A la une · Chirurgie thoracique · Vol. 23 Décembre 2019

Chirurgie des tumeurs neuroendocrines pulmonaires : étude rétrospective de 253 cas

Armand Cluzel, Joséphine Chenesseau, Alex Fourdrain, Iliès Bouabdallah, Delphine Trousse, Geoffrey Brioude, Lucile Gust, Christophe Doddoli, Xavier Benoît D’Journo, Pascal Alexandre Thomas*   Service de chirurgie thoracique et des maladies de l’œsophage, Aix-Marseille université, CNRS, Iiserm, Centre de recherche en cancérologie (CRCM), hôpital Nord, Aix-Marseille université, Marseille.   * Correspondance : pathomas@ap-hm.fr   DOI : 10.24399/JCTCV23-4-CLU Citation : Cluzel A, Chenesseau J, Fourdrain A, Bouabdallah I, Trousse D, Brioude G, Gust L, Doddoli C, D’Journo XB, Thomas PA. Chirurgie des tumeurs neuroendocrines pulmonaires : étude rétrospective de 253 cas. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(4). doi: 10.24399/JCTCV23-4-CLU   RÉSUMÉ Objectif : évaluer la prise en charge chirurgicale à visée curative des tumeurs neuroendocrines pulmonaires (TNEP) et sa qualité. Méthode : étude monocentrique rétrospective des patients opérés de TNEP de 2004 à 2018. Étaient évalués les données démographiques, la présentation clinique, les pratiques préopératoires, les pratiques chirurgicales (respect des recommandations sur le curage médiastinal), les traitements adjuvants et la survie. Résultats : deux cent cinquante-trois patients ont été opérés : 164 pour carcinoïde typique (CT), 39 pour carcinoïde atypique (CA), 17 pour carcinome neuroendocrine à grandes cellules (CNEGC) et 33 pour carcinomes à petites cellules (CPC). Sur cette période, on notait une augmentation des TNEP de 269%. L’exérèse réalisée était anatomique pour 239 patients (94%) avec un curage ganglionnaire respectant les recommandations ESTS (European Society of Thoracic Surgeons) dans 66% des cas avec 14,9±8 ganglions prélevés. La survie à 5 ans était de 85,5% pour les TNEP : 98% pour les CT, 96% pour les CA, 59% pour les CNEGC et 32% pour les CPC. L’atteinte ganglionnaire était un facteur de mauvais pronostic. Conclusion : en forte augmentation ces dernières années, la chirurgie des TNEP doit rester guidée par les principes oncologiques recommandés pour permettre une survie à long terme acceptable.   ABSTRACT Surgery of neuroendocrine pulmonary tumors: study of 253 cases Objective: To evaluate the management of pulmonary neuroendocrine tumors (PNETs) and quality of their surgery. Method: Retrospective single-centre study of patients operated on for a pulmonary neuroendocrine tumor from 2004 to 2018. We looked at demographic and clinical characteristics, preoperative work-up, surgical practices (focusing on lymphadenectomy), adjuvant therapies, and survival. Results: 253 patients were operated on: 164 for a typical carcinoïd (TC), 39 for an atypical carcinoïd (AC), 17 for a large cell neuroendocrine carcinoma (LCNEC) and 33 for a small cell carcinoma (SCC). Along this 14-year period, there was an increase in PNETs prevalence of 269% when comparing the 2 edge years. The resection was anatomical in 239 patients (94%). In 66% of the cases, the ESTS recommendations on intraoperative lymph node evaluation were completed with an average of 14.9±8 nodes removed/examined. The 5-year survival rate was 85.5% for the PNETs: 98% for TCs, 96% for ACs, 59% for LCNECs and 32% for SCCs. A lymph node involvement was a negative pronosticator on the whole cohort with marked differences according to the pathological subtypes. Conclusion: we faced a strong increase in PNET incidence at our center. Our results are concordant with data from the literature. Compliance to oncological principles guiding their surgery led to adequate long-term survival.   1. Introduction Les tumeurs neuroendocrines pulmonaires (TNEP), selon la classification de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), regroupent les carcinomes à petites cellules (CPC), les carcinomes neuroendocrines à grandes cellules (CNEGC), les tumeurs carcinoïdes typiques (CT) et atypiques (CA). Ces 4 tumeurs sont actuellement réparties en 3 grades de prolifération tumorale : bas grade (CT), intermédiaire (CA) et haut grade (CPC, CNEGC) [4]. Leurs caractéristiques anatomopathologiques de distinction reposent sur celles de Travis et al. [11] non modifiées dans la classification de WHO 2015 [11]. Au niveau international, différentes équipes retrouvent une légère augmentation des TNEP, une étude américaine reporte une augmentation de 6% par an depuis 30 ans. Cette augmentation porte principalement sur les tumeurs carcinoïdes. Les TNEP représenteraient entre 1 à 20% de tous les cancers du poumon [1,9]. Leur incidence serait de 0,2 à 2 cas pour 100,000 [2,4] et 25 à 30% de toutes les tumeurs neuroendocrines [4,9]. Le pronostic des TNEP varie en fonction du type histologique. Dans les cancers bronchopulmonaires (CBP), les CNEGC représentent 3% avec une survie à 5 ans de 53% [2] ; les tumeurs carcinoïdes 1 à 2%, dont 80 à 90% sont des CT [3] ; les CPC 15% [4]. Certains cas de CPC sont découverts sous des formes localisées justifiant un traitement local de première intention dans le cadre d’une chirurgie diagnostique et thérapeutique, bien que la chirurgie puisse être discutée au cas par cas dans des formes diagnostiquées précocement. Dans le cadre d’une étude rétrospective monocentrique de 253 cas de 2004 à 2018, nous apporterons notre expérience sur la prise en charge des TNEP en précisant notamment les données démographiques, la présentation clinique, les pratiques préopératoires (endoscopie interventionnelle, place du TEP-scanner), les pratiques chirurgicales (types de chirurgies, respect des recommandations sur le curage ganglionnaire), les traitements adjuvants et la survie.   2. Patients et méthodes Il s’agit d’une étude monocentrique incluant les patients de septembre 2004 à décembre 2018. L’étude inclut tous les patients opérés dans notre service de chirurgie thoracique avec un diagnostic histologique postopératoire de TNEP selon la classification de WHO 2015 [annexe 1]. La base de données a été extraite localement du registre Epithor (numéro CNIL 809839). Hors urgences, tous les patients ont eu un bilan d’opérabilité compatible avec la résection pulmonaire envisagée. Les patients ont été suivi du jour de l’entrée en service, jusqu’à leurs dernières nouvelles incluant le décès. Les patients perdus de vue ont été évalués par rapport à la date des dernières nouvelles. La date de point et de recueil de données est le 31 décembre 2018. Pour chaque patient il a été recueilli : Les données épidémiologiques : date de naissance, sexe, taille, poids, épreuves fonctionnelles respiratoires, date de l’intervention, épreuve d’effort (si présente), antécédents, le suivi. Les données de présentation clinique. Les examens de médecine nucléaire. La réalisation de fibroscopie avec ou sans geste interventionnelle. L’acte chirurgical avec la voie d’abord utilisée, le geste de résection effectué. L’analyse anatomopathologique, le nombre de ganglions, le nombre de sites médiastinaux, le respect des recommandations européennes du curage ganglionnaire (6 ganglions minimum dont 3 ganglions intraparenchymateux et 3 ganglions médiastinaux de trois stations différentes dont au moins la station 7) et reclassé (si besoin) avec la 8e classification TNM des CBP. La prise en charge postopératoire, le traitement adjuvant. Les analyses statistiques ont consisté au calcul des moyennes présentées avec un leur écart type, le calcul des médianes avec leurs intervalles. La comparaison des populations a été faite par une analyse univariée par la méthode du Chi2. La survie a été calculée entre la date de l’intervention et la date des dernières nouvelles (vivant/mort). Les taux de survie ont été exprimés à 5 et 10 ans. La comparaison s’est faite selon la méthode de Kaplan-Meier avec analyse des sous-groupes selon la méthode du log-rank. Les analyses statistiques ont été réalisées par le logiciel SPSS 2019.   3. Résultats   3.1. Données épidémiologiques Nous avons recensé 253 cas de TNEP opérées du 26 septembre 2004 au 31 décembre 2018. On comptait 140 femmes et 113 hommes soit un ratio de 1,23 femme pour un homme. Les TNEP se décomposaient en : 164 CT (64,8%), 39 CA (15,4%), 17 CNEGC (6,7%), 33 CPC (13%). Toutes les caractéristiques épidémiologiques en fonction du sexe sont récapitulées dans le tableau 1 pour les TNEP et par type histologique dans le tableau 2. Nous avons observé dans notre centre une augmentation relative du nombre de TNEP opérées entre 2015 et 2018 de 269%, soit 18,23% par an. L’augmentation est due principalement à l’augmentation des CT représentée dans la figure 1.   Tableau 1. Caractéristique clinique des patients opérés de TNEP. TNEP N=253 Femme N=140 Homme N=113 Âge diagnostic moyen (DS) 56,08 (16,57) 54 (15,62) 58 (15,57) Âge diagnostic médian 60 59 60 Taille (cm) (DS) 168 (8,95) 163 (6,71) 175 (5,3) Poids (kg) (DS) 73 (16,51) 66 (14,1) 82 (11,6) Tabagisme actif (%) 26 (10) 12 (8) 14 (12) Tabagisme sevré (%) 122 (48) 52 (37) 70 (62) Non fumeur (%) 105 (41) 74 (52) 29 (26) Comorbidité 214 (84) 113 (80) 101 (89) Pathologie auto-immune et allergie 23 (9) 15 (10) 8 (7) Addiction (éthylisme, toxicomanie) 6 (2) 1 (0,7) 5 (4) Pathologie cardiovasculaire 109 (43) 50 (35) 59 (52) Thérapeutique (anticoagulant, antécédant de chimiothérapie) 38 (15) 20 (14) 18 (16) Pathologie respiratoire 38 (15) 21 (15) 17 (15) Antécédent de cancer 64 (25) 33 (23) 31 (27) Démence, déficit moteur, pathologie psychiatrique 13 (5) 11 (7) 2 (2) Obésité, dénutrition, diabète 46 (18) 26 (18) 20 (18) Pathologie hormonodépendante 14 (5) 12 (8) 2 (2) Pathologie digestive 41 (16) 29 (20) 12 (11) Pathologie urologique et néphrologique 9 (3) 1 (0,7) 8 (7) Infection virale chronique (VHC, VHB, VIH) 6 (2) 3 (2) 3 (3)   Tableau 2. Âge moyen au diagnostic et statut tabagique des sous-types histologiques des TNEP. CT N=164 CA N=39 CNEGC N=17 CPC N=33 Âge diagnostic moyen (DS) 54,2 (16,4) 54 (21,4) 64,65 (9,7) 62,88 (9,8) Âge diagnostic médian 58 62 64 63 Tabagisme actif (%) 17 (3) 2 (5) 2 (11) 5 (15) Tabagisme sevré (%) 63 (38) 17 (43) 14 (82) 28 (84) Non fumeur (%) 84 (51) 20 (51) 1 (5) 0 (0)   [caption id="attachment_4620" align="aligncenter" width="251"] Figure 1. Représentation des TNEP en fonction du type histologique.Figure 1A : évolution des TNEP et ses sous-types en fonction des années de prise en charge.Figure 1B : représentation des stades TNM en pourcentage des TNEP et des sous-types histologiques.[/caption]   3.2. Présentations cliniques Dans notre étude, la majorité des cas sont des découvertes fortuites (38,7%). Les symptômes évocateurs sont ceux d’une irritation bronchique : pneumopathie 17%, toux 15%, hémoptysie 11,1%. Des manifestations endocrines paranéoplasiques ont été observées chez 5 patients : syndrome de Cushing (n=3) et carcinoïde (n=2). Les signes et symptômes conduisant au diagnostic sont résumés dans le tableau 3.   Tableau 3. Récapitulatif des symptômes/signes d’entrée en diagnostic. TNEP (%) CT (%) CA (%) CNEGC (%) CPC (%) Fortuite 98 (38,7)     66 (40) 9 (23) 6 (35) 17 (51) Pneumopathie 44 (17,3) 32 (19) 11 (28) 0 (0) 1 (3) Hémoptysie 28 (11,1) 12 (7) 11 (28) 3 (17) 2 (6) Dyspnée 14 (5,5) 7 (4) 6 (15) 1 (5) 0 (0) Toux 38 (15) 27 (16) 8 (20) 2 (11) 1 (3) Dysphonie 1 (0,3) 0 (0) 1 (2) 0 (0) 0 (0) AEG 5 (2) 2 (1) 0 (0) 2 (11) 1 (3) Cushing 3 (1,2) 2 (1) 1 (2) 0 (0) 0 (0) Pancréatite 1 (0,4) 1 (0,6) 0 (0) 0 (0) 0 (0) Paranéoplasique 6 (2,3) 6 (3) 0 (0) 0 (0) 0 (0) Surveillance 18 (7,1) 8 (4) 0 (0) 3 (17) 7 (21) Douleur 1 (0,4) 1 (0,6) 0 (0) 0 (0) 0 (0) Neurologique 3 (1,2) 0 (0) 0 (0) 0 (0) 3 (9) Dermatomyosite 1 (0,4) 0 (0) 0 (0) 0 (0) 1 (3) Syndrome carcinoïde 1 (0,4) 0 (0) 1 (2) 0 (0) 0 (0)   3.3. Examens de médecine nucléaire Parmi les 253 patients de l’étude, 226 (89%) ont bénéficié d’un examen d’imagerie nucléaire. Nous avons classé les examens en fonction de leur traceur : TEP-FDG n=197, Octréoscan n=22, TEP-DOPA n=7. Dans le groupe TEP-FDG, 173 examens étaient considérés comme positifs (87%) et 24 étaient considérés comme négatifs (13%). En termes de valeur numérique, seulement 120 comptes rendus indiquaient une valeur de SUV. La moyenne était de 6±4 SUV [intervalle : 0-22,5]. Les Octréoscans n’avaient pas de valeur numérique, en revanche 40% des examens étaient positifs. En ce qui concerne les 7 examens de TEP-DOPA, une seule valeur numérique était répertoriée. Les résultats des examens de médecine nucléaire sont donnés dans le tableau 4.               Tableau 4. Récapitulatif des examens de médecine nucléaire. TNE CT CA CNEGC CPC TEP-FDG N=197 N=122 N=28 N=16 N=31 Positif (%) 173 (87) 103 (84) 24 (85) 15 (93) 31 (100) Négatif (%) 24 (13) 19 (16) 4 (15) 1 (7) 0 (0) Octréoscan N=22 N=18 N=3 N=0 N=1 Positif (%) 9 (41) 6 (33) 2 (66) 0 (0) 1 (100) Négatif (%) 13 (59) 12 (67) 1 (34) 0 (0) 0 (0) TEP-DOPA N=7 N=6 N=1 N=0 N=0 Positif (%) 6 (85) 5 (83) 1 (100) 0 (0) 0 (0) Négatif (%) 1 (15) 11 (17) 0 (0) 0 (0) 0 (0)   3.4. Données de l’endoscopie bronchique Cent soixante-trois fibroscopies préopératoire sont recensées, soit 64,42% des patients. Parmi elles, 93 (57%) étaient jugées comme contributives et ont apporté une analyse histologique préopératoire de certitude maligne ou d’orientation. Le diagnostic de CPC n’a jamais été obtenu en préopératoire par fibroscopie. Une désobstruction bronchique préopératoire avait été réalisée dans 7,11% des cas.   3.5. Chirurgie et suites postopératoires Sur les 253 patients, 2 ont été opérés en urgence en raison d’une hémoptysie active et menaçante. Le motif d’urgence pour 1 cas était une hémoptysie massive avec pneumonectomie d’hémostase sans exploration précédente (le patient n’était pas connu). Le deuxième cas pour l’apparition d’hémoptysies abondantes chez un patient connu et exploré. Dans le premier cas il n’y a pas eu de curage. Les 253 interventions ont consisté en pneumonectomie, lobectomie, segmentectomie, résection atypique (± lobectomie). Une intervention pouvait comprendre plusieurs gestes de résection. Les gestes chirurgicaux sont résumés dans le tableau 5 où les résections atypiques isolées ne sont pas représentées.   Tableau 5. Résection anatomique carcinologique.   TNEP CT CA CNEGC CPC Pneumonectomie 9 0 3 1 5 Bilobectomie 16 13 3 0 0 Lobectomie 190 124 29 15 22 Segmentectomie 24 19 3 0 2 Lobectomie bronchoplastique 37 27 6 2 2   Au cours des interventions, des gestes associés ont dû/pu être réalisés, à type de résection cunéiforme, lambeaux intercostaux, résection anastomose de bronche et/ou artère, pneumolyse. Dans notre série, une résection cunéiforme et cinq lambeaux intercostaux sont retrouvés. Lors de résection anastomose d’artère (3 dans notre cohorte), 2 sont concomitantes d’une résection anastomose de bronche. Dans les 15 premiers jours postopératoires, il y a eu 6 réadmissions, 2 pour épanchements, 4 pour infections sur poumon opéré. Il n’y a pas de réadmission au-delà de J15. Dans les 90 jours postopératoires, 95 patients ont présenté des complications qui sont résumées dans le tableau 6. Sur les 5 décès, 1 n’est pas lié à la prise en charge chirurgicale mais à une évolution rapide d’un CPC.   Tableau 6. Complications postopératoires de 0 à 90 jours.   TNEP % Atélectasie 8 3,16 Bullage >5J 22 8,69 Détresse respiratoire aiguë 7 2,76 Paralysie phrénique 1 0,39 Pneumopathie 18 7,11 Embolie pulmonaire 4 1,58 Fibrillation auriculaire 14 5,533 Infarctus du myocarde 1 0,39 Insuffisance cardiaque 1 0,39 Chylothorax 5 1,97 Hémorragique 3 1,18 Caillotage 5 1,97 Anémie 1 0,39 Luxation aryténoïde 1 0,39 Paralysie récurrentielle 10 3,95 Insuffisance rénale 2 0,79 Rétention aiguë d’urine 4 1,58 Infection urinaire 2 0,79 Ulcère gastroduodénale 1 0,39 Décès 5 1,97   3.6. Critères qualité de la chirurgie et données anatomopathologiques 93% des patients ont eu une évaluation ganglionnaire soit 237/253 interventions : 209 curages ganglionnaires complets et 28 échantillonnages selon les comptes rendus opératoires. Parmi les curages ganglionnaires complets, seulement 162 curages (78%) respectent les recommandations de l’ESTS. Il y a eu en outre 7 cas de curage lobe-orienté qui respectaient les recommandations, soit un total de 169 évaluations ganglionnaires conformes sur 252 patients (1 patient en urgence vitale absolue), et donc 66% des patients de cette cohorte. Dans 59 cas, un envahissement ganglionnaire (N+) était observé. Le ratio ganglionnaire de ces interventions était de 19,5%. Ces données sont résumées dans le tableau 7.   Tableau 7. Évaluation ganglionnaire.   TNEP CT CA CNEGC CPC Nombre de ganglions prélevés (DS) 14,9 (7,9) 14,0 (7) 16,1 (7) 17,3 (9,4) 15,9 (10,9) Nombre de ganglions médiastinaux prélevés (DS) 8,6 (5,9) 8 (5,5) 8,5 (4,5) 11 (6,83) 9,8 (8,1) Nombre de ganglions intraparenchymateux prélevés (DS) 6,3 (3,9) 6 (3,7) 7,5 (4,4) 6,38 (3,7) 6 (4,4) Nombre de ganglions positif (DS) 0,6 (1,5) 0,2 (0,7) 1,05 (1,5) 0,4 (0,7) 1,6 (2,7) Nombre de stations médiastinales explorées (DS) 3,4 (1,4) 3,4 (1,5) 3,5 (1,4) 3,6 (1,3) 3 (1,2) Respect critère de l’ESTS sur le curage ganglionnaire (%) 168 (66) 104 (63%) 30 (76%) 11 (64%) 14 (42%)   Les résultats TNM sont représentés dans la figure 1B en pourcentage et par sous-type histologique. Dans la prise en charge adjuvante, nous notons deux interventions chirurgicales (l’une pour marge non saine dans le cadre d’une CT et l’autre pour résection d’une métastase cérébrale dans le cadre d’un CPC), 32 chimiothérapies et 14 radiothérapies. Il y a eu une chimiothérapie pour une atteinte ganglionnaire de CA en 2004. Dans le groupe CNEGC, les chimiothérapies ont été effectuées en cas d’atteinte ganglionnaire pour 4 d’entre eux et pour une tumeur T4, un seul cas ne présente pas d’atteinte ganglionnaire ni de T4 mais a tout de même eu une chimiothérapie en 2006. Tous les CPC ont eu une indication de chimiothérapie mais seulement 25 cas l’ont reçue.  Toutes les radiothérapies adjuvantes avaient été réalisées dans le cadre de CPC.   3.7. Suivi et étude de survie Le suivi a été assuré en moyenne pendant 49±43 mois avec une médiane de 33 mois (intervalle : 4 jours à 156 mois). Sur les 253 patients, 33 sont décédés, 6 décès de complications chirurgicales (2 fistules bronchiques, 1 hémoptysie massive sur une fistule artériobronchique, 1 hémorragie à domicile sans précision, 1 embolie pulmonaire, 1 syndrome de défaillance multiviscérale sur un point de départ septique) et 27 patients sont décédés d’une récidive de leur TNEP sans précision. Le taux de survie est représenté par des courbes de survie selon la méthode de Kaplan-Meier de manière globale par sous-type et par statut ganglionnaire (N0/N+) sur les figures 2 et 3. Les taux de survie à 5 et 10 ans sont représentés dans le tableau 8 et par statut ganglionnaire, ainsi que par respect des critères ESTS. Sur la figure 4 représentation des courbes de survie des CPC avec et sans respect des critères ESTS.   [caption id="attachment_4621" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Survie des TNEP en fonction du type histologique.[/caption] [caption id="attachment_4622" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Survie des TNEP en fonction des types histologiques et en fonction de l’atteinte ganglionnaire N0/N+ (comparaison par log-rank).A : carcinoïde typique (p=0,496) ; B : carcinoïde atypique (p=0,305) ; C : carcinome à grande cellules (p=0,887) ; D : carcinome à petites cellules (p=0,03).[/caption] Tableau 8. Taux de survie à 5 et 10 des TNEP par sous-type et leur statut N positif ou négatif. Survie TNEP CT CA CNEGC CPC 5 ans 85,5% 98,1% 96,3% 58,7% 32,3% 10 ans 81,8% 98,1% 69,3% 58,7% 24,2% N0 5 ans 89,6% 97% 100% 55,6% 44,8% N0 10 ans 87,9% 97% 66,7% 55,6% 44,8% N+5 ans 71,3% 100% 91,7% 75% 19,2% N+10 ans 58,1% 100% 61,1% 75% 0% N0 vs N+ (log-rank) <0,001 0,496 0,305 0,887 0,03 Curage ESTS respecté à 5 ans 81% 94% 94% 47% 36% Curage ESTS non respecté à 5 ans 91% 100% 100% 87% 16% ESTS respecté vs ESTS non respecté (log rank) 0,06 0,17 0,78 0,21 0,34   [caption id="attachment_4623" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Survie des CPC en fonction du respect des critères ESTS pour le curage, p=0,34.[/caption]   4. Discussion Les TNEP représentent un groupe de 4 types histologiques différents de gravité pronostique croissante selon le grade : les CT dits de bas grade, les CA de grade intermédiaire, les CNEGC et les CPC de haut grade. La distribution par genre a été de 1,23 femme pour un homme. Cette prépondérance du sexe féminin est en contradiction avec certaines données de la littérature sur les TNEP dans lesquelles une prépondérance masculine forte est mentionnée [1,5]. Cette différence est liée à la forte représentation des CT dans notre cohorte et son augmentation, type histologique pour lequel une prépondérance féminine est classique. En revanche, sur les études spécifiques sur les sous-types histologique, nos valeurs sont en corrélation avec la littérature [6,10], respectivement 63% de femmes pour les CT, 51% pour les CA, 29% pour les CNEGC et enfin 33% pour les CPC. L’âge au diagnostic s’étend de 14 à 84 ans, avec une moyenne de 56 ans ±16,6. Pour les hommes l’intervalle est de 16 à 84 ans avec une moyenne de 58 ans ±16,6 ans. Pour les femmes, l’âge au diagnostic est plus précoce avec des bornes de 14 à 81 ans, une moyenne de 54 ans ±15,62 ans. Ces données sont concordantes avec celles de la littérature [1-13]. La répartition des sous-catégories par ordre décroissant est de 64% de CT, 15% de CA, 6% de CPC et 1% de CNEGC, avec 80% de CT dans le groupe des carcinoïdes. Les circonstances du diagnostic, toutes TNEP confondues, ont été à 38,6% fortuites, 17% une pneumopathie obstructive, 15% la toux. Les CA et les CNEGC étaient plus souvent symptomatiques avec 28% de pneumopathie et hémoptysie pour les CA et 17% d’hémoptysie pour les CNEGC. Une fibroscopie interventionnelle avec désobstruction a été effectuée dans 19,4% des patients ayant eu une fibroscopie préopératoire, essentiellement dans le contexte d’une pneumopathie obstructive d’amont (17%). Dans notre étude rétrospective, sur presque 15 ans de chirurgie des TNEP, nous obtenons une cohorte de 253 patients, avec une augmentation de 2005 à 2018 de 269%, soit une augmentation annuelle moyenne de 19%. Cette augmentation a porté principalement sur celle des CT. En effet, les CT ont eu une augmentation de 325%. Cette observation est bien au-delà de l’étude japonaise qui fait état d’une hausse de 6% par an depuis 30 ans [2], et laisse supposer, outre une augmentation d’incidence de ces tumeurs, des réorganisations régionales du recrutement du service. Les TEP-FDG, contrairement aux idées reçues, ont été analysées comme “positives” dans 84% des cas dans notre série. Les résultats collectés sur les TEP-scanner sont cependant très difficiles d’interprétation devant les absences fréquentes dans le compte rendu des valeurs de SUV max et hépatique, l’absence de nomenclature et de directives collégiales sur les interprétations, ainsi que l’évolution des machines et les multitudes des appareils utilisés. Néanmoins, nos résultats suggèrent plutôt que les TNEP sont des tumeurs hypermétaboliques avec un SUV moyen (sur les données disponibles) de 4,28, et 5,10 pour la littérature [12]. Nous avons logiquement observé un hypermétabolisme plus prononcé pour les TNEP de haut grade. L’étude américaine publiée en 2015 [10] annonce des résultats de 100% de fixation pour toutes les TNE excepté les CT, ce qui est donc partiellement en contradiction avec nos résultats. La prise en charge chirurgicale a consisté en une résection anatomique monobloc dans 94,7% des cas, 191 lobectomies, 37 résections infralobaires et 9 pneumonectomies. Dix-huit résections anastomoses bronchiques ont été réalisées dont 2 avec résection anastomose artérielle. Sur les critères du curage ganglionnaire, 67% des interventions ont respecté les recommandations de l’ESTS. Sur l’atteinte ganglionnaire, 74% des patients étaient N0, 15% N1 et 8% N2. Les informations dans la littérature sur le détail du curage en ce qui concerne les CT font état de 17% d’atteinte ganglionnaire contre 13% ici et 45% pour les CA contre 43% [11]. L’étude de la Nouvelle-Orléans reporte 34% d’atteinte ganglionnaire médiastinale sur une cohorte de 121 patients opérés [8] en concordance avec le taux de 36% que nous avons observé. Le taux de récidive était de 13% toutes TNEP confondues, 2% CT, 17% CA, 23% CNEGC et 54% pour les CPC, ce qui est globalement conforme aux données de la littérature : 5% pour les CT et 20% pour les CA [11]. Le pronostic des TNEP est très variable en fonction de son grade, les CPC ont un taux de 32 et 24% de survie à 5 et 10 ans. En ce qui concerne les CT, en fonction des études il est reconnu un bon pronostic de survie à 5 ans variant de 80 à 100% [1,2,6,9]. Les CA ont des valeurs très étalées en fonction des études de 25 à 100% [1,2,6] et 13,4% pour les CNEGC [6]. Dans notre analyse, selon la méthode de Kaplan-Meier, la survie à 5 ans toutes TNEP est de 85,5% et de 81,8% à 10 ans. On note également une différence significative sur la survie sur l’atteinte ganglionnaire dans le groupe TNEP et CPC. En conclusion, cette étude monocentrique rétrospective suggère une augmentation épidémiologique de ces tumeurs. Nous avions souhaité étudier l’ensemble de ces tumeurs en un groupe, en dépit des différences pronostiques majeures observées dans le spectre de ces tumeurs. La raison en était principalement l’impression, confirmée par ce travail, de la grande similitude pronostique “dans la vraie vie” des tumeurs carcinoïdes typiques et atypiques d’une part, et des TNEP à grandes cellules et à petites cellules quand elles sont opérées, d’autre part. Enfin, il nous paraissait important de tester les dernières évolutions de la classification TNM sur ce type de tumeur, ce qui correspond à une zone “grise” de la littérature contemporaine. De même, il n’est plus possible en 2019 de présenter une cohorte chirurgicale sans un minimum d’information concernant la qualité de la chirurgie qui a été réalisée. Le focus sur le curage ganglionnaire montre que, même dans une équipe universitaire à haut volume d’activité et convaincue de l’importance du curage ganglionnaire, ce dernier n’avait été réalisé conformément aux recommandations internationales de pratiques, pourtant minimalistes, que chez 2 patients sur 3. La marge de progression est donc substantielle.   ANNEXE 1   – Tumeur carcinoïde typique : tumeur à morphologie carcinoïde avec moins de 2 mitoses par 2 mm2 (10 HPF), pas de nécrose et mesurant au moins 0,5 cm.   – Tumeur carcinoïde atypique : tumeur à morphologie carcinoïde avec 2 à 10 mitoses par 2 mm2 (10 HPF) et/ou nécrose (souvent punctiforme).   – Carcinome neuroendocrine à grandes cellules : architecture neuroendocrine : nids, travées, rosettes, palissades ; index mitotique élevé : ≥11 mitoses par 2 mm2 (10 HPF), moyenne de 70 par 2 mm2 (10 HPF) ; nécrose (souvent de larges zones) ; cellules tumorales larges avec cytoplasme modéré à abondant ; nucléole fréquent (diag diff CBPC); un ou plusieurs marqueurs neuroendocrines positifs en immunohistochimie chromogranine, synaptophysine et CD56. Un marqueur est suffisant si >50% cellules tumorales ; variant combiné : avec un autre carcinome non CBPC. – Carcinome à petites cellules : petite taille des cellules (en général < au diamètre de trois petits lymphocytes) ; peu de cytoplasme ; chromatine granuleuse, nucléoles absents ; déformation (moulding) nucléaire ; index mitotique élevé : ≥10 mitoses par 2 mm² (10 HPF), moyenne de 80 par 2 mm2 (10 HPF) ; nécrose fréquente, souvent en larges plages ; variant combiné : avec un autre carcinome ; e.n IHC : kératine AE1/AE3 souvent en dots. Marqueurs neuroendocrines (CD56, chromogranine et synaptophysine) souvent + (10% cas négatifs). TTF1 + dans 90% des cas   Il existe donc 3 grades de prolifération tumorale de malignité croissante distinguant les carcinoïdes typiques, les atypiques et les tumeurs de haut grade de malignité regroupant les carcinomes à petites cellules et les carcinomes neuroendocrines à grandes cellules.   Références Ichiki Y, Matsumiya H, Mori M, Kanayama M, Nabe Y, Taira A, Shinohara S, Kuwata T, Takenaka M, Hirai A, Imanishi N, Yoneda K, Noguchi H, Shimajiri S, Fujino Y, Nakayama T, Tanaka F. Predictive factors of postoperative survival among patients with pulmonary neuroendocrine tumor. J Thorac Dis 2018 Dec;10(12):6912-6920. https://doi.org/10.21037/jtd.2018.11.115 PMid:30746237 PMCid:PMC6344740 Gosain R, Mukherjee S, Yendamuri SS, Iyer R. Management of Typical and Atypical Pulmonary Carcinoids Based on Different Established Guidelines. Cancers (Basel) 2018 Dec 12;10(12) pii: E510 https://doi.org/10.3390/cancers10120510 PMid:30545054 PMCid:PMC6315766 Man D, Wu J, Shen Z, Zhu X. 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Référentiel Auvergne Rhône-Alpes en oncologie thoracique 15e édition mise à jour 2019.   Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared.  Date de soumission : 28/08/2019. Acceptation : 09/09/2019.    
décembre 13, 2019
A la une · Chirurgie cardiaque congénitale et pédiatrique · Vol. 23 Décembre 2019

Chirurgie des défects septaux ventriculaires en hypertension artérielle pulmonaire sévère : chirurgie et résultats

R. Boukerroucha¹*, N. Messikh², Lahcene Nezzal³, K. Roudouci¹   Faculté de médecine de Tizi Ouzou, Algérie. Faculté de médecine de Constantine, Algérie. Faculté de médecine service d’épidémiologie de médecine préventive (Semep), université de Constantine 3, CHU de Constantine, Algérie. * Correspondance : redbouker2001@yahoo.fr   DOI : 10.24399/JCTCV23-4-BOU Citation : Boukerroucha R, Messikh N, Nezzal L, Roudouci K. Chirurgie des défects septaux ventriculaires en hypertension artérielle pulmonaire sévère : chirurgie et résultats. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(4). doi: 10.24399/JCTCV23-4-BOU   RÉSUMÉ Objectif : les communications interventriculaires (CIV) isolées représentent au moins 30 à 40% de l’ensemble des malformations cardiovasculaires du nourrisson. Leur prévalence varie de 5,5 à 17,9 pour 1000 naissances. Les conséquences physiologiques des CIV à shunt important sont : une altération progressive du lit artériolaire pulmonaire, une atteinte de la fonction cardiaque (dilatation des cavités gauches). Dans notre étude, nous rapportons une série de patients opérés pour CIV au stade d’HTAP (PAPs supérieure à 60 mmHg). Patients et méthodes : de 2000 à 2018, sur 153 patients opérés pour une communication interventriculaire isolée (CIV), 34 avaient une HTAP (PAPs supérieure à 60 mmHg). Il s’agissait de 15 femmes et 19 hommes (sexe ratio : 1,26), d’âge variant de 3 à 40 ans (moyenne d’âge de 17,8 ans). La durée entre l’installation de la symptomatologie et la prise en charge variait entre 1 mois et 10 ans ; NYHA de I à III. La totalité des patients étaient en RSR. Les types de CIV observées : 26 périmembraneuses, 4 musculaires. La fraction d’éjection du ventricule gauche variait entre 54 à 81% (moyenne : 64,14%). La pression artérielle systolique pulmonaire variait entre 68 à 138 mmHg (moyenne : 85,7). Résultats : la chirurgie a été réglée chez la totalité de patients. Vingt-cinq CIV ont été fermées par un patch synthétique et 9 par un patch péricardique. Le séjour en unité de soins intensifs (USI) a duré entre 1 et 4 jours, la durée du séjour hospitalier a varié entre 1 et 23 jours. Le taux de complications était de 2,94% en USI et de 2,94% en hospitalier. On déplore 2 décès (5,88%). Une baisse du niveau de la PAP entre 20 et 85 mmHg (46,4 mmHg en moyenne) chez la plupart des opérés. Seulement 7 opérés (20,5%) ont gardé des PAPs élevées. Conclusion : les CIV sont des shunts congénitaux qui se caractérisent par leur diversité anatomique, leur polymorphisme clinique et leurs complications évolutives redoutables que sont l’insuffisance cardiaque et l’HTAP (syndrome d’Eisenmenger). Cette évolution est variable selon leur dimension et leur siège. Une fermeture chirurgicale précoce s’impose pour les shunts importants, dans le but de préserver la fonction cardiaque et le lit artériolaire pulmonaire. Arrivée au stade d’HTAP sévère, les résultats de la chirurgie sont grevés d’une morbimortalité qui se rapproche des résultats constatés dans les CIV opérées avec des pressions artérielles pulmonaires moins sévères. Les résultats à court et moyen terme de notre série de CIV opérées en forte HTAP sont acceptables. Les résultats à long terme nécessitent un suivi et sont en cours d’évaluation.   ABSTRACT Ventricular Septal defect surgery with severe pulmonary arterial hypertension: surgery and prognosis Objective: Isolated interventricular communication (VSD) accounts for at least 30% to 40% of all cardiovascular malformations in infants. Their prevalence varies from 5.5 to 17.9 per thousand births; the physiological consequences of the important VSD shunt are: progressive deterioration of the pulmonary arteriolar bed, impairment of the cardiac function (dilation of the left cavities). In our study, we report a series of patients operated for VSD at the stage of pulmonary arterial hypertension (PAH) (PAPS greater than 60 mm Hg). Patients and methods: From 2000 to 2018, out of 153 patients operated for isolated VSD; 34 had a PAH (PAPS greater than 60 mmHg); There are 15 women and 19 men (sex ratio: 1.26); age range from 03 to 40 years (an average age of 17.8 years). The duration between the onset of symptomatology and management ranged from one month to 10 years; NYHA from I to III. All patients were in RSR. The types of VSD observed; 26 perimembranous, 04 muscular. Ejection fraction ranged from 54 to 81% (mean: 64.14%). The pulmonary systolic blood pressure ranged from 68 to 138 mm Hg (mean: 85.7). Patients: The surgery was resolved in all patients. Twenty-five VSD were closed with a synthetic patch and 09 with a pericardial patch. The intensive care unit (ICU) stay lasted between 1 and 4 days, the duration of the hospital stay varied between 1 and 23 days. The complication rate was 2.94% in ICU and 2.94% in hospital. We deplore 02 deaths (5.88%). A drop in the level of PAPS between 20 and 85 mm Hg (46.4 mm Hg on average) for most operated patients. Only 07 operated (20.5%) kept high pulmonary hypertension. Conclusion: The VSD are characterized by their anatomical diversity; The evolution varies according to their size and seat; a minority of VSD requires early surgical closure to avoid complications of a significant left to right shunt such as cardiac failure and pulmonary hypertension (Eisenmenger syndrome).Check in adulthood, other complications such as infective endocarditis and aortic regurgitation are possible (need for rigorous monitoring and antibiotic prophylaxis).The short- and medium-term results of our series are acceptable. The long-term results require follow-up and are being evaluated.   1. Introduction La communication interventriculaire (CIV) est une cardiopathie congénitale fréquente, représentant 30 à 40% de l’ensemble des cardiopathies congénitales à la naissance [1,2]. Son incidence est estimée par certains auteurs à 2 pour 1000 naissances [3]. Sa prévalence a augmenté grâce à l’avènement du doppler, elle est estimée entre 5,5 et 17,9 pour 1000 naissances selon différents auteurs [1]. Décrite pour la première fois par Roger, Lillehei a pratiqué la première fermeture chirurgicale en utilisant une circulation croisée en 1955 [3-5]. La CIV se présente sous forme isolée ou associée à d’autres anomalies dans certaines cardiopathies congénitales dites complexes (tétralogie de Fallot, canal atrioventriculaire…). Différentes formes anatomiques ont été identifiées : périmembraneuse, infundibulaire, musculaire trabéculée et d’admission. Au cours de la période post-natale, les résistances pulmonaires élevées au début minimisent le shunt ventriculaire et protègent l’arbre pulmonaire. Par la suite, la baisse de ces résistances va majorer le shunt. Tout retard de diagnostic et de réparation aura comme conséquences : tout d’abord l’installation d’un shunt gauche droit qui dépend de la taille du défect et des pressions qui règnent au niveau du cœur droit, ce qui altère la fonction contractile du VG. L’autre conséquence est l’installation d’une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) qui peut inverser le shunt (syndrome d’Eisenmenger). Une classification hémodynamique a été proposée distinguant 4 types de CIV [tableau 1] [1].   Tableau 1. Classification hémodynamique des CIV [1]. Le diagnostic précoce dès la naissance a été bouleversé par le développement de l’imagerie médicale, principalement l’échocardiographie doppler. Une fois diagnostiquée, la CIV est évaluée. L’indication opératoire est retenue en se référant aux différentes recommandations de l’ESC et de l’ACC/AHA avant l’installation d’une HTAP [6,7]. La morbimortalité de la chirurgie a nettement baissé avec l’amélioration de la technique chirurgicale, du déroulement de la circulation extracorporelle (CEC), notamment dans cette tranche d’âge (enfants de petit poids), l’amélioration des conditions de réanimation. Certaines complications sont décrites : shunt résiduel, bloc auriculoventriculaire (BAV), complications neurologiques et décès. En présence d’une HTAP, la règle était de s’abstenir de corriger la CIV. Eu égard au développement du traitement de l’HTAP, certains auteurs proposent une thérapeutique médicale anti-HTAP préopératoire en préparation à la chirurgie. La problématique que soulève l’ensemble des écrits qui traitent les CIV au stade d’HTAP est : la chirurgie au stade d’HTAP sévère est-elle faisable ? Et, peut-on proposer une réparation sans cathétérisme droit et un test de réversibilité au préalable ? Notre étude rapporte une série de patients opérés pour CIV avec des pressions artérielles pulmonaires systoliques (PAPs) >60 mmHg, ils ont été opérés sur la base de données cliniques et échocardiographiques et sans la pratique de test de réversibilité par indisponibilité du cathétérisme droit.   2. Patients et méthodes De 2000 au 2018, 153 patients ont bénéficié d’une chirurgie pour communication interventriculaire (CIV). Notre population assez homogène n’inclut que les CIV isolées et opérées par deux chirurgiens seniors. Les cardiopathies complexes ont été exclues. L’indication opératoire a été basée sur la présence de symptômes, le caractère non restrictif de la CIV, le retentissement pulmonaire (HTAP) et le retentissement sur les cavités cardiaques notamment gauches (dilatation du ventricule gauche) ou la présence d’anomalies congénitales associées, nécessitant une chirurgie n’entrant pas dans le cadre de cardiopathies congénitales complexes (CIA, FOP et PCA). C’est une étude rétrospective descriptive qui vise à établir un profil épidémiologique, clinique, échocardiographique et évolutif des patients. Une analyse statistique des variables pré et postopératoires à la sortie (shunt résiduel, pression artérielle pulmonaire), des complications et les décès. Le recueil des données de cette étude a été basé sur le dépouillement du dossier médical de l’opéré durant la période hospitalière. Les variables continues ont été exprimées en moyenne et les variables qualitatives en fréquence et pourcentage. Le recueil des informations a été saisi dans la base de données des patients opérés à l’EHS Erriadh, les données pré, per et postopératoires sont recueillies et saisies dans l’outil informatique (Microsoft Office Windows 2007 : Excel). Une comparaison a été faite sur la base de tests statistiques pour un risque d’erreur admis au maximum de α=0,05 (5%) : un test χ² pour les variables qualitatives [8-10]. Un test de corrélation pour les variables quantitatives [8-10].   [caption id="attachment_4645" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Répartition en fonction de l’âge des patients avec PAPs >60 mmHg. En rouge : population avec PAPs >60 mmHg ; en bleu : PAPs <60 mmHg.[/caption]   L’âge moyen est de 17,79 ans (3 à 40 ans) dans le groupe de patients opérés pour CIV avec PAPs ≥60 mmHg et de 17,2 ans (2 à 53 ans) dans le groupe avec PAPs inférieure à 60 mmHg [figure 1]. La répartition des patients selon le sexe est de 19 hommes et 15 femmes (sexe ratio : 1,44) dans le premier groupe (PAPs ≥60 mmHg), et de 58 hommes et 61 femmes (sexe ratio : 1,44) dans le deuxième groupe. Le délai entre le diagnostic et la chirurgie a varié de 6 mois à 10 ans. Un antécédent d’endocardite a été retrouvé chez 1 patient. Trois patients avaient un antécédent de chirurgie cardiaque [tableau 2], il s’agit dans deux cas d’une chirurgie itérative pour shunts résiduels de CIV et dans le troisième cas d’une chirurgie antérieure pour coarctation aortique.   Tableau 2. Antécédents de chirurgie cardiaque. Lésion cardiaque à la primo-intervention Date primo-intervention Date réintervention Lésion cardiaque à la réintervention Geste opératoire ≠ 01 CIV/Coarctation de l’aorte 2002/2005 2011 CIV périmembraneuse + IM I + FOP + IT IV + resténose aortique Fermeture de la CIV périmembraneuse par voie atriale droite par patch en Dacron + plastie antéroseptale Vt + fermeture FOP + CACO ≠ 02 CIV 2007 2012 Désinsertion du patch de CIV avec shunt important + IM II + IT II + PAPs 96,2 mmHg Fermeture de la CIV par patch en Dacron + plastie VT (Kay ?) ≠ 03 CIV 2006 2012 Désinsertion patch CIV + IT III + PAPs 86 mmHg Fermeture de la CIV sous A° par patch Dacron par voie atriale droite complétée par patch par voie aortique + RVA ° M dans un second temps   L’examen clinique a révélé un souffle caractéristique chez les 34 patients, un souffle systolodiastolique au foyer aortique chez 1 patient et un souffle d’insuffisance mitrale chez 2 patients. Le stade fonctionnel selon la New York Heart Association (NYHA), stade I chez 10 patients, stade II chez 21 patients et 3 patients au stade III. La totalité des patients avait un rythme sinusal. À la radiographie du thorax, l’index cardiothoracique a varié de 0,38 à 0,67 (moyenne 0,53). L’évaluation échocardiographique préopératoire a permet d’objectiver le shunt interventriculaire, de préciser son siège, ses dimensions, de préciser son caractère restrictif ou non (vitesse), d’identifier les conséquences du shunt sur le ventricule droit (VD) (hypertrophie du VD et réaction fibreuse secondaire [lésion de jet]) et les cavités cardiaques gauches [tableau 3] et de rechercher les lésions associées (insuffisance aortique, insuffisance mitrale et tricuspide et autres lésions) avec mesure des PAPs en se basant sur la fuite pulmonaire.   Tableau 3. Échocardiographie doppler. Variables Données VGD 54,6 mm (30 à 75,2) VGS 35,5 mm (19 à 49,4) VD 12,3 à 43,5 mm PAPs 85,7 mmHg (60 à 138,6) FE 64,1% (54 à 81) FR 34,9% (25,5 à 47) VGD : ventricule gauche diastolique ; VGS : ventricule gauche systolique ; VD : ventricule droit ; PAPs : pression artérielle pulmonaire systolique ; FE : fraction d’éjection ; FR : fraction de raccourcissement.   Il s’agit de 29 CIV périmembraneuses, 3 musculaires, 1 CIV d’admission, 1 infundibulaire et une double CIV d’admission et trabéculée. Les lésions associées comprenaient des lésions aortiques (insuffisance aortique minime chez 2 patients, un rétrécissement aortique lâche et une maladie aortique), des atteintes de la valve mitrale type fuite de grade I à IV (19 patients), en rapport avec la dilatation des cavités cardiaques gauches secondaires à la surcharge ventriculaire (IM grade III à IV chez 2 patients) et des régurgitations tricuspides (chez les 34 patients dont 10 de grade III à IV). Douze patients présentaient une anomalie congénitale associée : quatre rétrécissements de la voie d’éjection pulmonaire (rétrécissement infundibulaire réactionnel ou rétrécissement pulmonaire qualifié de fonctionnel), deux canaux artériels de débit modéré au doppler, deux CIA type ostium secondum et trois FOP, un rétrécissement aortique sous-valvulaire peu serré. Au doppler, le shunt était gauche droit dominant. La fraction d’éjection (FE) du ventricule gauche (VG) varie de 54 à 81% (moyenne : 64,14±6,02%). La taille du VD varie de 12,3 à 43,5 mm. Des PAPs entre 68 et 138 mmHg (moyenne : 85,73±18,04 mmHg). Aucun patient n’a bénéficié d’une étude hémodynamique ni de test de réversibilité.   3. Résultats Les patients ont été opérés sous circulation extracorporelle (CEC) aortobicave (héparine 300UI/Kg). L’abord du cœur s’est fait par une sternotomie médiane. La protection myocardique a été assurée par une cardioplégie injectée directement par la racine aortique de type cristalloïde froide antérograde (Saint-Thomas) chez 33 patients et sanguine froide dans un cas, associée à un refroidissement local. La CEC a été conduite en normothermie chez la majorité des patients (26 patients), en hypothermie modérée chez 7 patients et en hypothermie profonde chez 1 patient. L’abord de la CIV s’est effectué par atriotomie droite (transtricuspide) chez 31 patients, par voie aortique chez 1 patient, par voie combinée tricuspide et aortique chez 1 patient et enfin par voie infundibulaire chez un autre patient. Une désinsertion de la valve tricuspide afin d’accéder à la CIV a été nécessaire chez 6 patients (détachement partiel intéressant une partie de la valvule septale et la portion adjacente de la valvule antérieure). L’aortotomie a été réalisée chez 3 patients pour corriger une lésion associée de la valve aortique. Le traitement de la CIV a consisté en une fermeture du défect par un patch synthétique (chez 25 patients) ou péricardique (chez 9 patients). La fixation du patch aux bords de la CIV a été réalisée par des points séparés ou par surjet. La valve tricuspide a été réinsérée au fil Prolène 5/0. Un test à l’eau a été effectué pour vérifier l’étanchéité de la valve tricuspide et au besoin une plastie a été réalisée (chez 20 patients : De Vega, Kay, plastie bord à bord et plastie commissurale). Les gestes associés réalisés sont deux remplacements aortiques (maladie aortique modérée, régurgitation aortique iatrogène) et une commissurotomie aortique. Au niveau de la valve mitrale, un remplacement valvulaire mitral et une plastie mitrale (insuffisance mitrale grade III, VGD : 74,2 mm) ont été effectués. Une fermeture d’une communication interatriale ou d’un foramen ovale perméable chez 5 patients (par patch péricardique dans les deux CIA et par points séparés dans les trois FOP). Une ligature d’un canal artériel. Une résection d’une membrane sous-pulmonaire chez 3 patients et musculaire chez 2 autres patients. Un élargissement infundibulaire a été effectué chez un patient. La durée moyenne de CEC a été de 102,76±47,96 min (48 à 330 min) avec un temps d’ischémie myocardique de 76,5±44,48 min (33 à 294 min). Le recours aux drogues inotropes positives et aux vasoconstricteurs a été nécessaire respectivement chez 8 et 3 patients. L’isoprénaline a été utilisée chez 1 patient. Un temps de ventilation mécanique de 3 à 41 heures, un séjour en USI de 2,1 jours en moyenne (1 à 4 jours), un séjour hospitalier de 10,8 jours (0 à 23 jours). On déplore 2 décès hospitaliers (5,8%) dans le groupe avec HTAP sévère ; par dysfonction du VD avec sortie de CEC impossible (récidive de CIV) et un choc septique chez le second. Alors que dans le groupe sans HTAP (PAPs <60 mmHg), on déplore 4 décès (3,36%) ; 2 patients ont présenté des complications majeures à type de dysfonction du VG et une hyperthermie. Aucun bloc auriculoventriculaire (BAV) n’a été noté. Tous les patients gardaient un rythme sinusal à la sortie. Aucune reprise chirurgicale dans la période hospitalière n’a été observée. Le contrôle échocardiographique de sortie révèle une baisse du niveau de la PAPs observée dans les deux groupes, variable entre 20 et 85 mmHg (46,4 mmHg en moyenne) dans le groupe avec PAPs >60 mmHg et entre 15 et 89 mmHg (358 mm Hg en moyenne) dans le groupe avec PAPs <60 mmHg [tableau 4]. Notons la persistance de l’HTAP au-delà de 60 mmHg respectivement chez 7 (20,5%) [figure 2] et 5 patients (4,2%) respectivement dans le groupe avec une PAPs > ou <60 mmHg. Un patch étanche chez 25 patients, une persistance d’un passage faible ou modéré respectivement chez 7 et 2 patients. L’insuffisance tricuspide était de grade II chez 8 patients et minime pour le reste. Deux patients avaient à la sortie une régurgitation aortique grade II. Une fraction du VG de 54,49% en moyenne (35 à 73%).   Tableau 4. Évolution de l’HTAP. PAPs Préopératoire Postopératoire 0-30 mmHg 0 9 31-50 mmHg 0 13 51-60 mmHg 0 4 61-75 mmHg 12 4 76-90 mmHg 09 3 >90 mmHg 13 0   [caption id="attachment_4646" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Évolution de la PAPs.[/caption]   Pour une étude objective, une analyse statistique a été menée avec comparaison des variables pré, per et postopératoires entre le groupe avec PAPs supérieure à 60 mmHg et celui avec une PAPs <60 mmHg [tableau 5].   Tableau 5. Étude comparative entre les 2 groupes. Variables CIV avec HTAP (34 patients) CIV sans HTAP (119 patients) α Âge 17,79±9,38 17,27±10,85 >0,70 (DNS) Sexe M/F 19/15 58/61 >0,90 (DNS) sexe ratio 1,26 0,95 DNS : différence non significative (α>0,05) – Test de Chi2.   Variables CIV avec HTAP (34 patients) CIV sans HTAP (119 patients) α Mortalité 2 (5,88%) 4 (3,36%) >0,90 (DNS) Morbidité USI 1/34 (2,94%) 5/119 (4,2%) >0,90 (DNS) Morbidité hospitalière 1/34 (2,94%) 13/119 (2,94%) >0,90 (DNS) Différence significative si α≤0,05 – Test de Chi2.   Variables CIV avec HTAP (34 patients) CIV sans HTAP (119 patients) α Fraction d’éjection préop 64,14±6,02 65,39±6,97 >0,20 (DNS) Ventricule gauche préop 54,61±10,96 50,56±10,27 >0,05 (DNS) PAPs préop 85,73±18,04 42,78±9,76 <0,00001 (DS) VD préop 25,42±7,94 21,29±6,28 <0,01 (DS) Clampage aortique 76,5±44,48 59,80±23,32 <0,04 (DS) Durée de CEC 102,76±47,96 88,96±40,94 >0,10 (DNS) Inotropes + 1,79±4,21 1,01±2,91 >0,30 (DNS) Ventilation 12,39±7,91 10,84±11,71 >0,40 (DNS) Séjour en USI 2,22±0,48 2,31±0,94 >0,50 (DNS) Nombre de transfusion 2,2±1,43 1,94±1,76 >0,40 (DNS) Fraction d’éjection postop 54,49±9,19 56,58±8,5 >0,20 (DNS) PAPs postop 46,44±18,78 35,82±15,09 <0,01 (DS) Séjour postop 10,85±4,68 11,81±7,17 >0,30 (DNS) DS : différence significative (α≤0,05, en gras dans le tableau) – Test Z pour comparer deux moyennes ; CEC : circulation extracorporelle ; CIV : communication interventriculaire ; PAPs : pression artérielle pulmonaire systolique ; VD : ventricule droit ; USI : unité de soins intensifs.   4. Discussion La CIV est une cardiopathie congénitale fréquente, son diagnostic est suspecté cliniquement devant des manifestations fonctionnelles non spécifiques (signes d’hypoxie chronique) : refus de téter, retard staturopondéral et infection à répétition chez le nouveau-né. À un âge avancé, c’est la dyspnée, la cyanose progressive avec ses conséquences cliniques et biologiques (polyglobulie), l’hémoptysie, la dysphonie, les signes d’insuffisance cardiaque droite. L’examen clinique révèle le souffle caractéristique, un éclat de B2, un souffle de régurgitation tricuspide [12]. La confirmation du diagnostic est apportée par l’échocardiographie doppler (cardiopathie en cause, niveau d’HTAP et retentissement cavitaire) et le cathétérisme droit (étude hémodynamique et test de réversibilité) [11]. L’HTAP est l’évolution ultime des cardiopathies congénitales (CC) avec shunt intracardiaque gauche droit (CIA, CIV…). Ces shunts sont responsables de l’augmentation du volume et des pressions dans l’arbre artériel pulmonaire et par conséquent un remodelage des artérioles pulmonaires et une vasoconstriction, modifications irréversibles responsables à long terme d’une défaillance du ventricule droit. À un stade plus avancé, la majoration des pressions du lit artériel pulmonaire à des niveaux supérieurs par rapport aux pressions systémiques sera responsable de l’inversion du shunt et à un stade ultime l’installation d’un syndrome d’Eisenmenger responsable d’une surmortalité des patients (1/5 des patients décède dans les 5 ans dans l’étude d’ Engelfriet et al. [20]). D’où l’intérêt d’une prise en charge précoce de cette pathologie [6,7,11]. Une CIV non restrictive a comme conséquence un shunt gauche droit à l’origine d’une augmentation du flux pulmonaire, des résistances pulmonaires et de la pression dans le lit artériel pulmonaire. L’HTAP est en relation avec l’élévation des pressions dans l’arbre artériel pulmonaire de niveau systémique [20]. La maladie vasculaire obstructive pulmonaire s’installe entre 18 et 24 mois après la naissance car les résistances pulmonaires élevées à la naissance protègent le poumon et réduisent le débit du shunt [24]. L’absence de réparation à ce stade conduit à une cascade évolutive jusqu’à l’inversion du shunt, de shunt bidirectionnel à l’inversion totale (droit gauche) dont la fréquence atteint 50% des patients en absence du traitement à temps [23]. Le syndrome d’Eisenmenger aura comme conséquence une intolérance fonctionnelle, une hémoglobinémie élevée, des infarctus cérébraux et une dysfonction multiviscérale. L’HTAP secondaire à une CIV est définie par une pression artérielle pulmonaire moyenne (PAPm) ≥25 mmHg et une PAWP ≤15 mmHg, elle constitue le sous-groupe 1.4.4 de la classification de l’ESC/ERS [11]. Et selon la classification anatomoclinique constitue le sous-groupe 1.2. Elle est classée selon un critère hémodynamique [tableau 1] en communication restrictive ou non selon le diamètre du shunt et de son débit (Qp/Qs). Et selon ces critères anatomiques en une petite ou grande communication (diamètre supérieur ou inférieur à 1 cm). Le shunt aura une direction gauche droite, sera bidirectionnel voire inversé au stade d’Eisenmenger [11]. En présence d’une CIV, l’indication du cathétérisme est retenue en présence d’une PAP >50% de la pression systémique et en cas de cardiopathie complexe [7], un test de réactivité au monoxyde d’azote est préconisé dans ce cas. C’est une indication de classe I, niveau c, selon l’ESC, dans le but de confirmer le diagnostic et de guider l’indication opératoire [11], avec une évaluation de la fonction cardiaque droite et gauche et de l’importance du shunt par le biais d’une étude hémodynamique en cas d’incertitude de l’échocardiographie doppler [7]. Dans notre série, vu l’indisponibilité du cathétérisme droit et du monoxyde d’azote, aucun patient n’a bénéficié de l’évaluation de la réversibilité. L’évaluation de nos patients s’est basée exclusivement sur l’échocardiographie doppler. Tous les patients opérés présentaient des PAPs >60 mmHg avec un shunt gauche droit dominant. L’âge auquel les patients sont opérés est un facteur péjoratif, opérer tôt avant l’installation d’HTAP est recommandé par les différentes sociétés scientifiques [7,11], malheureusement dans notre série, l’âge de la chirurgie est très avancé, il est de 17,79 ans et de 17,2 ans, respectivement dans le groupe avec PAPs >60 mmHg et <60 mmHg. L’âge de nos patients se rapproche de celui des séries de la littérature au stade d’HTAP [2,18-21,23]. Par contre, l’ensemble des auteurs rapporte des séries opérées à un âge bas avant l’installation d’une HTAP [3,5,13-17]. Dans une étude menée par Peter M Engelfriet et al. [20], l’HTAP est présente chez 28% des patients avec une CC (31/1877). Elle est retrouvée dans 28% (122/435) des CIV non réparées en présence ou non d’un syndrome d’Eisenmenger, et chez 8,9% (39/435) des patients avec une CIV non réparée en absence d’un syndrome d’Eisenmenger. Cette HTAP est présente chez 13% (35/275) des CIV opérées [20]. Dans notre série, l’HTAP est présente chez 22,2% des cas de CIV opérés (34/153). Les mêmes auteurs constatent un âge plus avancé dans la population avec HTAP, il est supérieur à 15 ans en cas de CIV (30 ans versus 26 ans en absence d’HTAP, p=0,001) [20]. Cette HTAP est très fréquente dans la population où l’âge est >40 ans ; ainsi en cas de CIV non réparée avec ou non un syndrome d’Eisenmenger, le taux est de 40,2% versus 25% avec ceux dont l’âge est inférieur à 40 ans (p=0,007) [20]. Les auteurs retrouvent également une relation entre le stade fonctionnel et le niveau de la PAPs dans la population avec défect septal (CIA, CIV) non réparé en absence d’un syndrome d’Eisenmenger (p<0,001). L’HTAP multiplie par 8 la limitation fonctionnelle et même après fermeture du défect septal. De même pour la capacité à l’effort et le niveau de PAPs dans la population de défect réparé (CIA, CIV) (p<0,001), ainsi que pour la mortalité qui est en relation statistiquement significative dans le groupe défect réparé avec un niveau élevé de PAPs. Par contre, les auteurs ne retrouvent pas cet élément (niveau de PAPs) comme facteur de surmortalité dans le groupe défect non réparé [20]. En matière d’indications opératoires, la chirurgie est contre-indiquée en présence du syndrome d’Eisenmenger ou en cas d’HTAP avec un défect de petite taille [11]. Pour les patients avec un shunt gauche droit dominant au stade d’HTAP, ils doivent bénéficier d’une évaluation des résistances vasculaires artérielles pulmonaires (PVR, classe IIa, niveau c). Les patients porteurs de cardiopathies congénitales au stade d’HTAP avec des résistances vasculaires pulmonaires indexées (PVRI) <4 WU.m² sont considérés comme corrigeables, alors que ceux avec des PVRI >8 WU.m² sont considérés comme non corrigeables. Par contre, le reste des patients (zone entre les deux valeurs) sont à discuter au cas par cas dans des centres spécialisés [tableau 5] [11].   Tableau 5. Recommandations pour la fermeture des défects simples au stade d’HTAP chez l’adulte [6,11]. Recommendation for Closure of ASD ESC/ERS 2015 [11] ACC 2018 [6] Oui PVRI <4 WU.m2 Systolic PA pressure <one-half Systemic PVR/SVR <0,3 Selon le cas PVRI 4 à 8 WU.m2 Systolic PA pressure one-half to two-thirds systemic PVR/SVR 0,3 à 0,66 Non PVRI >8 WU.m2 Systolic PAP >two-thirds systemic PVR/SVR >0,66 et Qp/Qs<1,0   Selon les recommandations de l’ESC, en présence d’une CIV, l’indication est retenue en cas d’une CIV symptomatique avec shunt gauche droit en absence d’une atteinte sévère du lit vasculaire pulmonaire et en cas de CIV asymptomatique avec surcharge du VG en rapport avec le shunt [7]. L’indication est à considérer en présence de CIV en cas d’antécédent d’endocardite, de régurgitation aortique et en présence d’un shunt gauche droit prédominant (Qp/Qs>1,5) avec une PAP ou des PVR <2/3 des valeurs systémiques. Par contre, la réparation est contre-indiquée en présence d’un syndrome d’Eisenmenger, une désaturation sévère et en présence d’une petite CIV, de CIV outre sous-artérielle, sans surcharge volumétrique, ni HTAP ni notion d’endocardite [7]. Récemment, dans les recommandations de l’ACC/AHA [tableau 5] [6], l’indication est retenue en présence d’une CIV avec un shunt significatif (Qp/Qs≥1,5) et une surcharge volumétrique gauche en présence d’une PAPs <50% de la pression artérielle systolique (PAS) et des PVR <1/3 des SVR (résistances vasculaires systémiques). L’indication est à considérer en cas d’une CIV perimembraneuse responsable d’une régurgitation aortique, un antécédent d’endocardite et en présence d’un shunt gauche droit dominant (Qs/Qp≥1,5) en présence de PAPs >50% de la PAS et des PVR >1/3 des SVR. La chirurgie est récusée en présence de CIV au stade d’HTAP sévère en présence PAPs >2/3 de la PAS, des PVR >2/3 des SVR et en cas de shunt inversé droit gauche. L’indication opératoire a été retenue chez nos patients devant toute CIV non restrictive (Qp/Qs>1,5) et en présence de signes échocardiographiques de retentissement pulmonaire (HTAP) et cardiaques (dilatation des cavités cardiaques). Tout patient présentant une inversion du shunt clinique et échocardiographique a été récusé. Le traitement chirurgical est le gold standard, il consiste en la fermeture du défect interventriculaire par un patch souvent synthétique sous CEC et arrêt cardioplégique du cœur. Le patch est fixé au pourtour de la CIV par points séparés ou par surjet en évitant la voie de conduction. Cette méthode conventionnelle souffre de diverses complications : cicatrice, infection, risque potentiel de BAV (1% [24]), shunt résiduel (5,8% à 7,3% [22]), régurgitation aortique et tricuspide. L’approche de la CIV se fait souvent par un abord transatrial droit à travers l’orifice auriculoventriculaire droit, ce qui permet une exposition et un repérage des différents bords de la CIV [14]. La fermeture de la CIV se fait souvent sans désinsertion de la valve tricuspide adjacente. En cas de difficultés d’exposition des bords de la CIV par l’insertion de cordages ou du tissu valvulaire tricuspide (10 à 30% des cas) barrant la visualisation des différents bords de la CIV [14,15], différentes techniques sont utilisées pour une meilleure exposition : la valve tricuspide est désinsérée de son anneau [figure 3] ou détacher des cordages et incision radiale de la valve tricuspide décrite pour la première fois en 1962 par Hudspeth [5,14,15], ce qui permet une meilleure exposition réduisant les complications postopératoires (shunt résiduel, BAV, distorsion de la valve tricuspide). Si l’abord de la CIV par désinsertion a ses avantages, il expose à une morbidité spécifique (déchirure de la valve tricuspide et aux troubles du rythme postopératoire) [5,14]. Parfois la fermeture de la CIV se fait par une aortotomie, exceptionnellement par voie infundibulaire.   [caption id="attachment_4647" align="aligncenter" width="300"] Figure 3. Détachement de la valve tricuspide.[/caption] A : détachement de la valve septale tricuspide ; B : détachement de la valve antérieure tricuspide ; C : détachement de la zone de la commissure antéroseptale ; D : mise en place des points de fermeture de la CIV ; E : fermeture de la CIV ; F : réinsertion de la valve tricuspide [4].   Dans notre série, dictée par le siège de la CIV, la réparation de la CIV s’est souvent faite par atriotomie droite à travers la valve tricuspide (91,1% des cas) avec désinsertion de la valve tricuspide dans 17,6% des cas. Quant à la fermeture de la CIV, un patch synthétique ou un patch péricardique a été utilisé respectivement dans 73,5% et 24,5% des cas. Une réinsertion de la valve tricuspide a été effectuée et une plastie tricuspide a été associée chez 20 patients. À l’échocardiographie de sortie, 8 patients gardaient une fuite tricuspide de grade II, par contre dans le groupe désinsertion tricuspide, un seul gardait une fuite tricuspide de grade II. Un passage modéré a été noté chez 2 patients (la CIV fermée par patch synthétique pour l’un et péricardique pour l’autre). Aucun BAV n’a été observé. Comparé aux autres séries, dans la série de Charles D. Fraser et al., ils ne retrouvent pas de différence significative sur le devenir fonctionnel de la valve tricuspide entre le groupe valve tricuspide désinsérée ou non (p=0,87), un bloc AV transitoire dans chaque groupe a été observé [14]. Kamal K. Pourmoghadam et al. ne constatent pas de différence significative entre le groupe référence (sans détachement) et celui avec détachement de la valve tricuspide (détachement de la valve de l’anneau ou des cordages tricuspides), hormis le temps de CEC et concluent que le détachement ne majore pas la dysfonction de la valve tricuspide (régurgitation) en postopératoire, le shunt résiduel et le taux de réintervention pour dégradation du résultat tricuspide [5]. Dans le même ordre d’idée, Raffaele Giordano et al. ne constatent pas de différence significative entre le détachement ou non de la valve tricuspide pour shunt résiduel, le BAV, la régurgitation tricuspide et la réintervention. Ils constatent une différence pour le temps de CEC et le clampage aortique [15]. Actuellement la fermeture percutanée tend à prendre le dessus dans l’arsenal thérapeutique [figure 4]. Elle s’est imposée comme une alternative à la chirurgie conventionnelle dans le traitement des CIV périmembraneuses et musculaires [13,19,22,26]. Réduisant ainsi les complications de la chirurgie conventionnelle (un séjour court, absence de douleur, de cicatrice, une morbimortalité basse). Par contre, ses limites de faisabilité sont le bas âge des enfants et le faible poids en présence de signes d’insuffisance cardiaque, de retard de croissance et l’installation d’une HTAP nécessitant une réparation précoce [3]. Avec un taux très élevé de réussite, Jun Liu et al. rapportent un taux de succès de 97,96% et une morbidité de 1,12% (BAV, régurgitation tricuspide, AVC et ischémie de membre) [22]. Elle met à l’abri des complications de la CEC, mais elle n’est pas dénuée de complications : le rayonnement, une lésion vasculaire, une perforation cardiaque, le mismatch entre la taille de la prothèse et la CIV, une hémolyse, une malposition, une embolisation périphérique, un accident vasculaire cérébral transitoire ou permanent, un BAV temporaire ou permanent (1% à 5%) [19,25,26], l’embolisation du matériel implanté, une endocardite, une régurgitation aortique [13,25] ou une sténose de la valve tricuspide [26].   [caption id="attachment_4648" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Perimembranous ventricular septal defect occluder [17].[/caption]  Certains auteurs ont comparé le traitement chirurgical et la fermeture percutanée. Ainsi Pierre Oses et al. identifient un âge plus avancé (108,8±61,4 mois [1-219] vs 21,6±43,2 mois [1-176]) et un diamètre plus grand dans le groupe percutané mais sans constater de différence significative en ce qui concerne la morbimortalité (shunt résiduel, régurgitation aortique, BAV et décès) [13]. D’autres auteurs ont rapporté l’implantation de prothèse par voie chirurgicale mini-invasive à cœur battant [16,19,24] avec un taux de succès de 82 à 100% [24]. L’abord thoracique est une ministernotomie inférieure [19], une thoracotomie droite passant par le 4e EICD [16] ou une ministernotomie transversale au 4e EIC [17]. Après l’abord du cœur, le repérage manuel du maximum du jet à la surface du VD va permettre une ponction perpendiculaire de la CIV et faciliter le largage de la prothèse. Cette procédure est aidée par l’ETO. Deux types de prothèse, prothèse asymétrique pour les CIV périmembraneuses, afin d’éviter une régurgitation aortique, et une prothèse symétrique pour les CIV musculaires. Cette procédure n’est pas dénuée de complications (un bloc AV, une régurgitation aortique et un shunt résiduel). Qiang Chen et al. rapportent un taux de succès de 94,8% et un BAV dans 1,6% des cas, 13 régurgitations aortiques et un shunt résiduel chez 25 patients [16,19].   4.1. Quelle stratégie devant une CIV en HTAP ? Arrivé à ce stade d’HTAP sévère (PAPm >50 mmHg [23] ou au stade d’Eisenmenger), traditionnellement la réparation était contre-indiquée (CIV avec Qp/Qs <1,5 et syndrome d’Eisenmenger), voire grevée d’une surmortalité. Devant une HTAP sévère, la décision d’opérer le patient est délicate, s’agit-il d’une HTAP réversible ou non ? Car souvent l’âge de survenue, la rapidité de l’installation et l’extension de l’HTAP sont difficiles à prévoir. La majorité des patients bénéficient d’une évaluation clinique (présence ou non de cyanose) et échocardiographique (taille et importance du shunt, caractère restrictif ou non, niveau de la PAPs, direction du shunt). Arrivé au stade d’HTAP sévère, sachant que son évolution est difficile à prévoir en postopératoire. Opérer ces patients est une décision difficile à prendre, avec le risque de les exposer à une dysfonction postopératoire du VD en cas de crise d’HTAP [27]. Ne pas les opérer, c’est les condamner à une évolution naturelle péjorative inéluctable. Raisons pour lesquelles certains auteurs ont évalué la réversibilité de l’HTAP en préopératoire et son impact sur les résultats postopératoires. Ils proposent l’institution d’un traitement vasodilatateur à tropisme artériel pulmonaire en préopératoire et poursuivi en postopératoire tant que le patient souffre de cette HTAP, c’est la stratégie “treat and repear”. Cette stratégie “treat and repair ” consiste en présence de PVR élevées, en l’institution d’un traitement spécifique de l’HTAP avant la réparation pendant une certaine durée avec, au préalable, une étude hémodynamique et un test de réversibilité suivi d’un autre avant la réparation. Une correction est proposée en cas de baisse des PVR [11]. Cette attitude a été préconisée chez l’adulte en cas de CIV au stade d’HTAP avec inversion du shunt (cyanose, hypoxie sévère), attitude qui reste à évaluer (efficacité du traitement anti-HTAP et après quel délai du traitement doit-on proposer cette réparation ?) [11]. Le traitement médical a changé le pronostic des CC au stade de la HTAP. Il se base sur des médications spécifiques et non spécifiques. Le traitement non spécifique inclut les diurétiques, l’oxygénothérapie lorsque la PaO2 <60 mmHg, l’anticoagulation orale (AVK) et les inhibiteurs des canaux calciques [11,12]. Le traitement spécifique inclut les prostanoïdes : Époprosténol, Tréprostinil, Iloprost, Béraprost. Les antagonistes des recepteurs de l’endothéline : Bosentan, Ambrisentan, Macitentan. Les inhibiteurs de la phosphodiestérase type 5 : Sildénafil, Tadalafil. D’autres molécules sont proposées : Macitentan, Vardenafil, Riociguat, Selexipag, Tyrosine kinase inhibitors [12]. Une étude très intéressante de Sridhar A et al. a évalué les résultats de la chirurgie dans une population de CIV au stade d’HTAP sévère basée sur la clinique (absence de cyanose, d’hippocratisme digital, SaO2 au repos de 90 à 95%, absence de signes d’insuffisance ventriculaire droite), l’ECG (signes d’HVD) et l’échocardiographie qui révèle un shunt bidirectionnel à prédominance gauche droit et une pression artérielle pulmonaire de niveau systémique. Les auteurs ont évalué la réversibilité (sous 100% d’oxygène pendant 15 min) après l’administration de Sidénafil pendant 3 mois avant le cathétérisme, en évaluant l’âge à l’intervention, le niveau de résistance pulmonaire indexée (PVR), rapport entre pression artérielle systémique et pulmonaire et enfin le rapport des résistances [27]. Les patients sont considérés répondant positivement lorsqu’ils sont asymptomatiques avec une baisse de la PVRI<3 WU.m2. Les patients sont considérés opérables devant une augmentation du rapport Qp/Qs au moins deux fois des valeurs de base, une baisse des résistances vasculaires pulmonaires indexées d’au moins de 25% avec une PVRI<6 WU.m2, une baisse du rapport PVRI/SVRI d’au moins 25% avec un rapport <0,3 [27]. La chirurgie a consisté en la fermeture du défect par patch fenêtré (3 mm) tout en respectant tout autre shunt perméable à l’étage ventriculaire ou auriculaire. Une ventilation de 24 heures, une prescription d’inotropes et vasodilatateur (Milrinone) en USI. Du Sildénafil a été prescrit en postopératoire tant qu’ils présentaient des signes cliniques ou échocardiograhiques d’HTAP. Malgré que seulement trois patients aient répondu aux critères de réversibilité, aucun décès hospitalier n’est survenu. Les auteurs identifient comme facteurs chez les répondants positivement : le rapport des résistances (p=0,049) et des pressions moyennes systémicopulmonaires (p=0,003). Par ailleurs, l’âge moyen au moment de la chirurgie (p=0,227), le Qp/Qs (p=0,158) et la PVRI (p=0,204) sont plus bas dans le groupe des répondeurs par rapport aux non-répondeurs. La SaO2 préopératoire <90% n’est pas retenue comme facteur prédictif. Ils concluent à ce que seules les pressions moyennes artérielles et celui des résistances systémicopulmonaires se dégagent comme facteurs prédictifs de l’évolution postopératoire. Les tests de réactivité ont un rôle non significatif sur la réversibilité ou non de l’hypertension artérielle pulmonaire à moyen terme [27]. Certains auteurs ont proposé la réparation par patch fenêtré [28], unidirectionnel [21,28], la technique de double flap proposée par Zhang et al. [figure 5] [28]. Techniques qui permettent un shunt droit gauche en cas de crise d’HTAP postopératoire, ce qui éviterait une dysfonction du VD.   [caption id="attachment_4649" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. Patch valvé unidirectionnel [23].[/caption]  Sachin Talwar et al. rapportent une série de 17 patients opérés au stade d’HTAP sévère avec PVRI >8 (10,9±2,2 WU). Après le test de réversibilité à l’O2, la PVRI a baissé à 3,72±1,98 WU et un rapport de pression moyenne systémicopulmonaire de 1,38±0,25. Quinze patients avaient un shunt bidirectionnel et de droite à gauche chez 2. Ils ont bénéficié d’une fermeture par patch à valve unidirectionnelle permettant un shunt droit gauche en cas de crise d’HTAP (3 cas en USI). Ils ne rapportent pas de mortalité opératoire et une évolution favorable à moyen terme (absence de cyanose et de shunt droit gauche, SaO2>95%) [21]. Hamid Bigdelian et al. rapportent une série de 63 enfants opérés d’une CIV au stade d’HTAP de modérée à sévère (PAP/PAS>0,7), tous les enfants ont bénéficié d’un cathétérisme droit. Les auteurs constatent une pression artérielle pulmonaire préopératoire plus basse dans le groupe A (Sildénafil à la dose de 0,3 mg/kg/4h pendant une semaine avant la réparation et pendant 24 à 48h après la chirurgie), par rapport au groupe B (Sildénafil en peropératoire et poursuivi pendant 24 à 48h après réparation) et celui du groupe contrôle (placebo) (p<0,001). Les auteurs rapportent un temps de CEC plus long dans le groupe contrôle (p<0,05), une PAP postopératoire basse dans les groupes A et B/groupe contrôle (p<0,001), des résistances vasculaires pulmonaires pré et postopératoires qui baissent significativement dans le groupe A par rapport au groupe B et celui du contrôle (p<0,001), une ventilation et un séjour hospitalier plus courts dans les groupes A et B que dans le groupe contrôle (<0,001). Aucun décès dans les 3 groupes [2]. Sidharth Bhasin et al. ont rapporté 60 patients porteurs d’une large CIV avec au cathétérisme droit une PAPs >35 mmHg ou une PAP moyenne PAP >25 mmHg, un rapport Qp/Qs bas et des résistances vasculaires pulmonaires élevées avec un test de réversibilité à l’O2 à 100%. Les auteurs constatent une réduction significative de la PAP systolique et moyenne dans le groupe traité en pré et postopératoire (Sildénafil pendant 7 jours en préopératoire et 15 jours en postopératoire) par rapport au groupe contrôle (placebo en préopératoire et Sildénafil en postopératoire) (p<0,001), ainsi que la durée du séjour en USI [29]. Dans la série de Zhenlei Hu et al., les auteurs ont testé l’efficacité du Bosentan ou du Sildénafil et en cas d’inefficacité de l’Iloprost dans la préparation des patients en vu d’une chirurgie de réparation porteurs de CIV non restrictive au stade d’HTAP sévère pour une période de 3 à 15 mois. Les patients répondant positivement (Qp/Qs >1,5 et PVR/SVR <2/3) ont été opérés. La réparation a été effectuée sous CEC, après abord transatrial ou par infundibulotomie et la CIV a été fermée par patch perforé doublé sur sa face ventriculaire gauche par un second patch empêchant le shunt gauche droit et autorisant le shunt droit gauche. Les patients sont mis sous monoxyde d’azote (NO) (10-20 ppm) ou Illoprost (inhalation) avec maintien du rapport PAPm/PASm <0,8 [23]. Les auteurs déplorent deux décès hospitaliers. D’autres auteurs rapportent des cas de fermeture percutanée de CIV au stade d’HTAP sévère après un test de réversibilité après administration de vasodilatateurs artériels pulmonaires (Iloprost) avant la fermeture [25]), après la fermeture et à distance en mesurant différents paramètres (pression artérielle, pression artérielle pulmonaire, Qp/Qs, résistance vasculaire pulmonaire et le rapport PVR/SVR). La fermeture est pratiquée en gardant une communication entre les deux ventricules (patch chirurgical avec flap ou prothèse fenêtrée) afin d’éviter les complications (crise d’HTAP, défaillance ventriculaire et défaillance respiratoire rendant l’extubation impossible). Hacer Kamali et al. rapportent une fermeture percutanée d’une large CIV musculaire (22 mm) avec HTAP sévère chez un jeune de 18 ans d’âge par prothèse fenêtrée [25]. En dehors du traitement classique chirurgical ou interventionnel et hybride, la septostomie atriale et la transplantation cardiopulmonaire sont deux thérapeutiques de l’extrême, l’une est proposée afin de créer un shunt à l’étage auriculaire et soulager le VD d’une dysfonction imminente, l’autre est proposée en présence d’impossibilité de réparation et l’installation d’une défaillance cardiorespiratoire non contrôlée par le traitement médical. D’après l’analyse statistique, nos deux groupes de patients sont homogènes sans différence significative pour les variables préopératoires hormis pour le niveau de PAPs (<0,00001) et la taille du VD (<0,01), cette dernière s’expliquerait par le retard de diagnostic et de réparation en rapport avec la chronicité du tableau hémodynamique. Pour les variables opératoires, le clampage a été identifié comme facteur de gravité (<0,04) en rapport avec les gestes associés (valve tricuspide, mitrale…). Enfin, on ne retrouve pas de différence significative pour les variables postopératoires (ventilation [p=0,4], séjour en réanimation [p=0,5], morbidité [p=0,9] et mortalité [p=0,9]). Par contre, une différence significative de la PAPs postopératoire a été retenue (<0,01). Notons un recours plus fréquent aux inotropes et aux vasoconstricteurs dans le groupe PAPs >60 mmHg, respectivement dans 8/34 des cas (23,5%) et 17/119 des cas (14,2%). Par contre, l’utilisation des vasoconstricteurs est plus fréquente dans le groupe PAPs <60 mmHg respectivement dans 8,8% et 11,6% des cas. Nous avons observé une baisse du niveau de PAPs dans les 2 groupes de patients, plus importante dans le groupe PAPs <60 mmHg par rapport au groupe PAPs >60 mmHg, respectivement 95,8% vs 79,5%, ceci est en rapport avec le stade évolutif de l’HTAP (régression partielle dans le groupe PAPs >60 mmHg). Ces résultats sont en concordance avec les conclusions des auteurs suggérant l’incertitude de la fixité de l’HTAP chez ces patients et son potentiel de réversibilité sous traitement et l’intérêt de la réparation précoce avant le stade d’HTAP irréversible. Une PAPs persistait au-delà de 60 mmHg respectivement chez 7 (20,5%) [figure 2] et 5 patients (4,2%) dans le groupe avec une PAPs > ou <60 mmHg. L’analyse des données préopératoires dans ce sous-groupe de patients gardant une PAPs >60 mmHg : 2 patients étaient au stade III de la NYHA et pour le reste ≤ au stade II, une CIV isolée a été constatée chez 6 patients et associée un FOP et un canal artériel modéré dans un cas (VG diastolique : 36,9 mm). Six (6) patients ont présenté une baisse du niveau de la PAPs, par contre on note une majoration dans un cas (de 65 à 71 mmHg) [figure 2]. L’insuffisance mitrale de grade I à II chez 4 patients et absente pour les 3 restants. L’insuffisance tricuspide de grade II à III. Un diamètre diastolique du VG <50 mm chez 3 patients et >50 mm chez 4 patients. Le diamètre du VD varie de 22 à 34 mm avec hypertrophie du VD chez 3 patients. Une ventilation légèrement plus longue de 15,7 heures par rapport à 12,3 heures dans le groupe PAPs >60 mmHg et un séjour en USI plus court de 1,85 jour par rapport à 2,22 jours. Ce constat marque le potentiel évolutif de baisse des pressions pulmonaires dans les 2 groupes, cette baisse est plus marquée dans le groupe avec PAPs <60 mmHg. La morbimortalité de la chirurgie conventionnelle n’a cessé de baisser grâce aux progrès réalisés dans le domaine de l’anesthésie réanimation et de la chirurgie des cardiopathies congénitales notamment la chirurgie de la CIV. Elle est estimée à moins de 3% [24]. Brandi Braud [3] et al. rapportent une mortalité opératoire de 0,5%, elle est nulle dans la série de Pierre Oses et al. [13] et celle de Raffaele Giordano et al. [15]. Afin de faire baisser encore cette mortalité, certaines équipes ont proposé la fermeture percutanée voire une fermeture chirurgicale sans CEC par voie mini-invasive, en utilisant les avantages des prothèses utilisées dans la fermeture percutanée, ce qui a été rapporté par certains auteurs [13,16,19]. Parmi les complications majeures, le BAV estimé par certains auteurs entre 0,6 et 5%, ce taux ne cessant de baisser, ce qui a été rapporté par certains [13,16,19]. Malgré l’indisponibilité du traitement médical pré et surtout postopératoire, hormis le Sildénafil qui a été utilisé dans certaines situations de difficulté d’extubation de patients, et d’après l’analyse statistique, on n’observe pas de différence significative en ce qui concerne la mortalité opératoire entre les 2 groupes, respectivement de 5,8% et 3,36 (p=0,90) dans le groupe PAPs >60 mmHg ou <60 mmHg. Même constat en ce qui concerne la morbidité (en USI ou hospitalière) (p=0,90).   4.2. Limite de l’étude Cette étude a des limites, outre son caractère rétrospectif, notre série est de petite taille, l’absence d’étude hémodynamique (en raison de l’impossibilité de pratiquer un cathétérisme cardiaque associé à des tests de réversibilité). Un dilemme s’est imposé, fallait-il ou non opérer ces patients ? Malgré cela, nos résultats postopératoires sont favorables comparés à la série de patients avec une PAPs inférieure à 60 mmHg.   5. Conclusion Les CIV se caractérisent par leur diversité anatomique et par leurs complications évolutives redoutables : l’insuffisance cardiaque et l’HTAP (syndrome d’Eisenmenger). L’évolution est variable selon leur dimension et leur siège. En cas de shunt important, la fermeture précoce s’impose pour prévenir les complications. Au stade d’HTAP sévère, les résultats de la chirurgie de la CIV sont grevés d’une morbimortalité plus importante qu’une chirurgie avec une PAPs moins élevée. Jusqu’à récemment, la chirurgie des patients avec HTAP sévère et ceux arrivés au stade d’Eisenmenger était récusée. En dépit de l’indisponibilité du cathétérisme dans notre série, les résultats opératoires sont encourageants et en faveur de la stratégie “treat and repear”. Concept qui ouvre la voie à un nouvel espoir dans le traitement des cardiopathies congénitales au stade d’HTAP. Il reste juste à confirmer ces résultats à moyen et long terme.   Références Chantepie A. Communications interventriculaires. EMC (Elsevier SAS, Paris) Cardiologie, 11-940-C-30, 2005. Bigdelian H, Sedighi M. The role of preoperative sildenafil therapy in controlling of postoperative pulmonary hypertension in children with ventricular septal defects. J Cardiovasc Thorac Res 2017;9(3):179-182 doi: 10.15171/jcvtr.2017.31. https://doi.org/10.15171/jcvtr.2017.31 PMid:29118953 PMCid:PMC5670342 Scully BB, Morales D LS, Zafar F, McKenzie ED, Fraser CD Jr, Heinle JS. Current Expectations for Surgical Repair of Isolated Ventricular Septal Defects Ann Thorac Surg 2010;89:544-51. https://doi.org/10.1016/j.athoracsur.2009.10.057 PMid:20103339 Kalfa D, Baruteau A, Luu D, Roussin R, Bellu E, et al. Communications interventriculaires. 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décembre 13, 2019
A la une · Pédagogie · Vol. 23 Décembre 2019

Myasthénie non thymomateuse : place de la thymectomie

Pascal Alexandre Thomas1,2*, Ilies Bouabdallah1, Bruno Pastène3, Delphine Trousse1, Shahram Attarian4, Xavier Benoît D’Journo1,2     Service de chirurgie thoracique, hôpital Nord, Aix-Marseille université et Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, Marseille. Laboratoire d’oncologie prédictive, centre de recherche en cancérologie de Marseille, Inserm UMR1068, CNRS UMR7258, Aix-Marseille université UM105, Marseille. Département d’anesthésie-réanimation, hôpital Nord, Aix-Marseille université et Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, Marseille. Centre de référence des maladies neuromusculaires et de la SLA, hôpital de la Timone, Aix-Marseille université & Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, Marseille.   * Auteur correspondant : pathomas@ap-hm.fr DOI : 10.24399/JCTCV23-4-THO Citation : Thomas PA, Bouabdallah I, Pastène B, Trousse D, Attarian S, D'Journo XB. Myasthénie non thymomateuse : place de la thymectomie. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2019;23(4). doi: 10.24399/JCTCV23-4-THO   Formation initiale : pathologies du thymus Formation continue/DPC : orientations prioritaires 2020 à 2022 : > orientation n° 65 : Récupération améliorée après chirurgie (RAAC) thoracique et cardio-vasculaire ; > orientation n° 66 : Amélioration de la qualité des soins délivrés en chirurgie thoracique et cardio-vasculaire avec l'utilisation des techniques mini-invasives 1. Introduction La myasthénie “grave” (myasthenia gravis) non thymomateuse (survenant en dehors du contexte d’un thymome) est une maladie auto-immune rare de la jonction neuromusculaire dont la prévalence est estimée de 0,5 à 12,5 pour 100000 [1]. Elle atteint dans 2/3 des cas une femme âgée de moins de 40 ans, et se manifeste cliniquement par une fatigabilité musculaire, fluctuante et non douloureuse, impliquant des groupes musculaires spécifiques. La myasthénie oculaire est la forme la plus fréquente, la plus précoce dans l’évolution de la maladie, et la plus classique. Elle se caractérise par une ptose asymétrique des paupières et une diplopie binoculaire. Au-delà de ces manifestations oculaires se définit la myasthénie généralisée. Ses formes bulbaires sont les plus graves par leur atteinte oropharyngée qui entraîne des troubles de la déglutition à l’origine de fausses routes respiratoires et celle des muscles respiratoires à l’origine d’asphyxie. L’atteinte prédominante des groupes musculaires proximaux des membres ou du tronc est rarement précoce ou isolée. La gravité des symptômes est évaluée en classes MGFA (Myasthenia Gravis Foundation of America) [tableau 1] et en scores myasthéniques. L’évolution est celle d’une maladie chronique, variable selon les individus, leur âge et l’ancienneté des symptômes, avec parfois de longues périodes de fluctuation de la symptomatologie qui égarent ou retardent le diagnostic. Toutefois, la plupart des patients se présentant initialement avec une forme oculaire développent une myasthénie généralisée dans les trois années suivant l’apparition du premier symptôme. D’une manière générale, la symptomatologie la plus sévère se voit dans les premières années. Des rémissions spontanées ou sous traitement médical seul surviennent dans 20-25% des cas, mais des récidives tardives sont fréquentes.   Tableau 1. Classification MGFA de la sévérité de la myasthénie. Classe I : myasthénie oculaire isolée. Classe II : déficit discret des muscles autres que les muscles oculaires. – IIa : affectant de façon prédominante les muscles des membres ou axiaux. – IIb : affectant de façon prédominante les muscles oropharyngés ou respiratoires. Classe III : déficit modéré des muscles autres que les muscles oculaires. – IIIa : affectant de façon prédominante les muscles des membres ou axiaux. – IIIb : affectant de façon prédominante les muscles oropharyngés ou respiratoires. Classe IV : déficit sévère des muscles autres que les muscles oculaires. – IVa : affectant de façon prédominante les muscles des membres ou axiaux. – IVb : affectant de façon prédominante les muscles oropharyngés ou respiratoires. Classe V : nécessité d’une intubation.   La myasthénie est la conséquence d’une réaction immune à médiation humorale dirigée contre la plaque motrice de la membrane post-synaptique de la jonction neuromusculaire. Elle est en effet associée dans 80% des cas à la présence d’anticorps dirigés principalement contre le récepteur à l’acétylcholine (AChR), ou plus rarement contre d’autres composants de la membrane post-synaptique tels que l’agrine et son récepteur, le complexe MuSK (“muscle specific kinase”)–LRP4 (“lipoprotein-related protein 4”), qui contribuent aussi au maintien de la jonction neuromusculaire et au regroupement des récepteurs de l’acétylcholine. La réaction immunitaire aboutit à la destruction de la membrane post-synaptique de la jonction neuromusculaire [figure 1]. Il existe cependant des formes dites “séronégatives” dont la prévalence relative n’est que de 10-15% [2]. Ces dernières peuvent refléter une sensibilité insuffisante des techniques de détection courantes, ou l’implication d’anticorps beaucoup plus rarement dirigés contre d’autres composants de la membrane post-synaptique [3]. Il convient de même de les distinguer du syndrome myasthénique de Lambert-Eaton qui est aussi une atteinte auto-immune mais présynaptique de la jonction neuromusculaire, liée à la présence d’anticorps anti-canaux calciques voltage-dépendants, survenant le plus souvent dans un contexte paranéoplasique et fréquemment associé à un cancer du poumon à petites cellules [4].   [caption id="attachment_4565" align="aligncenter" width="300"] Figure 1. Physiopathologie de la myasthénie à la jonction neuromusculaire (d’après Gilhus et al. [2]). [/caption] Les anticorps anti-récepteurs à l’acétylcholine (AChR) activent le complément, ce qui entraîne une destruction de la membrane post-synaptique de la jonction neuromusculaire via la production du complexe d’attaque membranaire (MAC). Les anticorps anti-AChR peuvent aussi réticuler les AChR, ce qui aboutit à leur internalisation et dégradation accélérées. Les anticorps anti-muscle specific kinase (MuSK) n’activent pas le complément mais inhibe l’interaction entre MuSK et LRP4 (lipoprotein related protein 4), ce qui perturbe le regroupement des AChR sur la membrane post-synaptique. Le mécanisme d’action des anticorps anti-LRP4 reste méconnu, comme celui des anticorps anti-collagène Q (Col Q). ACh : acétylcholine ; AChE : acétylcholinestérase.   La plupart des patients atteints de formes cliniques peu sévères de myasthénie sont contrôlés efficacement par des médications symptomatiques anticholinesthérasiques et/ou immunosuppressives. Plasmaphérèses et immunoglobulines sont utilisées en cas de maladie instable avec symptômes menaçants. Ces derniers induisent une réponse rapide mais transitoire. Chez les patients non répondeurs aux immunosuppresseurs usuels (stéroïdes, azathioprine, mycophénolate mofétil), ou chez qui les doses nécessaires exposent à des effets secondaires invalidants, des immunomodulateurs plus spécifiques peuvent être utilisés tels que le rituximab qui déplète les cellules B, ou l’eculizumab qui inhibe l’activation du complément [2]. Les formes graves et/ou résistantes aux traitements usuels ne représentent qu’environ 10-30% des patients. L’influence de la thymectomie sur l’histoire naturelle de la maladie a été supposée dès 1911 par Ernst Ferdinand Sauerbruch [5], et rapportée sur une courte série en 1941 par Alfred Blalock [6]. C’est avec la publication en 2016 dans le New England Journal of Medicine des résultats du “Myasthenia Gravis Thymectomy Trial” (MGTX), étude prospective randomisée, que ce rôle a été solidement affirmé [7,8].   2. Thymus et réponse immune Le système immunitaire est un réseau complexe de cellules et molécules “immunocompétentes” dont on distingue schématiquement les éléments thymo-indépendants, supports de l’immunité “innée”, des éléments thymodépendants, supports de l’immunité “adaptative”, mais qui interagissent de façon synergique dans tout réponse immunitaire [9]. L’immunité “innée” constitue le premier rempart de défense et est médiée par les macrophages tissulaires, les polynucléaires et les cellules dendritiques. Elle est mobilisée dès l’exposition antigénique. Une fois activés, macrophages et granulocytes sont à même de contrôler l’exposition antigénique par phagocytose, alors que les cellules dendritiques captent et transforment tout ou partie de l’antigène de façon à en exhiber, en conjonction avec leur complexe majeur d’histocompatibilité ou leurs molécules HLA, les zones qui vont être déterminantes pour la réaction immunitaire (les épitopes) en étant reconnues par la partie variable d’un anticorps ou d’un récepteur membranaire des lymphocytes (les paratopes). Cette “présentation de l’antigène” par les cellules dendritiques permet d’amorcer l’immunité “adaptative”. L’immunité adaptive est supportée par les lymphocytes T et B qui reconnaissent de façon spécifique certains antigènes, entraînant ainsi la production d’effecteurs, anticorps et cytokines, dont ceux procurant une mémoire immunologique sur le long terme. Les lymphocytes B et T dérivent de cellules progénitrices médullaires. Alors que les progéniteurs B maturent au niveau de la moelle osseuse, les cellules T immatures (thymocytes) se différencient dans la glande thymique. Le thymus permet en conditions physiologiques l’établissement de la tolérance centrale au soi par les interactions entre les cellules stromales thymiques (cellules épithéliales et mésenchymateuses) exprimant les antigènes du soi et les lymphocytes T en développement conduisant à l’élimination des cellules T autoréactives et à la différenciation des lymphocytes T tolérants au soi avant leur migration en périphérie.   3. Thymus et myasthénie L’existence d’une hyperplasie lymphofolliculaire est fréquente chez les patients myasthéniques [figure 2]. Elle traduit un développement anormal de centres germinatifs thymiques (sites de la prolifération et de la maturation des cellules B), et d’une glande morphologiquement hypertrophique, fonctionnellement active, contenant tous les composants nécessaires à la réponse auto-immune par la prolifération, différenciation et sélection des lymphocytes B produisant des anticorps anti-AChR. De fait, les meilleurs résultats cliniques de la thymectomie sont constatés chez les patients porteurs d’un “gros” thymus en rapport avec une forte hyperplasie lymphofolliculaire, et lorsque la thymectomie est réalisée précocement par rapport aux premières manifestations de la maladie [10]. Le rationnel repose sur l’exérèse du site principal de production des auto-anticorps anti-AChR. Toutefois, la diminution du taux des anticorps circulants n’est pas systématiquement observée. On peut alors incriminer la radicalité insuffisante de l’exérèse thymique et/ou la persistance de tissus thymiques ectopiques (c’est-à-dire, en dehors de la loge thymique), mais aussi la sanctuarisation de lymphocytes B à longue durée de vie dans les tissus périphériques [11]. Il est possible de schématiquement catégoriser la maladie selon l’âge du patient, son statut sérologique et l’histologie du thymus [tableau 2].   [caption id="attachment_4566" align="aligncenter" width="300"] Figure 2. Hyperplasie lympho-folliculaire du thymus.[/caption] Présentation typique d’une hyperplasie thymique lymphofolliculaire au début d’une myasthénie. Large centre germinatif au centre de l’image où les lymphocytes B matures et prolifèrent, et corpuscules de Hassal dans le coin inférieur gauche.     Tableau 2. Catégories de myasthénie non thymomateuse (d’après Gilhus et al. [2]). Sous-groupes Anticorps Âge Anomalies thymiques MG précoce AChR <50 ans Hyperplasie folliculaire MG tardive AChR >50 ans Thymus en involution adipeuse MG oculaire AChR, MuSK, LRP4 ou aucun Tout âge Thymus normal pour l’âge MG MuSK MuSK Tout âge Thymus normal pour l’âge MG LRP4 LRP4 Tout âge Thymus normal pour l’âge MG séronégative Aucun Tout âge Variable MG : myasthénie ; AchR : anticorps anti-acétylcholine ; MuSK : anticorps anti-muscle specific kinase ; LRP4 : anticorps anti-lipoprotein related protein 4.   4. Considérations chirurgicales historiques et techniques La technique de thymectomie utilisée par Sauerbruch en 1912 et rapportée par Schumacher et Roth était réalisée par voie transcervicale [5]. L’abord utilisé par Blalock dès 1939 était une cervicosternotomie [6], qui demeura le “standard” jusqu’aux travaux de Kirschner et al. publiés en 1969 réhabilitant la voie transcervicale avec le souci de limiter l’agression chirurgicale [12]. En 1977, Alfred Jaretzki rapporta une analyse critique des différentes voies d’abord, sous-tendue par le constat que l’exérèse la plus radicale possible du thymus, des extensions cervicales de la glande et de la graisse médiastinale environnante était un élément clé du succès de l’intervention [13]. Jaretzki démontra l’existence de variantes anatomiques multiples dans la disposition de la glande thymique, ainsi que la fréquence de tissus thymiques ectopiques dans le cou et le médiastin [13], confirmant les constatations précédentes de Masaoka [14]. Sur ces constats, il défendit la voie combinée cervico-trans-sternale longitudinale totale afin d’atteindre la radicalité maximale de la résection et, de fait, rapporta des taux de rémissions complètes jamais atteints jusqu’alors, d’environ 45% à 5 ans [13], résultats confirmés par l’expérience de Masaoka fondée sur une technique de résection étendue similaire [15]. Une approche intermédiaire par une incision en “T” de cervicomanubriotomie était parallèlement largement utilisée dans ce contexte avec un rapport bénéfices/risques à court terme comparable [16]. Joel Cooper réhabilita la voie transcervicale pure en 1988 après avoir développé un suspenseur manubriosternal permettant d’améliorer la vision du champ opératoire à l’étage médiastinal et de réaliser une exérèse dont la radicalité était prétendument comparable à celle d’une chirurgie trans-sternale, en alléguant des résultats cliniques à long terme équivalents [17]. Les années 1990 ont vu l’avènement de la chirurgie thoracoscopique vidéo-assistée, avec comme corollaire une réduction de la morbidité associée à la sternotomie, et surtout un avantage cosmétique évident, rendant peu à peu la chirurgie plus acceptable, en particulier par une population majoritairement constituée d’adultes jeunes. Une étude française, fondée sur l’analyse du registre national Epithor, démontre bien le changement des pratiques chirurgicales dans cette indication à partir de 2010, au profit de l’utilisation majoritaire de techniques thoracoscopiques vidéo- et robot-assistées [18]. Yim et al. ont rapporté en 1995 la première courte série de thymectomies non thymomateuses thoracoscopiques pour myasthénie, par un abord multitrocarts unilatéral droit [19]. De très nombreuses séries ont depuis été rapportées à propos d’abords thoracoscopiques droits, gauches ou bilatéraux, avec ou sans insufflation de CO2. Une étude cadavérique a montré la relative supériorité pour des raisons anatomiques d’un abord gauche pour obtenir une résection la plus complète possible du thymus en comparaison avec un abord droit [20], mais les études cliniques n’ont pas suggéré que cet avantage résultait en un bénéfice neurologique significativement supérieur en faveur des abords thoraciques gauches, voire même bilatéraux [21]. On trouve aussi dans la littérature quelques expériences de chirurgie thoracoscopique monotrocart, droite, gauche ou bilatérale. Les effectifs sont réduits, les cohortes mélangent myasthénies thymomateuses et non thymomateuses, et les résultats sont souvent limités à la période postopératoire immédiate, ou aux constats oncologiques. Les tentatives d’études comparatives avec la chirurgie conventionnelle sont méthodologiquement faibles et les conclusions peu convaincantes [22]. La chirurgie du thymus a été l’indication privilégiée de la chirurgie thoracoscopique robot-assistée au moment de l’essor de cette dernière [23], particulièrement en France [18]. Les données factuelles disponibles à partir de la dernière revue systématique et méta-analyse de la littérature suggèrent sa supériorité sur la chirurgie ouverte s’agissant des indicateurs de morbidité à court terme, et une équivalence à la chirurgie thoracoscopique vidéo-assistée [24]. Les résultats sur la maladie myasthénique ne sont par contre que très peu documentés et avec un recul encore très insuffisant. Les probabilités cumulées de rémission complète rapportées sont de l’ordre de 30% à 40% à 5 ans [25-29]. La voie thoracoscopique sous-xyphoïdienne pour aborder la loge thymique a été décrite dès 1999 par Kido [30], et a, par la suite, été déclinée en chirurgie robotique, en particulier par Suda [31]. Les abords combinés, associant une cervicotomie et une suspension sternale à un abord thoracoscopique bilatéral, et/ou sous-xyphoïdiens vidéo-assistés, sont d’introduction contemporaine et à mettre au crédit de Mantegazza et al. [32], puis Zieliński et al. [33]. Ils correspondent en fait à ce qui devrait toujours prévaloir dans le domaine de l’innovation technologique et des pratiques chirurgicales : les voies d’abord doivent s’adapter à la finalité du geste chirurgical, ici la radicalité de l’exérèse thymique, et non l’inverse.   5. Thymectomie pour myasthénie : évolution des concepts Le lien de causalité direct et fort entre l’étendue de la résection thymique et les résultats en termes de contrôle des symptômes et de durée de l’effet thérapeutique est parfaitement documenté depuis les travaux de Masaoka et de Jareski [14,15,35]. Même si une thymectomie incomplète peut être à même de produire une rémission complète et prolongée, cet événement est moins fréquent qu’après une thymectomie étendue. Ainsi, les adeptes des voies cervicales pures des années 1980, qui revendiquaient la thymectomie incomplète, ne rapportaient qu’approximativement 24% de rémissions complètes à 5 ans [35]. C’est pourquoi dans l’étude randomisée MGTX [7], la voie d’abord de référence trans-sternale totale a été choisie de façon à s’assurer de la résection en bloc du thymus et du tissu cervicomédiastinal pouvant contenir des contingents thymiques ectopiques, en excluant toute technique mini-invasive alternative. Afin d’homogénéiser les pratiques et limiter un possible “effet-centre”, les chirurgiens investigateurs n’ont été certifiés qu’après avoir visionné une vidéo détaillant la technique chirurgicale et répondu avec succès à un questionnaire dédié. Toutes les pièces opératoires étaient photographiées et les photos envoyées au chirurgien coordonnateur de l’essai afin de s’assurer de la radicalité de l’exérèse. Il existe 6 zones anatomiques dans lesquelles se trouvent fréquemment des foyers de tissu thymique ectopique [figure 3].   [caption id="attachment_4567" align="aligncenter" width="247"] Figure 3. Situation anatomique du thymus encapsulé et des foyers possibles de tissus thymiques ectopiques.[/caption]   1. La zone cervicale comprenant la graisse située entre la thyroïde et le détroit supérieur du thorax dans le plan de la lame thyrothymique, avec une incidence de 6% [36]. Son exérèse est possible par vidéothoracoscopie ou robotique facilitées par l’insufflation de CO2, mais est en pratique rarement réalisée. Elle expose cependant au risque récurrentiel bilatéral. L’abaissement des cornes thymiques et le contrôle des veines thymiques à leur abouchement dans le tronc veineux innominé gauche sont des étapes techniquement difficiles de l’intervention [vidéo 1]. L’adjonction d’une courte cervicotomie horizontale peut être justifiée et sécurise la résection en limitant le risque de blessure des nerfs récurrents.   [embed]https://youtu.be/G6vpZhRFltM[/embed]   2. La zone périthymique comprend le thymus proprement dit ainsi que la graisse du médiastin antérieur. La résection est menée classiquement “d’un nerf phrénique à l’autre”, du détroit supérieur du thorax au diaphragme. Il n’est pas rare qu’il existe un débordement de la glande en rétrophrénique qui doit être retiré en bloc, imposant une dissection du nerf avec le risque potentiel de paralysie. Cette manœuvre est aisée en cas d’abord mini-invasif transthoracique unilatéral du côté considéré [vidéo 2]), mais est plus délicate de l’autre côté. Elle est facilitée par un abord trans-thoracique bilatéral.   [embed]https://youtu.be/qWwQx-ppQ-w[/embed]   3. La zone inter-aorticocave en continuité avec la zone inter-trachéocave (loge de Baréty) dont l’évidement est justifié par une incidence de 17% de tissu thymique [33] [vidéo 3]. Elle n’est pas atteignable par un abord trans-thoracique gauche, contrairement aux abords trans-thoraciques droit ou bilatéral, transcervical ou sous-xyphoïdien.   [embed]https://youtu.be/ZBoqsJ3thVY[/embed]   4. La zone ou fenêtre aortopulmonaire est caractérisée par une incidence de 25% de tissu thymique [33]. Son évidement est donc nécessaire, même s’il expose au risque récurrentiel gauche [vidéo 4]. Il n’est pas réalisable par un abord trans-thoracique droit contrairement aux abords trans-thoraciques gauche ou bilatéral, ou sous-xyphoïdien.   [embed]https://youtu.be/EwA9TJ6Si_E[/embed]   5. La zone ou frange phrénopéricardique droite peut contenir du tissu thymique dans 10% des cas [33]. Sa résection doit impérativement épargner le nerf phrénique droit. Elle est définitivement impossible à réaliser par un abord trans-thoracique gauche ou cervical.   6. La zone ou frange phrénopéricardique gauche peut contenir aussi du tissu thymique avec une incidence de 10% [33]. Sa résection comporte le même risque pour le nerf phrénique. Elle n’est techniquement pas faisable par un abord trans-thoracique droit ou cervical [vidéo 5].   [embed]https://youtu.be/p-TUYRlAcR4[/embed]   La figure 4 illustre, par les pièces opératoires, les différences de radicalité selon un abord thoracoscopique droit [figure 4A], gauche [figure 4B], ou bilatéral [figure 4C]. L’existence de contingents thymiques ectopiques, dont la prévalence peut atteindre près de 40% [37], a été rapportée comme ayant un effet délétère sur les résultats neurologiques tardifs [37,38]. Ce constat est cependant remis en cause par des données récentes qui plaident en faveur d’un effet contraire, y compris en cas de présence simultanée de tissu thymique ectopique dans de multiples zones, mais à la condition d’une résection étendue maximale [33,39]. Enfin, on peut apporter à cette controverse l’argument du bénéfice de thymectomies “itératives” qui est aussi fortement suggéré par l’analyse de la littérature chez les patients porteurs de myasthénies réfractaires après thymectomie par voie transcervicale, en particulier lorsque du tissu thymique est histologiquement retrouvé à l’occasion de ces réinterventions [40].   [caption id="attachment_4575" align="aligncenter" width="300"] Figure 4. Pièces opératoires de thymectomies selon l’abord thoracoscopique.Thymectomie par vidéo-thoracoscopie droite (4A), gauche (4B), bilatérale (4C).[/caption]   Les résultats de l’étude MGTX vont certainement modifier les recommandations de prise en charge de la myasthénie généralisée au profit de la thymectomie. Néanmoins, il ne faut pas négliger deux éléments essentiels : la réticence des patients vis-à-vis du “standard” (la cervicosternotomie totale), appréhendé comme une chirurgie “lourde” et surtout source d’une rançon cicatricielle cosmétiquement handicapante, et la difficulté de reproduire une résection étendue maximale par des techniques mini-invasives dont la multiplicité reflète les limites. De l’analyse précédente, on peut raisonnablement conclure qu’une telle résection n’est techniquement atteignable ni par une voie cervicale, ni par un abord thoracoscopique vidéo- ou robot-assisté unilatéral.   6. Indications opératoires, anesthésie et chirurgie L’indication optimale de la thymectomie est représentée par les malades âgés de moins de 50 ans, atteints d’une myasthénie généralisée avec anticorps AChR, et dont la durée des symptômes est de moins de 5 ans au moment de la thymectomie. Pour les patients âgés de 50 à 65 ans, ceux chez qui la durée de la maladie est plus longue, ceux ayant une myasthénie en rémission pharmacologique sous inhibiteurs de la cholinestérase seuls, ceux porteurs d’une myasthénie oculaire isolée, l’indication n’est pas documentée par un niveau de preuve suffisant et doit donc être portée au cas par cas en tenant compte de l’imagerie anatomique (TDM et IRM) de la loge thymique [41] [figure 5], principalement pour éliminer un thymome car la distinction entre thymus hyperplasique ou thymus normal n’est pas très performante. L’imagerie métabolique (TEP) est prometteuse car le SUV est corrélé à la présence de centres germinatifs. Elle apporterait ainsi des arguments en faveur d’une hyperplasie folliculaire, et permettrait même d’identifier du tissu thymique ectopique [42] [figure 6].   [caption id="attachment_4576" align="aligncenter" width="300"] Figure 5. Imagerie anatomique d’un thymus persistant chez une jeune adulte atteinte de myasthénie.Aspect tomodensitométrique (figure 5A) et par imagerie par résonance magnétique (figure 5B).[/caption]   [caption id="attachment_4573" align="aligncenter" width="300"] Figure 6. Tomodensitométrie à émission de positons.Foyer ectopique de tissu thymique hyperplasique au niveau de la frange péricardique droite.[/caption] La thymectomie n’est généralement pas recommandée chez les patients sans anticorps anti-AChR, et n’a aucun effet en cas d’anticorps anti-MuSK, anti-LRP4 ou anti-agrine. Enfin, l’effet de la thymectomie sur les formes totalement séronégatives n’est pas documenté. Il faut garder à l’esprit que la thymectomie ne guérit pas la myasthénie, et n’a aucun effet à long terme sur le taux d’anticorps. Elle n’est en aucun cas une alternative au traitement immunosuppresseur. La réalisation d’une thymectomie n’est jamais une urgence et ne doit être réalisée qu’avec une maladie myasthénique parfaitement stabilisée. L’indication et son moment sont décidés en coordination entre les équipes chirurgicale, d’anesthésie et de neurologie. Idéalement, le patient devrait être totalement asymptomatique au moment de la chirurgie, ce qui est un objectif parfois difficile à atteindre, en particulier au début de la maladie. L’évaluation préopératoire doit comprendre des épreuves fonctionnelles respiratoires et en particulier une spirométrie. Le tabagisme, s’il existe, doit être interrompu plusieurs semaines avant la chirurgie. Une préparation kinésithérapique respiratoire peut être nécessaire. Les patients sont classiquement sous inhibiteurs de la cholinestérase dont il convient de baisser la posologie autant que possible en préopératoire, tout en contrôlant les symptômes de la myasthénie, afin d’éviter un surdosage en périopératoire et la survenue d’une crise cholinergique aux effets muscariniques (hypersécrétion bronchique, intestinale, salivaire et sudorale) et nicotiniques (fasciculations, crampes musculaires). Le traitement de fond peut comprendre des corticostéroïdes à des doses ne compromettant pas la cicatrisation, ou d’autres immunosuppresseurs comme l’azathioprine ou le mycophénolate mofétil. Des échanges plasmatiques ou des cures d’immunoglobulines sont souvent réalisés en préopératoire dans les formes cliniquement sévères et instables, afin de prévenir la survenue d’une crise myasthénique postopératoire [11] mais n’ont pas d’intérêt dans les formes moins graves [43]. Une prémédication n’est pas recommandée. La prise en charge anesthésique peropératoire est difficile et hautement spécialisée, ce qui est d’autant plus vrai avec la pratique de techniques vidéo- et surtout robot-assistées dont les durées opératoires sont généralement plus longues à intervention équivalente que celles des chirurgies “ouvertes”. Elle nécessite l’utilisation de curares, classe médicamenteuse qui est classiquement contre-indiquée dans cette maladie, en choisissant un produit non dépolarisant à durée d’action courte possédant un agent décurarisant antagoniste spécifique et rapide d’action, et avec impérativement une monitorisation de la curarisation et de la sédation [44]. En effet, l’immobilité parfaite et prolongée du patient est un requis absolu, en particulier pour la chirurgie robotique sous peine d’accidents graves voire mortels par plaie des structures cardiovasculaires en cas de mouvements involontaires du malade. L’extubation est réalisée précocement en salle de surveillance post-interventionnelle dès que les conditions de température corporelle sont optimales. La surveillance postopératoire comprend classiquement un passage en unité de soins continus de par la crainte de la survenue de complications respiratoires asphyxiques liées à l’exacerbation de la maladie (crise myasthénique aiguë), à un traumatisme peropératoire des nerfs phréniques et/ou à des interactions médicamenteuses.   7. Techniques et résultats Les résultats de référence sont ceux rapportés dans l’étude MGTX [7,8]. Le MGTX est un essai multicentrique international randomisé comparant le bras expérimental (66 patients), thymectomie trans-sternale étendue plus prednisolone, au bras contrôle (60 patients), prednisolone seule chez des patients âgés de 18 à 65 ans, atteints d’une myasthénie généralisée sans thymome de classe MGFA II à IV au recrutement, traitée de façon appropriée par inhibiteurs de la cholinestérase avec ou sans prednisolone à l’exclusion de tout autre médication immunosuppressive, diagnostiquée depuis moins de 5 ans, et avec anticorps anti-AChR positifs. Le protocole de prednisolone était standardisé dans les deux bras avec des modifications à la hausse ou à la baisse des posologies par étapes prédéfinies de façon à maintenir un statut de symptomatologie minimale selon l’échelle MGFA. L’étude démontre qu’à 3 ans la thymectomie étendue associée au protocole de prednisolone bénéficiait significativement aux patients en comparaison à ceux traités par prednisolone seule, en termes d’amélioration clinique des symptômes myasthéniques, de besoins en prednisolone et en médications immunosuppressives supplémentaires au cours du suivi, d’hospitalisations liées à des exacerbations de la maladie et aux complications du traitement, et de qualité de vie [7]. Globalement, les patients du bras chirurgical voyaient leur maladie améliorée au cours du suivi dans 90% des cas, contre 60% environ des malades du bras contrôle. Une analyse ultérieure a montré que ces résultats se maintenaient à 5 ans, avec la même amplitude, et dans tous les trois sous-groupes prédéfinis selon l’âge, le sexe et l’existence ou non d’un traitement par prednisolone au moment de l’inclusion [8]. Il n’y eut aucun décès dans le bras chirurgical pendant la totalité du suivi et seul un patient a présenté une complication (non précisée) en rapport avec l’acte chirurgical. Avant toute extrapolation de ces résultats à la pratique quotidienne, il faut rappeler l’hypersélection des malades de cette étude dont l’effectif représentait moins de 2% des patients dépistés en vue de leur participation. Il faut ensuite tenter d’analyser le rapport bénéfices/risques des techniques minimalement invasives contemporaines sur la base des cohortes publiées, en l’absence totale d’étude randomisée. Il est en effet irréaliste de penser revenir à la voie transcervicosternale car la chirurgie ouverte ne correspond définitivement plus aux attentes des patients ni aux pratiques des chirurgiens. Pour autant, l’impératif d’éviter tout compromis avec la radicalité de l’exérèse thymique implique de focaliser cette analyse sur les techniques thoracoscopiques vidéo- et robot-assistées réalisées par un abord bilatéral et/ou médian (sous-xyphoïdien), associées ou non à une cervicotomie complémentaire, permettant d’effectuer une thymectomie étendue (VATET : video-assisted thoracoscopic extended thymectomy). Sera détaillée ici la technique de VATET par thoracoscopie bilatérale sans cervicotomie. L’installation est illustrée par la figure 7. La position opératoire est un décubitus dorsal avec un proclive marqué. Le(a) patient(e) est intubé(e) avec une sonde orotrachéale sélective permettant une ventilation unipulmonaire alternée. Cette installation permet une conversion facile en manubriotomie en cas de plaie vasculaire du TVIG, voire une sternotomie longitudinale. La rotation de la table facilite l’exposition et l’ergonomie opératoire. L’abord de chaque hémithorax est effectué par trois trocarts étanches dont la position est illustrée par la figure 4. L’utilisation d’une optique 30° et d’une insufflation de CO2 facilite l’accès au détroit supérieur du thorax et au cou. L’abord gauche premier permet de bien contrôler la dissection du bord gauche de la glande thymique et de préserver le nerf phrénique gauche dont les rapports avec la loge thymique sont plus étroits qu’à droite. Il expose aussi toute la longueur du TVIG qui est le danger vasculaire principal de l’intervention, et la première cause de conversion. Il permet enfin l’évidement de la zone aortopulmonaire, et de la zone phrénopéricardique gauche. L’abord droit complète l’exérèse, en particulier au niveau de la zone inter-aorticocave et inter-trachéocave, et de la zone phrénopéricardique droite. Un seul drain thoracique antérieur drainant les deux cavités pleurales est utilisé, et parfois retiré quelques heures après l’intervention en fonction de sa production et du contrôle radiographique.   [caption id="attachment_4574" align="aligncenter" width="300"] Figure 7. Installation de l’opéré(e).[/caption]   Les comparaisons directes des résultats neurologiques à long terme entre VATET et thymectomie étendue transternale dans le cadre de myasthénie non thymomateuse sont rares dans la littérature. Dans une étude comparative rétrospective historique, Zieliński et al. [33] ont trouvé un taux de rémission complète de 50% environ à 5 ans tant après thymectomie étendue trans-sternale (n=75) que VATET avec cervicotomie (n=291). Une étude rétrospective a comparé, après ajustement selon un score de propension, deux groupes de 61 patients et trouvait un taux de rémission complète/rémission pharmacologique de 68,9% à 2 ans après VATET soit exactement le double du taux observé après thymectomie étendue trans-sternale (34,4%) [45]. Enfin, une seule étude prospective non randomisée a comparé une technique de VATET sans cervicotomie (n=15) à un abord trans-sternal (n=16) [46]. Avec un recul moyen de 30 mois, le taux de rémission complète était de 35% environ dans les deux groupes. La morbidité de cette chirurgie en pratique quotidienne est au mieux renseignée par les données issues de bases nationales. Seules deux études de cette nature apportent quelques informations. L’analyse de la base française Epithor [18] a permis la comparaison de la morbidité associée aux thymectomies pour myasthénie non thymomateuse réalisées entre 2005 et 2013 selon la voie d’abord : sternotomie, cervicomanubriotomie et techniques thoracoscopiques mini-invasives vidéo- et robot-assistées. Il n’y avait eu aucun décès postopératoire. La durée opératoire moyenne était la plus faible chez les malades opérés par cervicomanubriotomie et aucune complication n’avait été colligée dans ce groupe dont l’effectif était le plus limité (n=31). La comparaison sans ajustement entre sternotomie (n=131) et techniques mini-invasives (n=116) révélait des différences statistiquement significatives : une durée opératoire plus longue pour ces dernières de 20%, mais un taux de complications postopératoires plus faible (5% vs13%). Les seules complications dans le groupe “mini-invasif” étaient de nature respiratoire avec une fréquence non différente à ce qui avait été observé dans le groupe “sternotomie”. Le taux de conversion n’était pas renseigné. La 2e étude a été effectuée sur la base nord-américaine “National Surgical Quality Improvement Program database” sur la période de 2005 à 2012, avec une comparaison des résultats à court terme selon les voies d’abord. Aucune mortalité opératoire n’était observée. Le taux global de complications, autour de 15%, était identique chez les 108 patients avec myasthénie non thymomateuse quelle qu’ait été la voie d’abord. Le taux de conversion n’était pas non plus renseigné [47].     Tableau 3. Classification de réponse au traitement. Classification MGFA de la réponse au traitement   Rémission complète stable Absence de symptômes ou signes de myasthénie pendant au moins une année sans traitement. Fatigabilité palpébrale isolée tolérée.   Rémission pharmacologique Mêmes critères que précédemment sous traitement immunosuppresseur seul (anticholinestérases exclus).   Manifestations minimes Aucun handicap fonctionnel mais fatigabilité constatée à l’examen clinique.   Amélioration Amélioration objective des symptômes prétraitements ou réduction substantielle de la charge thérapeutique.   Inchangée Absence d’amélioration objective des symptômes prétraitements ou réduction substantielle de la charge thérapeutique.   Aggravation Aggravation objective des symptômes prétraitements ou augmentation substantielle de la charge thérapeutique.   Exacerbation Rémission complète stable ou rémission pharmacologique ou manifestations minimes compliquées transitoirement de manifestations cliniques invalidantes.   Décès Décès liés aux manifestations de la myasthénie ou à des complications iatrogènes en rapport avec son traitement médical ou chirurgical.   Ce qu'il faut retenir • La thymectomie a acquis un rôle de premier plan dans le traitement de la myasthénie. Le moment de la chirurgie dans l’histoire de cette maladie chronique d’évolution fluctuante, la sélection et la préparation des opérés, ainsi que l’étendue de l’exérèse thymique sont des éléments déterminants dans l’obtention d’un résultat neuromusculaire optimal. • L’essai randomisé MGTX a démontré son intérêt majeur en cas de myasthénie généralisée non thymomateuse à anticorps anti-AChR positifs et de survenue récente. La thymectomie est possiblement intéressante dans d’autres groupes de patients, mais l’indication doit rester prudente, individualisée, soumise à une validation pluridisciplinaire et aidée de l’imagerie anatomique et métabolique du médiastin à la recherche d’arguments en faveur de l’existence d’un thymus en hyperplasie lymphofolliculaire. • L’avènement des techniques mini-invasives a amélioré l’acceptabilité de cette chirurgie par cette population de jeunes adultes atteints de la maladie en raison d’une rançon cicatricielle et d’une morbidité moindres que celles des voies d’abords trans-sternales. Aucun compromis ne doit cependant être fait avec la radicalité de l’exérèse thymique et des fréquents foyers de tissus thymiques ectopiques siégeant dans la graisse médiastinale environnante, radicalité qui peut être achevée par les techniques thoracoscopiques bilatérales et/ou sous-xyphoïdiennes vidéo- ou robot-assistées, éventuellement associées à un abord cervical. • La rareté de la maladie, la nécessité d’une approche multidisciplinaire et d’un traitement multimodal au mieux en lien avec un centre de référence en pathologie neuromusculaire, et l’intérêt d’un accès à un plateau chirurgical innovant, argumentent en faveur d’une référence à des centres experts de chirurgie thoracique.   Références Smith SV, Lee AG. Update on ocular myasthenia gravis. Neurol Clin 2017;35:115-23. https://doi.org/10.1016/j.ncl.2016.08.008 Gilhus NE, Tzartos S, Evoli A, Palace J, Burns TM, Verschuuren JJGM. Myasthenia gravis. 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décembre 10, 2019