Le Professeur Armand Piwnica a quitté cette terre, sa famille et ses amis le Samedi 8 octobre 2016 en fin d’après-midi. Plein de vie et d’énergie, d’intelligence et de curiosité, il a quitté ce monde brutalement sans signe précurseur quand un battement de son cœur est subitement devenu le dernier, entouré de sa famille comme c’était l’habitude le samedi.
Le choc fut brutal pour sa famille proche, Huguette, sa femme de toujours car ils s’étaient connus et mariés très jeunes, ses enfants, sa fierté : sa fille, brillante avocate au Barreau de Paris et son fils, célèbre avocat au Conseil d’État et à la Cour de Cassation et leurs enfants, soit ses petits-enfants et aussi ses arrières petits enfants qui étaient la joie de sa vie. Armand Piwnica avait deux passions dans la vie : sa famille, dont il était le socle fédérateur indiscuté et son métier.
Ses parents venus de Pologne avaient connu grâce à leur dur labeur une réussite sociale et financière remarquables.
Armand était né à Paris. Doué d’une intelligence rare, il avait le culte du travail, était curieux de tout et en particulier de son métier. Il fit sa scolarité au lycée Voltaire puis ses études de Médecine à Paris. Il gravit ainsi les marches de la Voie dite « Royale » pour devenir Professeur et Chirurgiens des Hôpitaux de Paris auprès de son Maître vénéré, le Professeur Charles Dubost, alors pionnier de la Chirurgie Cardio-vasculaire en Europe et auréolé de la réussite de la première résection d’anévrysme aortique au Monde.
Malgré son ascension rapide, Armand Piwnica avait su en précurseur, grâce à une bourse de l’American College of Surgeons, consacrer une année de sa formation aux États-Unis, à la Mayo Clinic, à Minneapolis et à Houston auprès des grands Maîtres de l’époque grâce à qui il avait compris le caractère indispensable de l’échange et de la recherche.
La vie a ses étapes et il devint Chef de Service à l’hôpital Lariboisière de Paris où ses qualités humaines et d’organisateur lui permirent de créer de toute pièce un merveilleux service où j’ai eu la chance de lui succéder.
En dépit de toute la difficulté de quitter son rôle de Chef de Service qui était – avec sa famille – toute sa vie, il fit en sorte de me confier le service et toute l’équipe avec une telle bienveillance que cette transmission de flambeau fut sûrement nostalgique pour lui mais sans heurt et efficace.
Après des années de Consultanat et des Travaux à l’Académie Française de Chirurgie, il revint à sa passion de toujours la Médecine et la Chirurgie en devenant Directeur Médical de l’Hôpital Américain de Paris où sa stature et ses talents de négociateur permirent de d’apaiser le climat dans cet établissement où exercent des médecins parfois talentueux mais toujours à l’ego bien ancré.
C’est au cours de cette carrière marquée par 800 communications et une trentaine d’ouvrages, que parurent les premiers travaux sur les pacemakers isotopiques, les transplantations cardiaques, les assistances circulatoires par contre-pulsion, les bioprothèses péricardiques, les valves bi-leafflets, pour ne citer que quelques contributions…
C’est là que se développa à ses côtes la formation de son fidèle et talentueux assistant, le professeur Philippe Ménasché, exerçant depuis à l’hôpital Georges Pompidou et qui lui fait honneur comme Chirurgien et Chercheur de renommée internationale.
Armand Piwnica était un brillant chirurgien. Ses malades l’adoraient et lui témoignaient une longue reconnaissance pour ses excellents résultats conjugués avec un contact parfois bourru mais toujours sensible qui les rattachait à la vie. Tout le personnel soignant, médical et paramédical, lui était dévoué et beaucoup étaient présents à son enterrement.
Chevalier de la Légion d’Honneur, le Professeur Piwnica avaient acquis les plus hauts grades académiques et hospitaliers, faisait partie des plus grandes sociétés savantes internationales américaines, anglaises et européennes, fut Président de l’EACTS (European Association of Cardio-Thoracic Surgegy) et de la SFCTCV (Société Française de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire) organisant et présidant les congrès correspondant.
Mais surtout, il fut l’Ambassadeur de la chirurgie cardiaque française et attaché au rapprochement internationale des membres de notre spécialité. Il a facilité l’accueil des jeunes chirurgiens étrangers, a toujours eu pour eux des attentions personnalisées et a instauré à leur intention le Collège Français de Chirurgie Thoracique et Cardio-vasculaire pour qu’ils regagnent leurs pays d’origine avec un souvenir et un diplôme de la France. La majorité d’entre eux a ainsi pu fonder ou développer la chirurgie cardiaque dans leurs pays respectifs.
Il a conduit également de nombreuses missions opératoires et d’enseignement, notamment au Moyen-Orient, en Arabie Saoudite et en Égypte sans oublier qu’il réalisa le premier cœur ouvert en Afrique du Nord, à Alger en 1976…
À toutes ces qualités, Armand Piwnica additionnait la richesse d’une culture musicale et artistique hors du commun. La visite du MOMA à New York avec lui donnait l’impression de la faire en compagnie du Conservateur du Musée.
Voici en quelques mots malhabiles la personne qui nous a quittés dans la jeunesse de ses 89 ans. Nous sommes tristes et nous nous associons au chagrin de sa famille. Nous avons perdu un Maître et un ami, mais son souvenir vivifiant restera présent parmi nous et continuera d’inspirer nos actes et nos pensées.
Professeur Gérard Bloch. Paris, 22 novembre 2016
DOI : 10.24399/JCTCV21-2-BLO
Citation : Bloch G. Hommage à Armand Piwnica. Journal de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 2017;21(2). doi: 10.24399/JCTCV21-2-BLO