consensus et guidelines · Vol. 20 Décembre 2016

Parcours d’accès aux carrières hospitalo-universitaires en chirurgie thoracique et cardio-vasculaire (section 51.03 du CNU)

Dispositions validées par les membres du CNU lors de la réunion du 13 avril 2016. Lionel Camilleri, Alain Chapellier, Bernard Kreitmann, Alain Leguerrier, Pascal Leprince, Gilbert Massard, Philippe Menasché, Jean-François Obadia, Pascal Thomas, membres PU-PH de la sous-section 51-03 ; Delphine Trousse, Fabrice Vanhuyse, Rachid Zegdi, membres MCU-PH de la sous-section 51-03. Les auteurs remercient M Gilbert Vicente, chargé de mission auprès du Doyen de la Faculté de Médecine de Strasbourg, Président de l’AUFEMO, secrétaire de la conférence des Doyens, pour son assistance technique dans la rédaction de ce document.     1. Sous-section 51-03 (chirurgie thoracique et cardiovasculaire) du Conseil national des universités La sous-section 51.03 « chirurgie thoracique et cardiovasculaire » comporte 12 membres : 9 PU-PH et 3 MCU-PH (parmi eux, 8 élus et 4 nommés par le ministère), qui vont siéger pendant 6 ans, leur renouvellement s’effectuant par moitié tous les 3 ans. La composition vise à une représentation équilibrée des différentes spécialités et des différentes inter-régions. La sous-section s’intègre dans la section 51, qui regroupe les sous-sections suivantes : 51.01 pneumologie ; 51.02 cardiologie ; 51.03 chirurgie thoracique et cardiovasculaire ; 51.04 médecine et chirurgie vasculaire. Elle se réunit pour mise sur liste d’aptitude des candidats à une carrière hospitalo-universitaire chaque année (session d’avril), ainsi que pour les promotions et les attributions de Primes d’Encadrement Doctoral et de Recherche (PEDR) (session de juin). Nous décrivons ici le parcours d’accès aux carrières hospitalo-universitaires. Les évaluations universitaires (enseignement, recherche) ne peuvent être dissociées du volet « soins ». De plus, si le CNU doit évaluer chaque individu en tant que tel, il ne doit pas perdre de vue l’importance de la notion d’équipe qui fait la force de nos disciplines, ni l’aspect dynamique des carrières hospitalo-universitaires, un PU-PH étant appelé à assurer – à plus ou moins longue échéance - la responsabilité d’une équipe HU. Ceci exige des aptitudes, qualités et compétence en matière de communication et de management.   2. Introduction L’accès à une carrière hospitalo-universitaire se fait sur proposition des instances hospitalière et universitaire locales (conseil de Faculté, commission médicale d’établissement, direction générale) ; à l’opposé des carrières hospitalières exclusives (PH, PHC), le vote du conseil de Faculté et la décision du Doyen ont une importance primordiale. La sous-section du CNU est appelée à prononcer l’inscription sur liste d’aptitude après avoir vérifié l’aptitude du candidat à répondre de façon appropriée à la triple mission de soins, d’enseignement et de recherche. L’appréciation du candidat ne se limite donc pas uniquement à l’évaluation de ses titres et travaux, mais prend également en compte son activité de soins, son engagement dans l’enseignement, et au-delà ses aptitudes managériales ainsi que ses mandats électifs pour la vie des institutions. Sur l’ensemble de cette évaluation, seule l’appréciation de l’épreuve de titres est chiffrée (voir chapitre 7). L’évaluation de l’activité de soin prend en compte la notoriété locale du candidat et sa capacité de recrutement (développement d’activité nouvelle ou spécifique - bilan d’activité annuel). L’évaluation de l’activité pédagogique est en discussion : elle tiendra compte de l’enseignement institutionnel et extra-institutionnel, ainsi que des publications de nature pédagogique (EMC, livres, e-learning) qui, pour le moment, ne sont pas valorisés dans l’évaluation de l’épreuve de titres. Il est prévu de mettre en place un score d’évaluation de l’activité pédagogique sous l’acronyme « SIAPS » Les membres de la sous-section 51.03 du CNU (chirurgie thoracique et cardiovasculaire) se tiennent à disposition des candidats et de leurs mentors pour les conseiller dans leur préparation (cf point 5).   3. Prérequis pour l’accès aux 3 grades des fonctions universitaires   Aptitude PH HDR Mobilité Points SIGAPS Points CNU PHU + - - - 200 MCU-PH + - - 200 300 PU-PH + + + 400 600   La fonction de Praticien Hospitalier Universitaire (PHU) est une étape intermédiaire de la carrière de bi-appartenant, au-delà du clinicat temporaire et avant la maîtrise de conférences ou le professorat. Pour ce faire, le service bénéficiaire devra geler un poste de CCA pour garantir le montage du support d’emploi. La vocation de ce type de poste est de prolonger le clinicat en attente d’une promotion universitaire ; il y a donc un engagement institutionnel vis-à-vis du candidat retenu. La durée des fonctions dépend de la durée du clinicat : elle est de 8 ans au total (clinicat + PHU). Après audition du candidat, la demande est votée par les instances locales, puis la candidature est soumise au CNU. Pour être éligible, le candidat doit se présenter au concours pour être inscrit sur la liste d’aptitude aux fonctions de PH (c’est à dire avoir passé avec succès le concours de recrutement organisé par le CNG) : habituellement inscription en mai-juin et concours en décembre. Il n’y a pas d’exigences formalisées par le CNU (cf. modalités avis CNU au paragraphe 5). Cependant, il s’entend que le candidat doit présenter des publications de bon niveau à son actif (près de 200 points CNU)prenant en compte l’échéance du poste au terme de laquelle les critères respectifs pour une nomination en PUPH (plus rarement MCUPH) devront être satisfaits un projet de recherche et d’enseignement une activité de soins un engagement institutionnel visant à sa promotion universitaire.   Les exigences pour les postes de MCU-PH cliniques sont plus profilées. L’accès peut se situer en fin de clinicat, ou après un passage par un poste de PH, plus rarement de PHU. Le prérequis ne comporte pas la présentation du concours de PH. Il requiert : une activité de publications concrétisée par 200 points SIGAPS / 300 points CNU. La sous-section tiendra compte de la durée pendant laquelle ces points ont été produits et s’assurera de la continuité des travaux dans le temps. un projet de recherche : ni thèse ni master 2 ne font partie des exigences officielles, mais le master 2 est souhaitable. Il faut cependant savoir que ces exigences peuvent être vues à la hausse par les universités dont sont issus les candidats qui peuvent, elles, exiger un cursus scientifiques plus approfondi un projet pédagogique (une formation par DU/DIU est encouragée). Le CNU 5103 sera particulièrement attentif à l’activité pédagogique dispensée dans le cadre des enseignements régionaux et nationaux du Collège français de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire, ainsi qu’à la production de matériel pédagogique destiné au Développement Professionnel Continu de la discipline. une activité clinique reconnue et poursuivie en chirurgie thoracique et/ou cardiovasculaire. Le CNU 5103 sera particulièrement attentif à la participation effective du candidat aux bases de données de la Société Française de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire. Le projet du candidat doit bien entendu s’inscrire dans le cadre des projets institutionnels universitaire et hospitalier.   Le grade de PU-PH, auquel on accède depuis les fonctions de PHU, de MCU-PH voire de CCA (2 années requises), mais aussi de PH, est le grade le plus élevé de la carrière hospitalo-universitaire. Il répond à des exigences particulières. Le prérequis ne comporte pas la présentation du concours de PH. Cependant, le prérequis incontournable réglementaire comporte : Une activité de publication soutenue avec un minimum de 400 points SIGAPS/ 600 points CNU. La sous-section tiendra compte de la durée pendant laquelle ces points ont été produits et s’assurera de la continuité des travaux dans le temps. La validation obligatoire de l’Habilitation à Diriger la Recherche (HDR), qui est le diplôme le plus élevé délivré par les universités Françaises. La thèse de science n’est pas obligatoire dans les textes, mais peut être exigée par le règlement intérieur de l’université d’origine. Une mobilité de 12 mois au moins en dehors de l’institution d’origine, en France ou à l’étranger, est une obligation réglementaire exigée des candidats au concours de PU-PH. Elle est contrôlée par le ministère au moment de la candidature, et doit avoir été validée au préalable par la sous-section CNU. Il peut s’agir d’une mobilité recherche ou d’une mobilité clinique. Dans les deux cas, son objectif doit être clair et viser à parfaire la formation du candidat et enrichir l’équipe d’origine). Cette mobilité peut être accomplie sur plusieurs périodes dont chacune doit être d’une durée minimale de 3 mois, et à condition de correspondre au total à une année complète. Il est hautement souhaitable que cette année soit effectuée après l’internat. Elle doit concerner soit une activité réelle de recherche clinique ou fondamentale de bon niveau dans la thématique du candidat, soit une activité clinique dans le but d’obtenir une surspécialisation (p.ex. greffes, cardiopédiatrie, chirurgie aortique complexe). Il est conseillé de planifier cette mobilité le plus tôt possible dans le cursus. Le but de cette mobilité est double : d’une part, obliger le candidat à s’ouvrir des horizons autres que celui de son environnement habituel, et d’autre part, acquérir un savoir-faire particulier susceptible d’enrichir le candidat et son équipe, et devant donner lieu à des publications durant cette période. Cette mobilité doit être effectuée en dehors de la ville du CHU d’origine du candidat, ou à la rigueur dans la même ville mais dans un centre de recherche labellisé (INSERM, CNRS, etc). Cette mobilité doit être approuvée par le président de la section compétente du CNU sur proposition du président de la sous-section concernée, ce qui indique que le CNU considère que l’exigence de mobilité a été ou non remplie. Pour cette raison, il est conseillé que le candidat consulte la sous-section 51.03 du CNU (en pré-CNU) le plus en amont possible sur son projet de mobilité, afin d’être certain que celui-ci cautionnera la valeur scientifique de sa mobilité. A cet égard sont considérés comme points positifs, les éléments suivants, dans l’ordre : - Mobilité en dehors de sa ville universitaire - Mobilité si possible à l’étranger - Mobilité continue pendant 1 an - Publications à partir du travail fait durant la mobilité - Choix d’un thème de travail pendant la mobilité en accord avec la thématique principale du candidat En outre, il est naturellement attendu que le candidat présente Un projet de recherche; l’expérience avec l’encadrement d’étudiants en master, voire de doctorants est un plus, de même que l’adossement à une structure de recherche labellisée. Un projet d’enseignement et engagement réel sur le plan pédagogique ; une formation spécifique est encouragée. Le CNU 5103 considère comme un pré-requis une activité pédagogique dispensée dans le cadre des enseignements régionaux et nationaux du Collège français de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire, ainsi que la production de matériel pédagogique destiné au Développement Professionnel Continu de la discipline. L’implication dans les activités d’enseignement organisé par les sociétés Européennes ou Internationales est un plus. Un projet de soins et une activité de soins dans la discipline de haut niveau et poursuivie. Le CNU 5103 sera particulièrement attentif à la participation effective du candidat aux bases de données de la Société Française de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire. Des aptitudes managériales Le CNU valorise également une implication dans la vie publique (instances locales et nationales). l’engagement dans des projets de coopération internationale les responsabilités prises au sein de Sociétés Savantes françaises et internationales). la vision plus globale du candidat sur le développement de la filière/discipline dans la région d’exercice   4. La sous-section 51.03 encourage à un « coaching » Si la plupart des candidats profitent d’un excellent coaching par leurs mentors, il est tout de même conseillé d’établir un contact avec la sous-section dès que l’option d’une carrière universitaire est envisagée. La sous-section a pour vocation d’être informée en primeur de l’évolution des réglementations et de transmettre l’information aux candidats : encore faut-il qu’elle les connaisse ! La sous-section organise des pré-auditions par le CNU au moment des 2 réunions annuelles de la Société et propose d’évaluer les postulants au fur et à mesure de leur maturation et de conseiller au mieux les candidats. Le pré-CNU a pour objectif d’apporter aide et conseil aux futurs candidats, qui bénéficieront au cours et au décours de la session de conseils personnalisés de la part du rapporteur de son dossier et du président de la sous-section du CNU. Un suivi personnalisé pourra être proposé. Cette audition paraît particulièrement utile dans 2 situations : Candidats potentiels : l’objectif est de repérer très en amont les éventuels futurs candidats à un poste HU, de les conseiller quant à leurs plans et orientations de carrière, dont le projet de mobilité, et de leur proposer un suivi personnalisé. Sont encouragés notamment à se présenter les chefs de clinique désireux d’entreprendre une carrière HU. Candidats probables : l’objectif est de contrôler avec les candidats, l’adéquation de leur épreuve de titres et travaux avec les recommandations du CNU et les conseiller sur la meilleure stratégie pour se présenter devant le CNU. Idéalement, la présentation doit se faire 2 ans avant l’inscription au concours, donc l’année qui précède la demande de poste par la faculté. Ainsi, dans l’idéal, un PU-PH devrait, avant que son dossier soit présenté aux Ministères (pour l’ouverture d’un poste) et avant sa présentation devant la sous-section, avoir été vu deux fois par le pré-CNU.   5 . Comment se passe l’épreuve du CNU ?   a. PHU L’ouverture du poste dans la discipline fait l’objet d’une publication dans le Journal Officiel. Les candidats pressentis sont obligés à faire acte de candidature dans les délais indiqués. Le candidat est auditionné par le Conseil de Faculté et la CME. Sa nomination intervient, non pas au 1er septembre comme pour les MCU-PH et PU-PH, mais au mois de mai. La validation du dossier est prononcée par la sous-section du CNU sur simple étude du dossier, sans convocation du candidat. Chaque candidature est étudiée par 2 rapporteurs qui prennent les contacts nécessaires à l’élaboration du rapport auprès des instances locales et qui présentent le dossier en séance plénière. La nomination est prononcée sur les acquis de dossier : aptitude aux fonctions de PH, validation de la partie U par la sous-section du CNU.   b. MCU-PH Les postes disponibles dans la discipline font l’objet d’une publication dans le Journal Officiel en janvier. Les candidats pressentis sont obligés à faire acte de candidature dans les délais indiqués : ils disposent d’un délai de 15 jours après parution au JO. Les candidats sont auditionnés par le CNU et sont ensuite nommés selon la même procédure et calendrier que ceux décrits au paragraphe c ci-après sous « Audition par le CNU ». Le MCU-PH est nommé par arrêté signé par les ministres de tutelle.   c. PU-PH Les postes disponibles dans la discipline font l’objet d’une publication dans le Journal Officiel en janvier. Les candidats pressentis sont obligés à faire acte de candidature dans les délais indiqués, soit un délai de 15 jours après parution au JO. Chaque candidature est examinée par 2 rapporteurs choisis au sein de la sous-section. Le concours comporte 2 épreuves : la visite sur site par les rapporteurs, puis l’audition par la sous-section du CNU.   Visite sur site La visite sur site est un temps capital dans la rédaction du rapport. Elle vise à satisfaire les objectifs suivants : observer le candidat dans son environnement professionnel de tous les jours et cerner au mieux sa personnalité et son insertion dans l’équipe voir le candidat opérer un ou plusieurs patients, et vérifier l’authenticité de son activité clinique échanger avec les collaborateurs, le responsable de service, le chef de pôle, les représentants des services voisins rencontrer les responsables des instances (Doyen, Président de la CME, DG) pour vérifier le soutien institutionnel à la discipline, et la cohérence entre projet de la discipline et projet d’établissement ; discuter l’attribution de moyens humains et techniques. Il est en effet dommageable qu’un candidat de bon niveau se fasse nommer en milieu hostile ou avec des moyens insuffisants évaluer l’épreuve de titres avec le candidat (voir ci-dessous) et son mentor faire une répétition en vue de la leçon pédagogique (voir ci-dessous)   Audition par le CNU L’audition par le CNU fait suite à une convocation officielle par le ministère et est organisée de la façon suivante : les rapporteurs exposent le dossier avec toutes les nuances perçues le candidat tire au sort un sujet pour sa leçon pédagogique de 30 min. Le titre est choisi par tirage au sort parmi 3 intitulés préparés par les rapporteurs en tenant compte de ses centres d’intérêt et de ses publications. Le candidat dispose de 90 min de préparation la présentation comporte l’exposé des titres et travaux en 15 min, la leçon en 30 min, puis une discussion ouverte avec le jury L’avis favorable du CNU est transmis aux ministères de tutelle pour l’inscription sur la liste d’aptitude Le candidat dispose de 15 jours pour adresser sa candidature aux Doyen et Directeur Général du (des) CHU(s) postulé(s) qui doivent émettre un avis sous quinzaine et l’adresser aux ministères. En cas d’avis favorable conforme des deux instances, il est procédé à la nomination du candidat et à son affectation au CHetU concerné.   6. Et après le CNU ?   a. Nomination en tant que PU-PH La nomination est prononcée par le président de la république au 1er septembre et publiée dans le Journal Officiel. L’intéressé(e) débutera bien ses fonctions hospitalière et universitaire à cette date même si la notification officielle avait du retard. Il sera rémunéré comme PU-PH au 1er échelon, avec effet au 1er septembre. Par la suite une prise en considération des fonctions universitaires et/ou hospitalière effectuées antérieurement peut intervenir dans le cadre d’un arrêté de reclassement. Le candidat en est informé au cours du mois de novembre !   b. Grades et avancement des PU-PH Comme pour tout fonctionnaire, la carrière comporte des avancements automatiques en échelons, chevrons, etc, qui dépendent de l’ancienneté et du temps d’activité. Certaines situations (détachements, missions, disponibilités,…) sont considérées pour ces avancements. La carrière hospitalière comporte 4 grades, avec un avancement automatique tous les 3 ans, de sorte que le grade le plus élevé est atteint au terme de 12 ans de carrière. La carrière universitaire comporte la 2e classe, la 1re classe, et la classe exceptionnelle 1 et 2. Elle démarre par la nomination en tant que professeur de 2e classe. L’avancement en 1re classe, puis en classe exceptionnelle, doit faire l’objet d’une demande active de l’intéressé à sa faculté. La demande est étudiée par le conseil de faculté et transmise avec l’avis du Doyen au CNU. La sous-section du CNU propose ensuite des nominations pour avancement. Cependant, les possibilités de promotion dépendent du nombre de postes disponibles dans chaque place sur le plan national, et sont définies par le nombre de postes libérés par avancement ou départ à la retraite. Le nombre total de postes est réparti sur les différentes sections et sous-sections par une clef de répartition débattue chaque année. Pour ce qui concerne notre sous-section, les propositions de promotion tiennent compte de l’âge, de l’ancienneté dans la classe, du mérite et du niveau d’implication de chacun.   7. Critères d’évaluation des épreuves de titre   a. Préalable Les règles d’appréciation des travaux scientifiques des candidats aux concours de PU-PH et de MCU-PH, édictées par la sous-section 51-03 (chirurgie thoracique et cardiovasculaire) du Conseil National des Universités ont déjà été publiées à quatre reprises dans le Journal de Chirurgie Thoracique et Cardiovasculaire (J. Chir. Thor. Cardiovasc., mars 1999, vol. III, n° 1, p. 46-48; puis mars 2002, vol. VI, n° 1, III; puis juin 2005, vol. IX, n° 2, p. 123-124 ; puis mars 2011, vol. XV, p. 20-22). Nous avions fait paraître la liste des revues prises en compte, assortie d’un coefficient multiplicateur selon la revue, afin de permettre aux candidats et aux rapporteurs de faire une estimation correcte de la valeur globale des travaux (publications et communications). La liste des revues a été actualisée, mais est loin d’être exhaustive, et les coefficients multiplicateurs ont été modifiés et valorisés.
 Il appartiendra aux candidats et aux rapporteurs d’intégrer dans un groupe donné les revues manquantes, en tenant compte de leur impact factor officiel, chacun des groupes définis correspondant, comme cela est mentionné, à une échelle donnée d’impact factors. Les impact factors peuvent être récoltés sur le site « SIGAPS ». Les principales revues de la discipline ont été volontairement « surpondérées » : Eur J Cardiothorac Surg et Interact Cardiovasc Thorac Surg, Ann Thorac Surg, J Thorac Cardiovasc Surg, World J Pediatr and Congenit Heart Surg, J Chir Thorac Cardiovasc. La validité de la cotation ainsi que les seuils de 600 points pour le concours de PU-PH et de 300 points pour le concours de MCU-PH ont été vérifiés lors des 17 dernières années, mais il convient de remettre à jour régulièrement cette liste ainsi que le poids relatif des différents types de publications. Ces nouvelles mesures sont applicables à partir du concours d’avril 2017. La méthode de chiffrage du CNU évolue en parallèle avec l’évaluation ministérielle qui tient compte des points SIGAPS. Les points SIGAPS ne valorisent pas malheureusement les publications de nature pédagogique, ni certaines revues scientifiques indéxées dans d’autres bases de données que PubMed. Les exigences imposées par le ministère il y a 3 ans ont levé la barrière au niveau de 200 points SIGAPS pour les MCU et de 400 points SIGAPS pour les PU. Ce seuil paraît élevé pour un certain nombre de disciplines cliniques dont les principales revues ont un facteur d’impact (IF) inférieur à 5. Suite aux protestations des différentes sections, le ministère a édité une lettre de cadrage (2 décembre 2016) qui permet de pondérer l’exigence brute en points SIGAPS par une exigence de prérequis sur les bases suivantes : MCU-PH : 3 papiers dans des revues internationales « impact factor » supérieur à 3 avec une modulation possible selon les disciplines PU-PH : 6 papiers en premier ou dernier dans des revues internationales « impact factor » supérieur à 3 avec une modulation possible selon les disciplines Chaque CNU a la responsabilité de définir les niveaux des « impact factors » en fonction de leur discipline avec un minimum d’exigence. Ces choix pourront faire l’objet d’une discussion avec les ministères concernés via le président représentant des CNU. Il appartient aux CNU de pondérer ou non les scores SIGAPS en fonction de leur discipline en restant toutefois ferme sur le nombre de publications internationales requises pour les postes de PU-PH et MCU-PH Il faut souligner que cette note de cadrage concerne les promotions 2017, et que les réglementations risquent d’évoluer. Au minimum, le tiers des points doit correspondre à des publications des cinq dernières années.
 De façon plus générale, il faut noter que la sous-section sera toujours plus attentive au travail réalisé dans les années précédant immédiatement la présentation au concours, dans le domaine des publications, mais aussi pour les activités de soins (et notamment l’activité chirurgicale effective) et d’enseignement. Pour le CNU, il paraît inacceptable qu’un candidat n’ait pas publié au moins 5 articles (1er, 2e ou dernier auteur) dans une des 4 « grandes » revues de notre spécialité, à savoir Journal of Thoracic and Cardiovascular Surgery Annals of Thoracic Surgery European Journal of Cardiovascular and Thoracic Surgery World Journal of Pediatric and Congenital Heart Surgery b. Méthode de calcul pour les publications Le nombre de points attribué à une publication est le produit de la multiplication de 3 indices : la « valeur » de la revue : score dépendant du IF le rang dans le listing des auteurs la nature de la publication Les tableaux figurant en annexe montrent de façon non exhaustive le score des revues selon leur IF. Nous tenons à souligner que les « 4 grandes » sont surcotées avec un score fixé à 12 le Journal de Chirurgie Thoracique et Cardiovasculaire, de même que les Archives of Cardiac Diseases sont surclassées dans la catégorie supérieure pour valoriser les publications dans nos revues nationales Le nombre de points attribués en fonction du rang de l’auteur est le suivant : 1er auteur : 5 points 2e auteur : 3 points 3e auteur : 1 point avant-dernier auteur : 3 points dernier auteur : 5 points Le nombre de points attribué en fonction de la nature de l’article est le suivant article original : 1 point article de revue : 1 point méta-analyse : 1 point éditorial/commentaire invité : 1 point description technique : 1 point cas clinique : 0.5 points lettre à l’éditeur : 0.5 points cas radiologique : 0.5 points   c. Valorisation des communications orales
 Seul le premier auteur (éventuellement orateur) de la communication est pris en compte. Communications avec abstract publié dans une revue : 1 seul point est attribué, multiplié par le coefficient de la revue qui est l’organe d’expression de la société. 12 points sont accordés pour les présentations à l’AATS, la STS, l’EACTS, et l’ESTS. 4 points sont accordés pour les présentations à la SFCTCV. La valorisation des présentations réalisées dans des congrès nationaux (2 à 4 points) ou internationaux (6 à 12 points) de cardiologie, maladies vasculaires, pneumologie, oncologie, anesthésie-réanimation, transplantation d’organes est appréciée par les rapporteurs du dossier Communications sans abstract publié : Le crédit attribué au premier auteur est : 1 point pour les congrès d’envergure régionale ou nationale ; 2 points pour les congrès d’amplitude européenne ou internationale.   8. Conclusion et avertissement La majorité des recommandations rapportées ci-dessus, et en particulier le nombre et le niveau des publications scientifiques apparait comme des conditions nécessaires, mais non suffisantes. Le jury reste souverain dans ses appréciations. Une insuffisance grave dans un domaine ne peut pas être compensée par une appréciation très positive dans un autre. Il est toutefois évidemment légitime que, si un candidat ait été amené à privilégier une activité universitaire, l’enseignement ou la recherche, il soit tenu compte de cette orientation personnelle et institutionnelle.   POUR EN SAVOIR PLUS Vous pouvez consulter :1 – Sur le site de Legifrance : le décret n°84-135 du 24 février 1984 portant statut des personnels enseignants et hospitaliers des centres hospitaliers et universitaires (prendre la version consolidée à la date de la consultation) 2 – Sur le site Aufemo, les numéros de la Chronique de l’AUFEMO rédigés par Gilbert VICENTE (Strasbourg) : - Dossier n°71 : « Présentation de la réglementation et des modalités de candidatures pour les emplois hospitalo-universitaires en médecine » / Juillet 2013 - Dossier N°70 / Version 4 : « Obligation de mobilité pour les futurs professeurs des Facultés de médecine et d’odontologie » / Mai 2013 3 – Pour toute question statutaire spécifique : gilbert.vicente@unistra.fr   Annexe   Classement des revues par groupes IF et coefficients multiplicateurs 
 
Cette liste, malgré plusieurs actualisations, ne peut être exhaustive. Chaque groupe, affecté d’un coefficient multiplicateur arbitraire décidé par le CNU, correspond en fait à une fourchette d’IF. Toute revue non répertoriée dans cette liste, mais classée dans la liste de revues avec impact factor, devra être intégrée dans l’un de ces six groupes, selon son impact factor (les IF sont ceux de 2015).   Les « grandes » : coefficient multiplicateur 12   Journal of Thoracic and Cardiovascular Surgery 4.168 Annals of Thoracic Surgery 3.849 European Journal of Cardio-Thoracic Surgery 3.304 World Journl of Paediatric and Congenital Heart Surgery     Groupe I – Coefficient multiplicateur : 15 IF >15 European Heart Journal 15.203 Journal of the American College of Cardiology 16.503 Lancet 45.217 Nature 41.456 New England Journal of Medicine 55.873 Science 33.611   Groupe II – Coefficient multiplicateur : 10 4 < IF < 15 American Heart Journal 4.463 American Journal of Respiratory Critical Care 12.996 American Journal of Transplantation 5.683 Annals of Surgery 8.327 British Journal of Cancer 4.836 British Journal of Surgery 5.542 British Medical Journal 12,82 Cancer 4.889 Cancer Research 9.329 Cardiovascular Research 5,94 Chest 7.483 Circulation 14.43 Circulation Research 11.019 Clinical Cancer Research 8.722 European Journal of Cancer 5.417 European Journal of Endocrinology 4.069 European Respiratory Journal 7.636 Heart 5.595 International Journal of Cancer 5.085 Journal of Heart-Lung Transplant 6.650 Journal of Molecular and Cellular Cardiology 4.655 Journal of the National Cancer Institute 12.583 Journal of Thoracic Oncology 5.282 Pediatrics 5.473 Thorax 8.29   Groupe III – Coefficient multiplicateur : 8 3 < IF < 4 American Journal of Cardiology 3.276 Archives of Cardiovascular Diseases 2.4 Canadian Journal of Cardiology 3.711 Journal of Surgical Oncology 3.244 Journal of Vascular Surgery 3.021 Lung Cancer 3.958 Shock 3.045 Surgery 3,38 Transplantation 3.828   Groupe IV – Coefficient multiplicateur : 6 2 <IF< 3 Encyclopédie Médico-Chirurgicale   European Journal of Vascular and Endovascular Surgery 2.49 Journal of Cardiovascular Pharmacology 2.135 Journal of Cardiovascular Pharmacology 2.135 Journal of Trauma and acute care surgery 2,736 Journal of Vascular Research 2.901 Oncology 2.422 Respiratory Physiology and Neurobiology 2,03 Canadian Journal of Anesthesiology 2.527   Groupe V – Coefficient multiplicateur : 4 1 < IF < 2 American society for artificial internal organs journal 1.516 Annals of Vascular Surgery (ou version française ) 1.17 Interactive Cardiovascular and Thoracic Surgery 1.155 Journal de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire   Journal of Cardiovascular Surgery 1,461 Journal of Thoracic Disease 1,783 Presse Médicale 1.077 Surgical and Radiologic Anatomy 1.047   Groupe VI – Coefficient multiplicateur : 2 IF < 1 Annales de Cardiologie et d’Angéiologie   Annales Françaises d’Anesthésie réanimation 0.841 Annales d’Anesthésiologie   Annales de Chirurgie   Annales de Chirurgie Plastique et Esthétique 0.306 Annals of Thoracic and Cardiovascular Surgery 0.718 Bulletin du Cancer 0.604 Cardiology in the Young 0.835 Chirurgie   International Journal of the Society of Artificial Organs 0.962 Journal of Cardiac Surgery 0.89 Journal des Maladies Vasculaires   Oncologie 0.057 Perfusion 0.935 Revue des Maladies Respiratoires 0.620 Revue de Pneumologie Clinique 0.248 Revue du Praticien   Transplantation Proceedings Thoracic Cardiovascular Surgeon 0.979   Cas particulier des livres ou chapitres de livres Seuls les trois premiers auteurs peuvent être considérés, et le coefficient multiplicateur de 8, 6 ou 4 sera fonction de la valeur scientifique jugée par le rapporteur, de l’éditeur et de la notoriété nationale ou internationale de l’ouvrage.    
décembre 12, 2016
Chirurgie cardiaque · Vol. 20 Décembre 2016

Résultats de la prise en charge médicale des arrêts cardiaques extrahospitaliers chez l’adulte : revue de la littérature

Julien Guihaire1, Arnaud Briand2   1. Service de chirurgie cardiaque adulte, hôpital Marie Lannelongue, université Paris Sud, Le Plessis-Robinson, France. 2. SOS Médecins, Rennes, France. Correspondance : j.guihaire@ccml.fr   Résumé Objectif : les arrêts cardiaques extrahospitaliers (ACEH) sont un enjeu de santé publique dont le pronostic dépend de la rapidité de prise en charge. Méthodes : revue de la littérature internationale indexée à la base de données MEDLINE répondant aux mots clés « Out-of-hospital Cardiac Arrest », « Survival Analysis », « Survival ». Résultats : le taux de survie variait de 2,4 % à 16,8 % à un mois. Une issue neurologique favorable était retrouvée dans moins de 50 % des cas à un mois. Les facteurs de bon pronostic étaient un âge inférieur à 65 ans, les ACEH d’origine cardiogénique, un rythme choquable initial, une réanimation débutée par un témoin et une arrivée rapide des secours professionnels. Conclusion : l’ACEH reste associé à une mortalité très élevée. L’influence des moyens thérapeutiques sur le devenir des patients reste difficile à mettre en évidence. La participation active des témoins est le facteur limitant majeur sur lequel les efforts doivent se porter afin de réduire au minimum la période critique de no-flow.   Abstract Outcomes after out-of-hospital cardiac arrest in adults: a review Objectives: The prognosis of out-of-hospital cardiac arrest (OHCA) is related to the rapidity of therapeutic intervention. Method: A review of the results of OHCA medical treatment was conducted from articles indexed in the MEDLINE database and corresponding to the following key words: « Out-of-hospital Cardiac Arrest », « Survival Analysis » and «Survival». Results: Forty-three articles met the criteria for inclusion, 17 epidemiological studies and 26 interventional studies with most of them performed in Asia (39.5%). One-month survival rate ranged from 2.4% to 16.8%. A favorable neurological outcome was found in less than half of cases at one month. Patients younger than 65 years old, cardiogenic origin of OHCA, initial shockable rhythm and early resuscitation by witnesses were associated with better outcomes. Limits: Few relevant randomized trials combined with a marked heterogeneity of retrospective studies led to a low level of evidence. Conclusion: OHCA in adults remains associated with a high mortality rate despite improvement in therapeutic approaches over the last 15 years. The prognosis is restricted by the no-flow period, underscoring the need for major efforts to reduce this critical period. Educational programs to increase the rate of rescuers are mandatory.   1. INTRODUCTION L’arrêt cardiaque (AC) est défini par la suspension brutale des fonctions respiratoire et circulatoire. L’arrêt de la perfusion cérébrale se compliquant d’une mort biologique en 4 à 6 minutes, l’AC représente le niveau le plus élevé des urgences vitales. Quarante à cinquante mille décès par an en France sont la conséquence d’un AC, soit environ 1 pour 1500 habitants par an. Les AC sont principalement d’étiologie cardiogénique chez l’adulte avec des troubles du rythme ventriculaire dans 25 % des cas [1]. Les AC par hypoxie sont moins fréquents et peuvent être secondaires à une obstruction des voies aériennes, une noyade ou une pathologie pulmonaire primitive. La majorité des AC surviennent en milieu extrahospitalier, dans plus de 70 % des cas à domicile, environ 10 % sur la voie publique et moins de 20 % dans des lieux publics. L’âge moyen des victimes d’arrêt cardiaque extrahospitalier (ACEH) est de 67 ans avec une prédominance masculine dans 2/3 des cas [2,3]. Depuis 1960, l’AC n’est plus considéré comme irréversible grâce aux mesures réanimation cardiopulmonaire (RCP) élémentaires [4,5]. Ces méthodes thérapeutiques font l’objet d’un consensus régulièrement actualisé par les sociétés savantes nord-américaines et européennes. Les dernières recommandations publiées en 2015 soulignent l’importance d’une recirculation précoce en privilégiant le massage cardiaque externe (MCE) à la ventilation au cours de la réanimation initiale non spécialisée [6]. L’administration d’adrénaline de même que la défibrillation précoce en cas de rythme choquable initial amélioreraient le retour d’une circulation spontanée [7,8]. Le pronostic des ACEH est sombre avec un taux de survie inférieur à 10 % et un risque majeur de séquelles neurologiques chez les survivants, faute d’une prise en charge initiale efficace. En effet, si la plupart des ACEH surviennent devant témoins, les manœuvres adaptées de réanimation précoce ne sont débutées que dans 20 % des cas [2,3]. Nous rapportons une revue de la littérature internationale sur les ACEH. L’objectif principal de notre travail est d’évaluer la survie des patients et les facteurs influençant celle-ci. Nous discutons enfin les moyens potentiels pour améliorer le pronostic des ACEH.     2. MÉTHODES   2.1. Recherche bibliographique Une revue de la littérature a été effectuée en interrogeant la base de données MEDLINE à l’aide du moteur de recherche PubMed en sélectionnant les articles publiés depuis 2010. L’objectif de notre travail était d’analyser les études parues après l’application des précédentes recommandations internationales sur la prise en charge des AC [9]. Seules les études originales ont été retenues, les revues de la littérature, méta-analyses et cas cliniques ont été exclus. Les articles évaluant des critères ethniques ont également été exclus de notre analyse. Ceux ne comportant pas de résultats permettant l’analyse du critère de jugement principal n’ont pas été retenus pour la synthèse finale. Ces critères d’inclusion et d’exclusion sont résumés dans le tableau 1.    Critères d’inclusion  Critères d’exclusion Arrêts cardiaques extrahospitaliers Arrêts cardiaques intrahospitaliers Études publiées entre janvier 2010 et mars 2015 Analyse de données antérieures à 2000 Études originales Revues de la littérature, méta-analyses, cas cliniques Études de cas humains Études animales, études expérimentales Patients adultes (>18 ans) Études pédiatriques Analyses de groupes ethniques Tableau 1 : Critères d’inclusion et d’exclusion des articles pour l’analyse bibliographique.   2.2. Mots clés et opérateurs booléens Afin de sélectionner les articles pertinents, nous avons eu recours aux termes Mesh correspondant aux mots clés de notre recherche bibliographique: « Out-of-hospital Cardiac Arrest », « Survival Analysis », « Survival ». Ces termes ont été conjugués aux opérateurs booléens « AND » et « OR » selon la formule suivante : (“Survival”[Mesh] OR “Survival Analysis”[Mesh])) AND “Out-of-Hospital Cardiac Arrest”(Mesh). Au total 110 articles ont ainsi pu être sélectionnés. Après lecture des 110 résumés, 52 publications originales ont été retenues. L’analyse critique des articles a permis de retenir 43 études pour la synthèse finale. Les détails de cette sélection d’articles sont résumés dans la figure 1. Les études concernant des critères ethniques ont été exclues. Certains articles ont été éliminés sur la base de la lecture du manuscrit. L’absence de données sur l’effectif ou l’âge moyen de la population étudiée, ainsi que l’absence d’information sur le critère de jugement primaire (survie hospitalière ou à un mois) ont conduit à ne pas retenir ces études pour notre travail de synthèse.   [caption id="attachment_2784" align="aligncenter" width="189"] Figure 1. Diagramme de flux bibliographique à partir du moteur de recherche PubMed (base de données MEDLINE).[/caption]   2.3. Critères de jugement Le critère de jugement primaire était la survie à un mois après l’ACEH. Certaines études rapportaient la survie en sortie d’hôpital ou survie hospitalière, et d’autres la survie en sortie d’hôpital ou à un mois, en retenant le premier des deux évènements. Ces chiffres étant assez proches, et en raison de l’hétérogénéité des études, nous avons décidé d’admettre comme critère de jugement principal l’un ou l’autre, à savoir la survie à un mois ou la survie hospitalière. Le critère de jugement secondaire était une issue neurologique favorable un mois après l’ACEH définie par un score CPC (Glasgow-Pittsburgh Cerebral Performance Categories) à 1 ou 2. Le score CPC est un indicatif simple de l’état neurologique des survivants, initialement décrit pour évaluer les conséquences fonctionnelles des traumatismes crâniens [10]. Il est défini comme tel : score CPC = 1 : patient conscient, alerte, ne présentant aucun déficit neurologique ou psychologique, ou un déficit mineur ; score CPC = 2 : déficit neurologique modéré n’hypothéquant pas l’autonomie dans la vie quotidienne ; score CPC = 3 : patient conscient, avec déficit impliquant une dépendance dans la vie quotidienne ; score CPC = 4 : défini par un coma ou état végétatif ; score CPC = 5 : mort cérébrale ou décès. Nous avons considéré la terminologie « issue neurologique favorable » lorsque le score CPC était de 1 ou 2 dans les études analysées. Lorsque le score CPC n’était pas employé par les auteurs mais que le statut fonctionnel neurologique était clairement défini à 1 mois de l’ACEH, nous avons appliqué le score CPC correspondant à l’état clinique rapporté par les auteurs.   2.4. Analyse critique Une évaluation de la qualité méthodologique des études a été réalisée en s’inspirant des critères PRISMA (Preferred Reporting Items for a Systematic review and Meta-Analysis). La majorité des publications analysées étaient des études rétrospectives. Un intérêt particulier a été porté à la recherche des limites des différentes études et à leurs biais, ainsi qu’à la présence des critères d’inclusion et d’exclusion des sujets. La synthèse des données pertinentes a été effectuée selon un mode descriptif en fonction des résultats des études, du type d’intervention thérapeutique évaluée, et de leur méthodologie respective.   3. RÉSULTATS   3.1. Caractéristiques générales Les caractéristiques et principaux résultats des 43 études retenues dans l’analyse finale sont résumés dans le tableau 2. Nous avons inclus 7 essais randomisés et 36 études observationnelles. Onze publications (25,6 %) concernaient le continent nord-américain dont 4 en collaboration avec l’Europe, 11 études avaient été menées en Europe (25,6 %), 17 sur le continent asiatique (39,5 %) dont 13 au Japon, et enfin 4 en Australie (9,3 %). La répartition géographique des publications est illustrée par la figure 2.     Référence   Type d’étude   Multicentrique   Pays   N   Âge moyen (années)   Survie J30   Statut neurologique J30 (CPC 1-2)     Remarques importantes Études épidémiologiques Bosson N. ; 2014 [48] Obs. Non États-Unis 927 69 37 % 22% Seulement patients admis en unité spécialisée Corrada E. ; 2013 [18] Obs. Non Italie 63 62,5 60 % 41% Seulement patients admis en unité spécialisée Cudnik M. T. ; 2012 [11] Obs. Oui États-Unis 4125 63 35 % NR Seulement patients admis à l’hôpital Deasy C. ; 2011 [49] Obs. Non Australie 6363 69 9,4 % vs 11,8 % NR Période < 2005 vs période ≥ 2005 Forslund A. S. ; 2013 Obs. Non Suède 2977 57 2,7 % vs 1,6 % NR < 65 ans vs ≥ 65 ans Grimaldi D. ; 2014 [50] Obs. Non France 225 79,5 21,8 % NR Seulement patients > 75 ans admis à l’hôpital Hagihara A. ; 2014 [52] Obs. Oui Japon 619928 73 15,6 vs 12,6 % NR Présence médicale dans ambulance vs non Henry K. ; 2013 [53] Obs. Oui Irlande 176 65 7,4 % 7,4% Inamasu J. ; 2011 [51] Obs. Non Japon 250 68,7 7,2 % 5,2% Survie à 6 mois et non J30 Kitamura T. ; 2012 [46] Obs. Oui Japon 17020 72,3 7,6 % 3,3% Lick C. J. ; 2011 [66] Obs. Oui États-Unis 247 62 19 % vs 8,5 % 1,4 vs. 1,6% Après vs. avant campagne Take Heart America Neukamm J. ; 2011 Obs. Oui Allemagne 2330 67,1 15,4 % NR Phelps R. ; 2013 [17] Obs. Non États-Unis 980 61 16,8 % 14% Saarinen S. ; 2012 Obs. Oui Finlande 99 69 10 % 4% Saner H. ; 2013 [12] Obs. Non Suisse 238 60 7,5 % NR Thomas A. J. ; 2013 [47] Obs. Oui États-Unis /Canada 6546 NR 2,72 % vs 2,77 % NR Rythme choquable initial vs non choquable Wissenberg M. ; 2013 [67] Obs. Oui Danemark 19468 72 6,8 % NR  Études épidémiologiques traitant d’étiologie non cardiaque Deasy C. ; 2012 [14] Obs. Non Australie 2187 36 5,1 % vs 12 % NR Causes traumatiques vs causes cardiologiques Dyson K. ; 2013 [16] Obs. Non Australie 154 41 7,8 % NR Noyades (inclus cas pédiatriques) Ro Y. S. ; 2012 [15] Obs. Oui Corée du Sud 10425 49,8 2,4 % 0,4 % Études concernant l’analyse ECG et la défibrillation Koike S. ; 2010 [21] Obs. Oui Japon 11941 64,6 26,2 % 16,6 % Seulement patients avec rythme choquable Ma M. H. ; 2012 [19] Random. Non Taïwan 289 73,4 9,3 % 2,4 % Murakami Y. ; 2014 [22] Obs. Non Japon 9453 56 à 85¥ 13,4 % 7,8 % ¥ : plusieurs sous-groupes Rea T. ; 2014 [20] Random. Oui États-Unis/Canada 9390 68 vs 66 6,8 % vs 5,% - 9,4 % vs 10,1 % 5,5 % vs 3,8 % - 6,2 % vs 7,5 % Analyse précoce vs retardée dans 2 groupes de population Tanabe S. ; 2012 Obs. Oui Japon 21172 65,3 20,6 % 12,3 % Seulement patients choqués par secours Études concernant les agents vasopresseurs Hagihara A. ; 2012 [24] Obs. Oui Japon 417 188 72 5,1 % vs 7 % 1,3 % vs 3,1 % Groupe adrénaline vs Ctrl Jacobs I. ; 2011 [25] Random. Non Australie 534 65 4 % vs 1,9 % 3,3 % vs 1,9 % Groupe adrénaline vs placebo Nakahara S. ; 2012 [26] Obs. Oui Japon 49165 76 6,3 % vs 3,8 % 2,7 % vs 0,6 % Groupe étiologie cardio vs non cardio Ong M. E. ; 2012 [27] Random. Oui Singapour 727 65 2,3 % vs 2,9 % 1,4 % Groupe adrénaline vs groupe vasopressine     Référence   Type d’étude   Multicentrique   Pays   N   Âge moyen (années)   Survie J30   Statut neurologique J30 (CPC 1-2)   Remarques importantes  Études concernant les dispositifs de compression/décompression mécanique Frascone R. J. ; 2013 [29] Random. Oui États-Unis 2738 64 11,8 % vs 10 % 8 % vs 6,3 % Groupe planche à masser vs témoin Rubertsson S. ; 2014 [30] Random. Oui Europe 2589 NR 9 % vs 9,1 % 8,3 % vs 7,8 % Groupe planche à masser vs témoin  Études concernant les méthodes de ventilation Kajino K. ; 2011 [31] Obs. Non Japon 5377 72,5 10,1 % 3,6 % Takei Y. ; 2010 [32] Obs. Non Japon 2586 76 5,7 %-3,2 %-5,5 % NR Groupe intubation – masque laryngé – AMBU® Études concernant les interventions intra-hospitalières -        Hypothermie/Coronarographie Dumas F. ; 2012 [42] Obs. Non États-Unis/France 5958 61 16,8 % NR Gräsner J. ; 2011 [43] Obs. Oui Allemagne 584 66 34,9 % 23,5 % Patients avec données complètes hospitalières Kang M. J. ; 2014 [38] Obs. Non Corée du Sud 91 49 à 55 76 % vs 66 % 41 vs 38 % Hypothermie précoce vs après transfert Mooney M. ; 2011 [44] Obs. Non États-Unis 140 62 56 % 51 % Seulement patients avec RCS en coma Nielsen N. ; 2011 [41] Obs. Oui États-Unis /Europe 765 60 / 67 48 % 44 % Survie à 6 mois Nielsen N. ; 2013 [39] Random. Oui États-Unis /Europe 939 64 48 % vs 47 % 54 % vs 52 % Survie à 6 mois ; groupe cible 33° vs 36° Reinikainen M. ; 2011 Obs. Oui Finlande 3958 64 48,9 % vs 42,1 % NR Période ≥ 2003 vs < 2003 Soga T. ; 2012 [40] Obs. Oui Japon 372 62-58 85 % vs 59 % 66 % vs 32 % Rythme choquable vs non choquable -        Assistance circulatoire extracorporelle Leick J. ; 2013 [34] Obs. Non Allemagne 28 60-54 39,3 % NR Seulement patients avec ACREH et ECMO Maekawa K. ; 2013 [33] Obs. Non Japon 162 64 37,5 % vs 12,5 % 29,2 % vs 8,3 % Groupe ECMO vs Ctrl. Études diverses Hagihara A. ; 2013 [54] Obs. Oui Japon 531854 72.5 4,4 vs. 5% 1,5 vs. 2,5% Groupe utilisant Ringer Lactate vs Ctrl Tableau 2 : Synthèse de l’ensemble des études retenues pour analyse et traitant de la prise en charge médicale des arrêts cardiorespiratoires extrahospitaliers chez l’adulte. Obs. : étude observationnelle ; NR : non renseigné ; Random. : étude randomisée ; Ctrl : groupe contrôle ; RCS : retour à la circulation spontanée ; ACREH : arrêt cardiorespiratoire extrahospitalier ; ECMO : extracorporeal membrane oxygenation.    [caption id="attachment_2785" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Distribution géographique des publications analysées. Onze études (25,6 %) ont été conduites sur le continent nord-américain dont 4 en collaboration avec l’Europe ; 11 études ont été menées exclusivement en Europe (25,6 %), 17 sur le continent asiatique (39,5 %) dont 13 au Japon, et 4 en Australie (9,3 %).[/caption]   3.2. Études épidémiologiques observationnelles Au total 20 études observationnelles ont été analysées. Il s’agissait d’études cliniques rétrospectives, le plus souvent sous la forme de registre national ou multicentrique. Les effectifs des études retenues étaient compris entre 63 et 619928 patients avec un âge moyen variant de 57 à 79,5 ans. La survie hospitalière globale était comprise entre 2,72 % et 60 % selon les articles, avec un meilleur pronostic pour les ACEH d’origine cardiogénique et pour les ACEH avec rythme choquable initial. La survie des patients ne semblait pas corrélée au volume d’activité des centres hospitaliers d’admission. Dans une étude observationnelle de cohorte débutée en 2005 et portant sur 4125 cas, Cudnik et al. ne retrouvaient pas de lien entre la survie à 30 jours et le nombre d’ACEH pris en charge annuellement par centre [11]. Par ailleurs, plus le délai d’arrivée des premiers secours était court, et meilleur était le taux de survie chez les patients réanimés. Saner et al. retrouvaient un délai plus court d’une minute entre l’appel d’urgence et l’arrivée des secours chez les patients ayant survécu [12]. D’après un registre allemand multicentrique portant sur 2330 ACEH pris en charge entre 2006 et 2009, le délai d’intervention des secours spécialisés était prédictif de la survie hospitalière. Un délai de plus 8 minutes entre l’appel d’urgence et l’arrivée des secours était considéré comme facteur de mauvais pronostic dans cette étude [13]. Trois autres publications rapportaient les résultats de la prise en charge des ACEH d’étiologie non cardiogénique. L’âge moyen variait de 36 à 49,8 ans, soit une population plus jeune que celle des études concernant les ACEH d’origine cardiologique. La survie hospitalière globale variait de 2,4 à 7,8 % selon les auteurs [11,14,15]. Les causes traumatiques étaient plus fréquemment retrouvées, tandis que les arrêts hypoxiques, les noyades et les intoxications semblaient associés à un meilleur pronostic [14-16]. Une asystolie était constatée dans plus de 75 % des cas. Les études s’accordaient sur l’importance de la précocité de l’intervention des secours, Dyson et al. ne rapportaient aucun survivant lorsque le délai d’intervention était supérieur à 12 minutes [16]. De façon générale, tous les auteurs se rejoignaient sur le pronostic favorable des patients vivants à un mois avec un taux de survie pouvant atteindre jusqu’à 82 % à un an [17]. Dans cette situation, le statut fonctionnel neurologique était bon avec plus de 80 % des patients avec un score CPC inférieur ou égal à 2. L’étude de Phelps et al. montrait par ailleurs qu’un score CPC plus faible était associé à une meilleure survie à long terme, comme le soulignaient également Corrada et al. avec 96 % de survie à un an pour les catégories CPC 1 et 2 à un mois et 100 % de mortalité à un an pour les catégories CPC 3 et 4 à un mois [18].   3.3. Analyse du rythme initial et défibrillation précoce Deux études randomisées et trois études rétrospectives avec un recueil prospectif des données ont été retenues dans ce groupe. Les effectifs étaient compris entre 289 et 21172 patients pour un âge moyen variant de 65 à 73 ans. La survie hospitalière globale était de 5,1 % à 26,2 % selon les auteurs, et le taux d’issue neurologique favorable à un mois était compris entre 2,4 % et 16,6 %. Plusieurs études s’intéressaient à l’impact sur la survie d’une analyse précoce du rythme cardiaque à l’arrivée des secours en opposition à une période de RCP courte avant l’analyse du rythme cardiaque. Ma et al. ne rapportaient pas dans leur étude randomisée monocentrique de différence significative de survie entre les deux stratégies. Cette étude incluant 289 patients comportait cependant un manque de puissance statistique ainsi qu’un biais d’attrition puisque tous les patients en ACEH étaient randomisés, puis 80 % étaient exclus de l’analyse a posteriori en fonction des critères d’inclusion et d’exclusion prédéfinis [19]. Dans une étude randomisée nord-américaine (étude ROC 2009) incluant 9390 patients, Rea et al. montraient une meilleure survie avec issue neurologique favorable lorsque l’analyse du rythme était pratiquée avant la RCP pour les ACEH en fibrillation ventriculaire [20]. Koike et al. ne rapportaient pas de différence significative concernant la survie et le devenir neurologique entre le groupe où était pratiqué une courte RCP avant une défibrillation et le groupe où la défibrillation était faite le plus précocement possible. Il s’agissait d’une étude basée sur un registre national japonais de 3 ans, incluant 11941 cas. Les auteurs montraient cependant une diminution de la survie quand la défibrillation était effectuée plus de 3 minutes après le début de la RCP [21]. Murakami et al. montraient que la délivrance d’un choc électrique externe précoce par un témoin ou un secouriste augmentait significativement la survie, et d’autre part que l’utilisation des défibrillateurs automatiques externes (DAE) par le public avait augmenté au Japon suite à leur mise à disposition, notamment dans les lieux publics et sur les lieux de travail [22]. Les survies étaient différentes en fonction des lieux d’implantation, avec une utilisation prédominante dans les lieux publics, puis sur les lieux de travail. Parmi les lieux publics, l’augmentation de l’utilisation la plus importante était observée dans les gares, suivi des complexes sportifs, dans lesquels la survie avec issue favorable était la plus importante [22].   3.4. Utilisation des agents vasopresseurs Parmi les 5 publications initialement retenues dans ce groupe, une étude a été finalement exclue au cours de l’analyse pour absence de données concernant le critère de jugement principal (survie à 30 jours) [23]. Les effectifs des études retenues dans notre analyse étaient compris entre 534 et 417188 patients pour un âge moyen variant de 65 à 76 ans. La survie hospitalière globale était de 1,9 % à 7 % selon les groupes et les auteurs, et les taux d’issue neurologique favorable à 1 mois étaient situés entre 1,9 et 3,3 %. Hagihara et al. dans une analyse observationnelle prospective non randomisée incluant 417188 patients montraient l’absence de bénéfice sur la survie de l’administration d’adrénaline dans les ACEH [24]. Une fois ajusté par score de propension, le taux de survie était de 5,1 % dans le groupe adrénaline versus 7 % dans le groupe sans adrénaline avec une différence statistiquement significative entre les 2 groupes. Une issue neurologique favorable n’était retrouvée que chez 25 % des survivants, soit 1,4 % dans le groupe adrénaline et 2,1 % dans le groupe sans adrénaline, ce qui montrait une association statistiquement négative entre un score CPC inférieur ou égal à 2 et l’utilisation d’adrénaline. Les auteurs rapportaient par ailleurs une augmentation significative du RCS préhospitalier dans le groupe adrénaline. Les limites de cette étude se définissaient par l’absence de données sur les traitements intrahospitaliers et l’absence d’information sur les doses d’adrénaline administrée [24]. L’étude de Jacobs et al. réalisée en double aveugle et randomisée incluait 534 patients et ne montrait aucune amélioration significative avec l’utilisation d’adrénaline avec des taux de survie à la sortie de l’hôpital de 1,9 % dans le groupe placebo versus 4 % dans le groupe adrénaline. Une issue neurologique favorable était retrouvée dans 1,9 % des cas dans le groupe adrénaline (seulement 5 cas sur 262) versus 3,27 % dans le groupe placebo (seulement 9 cas sur 272). L’administration précoce d’adrénaline permettait une amélioration significative du RCS préhospitalier [25]. Dans une analyse rétrospective incluant près de 50 000 patients, Nakahara et al. rapportaient une amélioration significative de la survie et de l’issue neurologique favorable après l’injection précoce d’adrénaline (avec une limite fixée à 10 minutes après le début de la RCP par les secours) [26]. La principale limite de cette étude était que la majorité des patients avait reçu de l’adrénaline (> 90 %), quel que soit le délai d’administration, ce qui rendait impossible la comparaison entre les groupes avec ou sans administration d’adrénaline. De même l’étude multicentrique randomisée en double aveugle d’Ong et al., comparant l’utilisation de la vasopressine et de l’adrénaline en premier recours dans les ACEH, ne montrait pas de différence significative entre les survies à un mois, ni entre les taux d’issue neurologique favorable [27]. Les limites de cette étude étaient principalement méthodologiques puisque si l’administration de la première drogue était randomisée entre les deux groupes, il s’agissait de la seule dose étudiée. Plus de 90 % des patients avaient ensuite reçu de l’adrénaline après cette première injection.   3.5. Dispositifs de compression mécanique Parmi les 3 publications initialement retenues, une étude a été exclue pour absence du critère de jugement primaire (survie à 30 jours) [28]. Les effectifs des études étaient compris entre 2589 et 2738 patients pour un âge moyen de 64 ans dans l’une, non précisé pour l’autre. La survie hospitalière globale variait de 9 % à 11,8 %, et le taux d’issue neurologique favorable à un mois était compris entre 6,3 % et 8,3 % [29,30]. Frascone et al. montraient que l’utilisation concomitante d’un dispositif de compression mécanique et d’une valve d’impédance respiratoire était associée à une augmentation de 38 % de la survie avec une issue neurologique favorable à un mois, et une augmentation significative également à un an pour les ACEH non traumatiques [29]. Les auteurs montraient que l’amélioration du pronostic avec ces dispositifs était transposable à toute cause d’ACEH non traumatique. Rubertsson et al. dans une étude randomisée multicentrique européenne incluant plus de 2500 patients ne montraient pas de différence significative entre l’issue des groupes d’ACEH traités par un dispositif de planche à masser automatique avec défibrillation, et ceux traités par RCP conventionnelle, même si les résultats semblaient meilleurs dans le groupe avec le dispositif mécanique [30].   3.6. Méthodes de ventilation assistée Deux études observationnelles de cohortes avec un recueil prospectif ont été retenues dans ce groupe. Les effectifs étaient compris entre 2586 et 5377 patients pour un âge moyen de 72 et 76 ans respectivement [31,32]. La survie hospitalière globale variait de 3,2 % à 10,1 % selon les auteurs, et le taux d’issue neurologique favorable à un mois était de 3,6 % dans la publication de Kajino et al [31]. Cette étude comparait les méthodes avancées de ventilation lors d’un ACEH, que ce soit par intubation orotrachéale ou par masque laryngé. Les auteurs ne retrouvaient pas de différence significative concernant la survie et le devenir neurologique entre les 2 groupes, seul le RCS était plus élevé dans le groupe intubation [31]. Dans la seconde étude, Takei et al. ont comparé 3 groupes de patients selon la méthode de ventilation employée : intubation orotrachéale, masque laryngé et enfin masque facial. Les auteurs ne montraient pas de différence significative entre ces 3 groupes concernant la survie à un mois ou un an [32]. L’analyse comprenait cependant un biais d’inclusion majeur puisque les patients avec échec d’intubation avaient été exclus de l’analyse finale. Les 2 études se rejoignaient sur le fait que l’interruption pour la mise en place du dispositif de ventilation devait être la plus brève possible. Ces méthodes permettraient un taux de RCS plus élevé, mais sans démontrer à ce jour de bénéfice sur la survie des patients [31,32].   3.7. Assistance circulatoire extracorporelle Deux études observationnelles relatives à l’usage des dispositifs d’assistance circulatoire extracorporelle de type Extracorporeal Membrane Oxygenation (ECMO) ont été retenues et analysées, intéressant 28 et 162 cas d’ACEH. L’âge moyen était compris entre 54 et 64 ans. La survie hospitalière globale variait de 12,5 % à 39,3 % selon les groupes de population et selon les auteurs. Le taux de patients avec issue neurologique favorable à 1 mois était de 8,3 % à 29,2% selon les études. Maekawa et al. incluaient 162 patients victimes d’ACEH devant témoin, d’origine cardiologique présumée avec une RCP supérieure à 20 minutes. Ils montraient une réduction significative de la mortalité hospitalière et une réduction de 21 % du risque d’issue neurologique défavorable à 3 mois, dans le groupe bénéficiant d’une ECMO par rapport à la RCP conventionnelle. Seul le diamètre pupillaire à l’arrivée à l’hôpital était significativement associé à l’issue neurologique [33]. Leick et al., dans une cohorte monocentrique de 28 patients, mettaient en évidence une augmentation significative de la survie quand le temps de l’implantation de l’ECMO était inférieur à 30 minutes après l’arrivée à l’hôpital [34]. Les indications retenues pour l’implantation de l’ECMO étaient un ACR devant témoin, une absence de RCS après plus de 10 minutes de RCP conventionnelle, une admission en salle d’angiocoronarographie et l’absence de comorbidités sévères. Sakamoto et al. dans une analyse rétrospective retrouvaient un bénéfice fonctionnel neurologique (score CPC 1-2) chez 12,3 % et 11,2 % des patients assistés par ECMO respectivement à 1 et 6 mois, contre 1,5 % et 2,6 % chez les patients sans ECMO [35].   3.8. Interventions hospitalières Parmi les 9 publications initialement retenues, une étude a été exclue car elle concernait les AC intrahospitaliers [36]. Au total, 7 études observationnelles et 1 étude randomisée ont été analysées. Les effectifs étaient compris entre 91 et 5958 patients pour un âge moyen compris entre 49 et 67 ans. La survie hospitalière globale variait de 16,8 % à 85 % en fonction des groupes étudiés et les taux d’issue neurologique favorable variaient de 23,5 % à 66 %. Reinikainen et al. ont comparé dans une étude rétrospective incluant près de 4000 patients en Finlande le devenir des ACEH avant et après l’application de l’hypothermie thérapeutique (à partir de 2003) [37]. Les auteurs montraient une augmentation significative de la survie entre ces 2 périodes associée à l’augmentation progressive de la proportion de patients traités par hypothermie thérapeutique passant de 21 % en 2003 à 44 % en 2007. Dans une étude sud-coréenne observationnelle incluant 91 patients, Kang et al. ne démontraient pas en revanche de bénéfice significatif sur la survie à un mois, ni sur l’issue neurologique, en fonction de la précocité de l’instauration de l’hypothermie thérapeutique, en étudiant deux groupes d’ACEH : un groupe de patients admis directement dans le centre de référence traitant les AC avec hypothermie immédiate, et un groupe de patients provenant d’hôpitaux secondaires pour lesquels l’hypothermie était mise en place secondairement après leur transfert au centre de référence [38]. Parallèlement, Nielsen et al. ne mettaient pas en évidence de différence significative sur la survie et l’issue neurologique selon que la température cible était de 33 °C versus 36 °C dans une étude randomisée prospective multicentrique comprenant 939 patients [39]. L’hypothermie thérapeutique pouvait bénéficier aux ACEH avec rythme initial non choquable si le temps de RCS était inférieur à 16 minutes d’après l’étude de Soga et al [40]. La survenue d’une hyperglycémie et de crises convulsives en cours d’hypothermie thérapeutique était associée à une surmortalité d’après l’étude de Nielsen et al [41]. Dumas et al. ne s’intéressaient qu’aux patients survivants à la sortie de l’hôpital. Avec ce biais d’inclusion non négligeable, les auteurs retrouvaient une association positive entre l’utilisation de l’hypothermie thérapeutique et une augmentation de la survie à 5 ans [42]. De même, Gräsner et al. ne retenaient pour analyse que les patients avec des données intrahospitalières complètes. Dans une étude prospective multicentrique incluant 584 patients, ils retrouvaient que l’utilisation de la coronarographie suivant un ACEH était prédictive d’une évolution neurologique favorable. L’hypothermie thérapeutique n’était pas retrouvée comme facteur prédictif indépendant dans ce travail [43]. Mooney et al. montraient par ailleurs une augmentation de la survie avec issue neurologique favorable des patients bénéficiant d’une angiocoronarographie dans les suites d’un ACEH, en ne s’intéressant qu’aux patients recevant une hypothermie thérapeutique non invasive. Ils montraient que l’association de l’hypothermie et de la coronarographie n’augmentait pas les délais de prise en charge. Cette étude était cependant réalisée dans un centre de référence avec une unité spécialisée pour la prise en charge des AC [44].   4. DISCUSSION   4.1. Facteurs pronostiques dans la prise en charge des ACEH Notre analyse de la littérature souligne le mauvais pronostic des ACEH avec un taux de survie inférieur à 10 % à un mois dans la plupart des études. Cet état des lieux fait suite aux recommandations internationales de 2010 sur la RCP spécialisée dans les AC qui privilégiaient la compression thoracique sur la ventilation [9]. Les études observationnelles dégagent des facteurs de bon pronostic lors de la prise en charge initiale d’un ACEH qui sont résumés dans le tableau 3. L’étiologie cardiogénique de l’ACEH est tout d’abord souvent rapportée comme facteur de meilleur pronostic [45]. Cette observation peut s’expliquer par le caractère possiblement réversible de ces AC, notamment en cas de trouble du rythme pouvant être réduit par DAE. La présence d’un rythme choquable initial est d’ailleurs reconnue par la majorité des auteurs comme un facteur de survie [16, 42,46-51]. Dans ces conditions, l’utilisation du DAE par les témoins améliore significativement la survie des patients [22,25,43,46]. Ces résultats encourageants renforcent et soulignent la nécessité de mettre à disposition des DAE simples d’usage dans les lieux publics. La présence d’un trouble du rythme ventriculaire au moment de la prise en charge initiale de l’ACEH est généralement associée à une pression de perfusion cérébrale résiduelle de l’ordre de 30 mmHg. Ce débit sanguin cérébral résiduel, non pulsé, pourrait expliquer les meilleurs résultats et notamment l’issue neurologique plus souvent favorable chez ces patients, à condition néanmoins que le retour à une circulation efficace soit le plus précoce possible [45].   Âge < 65 ans Lieu public > domicile Étiologie cardiogénique Rythme choquable initial (tachycardie ventriculaire, torsade de pointe, fibrillation ventriculaire) Réanimation cardiopulmonaire débutée par les témoins Défibrillation par les témoins Délai d’arrivée des secouristes professionnels < 8 minutes Tableau 3. Caractéristiques initiales des arrêts cardiaques extrahospitaliers associées à un meilleur pronostic.   De façon similaire, de nombreuses études soulignent le bénéfice sur la survie hospitalière et sur la fonction neurologique d’une RCP débutée immédiatement par les témoins [22,46,51-53]. Kang et al. rappellent que les périodes de no-flow (absence de RCP) et low-flow (durée de RCP jusqu’au RCS) doivent être les plus courtes possibles, sensiblement inférieures à 3 minutes pour le no-flow surtout chez les sujets âgés comme le rapportent Grimaldi et al [38,50]. Les sujets âgés peuvent en effet présenter des lésions artérielles carotidiennes ou vertébrales sténosantes qui vont potentialiser l’ischémie cérébrale initiée par le bas débit circulatoire et donc en aggraver les conséquences neurologiques fonctionnelles. C’est dans ce contexte que se sont inscrites les recommandations de 2005 puis de 2010 et 2015 sur la prise en charge initiale des AC, privilégiant la circulation sur la ventilation. Dans notre travail, deux études ont pu démontrer une amélioration du taux de RCS avec cette stratégie, mais pour l’instant sans bénéfice sur la survie des patients victimes d’ACEH [46,49]. Une limite majeure de cette stratégie de RCP avec « reperfusion précoce » reste la faible sensibilisation du grand public aux gestes de premier secours. Or le pronostic des ACEH est étroitement lié à la durée du no-flow puisque celui-ci détermine la gravité des lésions cérébrales. Si un nombre important d’études interventionnelles ont montré une augmentation du taux de RSC, le bénéfice sur le devenir neurologique et sur la survie à un mois n’est pas démontré, probablement en raison d’une durée de no-flow initiale supérieure à cinq minutes [24,25,31,54]. La qualité de la RCP débutée par les témoins est souvent aléatoire. Le délai d’arrivée des secours doit dans tous les cas être le plus court possible comme le rappellent les études de Neukamm et al. et Kitamura et al., y compris en zones rurales et péri-urbaines [13,46]. Plusieurs études rétrospectives soulignent d’ailleurs que le délai d’intervention des secouristes professionnels est plus court chez les survivants d’un ACEH, toute étiologie confondue [12,16,49]. Le lieu de survenue de l’AC semblerait influencer la survie d’après Murakami et al. qui retrouvaient de meilleurs résultats pour les ACEH dans les complexes sportifs, probablement grâce à une meilleure sensibilisation de ce public aux gestes de premier secours et à l’usage des DAE [22]. Cependant plus de 70 % des ACEH surviennent à domicile, en l’absence de témoin, ou alors en présence d’une personne déstabilisée par la situation et souvent incapable de débuter toute RCP. Considérant l’origine géographique des études analysées, les publications asiatiques rapportent de manière générale des taux de survie plus faibles que sur les autres continents. Le nombre plus important de patients transportés jusqu’à l’hôpital et donc l’inclusion d’un plus grand nombre de cas peut en partie expliquer ces résultats. Par ailleurs, le taux de participation à la RCP primaire par les témoins de l’ACEH y est plus faible que dans les pays occidentaux, respectivement 15 % contre 20 % voire plus pour certaines études nord-américaines [19,55]. L’influence du réseau de soins est par ailleurs majeure. Au Japon, des équipes paramédicales spécialisées dans la réanimation primaires sont formées à la réalisation d’actes techniques avancés, cependant le plus souvent sous la supervision d’un médecin régulateur, telle que l’intubation orotrachéale, ou bien l’injection de drogues vaso-actives. Aux États-Unis, les paramédicaux transportent le plus rapidement possible les victimes vers le centre hospitalier le plus proche. En France, des unités médicales mobiles se déplacent directement sur les lieux de l’ACEH afin de pratiquer une RCP spécialisée. Une fois l’hémodynamique « stabilisée », le patient est transféré vers le centre hospitalier le plus proche disposant d’une salle de coronarographie et des moyens de réanimation cardiorespiratoires.   4.2. Résultats à court terme des interventions thérapeutiques dans l’ACEH Contrairement à l’étude multicentrique de Cudnik et a. publiée en 2012 dans Resuscitation portant sur plus de 4000 patients, Ro et al., et plus récemment Bosson et al., montraient une association positive entre le nombre annuel d’ACEH pris en charge par centre et la survie de ces patients [11,15,48]. Ces résultats controversés mettent surtout en évidence une hétérogénéité dans la prise en charge extra mais également intrahospitalière des ACEH. Bosson et al. privilégiaient les unités de soins postarrêt cardiorespiratoire dans des hôpitaux généraux, plutôt que le concept de « Resuscitation Center », hyperspécialisé et dédié à la prise en charge de ACEH [48]. L’accessibilité à des moyens techniques modernes de ressuscitation reste cependant inégale. Par ailleurs d’autres paramètres sont à prendre en compte pour juger de la qualité de ce type d’activité par centre, tels que la densité et l’âge moyen de la population locale ou bien les moyens d’accès routiers en zone rurale. Il est préconisé depuis plusieurs années de privilégier la circulation sur la ventilation au cours de la RCP primaire. Les études récentes tendent à montrer un bénéfice de cette stratégie sur le RCS, mais les résultats sur la survie et le devenir neurologique à long terme restent limités, sans doute par manque de recul suite à la mise en place de cette stratégie. Takei et al. et Kajino et al. ont montré par des travaux prospectifs que la ventilation assistée précoce par intubation trachéale pouvait apporter un bénéfice aux patients avec un taux de RCS plus élevé mais sans gain de survie. En alternance à l’intubation, la pose rapide d’un masque laryngé est associée à des résultats similaires [31,32]. Des travaux récents proposent la réalisation première du MCE combiné à la mise en place rapide d’une assistance de ventilation non invasive limitant au maximum l’interruption de la RCP. Frascone et al. ont ainsi rapporté les résultats encourageants d’un dispositif de compression et décompression active associé à une valve d’impédance respiratoire [29]. Ce travail va dans le sens des études montrant une amélioration de la survie hospitalière avec les dispositifs d’aide au massage cardiaque comparés à la technique conventionnelle, retrouvant ici une augmentation de 38 % de la survie par rapport au groupe contrôle. Les dispositifs de compression externe procurent en effet une efficacité circulatoire, mais optimisent également la compliance pulmonaire à chaque relâchement, ce qui augmente la précharge du cœur droit. Les résultats de l’administration précoce d’agents vasopresseurs, quelle que soit l’étiologie de l’ACEH, sont controversés. Dans ces études, nous retrouvons des taux de survie particulièrement bas, ne dépassant pas 7 % à un mois. Ceci peut s’expliquer notamment par les critères d’inclusion et d’exclusion de ces études. Aucune étude randomisée contrôlée n’a pu démontrer à ce jour un bénéfice significatif sur la survie des patients. La plupart de ces travaux présentent des limites méthodologiques majeures remettant en cause la validité interne et externe des résultats. Au mieux, les publications récentes mettent en évidence une augmentation du taux de RCS après administration d’adrénaline [24,25]. Hagihara et al. rapportaient même un taux de survie et un pourcentage d’issue neurologique favorable inférieurs malgré un RCS précoce [24,25]. Le RCS n’est donc pas considéré à la lecture de ces études comme facteur prédictif de récupération neurologique et de survie chez les patients victimes d’ACEH traités précocement par amines vasopressives. Une autre limite majeure de ces travaux est l’absence de renseignement sur le délai, la dose et la fréquence d’administration des amines. Cantrell et al., dans une étude rétrospective multicentrique, s’intéressaient au RCS en fonction des doses et des intervalles d’administration des agents vasopresseurs. L’intervalle entre l’arrivée des secours et la première administration était significativement plus court chez les patients qui avaient eu un RCS [23]. De plus l’intubation ou la pose d’un masque laryngé avaient retardé l’administration des vasopresseurs et réduit les chances de RCS. Enfin aucune différence significative n’était montrée entre l’intervalle des interdoses et le taux de RCS [23]. Par son protocole de randomisation adrénaline versus placebo, l’étude de Jacobs et al. tentait de remettre en question le dogme de l’administration précoce systématique de l’adrénaline dans les ACR réfractaires [25]. Cette étude souffre de son manque de puissance du fait de problèmes méthodologiques. Il s’agissait initialement d’un essai multicentrique, randomisé contrôlé. Malgré l’autorisation des comités éthiques, des doutes se sont installés parmi les équipes participantes, puis l’intervention de la presse a remis en question le principe de l’étude conduisant au retrait de 4 des 5 centres. Par ailleurs, seuls 40 % des cas éligibles ont finalement pu être inclus sur la base du volontariat. L’étude a dû être arrêtée avant son terme, et n’est pas parvenue à atteindre son objectif. Les recommandations de 2010 préconisaient l’hypothermie thérapeutique pour les patients en coma après RCS, notamment sur la base d’études ayant montré un meilleur devenir neurologique et une augmentation de la survie à long terme chez les sujets présentant un ACEH [56,57]. Dumas et al. retrouvaient une amélioration significative du pronostic en cas d’hypothermie thérapeutique. Récemment Grimaldi et al. émettaient des réserves quant à ce bénéfice chez les sujets âgés [45,50]. Toutes ces études, dont certaines étaient randomisées, comportent de nombreux biais d’inclusion inhérents à la problématique de la prise en charge d’une urgence vitale, surtout en milieu extrahospitalier. Dans l’hypothèse où une origine cardiogénique de l’AC est fortement suspectée, plusieurs publications ont rappelé le bénéfice à combiner précocement hypothermie thérapeutique et coronarographie, notamment au sein d’unités hyperspécialisées [35,42,43,58]. Les dernières recommandations de 2015 remettent en cause l’initiation préhospitalière de l’hypothermie dans les ACEH mais soulignent son intérêt intrahospitalier, notamment chez les patients ne présentant pas de RCS malgré les efforts de ressuscitation et qui pourraient être candidats au don d’organes à cœur arrêté [6]. Dans le cas des ACEH réfractaires, deux stratégies sont actuellement rencontrées. L’approche « load and go », inspirée de la prise en charge traumatologique, consiste après le début de la RCP à transporter le patient le plus rapidement possible vers le centre hospitalier le plus proche disposant d’un service de chirurgie cardiaque pouvant implanter l’ECMO [59]. Plus récemment, certaines équipes d’aide médicale urgente, telles que le SAMU 75, assistent le patient directement sur le lieu de prise en charge. Cette compétence de l’ECMO par les équipes du SAMU n’est actuellement pas généralisée. Les résultats récents des séries nord-américaines tendent à remettre en cause le principe du « stay and play » consistant à pratiquer une RCP spécialisée avancée avant de transférer le malade. Cette stratégie n’apporte pas de bénéfice sur la survie ni sur le devenir neurologique à 1 mois, y compris en cas de défibrillation précoce, comparée à la RCP de base. En effet, l’« advanced life support » expose à des complications qui vont altérer davantage le pronostic et retarder la prise en charge hospitalière (intubation dans l’œsophage, aggravation des lésions rachidiennes par luxation cervicale, absence de bénéfice de l’administration précoce des catécolamines) [60,61]. L’application des dispositifs d’assistance circulatoire mécanique dans la prise en charge des ACEH réfractaires a connu un essor considérable ces 10 dernières années grâce aux progrès des matériaux utilisés et surtout grâce à la formation des équipes dans le management de ces nouveaux outils de réanimation. Les dernières recommandations internationales de 2015 préconisent les dispositifs d’assistance circulatoire mécanique extracorporels en cas d’AC réfractaire lorsque l’étiologie suspectée est potentiellement réversible. Aucune étude randomisée contrôlée n’a pour l’heure permis de démontrer le bénéfice de ces dispositifs. Si Maekawa et al. rapportent des résultats encourageants avec une augmentation significative du taux de survie sans séquelle neurologique majeure à 3 mois, l’apport de l’extracorporeal membrane oxygenation (ECMO) dans les ACEH reste controversé [33]. Une méta-analyse récente montrait sur 1282 patients bénéficiant d’une ECMO pour ACEH réfractaire, une faible augmentation de la survie par rapport à une RCP conventionnelle avec une grande variation des taux selon les études (4 à 36 % des cas) [62]. D’après Leick et al. le délai d’implantation de l’ECMO doit être inférieur à 30 minutes après l’arrivée du patient à l’hôpital [34]. Il s’agit d’une thérapeutique d’exception dont les indications doivent être sélectionnées. Dans une série rétrospective de 55 patients, Kim et al. retrouvaient comme facteurs de bon pronostic neurologique l’âge jeune, la présence d’un rythme choquable initial, la présence d’un témoin, une stabilité hémodynamique rapide après la mise en place de l’ECMO avec une pression artérielle moyenne supérieure à 60 mmHg, l’instauration d’une hypothermie thérapeutique et un faible taux de complications relatives à l’EMCO [63]. Les indications de l’ECMO sont rappelées dans les recommandations communes de la Société française d’anesthésie réanimation et de la Société de réanimation de langue française [figure 3] [64]. Les contre-indications sont précises : présence de comorbidités, période no-flow estimée supérieure à 5 minutes ou absence de témoin initial, asystolie ou rythme agonique, période de low-flow supérieure à 100 minutes ou concentration télé-expiratoire de CO2 inférieure à 10 mmHg (évaluée 20 minutes après le début de la RCP médicalisée). Pozzi et al. considèrent dans une publication récente que l’absence de rythme choquable initial pourrait être considérée comme une contre-indication à l’implantation de l’ECMO. Sur 49 patients présentant cette situation clinique, les auteurs ne rapportent aucun survivant à un mois [65]. Ces critères sont stricts et rappellent le facteur pronostique majeur déterminant le devenir neurologique de ces patients : la durée du no-flow initial. Par ailleurs, la définition du low-flow peut porter à confusion selon que l’on considère le début de la RCP par un témoin ou bien le début de la RCP spécialisée. En pratique, cet élément peut être difficile à préciser par les témoins et dans le contexte d’urgence, la RCP va être débutée « dans le doute », puis en l’absence de contre-indication, le patient peut être placé sous ECMO. Après 24 heures d’hypothermie thérapeutique, toute sédation est levée afin de permettre une évaluation neurologique. Cette attitude pose de nouveaux problèmes éthiques chez les patients ne présentant aucun signe de réveil à la levée de la sédation. La décision de limitation des thérapeutiques actives est alors souvent difficile à aborder avec les proches du patient.   [caption id="attachment_2786" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Diagramme décisionnel pour indication d’une assistance circulatoire mécanique extracorporelle temporaire (ECMO) dans l’arrêt cardiorespiratoire réfractaire. L’ECMO peut être proposée chez les sujets de moins de 65 ans sans comorbidités lorsque l’arrêt cardiorespiratoire est survenu devant témoin avec une durée de no-flow inférieure à 5 minutes et une période de low-flow inférieure à 100 minutes avec un taux de CO2 expiré supérieur à 10 mmHg. D’après les recommandations françaises sur les indications de l’assistance circulatoire dans le traitement des arrêts cardiaques réfractaires [64].[/caption]  4.3. Moyens pour optimiser la prise en charge des ACEH Le pronostic des ACEH reste sombre malgré l’application de moyens thérapeutiques de réanimation précoce. De récentes publications évaluent les résultats de nouvelles stratégies pouvant améliorer le pronostic des patients victimes d’ACEH, toute étiologie confondue. Nous avons souligné à plusieurs reprises que la durée du no-flow initial est un facteur pronostique majeur conditionné par la rapidité de mise en œuvre de la RCP non spécialisée. Actuellement celle-ci est initiée par les témoins dans seulement 22 % des ACEH en France, d’où la nécessaire sensibilisation du grand public aux gestes de premiers secours. À travers un recueil prospectif multicentrique dans l’état du Minnesota aux États-Unis, Lick et al. ont rapporté les résultats intermédiaires d’un programme de sensibilisation du grand public aux gestes de RCP primaire conformément aux recommandations de l’American Heart Association [66]. Des campagnes d’éducation du grand public ont été mises en place mobilisant des éducateurs et des survivants d’ACEH afin d’expliquer notamment les bases du MCE. Des courts-métrages étaient également diffusés sur les réseaux régionaux de télévision. Enfin le nombre de DAE a été optimisé dans les lieux publics fréquentés avec 132 nouveaux appareils installés durant cette période. Au total 28041 citoyens ont été sensibilisés et entraînés à la RCP dont plus de 10000 lycéens. L’étude a porté sur 247 ACEH pris en charge consécutivement suite à la mise en place de ce programme d’éducation. Les résultats étaient très encourageants avec un taux de RCP débutée par les témoins passant de 20 % à 29 %. De même, le taux de survie hospitalière a été multiplié par 2 sur cette période (19 % vs 8,5 %, P = 0,01 ; 41 % vs 17 % si rythme choquable initial, P = 0,025). Ainsi pour 10 patients pris en charge pour ACEH, la mise en place de ce programme d’éducation a permis d’avoir un survivant supplémentaire. De façon surprenante et non expliquée par les auteurs, cette étude ne mettait pas en évidence de bénéfice sur le pronostic neurologique chez les survivants avec globalement un score CPC moyen de 1,38 à 1 mois, le pronostic de tous ces patients dépendant également de la qualité de la prise en charge intrahospitalière [66]. De façon similaire, Wissenberg et al. ont rapporté les résultats d’une étude danoise multicentrique à partir de 19468 cas pris en charge entre 2001 et 2010 en analysant les bénéfices d’une vaste campagne de sensibilisation de la population à la problématique des ACEH. Le taux de RCP débutée par les témoins passait ainsi de 21 % en 2001 à 49 % en 2010 (P < 0,001). Même si l’usage du DAE par les témoins restait un évènement rare (1,1 % en 2001 vs 2,2 % en 2010), la mise en place de ce programme s’associait à un gain de survie à un mois (3,5 % en 2001 vs 10,8 % en 2010), d’autant plus significatif en cas de présence d’un témoin à la phase initiale (odds ratio de 4,38) [67]. Au Danemark, l’enseignement des gestes de premiers secours dès l’école élémentaire est obligatoire depuis 2005, ainsi que pour les candidats au permis de conduire depuis 2006 après le constat que moins de 20 % des témoins d’ACEH débutaient une RCP avant l’arrivée des premiers secours. De même, 150000 kits d’auto-entraînement aux premiers secours ont été distribués gratuitement entre 2005 et 2010. Une meilleure couverture téléphonique en zone rurale et une meilleure formation des permanenciers aux appels d’urgence ont également été mises en place. L’impact du déploiement des DAE dans les lieux publics reste discutable dans la mesure où près de 80 % des ACEH surviennent à domicile dans les pays occidentaux. Au Japon, il était discuté récemment des programmes de mise à disposition de DAE dans des lieux d’habitation collectifs privés. Une autre limite des DAE est la faible sensibilisation de la population à leur utilisation. Dans ce contexte, le déploiement rapide des secours spécialisés conserve un intérêt majeur. Au Japon le Fast Emergency Vehicle Preemption System (FAST system) a été appliqué dans les zones urbaines pour faciliter l’arrivée des secours sur les lieux d’intervention. Initialement mis au point pour réduire le temps de transit des forces de l’ordre, ce système permet de contrôler le trafic routier en temps réel en fonction des conditions de circulation, dès lors qu’un véhicule d’urgence part sur une intervention. Par reconnaissance infrarouge des véhicules de secours en circulation, les feux de signalisation passent automatiquement au rouge pour laisser la priorité sur le reste du trajet. Tanaka Y. et al. ont rapporté pour la première fois l’évaluation de ce système dans la prise en charge des ACEH au sein d’une métropole de 461700 habitants [68]. Il s’agissait d’une étude observationnelle prospective comportant 1161 patients. La mise en place du système FAST a permis de diminuer considérablement le temps de transit des ambulances, d’augmenter le taux de RCS et d’améliorer la survie (7 % versus 2,8 % en l’absence du système FAST) et le pronostic neurologique à 1 an [68]. Ces résultats encourageants devraient permettre la généralisation de ce type de dispositif dans les zones urbaines.   4.4. Limites Peu d’études rapportent la durée de no-flow initial ainsi que la durée de la période de low-flow, déterminants majeurs du pronostic vital dans les ACEH. De même, les publications n’évaluent que rarement la qualité de la RCP initialement pratiquée par les témoins directs, or la fréquence trop élevée et la profondeur inférieure à 5 cm des compressions thoraciques sont une erreur fréquente qui diminue le taux de RCS et donc diminuent les chances de survie. Les études observationnelles comprennent en outre le risque de biais d’inclusion importants, d’où la nécessité de replacer chaque étude dans son contexte. En effet, certaines études incluent réellement tous les ACEH, y compris les personnes sans aucune tentative de réanimation, là où d’autres n’intègrent que ceux où un RCS a été observé, enfin certaines incluent seulement ceux arrivant vivants à l’hôpital. Dans ces études, un autre biais notable est le manque d’information sur les interventions hospitalières dont l’impact sur la survie à moyen terme ne peut être négligé. Le lieu de l’étude influence également les résultats de la prise en charge qui ne sont pas transposables à toutes les situations. Ainsi, les caractéristiques de la population diffèrent selon le système de soins et le type d’intervenants. Les protocoles les plus adaptés dans un secteur ne le seront pas forcément dans un autre, et certaines conclusions ne sont pas adaptables sur le territoire français avec les spécificités de son système des soins d’urgence. Les études réalisées dans des centres hospitaliers hyperspécialisés ne sont pas non plus transposables à tous les hôpitaux. Les essais randomisés contrôlés sont rares du fait des difficultés méthodologiques liées au pronostic vital de l’affection étudiée. Les biais d’attrition sont ainsi fréquents avec des patients initialement randomisés dans un groupe lors de la prise en charge initiale d’un ACEH, puis sortis de l’étude a posteriori s’ils ne remplissent pas les critères d’inclusion ou d’exclusion qui ne pouvaient être déterminés au moment de l’intervention en urgence. Les limites de notre travail sont en lien avec les limites générales des études. La majorité des publications retenues étaient observationnelles avec des critères d’inclusion différents. Notre analyse ne pouvait être que descriptive, au vu de l’hétérogénéité des résultats. Notre recherche bibliographique a cependant permis d’obtenir des études sur le continent nord-américain, en Europe de l’Ouest, en Asie et en Australie. Cette grande répartition rend certes plus difficile la comparaison entre les études malgré les critères de recueil uniformisés, mais a l’avantage de dresser un panel représentatif de l’activité mondiale de prise en charge des ACEH de nos jours. La recherche bibliographique a reposé sur la seule base de données PubMed qui regroupe cependant le plus grand nombre de références d’intérêt.   5.CONCLUSION L’arrêt cardiorespiratoire extrahospitalier de l’adulte reste un problème de santé publique majeur avec une mortalité très élevée. L’influence des moyens thérapeutiques sur le devenir des patients reste difficile à mettre en évidence dans un certain nombre de situations, en raison des difficultés méthodologiques inhérentes à cette urgence vitale. La participation des témoins à la prise en charge de la réanimation cardiopulmonaire élémentaire reste le facteur limitant majeur sur lequel les efforts doivent se porter. Afin de réduire au minimum la période de no-flow, il convient d’axer les politiques vers un renforcement de l’éducation de la population aux gestes de premiers secours. L’implantation de défibrillateurs automatiques a montré des résultats encourageants, limités par leur utilisation qui reste soumise à la participation de chacun. La précocité de l’intervention spécialisée restant fondamentale, il faut poursuivre les efforts pour diminuer les délais d’intervention préhospitalière.   RÉFÉRENCES   Meaney PA, Nadkarni VM, Kern KB, Indik JH, Halperin HR, Berg RA. Rhythms and outcomes of adult in-hospital cardiac arrest. Critical care medicine 2010;38:101-8. Muntean C, Pavin D, Mabo P, Kerharo JY, Boulmier D, Malledant Y et al. [Cardiac arrest outside hospital: initial and subsequent cardiological management]. Archives des maladies du cœur et des vaisseaux 2005;98:87-94. Pochmalicki G, Le Tarnec JY, Franchi JP, Empana JP, Genest M, Foucher R et al. [Management of sudden death in a semi-rural district, Seine-et-Marne: the DEFI 77 study]. Archives des maladies du coeur et des vaisseaux 2007;100:838-44. Schrogie JJ. Cardiopulmonary resuscitation in practice. Public health reports. 1966;81:128-32. Kouwenhoven WB, Jude JR, Knickerbocker GG. Closed-chest cardiac massage. Jama 1960;173:1064-7. Neumar RW, Shuster M, Callaway CW, Gent LM, Atkins DL, Bhanji F et al. Part 1: Executive Summary: 2015 American Heart Association Guidelines Update for Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care. Circulation 2015;132:S315-67. Vandycke C, Martens P. High dose versus standard dose epinephrine in cardiac arrest-a meta-analysis. Resuscitation 2000;45:161-6. Olasveengen TM, Sunde K, Brunborg C, Thowsen J, Steen PA, Wik L. Intravenous drug administration during out-of-hospital cardiac arrest: a randomized trial. Jama 2009;302:2222-9. Hazinski MF, Nolan JP, Billi JE, Bottiger BW, Bossaert L, de Caen AR et al. Part 1: Executive summary: 2010 International Consensus on Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science With Treatment Recommendations. Circulation 2010;122:S250-75. Jennett B, Bond M. Assessment of outcome after severe brain damage. Lancet (London, England) 1975;1:480-4. Cudnik MT, Sasson C, Rea TD, Sayre MR, Zhang J, Bobrow BJ et al. Increasing hospital volume is not associated with improved survival in out of hospital cardiac arrest of cardiac etiology. Resuscitation 2012;83:862-8. Saner H, Morger C, Eser P, von Planta M. Dual dispatch early defibrillation in out-of-hospital cardiac arrest in a mixed urban-rural population. Resuscitation 2013;84:1197-202. Neukamm J, Gräsner JT, Schewe JC, Breil M, Bahr J, Heister U et al. The impact of response time reliability on CPR incidence and resuscitation success: a benchmark study from the German Resuscitation Registry. Crit Care 2011;15:R282. Deasy C, Bray J, Smith K, Harriss L, Morrison C, Bernard S et al. Traumatic out-of-hospital cardiac arrests in Melbourne, Australia. Resuscitation 2012;83:465-70. Ro YS, Shin SD, Song KJ, Park CB, Lee EJ, Ahn KO et al. A comparison of outcomes of out-of-hospital cardiac arrest with non-cardiac etiology between emergency departments with low- and high-resuscitation case volume. Resuscitation 2012;83:855-61. Dyson K, Morgans A, Bray J, Matthews B, Smith K. Drowning related out-of-hospital cardiac arrests: characteristics and outcomes. Resuscitation 2013;84:1114-8. Phelps R, Dumas F, Maynard C, Silver J, Rea T. Cerebral Performance Category and long-term prognosis following out-of-hospital cardiac arrest. Critical care medicine 2013;41:1252-7. Corrada E, Mennuni MG, Grieco N, Sesana G, Beretta G, Presbitero P. Neurological recovery after out-of-hospital cardiac arrest: hospital admission predictors and one-year survival in an urban cardiac network experience. Minerva Cardioangiol 2013;61:451-60. Ma MH, Chiang WC, Ko PC, Yang CW, Wang HC, Chen SY et al. A randomized trial of compression first or analyze first strategies in patients with out-of-hospital cardiac arrest: results from an Asian community. Resuscitation 2012;83:806-12. Rea T, Prince D, Morrison L, Callaway C, Aufderheide T, Daya M et al. Association between survival and early versus later rhythm analysis in out-of-hospital cardiac arrest: do agency-level factors influence outcomes? Ann Emerg Med 2014;64:1-8. Koike S, Tanabe S, Ogawa T, Akahane M, Yasunaga H, Horiguchi H et al. Immediate defibrillation or defibrillation after cardiopulmonary resuscitation. Prehosp Emerg Care 2011;15:393-400. Murakami Y, Iwami T, Kitamura T, Nishiyama C, Nishiuchi T, Hayashi Y et al. Outcomes of out-of-hospital cardiac arrest by public location in the public-access defibrillation era. J Am Heart Assoc 2014;3:e000533. Cantrell CL, Jr., Hubble MW, Richards ME. Impact of delayed and infrequent administration of vasopressors on return of spontaneous circulation during out-of-hospital cardiac arrest. Prehosp Emerg Care 2013;17:15-22. Hagihara A, Hasegawa M, Abe T, Nagata T, Wakata Y, Miyazaki S. Prehospital epinephrine use and survival among patients with out-of-hospital cardiac arrest. Jama 2012;307:1161-8. Jacobs IG, Finn JC, Jelinek GA, Oxer HF, Thompson PL. Effect of adrenaline on survival in out-of-hospital cardiac arrest: A randomised double-blind placebo-controlled trial. Resuscitation 2011;82:1138-43. Nakahara S, Tomio J, Nishida M, Morimura N, Ichikawa M, Sakamoto T. Association between timing of epinephrine administration and intact neurologic survival following out-of-hospital cardiac arrest in Japan: a population-based prospective observational study. Acad Emerg Med 2012;19:782-92. Ong ME, Tiah L, Leong BS, Tan EC, Ong VY, Tan EA et al. A randomised, double-blind, multi-centre trial comparing vasopressin and adrenaline in patients with cardiac arrest presenting to or in the Emergency Department. Resuscitation 2012;83:953-60. Dumas F, Rea TD, Fahrenbruch C, Rosenqvist M, Faxen J, Svensson L et al. Chest compression alone cardiopulmonary resuscitation is associated with better long-term survival compared with standard cardiopulmonary resuscitation. Circulation 2013;127:435-41. Frascone RJ, Wayne MA, Swor RA, Mahoney BD, Domeier RM, Olinger ML et al. Treatment of non-traumatic out-of-hospital cardiac arrest with active compression decompression cardiopulmonary resuscitation plus an impedance threshold device. Resuscitation 2013;84:1214-22. Rubertsson S, Lindgren E, Smekal D, Ostlund O, Silfverstolpe J, Lichtveld RA et al. Mechanical chest compressions and simultaneous defibrillation vs conventional cardiopulmonary resuscitation in out-of-hospital cardiac arrest: the LINC randomized trial. Jama 2014;311:53-61. Kajino K, Iwami T, Kitamura T, Daya M, Ong ME, Nishiuchi T et al. Comparison of supraglottic airway versus endotracheal intubation for the pre-hospital treatment of out-of-hospital cardiac arrest. Crit Care 2011;15:R236. Takei Y, Enami M, Yachida T, Ohta K, Inaba H. Tracheal intubation by paramedics under limited indication criteria may improve the short-term outcome of out-of-hospital cardiac arrests with noncardiac origin. J Anesth 2010;24:716-25. Maekawa K, Tanno K, Hase M, Mori K, Asai Y. Extracorporeal cardiopulmonary resuscitation for patients with out-of-hospital cardiac arrest of cardiac origin: a propensity-matched study and predictor analysis. Critical care medicine 2013;41:1186-96. Leick J, Liebetrau C, Szardien S, Fischer-Rasokat U, Willmer M, van Linden A, et al. Door-to-implantation time of extracorporeal life support systems predicts mortality in patients with out-of-hospital cardiac arrest. Clin Res Cardiol 2013;102:661-9. Sakamoto T, Morimura N, Nagao K, Asai Y, Yokota H, Nara S et al. Extracorporeal cardiopulmonary resuscitation versus conventional cardiopulmonary resuscitation in adults with out-of-hospital cardiac arrest: a prospective observational study. Resuscitation 2014;85:762-8. Kim F, Nichol G, Maynard C, Hallstrom A, Kudenchuk PJ, Rea T et al. Effect of prehospital induction of mild hypothermia on survival and neurological status among adults with cardiac arrest: a randomized clinical trial. Jama 2014;311:45-52. Reinikainen M, Oksanen T, Leppanen P, Torppa T, Niskanen M, Kurola J. Mortality in out-of-hospital cardiac arrest patients has decreased in the era of therapeutic hypothermia. Acta Anaesthesiol Scand 2012;56:110-5. Kang MJ, Lee TR, Shin TG, Sim MS, Jo IJ, Song KJ et al. Survival and neurologic outcomes of out-of-hospital cardiac arrest patients who were transferred after return of spontaneous circulation for integrated post-cardiac arrest syndrome care: the another feasibility of the cardiac arrest center. J Korean Med Sci 2014;29:1301-7. Nielsen N, Wetterslev J, Cronberg T, Erlinge D, Gasche Y, Hassager C et al. Targeted temperature management at 33 degrees C versus 36 degrees C after cardiac arrest. The New England journal of medicine 2013;369:2197-206. Soga T, Nagao K, Sawano H, Yokoyama H, Tahara Y, Hase M et al. Neurological benefit of therapeutic hypothermia following return of spontaneous circulation for out-of-hospital non-shockable cardiac arrest Circ J. 2012;76:2579-85. Nielsen N, Sunde K, Hovdenes J, Riker RR, Rubertsson S, Stammet P et al. Adverse events and their relation to mortality in out-of-hospital cardiac arrest patients treated with therapeutic hypothermia. Critical care medicine 2011;39:57-64. Dumas F, White L, Stubbs BA, Cariou A, Rea TD. Long-term prognosis following resuscitation from out of hospital cardiac arrest: role of percutaneous coronary intervention and therapeutic hypothermia. J Am Coll Cardiol 2012;60:21-7. Gräsner JT, Meybohm P, Caliebe A, Bottiger BW, Wnent J, Messelken M, et al. Postresuscitation care with mild therapeutic hypothermia and coronary intervention after out-of-hospital cardiopulmonary resuscitation: a prospective registry analysis. Crit Care 2011;15:R61. Mooney MR, Unger BT, Boland LL, Burke MN, Kebed KY, Graham KJ et al. Therapeutic hypothermia after out-of-hospital cardiac arrest: evaluation of a regional system to increase access to cooling. Circulation 2011;124:206-14. Dumas F, Rea TD. Long-term prognosis following resuscitation from out-of-hospital cardiac arrest: role of aetiology and presenting arrest rhythm. Resuscitation 2012;83:1001-5. Kitamura T, Iwami T, Kawamura T, Nitta M, Nagao K, Nonogi H et al. Nationwide improvements in survival from out-of-hospital cardiac arrest in Japan. Circulation 2012;126:2834-43. Thomas AJ, Newgard CD, Fu R, Zive DM, Daya MR. Survival in out-of-hospital cardiac arrests with initial asystole or pulseless electrical activity and subsequent shockable rhythms. Resuscitation 2013;84:1261-6. Bosson N, Kaji AH, Niemann JT, Eckstein M, Rashi P, Tadeo R et al. Survival and neurologic outcome after out-of-hospital cardiac arrest: results one year after regionalization of post-cardiac arrest care in a large metropolitan area. Prehosp Emerg Care 2014;18:217-23. Deasy C, Bray JE, Smith K, Wolfe R, Harriss LR, Bernard SA et al. Cardiac arrest outcomes before and after the 2005 resuscitation guidelines implementation: evidence of improvement? Resuscitation 2011;82:984-8. Grimaldi D, Dumas F, Perier MC, Charpentier J, Varenne O, Zuber B et al. Short- and long-term outcome in elderly patients after out-of-hospital cardiac arrest: a cohort study. Critical care medicine 2014;42:2350-7. Inamasu J, Miyatake S, Tomioka H, Shirai T, Ishiyama M, Komagamine J et al. Prognostic significance of acute pain preceding out-of-hospital cardiac arrest. Emerg Med J 2011;28:613-7. Hagihara A, Hasegawa M, Abe T, Nagata T, Nabeshima Y. Physician presence in an ambulance car is associated with increased survival in out-of-hospital cardiac arrest: a prospective cohort analysis. PLoS One 2014;9:e84424. Henry K, Murphy A, Willis D, Cusack S, Bury G, O’Sullivan I et al. Out-of-hospital cardiac arrest in Cork, Ireland. Emerg Med J 2013;30:496-500. Hagihara A, Hasegawa M, Abe T, Wakata Y, Nagata T, Nabeshima Y. Prehospital lactated ringer’s solution treatment and survival in out-of-hospital cardiac arrest: a prospective cohort analysis. PLoS Med 2013;10:e1001394. Sasson C, Rogers MA, Dahl J, Kellermann AL. Predictors of survival from out-of-hospital cardiac arrest: a systematic review and meta-analysis. Circulation Cardiovascular quality and outcomes 2010;3:63-81. Bernard SA, Gray TW, Buist MD, Jones BM, Silvester W, Gutteridge G et al. Treatment of comatose survivors of out-of-hospital cardiac arrest with induced hypothermia. The New England journal of medicine 2002;346:557-63. Zeiner A, Holzer M, Sterz F, Behringer W, Schorkhuber W, Mullner M et al. Mild resuscitative hypothermia to improve neurological outcome after cardiac arrest. A clinical feasibility trial. Hypothermia After Cardiac Arrest (HACA) Study Group. Stroke; a journal of cerebral circulation 2000;31:86-94. Wolfrum S, Pierau C, Radke PW, Schunkert H, Kurowski V. Mild therapeutic hypothermia in patients after out-of-hospital cardiac arrest due to acute ST-segment elevation myocardial infarction undergoing immediate percutaneous coronary intervention. Critical care medicine 2008;36:1780-6. Poppe M, Weiser C, Holzer M, Sulzgruber P, Datler P, Keferbock M et al. The incidence of "load&go" out-of-hospital cardiac arrest candidates for emergency department utilization of emergency extracorporeal life support: A one-year review. Resuscitation 2015;91:131-6. Shanghavi P, Jena AB, Newhouse JP, Zaslavsky AM. Outcomes after out-of-hospital cardiac arrest treated by basic vs advanced life support. JAMA Intern Med 2015;175:196-204. Stiell IG, Wells GA, Field B, Spaite DW, Nesbitt LP, De Maio VJ et al. Advanced cardiac life support in out-of-hospital cardiac arrest. N Engl J Med 2004;351:647-656. Morimura N, Sakamoto T, Nagao K, Asai Y, Yokota H, Tahara Y et al. Extracorporeal cardiopulmonary resuscitation for out-of-hospital cardiac arrest: A review of the Japanese literature. Resuscitation 2011;82:10-4. Kim SJ, Jung JS, Park JH, Park JS, Hong YS, Lee SW. An optimal transition time to extracorporeal cardiopulmonary resuscitation for predicting good neurological outcome in patients with out-of-hospital cardiac arrest: a propensity-matched study. Critical Care 2014;18:1-15. Recommandations sur les indications de l’assistance circulatoire dans le traitement des arrêts cardiaques réfractaires. Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 2009;28:182-6. Pozzi M, Koffel C, Armoiry X, Pavlakovic I, Neidecker J, Prieur C et al. Extracorporeal life support for refractory out-of-hospital cardiac arrest: Should we still fight for? A single-centre, 5-year experience. Int J Cardiol 2016;204:70-6. Lick CJ, Aufderheide TP, Niskanen RA, Steinkamp JE, Davis SP, Nygaard SD et al. Take Heart America: A comprehensive, community-wide, systems-based approach to the treatment of cardiac arrest. Critical care medicine 2011;39:26-33. Wissenberg M, Lippert FK, Folke F, Weeke P, Hansen CM, Christensen EF et al. Association of national initiatives to improve cardiac arrest management with rates of bystander intervention and patient survival after out-of-hospital cardiac arrest. Jama 2013;310:1377-84. Tanaka Y, Yamada H, Tamasaku S, Inaba H. The fast emergency vehicle pre-emption system improved the outcomes of out-of-hospital cardiac arrest. Am J Emerg Med 2013;31:1466-71. Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 16/05/2016. Acceptation : 12/09/2016. Pré-publication : 14/09/2016  
décembre 8, 2016
Cas clinique · Vol. 20 Décembre 2016

Hydatidose multivésiculaire : une localisation rare au niveau pulmonaire

Ibrahim Issoufou, Sani Rabiou,Layla Belliraj, Ammor Fatmazahra, Hicham Harmouchi, Marouane Lakranbi, Yassine Ouadnouni,Mohamed Smahi   Service de chirurgie thoracique, CHU Hassan II, Fès, Maroc. Correspondance : alzoumib84@gmail.com     Résumé La multivésiculation du kyste hydatique est rarement rencontrée au niveau pulmonaire. Une patiente âgée de 15 ans, opérée dix ans auparavant d’un kyste hydatique hépatique, est présentée à notre service pour prise en charge d’un kyste hydatique multiloculaire du poumon droit. Notre travail consiste à présenter à travers cette observation et une revue de la littérature, les particularités physiopathologiques et la prise en charge de l’hydatidose pulmonaire multivésiculaire.   Abstract Multilocular hydatid cysts are rarely encountered in the lung. A 15-year-old female with past medical history of hepatic hydatid cyst operated on 10 years earlier was presented to our institution with multilocular hydatid cyst of the right lung. Our goal is to present through this case presentation and literature review the pathogenesis and management of multilocular lung hydatid disease.   1. INTRODUCTION  L’échinococcose ou maladie hydatique est une anthropozoonose provoquée par le développement chez l’homme de la forme larvaire d’un cestode de l’espèce Echinococcus granulosus. La multivésiculation du kyste est rarement rencontrée au niveau pulmonaire. Notre travail consiste à présenter à travers une observation et une revue de la littérature les particularités physiopathologiques et la prise en charge de l’hydatidose pulmonaire multivésiculaire.   2. OBSERVATION  Mlle L. S, âgée de 15 ans, opérée d’un kyste hydatique hépatique dix ans plus tôt est présentée à notre service pour des épisodes de toux productive. L’examen clinique a retrouvé une cicatrice de laparotomie sous costale droite. La radiographie thoracique a objectivé une ascension de la coupole diaphragmatique droite [figure 1]. La TDM thoracoabdominale [figure 2] a mis en évidence une image kystique multivésiculaire du segment postérobasal du poumon droit, une image excavée du culmen et plusieurs kystes hydatiques hépatiques dont un était multivésiculaire. Une échographie abdominale confirmait la présence de kystes hydatiques au niveau du dôme hépatique, du segment VII et du segment IV qui lui était multivésiculaire. Une thoracotomie postérolatérale droite conservatrice passant par le 7e espace intercostal était réalisée. L’exploration retrouvait un kyste hydatique plein au niveau du segment postérobasal droit comprimant le diaphragme [figure 3]. Une énucléation selon la technique d’Ugon permettait l’ablation de ce kyste [figure 4]. Les suites opératoires ont été simples, la patiente est sortie à J+4 du postopératoire. Elle a été adressée en service de chirurgie viscérale pour la prise en charge des kystes hydatiques hépatiques.   [caption id="attachment_2941" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Radiographie thoracique montrant une ascension de la coupole diaphragmatique droite.[/caption] [caption id="attachment_2942" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Doubles kystes hydatiques multivésiculaires dont l’un au niveau du segment postérobasal du poumon droit et l’autre au niveau du foie droit.[/caption] [caption id="attachment_2943" align="aligncenter" width="257"] Figure 3. Kyste hydatique du segment postérobasal du lobe inférieur droit.[/caption] [caption id="attachment_2944" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Kyste hydatique contenant des vésicules proligères.[/caption]   3. DISCUSSION La particularité de cette observation réside dans la multivésiculation du kyste hydatique pulmonaire. En effet, si cette dernière est rencontrée dans la majorité des kystes hydatiques médiastinaux primitifs décrit par Zidi et al. [1], elle reste très rare au niveau pulmonaire. Elle est presque toujours synonyme d’une localisation extrapulmonaire [2]. Au cours de son expansion, le kyste hydatique s’épanouit dans le sens de moindre résistance. Il garde une structure univésiculaire comme dans la majorité des kystes hydatiques pulmonaires en raison de la souplesse du parenchyme pulmonaire [3]. La multivésiculation survient lorsque le kyste rencontre un obstacle lors de sa croissance. Dans notre observation, le kyste étant de localisation basale, la multivésiculation est due à la contrainte exercée par le diaphragme faisant obstacle à la croissance du kyste. Cette contrainte expose à la rupture spontanée du kyste et à la contamination de la cavité pleurale, le risque majeure étant la survenue d’une hydatidose pleurale secondaire [4]. Ce risque est accru lorsque le kyste est multivésiculaire. En effet ces vésicules sont de véritables capsules proligères et constituent ainsi des nids de scolex [5]. Le traitement chirurgical est la règle. Il doit permettre l’exérèse du kyste en évitant toute contamination du champ opératoire. Plusieurs techniques ont été décrites [6]. L’énucléation selon la technique d’Ugon nous semble mieux indiqué lorsque le kyste est multivésiculaire. Elle consiste à réaliser, après protection du champ opératoire, une incision entre le périkyste et la membrane hydatique sans ouvrir le kyste. Cette incision sera faite prudemment au bistouri froid pour éviter de léser le kyste. On réalise ensuite une expulsion ou accouchement du kyste. Cette manœuvre est facilitée par une réexpansion pulmonaire réalisée par l’anesthésiste, par insufflations manuelles itératives [6]. Le kyste sera alors réséqué en monobloc évitant ainsi toute dissémination pleurale.   4. CONCLUSION Le kyste hydatique pulmonaire multivésiculaire est une entité rare. Des facteurs mécaniques sont la cause de cette multivésiculation. La résection chirurgicale sera réalisée en monobloc pour éviter une contamination pleurale.   RÉFÉRENCES Zidi A, Zannad-Hantous S, Mestiri I et al. Kyste hydatique primitif du médiastin : 14 cas. J Radiol 2006;87:1869-74. Zidane A, Arsalane A, Atoini F, Kabiri EH. Les kystes hydatiques thoraciques extra-pulmonaires. Rev Pneumol Clin 2006;62:386-389. El Khattabi W, Aichane A, Riah A, Jabri H, Afif H, Bouayad Z. Analyse de la sémiologie radioclinique du kyste hydatique pulmonaire. Rev Pneumol Clin 2012;68:329-337. Bouchikh M, Achir A, Maidi M, Ouchen F, Fenane H, Benosman A. La rupture intrapleurale des kystes hydatiques pulmonaires. Rev Pneumol clin 2014;70:203-207. Riquet M et Souilamas R. Kyste hydatique pulmonaire. Indications thérapeutiques. Encycl Méd Chir (Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Pneumologie 6-003-M-10, 2000, 6 p. Avaro J.-P., Djourno X.-B., Kabiri El.-H., Bonnet P.-M., Charpentier R., Doddoli C., Thomas P. Traitement chirurgical des kystes hydatiques du poumon. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales-Thorax 42-432, 2007. Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 07/07/2016. Acceptation : 07/11/2016.   
décembre 8, 2016
Cas clinique · Vol. 20 Décembre 2016

À propos de la gestion chirurgicale de deux tumeurs fibreuses solitaires géantes

Sani Rabiou1, Layla Belliraj1, El Bouazzaoui Abderrahim2,3, Ibrahim Issoufou1, Fatima Zara Ammor1, Jamal Ghalimi1, Yassine Ouadnouni1,3, Sbai Hicham2,3, Kanjaa Nabil2,3, Mohamed Smahi1,3   1. Service de chirurgie thoracique, CHU Hassan II, Fès, Maroc. 2. Service d’anesthésie-réanimation, CHU Hassan II, Fès, Maroc. 3. Faculté de médecine et de pharmacie, université Sidi-Mohamed-Ben-Abdellah, Fès, Maroc. Correspondance : rabiousani2@icloud.com   Résumé Les tumeurs fibreuses solitaires de la plèvre représentent une entité histologique rare, appartenant aux groupes des tumeurs pleurales d’origine sous-mésothéliale, d’expression clinique variable. L’exérèse chirurgicale totale est seule capable d’assurer une guérison définitive. À travers 2 cas cliniques, les auteurs soulignent l’expression clinique par une importante gêne respiratoire liée au caractère géant de la tumeur comprimant les poumons et le médiastin. L’exérèse complète a été réalisée par un abord antérieur devant l’impossibilité d’anesthésier les patientes en décubitus latéral. Le diagnostic a été confirmé par l’examen anatomopathologique. Les suites opératoires étaient simples pour les 2 patientes avec reprise d’une bonne dynamique respiratoire.   Abstract The surgical management of two giant solitary fibrous tumors Solitary fibrous tumors of the pleura representing a rare histologic entity belonging to the original tumor pleural mesothelial sub-groups have variable clinical expression. Total surgical excision alone is capable of ensuring a permanent cure. Through two clinical cases, the authors emphasize clinical expression by major respiratory discomfort related to the giant character of the tumor compressing the lungs and mediastinum. Complete excision was performed by an anterior approach resulting from the inability to anesthetize patients in lateral recumbency. The diagnosis was confirmed by anatomopathological examination. The postoperative course was simple for two patients with resumption of good respiratory dynamics.   1. INTRODUCTION Les tumeurs fibreuses solitaires de la plèvre sont une entité rare d’origine fibroblastique, le plus souvent localisée et bénigne, représentant moins de 5 % de l’ensemble des tumeurs pleurales. 10 % de ces tumeurs sont malignes avec un risque de récidive et de métastase engageant souvent le pronostic vital [1]. Les manifestations cliniques peuvent être respiratoires ou extrathoraciques avec des arthralgies, un hippocratisme digital et des crises hypoglycémiques. Nous rapportons 2 cas de tumeurs fibreuses solitaires de la plèvre particulières par leur taille et leur expression clinique dont la prise en charge avait nécessité une thoracotomie antérolatérale.   1.1. Patiente 1 Mme M., âgée de 52 ans, hypertendue et diabétique, consulte pour une toux, associée à une douleur thoracique sur un fond de dyspnée d’installation progressive depuis 1 an. La symptomatologie s’est aggravée il y a 6 mois par l’accentuation de la dyspnée devenue de plus en plus insupportable en décubitus dorsal. Elle avait un bon état général, avec une TA = 160/90 mmHg, une FC = 114 bat/mn, polypnéique à 34 cycles/min avec une SaO2 à l’air ambiant = 94 %. L’examen pleuropulmonaire était en faveur d’un syndrome de condensation intéressant l’hémichamp thoracique droit. La radiographie thoracique de face avait objectivé une opacité de tout l’hémichamp thoracique droit avec une importante déviation médiastinale vers le côté gauche. Sur une tomodensitométrie thoracique avec injection de produit de contraste, la masse, de nature tissulaire, occupait tout l’hémichamp thoracique droit, refoulant le poumon ainsi que le diaphragme. Il s’y associait une compression de la trachée et des bronches souches qui sont complètement refoulées vers le côté gauche, ainsi que les gros vaisseaux du médiastin [figure 1]. [caption id="attachment_2955" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Tomodensitométrie thoracique avec injection de produit de contraste montrant une masse de nature tissulaire occupant tout l’hémichamp thoracique droit, refoulant le poumon ainsi que le diaphragme, avec compression de la trachée et des bronches souches qui sont complètement refoulées vers le côté gauche, ainsi que les gros vaisseaux du médiastin.[/caption]   L’étude anatomopathologique d’une carotte obtenue par une biopsie transpariétale guidée par le scanner était revenue en faveur d’une tumeur fibreuse solitaire de la plèvre. L’indication d’une exérèse chirurgicale de la masse était retenue et la voie d’abord était une thoracotomie antérolatérale droite. L’exploration avait permis de découvrir une énorme tumeur, encapsulée, pédiculée à base d’implantation scissurale, comprimant le poumon droit contre le médiastin. L’exérèse complète de cette tumeur avait été obtenue en suivant le plan de clivage existant entre cette tumeur par rapport au poumon, à la paroi thoracique et au diaphragme. Après un séjour de 5 jours en réanimation, les suites opératoires ont été simples avec sortie de la patiente à J+12 du postopératoire. L’évolution 6 mois après était favorable avec reprise d’une bonne dynamique respiratoire et une radiographie de contrôle qui était satisfaisante [figure 2].   [caption id="attachment_2956" align="aligncenter" width="248"] Figure 2. Radiographie thoracique de face en postopératoire qui montre une bonne évolution avec retour du poumon à la paroi.[/caption]   1.2. Patiente 2 Mme A., 52 ans, suivie pour goître cervical depuis 6 mois consultait pour dyspnée d’installation progressive aggravée par le décubitus dorsal, évoluant depuis 5 ans. L’état général était conservé et la TA était à 130/80 mmHg avec une Fc à 108 battements/min et une SaO2 à l’air ambiant à 88 %. Il y avait un hippocratisme digital avec un syndrome cave supérieur. À l’examen physique on notait une immobilité de l’hémichamp thoracique droit avec diminution de transmission des vibrations vocales et de murmure vésiculaire. On notait également la présence d’une masse cervicale antérieure mobile à la déglutition. Le bilan biologique était normal en dehors d’une hypoglycémie à 0,42 g/l. La radiographie thoracique de face était en faveur d’une opacité occupant presque l’hémichamp pulmonaire droit avec déviation des structures médiastinales [figure 3A]. La tomodensitométrie thoracique avec injection de produit de contraste montrait une énorme masse tissulaire pleuropulmonaire droite, hétérogène avec des calcifications, refoulant le poumon et le médiastin à gauche [figure 4].   [caption id="attachment_2957" align="aligncenter" width="300"] Figure 3 - A. La radiographie thoracique de face en faveur d’une opacité occupant presque l’hémichamp pulmonaire droit avec déviation des structures médiastinale. - B. La radiographie thoracique faite à J+13 du postopératoire montrant un retour du poumon à la paroi.[/caption] [caption id="attachment_2958" align="aligncenter" width="263"] Figure 4. Tomodensitométrie thoracique avec injection de produit de contraste montrant une énorme masse tissulaire pleuropulmonaire droite, hétérogène avec des calcifications, refoulant le poumon et le médiastin à gauche.[/caption]   Devant l’aggravation de la dyspnée, la durée d’évolution de la maladie ainsi que le résultat du bilan radiologique, nous avons évoqué le diagnostic d’une tumeur fibreuse solitaire géante de la plèvre. Une chirurgie à visée diagnostique et thérapeutique était jugée nécessaire et la voie d’abord choisie était une thoracotomie antérolatérale passant par le 4e espace intercostal. À l’exploration la masse était encapsulée et pédiculée à base d’implantation scissurale et clivable rendant ainsi possible son exérèse complète [figure 5]. Les suites opératoires étaient marquées par une instabilité hémodynamique jugulée par des drogues vasoactives. L’évolution était favorable après un séjour en réanimation de 7 jours. La radiographie thoracique faite à J+13 du postopératoire était satisfaisante [figure 3B]. L’étude anatomopathologique de la pièce avait conclu à une tumeur fibreuse solitaire de la plèvre [figures 6 et 7].   [caption id="attachment_2959" align="aligncenter" width="300"] Figure 5 - A. Tracée de l’incision. - B. Vue opératoire montrant une énorme tumeur pleurale maintenue par son pédicule (flèche) avant la section.[/caption]   [caption id="attachment_2960" align="aligncenter" width="300"] Figure 6. Aspect macroscopique de la pièce opératoire après fixation au formol 10 % montrant la tranche de section de la tumeur, de couleur beige, homogène.[/caption]   [caption id="attachment_2961" align="aligncenter" width="300"] Figure 7 - A (HES X 100). Prolifération fusocellulaire disposée en nappe diffuse. - B (HES X 400). Les cellules tumorales sont dotées de noyaux ovalaires, peu atypiques, avec un cytoplasme peu abondant éosinophile.[/caption]   2. DISCUSSION Les tumeurs fibreuses solitaires de la plèvre représentent une entité histologique rare, appartenant aux groupes des tumeurs pleurales d’origine sous-mésothéliale, d’expression clinique variable. Cette pathologie peut survenir à tout âge, mais prédomine aux alentours de la cinquantaine avec un sex ratio équilibré dans la majorité des études [2]. Sur le plan clinique, ces tumeurs sont souvent symptomatiques, s’exprimant par des douleurs thoraciques, dyspnée ou encore une toux. Dans certains cas, une hémoptysie ou une pneumonie obstructive peuvent être observées [3,4]. L’intensité de la symptomatologie est corrélée à la taille de la tumeur par l’effet de compression qu’elle exerce, non seulement sur l’appareil respiratoire mais aussi sur les cavités cardiaques droites, responsable d’une dyspnée de décubitus comme le cas de nos 2 patientes. Certaines études rapportent l’association de cette tumeur avec certains syndromes paranéoplasiques tels qu’un hippocratisme digital, une ostéoarthropathie hypertrophiante pneumique de Pierre-Marie et surtout des hypoglycémies à répétition dans environ 5 % des cas, probablement en rapport avec la sécrétion par la tumeur d’une substance insulin-like [2,5,6]. Ces syndromes paranéoplasiques régressent généralement après résection de la tumeur comme remarqué chez une de nos patientes qui, en dehors d’un hippocratisme digital, avait présenté une hypoglycémie à 0,42 g/l qui s’est nettement améliorée en postopératoire. La radiographie thoracique est une étape diagnostique, montrant le plus souvent une opacité arrondie, homogène et bien limitée, rarement associée à un épanchement pleural. Cependant, pour les tumeurs de grande taille, avec compression pulmonaire comme dans nos 2 observations, l’image radiographique se limite à une simple opacité de tout l’hémichamp pulmonaire concerné associée à une importante déviation médiastinale [4]. La tomodensitométrie thoracique viendra compléter le bilan en confirmant l’origine pleurale et la nature tissulaire de la tumeur, ainsi qu’en précisant sa localisation et ses rapports avec la plèvre et les organes adjacents [7]. La tumeur apparaît souvent bien limitée et homogène, mais un aspect hétérogène peut être observé lorsqu’il existe des remaniements nécroticohémorragiques ou une dégénérescence myxoïde. Des calcifications peuvent également être observées. Cette masse peut se rehausser après injection de produit de contraste et peut être mobile [8]. L’imagerie par résonance magnétique nucléaire permet de déterminer le caractère fibreux de la tumeur surtout en séquence T1, qui la différencie des autres structures médiastinopulmonaires, pariétales et diaphragmatiques [8,9]. À ce stade, une exploration chirurgicale à but diagnostique et thérapeutique peut être proposée d’emblée devant des arguments cliniques et radiologiques de bénignité de la lésion. Cependant, la certitude diagnostique ne peut être apportée que par l’examen anatomopathologique. Macroscopiquement, la tumeur est encapsulée, de taille variable, pouvant être sessile ou pédiculée comme le cas de nos patientes [10]. Les tumeurs sessiles sont associées à un risque de récidive plus élevé (63 % versus 14 %) [11]. Histologiquement il s’agit d’une prolifération plus ou moins dense de cellules fusiformes évoquant des fibroblastes, dispersées de façon plus ou moins ordonnée et soutenues par une trame de fibres de collagène d’abondance variable [2,5,7,10]. L’étude immunohistochimique des tumeurs fibreuses montre classiquement une expression diffuse de la vimentine et du CD34, une expression d’intensité variable du CD99 et de la protéine Bcl-2 et une négativité des marqueurs épithéliaux (cytokératine, EMA) et de la protéine S100 [12]. Le traitement de référence est la résection complète de la tumeur au niveau de sa base d’implantation, pouvant s’étendre parfois au parenchyme pulmonaire ou à la paroi en cas d’envahissement [2,13]. Ainsi, devant un patient qui présente une tumeur fibreuse solitaire géante et compressive, la prise en charge chirurgicale doit répondre à 2 impératifs. Le premier impératif est celui de la rapidité permettant d’extirper la tumeur sans compromettre l’état hémodynamique et respiratoire du patient. Le deuxième impératif concerne l’exérèse carcinologique de la tumeur tout en gardant à l’esprit que l’ablation incomplète de la tumeur représente un élément péjoratif pour l’évolution ultérieure notamment la survenue de récidive. Dans ce contexte, la thoracotomie antérieure plus ou moins associée à une sternotomie partielle constitue une excellente voie d’abord pour ces patients qui sont généralement grands dyspnéiques, symptôme lié au phénomène compressif. Cet abord antérieur est mieux supporté que la grande thoracotomie postérolatérale en présence de volumineuse tumeur pleurale compressive [14]. Il permet ainsi d’éviter l’écrasement médiastinopulmonaire par la masse tumorale pesante lors de l’installation en décubitus latéral. Dans le cas précis de nos observations, vu le degré de la dyspnée et la taille de la tumeur, nous avons opté pour un abord antérieur qui nous a permis de sécuriser ces patientes, tout en ayant un meilleur jour sur la tumeur dont l’exérèse complète a été réalisée. Vu l’origine pleurale de cette tumeur, l’ablation de celle-ci permet d’avoir une réexpansion pulmonaire immédiate. C’est à ce moment qu’il faut surtout demander à l’anesthésiste de réaliser des manœuvres de recrutement alvéolaires qui conditionnent les suites opératoires. Dans le cas précis de nos 2 observations, la réexpansion pulmonaire immédiate était satisfaisante. Dans les formes agressives de tumeurs fibreuses solitaires de la plèvre, la résection chirurgicale peut être suivie d’une chimiothérapie associée ou non à une radiothérapie, dont l’intérêt réel reste encore à démontrer. Du fait d’un profil évolutif difficile à évaluer, une surveillance radioclinique à distance est recommandée par certains auteurs [11, 15]. Un contrôle annuel comportant essentiellement un examen clinique complet et un bilan radiographique, notamment chez des patients à risque avec des tumeurs géantes comme le cas de nos 2 patients serait suffisant.   3. CONCLUSION Nous rapportons 2 observations à propos de la prise en charge des tumeurs fibreuses solitaires pleurales géantes. Les phénomènes compressifs qu’elles engendrent imposent une prise en charge chirurgicale sans délais. Le geste chirurgical, souvent à visée diagnostique et thérapeutique, doit être rapide tout en respectant le principe d’une chirurgie carcinologique. Dans ce cas, la thoracotomie controlatérale, associée ou non à une sternotomie partielle, est une excellente voie d’abord permettant une exérèse de la tumeur dont le caractère complet conditionne l’évolution ultérieure.   RÉFÉRENCES H. Benjelloun, N. Yassine, F.Z. Bourkadi, A. Bakhatar, A. Alaoui Yazidi, A. Bahlaoui. Tumeur fibreuse solitaire de la plèvre à potentiel agressif : à propos d’un cas. Rev Mal Respir 2007;24(1) 83. Cardillo G, Facciolo F, Cavazzana A, Capece G, Gasparri R, Martelli M. Localized (solitary) fibrous tumors of the pleura: an analysis of 55 patients. Ann Thorac Surg 2000;70:1808-12. Robinson LA, Reilly RB. Localized pleural mesothelioma: the clinical spectrum. Chest 1994;106:1611-5. De Perrot M, Fisher S, Brüdler M, Sekine Y, Keshavjee S. Solitary fibrous tumors of the pleural. Ann Thorac Surg 2002;74:285-93. Léna H, Desrues B, Caullet-Maugendre S, Le Coz A, Huet H, Delaval P. Le fibrome pleural : apport de l’immunohistochimie. Rev Mal Respir 1995;12:383-5. Hamidou M, Bani-Sadr F, Kenzi A, Sagan C, Grolleau JY. Hypoglycemia associated with pleural fibromas. Study of insulin-like growth factors (IGF) and pathogenic considerations. Rev Med Interne 2002;23:447-53. Ali SZ, Hoon V, Hoda S, Heelan R, Zakowski MF. Solitary fibrous tumor: a cytologic-histologic study with clinica, radiologic andimmunohisto-chemical correlations. Cancer 1997;81:116-21. Cazaban S, Icard P, Le Rochais JP, Martel B, Galateau F, Evrard C. Les fibromes pleuraux : mise au point à partir de douze observations. Ann Chir 1999;53:215-21. Raclot A, Muller C, Grivaux M, Beroud P, Blanchon F. Une volumineuse masse basi-thoracique. Rev Pneumol Clin 1994;50(66):343-5. England DM, Hochholzer L, McCarthy M. Localized benign and malignant fibrous tumors of the pleura. Am J Sur Pathol 1989;13:640-58. De Perrot M, Kurt AM, Robert JH, Borisch B, Spiliopoulos A. Clinical behaviour of solitary fibrous tumor of the pleura. Ann Thorac Surg 1999;67:1456-9. Leroy X, Copin MC, Petit S, Moukassa D, Gosselin B. Tumeur fibreuse solitaire pleurale maligne avec expression focale de cytokératine. Ann Pathol 2001;21:153-6. Jougon J, Minniti A, Bégueret H, Dromer C, Delcambre F, Velly JF et al. Tumeur fibreuse solitaire de la plèvre. Rev Pneumol Clin 2002;58:35-8. Jougon J, Delcambre F,Velly J.-F. Voies d’abord chirurgicales antérieures du thorax. EMC-Chirurgie 2 2005;74-99. Kanthan R, Torkian B. Recurrent solitary fibrous tumor of the pleura with malignant transformation. Arch Pathol Lab Med 2004;128:460-2. Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 21/04/2016. Acceptation : 24/06/2016.   
décembre 8, 2016
In memoriam · Vol. 20 Décembre 2016

Hommage à Louis Couraud (1929-2016)

[caption id="attachment_2966" align="alignleft" width="250"] Pr Louis Couraud[/caption] Le Pr Louis Couraud nous a quittés le 11 octobre 2016 à son domicile, rapidement mais paisiblement, à l’âge de 87 ans, sans avoir affronté les difficiles moments des hospitalisations et soins palliatifs de fin de vie grâce à son épouse, Patricia. Né en Charentes Maritimes, issu d’une famille modeste, bachelier de l’académie de Poitiers en 1948, il intègre Bordeaux pour se destiner à une carrière médicale en 1949. Il s’oriente rapidement vers la chirurgie pendant son internat, aide d’Anatomie puis prosecteur à la faculté de médecine de Bordeaux de 1957 à 1959 ; et vers la chirurgie thoracique dès 1960 en tant que chef de clinique aux cliniques pleuro-pulmonaires de l’hôpital Xavier-Arnozan, service mixte médico-chirurgical à l’époque, partagé par deux patrons, les Pr Paul Fréour et Pierre Laumonier. Nommé professeur agrégé en Chirurgie à la faculté de Médecine de Bordeaux en 1963, il devient chef du service de chirurgie thoracique de 1974 à 1996, date de son départ à la retraite. Sa carrière professionnelle est remarquable à tous égards. Chirurgien infatigable, rigoureux, doté d’un esprit vif et concis, soucieux du progrès et de l’innovation, il a développé toutes les facettes de la chirurgie thoracique au fil des décennies dans l’intérêt des patients sans oublier l’anesthésie thoracique avec le Dr Alain Bruneteau. De retour de Toronto en 1987, il met en place l’unité de transplantation pulmonaire et cardio-pulmonaire de Bordeaux avec le Pr Eugène Baudet puis le Dr Claire Dromer. Enseignant clairvoyant, son esprit de concision lui permettait d’exposer brillamment son expérience, ses idées et ses avancées de manière très limpide, emportant immédiatement la conviction de tous ses élèves et collègues, même étrangers. Ses communications et publications nationales et internationales ont été très nombreuses et très appréciées, lui offrant l’opportunité d’être souvent invité au sein de Congrès prestigieux, mais également d’en organiser plusieurs à Bordeaux. Membre de nombreuses société savantes, il y apportait sa contribution avec un réel plaisir, même s’il aimait peu s’exprimer en langues étrangères. Il s’est également fortement impliqué dans la création de la Société Européenne de Chirurgie Cardio-Thoracique, dans la Société Française de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire, au plus haut de l’Université en tant que membre du Conseil National des Universités, et au CHU en tant que membre de la CME, tout ceci pendant de nombreuses années. Il a été un pionnier, reconnu mondialement, dans de nombreux domaines dont celui de la chirurgie laryngo-trachéale et, à partir de 1988, dans celui de la transplantation pulmonaire et cardiopulmonaire. Il était chef de service, le patron. Un patron très exigeant, certes, mais généreux, disponible, ouvert et à l’écoute d’abord des patients, mais également de tout le personnel de son service. Ses élèves chirurgiens, dont beaucoup d’étrangers, ont été éduqués dans le creuset de cette école de chirurgie thoracique qu’il avait créée à Bordeaux, école de rigueur intellectuelle et technique, d’honnêteté médicale, d’innovations sans jamais oublier la considération du malade et la déontologie. Aimant voyager, son caractère ouvert, son mode de pensée, sa curiosité intellectuelle sur tous les sujets lui ont permis de nouer des amitiés personnelles et professionnelles durables avec des collègues français mais aussi de langues plutôt latines, en Europe (Espagne bien sûr et particulièrement à Valence, mais aussi Italie), en Amérique du Sud et dans le monde entier. Une fois dégagé de sa charge professionnelle, Louis Couraud, débordant d’activité et de projets, féru d’œnologie, aimant les plaisirs de la table, la chasse, la pêche et le bassin d’Arcachon, s’est consacré à sa famille, à ses amis, à ses pôles d’intérêts et à son jardin. Son départ est donc plus que profondément et tristement ressenti par les personnes qui l’ont accompagné, apprécié et aimé, pendant toutes ces années. Tous ses élèves s’associent pour dire leur chagrin et leur tristesse et adressent à son épouse, à ses enfants et petits-enfants leurs sincères condoléances.
décembre 8, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Décembre 2016

La vidéochirurgie thoracique par abord unique : quel avenir pour cette voie ? Expérience monocentrique sur 452 patients

Hicham Masmoudi, Harry Etienne, Raphaëlle Sylvestre, Diane Evrard, Raphaël Ouede, Marielle Le Roux, Mihaela Giol, Jalal Assouad   Service de chirurgie thoracique et vasculaire de l’hôpital Tenon, Paris, France. Correspondance : hicham.masmoudi@aphp.fr   Résumé Objectifs : la vidéochirurgie thoracique exclusive (cVATS en anglais) est réalisée dans la majorité des équipes par plusieurs trocarts. Cependant, la cVATS par trocart unique décrite depuis plus de 10 ans ne trouve pas son essor actuellement. Nous proposons de décrire notre expérience de cVATS par trocart unique et de discuter de son avenir. Matériel et méthodes : entre novembre 2009 et avril 2016, nous avons réalisé une étude prospective sur 452 patients opérés par cVATS à trocart unique. À travers une incision de 2 cm, un optique de 30°-10 mm ainsi que 2 instruments étaient introduits. En fin d’intervention, le drain thoracique était extériorisé par la même incision. Résultats : l’âge moyen à la date opératoire était de 34,1 ± 14,8 ans. Les indications chirurgicales étaient principalement : pneumothorax, nodules pulmonaires et biopsies pulmonaires. La durée moyenne de drainage était de 4,6 ± 3,6 jours. À J30, 63,9 % des patients étaient asymptomatiques. Le taux de récidive des pneumothorax était de 3,6 %. 85 % des patients étaient satisfaits d’avoir une cicatrice unique. Conclusion : la cVATS par trocart unique est faisable, efficace et sans danger. La morbimortalité est similaire à la chirurgie par plusieurs trocarts ainsi qu’à la thoracotomie. Le taux de récidive des pneumothorax est également similaire.   Abstract Uniportal (single port) video-assisted thoracic surgery (VATS): why is it not yet widely used? A single institution experience in 452 consecutive patients Objectives: Videothoracoscopy is usually performed using three ports. Uniportal-VATS surgery hasn’t been widely developed yet. We report our single institution experience in uniportal-VATS used for the surgical management of 452 consecutive patients. Methods: Between November 2009 and April 2016, we conducted a prospective study in 452 patients treated mainly for pneumothorax, wedge resections, pleural biopsy and pleural empyema using uniportal-VATS. Through a 2 cm incision at the sixth intercostal space, a 30° 10 mm optic and two instruments were introduced. A single chest tube was introduced through the single incision. Results: The average age was 34.1 ± 14.8 years. Surgical indications were mainly pneumothorax, wedge resections, pleural biopsy and pleural empyema. There was no operative mortality. The average time to chest tube removal was 4.6 ± 3.6 days. Seventy-six patients presented complications (16.8%). At the 30-day control, 63.9% of patients were asymptomatic; 85% of patients were satisfied with the single small scar. The recurrence rate of pneumothorax was 3.6% at 24 ± 13 months. Conclusion: Uniportal-VATS is feasible, safe and reproducible. Morbi-mortality is similar to multiport VATS surgery. The recurrence rate of pneumothorax is comparable with the best results after multiport VATS or thoracotomy approaches. Patients were satisfied with the single small scar.   1. INTRODUCTION La vidéochirurgie thoracique ou chirurgie thoracique vidéo-assistée (cVATS) par plusieurs trocarts demeure la technique de référence pour le traitement de plusieurs pathologies fréquentes tel que le pneumothorax, les biopsies pulmonaires, exérèse de nodules pulmonaires [1]. Comparativement à la thoracotomie, elle présente de nombreux avantages : durée de drainage thoracique et d’hospitalisation plus courte [1]. Par ailleurs, elle semble engendrer moins de douleurs postopératoires ; notamment moins de douleurs de désafférentation [2]. Elle est habituellement réalisée par plusieurs trocarts [1]. Leur placement a pour objectif de reproduire un positionnement naturel pour le chirurgien en réalisant une triangulation : un trocart optique au centre ainsi que 2 trocarts opérateurs de part et d’autre. Depuis plus de 10 ans, la cVATS par trocart unique a été décrite par Rocco et al. dans différentes indications [3,4]. Certains auteurs en ont fait une pratique courante avec la réalisation de gestes de plus en plus complexes [5,6]. Cependant, malgré un engouement initial pour cette approche, nous constatons un manque de développement. Nous proposons de décrire notre expérience monocentrique de cVATS par abord unique utilisé pour 452 patients dans différentes indications. Nous détaillerons dans cet article la technique chirurgicale, les suites opératoires ainsi que les résultats à long terme.   2. Matériel et méthodes 2.1. Patients Entre novembre 2009 et avril 2016, 452 patients ont été opérés par cVATS à trocart unique dans le service de chirurgie thoracique de l’hôpital Tenon. Les indications chirurgicales étaient : a) pneumothorax ; b) exérèse d’un nodule pulmonaire ; c) biopsie pulmonaire ; d) pleurésie purulente ; e) hamartochondrome ; f) hémothorax ; g) chylothorax ; h) fibrome pleural ; i) fenêtre pleuropéricardique. Concernant le traitement chirurgical des pneumothorax, les indications retenues étaient : a) premier épisode de pneumothorax avec bullage persistant pendant plus de 7 jours ou défaut de réexpansion du parenchyme pulmonaire ; b) première récidive homolatérale en fonction du désir du patient ou de ses contraintes professionnelles ; c) deuxième ou troisième récidive homolatérale ; d) pneumothorax à bascule ; e) premier épisode de pneumothorax spontané secondaire sur poumon pathologique ; f) pneumothorax compressif ou hémopneumothorax ; g) désir du patient dès le premier épisode ; h) antécédent de chirurgie de symphyse pleurale homolatérale. Nous avons considéré comme parenchyme pulmonaire pathologique la présence d’un emphysème pulmonaire ou de kystes pulmonaires. Ont été exclus de notre étude les patients présentant de volumineuses dystrophies bulleuses apicales sur les clichés de radiographie thoracique ou scannographiques. En effet, ces patients ont été opérés par cVATS à plusieurs trocarts ou par minithoracotomie.   2.2. Caractéristiques cliniques Pour chaque patient, nous avons colligé les données suivantes : âge à la date opératoire, sexe, indication chirurgicale, durée opératoire moyenne, durée moyenne de drainage thoracique, durée moyenne d’hospitalisation, le nombre de conversions chirurgicales, la douleur postopératoire, les complications, l’évaluation de la douleur lors de la consultation postopératoire à J30, ainsi que le taux de récidive des pneumothorax. Nous avons considéré comme conversion chirurgicale l’ajout d’un ou plusieurs trocarts ou la réalisation d’une minithoracotomie.   2.3. Évaluation préopératoire Pour les patients opérés de pneumothorax, de novembre 2009 à janvier 2013, la tomodensitométrie (TDM) thoracique était réalisée uniquement pour les patients de plus de 40 ans, dont la consommation tabagique était évaluée à plus de 15 paquets-année (PA) ou dont la radiographie thoracique était pathologique. De février 2013 à avril 2016, une TDM thoracique « low-dose » était systématique pour tous les patients. Pour toutes les autres indications chirurgicales, la TDM thoracique était systématiquement réalisée dans le cadre de l’évaluation préopératoire.   2.4. Technique anesthésique peropératoire Les interventions ont été réalisées sous anesthésie générale avec une ventilation mécanique assurée par une sonde d’intubation double lumière. Aucune intervention n’a été réalisée sous anesthésie locorégionale. Aucun cathéter d’analgésie paravertébrale ou péridurale n’a été posé en périopératoire.   2.5. Technique chirurgicale Les patients étaient installés en décubitus latéral. Une incision de 1,5-2 cm était réalisée sur la ligne axillaire moyenne en regard du 6e espace intercostal. La dissection des différents plans était effectuée sans aucune section musculaire. Après ouverture du fascia serratothoracique, l’espace intercostal était largement ouvert de part et d’autre de l’incision cutanée afin d’optimiser l’accès à la cavité thoracique [figure 1]. À travers un écarteur autostatique de type AlexisÒ (écarteur de paroi, XS 1-3 cm, Applied Medical, Rancho Santa Margarita, Californie, États-Unis), étaient ensuite introduits un optique de 30°-10 mm ainsi que 2 pinces fenêtrées.   [caption id="attachment_2970" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. L’incision cutanée est représentée par la courte flèche rouge. L’ouverture de l’espace intercostal est schématisée par la longue flèche noire. Afin d’optimiser l’accès à la cage thoracique, il est nécessaire que l’ouverture de l’espace intercostal soit nettement plus large que l’incision cutanée.[/caption]   Pour toutes les indications chirurgicales, la première étape consistait en une exploration exhaustive de la cavité thoracique. En cas d’adhérences, ces dernières étaient libérées à l’aide de différentes énergies : bipolaire, monopolaire, ultrasons. Pour le traitement des pneumothorax, la 2e étape reposait sur l’identification des dystrophies bulleuses apicales. Afin de procéder à leurs exérèses, nous avons introduit simultanément l’optique, ainsi que la pince fenêtrée [figure 2]. Les dystrophies apicales étaient saisies à l’aide de la pince fenêtrée afin de faciliter leur exposition et leur résection. Ensuite, la pince autocoupante parenchymateuse était introduite en position incurvée afin de sectionner directement le parenchyme pulmonaire présenté par la pince fenêtrée.   [caption id="attachment_2971" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Le vidéothoracoscope de 30°-10 mm, la pince autocoupante parenchymateuse articulée ainsi que la pince fenêtrée sont introduits par la même incision. L’articulation de la pince autocoupante ainsi que les 30 degrés de l’optique permettent de reproduire la triangulation (schéma de gauche, l’étoile bleue représentant la cible à réséquer).[/caption]   La technique de symphyse pleurale a évolué au cours de notre expérience pour des raisons indépendantes de la voie d’abord. De novembre 2009 à mai 2014, nous avons opté pour la réalisation simultanée d’une pleurectomie partielle et d’une abrasion. La délimitation de la zone de résection se faisait à l’aide du crochet coagulateur entre le 2e et le 5e espace intercostal. La pleurectomie était ensuite effectuée par enroulement à l’aide d’une pince à biopsie ou d’une pince fenêtrée. Le reste de la plèvre pariétale était traité par abrasion mécanique au tampon monté d’une plaque de Vicryl® (treillis incolore résorbable, 13,5 x 11 cm, Johnson-Johnson International, Diegem, Belgique). De juin 2014 à avril 2016, la symphyse pleurale se faisait par pulvérisation de 2 flacons de talc chirurgical (Novatech®). Pour les biopsies pulmonaires et les exérèses de nodules pulmonaires, la section du parenchyme pulmonaire était effectuée à l’aide de pinces autocoupantes parenchymateuses en utilisant autant de recharges que nécessaire. Pour les autres indications chirurgicales, nous avons utilisé les instruments habituels de cVATS : pinces fenêtrées, crochet coagulateur, pince monopolaire, pinces à biopsie, aspirateur. Après vérification finale de l’hémostase et sous contrôle visuel de la réexpansion pulmonaire, un drain thoracique siliconé 24 Fr était introduit à travers le même orifice cutané. Un cliché de radiographie thoracique était effectué quotidiennement jusqu’au retrait du drain thoracique. La durée opératoire moyenne a été calculée de l’incision cutanée jusqu’à l’étape de fixation du drain introduit au travers de l’unique incision. Tous les patients de cette série ont été opérés par l’ensemble des chirurgiens de notre équipe : des jeunes chefs de clinique aux chirurgiens seniors.   2.6. Analgésie postopéraoire L’analgésie postopératoire a été débutée durant l’intervention chirurgicale par voie parentérale intraveineuse et maintenue jusqu’à J1 : paracétamol 1000 mg 4 fois par jour ; tramadol 100 mg à libération prolongée 2 fois par jour ; néfopam 20 mg jusqu’à 6 fois par jour à la demande si l’échelle visuelle numérique (EVN) [7] était supérieure à 3/10. Le relais par voie orale était effectué à partir de J2. En cas d’analgésie insuffisante, une pompe à morphine était mise en place jusqu’au retrait du drain thoracique. Un traitement par prégabaline pouvait être initié à la dose de 75 mg 2 fois par jour si le patient présentait des douleurs à caractéristiques neuropathiques (à type de brûlures ou de décharges électriques).   2.7. Soins postopératoires La douleur en postopératoire était évaluée quotidiennement toutes les 8 heures par l’échelle visuelle numérique (EVN) sur une échelle de 1 à 10. Nous avons retenu cette valeur à la 48e heure comme référence pour évaluation de la douleur. Nous avons également calculé à la 48e heure la dose cumulée de morphine consommée pour les patients ayant bénéficié d’une pompe à morphine. Nous avons défini comme fuite d’air prolongé la présence d’un bullage persistant au niveau du drain thoracique pendant plus de 7 jours. Une réexpansion incomplète du parenchyme pulmonaire sur la radiographie thoracique était considérée comme un pneumothorax persistant ou un décollement du parenchyme pulmonaire. Tous les patients ont été revus en consultation de contrôle chirurgicale à J30 avec un cliché de radiographie thoracique. Lors de cette consultation, une évaluation clinique de la douleur était effectuée à la recherche de paresthésies résiduelles postchirurgicales ou de douleurs à caractéristiques neuropathiques (douleurs à type de brûlures ou de décharges électriques). Afin de compléter notre base de données de pneumothorax et d’obtenir des données de récidive postchirurgicale, nous avons contacté les patients opérés de pneumothorax par SMS. Nous avons posé trois questions simples : Avez-vous présenté un nouvel épisode de pneumothorax du côté opéré ? ; Êtes-vous satisfait d’avoir une seule cicatrice ? ; Si vous étiez fumeur au moment de la chirurgie, avez-vous arrêté votre tabagisme ? En l’absence de réponse par SMS, nous avons contacté les patients par courrier avec un questionnaire présentant les trois mêmes questions. Enfin, en l’absence de réponse par courrier, les patients ont été contactés directement par téléphone. L’ensemble de ces données a été colligé de manière prospective. L’ensemble des patients contactés a donné son aval pour être joint par téléphone. Cette base de données a fait l’objet d’une déclaration à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).   3. RÉSULTATS  Nous n’avons eu aucun perdu de vue. Nous présentons nos résultats sur l’ensemble des 542 patients. Par contre, parmi les 371 patients opérés de pneumothorax, uniquement 163 ont pu être contactés pour les données de suivi, notamment la récidive et nous avons obtenu 138 réponses. Par conséquent, le taux de récidive, la satisfaction des patients ainsi que l’arrêt du tabagisme ont été calculés sur ces 138 réponses.   3.1. Patients Concernant l’ensemble des indications chirurgicales, nous avons opéré 452 patients qui se décomposaient de la manière suivante : 341 hommes (75,5 %) et 111 femmes (24,5 %). L’âge moyen à la date opératoire était de 34,1 ± 14,8 ans.   3.2. Indications chirurgicales Les indications chirurgicales sont résumées dans le tableau 1 : pneumothorax (n = 371), exérèse d’un nodule pulmonaire (n = 42), biopsie pulmonaire (n = 15), pleurésie purulente (n = 10), hamartochondrome (n = 7), hémothorax (n = 4), chylothorax (n = 1), fibrome pleural (n = 1) et fenêtre pleuropéricardique (n = 1).   Tableau 1. Résumé des indications chirurgicales des 452 patients opérés par cVATS à trocart unique. Indication chirurgicale Effectif (n = 452) Pneumothorax 371 Exérèse de nodule 42 Biopsie pulmonaire 15 Pleurésie purulente 10 Hamartochondrome 7 Hémothorax 4 Chylothorax 1 Fibrome pleural 1 Fenêtre pleuropéricardique 1 cVATS : complete video-assisted thoracic surgery.   Durant la période d’inclusion, nous avons opéré 465 pneumothorax. Trois cent soixante et onze patients ont été opérés par cVATS à abord unique. Quatre-vingt-quatorze patient n’étaient pas éligibles à cette voie d’abord compte tenu des données d’imagerie préopératoire [tableau 2]. La symphyse pleurale a été effectuée par pleurectomie partielle associée à une abrasion mécanique pour 231 patients, par talcage uniquement pour 131 patients et enfin par abrasion mécanique seule pour 9 patients. Parmi les patients opérés de pneumothorax par cVATS à abord unique, 269 ont bénéficié d’une TDM thoracique en préopératoire.   Tableau 2. Résumé des 857 pneumothorax pris en charge dans notre service durant la période d’inclusion. Type de traitement Total (n = 857) cVATS par trocart unique cVATS par plusieurs trocarts ou mini thoracotomie Traitement chirurgical 465 371 94 Traitement médical 392 cVATS : complete video-assisted thoracic surgery.   Concernant le traitement chirurgical des pneumothorax, les indications retenues étaient : premier épisode de pneumothorax avec bullage persistant pendant plus de 7 jours ou défaut de réexpansion du parenchyme pulmonaire (n = 94), première récidive homolatérale en fonction du désir du patient ou de ses contraintes professionnelles (n = 124), deuxième ou troisième récidive homolatérale (n = 59), pneumothorax à bascule (n = 60), premier épisode de pneumothorax spontané secondaire sur poumon pathologique (n = 18), pneumothorax compressif ou hémopneumothorax (n = 13), désir du patient dès le premier épisode (n = 2), antécédent de chirurgie de symphyse pleurale homolatérale (n = 1) [tableau 3]. La durée opératoire moyenne était de 63,4 ± 26,9 minutes. Le délai moyen avant le retrait du drain thoracique était de 4,6 ± 3,6 jours.   Tableau 3. Indications chirurgicales pour le traitement des pneumothorax. Indication chirurgicale Effectif (n = 371) Bullage persistant > 7 jours 94 1re récidive homolatérale de PSP 124 2e ou 3e récidive homolatérale de PSP 59 Pneumothorax à bascule 60 PSS sur poumon pathologique 18 Pneumothorax compressif ou hémopneumothorax 13 Désir du patient dès le 1er épisode de PSP 2 Antécédent de chirurgie de symphyse pleurale homolatérale 1 PSP : pneumothorax spontané primaire ; PSS : pneumothorax spontané secondaire.   Une conversion a été nécessaire dans 28 cas : nous avons utilisé un second trocart dans 16 cas en raison d’adhérences (n = 11), de difficultés pour visualiser le nodule (n = 2), d’endométriose (n = 1), de thorax étroit (n = 1), d’emphysème pulmonaire (n = 1). La conversion a consisté en une mini-thoracotomie dans 12 cas en raison d’endométriose (n = 11) ou d’adhérences (n = 1) [tableau 4].   Tableau 4. Causes et types de conversions effectuées. Causes de conversions Second trocart (n = 16) Minithoracotomie (n = 12) Adhérences 11 1 Endométriose 1 11 Visualisation du nodule pulmonaire 2 Emphysème pulmonaire 1 Thorax étroit 1   3.3. Soins postopératoires Cent quatre-vingt-onze patients (42,2 %) avaient une pompe à morphine. À la 48e heure postopératoire, la dose cumulée consommée de morphine était de 36,1 ± 25,7 mg. La valeur moyenne de l’EVN était de 2 ± 1,8. Au 30e jour postopératoire, à la consultation de contrôle chirurgicale, 63,9 % des patients étaient asymptomatiques, 27,4 % décrivaient des paresthésies homolatérales à la chirurgie et 8,7 % présentaient des douleurs neuropathiques. Ces dernières étaient traitées par de la prégabaline 75 ou 100 mg au rythme de 2 fois par jour.   3.4. Morbimortalité Nous n’avons recensé aucun décès périopératoire. Soixante-seize patients ont présenté des complications (16,8 %) [tableau 5] qui se décomposent ainsi : pneumothorax résiduel postchirurgie (n = 25) ; bullage prolongé supérieur à 7 jours (n = 24) ; hémothorax (n = 7) ; pyothorax (n = 7) ; pneumopathie (n = 5) ; abcès de paroi (n = 4) ; chylothorax (n = 2) ; épanchement pleural (n = 1) ; hématome intraparenchymateux (n = 1).   Tableau 5. Résumé des 76 complications survenues en postopératoire. Complications Effectif (n = 76) Nombre de réinterventions (n = 14) Pneumothorax résiduel 25 1 Bullage > 7 jours 24 3 Hémothorax 7 7 Pyothorax 7 3 Pneumopathie 5 0 Abcès de paroi 4 0 Chylothorax 2 0 Épanchement pleural 1 0 Hématome intraparenchymateux 1 0   Quatorze patients ont nécessité une reprise chirurgicale au cours de la même hospitalisation pour les raisons suivantes : hémothorax (n = 7) ; bullage prolongé postchirurgie de pneumothorax (n = 3) ; pyothorax (n = 3) ; pneumothorax résiduel postcure de pneumothorax (n = 1). La voie d’abord utilisée pour la reprise chirurgicale était : une minithoracotomie (n = 8) ; cVATS par plusieurs trocarts (n = 5) ; cVATS par trocart unique (n = 1) [tableau 5]. Un nouveau drain thoracique a été posé en cas de pneumothorax résiduel postcure chirurgicale de pneumothorax (n = 10), de pyothorax (n = 4) (associé à un traitement par antibiothérapie), ou de fuites d’air persistantes (n = 2). Le drain thoracique mis en place durant la chirurgie a été conservé de manière prolongé en cas de : fuites d’air persistantes (n = 19), pneumothorax résiduel postcure chirurgicale de pneumothorax (n = 14), chylothorax (n = 2) (associé à un régime sans triglycérides à chaînes lourdes) et d’épanchement pleural (n = 1). Les abcès de paroi (n = 4) et les pneumopathies (n = 5) ont été traités médicalement ainsi que l’hématome intrapulmonaire.   3.5. Suivi à long terme Parmi les 371 patients opérés pour pneumothorax, nous en avons contacté 163 et avons collecté 138 réponses qui se décomposent de la manière suivante : 55 par SMS, 45 par courrier et 38 après contact téléphonique [tableau 6]. Le délai moyen entre la chirurgie et les données de suivi était de 24 ± 13 mois. 85 % des patients ont déclaré être satisfaits de la cicatrice unique (9 patients n’ont pas répondu à cette question). Parmi les patients qui ont déclaré être fumeurs au moment de la chirurgie, 29,5 % ont rapporté un sevrage de leur tabagisme (n = 21) et 12,6 % une diminution de leur consommation (n = 9).   Tableau 6. Répartition des 138 réponses de suivi obtenues pour les 163 patients contactés pour le taux de récidive des pneumothorax Patients inclus pour le calcul du taux de récidive des pneumothorax Effectif (n = 163) Réponses obtenues après SMS 55 Réponses obtenues après envoi du questionnaire 45 Réponses obtenues après échange téléphonique 38 Patients sans réponse 25   3.6. Récidive Le taux de récidive des pneumothorax dans notre étude est de 3,6 %. Cinq patients ont présenté une récidive homolatérale après chirurgie. Trois patients ont été traités par surveillance et 2 ont nécessité une nouvelle intervention chirurgicale par minithoracotomie.   4. DISCUSSION D’après notre revue de la littérature, notre étude inclut le plus grand nombre de patients opérés par cVATS à trocart unique pour des indications autres que la réalisation de biopsies pleurales et de talcage dans le cadre d’épanchements pleuraux néoplasiques ; ces interventions étant réalisées dans la plupart des équipes par une incision unique. Il s’agit d’une chirurgie faisable, efficace et sans danger dans différentes indications. Notre taux de complication est similaire à celui des différentes études publiées sur la cVATS par plusieurs trocarts. Concernant la chirurgie des pneumothorax, notre taux de récidive est similaire à celui habituellement observé par vidéochirurgie thoracique à trocarts multiples. Par ailleurs, 85 % des patients sont satisfaits d’avoir une cicatrice unique. En 2004, Rocco et al. [3] ont publié leur première expérience de cVATS par trocart unique dans différentes indications. Ils ont également publié en 2013 une série de 644 patients témoignant de leur expérience sur 10 ans [4]. Cette voie d’abord a été utilisée pour la réalisation de biopsies pleurales, de biopsies pulmonaires, l’exérèse de nodules ainsi que le traitement de pneumothorax. En 2011, Gonzales-Rivas et al. ont décrit la première résection pulmonaire anatomique majeure par trocart unique [5]. Depuis de nombreuses publications ont été effectuées sur cette thématique avec la réalisation de gestes de plus en plus complexes tels que des résections parenchymateuses pulmonaires bronchoplastiques et/ou angioplastiques [5,6]. Cependant, les publications concernant les résections non anatomiques, les biopsies ganglionnaires et la chirurgie pleurale sont moins nombreuses. Elles sont souvent effectuées sur des effectifs moins importants : 84 patients pour Migliore et al. en 2015 [8]. On constate donc l’absence d’essor dans la pratique quotidienne des équipes chirurgicales de cette voie d’abord depuis sa description en 2004. Certains auteurs ont proposé cette approche dans le cadre de la chirurgie de l’hyperhydrose [9] ou bien en chirurgie pédiatrique pour le traitement de pyothorax [10]. Ce manque de développement nécessite d’être analysé. Afin d’être reproductible, toute nouvelle technique de vidéochirurgie a besoin d’être aussi simple que possible et surtout de permettre aux chirurgiens de reproduire les gestes élémentaires de la vidéochirurgie à plusieurs trocarts en toute sécurité. Rocco et al. [3] ont insisté sur la nécessité d’utiliser des instruments articulés. En effet, les auteurs préconisent de croiser l’extrémité de chaque instrument thoracoscopique dans un plan sagittal. De ce fait, en utilisant comme axe de rotation l’optique, cela permet de reproduire la triangulation habituelle. Cependant, cette gestuelle ne nous paraît pas confortable et difficilement reproductible. Cela pourrait être une des explications de l’absence de développement de cette technique. En effet, même si la finalité est identique, notre approche est totalement différente. Nous utilisons des instruments classiques de vidéochirurgie thoracique. Un des éléments essentiels repose sur l’utilisation combiné d’un optique de 30°-10 mm ainsi que de pinces autocoupantes parenchymateuses articulées, ce qui permet de reproduire la triangulation (comme illustré sur la figure 2). Par ailleurs, le second point clé de notre approche réside dans l’ouverture de l’espace intercostal beaucoup plus large que l’incision cutanée. Cet aspect permet d’optimiser l’accès à la cavité thoracique et ainsi d’obtenir un angle d’attaque beaucoup plus large. Cela permet d’introduire simultanément plusieurs instruments à travers une petite incision. Il en résulte une absence de croisement des mains et une gestuelle beaucoup plus intuitive. Nous pensons donc que notre technique est facilement reproductible avec une courbe d’apprentissage relativement courte du fait de la réalisation de gestes proches de la chirurgie conventionnelle. Dans notre service, tous les chirurgiens réalisent quotidiennement ce type de chirurgie pour le traitement des pneumothorax, la réalisation des biopsies pleurales, des biopsies pulmonaires ainsi que l’exérèse de nodules. La clé de notre technique repose donc dans l’ouverture de l’espace intercostal largement de part et d’autre de l’incision cutanée. La réalisation de la voie d’abord est une étape cruciale pour la réussite de cette chirurgie car elle conditionne l’accès et le confort ultérieur du chirurgien. Dans notre étude, nous avons retenu une seule contre-indication à la cVATS par trocart unique : la présence de volumineuses dystrophies bulleuses apicales sur la radiographie thoracique ou la TDM thoracique. En effet, dans le cadre du traitement des pneumothorax, afin de favoriser la symphyse pleurale, nous avons considéré que ces patients devaient bénéficier d’un remodelage de l’apex pulmonaire avec un drainage double. De ce fait, ils ont été opérés par vidéochirurgie à plusieurs trocarts ou par minithoracotomie. Dans notre série, le taux de complication est de 16,8 %. Ce taux est similaire à celui observé dans la chirurgie à trocart unique : 14 % de complications pour Migliore et al. sur une série de 84 patients [8]. Il existe également des études concernant uniquement la chirurgie des pneumothorax par trocart unique mais uniquement sur de faibles effectifs [2,11]. Notre taux de complications est également similaire à la cVATS par plusieurs trocarts : de 5,7% pour Cardillo sur 333 patients [12] à 27,4 % pour Lang-Lazdunski sur 182 patients [13]. Ces données nous permettent de considérer que la cVATS par trocart unique est une procédure efficace et sans danger. Dans notre étude, à la 48e heure, l’EVA moyenne état de 2 ± 1,7. Chen et al. ont comparé l’EVA à la 48e heure entre 10 patients opérés par cVATS à trocart unique et 10 patients par plusieurs trocarts [14]. La valeur moyenne de l’EVA était respectivement de 4,20 ± 0,78 et 4,25 ± 0,58. Dans un essai randomisé, Freixinet et al. ont évalué la douleur moyenne par EVA à 2,9 ± 1,7 dans le groupe cVATS par plusieurs trocarts et 3 ± 1,3 dans le groupe thoracotomie [15] [tableau 7].   Tableau 7. Principales caractéristiques des études et résultats.   Randomisation Effectif (n) Voie d’abord Taux de récidive (%) cVATS   Thoracotomie Complications (%) CVATS Complications Thoracotomie Douleurs chroniques (%; uniqument pour la cVATS) Paresthésies (%; uniqument pour la cVATS) Matsuzoe et al. (1999) [19] Non 343 3-VATS et Th 11,5 % 2,9 % ND ND ND ND Lang-Lazdunski et al. (2003) [13] Non 182 3-VATS 3 % 27,4 10,7 % ND Sihoe et al. (2004) [16] Non 52 cVATS par plusieurs trocarts ND ND ND ND ND 52,9 % Jutley et al. (2005) [2] Non 16 cVATS par trocart unique 0 % / ND / 14 % ND Salati et al. (2008) [11] Non 28 cVATS par trocart unique 10% / ND / ND 35 % Pagès et al. (2015) [18] Non 7396 cVATS par plusieurs trocarts vs Th 3,8 % 1,8 % 8 % 12 % ND ND Freixinet et al. (2004) [15] Oui 90 cVATS par plusieurs trocarts vs Th (46/44) 4,3 % 0 % 13 % 6,8 % ND ND cVATS : complete video-assisted thoracic surgery ; 3-VATS: chirurgie thoracique vidéoassistée par 3 trocarts ; Th : thoracotomie ; vs : versus ; ND : information non disponible dans l’article original.   Nos données confirment cette tendance où la vidéochirurgie par trocart unique semble moins douloureuse que la chirurgie par plusieurs trocarts ou la thoracotomie. Cependant, lors de la consultation chirurgicale postopératoire à J30, 27,4 % des patients décrivaient des paresthésies homolatérales à la chirurgie et 8,7 % des douleurs neuropathiques. Les douleurs pariétales ainsi que les douleurs chroniques sont habituellement décrites après cVATS par trocart unique ou multiple. Elles sont de l’ordre de 14 à 35 % après vidéochirurgie par trocart unique [2,11]. Sihoe et al. ont rapporté jusqu’à 52,9 % de douleurs chroniques postvidéochirurgie par plusieurs trocarts [16]. Les données de notre étude sont similaires à celles décrites précédemment en termes de paresthésies et de douleurs chroniques. La réalisation de pleurectomies élargies comme technique de symphyse dans le traitement des pneumothorax durant la première période de notre étude peut expliquer ce taux de douleurs ; elles représentent une des raisons pour lesquelles nous avons modifié notre technique de symphyse et opté pour le talcage. Rush et al. ont émis l’hypothèse que l’usage de multiples trocarts pourrait être une source majeure de paresthésies en postopératoire [17]. En effet, chaque incision supplémentaire expose le patient à un nouveau traumatisme du nerf intercostal comparativement à une incision unique selon Jutley [2]. Pour éviter ce traumatisme, Rocco préconise d’utiliser des instruments articulés et de les positionner le long du bord supérieur de la côte [3]. Selon notre expérience, il nous paraît plus judicieux d’utiliser un écarteur autostatique qui a plusieurs avantages : a) protéger le nerf intercostal ; b) optimiser l’accès à la cavité thoracique ; c) éviter un bras de levier excessif des instruments sur l’espace intercostal ; d) éviter le suintement continu de sérosités sur la lentille de l’optique. La faible valeur d’EVA observée dans notre étude pourrait être en partie liée à l’utilisation de cet écarteur. Elle pourrait également être expliquée par l’ouverture large de l’espace intercostal et l’utilisation de talc comme méthode de symphyse pleurale pour une partie des patients traités pour pneumothorax. Cependant, nous pensons que les douleurs postopératoires (paresthésies et douleurs neuropathiques) ont une origine multifactorielle. Elles peuvent être liées au nombre de trocart utilisé mais également à la technique de symphyse pleurale. En effet, la pleurectomie partielle associée à une abrasion mécanique nous paraît plus douloureuse que le talcage simple. Cela pourrait être dû au traumatisme de nombreux nerfs intercostaux avec la pleurectomie et l’abrasion, contrairement au talcage. Les taux de récidive des pneumothorax dans la littérature après chirurgie sont colligés dans le tableau 7. Ils varient de 0 à 10 % pour la vidéochirurgie par trocart unique [2,11] ; de 3 à 11,5 % pour la vidéochirurgie par plusieurs trocarts [13,18,19] et enfin de 1,8 à 2,9 % pour la thoracotomie [18,19] [tableau 7]. Dans la méta-analyse de Barker et al. en 2007 [20], le taux global de récidive était de 5,4 % pour la cVATS par plusieurs trocarts et de 1,1 % pour la thoracotomie. Dans notre étude, le taux de récidive est de 3,6 %, ce qui est comparable aux différents taux précédemment cités. Ce taux a été calculé sur les 138 patients qui ont répondu à notre enquête de suivi. Même s’il ne concerne pas l’ensemble des patients opérés pour pneumothorax, nous considérons cet effectif comme suffisamment conséquent pour être interprétable. Cela nous permet d’affirmer que la chirurgie par trocart unique est efficace. Un bénéfice supplémentaire de la chirurgie par trocart unique est l’aspect esthétique. En effet, il s’agit d’un aspect insuffisamment pris en compte dans notre pratique quotidienne mais source de satisfaction pour les patients. Dans notre étude, 85 % des patients contactés sont satisfaits d’avoir une cicatrice unique. Cela pourrait être un des arguments de développement de cette chirurgie notamment chez une population jeune comme les patients traités pour pneumothorax. Enfin, pour obtenir les données de suivi, nous avons contacté les patients par SMS. Il s’agit d’une méthode innovante et relativement simple qui nous a permis d’obtenir 33,7 % de réponses. Elle pourrait être généralisée afin de collecter de manière plus aisée les informations concernant le suivi des patients. Concernant le tabagisme, nous avons constaté qu’uniquement 29,5 % des patients ont stoppé leur addiction et que 12,6 % ont déclaré avoir diminué leur consommation. Cela permet de souligner l’importance de la prévention et de la sensibilisation sur le tabagisme dès la prise en charge du premier épisode de pneumothorax. L’avenir de la cVATS par abord unique passe peut-être par le développement de la chirurgie ambulatoire dans le cadre des résections pulmonaires parenchymateuses anatomiques et non anatomiques. Elle s’intègre parfaitement dans le processus de récupération améliorée après chirurgie (RAAC), notamment du fait de la diminution des douleurs en période postopératoire.   5. CONCLUSION Notre expérience de cVATS par trocart unique montre qu’il s’agit d’une chirurgie faisable, efficace et sans danger dans différentes indications. La morbimortalité est comparable à la vidéochirurgie par plusieurs trocarts. Concernant la chirurgie des pneumothorax, nos données de suivi montrent un taux de récidive comparable à la vidéochirurgie par plusieurs trocarts ainsi qu’à la thoracotomie. Par ailleurs, les patients contactés ont témoigné être satisfaits d’avoir une cicatrice unique. Cependant, le manque d’expansion de cette approche mérite d’être analysé. Enfin, pour confirmer nos données, une étude randomisée comparant la cVATS à trocart unique et par plusieurs trocarts est nécessaire.   RÉFÉRENCES Inderbitzi RG, Leiser A, Furrer M, Althaus U. Three years’ experience in video-assisted thoracic surgery (VATS) for spontaneous pneumothorax. J Thorac Cardiovasc Surg 1994;107:1410-5. Jutley RS, Khalil MW, Rocco G. Uniportal vs standard three-port VATS technique for spontaneous pneumothorax: comparison of post-operative pain and residual paraesthesia. Eur J Cardio-Thorac Surg Off/J Eur Assoc Cardio-Thorac Surg 2005;28:43-6. Rocco G, Martin-Ucar A, Passera E. Uniportal VATS wedge pulmonary resections. Ann Thorac Surg 2004;77:726-8. Rocco G, Martucci N, La Manna C, Jones DR, De Luca G, La Rocca A et al. Ten-year experience on 644 patients undergoing single-port (uniportal) video-assisted thoracoscopic surgery. Ann Thorac Surg 2013;96:434-8. Gonzalez D, de la Torre M, Paradela M, Fernandez R, Delgado M, Garcia J, et al. Video-assisted thoracic surgery lobectomy: 3-year initial experience with 200 cases. Eur J Cardio-Thorac Surg Off/J Eur Assoc Cardio-Thorac Surg 2011;40:e21-28. Gonzalez-Rivas D, Yang Y, Sekhniaidze D, Stupnik T, Fernandez R, Lei J et al. Uniportal video-assisted thoracoscopic bronchoplastic and carinal sleeve procedures. J Thorac Dis 2016;8:S210-222. Duncan JAL, Bond JS, Mason T, Ludlow A, Cridland P, O’Kane S et al. Visual analogue scale scoring and ranking: a suitable and sensitive method for assessing scar quality? Plast Reconstr Surg 2006;118:909-18 Migliore M, Calvo D, Criscione A, Borrata F. Uniportal video assisted thoracic surgery: summary of experience, mini-review and perspectives. J Thorac Dis 2015;7:E378-380.  Murphy MO, Ghosh J, Khwaja N, Murray D, Halka AT, Carter A et al. Upper dorsal endoscopic thoracic sympathectomy: a comparison of one- and two-port ablation techniques. Eur J Cardio-Thorac Surg Off/J Eur Assoc Cardio-Thorac Surg 2006;30:223-7. Martínez-Ferro M, Duarte S, Laje P. Single-port thoracoscopy for the treatment of pleural empyema in children. J Pediatr Surg 2004;39:1194-6. Salati M, Brunelli A, Xiumè F, Refai M, Sciarra V, Soccetti A et al. Uniportal video-assisted thoracic surgery for primary spontaneous pneumothorax: clinical and economic analysis in comparison to the traditional approach. Interact Cardiovasc Thorac Surg 2008;7:63-6. Cardillo G, Regal M, Sera F, Di Martino M, Carbone L, Facciolo F et al. Videothoracoscopic management of the solitary pulmonary nodule: a single-institution study on 429 cases. Ann Thorac Surg 2003;75:1607-1611-1612. Lang-Lazdunski L, Chapuis O, Bonnet P-M, Pons F, Jancovici R. Videothoracoscopic bleb excision and pleural abrasion for the treatment of primary spontaneous pneumothorax: long-term results. Ann Thorac Surg 2003;75:960-5. Chen P-R, Chen C-K, Lin Y-S, Huang H-C, Tsai J-S, Chen C-Y et al. Single-incision thoracoscopic surgery for primary spontaneous pneumothorax. J Cardiothorac Surg 2011;6:58. Freixinet JL, Canalís E, Juliá G, Rodriguez P, Santana N, Rodriguez de Castro F. Axillary thoracotomy versus videothoracoscopy for the treatment of primary spontaneous pneumothorax. Ann Thorac Surg 2004;78:417-20. Sihoe ADL, Au SSW, Cheung ML, Chow IKL, Chu KM, Law CY et al. Incidence of chest wall paresthesia after video-assisted thoracic surgery for primary spontaneous pneumothorax. Eur J Cardio-Thorac Surg Off/J Eur Assoc Cardio-Thorac Surg 2004;25:1054-8. Rusch VW, Bains MS, Burt ME, McCormack PM, Ginsberg RJ. Contribution of videothoracoscopy to the management of the cancer patient. Ann Surg Oncol 1994;1:94-8. Pagès P-B, Delpy J-P, Falcoz P-E, Thomas P-A, Filaire M, Le Pimpec Barthes F et al. Videothoracoscopy Versus Thoracotomy for the Treatment of Spontaneous Pneumothorax: A Propensity Score Analysis. Ann Thorac Surg 2015;99:258-63. Matsuzoe D, Iwasaki A, Okabayashi K, Shiraishi T, Inada K, Yoneda S et al. Recurrence after thoracoscopic surgery for spontaneous pneumothorax. Int Surg 1999;84:111-4. Barker A, Maratos EC, Edmonds L, Lim E. Recurrence rates of video-assisted thoracoscopic versus open surgery in the prevention of recurrent pneumothoraces: a systematic review of randomised and non-randomised trials. Lancet 2007;370:329-35. Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 19/05/2016. Acceptation : 15/06/2016. Pré-publication : 12/08/2016.  
décembre 8, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Décembre 2016

Localisation de nodules pulmonaires en VATS grâce au Cone Beam Computed Tomography – étude préliminaire

Simon Rouze1,2,3*, Bertrand de Latour1,2,3, Erwan Flécher1, Julien Guihaire1, Miguel Castro2,3, Romain Corre4, Pascal Haigon2,3, Jean-Philippe Verhoye1,2,3   1. Université de Rennes 1, LTSI, Rennes, France. 2. INSERM, U1099, Rennes, France. 3. Service de chirurgie cardiothoracique et cardiovasculaire, centre hospitalier universitaire de Rennes, France. 4: Service pneumologie, centre hospitalier universitaire de Rennes, France. Correspondance : simon.rouze@chu-rennes.fr   Résumé Introduction : le but de cette étude est d’évaluer la faisabilité de l’utilisation peropératoire du CBCT afin de développer une nouvelle procédure de localisation peropératoire de nodules pulmonaires en chirurgie vidéothoracoscopique. Matériels et Méthodes : les patients inclus étaient âgés de plus de 18 ans. Ils devaient présenter des lésions pulmonaires uniques ou multiples d’une taille allant de 5 à 20 mm. Ces lésions étaient identifiées en préopératoire grâce à un scanner. La procédure, réalisée sous anesthésie générale, débutait par l’introduction des trocarts de chirurgie et la création d’un pneumothorax. Ensuite était réalisée une acquisition en CBCT. La segmentation était ensuite faite, permettant d’obtenir une reconstruction 3D de la lésion. Puis, grâce à la réalisation de scopie sur laquelle était projetée la segmentation en réalité augmentée, le nodule était localisé pendant la vidéothoracoscopie. Résultats : de mars 2014 à mars 2015, 8 patients ont été inclus dans notre étude. L’âge moyen est de 61 ± 11,7 ans [37-74 ans]. La taille moyenne des lésions était de 13,2 ± 5,1 mm [5-20 mm] et leur profondeur moyenne par rapport à la plèvre de 21,4 ± 10,7 mm [5-36 mm]. La densité moyenne des lésions était de 77,3 ± 81,7HU [0-250 HU]. Quatre patients ont subi une résection de type wedge, 2 patients un wedge suivi d’une lobectomie, un patient un wedge du lobe supérieur associé à une lobectomie inférieure et un patient, une bilobectomie (après conversion en thoracotomie). Le temps opératoire moyen était de 100,6 ± 36,7 min [60-150 min]. Nous avons été capable de détecter tous les nodules et de réaliser la résection dans tous les cas grâce à la scopie en réalité augmentée. Le temps moyen de scopie était de 134,2 ± 55,0 s [24-204 s]. Le temps moyen entre l’incision cutanée et la localisation du nodule était de 11,8 ± 3,8 min [7-17 min]. Conclusion : à notre connaissance, ce travail est le premier décrivant l’application clinique de l’utilisation du CBCT en peropératoire en chirurgie thoracique. Une telle utilisation est faisable et semble représenter un outil efficace pour détecter et aider à la localisation de petits nodules pulmonaires en VATS. Associé à la réalité augmentée, cet outil offre une avancée significative pour la vidéothoracoscopie et la résection de nodules centimétriques non palpables.   Abstract Localization of pulmonary nodules during VATS thanks to cone beam computed tomography – a preliminary study Objective: To describe a non-invasive guidance procedure, using intraoperative cone beam computed tomography (CBCT) and augmented fluoroscopy to guide lung resection during video-assisted thoracic surgery (VATS). Materials and methods: Patients with solitary or multiple lung nodules between 5 and 20 mm were included. Under general anesthesia, a moderate pneumothorax allowing the CBCT acquisition was first performed. Then a segmentation of the lesion was performed on a 3D reconstruction. A projection of this 3D reconstruction was then integrated into the digital workspace and automatically registered into the fluoroscopic images, creating an augmented fluoroscopy. The procedure was continued with classic video-thoracoscopic vision taking account of the augmented fluoroscopy to locate the targeted nodule. Results: Eight patients were included (mean age 61 ± 11.7 years): seven patients had an isolated lesion and one patient had two lesions (mean size 13.2 ± 5.1 mm). Mean depth to the pleura was 21.4 ± 10.7 mm. Four patients underwent a wedge resection associated with lymph node resection. Two patients had an initial wedge resection followed by a complementary lobectomy associated with lymph node resection (primary lung tumor). One patient had a wedge resection in the upper lobe and a lobectomy of the inferior lobe associated with lymph node resection. One patient underwent a conversion and a bilobectomy due to vascular injury. Mean global operating time was 100.6 ± 36.7 min. All the nodules have been identified on the CBCT acquisitions. Segmentation of the lesion has been performed in all cases. We have been able to detect all the nodules and to successfully perform the resection in all cases thanks to the augmented fluoroscopy. The mean scopic time was 134.2 ± 55.0 s. The mean imaging time, between the incision and the final nodule localization, was 11.8 ± 3.8 min. Conclusion: This paper is the first describing a clinical application of CBCT performed during thoracic surgery. Associated with augmented reality, it offers a significant advance to VATS resection of subpalpable lung nodules. This preliminary experience highlights the potential of the proposed CBCT approach to improve the perception of targeted small tumors during VATS.   1. INTRODUCTION Avec le développement des programmes de dépistage du cancer bronchopulmonaire par le biais des scanners « low-dose » [1], le nombre de nodules pulmonaires d’histologie indéterminée est amené à croître de manière considérable [2]. Or, la vidéothoracoscopie (VATS) est un outil crucial dans l’obtention de l’histologie de ces lésions [3,4]. Les méthodes de guidage des nodules en VATS restent majoritairement préopératoires, invasives, nécessitant une imagerie tomodensitométrique (TDM) additionnelle, avec des taux de complications et de non-efficacité du dispositif de guidage non négligeables [5-7]. Parallèlement, le Cone Beam Computed Tomography (CBCT) est une modalité d’imagerie qui connaît un véritable essor (implantologie, chirurgie maxillofaciale, radiothérapie, procédures endovasculaires) [8-11]. Cette imagerie rayon X permet d’obtenir des images tridimensionnelles d’une qualité semblable au scanner en résolution spatiale et proche en résolution en contraste. Concernant les pathologies pulmonaires, le CBCT a été étudié en pneumologie interventionnelle, en radiothérapie et en radiologie [12-14]. L’irradiation induite par un CBCT thoracique est en outre moindre qu’un TDM thoracique conventionnel : respectivement 2,3 à 5 mSv versus 4 à 18 mSv [15,16]. Le but de cette étude est d’évaluer la faisabilité de l’utilisation peropératoire du CBCT afin de développer une nouvelle procédure de localisation peropératoire de nodules pulmonaires en chirurgie vidéothoracoscopique.   2. MATÉRIELS ET MÉTHODES   2.1. Critères d’inclusion Les patients inclus dans ce protocole sont âgés de plus de 18 ans. Ils doivent présenter des lésions pulmonaires uniques ou multiples d’une taille allant de 5 à 20 mm. La nature de ces lésions peut être connue (lésion pulmonaire primitive, localisation secondaire d’un autre cancer) ou inconnue (chirurgie diagnostique associée ou non à une chirurgie thérapeutique). La distance par rapport à la plèvre de la lésion n’est pas un critère de sélection. En préopératoire, l’identification de ces lésions est réalisée grâce à une TDM thoracique avec des coupes « parenchymateuses » fines (1,25 mm). Ils ont également bénéficié de la réalisation d’un TEP-scan 18 FDG, pour mettre en évidence une éventuelle activité hypermétabolique de la lésion à réséquer. Les patients ont eu un bilan préopératoire conventionnel préalable à une chirurgie thoracique : radiographie pulmonaire de face ; explorations fonctionnelles respiratoires, avec notamment VEMS-CV ± DLCO ± VO2max ; bilans biologiques (NFS, ionogramme sanguin, bilan d’hémostase, groupe, Rhésus, RAI) ; électrocardiogramme ± échographie cardiaque ; fibroscopie bronchique ± biopsies bronchiques. Si une histologie préopératoire a été obtenue, elle l’a été selon les modalités suivantes : biopsie transbronchique ; ponction transpariétale scannoguidée. Les patients ont été informés de la réalisation de la procédure et ont signé un consentement éclairé.   2.2. Critères de non-inclusion Les patients présentant les caractéristiques suivantes n’ont pas été inclus dans l’étude : réintervention (antécédent de chirurgie thoracique homolatérale) ; incapacité à réaliser ou obtenir une ventilation unipulmonaire lors de la chirurgie ; personne majeure faisant l’objet d’une protection légale (sauvegarde de justice, curatelle, tutelle) ; personne privée de liberté.   2.3. Déroulement de la procédure La figure 1 résume le déroulé complet de la procédure.   [caption id="attachment_2974" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Algorithme détaillant la succession des étapes de la procédure de localisation.[/caption]   2.3.1. Installation L’installation du patient lors des acquisitions se fait en conditions chirurgicales, c’est-à-dire en décubitus latéral [figure 2]. En chirurgie thoracique conventionnelle, l’installation en décubitus latéral est permise par : un appui sternal ; un appui fessier ; appui bras du côté du décubitus ; bras du côté opéré pendant.   [caption id="attachment_2975" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Installation du patient : décubitus latéral droit, bras semi-pendant, stabilisé par le matelas coquille.[/caption]   Or, lors d’une acquisition DynaCT, l’ensemble des flans de la table opératoire doivent être libres, pour autoriser une rotation complète à 211° de l’amplificateur de brillance (C-arm). Aussi, l’ensemble des appuis a dû être supprimé. Pour permettre une stabilité du patient en décubitus latéral, un matelas « coquille » à dépression a été utilisé. Le positionnement des bras a également été adapté : classiquement, le bras opposé à la lésion est en abduction à 90° sur un appui bras, et le bras homolatéral à la lésion est laissé pendant permettant une décoaptation des espaces intercostaux. Or, du fait de la rotation du C-arm autour de la table, une telle installation n’est pas réalisable. Toutefois, l’acquisition rotationnelle a été rendue possible grâce aux modifications suivantes : le bras opposé à la lésion est installé fléchi vers la tête, calé par une gouttière radiotransparente ; le bras homolatéral à la lésion est placé semi-pendant, reposant sur la table d’opération. En outre, toujours en raison de l’acquisition rotationnelle, l’ensemble des éléments situés à la tête du patient doit être libre, posant une nouvelle fois des impératifs d’installation. Ainsi, les tubulures de perfusion, du cathéter péridural et les tuyaux du ventilateur mécanique sont regroupés et suspendus pour éviter tout conflit avec le C-arm. De même, les champs doivent être attachés au plus près de la table d’intervention, pour prévenir tout arrachage intempestif par le détecteur ou le tube du C-arm.   2.3.2. Acquisition CBCT Les acquisitions de Cone Beam Computed Tomography sont obtenues grâce à la fonction DynaCT d’un C-arm conçue pour être utilisée en peropératoire : il s’agit de l’Artis Zeego System®, produit par la société Siemens Healthcare. Celui-ci dispose d’un capteur plan et d’une matrice de 2048 x 1538 éléments. Les paramètres de notre protocole DynaCT sont les suivants : incrément de l’angle de rotation : 0,5° ; matrice de 512 x 512 voxels ; 211° de trajectoire circulaire, durant 8 secondes ; une dose délivrée de 0,36 mGy par coupe en moyenne ; un total de 419 projections. Les images ainsi acquises sont transférées sur une station de travail dédiée (MMWP station, Siemens Healthcare). Les images DynaCT sont reconstruites avec une épaisseur de 1 mm, dans les plans axial, coronal et sagittal [figure 3].   [caption id="attachment_2976" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Reconstruction multiplanaire à partir du CBCT.[/caption]   Les acquisitions sont réalisées patient anesthésié, installé, champs opératoires en place, dans des conditions d’asepsie complète. Avant l’acquisition, on procède comme suit : mise en place du premier trocart de vidéothoracoscopie sous contrôle de la vue permettant l’insertion du vidéothoracoscope ; exclusion du poumon par l’anesthésiste ; insufflation d’oxygène (débit entre 1 et 4 L/min) pour permettre un trapping du poumon. En effet, un collapsus trop important du poumon (une atélectasie complète) rend le parenchyme pulmonaire trop dense pour pouvoir le distinguer de la lésion à repérer ; l’acquisition rotationnelle est ensuite réalisée, poumon controlatéral non ventilé (le temps de l’acquisition seulement).   2.3.3. Procédure chirurgicale Le matériel de vidéothoracoscopie utilisé est le suivant : optique Stryker 30°-10 mm (Stryker Corporate) ; caméra haute définition et colonne de vidéochirurgie Stryker (Stryker Corporate) ; instruments de vidéothoracoscopie dédiés Delacroix-Chevalier (particulièrement pinces à préhension fenêtrées) ; instruments de chirurgie conventionnels ; trocarts à usage unique 10 mm. bistouri électrique. La procédure de VATS est réalisée par le biais de trois incisions cutanées permettant une triangulation. Chacune de ces incisions cutanées autorise la mise en place d’un trocart par lequel sont introduits les instruments de vidéochirurgie. Celles-ci doivent être éloignées d’un minimum de 80 mm pour prévenir le conflit entre les instruments. Une fois la lésion localisée, celle-ci est réséquée au moyen d’un système d’agrafage automatique (Endo GIA®, Covidien Corporate). Un examen extemporané sera alors réalisé. En fonction de ce dernier, un geste complémentaire sera réalisé ou non (curage ganglionnaire médiastinal ou lobectomie + curage ganglionnaire médiastinal).   2.3.4. Segmentation de la lésion et placement du repère Une fois les images DynaCT obtenues, le nodule est identifié dans le parenchyme pulmonaire grâce aux reconstructions multiplanaires (MPR). Une fois ce repérage effectué, la lésion est segmentée au moyen d’une segmentation semi-automatique par croissance de région. Enfin, nous utilisons la fonction syngo InSpace EP du logiciel dédié Siemens pour intègrer le volume segmenté au volume de travail.   2.3.5. Localisation peropératoire de la lésion en fluoroscopie et VATS Une fois les trocarts en place, l’acquisition DynaCT, le repérage du nodule et la réalisation de sa segmentation réalisés, la procédure de localisation peut débuter. La lésion segmentée lors de l’étape précédente est localisée dans l’espace, en position absolue, par rapport à la table opératoire. Ainsi, lors d’une acquisition en fluoroscopie conventionnelle, la projection 2D de cette segmentation sera faite de manière automatique, sur l’écran de scopie, associant l’image de la fluoroscopie et l’image de DynaCT segmentée, en temps réel (fonction iPilot dynamic). En effet, les acquisitions CBCT (et donc la reconstruction du nodule) et le positionnement du C-arm (et donc les images de scopie) se font dans le même repère ; la fusion des 2 modalités d’image est donc faite de manière automatique. Les instruments de vidéochirurgie, sous contrôle de la caméra endoscopique et sous contrôle fluoroscopique, sont alors introduits. Ils vont être positionnés sur la zone représentant la lésion segmentée, guidés par l’écran de fluoroscopie augmentée. En contrôlant également sur l’écran de vidéo, le parenchyme pulmonaire est alors délicatement saisi, en prenant une attention toute particulière à ne pas mobiliser le poumon. Une seconde acquisition fluoroscopique selon une incidence différente est alors réalisée pour positionner une seconde pince à préhension, permettant une localisation plus précise de la lésion pulmonaire (en gardant toujours un contrôle par l’écran de vidéochirurgie) [figure 4].   [caption id="attachment_2977" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Procédure de localisation peropératoire avec l’écran de scopie augmentée (en haut à gauche).[/caption]   3. RÉSULTATS   3.1. Caractéristiques des patients De mars 2014 à mars 2015, 8 patients ont été inclus dans notre étude. L’âge moyen est de 61 ± 11,7 ans [37-74 ans]. Sept patients avaient une lésion unique et un patient avait 2 lésions : une lésion devait être localisée pour bénéficier d’un wedge ; l’autre, plus grosse, non (lobectomie programmée dans un autre lobe). Deux patients ont subi la résection d’un nodule inférieur à 10 mm : l’un d’eux avait 2 lésions (patient cité ci-avant) et l’autre avait un antécédent de cancer expliquant notre attitude agressive (patient 1). La taille moyenne des lésions était de 13,2 ± 5,1 mm [5-20 mm] et leur profondeur moyenne par rapport à la plèvre de 21,4 ± 10,7 mm [5-36 mm]. La densité moyenne des lésions était de 77,3 ± 81,7 HU [0-250 HU]. Les caractéristiques des patients sont résumées dans le tableau 1.   Tableau 1. Caractéristiques préopératoires des patients. Patient Âge IMC (kg/m2) Localisation de la lésion Taille (mm) Densité moyenne (HU) Distance à la plèvre (mm) 1 64 36 lobe supérieur droit 8 0 18 2 37 23 lobe inférieur gauche 16 250 5 3 54 25 lobe inférieur droit 12 100 30 4 67 35 lobe inférieur droit 16 88 36 5 59 24 lobe supérieur droit 11 0 20 6 61 43 lobe inférieur droit 20 13 28 7 72 38 lobe inférieur gauche 18 90 26 8 74 34 lobe supérieur gauche (+ lobe inférieur gauche : lésion plus grosse ; pas de localisation de cette lésion) 5 77 8,6   IMC : indice de masse corporelle ; HU : Hounsfield Unit.   3.2. Geste chirurgical Quatre patients ont subi une résection de type wedge associée à un curage ganglionnaire médiastinal. Deux patients ont eu un wedge suivi d’une lobectomie associée à un curage en raison de la nature de la tumeur à l’examen extemporané (adénocarcinome bronchique). Un patient a eu un wedge du lobe supérieur associé à une lobectomie inférieure et un curage ganglionnaire. Un patient, après la localisation peropératoire (lésion très profonde, proche de l’artère pulmonaire), devait subir une lobectomie. Mais du fait d’une plaie artérielle, il a subi une bilobectomie après conversion en thoracotomie. Le temps opératoire moyen était de 100,6 ± 36,7 min [60-150 min]. La nature anatomopathologique des lésions était un adénocarcinome bronchopulmonaire pour 2 patients, des métastases pour 4 patients, une tumeur carcinoïde typique pour un patient et une lésion fibreuse aspécifique pour le dernier. Toutes les résections étaient R0. Ces données figurent dans le tableau 2.   Tableau 2. Geste chirurgical. Patient Type de résection Temps opératoire total (min) Histologie de la lésion Qualité de la résection 1 wedge + CG 70 Lésion fibreuse (bénigne) NA 2 wedge + CG 60 Métastase de rhabdomyosarcome R0 3 wedge + CG 70 Métastase de cancer ORL R0 4 bilobectomie inférieure (plaie artérielle) 150 Métastase de cancer à cellule claire (rein) R0 5 LSD + CG 100 Adénocarcinome pulmonaire R0 6 wedge + CG 80 Tumeur carcinoïde R0 7 wedge suivi de LIG + curage ganglionnaire 150 Adénocarcinome pulmonaire R0 8 wedge lobe supérieur gauche + LIG +CG 125 Métastase de rhabdomyosarcome R0 CG : curage ganglionnaire ; LSD : lobectomie supérieure droite ; LIG : lobectomie inférieure gauche.   3.3. Acquisition CBCT peropératoire Pour les 8 patients, l’acquisition CBCT a été réalisée avec succès. Dans tous les cas, la lésion a pu être identifiée sur les images obtenues. Pour 2 patients, l’acquisition DynaCT a néanmoins due être répétée. Les raisons de cette répétition étaient les suivantes : pneumothorax trop important, entraînant un collapsus et une densification trop importante du parenchyme pulmonaire ; la distinction entre le nodule et le parenchyme sain était alors impossible ; reventilation inattendue du poumon exclu et mauvais cadrage du thorax. L’estimation de l’irradiation induite par la procédure était de 4258 ± 2242 μGy.m2 [1232-8283 μGy.m2]. Plusieurs paramètres ont influé sur la qualité des images : la morphologie des patients : les patients minces avaient une meilleure résolution en contraste ; l’apnée : l’incapacité à réaliser une apnée lors de l’acquisition CBCT induit un flou cinétique important ; le trapping optimal du poumon avec un pneumothorax ni trop important ni trop faible. La segmentation a été réalisée avec succès pour l’ensemble des patients.   3.4. Localisation peropératoire avec scopie en réalité augmentée Nous avons été capable de détecter tous les nodules et de réaliser la résection dans tous les cas grâce à la scopie en réalité augmentée. Pour 5 patients, une seule incidence de scopie a permis de localiser de manière pertinente le nodule. Le temps moyen de scopie était de 134,2 ± 55,0 s [24-204 s]. Le temps moyen entre l’incision cutanée et la localisation du nodule était de 11,8 ± 3,8 min [7-17 min]. Les détails relatifs à l’imagerie sont présentés dans le tableau 3.   Tableau 3. Détails relatifs à l’imagerie. Patient Temps de scopie (sec) Temps d'imagerie (min) Estimation de la dose d'irradiation (μGym2) 1 24 17 4695 2 174 11 1232 3 204 15 2932 4 126 9 5655 5 126 16 2468 6 150 8 8283 7 168 7 5559 8 102 11 3239   3.5. Suites opératoires Tous les patients sont vivants et sont sortis de l’hôpital. La durée moyenne d’hospitalisation était de 6,0 ± 3,7 jours [4-15 j]. Un patient a présenté une pneumopathie postopératoire avec un bullage prolongé et un autre a présenté une AC/FA paroxystique après la procédure.   4. DISCUSSION À ce jour et à notre connaissance, ce travail est le premier décrivant l’utilisation peropératoire du CBCT lors d’une chirurgie thoracique. Cette étude montre que le CBCT est un outil utilisable et pertinent pour la localisation peropératoire des nodules pulmonaires avec le concours de la réalité augmentée. En effet, nous avons montré que l’utilisation du CBCT peropératoire était faisable et permettait d’obtenir des images sur lesquelles sont identifiables les nodules pulmonaires. Ces résultats ont d’ailleurs déjà été démontrés en pneumologie interventionnelle, en radiothérapie, en radiologie, mais jamais lors d’une chirurgie thoracique [12-14,17]. Nos interventions chirurgicales étaient d’une durée conventionnelle, en incluant le temps d’acquisition CBCT et de localisation du nodule. Nous n’avons pas à déplorer de complications directement liées à la procédure de localisation ; un patient a en revanche dû subir une bilobectomie à la place d’une lobectomie à cause d’une plaie artérielle. De plus, l’irradiation additionnelle liée à la procédure est acceptable, représentant la moitié d’un scanner conventionnel. En pneumologie interventionnelle, Hohenforst-Schmidt et al. ont utilisé une approche assez similaire à la nôtre [13]. Après l’acquisition CBCT, la lésion ciblée est localisée sur les images en reconstruction multiplanaire. L’arbre trachéobronchique est identifié et le trajet endobronchique optimal de l’endoscope jusqu’au nodule est projeté sur les images de scopie, en réalité augmentée. Ainsi, ces images de scopie en réalité augmentée et les images classiques du fibroscope sont utilisées en même temps. Les auteurs décrivent l’utilisation de la jet-ventilation comme moyen d’éviter le flou cinétique et d’optimiser la précision de la localisation lorsque les apnées ne sont pas possibles lors de la procédure. En chirurgie thoracique, Ohtaka et al. ont associé la technologie CBCT à la VATS. Néanmoins, l’utilisation du CBCT est, en réalité, réalisée en préopératoire pour placer un hameçon ; de plus ils utilisent un O-arm et non un C-arm [17]. Plus important, on reprochera à ce travail un taux inquiétant de fistules bronchopulmonaires (3 fistules sur 10 cas rapportés). Dans le même ordre d’idées, d’autres travaux en chirurgie thoracique ont rapporté l’utilisation du CBCT, mais il s’agissait à chaque fois d’une utilisation avant l’initiation de la chirurgie pour mettre en place un marqueur [18-20]. En revanche, dans un travail préliminaire (expérimentation animale), Schafer et al. décrivent une approche similaire à la nôtre. Ils combinent l’acquisition CBCT, un recalage automatique, un système de guidage optique et de la réalité augmentée [21]. Ainsi, toutes les informations sont apparemment représentées sur l’écran de vidéothoracoscopie. L’utilisation de l’échographie peropératoire à travers les orifices de trocart semble être une alternative très intéressante à notre méthode, technique notamment développée par l’équipe de Montréal [22]. Non invasive, non irradiante, d’une durée de moins de 10 minutes, utilisable en peropératoire, l’échographie peropératoire semble séduisante. Néanmoins, on peut tout de même s’interroger sur la courbe d’apprentissage décrite comme très courte selon les auteurs (quand on sait la dépendance à l’opérateur de l’échographie en générale). De même près de 60 % des nodules localisés étaient à moins d’un centimètre de la plèvre et 8 nodules faisaient plus de 20 mm de grand axe (un mesurait même 62 mm). En dépit du fait qu’aucun patient avec des nodules en verre dépoli n’a été inclus dans cette étude pilote, l’utilisation du CBCT en peropératoire dans cette indication trouverait pourtant tout son intérêt [12,17]. Cependant, la densité du parenchyme pulmonaire sain est de - 900 HU, comparé à - 800 jusqu’à - 650 HU pour les nodules en verre dépoli. Bien que la différence de contraste en résolution du CBCT et du scanner conventionnel ne soit que de 5 HU, le pneumothorax et l’affaissement du poumon induisent sa densification. La densité du parenchyme sain et celle du nodule en verre dépoli tendraient donc à se confondre. Un système de recalage mériterait donc d’être développé. En comparaison aux autres systèmes de localisation actuellement disponible, l’utilisation de notre système utilisant le CBCT et la réalité augmentée présente de réels avantages. Il s’agit d’une procédure courte, non invasive, pouvant être réalisée par le chirurgien en personne au bloc opératoire. Le bénéfice en terme organisationnel – quand on sait la difficulté d’organiser les ponctions préopératoires – est non négligeable. Des limites sont néanmoins à opposer à ce travail. Tout d’abord nous sommes confrontés à une véritable méconnaissance des propriétés biomécaniques exactes du parenchyme pulmonaire : grande déformabilité en périphérie, rigidité près des régions hilaires et de l’arbre trachéobronchique. En outre, le poumon est un organe très mobile, plus « plastique » qu’« élastique », avec une vraie mémoire de forme lorsqu’il est non ventilé. De plus, nous réalisons une acquisition CBCT du poumon dans une certaine conformation (position, déflation). Dès lors que le poumon est mobilisé, cette acquisition CBCT n’est plus valide. Aucune solution simple n’existe à l’ensemble de ces difficultés. Une partie des réponses a été proposée par Uneri et al. [23]. Ils décrivent le comportement du poumon après création du pneumothorax à partir de CBCT réalisés en conditions chirurgicales. Néanmoins ce travail apporte une méthode de recalage extrêmement compliquée, dont l’application clinique est clairement limitée par la complexité du modèle mathématique utilisé. De plus, notre approche innovante n’a été réalisée que sur 8 patients. En conséquence, ce travail n’établit pas la supériorité ni même la validité de notre système de localisation. Il met en évidence sa faisabilité et son applicabilité à la pratique clinique, avec des résultats préliminaires très encourageants. Des travaux complémentaires avec un plus grand nombre de patients sont indispensables. Une autre limite de cette étude consiste dans le fait qu’elle a été réalisée dans une salle hybride. Ce type de salles n’est pas utilisé en pratique courante en chirurgie thoracique. En effet, ces salles sont présentes le plus souvent dans des centres de recherche et leur coût limite de manière importante l’applicabilité de ce travail. De plus, elles sont souvent dédiées aux équipes de cardiologie, radiologie, chirurgie cardiaque et vasculaire. Trouver des disponibilités additionnelles aux équipes de chirurgie thoracique n’est pas chose facile. Ces limites vont probablement disparaître avec le développement de C-arm équipés de CBCT, plus conventionnels et mobiles [21]. Cette étude pilote ouvre de nombreux axes de recherche. Au vu de ses limites, le développement d’un système de recalage semble opportun, reposant sur une étude des propriétés biomécaniques du poumon. Ceci sera appliqué aux problématiques du nodule en verre dépoli et à la mobilisation du poumon. Un autre champ de recherche serait de développer un outil projetant directement la réalité augmentée sur l’écran de vidéothoracoscopie sans avoir recours à la scopie mais utilisant des systèmes de localisation optiques ou magnétiques.   5. CONCLUSION À notre connaissance, ce travail est le premier décrivant l’application clinique de l’utilisation du CBCT en peropératoire en chirurgie thoracique. Une telle utilisation est faisable et semble représenter un outil efficace pour détecter et aider à la localisation de petits nodules pulmonaires en VATS. Associé à la réalité augmentée, cet outil offre une avancée significative pour la vidéothoracoscopie et la résection de nodules centimétriques non palpables.   RÉFÉRENCES National Lung Screening Trial Research Team, Aberle DR, Adams AM, Berg CD, Black WC, Clapp JD et al. Reduced lung-cancer mortality with low-dose computed tomographic screening. N Engl J Med 2011;365:395-409. Pinsky PF, Berg CD. Applying the National Lung Screening Trial eligibility criteria to the US population: what percent of the population and of incident lung cancers would be covered? J Med Screen 2012;19:154-6. Suzuki K, Nagai K, Yoshida J, Ohmatsu H, Takahashi K, Nishimura M et al. Video-assisted thoracoscopic surgery for small indeterminate pulmonary nodules: indications for preoperative marking. CHEST J 1999;115:563-8. Luh S, Liu H. Video-assisted thoracic surgery–The past, present status and the future. J Zhejiang Univ Sci B 2006;7:118-28. Zaman M, Bilal H, Woo CY, Tang A. In patients undergoing video-assisted thoracoscopic surgery excision, what is the best way to locate a subcentimetre solitary pulmonary nodule in order to achieve successful excision? Interact Cardiovasc Thorac Surg 2012;15:266-72. Tamura M, Oda M, Fujimori H, Shimizu Y, Matsumoto I, Watanabe G. New indication for preoperative marking of small peripheral pulmonary nodules in thoracoscopic surgery. Interact Cardiovasc Thorac Surg 2010;11:590-3. Koyama H, Noma S, Tamaki Y, Goto K, Kitamura E, Maeda T et al. CT localisation of small pulmonary nodules prior to thorascopic resection: Evaluation of a point marker system. Eur J Radiol 2008;65:468-72. Mamatha J, Chaitra KR, Paul RK, George M, Anitha J, Khanna B. Cone Beam Computed Tomography-Dawn of A New Imaging Modality in Orthodontics. J Int Oral Health JIOH 2015;7:96-9. De Vos W, Casselman J, Swennen GRJ. Cone-beam computerized tomography (CBCT) imaging of the oral and maxillofacial region: A systematic review of the literature. Int J Oral Maxillofac Surg 2009;38:609-25. Gupta J, Ali SP. Cone beam computed tomography in oral implants. Natl J Maxillofac Surg 2013;4:2-6. Kang J, Huang J, Gailloud P, Rigamonti D, Lim M, Bernard V et al. Planning evaluation of C-arm cone beam CT angiography for target delineation in stereotactic radiation surgery of brain arteriovenous malformations. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2014;90:430-7. Choi JW, Park CM, Goo JM, Park Y-K, Sung W, Lee H-J et al. C-Arm Cone-Beam CT–Guided Percutaneous Transthoracic Needle Biopsy of Small (≤ 20 mm) Lung Nodules: Diagnostic Accuracy and Complications in 161 Patients. Am J Roentgenol 2012;199:W322-30. Hohenforst-Schmidt W, Zarogoulidis P, Vogl T, Turner JF, Browning R, Linsmeier B, et al. Cone Beam Computertomography (CBCT) in Interventional Chest Medicine–High Feasibility for Endobronchial Realtime Navigation. J Cancer 2014;5:231-41. Wang Z, Wu QJ, Marks LB, Larrier N, Yin F-F. Cone-beam CT localization of internal target volumes for stereotactic body radiotherapy of lung lesions. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;69:1618-24. Pyone YY, Suriyapee S, Sanghangthum T, Oonsiri S, Tawonwong T. Determination of effective doses in image-guided radiation therapy system. J Phys Conf Ser 2016;694:012007. Alvarado R, Booth JT, Bromley RM, Gustafsson HB. An investigation of image guidance dose for breast radiotherapy. J Appl Clin Med Phys 2013;14. Ohtaka K, Takahashi Y, Kaga K, Senmaru N, Kotani Y, Matsui Y. Video-assisted thoracoscopic surgery using mobile computed tomography: New method for locating of small lung nodules. J Cardiothorac Surg 2014;9:110. Gill RR, Zheng Y, Barlow JS, Jayender J, Girard EE, Hartigan PM et al. Image-guided Video Assisted Thoracoscopic Surgery (iVATS)–Phase I-II Clinical Trial. J Surg Oncol 2015;112:18-25. Narayanam S, Gerstle T, Amaral J, John P, Parra D, Temple M et al. Lung tattooing combined with immediate video-assisted thoracoscopic resection (IVATR) as a single procedure in a hybrid room: our institutional experience in a pediatric population. Pediatr Radiol 2013;43:1144-51. Kim TH, Park CM, Lee SM, McAdams HP, Kim YT, Goo JM. Percutaneous transthoracic localization of pulmonary nodules under C-arm cone-beam CT virtual navigation guidance. Diagn Interv Radiol Ank Turk 2016;22:224-30. Schafer S, Otake Y, Uneri A, Mirota DJ, Nithiananthan S, Stayman JW, et al. High-performance C-arm cone-beam CT guidance of thoracic surgery. In: Holmes III DR, Wong KH, editors 2012, p. 83161I. Khereba M, Ferraro P, Duranceau A, Martin J, Goudie E, Thiffault V et al. Thoracoscopic localization of intraparenchymal pulmonary nodules using direct intracavitary thoracoscopic ultrasonography prevents conversion of VATS procedures to thoracotomy in selected patients. J Thorac Cardiovasc Surg 2012;144:1160-5. Uneri A, Nithiananthan S, Schafer S, Otake Y, Stayman JW, Kleinszig G et al. Deformable registration of the inflated and deflated lung in cone-beam CT-guided thoracic surgery: Initial investigation of a combined model-and image-driven approach. Med Phys 2013;40:017501. Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 29/09/2016. Acceptation : 07/11/2016.   
décembre 8, 2016
Chirurgie thoracique · Vol. 20 Décembre 2016

ECMO pour défaillance primaire du greffon grade 3 après transplantation pulmonaire : résultats à moyen et long termes

Jocelyn Bellier1*, Pierre Lhommet1, Pierre Bonnette1, Philippe Puyo1, Morgan Le Guen2, Antoine Roux3, Édouard Sage1, Alain Chapelier1, groupe de transplantation Foch   1. Service de chirurgie thoracique et transplantation pulmonaire, hôpital Foch, Suresnes. 2. Service d’anesthésie-réanimation, hôpital Foch, Suresnes, France. 3. Service de pneumologie, hôpital Foch, Suresnes, France. Correspondance : j.bellier@hopital-foch.org   Résumé Objectif : évaluer l’impact sur la survie et la fonction pulmonaire de la mise en place d’une ECMO pour défaillance primaire du greffon après transplantation pulmonaire. Méthode : il s’agit d’une étude rétrospective mononcentrique incluant les patients transplantés au sein de l’hôpital Foch de janvier 2007 à décembre 2013. Résultats : deux cent sept patients ont été transplantés durant cette période. Les patients étaient majoritairement des hommes (54,4 %). L’âge médian était de 39 ans et la principale pathologie était la mucoviscidose (52,9 %). Une ECMO pour DPG a été nécessaire dans 24 cas (11,7 %). La mortalité à 3 mois dans le groupe ECMO était de 50 %. À long terme, la survie ne semblait pas influencée par une DPG nécessitant une ECMO. Le VEMS et la CV étaient statistiquement diminués chez ces patients, notamment ceux souffrant de fibrose. Conclusion : l’ECMO VA semble être un outil adapté à la prise en charge de DPG sévère après transplantation pulmonaire. La DPG sévère nécessitant une ECMO présente une mortalité initiale augmentée mais, à long terme, la survie est comparable aux autres patietns. Ni la fonction pulmonaire, ni le rejet chronique ne semblaient liés à la nécessité d’une ECMO pour DPG réfractaire.   Abstract Objective: To evaluate the impact on survival and lung function of ECMO for primary graft dysfunction (PGD) after lung transplantation. Method: This is a retrospective and monocentric study including patients transplanted in the Foch Hospital from January 2007 to December 2013. Results: Two hundred and seven patients were transplanted during this period. Patients were predominantly men (54.4%). The median age was 39 years and the main pathology was cystic fibrosis (52.9%). ECMO for PGD was mandatory in 24 cases (11.7%). Mortality at 3 months in the ECMO group was 50%. However, long-term survival was not influenced by PGD with ECMO. FEV and CV were statistically reduced for patients with PGD requiring ECMO, especially those suffering from fibrosis. Conclusion: VA ECMO seems to be a suitable tool for management of PGD after lung transplantation. Patients with severe PGD requiring ECMO have an increased initial mortality; however, long-term survival is comparable to other patients. Lung function or chronic rejection does not appear related to refractory PGD requiring ECMO.   1. INTRODUCTION En transplantation pulmonaire (TP), la défaillance primaire du greffon (DPG) est la complication postopératoire la plus fréquente. La DPG a été classée en 3 grades par l’International Society of Heart and Lung Transplantation (ISHLT) [1] selon des critères gazométriques, radiologiques et la présence d’une assistance extracorporelle postopératoire. Sa forme la plus grave, dite de grade 3, peut atteindre une incidence de 25 % et une mortalité de 50% [2]. Dans ces formes sévères, l’Extra Corporeal Membrane Oxygenation (ECMO) représente un outil thérapeutique efficace et innovant comme en attestent des études récentes [3-5]. Bien que les résultats à court terme soient encourageants, les conséquences sur la survie et la fonction pulmonaire à long terme des DPG grade 3 sévères sous assistance extracorporelle sont encore assez peu connues. Ce travail a pour objectif d’étudier la survie et la fonction pulmonaire chez les patients dont la DPG a nécessité la mise en place d’une ECMO.   2. PATIENTS ET MÉTHODES   2.1. Méthodologie de l’étude Toutes les TP réalisées à l’hôpital Foch de Suresnes de janvier 2007 à décembre 2013 ont été répertoriées. Les données ont été rétrospectivement colligées à partir des dossiers médicaux tenus à jour de façon prospective. Le recueil des données a été mis à jour jusqu’en mars 2015. Ont été exclus les patients transplantés cœur-poumons, les patients transplantés en « super urgence » [6], les patients dont les greffons ont bénéficié d’une réhabilitation ex-vivo [7] et les patients retransplantés. Ont été inclus tous les patients ayant bénéficié d’une transplantation monopulmonaire (TMP) ou transplantation bipulmonaire (TBP) et les patients ayant bénéficié d’une TBP combinée à une transplantation rénale ou hépatique. Les pathologies pulmonaires ont été définies comme suit : Groupe M : patients atteints de mucoviscidose ou dilatation de bronches. Groupe E : patients présentant un emphysème post-tabagique ou déficitaire en lpha-1 antitrypsine. Groupe F : patients présentant une fibrose et des pathologies rares telles que la lymphangioléiomyomatose, la maladie des cils immobiles et l’atteinte pulmonaire des réactions « hôte contre greffe » après allogreffe de moelle osseuse. Les patients ont été répartis en 3 groupes selon le grade de DPG et la présence d’une ECMO postopératoire : Groupe 1 : patient présentant une DPG grade 0 à 2. Groupe 2 : patient présentant une DPG grade 3 sans ECMO. Groupe 3 : patient présentant une DPG grade 3 avec ECMO.   2.2. Technique chirurgicale Les transplantations bipulmonaires étaient réalisées comme décrit par Bisson et Bonnette [8] : une implantation séquentielle par thoracotomie antérolatérale. La mise en place d’une assistance extracorporelle n’était pas systématique mais était discutée au cas par cas en préopératoire ou mise en place en peropératoire en cas de nécessité hémodynamique et/ou ventilatoire.   2.3. ECMO L’assistance VA fémorale a été placée par voie chirurgicale et le bon positionnement de la canule veineuse a été vérifié par échographie transœsophagienne et radiographique. Le circuit d’ECMO comportait une pompe centrifuge (Rotaflow®, Maquet, Wayne, New Jersey, États-Unis), des canules préhéparinées (HLS®, Maquet, Wayne), un oxygénateur (PLS®, Maquet, Wayne, NJ) et un circuit préhépariné (Maquet, Wayne).   2.4. Données      Les paramètres préopératoires incluaient l’âge, le sexe, le poids, la taille, l’indice de masse corporel (IMC), le temps d’attente sur liste (en jours) et le groupe de pathologies amenant à l’insuffisance respiratoire. Les paramètres peropératoires comportaient le type de TP, les durées d’ischémie, le nombre de culots globulaires transfusés en peropératoire. Enfin les données postopératoires comprenaient la survenue d’une DPG et son grade, la durée de séjour en réanimation et d’hospitalisation, la durée de ventilation, la mesure du volume expiratoire maximum seconde (VEMS) en pourcentage du VEMS théorique à 6 mois, 1 an et 2 ans (VEMS 6, VEMS 12 et VEMS 24), la mesure de la capacité vitale (CV) en pourcentage de la CV théorique à 6 mois, 1 an et 2 ans (CV 6, CV 12 et CV 24), la survenue d’une dysfonction chronique (chronic lung allograft dysfunction [CLAD]) et la survie.   2.5. Statistiques Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel SPSS version 17 (SPSSTM Inc., Chicago, IL, États-Unis). Les variables continues sont décrites sous la forme de moyenne ± écart type ou de leur médiane [minimum ; maximum]. Les variables qualitatives le sont par la fréquence de chaque classe. En cas d’effectifs inférieurs à 5, un regroupement de classe a été réalisé. Chaque variable a été analysée séparément. La normalité de distribution de chaque variable continue a été évaluée par le test de Shapiro-Wilk. La comparaison entre les variables continues a été réalisée par le test T de Student ou par l’analyse de la variance selon le nombre de groupes. En l’absence de normalité de la distribution, les tests de Mann-Whitney et de Kruskal-Wallis ont été utilisés. Le lien entre deux variables qualitatives a été étudié par le test de Chi 2. La survie est exprimée par la moyenne en mois avec son intervalle de confiance à 95 % et a été analysée selon la méthode Kaplan-Meier avec une comparaison des courbes de survie par le test du Log-rank. Une analyse uni puis multivariée selon Cox a été effectuée après vérification de l’hypothèse des risques proportionnels. Si cette hypothèse n’était pas réalisée, un découpage temporel était réalisé. Pour les analyses multivariées, un seuil de significativité inférieure à 20 % était requis. La significativité des tests était retenue pour un p < 5 %.   3. RÉSULTATS   3.1. Descriptif de la cohorte Au total, la cohorte inclut 206 patients. La majorité des patients était des hommes (n = 112, 54,4 %), l’âge moyen médian était de 39 ans [17 ; 65]. La moitié des patients présentait une mucoviscidose ou une dilatation de bronches (n = 109, 52,9 %). La médiane de durée d’attente sur liste était de 39,5 jours [1 ; 442]. Le tableau 1 résume les caractéristiques globales de la cohorte de patients.   Tableau 1. Caractéristiques globales de la cohorte. Paramètres Médiane [min ; max] Âge (années) 39 [17 ; 65] Poids (kg) 53 [32 ; 95] IMC (kg.m²) 19,3 [13,3 ; 36,6] Temps attente (j) 39,5 [1 ; 442] N % Sexe                   H/F 112/94 54,4/45,6 Pathologies Groupe M 109 52,9 Groupe E 52 25,2 Groupe F 45 21,8   Il s’agissait d’une TBP chez 182 patients (85,4 %) et d’une TMP chez 24 patients (11,7 %), bipulmonaire. La TBP était combinée à une transplantation rénale chez 4 patients et combinée à une transplantation hépatique chez 2 patients. La transfusion de concentrés globulaires moyenne était de 5,4 unités (± 4,1). La durée moyenne d’ischémie était de 245 min (± 71,2) pour le 1er greffon et de 352 min (± 79,3) pour le 2e greffon. L’assistance postopératoire faisait suite à une assistance peropératoire dans 19 cas et a été instaurée en postopératoire dans 5 cas. Une DPG de grade 3 survenait dans 47 cas dont 24 (51,1 %) ont nécessité la mise en place ou le maintien d’une ECMO [tableau 2]. L’ECMO postopératoire pour DPG était veinoartérielle chez 23 patients (95,8 %) et veinoveineuse dans 1 cas (4,2 %), celle-ci faisait suite à une assistance centrale peropératoire. Parmi ces patients, 12 (50 %) appartenaient au groupe F, 9 (37,5 %) au groupe M et 3 (12,5 %) au groupe E. La présence d’une ECMO pour DPG était significativement plus fréquente dans le groupe Fibrose (p = 0,001). La transplantation était monopulmonaire dans 7 cas et bipulmonaire dans 17 cas.   Tableau 2. Classement des DPG. DPG N % Groupe DPG Définition N % 0 27 13,1 1 DPG < 3 159 77,2 1 75 36,4 2 57 27,7 3 47 22,8 2 DPG 3 sans ECMO 23 11,2 3 DPG 3 avec ECMO 24 11,7   3.2. Durée de ventilation invasive Sur l’ensemble de la cohorte, 87 patients (42,2 %) ont pu être extubés au bloc opératoire. Pour les 119 patients (57,8 %) restants, la médiane de durée de ventilation invasive était de 7 jours [0,5 ; 270]. Dans le groupe de pathologie M, la durée médiane de ventilation invasive était de 6 jours [0,5 ; 270]. Elle était de 7 jours [0,5 ; 39] dans le groupe E et de 25 jours [1 ; 144] dans le groupe F. Le groupe F avait une durée de ventilation invasive significativement plus longue que les 2 autres groupes de pathologie (p = 0,005 et p = 0,023). Ces derniers avaient des durées de ventilation comparable (p = 0,579). Dans le groupe 1, la durée médiane de ventilation invasive était de 3 jours [0,5 ; 270]. Elle était de 19 jours [5 ; 69] dans le groupe 2 et de 23 jours [1 ; 144] dans le groupe 3. La durée de ventilation invasive significativement plus courte dans le groupe 1 que dans les 2 autres groupes de DPG (p = 0,0001). Les durées de ventilation invasive étaient comparables dans les groupes 2 et 3 (p = 0,623).   3.3. Durée du séjour en réanimation La durée médiane du séjour en réanimation de la population globale était de 7 jours [2 ; 132]. Elle était de 6 jours [2 ; 72] dans le groupe M, de 7 jours [2 ; 33] dans le groupe E et de 17 jours dans le groupe F. La durée de séjour en réanimation était significativement plus longue dans le groupe F que les 2 autres groupes (p < 0,0001 et p = 0,001). Les durées de séjour en réanimation des groupes M et E étaient comparables (p = 0,476). La durée médiane de séjour en réanimation était respectivement de 6 jours [2 ; 43] dans le groupe 1, de 16 jours [6 ; 72] dans le groupe 2 et de 31 jours [5 ; 132] dans le groupe 3. La durée de séjour en réanimation était significativement plus longue selon la gravité croissante du groupe de DPG (p < 0,0001).   3.4. Durée d’hospitalisation La durée médiane d’hospitalisation de la population globale était de 22 jours [2 ; 377]. La durée médiane d’hospitalisation était de 18 jours [2 ; 125] dans le groupe M. Elle était de 23 jours dans le groupe E et 38 jours [9 ; 175] dans le groupe F. La durée d’hospitalisation était significativement plus longue pour le groupe F (p = 0,021 et p < 0,0001). Les groupes M et E avaient des durées d’hospitalisation comparables (p = 0,099). Dans le groupe 1, la durée médiane d’hospitalisation était de 20 jours [2 ; 377] contre 25 jours [3 ; 116] dans le groupe 2 et 33 jours [11 ; 130] dans le groupe 3. Seule la durée d’hospitalisation entre les groupes 1 et 3 différait significativement avec une hospitalisation plus longue pour le groupe 3 (p = 0,018).   3.5. Morbidité et survie Sur l’ensemble de la cohorte, 162 patients (78,3 %) ont présenté au moins une complication [tableau 3]. La morbidité directement imputable à la présence d’une ECMO concernait 14 patients sur les 24 (58,3 %) pour lesquels une assistance postopératoire a été utilisée. Les principales complications dues à la présence d’une ECMO étaient une ischémie du membre inférieure dans 3 cas avec embolectomie chez 2 patients et une aponévrotomie de décharge pour syndrome des loges chez un patient, d’une thrombose veineuse dans 4 cas, un choc hémorragique dans 3 cas, une lymphorhée dans 2 cas, un hématome de la cuisse dans un cas et un hématome rétropéritonéal avec embolisation dans 1 cas chacun.   Tableau 3. Complications postopératoires. Complications N % Pneumopathie 87 42,2 % Parésie/paralysie phrénique 22 10,7 % Hémothorax avec réintervention 11 5,3 % Choc septique 15 7,3 % Accident vasculaire cérébral 9 4,4 % Complications digestives 6 2,9 % Complications ECMO 14/24 58,3 %   La survie globale moyenne était estimée à 71,1 mois (IC à 95 % [65,6 ; 76,7]). Les taux de survie à 1 an, 3 ans et 5 ans étaient respectivement de 77 %, 72 % et 71 %. La survie était statistiquement différente selon les groupes de pathologie. La survie moyenne était de 83,3 mois (IC à 95% [77,4 ; 89,2]) pour le groupe M. Elle était de 67,8 mois (IC à 95% [56,3 ; 79,3]) pour le groupe E et de 42,9 mois (IC à 95% [30,9 ; 55]) pour le groupe F (p < 0,0001) [figure 1].   [caption id="attachment_2983" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Courbe de survie selon le groupe de pathologie par la méthode de Kaplan-Meier avec test du log-rank.[/caption]   La mortalité à 3 mois était respectivement de 11 % dans le groupe 1 de DPG, 9 % dans le groupe 2 de DPG et de 50 % dans le groupe 3 de DPG. La moyenne de survie était de 75,4 mois (IC à 95 % [69,4 ; 81,3]) dans le groupe 1 de DPG, 65,5 mois (IC à 95 % [48,8 ; 82,2]) dans le groupe 2 et 45,1 mois (IC à 95 % [27,5 ; 62,7]) dans le groupe 3 (p = 0,002) [figure 2]. Le tableau 4 compare les survies selon les paramètres prédéfinis. Six paramètres influençaient la survie globale : l’âge, la pathologie pulmonaire, le type de transplantation, le groupe de DPG et la survenue d’une CLAD. Les mêmes analyses ont été réalisées en imposant une survie conditionnelle supérieure à 3 mois. Celles-ci montraient la persistance de l’influence de paramètres tels que la pathologie pulmonaire sous-jacente, le type de transplantation et la survenue d’une CLAD. Mais ni la présence d’une assistance, ni le groupe de DPG n’influençaient encore la survie.   [caption id="attachment_2984" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Courbe de survie selon le groupe de DPG par la méthode de Kaplan-Meier avec test du log-rank.[/caption]   Tableau 4. Comparaisons de la survie selon la méthode de Kaplan-Meier avec test du log-rank pour la survie globale et la survie conditionnelle à 3 mois. Paramètres Survie globale IC à 95 % p Survie conditionnelle à 3 mois IC à 95 % p Sexe F 73,2 [65,2 ; 81,3] 0,529 77,8 [70,9 ; 84,7] 0,056 H 69,5 [61,9 ; 77,1] 86,9 [81,1 ; 92,8] Âge < 40 ans 77,6 [70,7 ; 84,5] 0,013 85,3 [79,6 ; 90,9] 0,092 > 40 ans 63,5 [54,8 ; 72,3] 77 [69,1 ; 84,9] Pathologies M 83,3 [77,3 ; 89,2] <0,0001 87,3 [82,1 ; 92,4] 0,001 E 67,8 [56,3 ; 79,3] 81,8 [72,2 ; 91,4] F 42,9 [30,9 ; 55] 60,1 [47,3 ; 72,9] Transplantation Mono P 42,1 [24,6 ; 59,6] <0,0001 67 [48 ; 86] 0,029 Bi P 75,4 [69,9 ; 80,9] 83,6 [78,9 ; 88,3] Transfusion < 5 CG 71,3 [64,3 ; 78,4] 0,848 79,5 [73,2 ; 85,8] 0,268 peropératoire >5 CG 70,8 [61,8 ; 79,8] 85,5 [78,6 ; 92,3] Ischémie < 245 min 72,3 [64,5 ; 80,1] 0,612 83,1 [76,7 ; 89,5] 0,5 1er côté > 245 min 69,9 [61,2 ; 77,8] 80,4 [73,5 ; 87,3] Ischémie < 352min 71,3 [63,1 ; 79,5] 0,163 80,9 [73,9 ; 88,1] 0,321 2e côté > 352 min 79,8 [72,6 ; 86,9] 86,4 [80,4 ; 92,3] DPG Gr 1 75,4 [69,4 ; 82,2] 0,002 82 [76,8 ; 87,2] 0,119 Gr 2 65,5 [48,8 ; 82,2] 71,7 [55,8 ; 87,6] Gr 3 45,1 [27,5 ; 62,7] NC NC   Un modèle de Cox univarié [tableau 5] a été réalisé avec les mêmes variables. L’hypothèse des risques proportionnels étant proche de la significativité (p = 0,078) pour la variable « groupe de DPG », un groupement temporel a été effectué à 3 mois. Dans les 3 premiers mois, le groupe 3 de DPG présentait un risque relatif de décès de 3,921 ([1,275 ; 12,059], p = 0,0172) plus élevé que les 2 autres groupe de DPG. Après le test de plusieurs modèles de Cox multivariés, 2 facteurs pronostiques de la survie ont été identifiés : le groupe de pathologie F par rapport aux groupes M et E avec un RR de 4,824 (IC à 95 % [1,506 ; 15,458], p = 0,008) et la survenue d’une CLAD avec un RR de 6,284 (IC à 95 % [2,485 ; 15,881], p < 0,0001).   Tableau 5. Modèles de Cox univariés des paramètres étudiés. Paramètres RR IC à 95 % p HRP Sexe féminin 0,845 [0,496 ; 1,439] 0,535 0,127 Âge 1,03 [1,01 ; 1,05] 0,003 0,509 Pathologie F 2,281 [1,664 ; 3,125] < 0,0001 0,6 Greffe bipulmonaire 0,318 [0,178 ; 0,568]] 0,0001 0,276 Transfusion > 5CG 1,053 [0,616 ; 1,801] 0,849 0,128 Groupe DPG 1,447 [1,095 ; 1,912] 0,0093 0,078 Gr 3 versus 1 & 2 2,8 [1,475 ; 5,315] 0,0016 0,001 Dans les 3 premiers mois 3,921 [1,275 ; 12,059] 0,0172 NC Après les 3 premiers mois 1,269 [0,723 ; 2,227] 0,407 NC CLAD 6,465 [2,608 ; 16,025] < 0,0001 0,115   3.6. Évaluation de la fonction pulmonaire   3.6.1. Volume expiratoire maximal seconde Les VEMS à 6 mois, 1 an et 2 ans dans la population d’étude étaient de 73,4 % (± 22,4), 77,6 % (± 21,4) et 78,1 % (± 24,3). Une analyse par ANOVA a permis de trouver une différence significative entre ces valeurs avec une augmentation de la valeur moyenne de VEMS à 1 an stable lors de la mesure à 2 ans [figure 3].   [caption id="attachment_2985" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Évolution des VEMS en fonction du temps.[/caption]   Les VEMS à 6 mois, 1 an et 2 ans étaient respectivement de 76,4 % (± 20,6), 80 % (± 20,4) et 80,3 % (± 24,3) pour le groupe M, 73,6 % (± 24,5), 77,5 % (± 22,5) et 79,2 % (± 24,4) pour le groupe E et de 58,4 % (± 23,4), 65,2 % (± 21,7) et 65,2 % (± 21,6) pour le groupe F [figure 4].   [caption id="attachment_2986" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. VEMS postopératoires selon le groupe de pathologie pulmonaire.[/caption]   Nous avons pu mettre en évidence une différence significative du VEMS plus faible dans le groupe F par rapport au groupe M (p = 0,002). Les autres comparaisons ne sont pas significatives (p = 1 et p = 0,116). Les VEMS moyens à 6 mois, 1 an et 2 ans étaient de 75,3 % (± 22), 79,5 % (± 21,5) et 80,4 % (± 24,1) dans le groupe 1. Ils étaient de 69,1 % (± 23,2), 72,2 % (± 20,8) et 71,7 % (± 26,3) dans le groupe 2 contre 58,3 % (± 20,3), 65,3 % (± 17,9) et 64,1 % (± 18,5) dans le groupe 3 [figure 5]. Aucune différence significative n’a été mise en évidence entre ces 3 groupes.   [caption id="attachment_2987" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. VEMS selon le groupe de DPG.[/caption]   3.6.2. Capacité vitale La CV dans la population d’étude à 6 mois, 1 an et 2 ans étaient de 78,6 % (± 20,1), 84,5 % (± 20,5) et 87,9 % (± 21,8). L’analyse a permis de mettre en évidence une différence significative entre ces valeurs avec une augmentation de la valeur moyenne de CV de 6 mois à 2 ans [figure 6].   [caption id="attachment_2988" align="aligncenter" width="300"] Figure 6. Évolution de CV au cours du temps.[/caption]   Les CV moyennes à 6 mois, 1 an et 2 ans étaient de 79,9 % (± 18), 85,1 % (± 18,3) et 88,3 % (± 18,8) dans le groupe M. Elles étaient de 82,3 % (± 21), 89,6 % (± 21,9) et 95,6 % (± 23,9) dans le groupe E et 64,6 % (± 23,1), 70,8 % (± 23) et 70,7 % (± 23,2) dans le groupe F. Une analyse par ANOVA a permis de trouver une différence significative entre le groupe M et le groupe F (p = 0,008) et entre le groupe E et le groupe F (p = 0,002) [figure 7].   [caption id="attachment_2989" align="aligncenter" width="300"] Figure 7. Capacité vitale selon la pathologie pulmonaire.[/caption]   Les CV à 6 mois, 1 an et 2 ans dans le groupe 1 de DPG étaient 80,4 % (± 20,1), 75,6 % (± 17,7) et 63,2 % (± 17,3) versus 86,2 % (± 20,8), 81,1 % (± 16,8) et 70,2 % (± 17,3) dans le groupe 2 et 89, 8 % (± 22,1), 84,7 % (± 17,1) et 72,4 % (± 19,5) dans le groupe 3. Une analyse par ANOVA a permis de mettre en évidence des différences significatives entre les groupes 1 et 3 de DPG (p = 0,032) [figure 8].   [caption id="attachment_2990" align="aligncenter" width="300"] Figure 8. Capacité vitale selon le groupe de DPG.[/caption]   3.6.3. Dysfonction pulmonaire chronique Les données de dysfonction pulmonaire chronique après transplantation (CLAD) étaient disponibles chez 164 patients (79,6 %). Une CLAD était survenue dans 39 cas (23,8 %) : 31/133 (23,3 %) cas dans le groupe 1 de DPG, 5/20 (25 %) dans le groupe 2 de DPG et 3/11 (27, 3%) dans le groupe 3 de DPG. Le tableau 6 regroupe les comparaisons de survenue d’une CLAD.   Tableau 6. Répartition de la survenue d’une CLAD. Paramètres CLAD p Non Oui Sexe H 64 (39 %) 25 (15,2 %) 0,109 F 61 (37,2 %) 14 (8,6 %) Pathologies M 80 (48,8 %) 19 (11,6 %) 0,182 E 24 (14,6 %) 12 (7,3 %) F 21 (12,8 %) 8 (4,9 %) DPG Gr 1 102 (76,6 %) 31 (23,3%) NC* Gr 2 15 (75 %) 5 (25 %) NC* Gr 3 8 (72,7 %) 3 (27,3 %) NC* NC : non calculable.   4. DISCUSSION La DPG est la principale cause de mortalité immédiate après TP [9] et ce malgré les progrès constants dans la compréhension de ces mécanismes physiopathologiques [10]. À l’image du syndrome de détresse respiratoire aiguë [11], la prise en charge des DPG est essentiellement symptomatique et s’appuie sur les principes de la ventilation protectrice. Malgré ceux-ci, certains patients vont présenter une DPG échappant aux traitements conventionnels pour lesquels l’utilisation d’une ECMO représente un outil thérapeutique de recours. Ainsi, la place de l’ECMO dans la DPG pulmonaire est de plus en plus proposée par les équipes de transplantation [3,4,12-15], preuve de l’intérêt croissant pour cette technique. Dans notre série, l’ECMO a été utilisée comme traitement de recours chez des patients présentant une DPG réfractaire. La mortalité après TP est largement influencée par la survenue d’une DPG et notamment une DPG requérant une ECMO avec un risque relatif de décès de 3,9 (IC à 95 % [1,275 ; 12,059]) dans les 3 premiers mois. Cette lourde mortalité à 3 mois (50 %) témoigne de la gravité de la défaillance pulmonaire. Dans leur série, Christie et al. [16] rapportaient une mortalité de 63,3 % à 1 mois, elle était de 100 % dans celle d’Oto et al. quand une assistance extracorporelle n’était pas mise en place [4]. Les patients avec une DPG grade 3 avec ECMO survivant à la période critique des 3 premiers mois ont une survie à long terme similaire aux 2 autres groupes de DPG, confirmant ainsi les résultats de Mason et al. [13]. Ces résultats confortent notre attitude thérapeutique quant à la mise en place d’une ECMO pour DPG réfractaire. La survie à long terme était influencée par deux paramètres déjà mentionnés dans la littérature : la fibrose pulmonaire comme étiologie d’insuffisance respiratoire [17] et la survenue d’une CLAD [18]. Le type d’ECMO (VA versus VV) n’est pas consensuel [4,13,15] et nous avons pris le parti d’une assistance postopératoire par une ECMO VA périphérique car elle présente plusieurs avantages dans notre pratique. En effet, l’utilisation en VA offre un support à la fois hémodynamique et respiratoire optimal. L’ECMO est utilisée comme assistance avec un débit de l’ordre de 50 % du débit théorique du patient permettant ainsi de limiter le risque d’ischémie chaude des greffons et de syndrome d’Arlequin. Une utilisation de ce type diminue la reperfusion pulmonaire [19] et les contraintes de la ventilation mécanique permettant un traitement étiologique du syndrome d’ischémie/reperfusion. Cependant pour Hartwig et al. [5], l’ECMO VA serait plus pourvoyeuse de complications infectieuses, notamment fongiques, et d’accidents cérébraux que l’ECMO VV, ce que nous n’avons pas observé dans notre série. Dans plusieurs études [5,16,20], la survenue d’une DPG était associée à une baisse de la fonction respiratoire à court et long termes. Cependant, cette constatation n’était pas univoque. Ainsi, dans une série de 58 patients, Bermudez et al. [14] n’avaient pas retrouvé de différence de fonction pulmonaire à long terme entre les patients ayant DPG avec ECMO par rapport aux patients avec une DPG sans assistance. De même, Dahlberg et al. [21] n’avaient pas montré de baisse significative du VEMS chez les patients ayant eu besoin d’une ECMO postopératoire pour DPG. Dans notre série, la survenue d’une DPG avec ECMO postopératoire n’est pas associée à une baisse significative du VEMS à long terme confirmant ainsi ces deux travaux [14,21]. Cependant, on constate une diminution significative de la CV chez les patients avec une DPG grade 3 avec ECMO. Cette observation peut être expliquée par la proportion plus importante de fibrose (50 %) dans ce groupe où l’utilisation de greffons plus petits ou réduits chirurgicalement est plus fréquente [22]. De plus, le VEMS est significativement plus bas dans le groupe F par rapport aux autres groupes de pathologie. La mesure du VEMS se basant sur des critères morphologiques du receveur, cette diminution pourrait être également en partie expliquée par des biais de mesures pour les mêmes raisons d’adaptation de taille donneur/receveur. La CLAD, et sa traduction spirométrique la bronchiolite oblitérante (BOS), est pour beaucoup favorisée par une DPG [16,23,24] avec un risque relatif de 5 [25] de présenter une BOS de grade 3 (cf. annexes). Cependant, les facteurs de dégradation de la fonction à long terme sont multiples comprenant l’immunité [26], les infections pulmonaires, le rejet aigu ou encore le reflux gastro-œsophagien [27,28]. Dans notre cohorte, 23,8 % des patients présentent une CLAD soit une incidence de 31,9 % à 5 ans. La survenue d’une dysfonction chronique du greffon ne semblait pas être influencée par l’un des paramètres étudiés, notamment la survenue d’une DPG ou son intensité. La nature rétrospective de l’étude ainsi que le faible nombre de patients avec une ECMO pour DPG induisent des biais de sélection et de suivi des patients. De plus, cette cohorte a également pour particularité d’avoir une majorité de patients (52,9 %) présentant une mucoviscidose, ce qui est une étiologie de TP plus fréquente que dans d’autres séries [29]. Ces éléments limitent donc son interprétation.   5. CONCLUSION L’ECMO VA est donc une technique d’assistance adaptée à la prise en charge des DPG sévères après TP. Malgré une surmortalité observée dans les 3 premiers mois, les patients transplantés présentant une DPG réfractaire nécessitant une ECMO ont une survie à moyen et long termes superposable à celles des autres patients. En outre, l’utilisation d’une ECMO comme support à la DPG n’a que peu de retentissement sur la fonction pulmonaire à moyen et long termes et elle n’induit pas d’incidence accrue de survenue d’une CLAD.   ANNEXES   [caption id="attachment_2991" align="aligncenter" width="300"] ANNEXE 1 : Classification de la DPG d’après Christie et al. [1].[/caption][caption id="attachment_2992" align="aligncenter" width="300"] ANNEXE 2 : Classification de la CLAD selon l’évaluation du VEMS (FEV) d’après Estenne et al. [30].[/caption] RÉFÉRENCES Christie JD, Carby M, Bag R, Corris P, Hertz M, Weill D et al. Report of the ISHLT Working Group on Primary Lung Graft Dysfunction part II: definition. A consensus statement of the International Society for Heart and Lung Transplantation. J Heart Lung Transplant 2005;24:1454-9. https://doi.org/10.1016/j.healun.2004.11.049 Lee JC, Christie JD. Primary graft dysfunction. Proc Am Thorac Soc. 2009;6:39-46. https://doi.org/10.1513/pats.200808-082GO Glassman LR, Keenan RJ, Fabrizio MC, Sonett JR, Bierman MI, Pham SM et al. Extracorporeal membrane oxygenation as an adjunct treatment for primary graft failure in adult lung transplant recipients. J Thorac Cardiovasc Surg 1995;110:723-727. https://doi.org/10.1016/S0022-5223(95)70104-4 Oto T, Rosenfeldt F, Rowland M, Pick A, Rabinov M, Preovolos A et al. Extracorporeal Membrane Oxygenation after Lung Transplantation: Evolving Technique Improves Outcomes. Ann Thorac Surg 2004;78:1230-5.https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2004.03.095 Hartwig MG, Walczak R, Lin SS, Davis RD. Improved Survival but Marginal Allograft Function in Patients Treated With Extracorporeal Membrane Oxygenation After Lung Transplantation. Ann Thorac Surg 2012;93:366-71.https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2011.05.017 Orsini B, Sage E, Olland A, Cochet E, Tabutin M, Thumerel M et al. High-emergency waiting list for lung transplantation: early results of a nation-based study. Eur J Cardio-Thorac Surg 2014 ;46:e41-47; discussion e47. Sage E, Mussot S, Trebbia G, Puyo P, Stern M, Dartevelle P et al. Lung transplantation from initially rejected donors after ex vivo lung reconditioning: the French experience. Eur J Cardio-Thorac Surg 2014;46:794-9. https://doi.org/10.1093/ejcts/ezu245 Bisson A, Bonnette P. A new technique for double lung transplantation. 'Bilateral single lung' transplantation. J Thorac Cardiovasc Surg 1992;103:40-6. Yusen RD, Christie JD, Edwards LB, Kucheryavaya AY, Benden C, Dipchand AI et al. The Registry of the International Society for Heart and Lung Transplantation: Thirtieth Adult Lung and Heart-Lung Transplant Report--2013; focus theme: age. J Heart Lung Transplant 2013;32:965-78. https://doi.org/10.1016/j.healun.2013.08.007 Carter YM, Gelman AE, Kreisel D. Pathogenesis, management, and consequences of primary graft dysfunction. Semin Thorac Cardiovasc Surg 2008;20:165-72. https://doi.org/10.1053/j.semtcvs.2008.04.005 Conrad SA, Bidani A. Management of the acute respiratory distress syndrome. Chest Surg Clin N Am 2002;12:325-54. https://doi.org/10.1016/S1052-3359(02)00012-1 Meyers BF, Sundt TM, Henry S, Trulock EP, Guthrie T, Cooper JD et al. Selective use of extracorporeal membrane oxygenation is warranted after lung transplantation. J Thorac Cardiovasc Surg 2000;120:20-8. https://doi.org/10.1067/mtc.2000.105639 Mason DP, Boffa DJ, Murthy SC, Gildea TR, Budev MM, Mehta AC et al. Extended use of extracorporeal membrane oxygenation after lung transplantation. J Thorac Cardiovasc Surg 2006;132:954-60. https://doi.org/10.1016/j.jtcvs.2006.06.010 Bermudez CA, Adusumilli PS, McCurry KR, Zaldonis D, Crespo MM, Pilewski JM et al. Extracorporeal Membrane Oxygenation for Primary Graft Dysfunction After Lung Transplantation: Long-Term Survival. Ann Thorac Surg 2009;87:854-60. https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2008.11.036 Bittner HB, Lehmann S, Rastan A, Garbade J, Binner C, Mohr FW et al. Outcome of Extracorporeal Membrane Oxygenation as a Bridge to Lung Transplantation and Graft Recovery. Ann Thorac Surg 2012;94:942-50. https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2012.05.006 Christie JD, Sager JS, Kimmel SE, Ahya VN, Gaughan C, Blumenthal NP et al. Impact of primary graft failure on outcomes following lung transplantation. Chest 2005;127:161-165. https://doi.org/10.1378/chest.127.1.161 Titman A, Rogers CA, Bonser RS, Banner NR, Sharples LD. Disease-specific survival benefit of lung transplantation in adults: a national cohort study. Am J Transplant 2009;9:1640-9. https://doi.org/10.1111/j.1600-6143.2009.02613.x Christie JD, Edwards LB, Kucheryavaya AY, Aurora P, Dobbels F, Kirk R et al. The Registry of the International Society for Heart and Lung Transplantation: twenty-seventh official adult lung and heart-lung transplant report--2010. J Heart Lung Transplant 2010;29:110418. https://doi.org/10.1016/j.healun.2010.08.004 Pereszlenyi A, Lang G, Steltzer H, Hetz H, Kocher A, Neuhauser P et al. Bilateral lung transplantation with intra- and postoperatively prolonged ECMO support in patients with pulmonary hypertension. Eur J Cardio-Thorac Surg 2002;21:85863. https://doi.org/10.1016/S1010-7940(02)00058-1 Hartwig MG, Appel JZ, Cantu E, Simsir S, Lin SS, Hsieh C-C, et al. Improved Results Treating Lung Allograft Failure With Venovenous Extracorporeal Membrane Oxygenation. Ann Thorac Surg 2005;80:187280. https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2005.04.063 Dahlberg PS, Prekker ME, Herrington CS, Hertz MI, Park SJ. Medium-term results of extracorporeal membrane oxygenation for severe acute lung injury after lung transplantation. J Heart Lung Transplant 2004;23:979-984. https://doi.org/10.1016/j.healun.2003.08.021 Mitilian D, Sage E, Puyo P, Bonnette P, Parquin F, Stern M, et al. Techniques and results of lobar lung transplantations. Eur J Cardio-Thorac Surg 2014;45:365-369-370. Fiser SM, Tribble CG, Long SM, Kaza AK, Kern JA, Jones DR, et al. Ischemia-reperfusion injury after lung transplantation increases risk of late bronchiolitis obliterans syndrome. Ann Thorac Surg 2002;73:1041-1048. https://doi.org/10.1016/S0003-4975(01)03606-2 Daud SA, Yusen RD, Meyers BF, Chakinala MM, Walter MJ, Aloush AA, et al. Impact of Immediate Primary Lung Allograft Dysfunction on Bronchiolitis Obliterans Syndrome. Am J Respir Crit Care Med 2007;175:507-13. https://doi.org/10.1164/rccm.200608-1079OC Huang HJ, Yusen RD, Meyers BF, Walter MJ, Mohanakumar T, Patterson GA et al. Late Primary Graft Dysfunction After Lung Transplantation and Bronchiolitis Obliterans Syndrome. Am J Transplant 2008;8:2454-62. https://doi.org/10.1111/j.1600-6143.2008.02389.x Bharat A, Kuo E, Steward N, Aloush A, Hachem R, Trulock EP, et al. Immunological link between primary graft dysfunction and chronic lung allograft rejection. Ann Thorac Surg 2008 ;86:189-195-197. Hachem RR, Trulock EP. Bronchiolitis obliterans syndrome: Pathogenesis and management. Semin Thorac Cardiovasc Surg 2004;16:3505. https://doi.org/10.1053/j.semtcvs.2004.09.011 Lin CM, Zamora MR. Update on Bronchiolitis Obliterans Syndrome in Lung Transplantation. Curr Transplant Rep 2014;1:282-9. https://doi.org/10.1007/s40472-014-0030-9 Kreisel D, Krupnick AS, Puri V, Guthrie TJ, Trulock EP, Meyers BF, et al. Short- and long-term outcomes of 1000 adult lung transplant recipients at a single center. J Thorac Cardiovasc Surg 2011;141:215-22. https://doi.org/10.1016/j.jtcvs.2010.09.009 Estenne M, Maurer JR, Boehler A, Egan JJ, Frost A, Hertz M, et al. Bronchiolitis obliterans syndrome 2001: an update of the diagnostic criteria. J Heart Lung Transplant 2002;21:297-310. https://doi.org/10.1016/S1053-2498(02)00398-4 Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Cet article est issu d’un mémoire de DESC. Date de soumission : 18/09/2015. Acceptation : 20/09/2016. Pré-publication : 23/09/2016  
décembre 8, 2016
Chirurgie cardiaque · Vol. 20 Décembre 2016

Médiastinite après chirurgie cardiaque

M. Ait Houssa*1, A. Abdou1, F. Nya1, S. Seghrouchni1, M. Bamous1, N. Atmani1, S. Belouize1, Y. Moutakiallah1, GA. Hatim1, M. Elouanass2, A. Boulahya1 1. Service de chirurgie cardiaque, hôpital militaire d’instruction Mohamed-V, Rabat, Maroc. Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat-université Mohamed V Souissi. 2. Laboratoire de bactériologie, hôpital militaire d’instruction Mohamed V, Rabat, Maroc. Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat-université Mohamed V Souissi. Correspondance : mahdiaithoussa@yahoo.fr   Résumé Objectif : étudier la prévalence de la médiastinite, le profil bactériologique et les modalités de prise en charge. Matériel et méthodes : il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 22 cas de médiastinite survenue dans les suites d’une intervention chirurgicale à cœur ouvert durant une période de 17 ans. Le diagnostic a été fait selon les critères du CDC (Center of Disease Control). Tous les patients ont été repris au bloc opératoire et traités par la technique d’irrigation-drainage. L’antibiothérapie a été adaptée au germe en cause. Résultats : vingt-deux patients adultes dont 5 femmes avaient développé une médiastinite parmi 2394 circulations extracorporelles (CEC) réalisées entre janvier 1994 et décembre 2011, soit une prévalence 0,9 %. Quinze patients étaient des coronariens. L’âge moyen était de 61,7 ± 12 ans. La mortalité hospitalière était de 22,7 % (5/22). Le délai moyen séparant l’intervention chirurgicale à cœur ouvert et la survenue de la médiastinite était de 19 ± 8,2 jours. Le staphylocoque était le principal germe en cause : Staphylocoque coagulase négative 8 cas (36,4 %), le staphylocoque aureus 4 cas (18,2 %) et le staphylocoque epidermidis 3 cas (13,6 %). Conclusion : la médiastinite reste une complication redoutable de la chirurgie cardiaque à cœur ouvert avec un taux de mortalité élevé malgré le traitement. Le meilleur traitement reste préventif par le contrôle des facteurs de risque.   Abstract Mediastinitis after cardiac surgery Objective: The aim of the present study is to evaluate the incidence of mediastinitis, and to describe the microbiological etiology and treatment approach. Material and methods: The records of 22 consecutive adult patients who developed mediastinitis after cardiac surgery over 17 years were retrospectively reviewed. The diagnosis of mediastinitis was established according to the Center for Disease Control and Prevention notification criteria. All patients had received intravenous antibiotics since the diagnosis was established. Sternal debridement was performed, the sternum was closed and the irrigation system was placed. Results: Postoperative mediastinitis was identified in 22 adult patients over 17 years among 2394 extracorporeal circulations (0.9%). Fifteen patients (68%) suffered from coronary disease. The mean age was 61.7 ± 12 years. The mean interval from operation to the development of mediastinitis was 19 ± 8.2 days. Hospital mortality was 22.7% (5/22). Staphylococcus was frequently isolated: coagulase-negative Staphylococcus was isolated in 36.4% (eight cases), Staphylococcus aureus in 18.2% (four cases) and Staphylococcus epidermidis in 13.6% (three cases). Conclusion: Mediastinitis following sternotomy remains a devastating complication of open heart surgery and is associated with significant hospital mortality despite treatment. The treatment efficacy should be considered for strategies to minimize risk factor impact.   1. INTRODUCTION Malgré les progrès réalisés dans la prise en charge du patient en chirurgie cardiaque, la médiastinite reste une complication gravissime et redoutable. C’est une infection nosocomiale du site opératoire (ISO) dont l’incidence varie selon les séries publiées variant entre 0,4 et 8 % mais cette incidence est délimitée entre 0,5 % et 3 % [1-3]. Elle est associée à un taux de mortalité oscillant entre 20 % et 50 % en raison d’un retard diagnostique et thérapeutique. La prise en charge nécessite une collaboration pluridisciplinaire associant 3 axes systémiques : la réanimation, l’antibiothérapie et la chirurgie. Cette prise en charge est souvent lourde et coûteuse avec un impact direct sur l’économie budgétaire des services concernés [4,5]. Le coût d’hospitalisation total est 3 fois supérieur à celui d’une hospitalisation classique, l’étiologie est complexe mais les germes les plus fréquemment en cause sont les staphylocoques. C’est aussi un problème de prévention soulignant la nécessité d’une bonne connaissance des facteurs de risque [6].   2. MATÉRIEL ET MÉTHODES Le nombre total des patients présentant une médiastinite était de 26 malades dont 22 traités par la méthode de lavage–drainage et 4 autres par le drainage continu aspiratif aux drains de Redon. Cette dernière méthode a été adoptée par notre service depuis janvier 2010. Le faible nombre de patients traités par cette technique ne permet pas de réaliser une étude comparative et ils sont également exclus pour l’homogénéité de l’étude. Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 22 cas de médiastinite diagnostiqués et traités dans les suites d’une chirurgie cardiaque à cœur ouvert. Les informations colligées et étudiées dans notre étude étaient : les données démographiques des patients ; les données opératoires lors de la première intervention chirurgicale ; le délai séparant l’intervention chirurgicale à cœur ouvert et la survenue de la médiastinite et les données relatives à la reprise pour médiastinite. Ont été inclus tous les patients ayant présenté une médiastinite documentée. Le diagnostic de médiastinite a été retenu devant : une issue du pus de la plaie sternale [figure 1] ; une infection de la plaie sternale responsable d’une ostéomyélite avec désunion sternale ; la présence d’une infection du site opératoire à laquelle était associée au moins un des signes suivants définis par la CDC (Center of Disease Control) [7] : - isolement d’un germe à partir d’un prélèvement médiastinal (liquide ou tissu) ; - évidence de médiastinite constatée à la réexportation chirurgicale, douleur thoracique instabilité sternale ou fièvre (≥ 38 °C) et hémoculture positive. [caption id="attachment_2763" align="aligncenter" width="300"] Figure 1 : Photo montrant un écoulement purulent à travers la cicatrice de sternotomie.[/caption] Ont été exclus les patients ayant une médiastinite traités par méthode de drainage continu aspiratif aux drains de Redon. Les patients âgés de moins de 18 ans, les patients ayant fait une infection de la plaie mais qui reste superficielle, confinée à la peau et au tissu sous-cutané (rougeur, collections, désunion) mais dont le sternum reste stable et indolore à la palpation bimanuelle. L’ensemble des patients a bénéficié d’une prise en charge médicale et chirurgicale standardisée selon le protocole du service. L’intervention chirurgicale consistait en une exploration médiastinale par sternotomie sous anesthésie générale dans un délai de moins de 24 heures. La sternotomie était totalement reprise, un curetage des dépôts de fibrine était réalisé, associé à un parage de la peau et des tissus sous-cutanés. Des prélèvements bactériologiques multiples étaient réalisés. Les zones non vascularisées du sternum étaient réséquées. Enfin la cavité péricardique et la région médiastinale étaient abondamment nettoyées et irriguées avec une solution bétadinée (10 %). Les drains pour le drainage et l’irrigation étaient mis en place puis la synthèse du sternum était effectuée et le thorax fermé en un seul temps. La technique d’irrigation-drainage était pratiquée chez tous les patients. Elle était immédiatement débutée avec du sérum physiologique bétadinée (50 ml de bétadine pour 500 ml du sérum physiologique). Le débit d’irrigation était 1 à 1,5l/8 heures. L’irrigation était poursuivie plusieurs jours (7 à 10 jours en moyenne) avec une surveillance clinique et biologique basée sur : la température du patient ; l’état de la cicatrice sternale ; le bilan entrées/sorties rigoureux permettant d’éviter une tamponnade. Les conditions permettant d’arrêter l’irrigation-drainage étaient le patient qui ne présentait pas de signe local ou général de sepsis et les prélèvements du drainage réalisés de manière itérative qui devaient être stériles. L’irrigation était alors arrêtée et les drains étaient mis en aspiration pendant 48 heures puis étaient retirés. La prise en charge médicale comprenait la mise en route d’une antibiothérapie probabiliste précoce dès que le diagnostic était posé et les prélèvements faits. Le protocole adopté par le service consistait en une antibiothérapie à large spectre associant initialement la vancomycine ou une céphalosporine avec aminoside ou une fluoroquinolone. La réanimation consistait en une prise en charge des défaillances d’organes (si elles existaient), une correction des troubles hydroélectrolytiques et un apport nutritionnel correct.   2.1. Analyse statistique Les données ont été saisies et analysées à l’aide du logiciel SPSS 11.5. Les variables continues étaient exprimées en moyenne ± écart type ou en médiane. Les variables qualitatives étaient exprimées en effectif ou en pourcentage.   3. RÉSULTATS   3.1. Données de la première intervention [tableau 1] Durant une période de 17 ans allant de janvier 1994 à décembre 2011, 2394 patients adultes avaient bénéficié d’une chirurgie cardiaque à cœur ouvert. Parmi eux, 22 avaient fait une médiastinite documentée, soit une prévalence de 0,9 %. Sur ces 22 cas, on note une prédominance masculine, 17 hommes/5 femmes. L’âge moyen était de 61,7 ± 12 ans. La pathologie cardiaque ayant justifié la chirurgie était une coronaropathie chez 15 patients (68,2 %), une valvulopathie chez 4 patients (18,2 %), une association valvulopathie + coronaropathie chez 2 patients (9,1 %) et un cas de myxome invasif de l’oreillette gauche. Les principales comorbidités associées sont résumées dans le tableau 1. Onze patients étaient diabétiques (50 %), 5 patients avaient une artériopathie périphérique, 9 étaient des tabagiques chroniques, 4 étaient obèses et un patient était insuffisant rénal dialysé. 2 patients avaient déjà été opérés à cœur ouvert par le passé. La chirurgie à cœur ouvert a été réalisée en urgence chez 2 patients. La durée moyenne de la circulation extracorporelle (CEC) était de 140,5 ± 41 minutes ; chez 6 patients (27,2 %) la durée de la CEC était ≥ 3 heures ; chez 12 patients (54,5 %), l’intervention chirurgicale a duré plus de 5 heures. La médiane de ventilation était de 18 heures (11-63,7 heures) et 7 patients (31,8 %) étaient ventilés plus de 48 heures. La médiane de séjour en réanimation était de 72 heures (47-240 heures). Trois patients étaient repris pour saignement et 14 patients (63,6 %) étaient transfusés.   Variable Patient (n = 22) Âge (année) Sexe femme/homme Poids (kg) Taille (m) IMC (kg/m²) RCT NYHA I-II NYHA III- IV Diabète Tabagisme BPCO HTA Obésité (IMC > 30kg/m²) Insuffisance rénale Chirurgie redux Artériopathie périphérique ACFA FR (%) FE (%) EuroSCORE Type de pathologie : – coronaire – valvulaire – coronaropathie + valvulopathie – myxome 61,7 ± 12 5/17 72,3 ± 14 1,7 ± 0,7 24,2 ± 3,6 0,53 ± 0,05 15 (68 %) 7 (32 %) 11 (50 %) 9 (41 %) 2 (9,1 %) 7 (32 %) 4 (18 %) 1 (4,5 %) 2 (9,1 %) 5 (22,7 %) 3 (13,6 %) 26 ± 6.9 52,3 ± 11,4 7,4 ± 9,2   15 (68,2 %) 4 (18,2 %) 2 (9,1 %) 1 (4,5 %) Tableau I. Données démographiques. IMC : index de masse corporelle ; RCT : rapport cardiothoracique ; BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive ; ACFA : arythmie complète par fibrillation auriculaire ; FR : fraction de raccourcissement ; FE : fraction d’éjection.   3.2. Données relatives à la médiastinite [tableau 2] Le délai de séjour préopératoire avant la première intervention était de 22,2 ± 10,1 jours (2-45 jours) et le délai moyen de survenue de la médiastinite était de 19 ± 8,2 jours (5-35 jours).   Variable Patients (n = 22) 1re intervention chirurgicale : chirurgie urgente durée de CEC (min) durée de clampage aortique (min) durée de VA (heure) nombre de patients ventilés ≥ 48 h durée de séjour en réanimation (heure) saignement total/24 heures (ml) reprise chirurgicale transfusion inotropes BCPIA Geste chirurgical : – pontages coronaires – pontage coronaire + RVA – pontage coronaire + DRV – RVM – RVM + PT – RVA Greffons utilisés : – 1 AMI – 2 AMI – VSI   2 (9 %) 140,5 ± 41 78,5 ± 23,9 18,5 (11-63,75) 7 (31,8 %) 72 (47-240) 931,6 ± 654 3 (13,6 %) 13 (59 %) 12 (54,5 %) 4 (18,2 %)   15 (68,2 %) 1 (4,5 %) 1 (4,5 %) 2 (9,1 %) 2 (9,1 %) 1 (4,5 %)   15 (68,2 %) 2 (9,1 %) 16 (72,7 %) Reprise pour médiastinite : Durée de séjour préopératoire (jours) Délai de survenue (jours) Infection associée (%) Germe en cause : – staphylocoque – bacilles gram négatif – inconnu Durée de traitement antibiotique   22,2 ± 10,1 19 ± 8,2 4 (18,2 %)   14 (63,6 %) 6 (27,2 %) 2 (9,1 %) 24,4 ± 8,1 Mortalité  5 (22,7 %) Tableau 2 : Données opératoires. CEC : circulation extracorporelle ; VA : ventilation assistée ; BCPIA : ballon de contrepulsion intra-aortique ; RVA : remplacement valvulaire aortique ; DRV : double remplacement valvulaire ; RVM : remplacement valvulaire mitrale ; PT : plastie tricuspide ; AMI : artère mammaire interne ; VSI : veine saphène interne.   Le staphylocoque a été identifié chez 10 patients (63,6 %), les bacilles gram négatif dans 6 cas (27,2 %) ; chez 4 patients les 2 germes ont été identifiés dans les prélèvements du site opératoire et la culture a été négative chez 2 patients. Les différentes souches sélectionnées sont résumées dans le diagramme [figure 2]. [caption id="attachment_2764" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Profil bactériologique.[/caption] Selon la classification d’El Oakley [8], les médiastinites sont réparties comme suit : type I : 4 cas (18 %) ; type III A : 7 cas (31,8 %) ; type III B : 8 cas (36,3 %) ; type IV : un cas (4,5 %). Deux patients avaient une autre infection associée. La durée moyenne du traitement antibiotique était de 24,4 ± 8,1 jours et la durée moyenne d’hospitalisation postopératoire était de 44,85 ± 18 jours. Le taux de mortalité inhérent à la médiastinite était de 22,7 % (5/22). Les causes du décès étaient : rupture de l’oreillette droite (1 cas), rupture du ventricule droit (1 cas), trouble de rythme grave chez un patient dialysé et 2 cas de sepsis sévère non contrôlé aboutissant à une défaillance multiviscérale.   4. DISCUSSION L’abord du médiastin antérieur via une sternotomie longitudinale et son ostéosynthèse par des fils métalliques à la fin de l’intervention a été décrit la première fois par Milton en 1897, et représente actuellement la voie d’abord la plus utilisée en chirurgie cardiaque. L’infection du site opératoire avec développement de médiastinite associée ou non à une ostéomyélite sternale est une complication redoutable de la chirurgie cardiaque. Elle est entachée d’une mortalité non négligeable, un surcoût relatif à une hospitalisation longue avec des retombées économiques lourdes et un impact sur la vie socioprofessionnelle chez les survivants. En dépit des progrès indiscutables en matière d’antibioprophylaxie et l’amélioration des protocoles opératoires (mesures préventives, techniques chirurgicales), le traitement de la médiastinite demeure un défi à différents niveaux. Le mécanisme physiopathologique à l’origine de la médiastinite est complexe et multifactoriel. Certaines théories incriminent l’instabilité du sternum due à une ostéosynthèse insuffisante entraînant une déhiscence puis une surinfection de la plaie. D’autres théories mettent cette complication sur le compte d’une ostéomyélite locale d’origine ischémique, suivie d’une nécrose des berges, perte des films métalliques puis colonisation bactérienne du site opératoire [12]. L’incidence de la médiastinite dans notre série était de 0,9 %. Les séries les plus récentes relatent une incidence variant de 0,25 à 2,9 % [9-10]. L’inexactitude de l’épidémiologie des médiastinites postopératoires est en grande partie expliquée par le fait que la définition retenue est différente d’un auteur à l’autre. Globalement cette incidence oscille entre 1 à 3 %, avec des écarts importants [11]. La médiastinite complique préférentiellement la chirurgie des artères coronaires et survient entre le 4e jour et la 4e semaine. Dans notre série, le délai de survenue était en moyenne de 19 ± 8,2 jours et 17/22 (77,2 %) des patients étaient des coronariens. Les patients traités pour médiastinite dans les suites d’une chirurgie à cœur ouvert ont une morbimortalité plus élevée que ceux n’ayant pas développé cette complication infectieuse [21]. La mortalité dans notre série était de 22,6 % ; taux proche de celui retrouvé par Trouillet (20,3 %) [12]. Dans certaines séries, la mortalité liée à la médiastinite est plus faible à 1,1 % pour Sjögren [13], 1,4 % pour De Feo [14]. Inversement, d’autres auteurs rapportent un taux de mortalité plus élevé variant de 15 à 47 % [15-17]. Le profil microbiologique des germes en cause est largement dominé par le staphylocoque d’après les études publiées. Dans notre série, le staphylocoque a été isolé chez 14 patients, les bacilles gram négatif chez 12 patients montrent la montée en puissance des bacilles gram négatif. La médiastinite postcardiotomie survient généralement sur un terrain prédisposant. Plusieurs facteurs de risque ont été incriminés et sont répartis en trois types [10,16,17]. Certains facteurs sont liés aux patients, d’autres liés à l’intervention chirurgicale et d’autres sont liés à l’environnement. Dans notre série, la moitié des patients était diabétique, 4 étaient obèses, 15 étaient coronariens et 9 étaient des tabagiques. Dans l’étude de Barros de Oliviera [16], les diabétiques étaient 2,7 fois exposés à la médiastinite et les tabagiques 2,1 fois. Dans la série d’Abboud [10], le tabac est associé à la médiastinite 3,3 fois. Plusieurs études incriminent aussi l’obésité, et le patient obèse est 3 fois plus exposé à développer une médiastinite que le patient non obèse [6,9]. Ceci est lié aux contraintes mécaniques élevées au niveau du site d’ostéosynthèse sternale ainsi qu’à une altération de la cicatrisation et des concentrations d’antibiotiques anormalement basses dues à une mauvaise pénétration dans les tissus adipeux. La technique de prélèvement de l’artère mammaire a fait également l’objet de plusieurs études. Divers travaux publiés ont trouvé que le prélèvement de l’artère mammaire interne de manière squelettisée ne compromet pas la vascularisation artérielle du sternum et permet de diminuer de manière significative l’incidence des infections sternales postopératoires [18]. Kamiya [19] a démontré que la saturation en O2 et le débit sanguin dans la microcirculation du sternum étaient nettement meilleurs en cas de prélèvement squelettisé de l’artère mammaire interne comparé au prélèvement pédiculé. L’usage des deux artères mammaires expose également au risque de médiastinite avec une incidence variant de 1,3 à 4,7 % [20]. Chez le patient diabétique cette incidence est supérieure à 9,3 % [16]. Une CEC longue expose également au risque de médiastinite en raison des phénomènes inflammatoires exacerbés et une baisse de l’immunité. Dans notre série, la durée de la CEC était supérieure à 3 heures chez 6 patients et l’intervention chirurgicale a duré plus de 5 heures chez la moitié des patients. Ces deux facteurs ont été rapportés par Boeken [21]. La gravité de la médiastinite dans les suites d’une chirurgie à cœur ouvert impose des mesures préventives et une meilleure connaissance des facteurs de risque de sa survenue [22,23]. Dans une revue de littérature récente [20], et en analysant 42 études, le diabète et l’obésité figurent comme les principaux facteurs de risque de médiastinite. À coté des facteurs de risque traditionnels, une attente préopératoire prolongée expose à la médiastinite et augmente ce risque de 15 % d’après Wai Sang [24]. Le délai moyen de séjour dans notre série est long 22,2 ± 10j, ce qui est en accord avec la littérature. Contrairement aux propositions d’El Oakley [8], nous avons adopté la technique d’irrigation-drainage à thorax fermé en raison de sa simplicité et de son efficacité. La technique de fermeture en deux temps ou à thorax ouvert est indiquée lorsque le sternum n’est plus viable et complètement détruit par l’infection avec sepsis sévère. La fermeture est proposée après quelques jours et nécessite une plastie musculaire. D’autres techniques ont été mises au point avec des résultats encourageants. Le vacuum assisted closure, ou VAC, ou aspiration sous pression négative, assure par un drainage actif un rôle anti-infectieux local et accélère la cicatrisation de la plaie opératoire. Sjögren [13] rapporte un taux de mortalité à 30 jours de 1,1 % chez 176 patients traités par cette technique. Ces données sont confortées par les résultats de De Feo [14].   5. CONCLUSION En dépit des progrès thérapeutiques indiscutables dans la prise en charge du patient en chirurgie cardiaque, la médiastinite reste une infection nosocomiale redoutable. La clé de sa prévention impose une connaissance approfondie des facteurs de risque afin de pouvoir les contrôler [22,23]. Limite de l’étude : il s’agit d’une étude rétrospective à échantillon réduit, ce qui ne permet pas l’analyse des facteurs prédictifs de la médiastinite.   RÉFÉRENCES Kirmani BH, Mazhar K, Saleh HZ, Ward AN, Shaw M, Fabri BM et al. External validity of the Society of Thoracic Surgeons risk stratification tool for deep sternal wound infection after cardiac surgery in a UK population. Interact Cardiovasc Thorac Surg 2013;17:479-484. Kubota H, Miyata H, Motomura N, Ono M, Takamoto S, Harii K et al. Deep sternal wound infection after cardiac surgery. J Cardiothorac Surg 2013;8:132. Morisaki A, Hosono M, Sasaki Y et al. Evaluation of risk factors for hospital mortality and current treatment for poststernotomy mediastinitis. Gen Thorac Cardiovasc Surg 2011;59:261-7. Jang YJ, Park MC, Park DH, Lim H, Kim JH, Lee IJ. Immediate debridement and reconstruction with a pectoralis major muscle flap for poststernotomy mediastinitis. Arch Plast Surg 2012;39:36-41. Floros P, Sawhney R, Vrtik M et al. Risk factors and management approach for deep sternal wound infection after cardiac surgery at a tertiary medical centre. Heart Lung Circ 2011;20:712-7. Simek M, Molitor M, Kalab M, Tobbia P, Lonsky V. Current challenges in the treatment of deep sternal wound infection following cardiac surgery. In: Aronow WS, editor. Artery bypass. Rijeka: InTech 2013:493-535. Horan TC, Andrus M, Dudeck MA. CDC/NHSN surveillance definition of health care-associated infection and criteria for specific types of infections in the acute care setting. Am J Infect Control. 2008;36:309-332. El Oakley RM, Wright JE. Postoperative mediastinitis: classification and management. Ann Thorac Surg 1996;61:1030-6. Eklund AM, Lytikainen O, Klemets P, Huotari K, Anttila VJ, Werkkala KA et al. Mediastinitis after more than 10 000 cardiac surgical procedures. Ann Thorac Surg 2006;82:1784-9. Abboud CS, Wey SB, Baltar VT. Risk factors for mediastinites after cardiac surgery. Ann Thorac Surg 2004;77:676-83. Morisaki A, Hosono M, Sasaki Y et al. Evaluation of risk factors for hospital mortality and current treatment for post sternotomy mediastinitis. Gen Thorac Cardiovasc Surg 2011;59:261-7. Trouillet JL, Vuagnat A, Combes A, Bors V, Chastre J, Gandjbakhch I, et al. Acute poststernotomy mediastinitismanaged with debridement and closed-drainage aspiration : factors associated with death in the intensive care unit. J Thorac Cardiovasc Surg 2005;129:518-24. Sjögren J, Gustafsson R, Nilsson J, Lindstedt S, Nozohoor S, Ingemansson R. Negative-pressure wound therapy following cardiac surgery: bleeding complications and 30-day mortality in 176 patients with deep sternal wound infection. Interact CardioVasc Thorac Surg 2011;12:117-20. De Feo M, Alessandro Della C, Vicchio M, Pirozzi F, Nappi G, Cotruto M. Is Post-sternotomy médiastinites still devastating? Tex Heart Inst J. 2011;38(4):375-80. Megdanz EH, Bodanese LC, Guaragna JC, Albuquerque LC, Martins V, Minossi SD, Piccoli JCE, Goldani MA. Risk score elaboration for médiastinites after coronary artery bypass grafting. Rev Bras Cir Cardiovasc 2010;25(2):154-59. Barros de Oliveira MP, Soares EF, Santos CA, Figueiredo OJ, Lima ROA, Escobar RR, Rueda FG, Lima RC. Risk factors for mediastinitis after coronary artery bypass grafting surgery. Rev Bras Cir Cardiovasc 2011;26(1):27-35. Tiveron MG, Fiorelli AI, Moeller Mota E, Vilca Mejia OA, Almeida Brandao CM, Dallan LAO, Pomerantzeff PAM, Stolf Noedir AG. Preoperative risk factors for mediastinitis after cardiac surgery: Assessment of 2 768 patients. Rev Bras Cir Cardiovasc 2012;27(2):203-10. Saso S, James D, Vecht JA, Kidher E, Kokotsakis J, Malinovski V, et al. Effect of skeletonization of the internal thoracic artery for coronary revascularization on the incidence of sternal wound infection. Ann Thorac Surg 2010;89(2):661-70. Kamiya H, Akhyari P, Martens A, Karck M, Haverich A, Lichtenberg A. Sternal microcirculation after skeletonized versus pidecled harvesting of the internal thoracic artery: a randomized study. J Thorac Cardiovasc Surg 2008;135(1):32-7. Bryan CS, Yarbrough WM. Preventing deep wound infection after coronary artery bypass grafting. Tex Heart Inst J 2013;40(2):125-39. Boeken U, Eisner J, Feindt P, Petzold TH, Schulte HD, Gams E. Does the time of resternotomie for bleeding have any influence on the incidence of sternal infections, septic courses or further complications? Thorac Cardiovasc Surg 2001;49(1):45-48. Lepelletier D, Bourigault C, Roussel JC, et al. Epidemiology and prevention of surgical site infection after cardiac surgery. Med Mal Infect 2013;43:403-9.Irrigation Rebmann T, Kohut K. Preventing mediastinitis surgical site infections: executive summary of the association for professionals in infection control and epidemiology’s elimination guide. Am J Infect control 2011;39:529-31. Wai Sang SL, Chaturvedi R, Alam A et al. Preoperative hospital length of stay as a modifiable risk factor for mediastinitis after cardiac surgery. J.  Cardiothorac Surg 2013,8:45. Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared. Date de soumission : 28/04/2016. Acceptation : 12/10/2016. Pré-publication : 19/10/2016  
décembre 1, 2016