooplastie. Ils ont été opérés tous les deux d’une thoracostomie sans délai. Dans le premier cas, il a été réalisé une thoracoplastie droite six mois après, sans parvenir à la fermeture de la fistule. Par la suite, le patient a présenté une rechute tumorale avec évolution métastatique aboutissant au décès. Dans le second cas, un comblement par lambeau de muscle grand dorsal libre controlatéral a été réalisé un an après. Devant la persistance de la fistule, il a été entrepris la pose d’une prothèse de carène [tableau 2].   Tableau 2. Résultats après épiplooplastie.     Durée hospit. (j) Statut Patient Fermeture fistule En réanimation Totale après épiplooplastie À 30 jours Dernières nouvelles Durée de suivi (j) 1 Succès 2 10 Vivant Vivant 1400 2 Succès* 13 67 Vivant Décédé, récidive tumorale 699 3 Succès 10 22 Vivant Décédé, récidive tumorale 462 4 Succès 3 10 Vivant Décédé, AVC massif 1385 5 / Décédé Décédé, choc septique 1 6 Succès 3 10 Vivant Vivant 2130 7 Succès 5 21 Vivant Décédé, récidive tumorale 532 8 Échec 4 40 Vivant Décédé, récidive tumorale 750 9 Succès 5 33 Vivant Décédé, récidive tumorale 251 10 Succès 5 12 Vivant Vivant 1094 11 Échec 13 33 Vivant Vivant, exclusion de la fistule par prothèse de carène 821 12 Succès 1 20 Vivant Vivant, récidive tumorale 730 *après nitratage par endoscopie.   Parmi les complications observées durant le séjour hospitalier, il y a eu selon la classification de Clavien-Dindo : 1 complication grade V : 1 décès ; 2 complications grade IIIb : 2 fistules récidivantes traitées par thoracostomie ; 1 complication grade IIIa : une fistule résiduelle résolutive après nitratage endoscopique ; 2 complications grade II : une pneumopathie et un épisode de fibrillation auriculaire [tableau 3]. La durée moyenne du séjour en réanimation a été de 5,8 jours (min 1, max 13) et la durée moyenne d’hospitalisation après épiplooplastie a été de 25,3 jours (min 10, max 67). Les complications extrahospitalières comprenaient : 1 complication grade IIIb : une éventration nécessitant un traitement chirurgical ; 1 complication grade I : un abcès de paroi nécessitant des soins locaux [tableau 3]. La durée du suivi moyen a été ainsi de 854,6 jours (ET = 577,3).   Tableau 3. Complications intra et extrahospitalières. Classification Clavien-Dindo Détails Gestes complémentaires Grade I 1 Abcès de paroi (patient 4) Soins locaux Grade II 2 Fibrillation auriculaire (patient 7) Antiarythmique IV (Cordarone) Pneumopathie (patient 10) Antibiothérapie Grade III IIIa 1 Fistule résiduelle (patient 2) Nitratage par endoscopie IIIb 3 Éventration (patient 6) Traitement chirurgical avec mise en place d'une prothèse pariétale Fistule récidivante (patient 8) Thoracostomie puis thoracoplastie Fistule récidivante (patient 11) Thoracostomie puis couverture par un lambeau de muscle grand dorsal (échec), mise en place d'une prothèse de carène Grade IV IVa 0 IVb 0 Grade V 1 Choc septique (patient 5) Réanimation, décès J1   4. Discussion Le traitement des FBP reste un challenge lié à la difficulté du contrôle de l’infection et à l’obtention de la fermeture de la fistule. Dans notre série, l’analyse des 3 échecs montre que sur les deux récidives de FBP, l’épiplooplastie n’a pas entravé la réalisation d’une thoracostomie dans un second temps. De même, le seul décès dans notre série imputable à la FBP concernait un patient opéré d’une lobectomie inférieure droite avec une sonde d’intubation trachéale classique, l’intubation sélective ayant échoué. La FBP était apparue au 7e jour postchirurgical, d’emblée sous la forme d’un sepsis grave. La fibroscopie avait montré une déhiscence en fente de la suture motivant la réalisation de l’épiplooplastie le jour même du diagnostic. Malgré cela, l’évolution s’était faite vers un choc septique et le patient était décédé le lendemain de l’intervention. A posteriori, l’indication de l’épiplooplastie dans ce contexte septique avancé, et compte tenu de surcroît de l’âge du patient, est critiquable, la thoracostomie seule était ici recommandée. La thoracostomie reste l’intervention de référence pour le traitement de l’empyème avec des résultats proche de 100 % pour le contrôle local de l’infection, comme le montrent plusieurs études [4-6]. Lorsqu’une FBP était présente, Pairolero et al. préconisaient d’associer dans le même temps opératoire un lambeau de couverture, généralement en utilisant le muscle dentelé antérieur. Par cette technique, 24 patients sur 28 avaient été traités avec succès [7]. En 2006, Zaheer et al., toujours à la Mayo Clinic, ont publié des résultats complémentaires concernant la transposition musculaire simultanée [6]. Sur 55 patients, ils retrouvaient un taux de récidive de 18 % et surtout ils réalisaient un nombre d’actes chirurgicaux moyens de 7. Concernant la durée de séjour, elle était plus élevée que dans notre étude avec une moyenne de 30 jours. Pourtant, la fermeture spontanée de la fistule est possible, elle a été observée chez 16 patients sur 24 (66 %) dans l’étude de Regnard et al. [5] et chez 21 patients sur 30 dans une étude plus récente, amenant les auteurs à privilégier la thoracostomie seule dans un premier temps [8]. Cependant, la thoracostomie n’est généralement qu’une première étape. Elle implique au minimum un geste chirurgical supplémentaire de fermeture de la fenêtre, la réalisation de soins locaux plurihebdomadaire impactant directement sur la qualité de vie du malade ainsi qu’un traumatisme psychique souvent important. Aucune étude de grande ampleur n’a été réalisée à ce jour concernant l’épiplooplastie dans le traitement des FBP mais elle fait l’objet de plusieurs publications [9-12]. Shrager et al. ont ainsi traité avec succès 11 patients sur 13 par épiplooplastie en association avec une thoracostomie [10]. En 2005, Chichevatov et al. proposaient de réaliser uniquement l’épiplooplastie de façon précoce. Sur 12 patients opérés d’une pneumonectomie et présentant une FBP, 1 patient a présenté une récidive de la fistule et 3 patients ont développé un empyème sans fistule. Pour ces derniers, l’évolution a été favorable après drainage et lavage de la cavité [11]. Enfin, une étude suisse et polonaise publiée en 2008 rapporte de bons résultats pour 18 épiplooplasties dans le traitement des fistules postpneumonectomie en association à une reprise chirurgicale itérative et jusqu’à l’obtention d’une cavité macroscopiquement propre [12]. L’avantage du grand épiploon est qu’il possède des qualités anatomiques et physiologiques remarquables notamment en contexte septique, ce qui explique son intérêt dans le traitement des FBP. Il adhère rapidement et fortement au tissu inflammatoire et lutte contre l’infection par plusieurs mécanismes, entre autres par la sécrétion de lysozyme et la synthèse d’anticorps. L’épiploon favoriserait aussi la néoangiogénèse locale par l’intermédiaire du VEGF sécrété par les adipocytes [13,14]. Les limites au développement de l’épiplooplastie en chirurgie thoracique sont liées notamment au prélèvement du lambeau. Les patients aux antécédents de péritonite, de chirurgie abdominale itérative, ou intéressant le grand épiploon constituent des contre-indications. En outre, la qualité et le volume du grand épiploon ne sont pas évalués en routine. Son poids n’est pas directement corrélé au poids du patient, même si les personnes obèses présentent généralement un tablier graisseux plus important. Dans notre expérience, aucun patient ne présentait d’IMC inférieur à 18,5, 5 patients étaient de corpulence normale, 5 en surpoids et 2 patients obèses. La qualité du lambeau était variable mais toujours suffisante pour la réalisation de l’épiplooplastie. De plus, bien que relativement simple, la laparotomie médiane et la libération du grand épiploon nécessitent de fait une formation en chirurgie générale. Les complications les plus fréquentes sont la dilatation gastrique, elle-même la conséquence d’une traction excessive du pylore et le risque d’éventration. Dans notre série, un patient de 38 ans toxicomane, traité pour une FBP d’origine septique, a présenté dans les suites de l’épiplooplastie une éventration qui a nécessité une reprise chirurgicale. Certains auteurs ont proposé une alternative à la laparotomie. Zurek et al. ont traité 8 patients pour empyème dont 3 avec une FBP associée en réalisant une épiplooplastie dont le lambeau avait été prélevé par laparoscopie [15]. De façon plus surprenante, D’Andrilli et al. décrivent le prélèvement transdiaphragmatique du grand épiploon par thoracotomie. Ils rapportent avec cette technique 43 renforcements de suture bronchique et 2 succès de fermeture de FBP [16]. Les alternatives au traitement chirurgical essentiellement représentées par la fibroscopie et la bronchoscopie interventionnelle regroupent diverses techniques et font l’objet actuellement de nombreuses publications. En 2007, West et al. publiaient une revue de la littérature et montraient que sur 90 patients porteurs d’une FBP (dont 85 patients postpneumonectomie), seulement 30,1 % avaient été traités avec succès sur la fistule et le pyothorax. La mortalité restait relativement élevée à 39,6 % [17]. Plus récemment, Cardillo et al. ont présenté les résultats de 35 patients traités par endoscopie, essentiellement par injection sous muqueuse d’agent sclérosant (Polidocanol) et de colle (Cyanoacrylate) dans la fistule. Sur les 18 fistules dont le diamètre était inférieur ou égal à 2 mm, seul un échec a été observé, et sur les 17 fistules supérieures à 2 mm, ils obtenaient une guérison dans 65 % des cas [18]. On constate que les résultats sont fortement influencés par la taille de la fistule. Le traitement endoscopique est à privilégier selon les auteurs pour des FBP dont le diamètre ne dépasse pas 5 ou 6 mm [18,19]. Les échecs au traitement endoscopique ne semblent pas influencer ultérieurement les résultats du traitement chirurgical [18]. D’autres techniques sont utilisées, notamment les valves endobronchiques, mais peu de données sont disponibles et elles semblent offrir de moins bons résultats [20].   5. Conclusion En conclusion, l’épiplooplastie en première intention offre des résultats satisfaisant chez des patients préalablement sélectionnés, sans antécédent de chirurgie abdominale et en l’absence de sepsis grave. Cette attitude permet dans la plupart des cas la guérison rapide du malade et évite les désagréments de la thoracostomie. En cas d’échec du traitement par épiplooplastie, la thoracostomie que l’on pourrait qualifier ici de rattrapage doit cependant être réalisée sans délai. Au vu de la littérature actuelle et comme nous l’avons expérimenté dans cette étude, le traitement par fibroscopie ou bronchoscopie interventionnelle peut être proposé préalablement pour des fistules dont le diamètre est inférieur ou égal à 5 mm sans entraver a priori la suite de la prise en charge [figure 1].   [caption id="attachment_3934" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Arbre décisionnel. Stratégie de prise en charge des fistules bronchopleurales.[/caption]   Références Pforr A, Pagès P-B, Baste J-M, Thomas P, Falcoz P-E, Lepimpec Barthes F et al. A Predictive Score for Bronchopleural Fistula Established Using the French Database Epithor. Ann Thorac Surg janv 2016;101(1):287-93. https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2015.06.026 Thomas P, Dahan M, Riquet M, Massart G, Falcoz P-E, Brouchet L et al. [Practical issues in the surgical treatment of non-small cell lung cancer. Recommendations from the French Society of Thoracic and Cardiovascular Surgery]. Rev Mal Respir oct 2008;25(8):1031-6. Doi : RMR-10-2008-25-8-0761-8425-101019-200809699 Mathisen DJ, Grillo HC, Vlahakes GJ, Daggett WM. The omentum in the management of complicated cardiothoracic problems. J Thorac Cardiovasc Surg avr 1988;95(4):677-84. PMID:3352303 Mazzella A, Pardolesi A, Maisonneuve P, Petrella F, Galetta D, Gasparri R et al. Bronchopleural fistula after pneumonectomy: Risk factors and management, focusing on open window thoracostomy. J Thorac Cardiovasc Surg 12 juin 2017; https://doi.org/10.1016/j.jtcvs.2017.05.105 Regnard J-F, Alifano M, Puyo P, Fares E, Magdeleinat P, Levasseur P. Open window thoracostomy followed by intrathoracic flap transposition in the treatment of empyema complicating pulmonary resection. 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décembre 8, 2017